Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Covid-19 : drones, ports 4.0, Facebook, mobile money… Les clés pour accélérer la vaccination en Afrique

Mis à jour le 19 janvier 2022 à 13:11
 
Rabah Arezki
 

Par Rabah Arezki

Ancien économiste en chef de la BAD et Senior Fellow à Harvard Kennedy School of Government.

 


Des personnes font la queue pour recevoir une dose de vaccin Pfizer au marché principal d’Adjamé (Abidjan, Côte d’Ivoire), le 27 août 2021, pendant une campagne de vaccination contre le Covid-19. © Issouf SANOGO / AFP

Alors que la production de vaccins s’accroît, le continent doit combattre les goulots d’étranglement logistiques, économiques et politiques de la vaccination, avance Rabah Arezki, ex-chef économiste de la Banque africaine de développement (BAD).

Le taux moyen de vaccination sur le continent est décevant, avec environ 8 % des Africains complètement vaccinés. Cette moyenne masque de grands écarts d’un pays à l’autre. Alors que l’Île Maurice et le Maroc ont atteint des taux de vaccination complète de respectivement 72 et 61 %, ce chiffre demeure faible dans la grande majorité des autres nations, inférieur à 1% en République démocratique du Congo (RDC) et au Burundi par exemple.

Le nombre de cas d’infections au Covid-19 serait en augmentation mais le nombre de décès sur le continent reste relativement bas. Compte tenu de la faible capacité du secteur de la santé, y compris sur le volet de la prise en charge en soins intensifs, les systèmes sanitaires seraient presque immédiatement débordés si un variant s’avérait plus nocif que ce que le continent a connu jusqu’à présent. La vaccination est la seule option disponible pour éviter une catastrophe à venir sur le continent.

Malheureusement, plusieurs goulots d’étranglement font dérailler le chemin de l’Afrique vers l’objectif de 70 % de vaccination, qui ne sera atteint qu’à la fin de 2024 selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Au-delà des conséquences pour la population, ce manquement aura probablement des effets d’entraînement importants et négatifs sur le reste du monde, notamment en termes d’émergence de nouveaux variants plus contagieux.

14 juillet 2021 – Tente de vaccination de masse au stade de Treichville, Abidjan, Côte d’Ivoire.


14 juillet 2021 – Tente de vaccination de masse au stade de Treichville, Abidjan, Côte d’Ivoire. © Erick Kaglan / World Bank / Flickr / Licence CC

Digitalisation des ports

Compte tenu de la montée en puissance rapide de la production et de la baisse lente mais régulière de la demande de vaccins dans les pays avancés, la pénurie de doses à laquelle l’Afrique fait face est en train de reculer. La Fédération internationale des fabricants et associations pharmaceutiques (IFPMA) a déclaré que le taux de production a maintenant atteint 1,5 milliard de doses par mois. Cela signifie que plus de 24 milliards de doses de vaccins pourraient être produites d’ici juin 2022. C’est enfin une bonne nouvelle pour le continent.

LA CORRUPTION DANS LES PORTS ENGENDRE RETARDS ET COÛTS SUPPLÉMENTAIRES, QUI POURRAIENT FAIRE DÉRAILLER LA CAMPAGNE DE VACCINATION

Mais, à mesure que la pression diminue sur la production, les goulots au niveau de la distribution – en raison d’une mauvaise logistique, du manque de personnel pour vacciner ou de défauts de commande – vont apparaître plus criants. Avec un risque de voir, in fine, de plus en plus de dons ou d’achats de vaccins retournés ou détruits. Les dirigeants du continent doivent donc être tenus responsables de leurs efforts pour encourager la vaccination et remédier à ces goulots d’étranglement nationaux.

Au-delà de la nécessité d’un meilleur partage d’informations sur les disponibilités et volumes des dons, il est absolument indispensable d’améliorer la logistique dans de nombreuses régions du continent. La corruption dans les ports engendre traditionnellement des retards importants et des coûts supplémentaires, qui pourraient faire dérailler la campagne de vaccination.

Au Mozambique, les difficultés rencontrées dans l’infrastructure de Maputo fait que ce point d’entrée crucial n’a pas pu servir de plaque tournante de distribution pour les pays enclavés voisins. Accélérer la digitalisation des infrastructures, via notamment l’adoption de système électronique de gestion des flux, permettrait de suivre les doses de façon efficace.

Grâce au soutien du gouvernement allemand, l’UNICEF a livré à l’Ethiopie des congélateurs à ultra-basse température via COVAX. Chacun des 26 congélateurs peut contenir plus de 300 000 doses de vaccins COVID-19, facilitant ainsi le stockage et l’administration de ces vaccins dans tout le pays.

 

Grâce au soutien du gouvernement allemand, l’UNICEF a livré à l’Ethiopie des congélateurs à ultra-basse température via COVAX. Chacun des 26 congélateurs peut contenir plus de 300 000 doses de vaccins COVID-19, facilitant ainsi le stockage et l’administration de ces vaccins dans tout le pays. © UNICEFEthiopie/Nahom Tesfaye/Flickr/Licence CC

Chaîne du froid et emballage

Autre grave écueil : l’insuffisance des chaînes du froid, responsable du gaspillage de 50 % de la nourriture produite aujourd’hui. Considérant que les vaccins doivent être réfrigérés, à très basse température pour certains, cela constitue une menace autre pour la vaccination. Le Ghana, par exemple, fait des livraisons par drones dans les zones isolées pour réduire les délais et besoins de réfrigération prolongée. Certains experts recommandent des investissements ciblés et stratégiques dans la chaîne de froid mais aussi dans l’optimisation des modes d’emballage des doses de vaccins.

Par ailleurs, le trop faible nombre de travailleurs en première ligne et l’insuffisance de leurs moyens est un autre point de tensions, auquel certains pays ont remédié en mobilisant des personnels médicaux de l’armée mais aussi des experts de la logistique. Pour rappel, le nombre moyen d’infirmier(ères) en Afrique subsaharienne se situe à un(e) pour 1 000 habitants, contre dix pour 1 000 au sein des pays de l’OCDE et 15 pour 1 000 en Amérique du Nord.

IL EST L’HEURE DE CONTRE-ATTAQUER SUR LE VOLET COMMUNICATION VIA UNE MOBILISATION DE LA CLASSE POLITIQUE

Alors que le taux d’urbanisation a rapidement augmenté sur le continent au cours des dernières décennies, il reste relativement faible, ce qui rend plus difficile l’administration du vaccin. Six Africains subsahariens sur dix vivent encore en milieu rural contre seulement deux sur dix en Amérique latine. Pour atteindre des segments de la population dans les zones reculées, la Côte d’Ivoire a innové et a envoyé des cliniques mobiles par exemple. Développer ces initiatives à grande échelle serait salvateur pour le continent.

Paiement mobile

L’action contre la dernière barrière, l’hésitation vaccinale, est sans doute l’une des plus délicates. Alors que les médias sociaux sont devenus un vecteur de propagation de la désinformation sur les vaccins, ce phénomène qui n’a pas fait l’objet d’une réponse proportionnelle pour rassurer les citoyens. Pire, plusieurs dirigeants ont contribué à accroître le doute sur la vaccination. Il est l’heure de contre-attaquer sur le volet communication via une mobilisation de la classe politique mais aussi des stars du football et de la musique.

Enfin, une incitation financière pour les ménages les plus modestes pourrait stimuler la demande de vaccination tout en les soutenant durant cette période difficile. Ce coup de pouce monétaire – financé par les pays les plus riches, des fondations et entreprises ayant notamment des intérêts commerciaux sur le continent – pourrait être transféré directement via les téléphones portables afin de s’assurer qu’il bénéficie bien au destinataire prévu. Ce mécanisme serait triplement gagnant en réduisant les inégalités vaccinales, sauvant des vies et en renforçant les économies.

Mali : que sait-on de l’arrestation de l’économiste Étienne Fakaba Sissoko ?

Par  - à Bamako
Mis à jour le 19 janvier 2022 à 16:26
 

 

Etienne Fakaba Sissoko. © © Nicolas Réméné pour JA

 

Connu pour ses positions critiques contre le pouvoir malien, cet universitaire a été placé en garde à vue. Son interpellation, qui intervient après celles de plusieurs acteurs politiques, soulève de nombreuses interrogations.

Tout est allé très vite : après son interpellation dimanche 16 janvier par les policiers du commissariat du 5e arrondissement, Étienne Fakaba Sissoko, économiste médiatique, a été placé en détention préventive. Mardi 18 janvier, le tribunal de la commune IV du district de Bamako, où il a été présenté devant un juge, a annoncé qu’il était poursuivi pour « des propos tendant à la stigmatisation ou à la discrimination régionaliste, ethnique ou religieuse » et pour « pour présomption de faux et usage de faux diplômes universitaires ».

Ces poursuites interviennent après ses récentes interventions dans les médias et sur les réseaux sociaux au sujet des conséquences économiques des sanctions infligées au Mali par la Cedeao, après que la junte a présenté un chronogramme proposant une prolongation de la transition de cinq ans. Depuis que les chefs d’États ouest-africains ont acté leur décision, le 9 janvier dernier à Accra, Étienne Fakaba Sissoko n’a eu de cesse d’émettre des hypothèses selon lesquelles le Mali ne pourra pas « tenir au-delà de deux mois ».

Faux doctorat ?

Mais lundi, une source proche de l’enquête confiait à Jeune Afrique qu’à cette occasion, une vieille affaire de faux diplômes resurgissait. Depuis 2018, ce dossier agite les microcosmes politiques et universitaires maliens. De nombreux chercheurs sont suspectés d’avoir obtenu frauduleusement leur diplôme en France, dont Étienne Fakaba Sissoko. Pour les détracteurs de l’économiste, si celui-ci a bien été inscrit à l’université de Nanterre, il n’y a jamais validé de doctorat.

À l’époque, la primature avait diligenté une enquête, restée sans suite. Mais récemment, le tribunal de la commune IV de Bamako semble avoir relancé les investigations. Il a contacté un collectif « d’enseignants-chercheurs maliens pour la méritocratie républicaine », à la pointe de la fronde contre Étienne Fakaba Sissoko, qui l’accuse d’être « un faussaire » et d’avoir usurpé un titre pour obtenir un poste d’enseignant-chercheur à la faculté des sciences économiques et de gestion, avec la complicité de responsables de l’enseignement supérieur.

Du cabinet de la présidence à l’opposition

Vrai ou faux ? Les soutiens de l’économiste soulignent que l’homme n’est pas un universitaire comme les autres. À 39 ans, il a été le secrétaire particulier d’Oumar Mariko, alors député élu à Kolondièba. Nommé à la présidence en 2016 comme conseiller en charge des questions économiques, il a quitté son poste un an plus tard.

Il devient alors opposant au président. En 2017, il participe à la contestation du projet de réforme de la Constitution d’Ibrahim Boubacar Keita, avant de devenir membre de l’équipe de campagne de l’opposant Soumaila Cissé lors des élections présidentielles de 2018.

C’EST UNE TENTATIVE D’EXÉCUTION POLITIQUE

Puis Étienne Fakaba Sissoko change à nouveau de plan. Il entre au Secrétariat permanent pour le Centre, rattaché à la primature, mais il est limogé par le Premier ministre Choguel Maïga en octobre 2021. Il venait en effet d’appeler à « débarquer le premier ministre Choguel Maïga » et de respecter le délai de la transition. Ces derniers mois, Étienne Fakaba Sissoko s’est distingué par ses prises de position critiques à l’encontre du pouvoir malien. De quoi réactiver une ancienne affaire en dossier politique ?

« C’est une forme de cabale destinée à le fragiliser, assure un proche du prévenu. Cette affaire montre la facilité avec laquelle les libertés sont menacées. Et cela dessert tous les élans critiques. » L’arrestation d’Étienne Fakaba Sissoko a lieu après la condamnation à six mois de prison de l’ancien vice-président du CNT Issa Kaou Djim, qui avait lui aussi été critique sur le pouvoir, ainsi que la mise sous mandat de dépôt d’Oumar Mariko, depuis libéré, et qui sera jugé le 15 février 2022.

« S’il est vraiment suspecté d’avoir un faux diplome, pourquoi personne n’a bougé pendant quatre ans ? Pourquoi le faire aujourd’hui ? », s’interroge un enseignant-chercheur sous le couvert de l’anonymat tout en dénonçant « une tentative d’exécution politique ».

Antilles : la justice peut-elle réparer les crimes de l’esclavage ? 

 

Depuis dix-sept ans, des Antillais réclament des réparations financières à l’État français pour les crimes de la traite et de l’esclavage. Le délibéré de la cour d’appel de Fort-de-France est attendu ce mardi 18 janvier.

  • Marion Lecas, de notre correspondante à Gourbeyre (Guadeloupe), 

 

Antilles : la justice peut-elle réparer les crimes de l’esclavage ?
 
Le Mouvement international pour les réparations (MIR) marchait pour la commémoration du 22 mai 1848, date de l’abolition de l’esclavage en Martinique, en réclamant des compensations pour la ville de Saint-Pierre.BENOIT DURAND/HANS LUCAS VIA AFP

Avant que tout soit numérisé, les Archives départementales de la Guadeloupe, logées dans une bâtisse grise à Gourbeyre, étaient un lieu d’émotions. On y venait fouiller en quête de ses ancêtres, dans les étagères croulantes de classeurs et les pages jaunies des vieux livres. Gérard Lafleur, membre de la Société d’histoire de la Guadeloupe, a aidé des dizaines de concitoyens à retracer ainsi leur généalogie, rapportant que « l’intérêt autour des origines, très longtemps taboues, grandit dans nos îles ».

→ ANALYSE. Vingt ans après, une mémoire de l’esclavage encore en chantier

Premier témoin de ces enquêtes familiales, l’historien se souvient de la tension qui dévorait la salle de lecture. Si aucun ancêtre n’est inscrit au registre d’état civil avant 1848, qui marque l’abolition, cela signifie que les générations précédentes étaient réduites en esclavage, et que l’on n’en retrouvera jamais la trace. « Souvent, j’ai assisté à des pleurs. Ces descendants reçoivent soudain un héritage qu’ils considèrent avec un mélange de peine, de honte et de colère », décrit encore Gérard Lafleur.

200 milliards d’euros pour réparer les crimes de traite et d’esclavage

Certains, dès lors, se tournent vers la justice pour demander réparation des crimes de la traite et de l’esclavage. Plus de soixante d’entre eux, Guadeloupéens et Martiniquais, ont attaqué l’État français en 2005 au côté, notamment, du Mouvement international pour les réparations (MIR). Après plusieurs rebondissements judiciaires, un jugement en délibéré est attendu, ce 18 janvier, par la cour d’appel de Fort-de-France.

Les plaignants réclament 200 milliards d’euros – dont la répartition sera à la charge d’un comité d’experts spécialement constitué – pour les « séquelles que nos enfants continuent de porter en eux », résume Sarah Aristide, l’un des quinze avocats du MIR. « En 2016, la théorie scientifique de l’épigénétique a prouvé que nous portons dans notre ADN une modification génétique liée au stress et aux traumatismes subis par nos ancêtres », ajoute encore Me Aristide.

 

« On ne peut pas reconstituer ce que serait la vie d’un demandeur aujourd’hui »

Aux faits, aussi incontestables soient-ils, s’opposent des arguments de droit. « Ce crime remontant à plusieurs siècles, se pose le problème de la prescription. On ne peut poursuivre en réparation de façon illimitée dans le temps », défend l’avocat de l’État, Patrick Baudouin, également président de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme. D’autant qu’il apparaît impossible de déterminer avec certitude ce que les générations successives auraient fait de leurs terres ou de leurs biens si elles en avaient hérité.

« On ne peut pas reconstituer ce que serait la vie d’un demandeur aujourd’hui », appuie Patrick Baudouin. La sollicitation pécuniaire, enfin, est sujette à contestation : « Comment transformer une souffrance en argent, alors même que la question de l’achat des corps a été centrale dans l’esclavage ? Il faut absolument sortir de cette spirale », enjoint Myriam Cottias, directrice du Centre International de Recherches sur les esclavages et post-esclavages (Ciresc).

Un projet collectif et politique

Pour la défense, il n’appartient pas à la justice de réparer de tels crimes, mais au pouvoir politique. Myriam Cottias se range à cet avis : « Recouvrer la dignité passe par l’élaboration d’un projet collectif, par la récupération de la souffrance pour en faire un flambeau », estime l’historienne. La loi Taubira du 21 mai 2001, reconnaissant la traite et l’esclavage comme un crime contre l’humanité – mais excluant les réparations – a œuvré dans ce sens, encourageant la recherche, la création de mémoriaux et l’enseignement autour de ces thématiques.

→ REPORTAGE. Esclavage, la Martinique à la recherche d’une mémoire apaisée

L’instauration d’une journée nationale pour commémorer l’abolition, le 10 mai, a aussi permis de légitimer nombre d’associations antillaises. « La France est le pays où il existe le plus de dispositifs publics sur l’esclavage et la traite », admet Myriam Cottias, même si, précise-t-elle, « tout n’est pas abouti et absolument satisfaisant ». L’égalité réelle, de fait, est encore loin. Des problèmes restent urgents à régler aux Antilles, à l’instar du chômage des jeunes ou de la pollution au chlordécone.

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Inlassable lutte judiciaire

2005. Sur la base de la loi Taubira du 21 mai 2001, reconnaissant l’esclavage comme un crime contre l’humanité, associations et particuliers assignent l’État français devant le tribunal de grande instance de Fort-de-France afin d’obtenir réparation pour le préjudice subi.

2014. La plainte est déclarée irrecevable car prescrite l’action en réparation.

2017. La cour d’appel de Fort-de-France prend un arrêt confirmant le jugement du tribunal.

2019. La Cour de cassation rejette le pourvoi en cassation des demandeurs.

2020. La Cour européenne des droits de l’homme juge la plainte recevable.

11 et 12 octobre 2021. Un nouveau procès se tient devant la cour d’appel de Fort-de-France.

 

Mali: une journée de mobilisation test contre les sanctions de la Cédéao

Vue de Bamako, la capitale du Mali, le 9 août 2018. (Image d'illustration) REUTERS/Luc Gnago

Gel des avoirs au sein de la BCEAO, fermeture des frontières avec les États membres, suspension des transactions, le Mali a donc été lourdement sanctionné, dimanche 9 janvier, par la Cédéao et l’UEMOA.

En cause : la volonté de la junte de se maintenir au pouvoir pendant encore quatre ans. Elle qui s’était pourtant engagée, en septembre 2020, à organiser des élections en février 2022. Les autorités maliennes ont dénoncé ces sanctions. En réponse, elles appellent ce vendredi 14 janvier à une journée de manifestations dans tout le pays. 

La junte militaire et ses soutiens veulent faire de ce rendez-vous une démonstration de force. « Depuis le 9 (janvier), nous sommes en train de mobiliser les gens à tous les niveaux, explique Bakora Konaté, le secrétaire général du Collectif national des acteurs de marché du Mali. Nous avons envoyé des messages pour que tout le monde se mobilise sur toute l’étendue du territoire malien, des grandes villes jusqu’aux hameaux. C’est pour manifester la volonté du peuple malien, le soutien sans faille et inconditionnel du peuple malien aux autorités de la transition, qui sont en train d’œuvrer pour que la paix revienne sur toute l’étendue du territoire malien, précise-t-il, avant d’ajouter : Trop, c’est trop ! Nous voulons dire à la Cédéao que nous ne sommes pas d’accord avec elle. »   

Pour Bakora Konaté comme pour les représentants de la junte, ces sanctions sont injustifiées. Le pays, expliquent-ils, a besoin de réformes importantes notamment en matière de sécurité avant de pouvoir organiser des élections. Le ressentiment à l’égard de la Cédéao est d’autant plus fort que les autorités de transition et leurs soutiens accusent l'organisation sous-régionale d’être à la solde des puissances occidentales comme la France. « Pour moi, cela constitue en soi, certainement, un complot mûrement réfléchi à l’endroit de notre paysexpliquait mardi sur nos antennes Jeamille Bittar, le porte-parole du mouvement M5-RFP. Je me souviens encore que la ministre française de la Défense avait déclaré que la France utilisera tous les moyens, y compris l’aide de la Cédéao. »

« C’est pratiquement toutes les couches qui se retrouvent »

La junte appelle ainsi la population « à défendre la patrie ». Des citoyens et des associations qui n’étaient jusque-là pas forcément favorables aux militaires devraient ainsi descendre dans la rue ce vendredi. « Tout le monde s’est retrouvé et, finalement, c’est devenu une question de patriotisme, décrypte Hamadoun Bah, le secrétaire général du syndicat des banques. Au niveau des syndicats, c’est l’ensemble des centrales syndicales et des syndicats y compris la synergie des enseignants qui avaient déposé des préavis de grève. C’est pratiquement toutes les couches qui se retrouvent, même celles qui s’affrontaient avant. »  

« L’union nationale est nécessaire », estimait mercredi sur RFI Tiéman Hubert Coulibaly, le président du parti UDD et membre du Cadre des partis politiques pour une transition réussie. Mais aux yeux de cet ancien ministre, pour parvenir à une telle unité, « il faut commencer déjà à bannir certaines postures qui consistent à stigmatiser une partie de la classe politique, à la menacer. » Pour lui, de toute façon, la responsabilité de cette situation incombe avant tout à la junte. « Le peuple malien, aujourd’hui, dans sa situation, ne mérite pas d’être sous ces sanctions-là, explique-t-il. Mais les autorités de la transition en portent l’entière responsabilité, de la même manière qu’elles portent la responsabilité de trouver les voies et les moyens pour en sortir le plus rapidement possible. »  

Quelles voies et quels moyens alors pour sortir de cette situation ? L’Algérie a appelé à une transition de douze à seize mois. Le pays est visiblement prêt à s'investir dans ce dossier. « Alger a tout à gagner à se positionner en tant que médiateur dans ce dossier, juge Raouf Farrah, analyste principal à l'ONG Global Initiative. Je pense que la junte, à un moment donné, ne pourra pas se passer de cette option-là si un jour le rapport de forces devient trop difficile à gérer. Elle recourra à Alger pour un tel processus. Mais ce n’est pas garanti. »

Quoi qu’il en soit, ces manifestations devraient déjà être scrutées à la loupe par les chefs d’État de la région. D’autant qu'elles sont soutenues par des associations de la société civile, des partis politiques ou des personnalités d'autres pays du continent comme les chanteurs Youssoufa et Alpha Blondy ou encore le Balai citoyen du Burkina Faso et le mouvement sénégalais Y’en a marre.

Moi, je vais manifester contre les sanctions, mais pas pour la transition. Pourquoi contre les sanctions? Parce que c'est l'existence même du Mali qui est en jeu.

Paroles de manifestants en ce jour de mobilisation

Lutter contre les faux-médicaments en Afrique

 medoc
 
 
Les faux médicaments, un marché lucratif estimé à 200 milliards de dollars par an. RFI/Anthony Terrade
 
 

Sur le continent, la problématique des faux-médicaments est très présente. Les spécialistes du secteur estiment que 30 à 60% des médicaments consommés sont des contrefaçons ou des faux-médicaments très présents dans les marchés de rue. Enjeu de santé publique mais aussi économique. Des initiatives sont mises en place pour tenter de contrer ce phénomène…

L’entreprise française Sanofi - qui distribue ses médicaments sur l’ensemble du continent - dispose d’une stratégie globale, d’une gouvernance et de structures dédiées à la lutte contre les faux médicaments. Une centaine de personnes travaillent directement sur ces questions.

Michel Sebah, ancien directeur sûreté Afrique, est en charge de la stratégie et de la coordination de la lutte contre les faux-médicaments pour Sanofi.

Le premier axe c’est protéger nos produits sécuriser notre chaîne d’approvisionnement. Le deuxième c’est de conduire des actions d’identification soit des nouveaux acteurs soit des nouvelles tendances sur le terrain à travers des tests d’achat par exemple qui permet de voir qu’elle est la réalité du marché. Une autre approche qui est importante c’est celle de nouer des partenariats stratégiques et opérationnelles avec les autorités des pays.

Les antidouleurs et antipaludéens parmi les médicaments les plus falsifiés

En cas d’alerte sur de possibles falsifications de produits Sanofi, s’enclenche alors une procédure. « À partir du moment ou nous avons les premiers éléments constitutifs d’un dossier systématiquement si c’est un produit Sanofi le laboratoire est saisi. Le laboratoire lui a une analyse qui est basée sur trois points : la traçabilité, un examen visuel et une analyse chimique », ajoute Michel Sebah. 

Si la falsification est confirmée, alors une plainte est déposée. Les antidouleurs et antipaludéens sont particulièrement concernés par les falsifications. Pour aider les consommateurs, Méditect – présente en Côte d’Ivoire, au Sénégal et au Cameroun –, a mis au point une application dédiée. 

« Quand vous avez un médicament de l’un de nos laboratoires partenaires, vous allez pouvoir le scanner pour vérifier l’authenticité et donc on peut dire si le médicament est authentique ou pas », assure Arnaud Pourredon, co-fondateur de Méditect. « En plus de ça, on va aider le patient à trouver les vraies pharmacies qui sont ouvertes, les pharmacies qui sont de garde afin d’aider les patients à travers tous les différents défis auquel il fait face. »

23 000 médicaments référencés 

En plus de l’application pour les patients, l’entreprise a mis au point un logiciel de gestion pour les pharmacies, explique Arnaud Pourredon. Près de 23 000 produits sont référencés.

Pour faire simple, le laboratoire pharmaceutique va apposer un numéro unique sur chaque boîte de médicament. Ce numéro unique, on va l’enregistrer sur nos technologies, et le pharmacien et le patient, lorsqu’ils vont scanner leur médicament, donc ils vont scanner une data matrix c’est comme un QR code qui comprend un numéro unique. Eh bien, nous, on va vérifier sur nos technologies si on a bel et bien enregistré ce numéro de série, quand, et où. Et donc on arrive à faire une traçabilité du produit de façon extrêmement simple pour l’utilisateur.

Autre moyen pour lutter contre ce trafic : le développement des systèmes de sécurité sociale et de la gratuité des médicaments.