Histoire

« Quelques-uns ont trouvé
mes précautions trop sévères… »
(PE n° 1093 – 2018/07)

  • Notre Société travaille intensément à rendre nos lieux de mission plus sûrs pour les plus vulnérables, en particulier les enfants. En relisant certains des textes de notre fondateur (1), nous pouvons découvrir que ce travail d’aujourd’hui s’enracine dans l’action et la volonté de notre fondateur. Dans le domaine de la prévention des abus sexuels, le Cardinal Lavigerie fut probablement (2) un précurseur. Dans une lettre du 30 octobre 1883 adressée au P. Bridoux, Vicaire général de la Société des Missionnaires d’Afrique, le Cardinal Lavigerie rappelle qu’en matière de prévention

il n’a pas été assez strict sur le cadre dans lequel la mission auprès des plus jeunes doit être faite ; il rappelle aussi certaines précautions requises. Cette lettre fait suite à une sanction et un renvoi d’un membre de la Société ayant probablement abusé d’un enfant :

« J’ai reçu votre lettre sur la triste affaire que vous m’avez fait connaître, le coupable a tout avoué ; il va partir incessamment. (…) Ce malheureux exemple doit donner à réfléchir aux membres du Conseil, sur la sévérité des règles à adopter dans tous nos établissements, pour prévenir des faits semblables ! Quelques-uns ont trouvé mes précautions trop sévères, et il se trouve au contraire que je n’avais pas tout prévu ; à la défense des chambres, il faudrait ajouter celle de se trouver seul, en quelque lieu que ce fût, avec un enfant à moins que l’on ne puisse y être vu de tous. ‘Qui stat, videat ne cadat’ (3) » (4).

Il est possible d’entendre dans ce passage, la tristesse qui habite le cœur du Cardinal en découvrant qu’un membre de la petite Société qu’il a fondée ait pu commettre une telle horreur. Du profond de son cœur, il tire une détermination à faire des lieux de la mission, des lieux sûrs pour les enfants. On peut aussi lire dans ces propos que son action en ce domaine n’a pas été reçue avec la nécessaire bienveillance qui lui était due : « Quelques-uns ont trouvé mes précautions trop sévères. » Il est intéressant de voir que c’est encore le cas aujourd’hui, certains trouvent nos précautions trop sévères. Mais en paraphrasant le Cardinal Lavigerie, nous pourrions, nous aussi dire : « Il se trouve au contraire que nous n’avions pas tout prévu. »

Dans une autre correspondance en date du 31 mai 1886, le Cardinal Lavigerie refuse au Père Burtin, responsable d’une école à Rome, la possibilité d’acquérir un jardin privé pour les enfants de l’école. L’acquisition de ce jardin et son adaptation entraîneraient une division de la communauté et la règle de trois ne serait plus respectée. Le Cardinal y voit un très grand danger qu’un des Pères ne se retrouve seul avec les enfants, ce qui pourrait entraîner des risques pour la mission et les enfants :

« Il ne m’est pas possible de vous laisser entrer dans une telle voie. Cela diviserait la Communauté et amènerait dès lors des inconvénients bien autrement graves que celui que vous me signalez. Notre règle de 3 Pères toujours ensemble se trouverait violée dans son esprit. Nos précautions si nécessaires et sanctionnées partout ailleurs par des peines spirituelles si  sévères pour empêcher les Pères de se trouver seuls avec les enfants seraient abandonnées ; un jour ou l’autre vous auriez en plein Rome quelque infamie qui déshonorerait à jamais votre petite Société devant tout l’univers catholique, car vos jaloux et vos ennemis ne sont ni aveugles ni muets. » (5)

Il apparaît ici clairement que le Cardinal Lavigerie est très conscient des facteurs de risques qui pourraient exposer des enfants à l’abus et l’Église au scandale. Pour cela il insiste sur la règle de trois membres travaillant ensemble. Il est intéressant de se rappeler que le dernier chapitre de 2016 a rappelé avec conviction l’importance de revenir à cette règle de trois. Ce n’est pas innocent, et il est fort probable que l’Esprit Saint nous interpelle à travers les voix de notre fondateur et du Chapitre général à revenir à cette règle de prudence et de soutien qui est si profondément enracinée dans le témoignage missionnaire de notre Société.

Le Cardinal Lavigerie fut très attentif aux bons soins à donner aux jeunes, et cela même chez les religieuses et il n’hésita pas à interdire de communion une religieuse qui battait les jeunes filles. Déjà à l’époque le Cardinal Lavigerie ne tolérait pas ce genre de comportement. Cela doit nous interpeller encore aujourd’hui. Dans une lettre adressée au P. Deguerry le 20 mai 1874, il transmet sa sanction concernant la Sœur :

« La Sœur G… m’a écrit pour m’annoncer le départ d’une jeune fille. Il ne faut plus reprendre cette enfant sous aucun prétexte. Mais laSœur mérite aussi une punition grave pour l’avoir battue. Vous voudrez bien lui dire que je la prive de communion pendant huit jours et que, soit elle, soit tout autre de ses Sœurs sera, par le seul fait, privée de communion pour quinze jours toutes les fois qu’elles battront une fille. » (6)

Un des textes de notre fondateur qui est peut-être le plus explicite sur sa volonté de prévenir les abus sexuels sur les enfants se retrouve dans ses instructions pour la direction du Collège Saint-Louis de Carthage. Dans ce texte, le Cardinal met en garde contre les comportements indécents vis-à-vis des jeunes, ainsi qu’envers les situations ambiguës qui pourraient porter préjudice à la mission de l’Église :

« La réserve n’est pas moins nécessaire dans la manifestation de la charité vis-à-vis des enfants. Sous prétexte que ceux-ci sont des enfants adoptifs, il ne faut pas qu’ils se familiarisent avec eux, et surtout qu’ils leur donnent des témoignages particuliers d’affection qui renferment d’ordinaire les plus réels dangers et quelques fois les dernières hontes : qu’ils y prennent bien garde : rien n’est indifférent dans ces matières et les moindres négligences dans les commencements peuvent amener des conséquences fatales. » (7)

Camp de l’orphelinat établi par Mgr Lavigerie à Ben-Aknoun (Algérie)

 

Le Cardinal Lavigerie interpelle donc ses fils et ses filles sur les risques qui peuvent exister, et sur la difficulté à savoir ce qui habite le cœur et ce que peut cacher un geste d’affection. Il est aussi très conscient que dans certaines cultures, il existe des comportements d’abus, et les gestes des missionnaires peuvent être interprétés de manière négative, même si l’intention était honnête. Par conséquent, pour le Cardinal la règle de prudence veut que les missionnaires s’abstiennent de gestes ou comportements qui pourraient être mal interprétés :

« Cela est particulièrement vrai dans un pays où les vices contre nature sont malheureusement trop connus et où, par conséquent, l’esprit des enfants est particulièrement éveillé de ce côté à soupçonner le mal en incriminant les actes les plus innocents en eux-mêmes. » (8)

C’est donc pour ces raisons que le Cardinal Lavigerie interdira à ses missionnaires, mais aussi à tout le personnel servant dans les institutions éducatives d’être seuls avec les enfants :

« Aussi dans un collège comme celui de Saint-Louis, la règle doit-elle être de ne jamais toucher un enfant sous quelque prétexte que ce soit. Si on les touche avec colère pour les corriger, on fera dire qu’on les maltraite. Si on les touche avec bonté, on fera dire qu’on veut abuser d’eux. Il faut totalement s’abstenir de ces habitudes et se rappeler en particulier que l’autorité ecclésiastique d’Alger a pris, dès l’origine les précautions nécessaires pour éviter même le soupçon d’un tel mal. Elle a défendu sous peine d’interdit ipso facto aux directeurs et professeurs quels qu’ils soient de se trouver jamais seuls enfermés volontairement avec un enfant, en aucun endroit de la maison, études, classes, chambres. » (9)

Il est clair que pour un homme de son temps, le Cardinal Lavigerie, en plus du souci des enfants, portait aussi le souci de la réputation de l’Église, conscient qu’il était que l’abus d’un enfant qu’il soit physique, sexuel, spirituel, est le pire contre-témoignage à l’évangélisation. Au lieu de cacher le problème, le Cardinal Lavigerie a toujours pris courageusement des décisions parfois douloureuses et impopulaires. Certains ont mis en doute la détermination du Cardinal Lavigerie dans le domaine de la protection des plus vulnérables, l’accusant de vouloir favoriser le déploiement de ses « chers fils » les Missionnaires d’Afrique. Une lecture attentive des correspondances de notre fondateur raconte une autre histoire, celle d’un homme déterminé à protéger les enfants de l’abus, protéger l’Église du scandale, et protéger le sacerdoce de comportements immoraux. Pour faire cela, le Cardinal Lavigerie n’hésita pas à prendre des mesures drastiques et il renvoya même 14 membres d’un même Institut pour des raisons d’abus d’enfants. Il est intéressant de noter que ces prêtres mis en cause ont répandu des calomnies sur les motivations du Cardinal, mais la vérité est plus dramatique encore comme l’écrit son secrétaire dans le brouillon d’une lettre du 12 août 1882, que le Cardinal voulait envoyer à la congrégation qui lui transmettait les infamies racontées sur sa personne :

« Quant à la lettre vraiment incroyable que vous adresse votre frère visiteur, je n’ai qu’une chose à vous en dire, c’est qu’elle est un tissu d’inventions odieuses et ridicules et je m’étonne qu’un homme de votre expérience, après avoir vu le Cardinal et ses œuvres et être venu lui-même en Afrique, ait pu conserver le moindre doute à cet égard. Depuis son arrivée en Algérie, il y a 18 ans, Son Excellence a été naturellement obligée de frapper de peines ecclésiastiques des prêtres ou des religieux coupables de faits graves. Dans l’une des congrégations dont vous parlez, il a dû faire partir trois prêtres, l’un coupable de sodomie, l’autre d’actes différents contre les mœurs, le troisième de révolte ouverte. Dans une autre Société, il n’a pas eu à sévir sur moins de 14 sujets, coupables d’attentats contre les enfants. Et ainsi du reste. Naturellement les sujets exclus ne disent pas pourquoi et ils inventent des histoires fausses qui font le tour de la France ou ils donnent aux faits un caractère tout différent de celui qu’ils ont eu. »  (10)

Comme dans d’autres domaines, le Cardinal Lavigerie a su montrer sa détermination et son courage à rendre la « Famille-Église » plus sûre pour les enfants et les personnes vulnérables. Puisse son courage et sa détermination nous soutenir dans notre travail pour la protection des plus vulnérable au cœur de nos sociétés.

________________________

  1. Les textes cités ici, sont issus de nos archives (Archives – MG), ou bien du livre intitulé : « Instructions aux Missionnaires » publié par les Editions Grands Lacs à Namur en 1950 (IAM1950).
  2. N’ayant pas pour l’instant la possibilité de comparer avec ce qui se passait dans les autres Instituts missionnaires ou Congrégations religieuses, nous ne pouvons que subodorer que le Cardinal fut un précurseur.

  3. 1 Co 10, 12 : « Ainsi donc, que celui qui pense être debout, prenne garde de tomber » (Trad. TOB)

  4. Archives MG – N. 1270 (copie de C III-54).

  5. Archives MG – N°3.142 (207), copie de T.992

  6. IAM1950, page 38.

  7. IAM1950, page 156.

  8. Ibid.

  9. Ibid.

  10. Archives MG – N°3.139 (276) B.3.131.

Stéphane Joulain, M.Afr.

Un article du père Gilles Mathorel, directeur le la revue "Voix d'Afrique"

(lire la suite)

Les « infirmières Lumière »
(PE n° 1092 – 2018/06)

A côté du « Docteur Lumière », le père Jean Goarnisson M.Afr., il y a celles que l’on pourrait appeler les « infirmières Lumière », Sr Radegonde et Sr Saint-Nicaise dont on parlera ici plus longuement, mais aussi Sr Oda (Marie-Louise Melotte) et Sr Brigitte (Marcelle Delhomme), et tant d’autres qui ont travaillé dans les dispensaires ophtalmologiques :

  • Sr Radegonde (M. Blanche Côté), canadienne, 1890-1979 à Ouagadougou de 1932 à 1937;
  • Sr Saint-Nicaise (Marie-Louise Pillon), française, 1909-2004 à Ouagadougou et Nouna de 1942 à 1990;
  • Sr Oda (Marie-Louise Melotte), belge, 1905-1998 à Ouagadougou de 1953 à 1983;
  • Sr Brigitte (Marcelle Delhomme), française, 1918-2010 à Nouna de 1955 à 1961 et de 1965 à 1975.

Soeur Radegonde Marie-Blanche Coté est d’origine canadienne, mais sa famille émigre aux Etats-Unis quand Marie-Blanche a 8 ans. Elle entre au postulat des Sœurs Blanches à Québec en 1910. Après sa profession, Sr Radegonde fait des études d’infirmière à la Croix-Rouge en Tunisie. Pendant la guerre, elle est parmi les sœurs envoyées aux ambulances, et elles connaîtront les souffrances des soldats blessés et mourants qu’on amène chaque jour.

 
Sr Radegonde (Marie-Blanche Côté)
1890-1979
Sr Saint-Nicaise (Marie-Louise Pillon)
1909-2004
Sr. Oda (Marie-Louise Melotte)
1905-1998
Sr Brigitte (Marcelle Delhomme)
1918-2010


En 1919, Sr Radegonde est la 1er sœur canadienne partant pour l’Afrique occidentale. Par Ségou, elle se rend à Ouagadougou, en Haute-Volta. Elle y reste trois ans et demi.

Elle doit rentrer au Canada en 1923 pour des raisons de santé. A son retour, elle est nommée à Alger et, en 1929, elle est envoyée au dispensaire de la rue de la Charte, en Basse Casbah, dispensaire ophtalmologique ouvert l’année précédente par « l’Œuvre Valentin Haüy en faveur des aveugles ». Elle travaille sous la direction du Docteur Villemonte de la Clergerie, entièrement dévoué à ses malades et heureux de former des sœurs infirmières à donner tous les soins possibles. Combien de sœurs ont passé dans ce dispensaire six mois, un an ou plus pour se spécialiser dans ces soins, sans lasser la patience de ce médecin chrétien qui savait que son travail était ainsi multiplié à travers toute l’Afrique.

Le Docteur Goarnisson, Père Blanc, vint lui-même faire un stage à la rue de la Charte avant de partir à Ouagadougou où il allait créer, avec l’aide des sœurs, le dispensaire des yeux de Ouaga. Retournant dans sa mission, il emmena Sr Radegonde que les gens appellent « celle qui redonne la vue ».

Elle-même a raconté que pour ses premières opérations de cataractes elle avait pris à Ouaga des yeux de bœuf pour s’exercer ! Le Docteur Goarnisson n’avait jamais non plus opéré des cataractes ; il laissait donc faire Sr Radegonde. Et c’est elle qui forma les Sœurs africaines de l’Immaculée Conception. La réputation du « dispensaire ophtalmologique de Ouagadougou » s’étendait à plus de 150 km à la ronde !

En 1937, Sr Radegonde doit quitter l’Afrique pour des raisons de santé et personne n’aurait pu dire en ce moment-là que sa mission se poursuivrait pendant 42 ans. Sa vie devient contemplative préférant à tout le silence, la solitude de sa chambre. Elle dira : « Depuis mon retour je souffre et je prie pour les Africains. La lumière que je pouvais leur donner, s’est changée en une autre lumière plus merveilleuse encore, que le Seigneur seul peut leur transmettre. Ma part à moi est le don quotidien de ma vie. »

Soeur Saint-Nicaise Marie-Louise Pillon, elle, est française. Vers l’âge de 15 ans, elle sent monter en elle le désir « d’obéir à l’appel du Bon Dieu et de contribuer un peu à l’extension de son Règne ».

Elle entre au postulat des « Sœurs Blanches » le 12 février 1934, à Rennes. Le 28 octobre 1934, elle commence le noviciat à Vénières et reçoit le nom de Sr Saint-Nicaise qu’elle gardera tout au long de sa vie. Après sa profession, elle reste en Algérie et à Alger Verdun, elle acquiert un diplôme simple d’infirmière. Elle fait un stage à Alger Cervantès dans le dispensaire-clinique où on soigne beaucoup de malades atteints de trachome (Les six sœurs de cette communauté meurent dans un bombardement d’Alger en 1942).

En décembre 1940, elle part au Burkina Faso où elle a vécu près de 50 ans (de décembre 1940 au 13 mai 1990). Elle est d’abord nommée à Koupela et travaille au dispensaire.

 En avril 1942, Sr Radegonde avait déjà quitté, Sr Saint-Nicaise arrive à Ouagadougou et travaille au dispensaire ophtalmologique. De nombreux malades affluent pour retrouver la vue. Dans cette première année de Sr Saint-Nicaise, on dénombre 33 000 consultations ophtalmologiques et 88 opérations. Notre sœur devient experte en la matière. La formation des sœurs africaines et des laïques se poursuit. Elles rendent des services inestimables dans les dispensaires des villages. Le Docteur Goarnisson fera tout son possible pour que leur qualification soit reconnue et qu’elles puissent ainsi recevoir une certaine rémunération pour leur travail. Les statistiques de 1949 font état de 6 opérations par jour ;1.202 dans l’année.

En 1954, Sr Saint-Nicaise est parmi les fondatrices du poste de Nouna où elle restera pendant 22 ans et y fonde le dispensaire ophtalmologique. Elle est aidée par Sr Brigitte (Marcelle Delhomme, décédé en 2010) et par trois aides non-diplômés qu’elle forme elle-même. Une autre femme du village travaille avec eux faisant l’interprète des diverses langues parlées à Nouna.

A Nouna, comme à Ouagadougou, la renommée du dispensaire ne cesse de s’étendre. Grâce à tous ces soins, peu à peu les affections de trichiasis diminuent. En 1966, par exemple, on compte chaque jour 275 malades qui se rendent au dispensaire. 800 opérations des yeux se pratiquent chaque année dont 162 de cataracte.

En 1976, Sr Saint-Nicaise part pour un service en France. Les gens lui manifestent leur reconnaissance et diverses fêtes de remerciement s’organisent. Lors de ces fêtes, le Vicaire général l’appelle « la mère des aveugles ». Le sous-préfet de Nouna dira : « La réputation du dispensaire ophtalmologique de Nouna déborda très vite la sous-préfecture pour couvrir l’ensemble de la Haute-Volta et les états voisins de la Côte d’Ivoire et du Niger. » On reconnaît, en matière de soins ophtalmologiques, les exploits de Sr Saint-Nicaise et les populations lui témoignaient une confiance indéfectible.

Sr Saint-Nicaise rentre définitivement en France le 13 mai 1990 où, comme elle dit : « Ma vie est tissée de mille riens du matin au soir, dans la maison et au dehors. Je reste cent pour cent Sœur Blanche !»

Grâce aux générations de missionnaires, les soins des yeux ont été promus de façon consistante et durable, leur savoir a été partagé au-delà des frontières et des milliers de personnes ont vu la « lumière ».

Sr Gisela Schreyer,
archiviste SMNDA

Hommage pour la naissance
de Georges Lemaître, prêtre considéré
comme le père de la théorie du Big Bang

L’harmonie entre foi, science et raison

« Petite acclamation pour le père de la théorie du Big Bang #foi #science ». C’est l’hommage du directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, le 17 juillet 2018, en l’honneur de Mgr Georges Lemaître (1894-1966), prêtre belge astronome et physicien.

Greg retwittait ainsi un message de Mgr Leo Cushley, archevêque de St Andrews et Edimbourg (Ecosse), où celui-ci relevait le « doodle » de Google pour l’anniversaire de Georges Lemaître : « Un rappel opportun de l’harmonie existant entre foi, science et raison », estimait-il sur Twitter.

En mai 2017, le Vatican organisait la conférence « Trous noirs, ondes gravitationnelles et singularités de l’espace-temps » en l’honneur de l’astrophysicien, considéré comme le père de la théorie du Big Bang.

Lire la suite: Hommage de Greg Burke pour la naissance de Georges Lemaître, Anne Kurian, Zenit, 18/07/18.

Afrique du Sud: l'héritage de Nelson Mandela
ravivé 100 ans après sa naissance

Cyril Ramaphosa et Barack Obama à Johannesburg le 17 juillet 2018.
© REUTERS/Siphiwe Sibeko

En Afrique du Sud, Barack Obama a prononcé mardi 17 juillet le traditionnel discours annuel d’hommage à Nelson Mandela, devant 15 000 personnes à Johannesburg. Le premier président noir des Etats-Unis a dressé un tableau plutôt sombre du monde actuel, entre repli sur soi et peur de l’autre. Barack Obama a appelé à raviver l’héritage de tolérance et d’unité prôné par Nelson Mandela. L’Afrique du Sud fête cette année le centenaire de naissance de cette icône mondiale et ses dirigeants – notamment le président Cyril Ramaphosa - comptent bien capitaliser sur l’événement.

Assis aux côtés de Barack Obama, souvent penché vers lui, Cyril Ramaphosa n’a prononcé qu’un bref discours. A demi-mot, il a souligné sa proximité passée avec Nelson Mandela, qui voyait en lui son dauphin : « Alors que notre nation est remplie d’un espoir renouvelé, je ne cesse d’entendre la voix de Madiba, juste à mon oreille, qui me dit : "Je t’envoie pour servir la nation". Mon premier discours devant le Parlement a été inspiré par Nelson Mandela. Son esprit est parmi nous aujourd’hui. »

L’année du centenaire de naissance de Nelson Mandela est sans doute une aubaine pour Cyril Ramaphosa, pressé de s’inscrire dans les pas de l’icône pour mieux rompre avec les années Zuma.

Pourtant, l’héritage de l’icône de la lutte contre l’apartheid est de plus en plus critiqué, notamment par les plus jeunes, frustrés par les inégalités et la pauvreté, et par les malversations de leurs dirigeants.

Pour les ramener vers lui à moins d’un an des élections nationales, Cyril Ramaphosa aime rappeler qu’il a été adoubé par Nelson Mandela lui-même et qu’il est capable de faire revivre son héritage.


Reportage : les jeunes partagés sur l'héritage de Mandela

Dans le centre-ville de Johannesburg, Prince, 22 ans, et ses amis, sortent tout juste de l'université. Pour lui, Nelson Mandela est tout simplement LE héros national : « Il est courageux, intelligent et sage. De mon point de vue, son héritage est encore pertinent. Il a changé nos vies. Avant, l'opinion d'un homme ne comptait pas. Aujourd'hui, nous avons la possibilité de nous exprimer et de nous faire entendre. »

Un peu plus loin, Sandile, lui aussi étudiant, émet quelques réserves sur l'action du prix Nobel de la Paix. « Politiquement, dit-il, il est toujours pertinent. Mais pas économiquement. Nous avons achevé le combat pour la liberté, et l'intégration. Mais notre combat maintenant, c'est l'égalité économique ! »

L'inégalité économique entre Noirs et Blancs est encore criante aujourd'hui, comme l'a montré le débat sur la distribution des terres, encore détenues à 75% par les Blancs. Mzwakhe avait 18 ans lors de l'élection de Mandela, un vendu selon lui : « Nelson Mandela a été placé là par les libéraux. Il plaidait pour la paix alors tous les Sud-Africains aiment Mandela car il a amené la paix. Mais il a fait le choix d'être un négociateur et donc il n'a pas pu tout obtenir. Par exemple, il nous a donné le droit de vote. Mais qu'a vraiment changé le droit de vote ? Est-ce que le droit de vote a rempli nos assiettes ? Non. »

Mzwakhe et le mouvement de conscience noir sud-africain reprochent au prix Nobel de la Paix ses négociations restées secrètes avec le régime de l'apartheid.


L’hommage de Barack Obama à Madiba

« Toute génération a la capacité de refaire le monde. Mandela disait : "La jeunesse est capable, quand elle est exaltée, de faire tomber les tours de l’oppression et de soulever l’étendard de l’espoir". C’est un bon moment pour s’exalter. C’est un bon moment pour s’enflammer.

Et pour ceux d’entre nous qui se sentent concernés par l’héritage que nous célébrons aujourd’hui, par l’égalité, la dignité, la démocratie, la solidarité, la bonté... Ceux d’entre nous dont le cœur, à défaut du corps, reste jeune. Nous avons le devoir d’aider notre jeunesse à réussir. »

Nelson Mandela, sur les pas d'un géant © RFI