Justice et Paix
" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)
NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX En vivant proches des pauvres, partageant leur vie. Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.
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Sommet UE-Afrique
Un sommet UE-Afrique pour redéfinir la relation entre les deux continents
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C'est un sommet entre l'Union européenne et le continent africain majeur à tout niveaux qui s'ouvre à Bruxelles le 17 février. © Reuters
Un sommet de première importance entre l'Union européenne et l'Union africaine s'ouvre ce jeudi 17 février à Bruxelles. Un sommet où la relation entre les deux continents sera au cœur des discussions.
Avec nos envoyés spéciaux à Bruxelles, Paulina Zidi et Pierre Firtion
C’est le sixième rendez-vous du genre. L’Union européenne et l’Union africaine se réunissent ces jeudi et vendredi et en sommet à Bruxelles. Pas moins de 80 chefs d’État et de gouvernement sont annoncés, dont la moitié en provenance du continent.
Le format de ce rendez-vous a été revu. Finie la traditionnelle session plénière où chaque chef d’État n’avait que quelques minutes pour s’exprimer. Les organisateurs européens et français ont innové en mettant sur pied des tables-rondes auxquelles participeront à chaque fois une vingtaine de chefs d’État ainsi que des personnalités extérieures, en provenance par exemple du FMI ou de la Banque mondiale. Il y aura ainsi sept tables-rondes réparties par thématiques : financement de la croissance, sécurité et gouvernance, mais aussi migrations, santé, transition énergétique, éducation et intégration économique. Ces table-rondes seront à chaque fois présidées par deux dirigeants qui rendront ensuite compte de leurs travaux devant leurs pairs.
L’objectif est ainsi de fluidifier les débats et de permettre des discussions plus directes et plus franches. Car si les points de convergences sont régulièrement mis en avant, les sujets de friction entre les deux continents ne manquent pas, que ce soit sur les questions de migration, de climat, de sécurité ou encore de gouvernance. Face à une Europe suspectée de dicter ses choix, l’Afrique parviendra-t-elle alors à faire entendre sa voix ? Au-delà des engagements sonnants et trébuchants, l’un des objectifs de ce sixième sommet sera bien de relancer une relation mise à rude épreuve par la crise du Covid-19.
L’Europe devra aussi prendre en compte les préoccupations africaines
Aussi « le scepticisme des Africains face à la nervosité des Européens » est-il l’état d’esprit régnant à la veille de ce sommet, estime le spécialiste des relations Europe-Afrique Geert Laporte. L’Europe veut redéfinir le partenariat entre les deux continents à travers ce qu’elle avait présenté en mars 2020 comme « sa stratégie avec l’Afrique ». Mais en deux ans, l’enthousiasme est retombé, laissant apparaître un partenariat qualifié bien souvent d'« asymétrique ».
Pour preuve, la crise du Covid avec un mécanisme de solidarité qui s’est enrayé, notamment sur les vaccins, et l’arrivée du variant Omicron qui a provoqué des tensions diplomatiques. « Les Sud-Africains ont été transparents, explique un chercheur, mais les Européens ont répondu par la fermeture des frontières. » Ce qui a mis en colère le président sud-africain, Cyril Ramaphosa.
Dans un contexte international plus incertain, l’Europe a besoin de partenaires et donc de fidéliser sa relation avec un continent dont elle est proche, à l’heure où celui-ci est convoité par d’autres puissances. Plus que des promesses de financements, l’Europe devra aussi prendre en compte les préoccupations africaines. Pour Maximilienne Ngo Mbe, militante camerounaise des droits de l’Homme et directrice du Réseau des défenseurs des droits de l’homme de l’Afrique centrale (REDDHAC), les partenariats doivent être techniques et pas seulement financiers :
« Nous devons demander de plus en plus à l'Union européenne un accompagnement technique. Parce qu'il faut le dire clairement, il y a des faiblesses sur des questions techniques, sur le développement, sur la bonne gouvernance, sur les droits de l'homme. Et qu'on évite de nous dire que l'Union européenne va mettre 178 millions d'euros pour le Cameroun seulement. C'est énorme ! Nous voulons simplement un partenariat gagnant-gagnant : nous avons aussi des choses à donner à l'Union européenne. L'Union africaine ne peut pas devenir cette chambre qui reçoit de l'argent et qui après ne sait même plus dire : "ce n'est pas ça qu'il nous faut". »
Mais, dans le même temps, « l’Europe veut faire de l’Afrique son partenaire préféré, mais est-ce qu’elle est prête à des concessions ? », s’interroge le chercheur Geert Laporte. Pour ce dernier, il faudra particulièrement suivre les discussions autour de la question migratoire pour avoir des premiers éléments de réponses.
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Déforestation en Côte d'Ivoire
Déforestation en Côte d’Ivoire et au Ghana: les cacaoculteurs mis en cause dans un rapport
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La déforestation ne ralentit pas en Côte d’Ivoire ni au Ghana, bien au contraire.
C’est ce qui ressort d’un rapport que vient de publier l’ONG environnementale américaine Mighty Earth.
Avec notre correspondant à Abidjan, Pierre Pinto
Quelque 19 000 ha de forêts détruits depuis 2019 en Côte d’Ivoire (2% de son couvert forestier), 39 000 ha au Ghana (4% du couvert forestier)… Dans son rapport qui s'appuie sur des enquêtes de terrains et des images satellites, l'organisation américaine Mighty Earth pointe la responsabilité de la culture du cacao.
En 2017, les grands industriels du chocolat s’étaient engagés avec les gouvernements ivoirien et ghanéen à tout faire pour débarrasser le cacao issu de la déforestation de leur chaîne d’approvisionnement. Pour l’ONG, il ne s’agit que de promesses en l’air.
► À lire aussi : Côte d’Ivoire: une carte interactive suit la déforestation de la filière cacao
Mighty Earth accuse par ailleurs le gouvernement ivoirien, notamment, de ne pas avoir tenu ses engagements en matière de traçabilité du cacao ou de surveillance satellite des forêts et dit toujours attendre le résultat du recensement des cacaoculteurs.
Fin janvier, le géant Nestlé avait annoncé un programme de 1,25 milliard d’euros jusqu’en 2030 pour améliorer les conditions de vie et de travail des planteurs de cacao en Côte d’Ivoire et au Ghana, lutter contre le travail des enfants et développer l’agroforesterie vue comme l’une des solutions à la déforestation.
Dans son rapport, Mighty Earth plaide aussi pour l’agroforesterie, mais appelle surtout les autorités européennes, américaines et japonaises à adopter une législation plus contraignante pour les industriels du chocolat sur la déforestation.
L’Union européenne travaille depuis plusieurs mois à imposer aux industriels un devoir de vigilance et pourrait aller jusqu’à interdire l’accès au marché européen aux produits issus de la déforestation.
146 migrants rapatriés
Guinée: 146 migrants volontaires rapatriés par l'OIM en provenance du Niger
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Cent quarante-six migrants guinéens en provenance du Niger ont pu regagner leur pays jeudi 10 février grâce à un vol affrété par l’Organisation internationale des migrations (OIM). En tout, en ce mois de février, l’OIM organise trois vols spéciaux. Pour les migrants qui ont tenté d’aller en Europe via la mer Méditerranée, ce retour se fait sur la base du volontariat.
Fraîchement rentrés en Guinée, ces 146 personnes ont la possibilité de se faire vacciner contre le Covid.
Dans ce groupe figurent essentiellement des jeunes, très peu de femmes, qui étaient « sur la route » dans l’espoir d’atteindre les côtes européennes. Un voyage long et dans des conditions précaires.
Fait nouveau : ces migrants sont plus scolarisés qu’auparavant. Comme le constate Lucas Chandellier, chargé en communication de l’OIM en Guinée :
« Les derniers vols, il y a beaucoup de jeunes qui ont étudié, avec un certain niveau scolaire. Malgré leur bagage scolaire, ils n'ont pas étudié toutes les pistes de formation pour pouvoir poursuivre leur cursus en Guinée ou dans la sous-région. On part souvent sur un coup de tête. Parmi les jeunes, c'est souvent par mimétisme, par une idée un peu biaisée de la réussite en Occident. »
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Quelques jours après leur retour, ces migrants passent un entretien avec un agent de l’OIM, qui les aide à se réinsérer dans la société. Plusieurs options s'offrent à eux : reprendre des études, suivre une formation professionnelle ou bien monter une petite activité. Des projets soutenus par l’OIM.
Un prochain vol de rapatriement de Guinéens en provenance du Niger est prévu le 17 février. L’année dernière, l’Organisation internationale des migrations avait organisé le rapatriement de 4 000 migrants guinéens.
Promesse de l'UE
L'UE promet à l'Afrique plus de 150 milliards d'euros d'investissements
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La présidente de la Commission européenne est en visite à Dakar, au Sénégal. Ursula von der Leyen a été reçue ce jeudi 10 février par le chef de l'État, Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine. Il a été question du prochain sommet UA/UE, qui se tiendra à Bruxelles les 17 et 18 février. Ursula von der Leyen a également annoncé un important plan d'investissements pour le continent.
« L’Europe et l’Afrique ont intérêt à travailler ensemble », a dit le chef de l’Etat sénégalais dans une déclaration conjointe. De son côté, Ursula von der Leyen a annoncé un plan régional de 150 milliards d’euros d’investissements en Afrique, dans le cadre de sa nouvelle stratégie d’investissement baptisée « Global Gateway ».
« Aujourd'hui, je suis fière d'annoncer plus de 150 milliards d'euros par le programme Afrique-Europe ; c'est le tout premier plan régional sous Global Gateway », a-t-elle dit devant la presse, en référence à l'initiative européenne lancée en décembre.
Global Gateway est censée mobiliser jusqu'à 300 milliards d'euros de fonds publics et privés d'ici à 2027, dans des projets d'infrastructures à travers le monde. Sa déclinaison pour l'Afrique fixe plutôt l'horizon à 2030, indique un document rendu public par la Commission européenne. L'argent ira aux énergies renouvelables, à la réduction des risques de catastrophe naturelle, à l'accès des Africains aux réseaux internet, aux transports, à la production de vaccins ou à l'éducation, dit le document.
« Pour tout cela, nous avons bien sûr besoin du secteur privé, de son expertise et de son fort investissement, nous avons aussi besoin de volontarisme politique au plus haut niveau », a déclaré Ursula von der Leyen, aux côtés du président sénégalais Macky Sall.
La visite de la présidente de la Commission européenne précède de quelques jours le sommet Union européenne-Union africaine des 17 et 18 février à Bruxelles. Le chef de l'État sénégalais assume depuis peu la présidence de l'Union africaine.
« Les investissements seront au cœur des discussions » de ce sommet, a souligné Mme von der Leyen. « Dans ce domaine, l'Europe est le partenaire le plus fiable pour l'Afrique et de loin le plus important », a-t-elle ajouté. La présidente de la Commission européenne a redit que Global Gateway était ancrée dans « les valeurs auxquelles l'Europe et l'Afrique sont attachées, comme la transparence, la durabilité, la bonne gouvernance et le souci du bien-être des populations ».
Global Gateway est perçue comme une riposte aux Nouvelles Routes de la soie tracées par la Chine. En Afrique aussi, la Chine étend rapidement sa présence économique et politique.
Procès terroriste Malien
Mali: au tour des victimes dans le procès à la CPI d'Abdoulaziz al-Hassan d'Ansar Dine
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La Cour pénale internationale à La Haye, aux Pays-Bas, le 27 septembre 2018. REUTERS/Eva Plevier/File Photo
La Cour pénale internationale a entamé mardi le second volet du procès d'Abdoulaziz al-Hassan.
Le jihadiste d’Ansar Dine, commissaire de la police islamique de Tombouctou lors de l’occupation du nord du Mali en 2012, est poursuivi pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre. C’était au tour des avocats des victimes de plaider.
avec notre correspondante à La Haye, Stéphanie Maupas
Les avocats ont plaidé au nom des 1 946 victimes admises dans ce procès. Leur identité reste confidentielle, protégée. Mais on sait que certaines ont subi des flagellations, que d’autres ont été amputées, soumises à l’esclavage, aux violences sexuelles et parfois mariées de force. Mais c’est la ville entière, et même toute la région, ont plaidé les avocats, qui a subi le règne des jihadistes d’Ansar Dine et d’AQMI avec l'interdiction des cigarettes, de la musique, l'enrôlement forcé de jeunes et l'obligation pour les femmes de se couvrir.
Plaidant par vidéo conférence, Me Seydou Mumbia s’est interrogé sur l’effet dissuasif de la CPI : « S’agissant de la protection de la vie et de l’intégrité physique et psychologique des victimes, ces dernières s’accordent pour vous dire qu’elles continuent de subir des exactions, des disparitions, des enlèvements, des pillages, des menaces de mort, etc. Elles vous disent qu’elles côtoient la mort au quotidien et que le bourreau d’hier rôde toujours aux alentours n’est jamais loin et qu’il est capable à tout moment de causer de graves préjudices à la population. »
Une victime de mariage forcée encore stigmatisée
Suite aux plaidoiries des avocats, une victime de mariage forcé a déposé sous pseudonyme. Elle a raconté avoir été violée jour et nuit par son bourreau et avoir donné naissance à un garçon. Elle a aussi expliqué aux juges qu’elle subit encore aujourd’hui les conséquences de ce drame, stigmatisée par ses voisins, mais aussi par ses proches.
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