Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Le capitalisme, idée chrétienne ?

Publié le

 

Certains défendent que le capitalisme est fils du protestantisme. D’autres insinuent que les catholiques en ont pris leur part. Lumières sur un débat séculaire.

Le capitalisme est né en Chrétienté. Mais ce constat mène-t-il à un lien de cause à effet ? Une logique a-t-elle poussé le christianisme à concevoir le capitalisme ? Répondre à cette question implique de remonter le temps, pour montrer à quel point les opinions des théologiens chrétiens vis-à-vis des richesses évoluèrent selon les contextes.

On sait par exemple que, dès la fin de l’Antiquité, l’Église réussit une OPA d’envergure sur la richesse. Elle capte le patrimoine de l’élite païenne en la convertissant à l’idée d’une redistribution. Pour vivre en bon chrétien, tout possédant doit verser une part conséquente de son patrimoine à l’Église. Les récipiendaires de ces dons, évêques, moines…, prennent les pauvres en charge. Ils financent aussi l’évangélisation et la construction de monastères. Et parfois, en gérant ce flux d’argent et de terres, les clercs oublient qu’ils étaient les gardiens du message de pauvreté évangélique. Ils affichent avec ostentation leurs beaux vêtements et prennent commande d’œuvres d’art mirifiques…

L’Église se retrouve à la tête d’immenses domaines. L’anthropologue Jack Goody affirmait qu’au plus tard au 8e siècle, elle détient le tiers des terres cultivables en Gaule. Pour renforcer sa position économique, l’Église réforme la famille. Elle stigmatise le remariage des veuves, interdit l’adoption, comme le mariage entre cousins… Toutes ces règles, en vigueur dans l’Antiquité, favorisaient la circulation des biens. En les abolissant, l’Église met au point une stratégie de captation du capital. Entre les 9e et 12e siècles, elle impose aux possédants l’idée qu’ils doivent léguer leurs biens afin que les moines prient pour le salut de leur âme. Plus on est riche, plus il faut payer de messes pour entrer au Paradis.

Deux siècles et demi plus tard, le purgatoire est inventé pour permettre aux élites de jouir d’un temps de probation. Jacques Le Goff a consacré de belles pages rappelant à quel point établir un enfer temporaire, un sas de purification vers une éternité de bonheur, institue une obligation faite aux vivants de payer pour le rachat des péchés de leurs proches décédés. L’Église gère désormais l’entrée au paradis. Les prêtres chiffrent le temps que l’âme du mort passe en souffrance, alors que ses héritiers tergiversent pour payer. Le purgatoire provoque une divergence théologique majeure entre les Églises catholique et orthodoxe, cette dernière refusant d’intégrer ce concept. Un refus que feront aussi les protestants, dès leurs débuts.

Quant aux juifs, ils sont dénoncés pour leur supposé amour immodéré de l’argent. Comme il leur est interdit de cultiver la terre (alors principale source de richesse), ils en sont réduits à assumer des fonctions méprisables aux yeux des chrétiens, et pourtant indispensables à une économie : le prêt à intérêt, le commerce… Mais la Chrétienté se complexifie. À partir des 12e-13e siècles, l’Europe rurale peuplée de seigneurs, de moines et de paysans se couvre de villes, animées d’artisans et de bourgeois. Paris émerge, ville universitaire où prospèrent les penseurs. Nombre des doctrines chrétiennes élaborées par les théologiens ont alors pour principale préoccupation de clarifier la position de l’Église sur l’usage ou la détention des richesses. Loin de se montrer totalement réfractaire au marché, le catholicisme ébauche les notions économiques et juridiques sur lesquelles il va s’appuyer pour se développer.

Le règne de l’argent

Le contexte économique y est favorable. Les croisades, aux 12e-13e siècles, ont mis la Chrétienté au contact des richesses de l’Islam – une religion fondée par un Prophète présenté comme un marchand. Les cités-États de Venise, Gènes, Florence, Milan, Amalfi nouent des contacts privilégiés avec les puissances musulmanes. Les marchands italiens importent les techniques commerciales par lesquelles les princes de l’Islam avaient enrichi leurs empires, allant chercher la porcelaine en Chine ou l’or en Afrique noire : la lettre de change, l’association de marchands, l’arithmétique permettant le calcul des taux à intérêt… Nombre de techniques musulmanes seront indispensables à l’élaboration du précapitalisme italien de la fin du Moyen Âge.

Cela ne va pas sans résistances ponctuelles de l’Église. L’usage des chiffres dits « arabes » (en fait d’origine indienne), incluant l’usage du zéro, est ainsi longtemps proscrit par l’Église, car nuisible à la morale en simplifiant le calcul d’argent. Ceci s’explique. Si les théologiens chrétiens se montrent favorables à la circulation des biens, la papauté, qui concentre les dons, combat ces évolutions. Mais en 1494, patronné par la dynastie des princes commerçants des Médicis, le frère franciscain Luca Pacioli publie le premier manuel de comptabilité de l’histoire. Il y dévoile la recette avec laquelle les marchands italiens ont bâti leur fortune : la comptabilité partagée en deux parties, une colonne pour le passif et une pour l’actif. La comptabilité en partie double, qui permet de mesurer rapidement la rentabilité d’une activité commerciale, dope les échanges.

Et déjà, la dynamique de la captation des richesses par des dynasties d’entrepreneurs laïcs quitte l’opulente Italie de la Renaissance pour devenir allemande. Au début du 16e siècle, la famille Fugger est le porte-étendard de cette nouvelle relation au patrimoine : ils ont fait fortune dans le commerce de la laine, sont devenus des familiers des puissants de ce monde. Et ils ont massivement investi dans les mines d’argent en Autriche. Ils contrôlent dès lors le cours de ce métal précieux qui permet de battre monnaie. Tous les princes s’endettent auprès d’eux, à tel point qu’il n’est pas rare qu’un rejeton royal épouse une Fugger. Même le pape leur doit de l’argent, dans sa hâte de bâtir une basilique Saint-Pierre digne de lui. L’Église fait commerce d’indulgences, des bouts de papiers présentés comme garantissant l’entrée au paradis, pour rembourser les Fugger…

Entrent alors en scène les protestants. On sait que l’acte fondateur de Martin Luther est précisément de dénoncer ce lucratif commerce des indulgences. L’œuvre du sociologue Max Weber (1864-1920) pousse depuis longtemps à dire que l’idéologie protestante manifeste par nature des « affinités sélectives » avec le capitalisme. Or cela ne va pas de soi. Luther est un conservateur, il entend revenir aux fondements du texte biblique et condamne l’usure (comme les juifs censés s’y adonner) avec violence. Bref, avec Luther, pas d’activité bancaire. Si Jean Calvin, autre leader de la Réforme, est plus souple, les positions protestantes rejoignent grosso modo celles qui dominent dans le clergé catholique : l’argent ne fait pas le salut des individus. La différence est que Calvin n’entend pas empocher les revenus des croyants, contrairement à l’Église.

Alors que Luther vitupère le goût du lucre ecclésial, l’Espagne des rois catholiques trouve une source d’argent infini dans le Nouveau Monde : la mine de Potosí (actuelle Bolivie). De cette « montagne magique » et de quelques gisements mexicains sera extrait, entre 1545 et 1800, 85 % de l’argent produit sur la planète. Une part du métal précieux disparaît évidemment en corruption et contrebande, mais les flux qui arrivent en métropole restent tellement colossaux qu’il faut à l’Espagne une nouvelle idéologie pour les gérer : ce sera le bullionisme. La quantité d’or et d’argent étant le gage de la richesse d’un État, il convient de stocker un maximum de lingots.

Mais l’Espagne du 16e siècle est l’empire le plus puissant de la Chrétienté. Cet État a obtenu de la papauté le privilège de diriger l’Église sur son sol : il dicte sa volonté à ses théologiens, et obtient justification de l’usage de son argent. Ce sont les catholiques espagnols qui les premiers vont justifier le prêt à intérêt. Or l’Espagne, de par sa relation privilégiée à la papauté, est aussi tenue de faire la police de la pensée en Europe. Les Pays-Bas se sont rebellés contre son autorité, l’Angleterre se proclame anglicane, les protestants sont nombreux en ces pays marginaux ouverts sur la mer. L’Espagne s’endette, engloutit son argent à livrer des guerres lointaines, à entretenir des armées de mercenaires pour tenter de vaincre ces anticatholiques. Dans cette lutte qui oppose les David anglican et protestant au Goliath ibérique, les David reprennent l’idéologie de leur adversaire et innovent économiquement et technologiquement. Ils inventent la longue-vue, optimisent l’usage de l’artillerie, et défont les Espagnols, sur terre et surtout sur mer. En 1588, la déroute de l’invincible armada espagnole, envoyée avec 28 000 hommes conquérir l’Angleterre, signe un tournant.

Les États néerlandais et anglais sortent de ces guerres aussi exsangues que l’Espagne. Ils ne peuvent rien financer. Mais ils ont des marchands riches, et ils savent que le salut est au loin, dans des expéditions à l’autre bout du monde. Pour aller chercher des richesses en Asie, pousser leur marchands à investir, ils inventent l’entreprise moderne, la société par actions : la Compagnie des Indes orientales britannique (EIC) est fondée en 1600, la Compagnie des Indes orientales néerlandaises (VOC) en 1602. Les deux bénéficient de monopoles d’État dans leur marché national sur tout le commerce extérieur en provenance d’Orient. Leur puissance sera sans équivalent dans l’histoire des firmes. Au 17e siècle, la VOC conquiert l’Indonésie et assure aux Pays-Bas une telle prospérité que l’on parle de ce moment comme du siècle d’or néerlandais – un siècle d’or auquel les investisseurs catholiques contribuèrent autant que leurs compatriotes luthériens.

L’EIC, de son côté, parvient à grignoter l’Inde, en se faisant déléguer par les États indiens la perception des impôts, en achetant des infrastructures de production de cotonnades, bref par une stratégie d’investissement qui permet à cette compagnie, émanation du mercantilisme d’un État de 7 millions d’habitants, de prendre au 18e siècle le contrôle d’un État qui compte 150 millions d’habitants ! En ne livrant qu’une seule bataille, symbolique au demeurant, l’Angleterre conquiert l’Inde par la dynamique de ses montages financiers – sachant que pour commencer à investir sur place, l’EIC a été contrainte à ses débuts d’emprunter aux riches marchands indiens !

De Dieu au capital

Le capitalisme est né, et les penseurs écossais David Hume et Adam Smith fondent bientôt son appareil théorique. Au 19e siècle, l’Europe communie autour de l’idée du libre-échange. Mais il reste une dernière étape à accomplir : faire de l’accumulation de richesses le signe de l’élection divine, cet indice wéberien de l’éthique du capitalisme. L’alchimie prend place au plus inattendu des endroits : les États-Unis. Car l’Angleterre y avait envoyé les plus puritains de ses enfants, ceux qui professaient des protestantismes tellement rigoureux qu’ils menaçaient l’ordre social et économique du royaume. Nombre d’entre eux étaient partis pour l’Amérique comme en Terre promise, afin d’y fonder un royaume de Dieu. Et c’est là-bas qu’à grand renfort de mouvements collectifs mystiques, les « réveils », se forge un imaginaire du self-made man. La prospérité des États-Unis, qui au 20e siècle détrônent la Grande-Bretagne comme première puissance mondiale, fera le reste. Cette idéologie du capitalisme est devenue planétaire.

Le capitalisme est né en Chrétienté, c’est un fait. Il a connu des formes antérieures en Chine, qui n’ont pas pu se développer, pour des raisons à la fois économiques, sociales et environnementales (1). Mais à rebours d’un lieu commun, il convient de souligner que le phénomène ne fut pas uniquement protestant. Catholiques, protestants et anglicans ont construit cette histoire. Et si ce sont des puissances protestantes qui ont écrit les derniers paragraphes de notre histoire, ce sont des catholiques qui en ont construit la base. Au final, ce sont leurs interactions rivales qui ont imprimé la trajectoire du capitalisme, jusqu’au cœur de nos existences.

POUR ALLER PLUS LOIN...

  • Les Marchands et le Temple.
    La société chrétienne et le cercle vertueux de la richesse du Moyen Âge à l’Époque moderne
    Giacomo Todeschini, Albin Michel, 2017.
  • Rendez à César.
    L’Église et le pouvoir, 4e-18e siècle
    Françoise Hildesheimer, Flammarion, 2017.
  • Les Papes, l’Église et l’argent.
    Histoire économique du christianisme des origines à nos jours
    Philippe Simmonot, Bayard, 2005.

NOTES

1.

Cette question du non-développement du précapitalisme chinois, comme celle de la conquête économique de l’Inde par la Grande-Bretagne, est développée en détail dans Laurent Testot, Cataclysmes. Une histoire environnementale de l’humanité, Payot, 2017.

SI JÉSUS naissait de nos jours ...

Cela donnerait la «Une» suivante dans tous les journaux télévisés :

Hier le 24 décembre, un «nouveau-né» a été trouvé dans une étable. La police s'est rendue immédiatement sur les lieux et a fait appel au SAMU.

Un charpentier et une mineure (vraisemblablement la mère) ont été placés en garde à vue

 Ce matin très tôt, les autorités ont été avisées par un citoyen de la banlieue de Bethléem, qu'une famille de S.D.F s'était installée dans son étable.

À son arrivée sur les lieux, la police a découvert un nouveau-né enveloppé dans des morceaux de tissu sans précaution d'hygiène et dormant sur une litière de paille

 Le charpentier, identifié plus tard, Joseph (de Nazareth), s'est opposé à ce que les autorités emmènent l'enfant afin de le mettre en lieu sûr.

Il était aidé de plusieurs bergers, ainsi que de trois étrangers sans papiers.

 Ces trois étrangers, se présentant comme mages, ont été arrêtés. Ils sont passibles de reconstitution de secte dissoute.

Le ministère de l'Intérieur s'interroge sur l'origine de ces trois hommes probablement en route vers Calais.

Le préfet a confirmé qu'ils n'avaient pas de papiers d'identité mais qu'ils détenaient de l'or ainsi que des produits suspects et illicites

Ils prétendent que Dieu leur a dit de ne pas répondre aux questions...

Les produits suspects ont été envoyés en laboratoire pour analyse.

Le lieu où le nouveau-né se trouve actuellement n'a pas été communiqué.

D'après le service social en charge de l'affaire, le père avoisinerait la cinquantaine tandis que la mère n'est certainement pas majeure.

On vérifie pour le moment la relation entre les deux. Mais à défaut de soupçon de pédophilie, le détournement de mineure est très suspecté...

La mère se trouve pour l'instant à l'hôpital universitaire de Bethléem pour des examens médicaux et psychiatriques.

Elle prétend être encore vierge et affirme que le bébé vient de Dieu. Si son état mental le permet, elle sera mise en examen pour non-assistance à personne en danger.

La consommation de stupéfiants, probablement amenés par les trois étrangers, doit sans doute être prise en compte dans cette affaire.

Des prélèvements et des prises de sang ont d'ailleurs été faits en vue de retrouver les empreintes d'ADN nécessaires à l'enquête.

Aux dernières nouvelles, on apprend que les bergers présents sur les lieux affirment avoir vu un grand homme, tout de blanc vêtu, qui leur a ordonné de se rendre à l'étable, avant de s'envoler mystérieusement.

Aucune hypothèse n'est écartée, comme celle d'embarquement à bord d'un OVNI qui n'est pas à exclure...

L’opposition s’est indignée que le gouvernement ne mettent pas en place les moyens de protection suffisante pour éviter que n’importe quel OVNI puisse survoler notre espace aérien. Ils demandent une enquête parlementaire.

Les verts rappellent que faire un feu de bois dans une étable est source de pollution

Le parti de la Marine dénonce l’absence de contrôles aux frontières, qui permettent aux étrangers de venir accoucher en France pour bénéficier des allocations familiales

L’extrême gauche dénonce ce capitalisme sauvage qui augmente les loyers et empêche les familles modestes d’avoir un logement décent.

Le président déclare que, depuis son élection, le gouvernement a ouvert de nombreuse nouvelles places d’accueil pour éviter de laisser des familles à la rue alors que son prédécesseur en avait supprimées.

Une cellule de crise a été installée sous la direction du préfet Hérode, l'autorité craignant un complot dont les rumeurs avaient persisté ces derniers temps.

On pourra également suivre les images en direct sur BFM télé…

et à 17h30 « C dans l'air » organisera un débat sur le thème « peut-on encore accoucher dans une étable de nos jours ? » en présence de plusieurs invités : notre confrère de libération auteur d’une enquête sur "la rue pour toute vie ", d’un sociologue enseignant à l’Institut d’Etude Politique, spécialiste de la précarité sociale , de l’écrivain Hugo Victor qui a écrit "les Misérables" et de M. Pilate Ponce, représentant le gouvernement

"Une" dernière :

Pour conclure, après examen médical, la fille mineure ayant effectivement été reconnue vierge, le couple a été placé en garde à vue pour rapt d'enfant.....!!!

L'Église lance un appel
pour mieux accueillir et intégrer les migrants

 
Des bénévoles distribuent de la nourriture à des migrants qui occupent l'église Saint-Ferréol à Marseille,
novembre 2017. © Boris Horvat/AFP
 

Dans un texte publié ce mercredi 10 janvier, la Conférence des évêques de France demande aux responsables politiques que soient prises des mesures fortes pour un meilleur accueil et une vraie intégration des migrants. Interview du P. Carlos Caetano,  directeur du Service national de la pastorale des migrants et des personnes itinérantes.

À propos de l'article

  • Créé le 10/01/2018
  • Publié par :Agnès Chareton
  • Édité par :Sabine Harreau
  • Publié dans Pèlerin
    n°10 janvier 2018

Pèlerin. A quelques jours de la Journée mondiale du migrant et du réfugié, le 14 janvier prochain, l’Église de France lance un appel sur les migrants. Que demandent les évêques ?

Identité Carlos Caetano

P. Carlos Caetano. Ils font des propositions concrètes en s’inspirant des quatre verbes du pape François, « accueillir, protéger, promouvoir, intégrer » (1). Ils demandent à l’État d’élargir les voies d’accès légales permettant aux réfugiés de se rendre en France, via l’octroi de plus de visas humanitaires, et de développer des programmes de réinstallation sur le territoire français.

 

Les évêques lancent un cri d’alarme sur la situation des mineurs migrants isolés

 

Les évêques lancent un cri d’alarme sur la situation des mineurs migrants isolés, dont le nombre ne cesse de croître en France. Certains sont renvoyés à la frontière au mépris de leurs droits, définis par la Convention internationale des droits de l’enfant, qui n’est pas respectée.

L’Église demande également que les migrants aient la possibilité de travailler, d’avoir accès aux études ou à une formation, dès la phase d’examen de leur demande d’asile. Le travail constitue en effet une dimension fondamentale de l’existence humaine. C’est une question de dignité.

Dans cet appel, les évêques invitent les chrétiens et l’ensemble des Français à changer leur regard sur les réfugiés. Cela passe par la mise en valeur des éléments de leur patrimoine culturel et spirituel. Il faut aussi montrer qu’ils veulent contribuer à la construction nationale.

Ce changement de regard doit aussi concerner ceux qui font preuve de solidarité à leur égard. Trop souvent, ils font l’objet d’hostilité. Cessons cette pénalisation de la solidarité.


Terrorisme, islamisme, choc culturel... Certains chrétiens expriment des craintes face à cet afflux migratoire…

Les évêques entendent la crainte sécuritaire que beaucoup expriment face à la situation migratoire. Nous sommes conscients que parler d’accueil généreux, fraternel et solidaire peut susciter des réticences.

 

Nous sommes conscients que parler d’accueil généreux, fraternel et solidaire peut susciter des réticences.

 

Cette situation se révèle d’autant plus anxiogène que l’arrivée des réfugiés semble parfois trop peu organisée. D’où l’importance de mettre en place des voies d’accès légales afin de concilier la sécurité des citoyens français et celle des personnes accueillies.

Nous sommes convaincus qu’il n’y a pas de véritable accueil sans accompagner les personnes sur un chemin d’intégration.


Qu’ont fait les catholiques en France depuis l’appel du pape à accueillir des réfugiés, en 2015 ?

Au moins 3000 d’entre eux ont été accueillis par les paroisses ou à travers des programmes portés par l’Ordre de Malte, les jésuites (JRS Welcome), la communauté de Sant’Egidio, etc. L’an dernier, « les couloirs humanitaires » ont permis d’accueillir en France 36 personnes, soit 10 familles, originaires d’Irak et de Syrie.

En tout, le protocole signé le 14 mars 2017 avec l’Etat par la Conférence des évêques de France, le Secours catholique, la Communauté de Sant’Egidio, la Fédération Protestante de France (FPF) et la Fédération d’Entraide Protestante (FEP) prévoit l’accueil et l’accompagnement vers l’intégration de 500 réfugiés, actuellement au Liban.

Nous sommes conscients que ce n’est pas 500 réfugiés accueillis qui permettront de résoudre la crise migratoire. Ce projet est modeste, mais il est précieux : c’est un signe qu’il est possible de promouvoir ensemble un accueil généreux des réfugiés.


Comment les chrétiens peuvent-ils continuer à se mobiliser aujourd’hui ?

Les paroisses ont encore de larges capacités d’accueil. Nous invitons les communautés à continuer à s’organiser pour accueillir les migrants qui arrivent encore.

 

L’expérience de l’accueil nous aide à comprendre certains éléments de notre foi.

 

L’expérience de l’accueil nous aide à comprendre certains éléments de notre foi que l’on n’avait pas encore bien saisis. Nous devons mener un discernement théologique et pastoral sur le phénomène migratoire. Il dit quelque chose à l’Église.

Le message du pape pour la paix : un record de longévité dans les « nouvelles » ?

 

logo_elwatan

Écrit au Vatican, le 13 novembre 2017, en la fête de sainte Françoise-Xavière Cabrini, Patronne des migrants, publié en français dans l’Osservatore Romano du 30 nov. ’17, « Les migrants et les réfugiés : des hommes et des femmes en quête de paix – Message du Saint-Père pour la Journée mondiale de la paix, 1er janvier 2018 » a été repris par plusieurs sites locaux ou nationaux de l’Église catholique (France, le 28/12/17 par exemple), mais aussi par le quotidien algérien EL Watan du 2 janvier 2018, qui l’annonce ainsi: « Message de sa sainteté le pape François pour la célébration de la journée mondiale de la paix« .

Ce quotidien se présente ainsi « Le quotidien El Watan a été lancé le 8 octobre 1990, dans le sillage des réformes politiques, par vingt journalistes regroupés dans la SPA El Watan. Premier journal indépendant du matin, d’expression française, à être édité en Algérie, il a basé sa ligne éditoriale sur un traitement objectif de l’information, en développant des analyses pertinentes, une vérification rigoureuse des informations publiées et un souci constant d’ouverture à l’ensemble des sensibilités politiques du pays, notamment celle de l’opposition démocratique.[… voir le « Qui sommes-nous« ]. Un peu de publicité gratuite pour un site d’information fiable, à une époque où ceux rapportant/créant des fausses informations sont légion…

Niger: sit-in des enseignants contractuels pour de meilleures conditions de travail

Salle de classe au Niger.
© AFP PHOTO/PIERRE VERDY
 

Des enseignants nigériens contractuels, et qui ne sont donc pas encore intégrés à la fonction publique, ont organisé hier un sit-in devant les locaux du ministère de la Fonction publique. Ils n'ont pas été reçus par la ministre et aucun cadre du ministère n'est venu à leur rencontre.

Le paiement des arriérés des pécules, le recrutement à la Fonction publique et la réintégration de leurs camarades remerciés, telles sont entre autres les principales revendications des enseignants contractuels.

« Nous venons d’entamer la première action de l’année 2018 qui est ce sit-in au ministère de la Fonction publique. Mais ce qui est évident, nous allons nous battre pour que d’abord nos camarades puissent être réhabilités, mais également que sur les engagements, qu’au moins deux ou trois puissent être honorés », explique Mounkaila Halidou, le secrétaire général du Syndicat national des agents contractuels et fonctionnaires de l'éducation de base (Synaceb).

 

Pour de nombreux manifestants, « ventre vide n’a point d’oreilles », c’est une question de survie, nous dit Seyni Harouna, du Bureau exécutif national (BEN) : « Il n’y a pas de replis, il n’y a pas de mesures, il n’y a pas de disponibilité à penser à faire marche arrière. Aujourd’hui, quand un enseignant se retrouve dans une situation de deux mois d’arriérés, tout le monde est unanime que ce monsieur ne peut pas enseigner ».

De son bureau, situé au 10e étage de l’immeuble, la ministre de la Fonction publique, Kafa Rekiatou Christelle Jackou, a tout suivi, les négociations sont en cours, il n’y a pas lieu de s’alarmer : « Par exemple, de la finalisation des recrutements 2012-2013 et 2014 que nous avons pris au niveau du ministère de la Fonction publique et de la réforme administrative, toutes les dispositions utiles. Et nous attendons tout simplement que les ministères de tutelle de ces agents contractuels nous envoient les postes budgétaires ».

Plus de 3 000 enseignants contractuels dispensent des cours dans la capitale nigérienne.

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