Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Noirs de France : sortir de la double assignation 

Mis à jour le 7 janvier 2022 à 11:39
 
Elgas
 

Par Elgas

Ecrivain et docteur en sociologie


Valoriser les trajectoires individuelles pour lutter contre l’essentialisation, un vaste et important chantier. © ALLILI MOURAD/SIPA

 

Rokhaya Diallo vilipendée par la droite, Tanguy David accusé de trahir sa « communauté »… Et si les Noirs pouvaient enfin s’exprimer sans être en permanence renvoyés à leurs origines et à leur confession religieuse ?

Qu’est-il permis à un Noir de penser dans la France actuelle ? La question peut paraître naïve, inopportune, voire risible. Pourtant, en ces temps de procès colonial et de décolonialisme conquérant, elle s’impose pour les personnalités – surtout celles en vue – sommées, dans une assignation double, de ne pas décevoir les attentes militantes projetées sur elles et de porter, de façon monochrome et revendicative, le combat de l’émancipation.

Dernier temps fort de cette frénésie, l’entrée de Joséphine Baker au Panthéon. Dans son cortège, elle a emporté, sans répit, le lancinant débat sur ces honneurs français dont les récipiendaires deviennent forcément suspects aux yeux des leurs, tant ils sont dépossédés de toute souveraineté et perçus à travers des grilles de l’ordre de la réification du fait colonial.

Conception carcérale de l’identité

La séquence a cristallisé les prises de paroles d’égéries du combat antiraciste en France, qui se sont presque unanimement désolées d’un acte purement cosmétique servant à masquer le maigre bilan sur le front de la lutte contre les inégalités raciales dans le pays, pour le dire rapidement. Si le fond d’un tel débat est important, sa systématicité questionne. Peu importe les contextes, les cas, ce type d’accusation tombe toujours comme un couperet qui répand dans le débat l’odeur malodorante de la suspicion.

TOUTE SINGULARITÉ, LIBERTÉ OU DIFFÉRENCE SONT REQUALIFIÉES D’ACTE DE FÉLONIE

La prévalence de ce genre de réflexe tend  à enfermer les Noirs dans une conception carcérale de l’identité, où toute singularité, liberté, différence sont requalifiées d’acte de félonie envers la « communauté ». Communauté que l’on peine à définir tant les logiques qui la traversent sont diverses, voire contradictoires.

« Bonne parole nègre »

Longtemps, l’assignation a été le fait d’un renvoi aux origines et affiliations ethniques ou religieuses. Une injonction à l’assimilation, à faire allégeance. Portées par une France institutionnelle et diluée dans le sens commun par atavisme et inconséquence politique, cette catégorisation reprenait tous les codes de l’ethnologie coloniale. Véhicule d’un racisme et de sa survivance, on figeait – et on fige toujours – les Noirs dans un récit qui les exclue, au mépris de leur trajectoire intrinsèque et des récits historiques individuels insolubles dans un ensemble communautaire.

Fait nouveau et notable, cette même assignation devient une auto-assignation. La reproduction presque inconsciente du recours abusif à ce schéma de l’identité, de l’origine et de la race aboutissant inévitablement à la même négation d’historicité, de liberté. D’autant plus que s’y rajoute, ainsi projetée, une dette envers les siens, ou envers l’Histoire. En reprenant les termes du particularisme différentialiste, certains mouvements décoloniaux cèdent à cette tentation essentialisante. L’on note chez eux une générosité dans l’accusation de traîtrise ; opprobre jetée sur quiconque dévie d’une ligne qu’ils ont arbitrairement définie, eux qui semblent dotés d’un ascendant moral naturel grâce à la légitimité de leur lutte. Un piédestal assez haut pour juger de ce que serait une « bonne parole nègre ».

Police intellectuelle

Si l’on se risque à mener une généalogie d’une telle accusation d’aliénation – ou de trahison –, on ne sera pas surpris de remonter jusqu’à Cheikh Anta Diop et Frantz Fanon, entre autres. En termes sublimes et flamboyants, ils avaient, dans Nations, nègres et culture pour l’un, et Peaux noires, masques blancs pour l’autre, prédit l’existence de ce méfait colonial de pertes de repères aboutissant à renforcer les codes du stigmate historique. En se réclamant de tels tuteurs, certains héritiers touchent pourtant une corde sensible.

LES PENSÉES RÉGRESSIVES AVANCENT PLUS SÛREMENT QUE LES IDÉES PROGRESSISTES

Mais si les termes intellectuels de ces constats ne souffrent d’aucune contestation, révélant la prescience de leurs auteurs, leur usage politique à travers le temps est devenu moins pointu, voire potentiellement subverti. Conséquence imprévue de la traque des aliénés, le surgissement d’une police intellectuelle qui rétrécit le champ du débat en figeant son cadre, en ciblant les individus.

Refuser le cloisonnement

Analogue à celle des débats internes au continent, cette logique d’affrontement ne se fait plus tellement sur la base des idées, mais seulement sur celle de la légitimité des protagonistes, toujours réduits au type de relation qu’ils ont avec la France – surtout quand ils s’y distinguent. La maigreur de la teneur des conversations intellectuelles qui en découlent promeut nombre de pensées régressives qui, dans la surenchère identitaire de notre époque trouble, avancent plus sûrement que les idées progressistes, pluralistes.

En France, chaque actualité impliquant les personnalités noires met en scène cette double assignation, contribuant à un immobilisme conflictuel. La promotion d’une liberté individuelle préservant la fidélité mémorielle sans s’y emprisonner, un refus du cloisonnement tout en étant lucide sur l’importance de la « race », voilà plus que jamais le chantier premier. Et puisqu’il faut toujours revenir à Fanon, autant le faire sans hémiplégie. Il avait la flamme de l’activiste et l’élégance de l’intellectuel, lui qui écrivait dans sa conclusion : « Il n’y a pas de mission nègre ; il n’y a pas de fardeau blanc. »

Rwanda-Niger : casse-tête diplomatique autour du génocide

Mis à jour le 7 janvier 2022 à 15:11
 

 

Posters et photos exposés au Mémorial du génocide de Kigali. © Ludovic Marin/AFP

 

Alors que le Niger s’apprêtait à expulser huit dignitaires de l’ancien régime génocidaire rwandais, il a dû leur accorder un sursis d’un mois.

Parviendront-ils à trouver un accord pérenne ? Depuis le début de décembre 2021, le Niger, le Rwanda et le Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) sont engagés dans une partie d’échecs dont l’issue reste aussi incertaine que sensible.

Imbroglio

Comme Jeune Afrique le révélait le 29 décembre, huit ressortissants rwandais jugés par le TPIR pour leur implication, en 1994, dans le génocide contre les Tutsi, se retrouvent en effet au cœur d’un imbroglio entre ces deux États africains et l’institution judiciaire onusienne.

Les uns ont purgé leur peine ; les autres ont été acquittés en appel par la justice internationale. Mais, depuis l’issue des procédures judiciaires engagées contre eux, ils n’avaient pu dénicher un pays d’accueil qui leur convienne.

En novembre, le Mécanisme a cru aboutir à une solution consensuelle en concluant avec Niamey un accord permettant l’accueil sur le territoire nigérien de ces neuf anciens dignitaires du gouvernement ou de l’armée ayant perpétré le génocide. L’un d’eux, Jérôme Bicamumpaka, avait toutefois décliné la proposition en raison de problèmes de santé qui l’ont conduit à aller recevoir des soins au Kenya.

Le Canadien John Philpot, qui a plaidé plusieurs dossiers devant le TPIR, est l’avocat de Portais Zigiranyirazo. « En novembre 2021, le Mécanisme a signé un accord avec la République du Niger concernant ces neuf personnes, dont mon client, indique-t-il à JA. Cet accord prévoyait que celles-ci obtiendraient un droit de résidence au Niger et qu’en aucun cas elles ne seraient extradées vers le Rwanda. Je précise que, depuis son acquittement définitif en 2009, Protais Zigiranyirazo s’est retrouvé dans l’impossibilité de se rendre en Europe. »

Patate chaude

Mais, quelques semaines plus tard, le Rwanda fait connaître son mécontentement par la voix de son ambassadrice à l’ONU, Valentine Rugwabiza : son pays, assure-t-elle, n’a en effet pas été consulté avant la signature de cet accord.

LA JUSTICE INTERNATIONALE A CRU AVOIR TROUVÉ UN COMPROMIS ACCEPTABLE EN SCELLANT UN ACCORD AVEC LE NIGER

Dès lors, le sort des exilés rwandais devient une patate chaude qui embarrasse à la fois le régime nigérien et le Mécanisme. Comment concilier le statut de ces réfugiés, qui ne sont plus soumis – du moins sur le papier – à la moindre restriction concernant leurs déplacements, la désapprobation diplomatique de Kigali et les réticences des pays occidentaux, où résident leurs familles, à les accueillir ?

Faute de mieux, la justice internationale pensait avoir trouvé un compromis acceptable en scellant un accord avec la République du Niger : un pays suffisamment éloigné du Rwanda et où l’opposition rwandaise en exil – très virulente en Belgique, au Canada, en France ou aux États-Unis – n’est pas particulièrement implantée.

Niamey fait marche arrière

Mais Kigali rue dans les brancards. Et le Niger, soucieux de ne pas se brouiller avec le « pays des mille collines », fait subitement machine arrière. Le 27 décembre, un arrêté du ministre nigérien de l’Intérieur et de la Décentralisation, Hamadou Adamou Souley, prononce l’expulsion sous trente jours des Rwandais, devenus personæ non gratæ.

Une décision prise à la va-vite… et dont la mise en œuvre ne va pas de soi. Saisi par six des personnes visées, le Mécanisme a donc dû donc statuer dans l’urgence, le 31 décembre. Dans sa décision, le juge Joseph E. Chiondo Masanche considère que l’arrêté d’expulsion viole les termes de l’accord conclu avec le Niger et ordonne à ce dernier de surseoir à cette décision pendant une durée de trente jours, le temps qu’une issue consensuelle soit trouvée.

Le 3 janvier 2022, Horejah Bala-Gaye, l’assistante spéciale du Gambien Abubacarr M. Tambadou, le greffier du Mécanisme, confirme aux avocats concernés que le gouvernement du Niger a accepté in extremis de se plier à cette injonction, à la veille de l’expulsion initialement programmée.

LES EXTRADER VERS LE RWANDA REVIENDRAIT, À COUP SÛR, À PROVOQUER UNE BRUYANTE POLÉMIQUE

Dans ce courriel, que JA a pu consulter, celle-ci indique en effet : « Au nom du greffier, M. Tambadou, je vous informe que la République du Niger a accepté de surseoir à la décision d’expulsion visant vos clients pendant une durée de trente jours. Par conséquent, les huit personnes qui avaient été accueillies au Niger pourront continuer d’y séjourner pendant ce délai tandis que le Mécanisme et les Nations unies chercheront une solution. »

Reste à savoir ce qu’il adviendra à cette échéance. Car, pour expulser les intéressés, encore faudra-t-il leur trouver un pays d’accueil. Or aujourd’hui, un seul s’est dit prêt : le Rwanda du président Paul Kagame, honni par ces personnalités importantes de l’ancien régime rwandais. Les y extrader reviendrait, à coup sûr, à provoquer une bruyante polémique.

Motif diplomatique

S’agissant de la volte-face nigérienne ayant abouti à cette situation embrouillée, l’avocat John Philpot rappelle que celle-ci « se résume à un motif diplomatique qui n’était pas précisé explicitement ».

Affirmant se fonder sur des articles de presse, Me Philpot veut y voir un « deal » entre le Niger, le Rwanda et la France, dans un contexte sécuritaire troublé au Sahel, sans toutefois être en mesure d’étayer son interprétation : « Le président Paul Kagame aurait accepté, à la demande de son homologue Emmanuel Macron, de participer à la sécurisation du Niger, affirme-t-il. Il aurait toutefois posé une condition : l’expulsion de nos clients. »

Sollicitées par JA, les autorités nigériennes et rwandaises n’ont quant à elles pas réagi à ce récent rebondissement. Désormais, le Mécanisme a jusqu’au 31 janvier pour trouver une issue à ce dossier complexe, où considérations judiciaires et diplomatiques s’entrechoquent.

Au Burkina Faso, plus de 3000 écoles sont fermées en raison de l’insécurité

 ecole

 

Une école vide au Burkina Faso. (Image d'illustration) © OLYMPIA DE MAISMONT / AFP

 

Ce chiffre alarmant a été annoncé, ce mercredi 5 janvier 2022, par le porte-parole du gouvernement, Alkassoum Maïga, à l’issue du Conseil des ministres. Cela représente plus de 13% des écoles du pays.

Ce chiffre est en hausse constante depuis plusieurs années. « C’est très impressionnant et il y a des motifs d’inquiétude », a reconnu lui-même le porte-parole du gouvernement. En trois ans, 1 300 écoles supplémentaires ont dû fermer leurs portes en raison de la pression des terroristes. Une situation qui concerne plus de 500 000 élèves et près de 15 000 enseignants.

Le gouvernement fait des efforts, il l'assure

Pourtant, le gouvernement l’assure : il fait des efforts. Plus de 200 écoles ont été rouvertes récemment, 25 ont été déplacées dans des localités jugées plus sûres. Selon Alkassoum Maïga, plus de 13 500 élèves déplacés internes ont ainsi pu se réinscrire.

« Les efforts du gouvernement sont insignifiants, s’indigne Wendyam Zongo, secrétaire général du Syndicat national des personnels d’administration et de gestion de l’éducation et de la recherche. Il ne sert à rien de rouvrir des écoles, si les déplacés internes ne peuvent pas rentrer chez eux et pour cela il faut le retour de la sécurité. » 

« Nettoyage des zones infestées »

Vendredi soir, lors de son adresse à la nation pour les vœux 2022, le président Roch Marc Christian Kaboré, a fixé comme objectif au nouveau gouvernement « le nettoyage des zones infestées par les terroristes et le retour des déplacés dans leurs localités d’origine ».

Wendyam Zongo, secrétaire général du Syndicat national des personnels d’administration et de gestion de l’éducation et de la recherche

Tchad: les préparatifs des discussions à Doha entre autorités et rebelles s'accélèrent

 qatar

Dernière ligne droite avant le pré-dialogue entre le gouvernement et les nombreux mouvements politico-militaires basés à l’extérieur du pays, en vue de leur participation au fameux dialogue inclusif qui doit s’ouvrir dans un peu plus d’un mois à Ndjamena. Mardi 4 janvier, le Comité technique spécial dirigé par l’ex-président Goukouni Weddeye, a créé un comité chargé d’organiser dans ses moindres détails le pré-dialogue qui doit se tenir d’ici peu à Doha au Qatar.

Les choses sont allées très vite, selon le président de ce comité d’organisation du pré-dialogue, Allamine Bourma Treye. « Nous avons travaillé toute la nuit et avons déjà adopté les termes de référence » explique-t-il. Ce dernier assure qu'ils ont déjà « apprêté les documents de travail et se sont déjà convenus sur le format et l’agenda de ce pré-dialogue », qui doit réunir autour de la même table de négociation le gouvernement et les mouvements politico-militaires tchadiens.

Aucun chronogramme ne peut être communiqué pour le moment, précise Allamine Bourma Treye. Une délégation doit se rendre au Qatar « incessamment » pour les derniers réglages avec le pays qui va abriter ces assises, explique la même source. C’est à ce moment qu’il sera publié.

Les 26 groupes armés qu’ils ont rencontré à Paris, Le Caire et Doha sont sur la liste des participants selon Allamine Bourma Treye. Mais le Comité technique spécial va lancer des missions en Libye, au Soudan et en Centrafrique pour tenter d’amener les derniers groupes armés tchadiens présents dans ces pays à participer au pré-dialogue.

Peu de temps avant le dialogue national

Mais le temps leur est compté. « Nous voulons avoir tout bouclé au moins une ou deux semaines avant le 15 février », date à laquelle le dialogue national doit débuter, selon le président de ce comité d’organisation.

Les 26 mouvements, eux, avaient posé des préalables avant toute participation. « Ils sont en train d’être satisfaits », assure le président du Comité. Quelque 300 rebelles dont des leaders de premiers plans ont été amnistiés et le gouvernement vient de mettre en place d’une sous-commission chargée d’étudier la question des restitutions des biens saisis. Mais certains ne cachent pas leurs « préoccupations » par rapport à l’opacité qui entoure selon eux, l’ordre du jour ou encore la liste des participants.

►À lire aussi : Au Tchad, la fin du processus de transition peu probable en 2022 ?

Procès de l’assassinat de Sankara: la déposition de l'ex-président ghanéen Jerry Rawlings

 proces

Au Burkina Faso, suite du procès dans l’affaire Thomas Sankara. Le tribunal militaire de Ouagadougou a livré le témoignage fait par l’ex-président ghanéen Jerry John Rawlings. À l’époque des faits, il était aux affaires dans son pays qui entretenait de bonnes relations avec les révolutionnaires burkinabè. Deux semaines avant le coup d’État, il avait reçu le capitaine Thomas Sankara qui avait insisté pour le rencontrer au sujet de la situation au sein du Conseil national de la révolution. Dans sa déposition devant le juge d’instruction avant son décès, l’ex-homme fort d’Accra soutient que Thomas Sankara craignait que Blaise Compaoré agisse et le mette à l’écart. 

Avec notre correspondant à OuagadougouYaya Boudani

« Les relations étaient tendues entre les deux hommes », fait savoir Jerry Rawlings. « J’ai proposé à Thomas Sankara de parler à Blaise Compaoré, car je savais que Blaise Compoaré pouvait le tuer », soutient Rawlings dans sa déposition lue devant le tribunal.

Quel a été le facteur déclencheur du coup d’État, demande le juge d’instruction ? « La situation s’est détériorée de façon graduelle », répond Jerry Rawlings. « Thomas Sankara m’a semblé seul et il voulait que le Ghana aide à dénouer la crise », a révélé l’ex-chef d’État. Il souligne qu’il était « choqué, en colère et amer » suite à la mort de Thomas Sankara.

Quelques jours après le coup d’État, Rawlings explique avoir été invité par le colonel Mouammar Kadhafi. Sur place il y trouve Blaise Compaoré qui a tenté de le convaincre qu’il n’avait rien à avoir avec la mort de Thomas Sankara. « J’ai rejeté ses explications et j’ai refusé de poser pour une photo avec eux comme l’avait souhaité le guide libyen », dit Jerry John Rawlings.

« Etienne Zongo, l’aide de camp de Thomas Sankara, m’a raconté des choses horribles que Blaise Compaoré et Gilbert Diendéré faisaient subir aux gens. Je pense que Blaise Compaoré voulait effacer la mémoire même de Thomas Sankara », fait savoir Jerry Rawlings dans sa déposition avant sa mort

► À lire et écouter Procès Sankara: Blaise Compaoré «va fuir jusqu’à quand?», demande Mariam Sankara