Les faits
À l’occasion de la Journée internationale contre les mutilations génitales féminines, le pape François a dénoncé dimanche 6 février des pratiques qui « humilient la dignité de la femme ». Dans le monde, quelque trois millions de jeunes filles subiraient de telles mutilations chaque année.
C’est un sujet inhabituel dans la bouche d’un pape que François a choisi d’évoquer lors de l’Angélus du dimanche 6 février. « Aujourd’hui, a-t-il rappelé devant les pèlerins présents sur la place Saint-Pierre au Vatican, c’est la Journée internationale contre les mutilations génitales féminines. » L’occasion pour lui de dénoncer ces pratiques.
« Ce sont environ trois millions de filles qui, chaque année, subissent cette chirurgie, souvent dans des conditions très dangereuses pour leur santé, a ainsi regretté le pape François. Cette pratique, malheureusement répandue dans diverses régions du monde, humilie la dignité de la femme et porte gravement atteinte à son intégrité physique. »
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Faisant le lien avec le trafic d’êtres humains, il a tenu à exprimer sa « douleur » devant ces « fléaux de l’humanité ». « J’exhorte ceux qui en sont responsables à agir de manière décisive, pour prévenir à la fois l’exploitation et les pratiques humiliantes qui affligent particulièrement les femmes et les filles », a-t-il insisté.
L’implication des religieuses
Cet appel du pape François s’inscrit dans ce qui semble être une attention de plus en plus importante du Saint-Siège à l’égard des mutilations génitales féminines – principalement l’excision. Le point de départ de cette dénonciation se trouve dans l’exhortation apostolique Amoris laetitia, datant d’avril 2016. Le pape y dénonçait ainsi des « coutumes inacceptables » à « éradiquer », parmi lesquelles la « grave mutilation génitale de la femme dans certaines cultures ».
Six mois plus tard, en octobre 2016, c’était au tour de l’observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations unies – alors Mgr Bernardito Auza – de faire part de la vive condamnation par le Vatican de ces pratiques. Dans une intervention, il avait ainsi appuyé les recommandations en faveur d’une « attention particulière » à ces mutilations. « De nombreuses institutions et organisations catholiques, en particulier les religieuses, sont en première ligne, travaillant pour changer les pratiques culturelles et donnant aux jeunes femmes les moyens de résister à une telle violence », avait-il indiqué.
Objectif : éradication d’ici à 2030
En 2020, déjà à l’occasion de la Journée internationale contre les mutilations génitales féminines, c’était par le biais de son média officiel Vatican News que Rome était intervenu. « La mutilation des organes reproducteurs d’une femme est un crime grave contre la personne », dénonçait un long article de la version italienne. Ces pratiques, était-il encore critiqué, « violent les droits des femmes à la santé, à la sécurité, à l’intégrité physique, à ne pas subir la torture et les traitements cruels, inhumains ou dégradants ainsi que le droit à la vie, alors que cette pratique peut même entraîner la mort de la femme victime ».
La Journée internationale contre les mutilations génitales féminines a été instituée en 2012 par les Nations unies. Promouvant la tolérance zéro à l’égard de ces pratiques, elle vise à leur éradication d’ici à 2030 alors qu’elles ont principalement cours encore dans des pays africains.