Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Réseaux sociaux :
comment WhatsApp a permis d’espionner des dissidents africains

WhatsApp, une des applications les plus utilisées au monde. WhatsApp a déposé plainte contre NSO Group, société israélienne spécialisée dans les logiciels d'espionnage.
© REUTERS/Dado Ruvic/File Photo

Des dissidents africains ont été victimes d’un logiciel malveillant qui a infecté leurs téléphones portables via la messagerie cryptée WhatsApp, l’une des applications les plus utilisées au monde. C’est ce qui ressort d’une enquête faite par la société WhatsApp et Citizen Lab, une plateforme citoyenne et centre de recherches de l’université de Toronto.

Cette enquête, qui a poussé WhatsApp à déposer plainte contre une société israélienne, le groupe NSO, a permis d’établir que plus de mille personnes avaient été ciblées au printemps dernier grâce au logiciel malveillant Pegasus.

L’État rwandais en a-t-il profité ?

Il est encore trop tôt pour savoir combien d’Africains figurent parmi les 1 400 personnes dont les téléphones ont été infectés. Mais on sait d’ores et déjà que des Rwandais et Marocains de la diaspora figurent parmi eux.

C’est le cas du militant rwandais Placide Kayumba, qui est réfugié politique en Belgique. Cet opposant, qui se demandait pourquoi il recevait d’étranges appels de Scandinavie, a fini par comprendre qu'il n'était pas le seul à pouvoir utiliser son téléphone. « C’est troublant et choquant, dit-il. Cela a changé ma façon de communiquer car il y a des choses que je ne peux plus dire, on sait qu’on n’est pas seul. Quotidiennement, il faut couper court à certaines conversations privées, ne pas donner l’endroit où on doit se rencontrer par exemple. »

Devant cette intrusion, Placide Kayumba, un membre en exil des Forces démocratiques unifiées (FDU) - Inkingi, n'hésite pas à mettre en cause Kigali, comme si cette façon de faire ne le surprenait guère.

« C’est une autre vie, mais par rapport à ce que nous vivons en réalité, pour moi c’est faible comme prix à payer par rapport à ce que ce gouvernement fait aux autres activistes et opposants. » Six cadres des FDU-Inkingi ont été en effet victimes d'assassinat ou de disparition forcée depuis 2016, selon le parti et Amnesty International.

Pegasus, véritable cheval de Troie

Le logiciel Pegasus du Groupe NSO, permet, non seulement de placer un téléphone sous écoute, mais également d’ouvrir son micro ou d’allumer sa caméra. « Dès qu’un téléphone est infecté avec cette technologie, tout ce qui est message crypté, images privées sur ce téléphone et même tout ce qui se dit dans la pièce peut être mis sur écoute », explique John Scott-Railton, un responsable du Citizen Lab.

Des gouvernements peuvent utiliser cette technologie pour espionner et pour faire bien pire, craint même John Scott-Railton. « C’est comme une sorte de cyber-violence, et c’est dangereux. On voit que c’est souvent utilisé dans un contexte pour traquer des gens qui sont ensuite visés par des attentats physiques dans le monde réel. »

Un autre front pour Facebook

Si WhatsApp attaque NSO en justice, c’est aussi parce que sa société mère, Facebook, est très critiquée pour sa gestion des données personnelles et la protection de la vie privée.

L'Inde a d’ailleurs exigé jeudi des réponses de WhatsApp à la suite de ce scandale d'espionnage. New Delhi demande à la messagerie cryptée de « préciser quelles violations ont eu lieu, et ce qu'il fait pour protéger la vie privée de millions de citoyens indiens », a écrit sur Twitter le ministre de l'Information et de la Technologie, Ravi Shankar Prasad.

Le Groupe NSO, dont la réputation est sulfureuse, est basé dans la « Silicon Valley » israélienne. Il affirme que sa technologie est vendue à des gouvernements « dans le seul objectif de combattre la criminalité et le terrorisme ».

Côte d’Ivoire : combien touchent
Guillaume Soro, Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo ?

| Par Jeune Afrique

Si Laurent Gbagbo se plaint de ne pas avoir reçu les rentes auxquelles il avait droit, Henri Konan Bédié ne connaît pas ce problème. Guillaume Soro, lui aussi, perçoit bien des indemnités mensuelles en sa qualité d’ancien Premier ministre.

Guillaume Soro attend toujours le paiement d’une partie de ses rentes viagères. Selon des documents que JA a pu consulter, s’il touche bien 3 375 374 F CFA (environ 5 100 euros) par mois en sa qualité d’ancien Premier ministre, l’ex-allié d’Alassane Ouattara passé dans l’opposition n’a pas perçu les six mois de salaire d’ancien président de l’Assemblée nationale qui lui étaient dus après sa démission forcée, en février.

Ce n’est qu’à partir du 1er août qu’il a reçu des indemnités correspondantes. Ses rentes, d’un montant total de 6 250 648 F CFA (environ 9 500 euros), ont été virées sur son compte en banque d’Abidjan par le cabinet d’Amadou Gon Coulibaly, le Premier ministre. Elles s’ajoutent à son salaire (2 209 955 F CFA, soit 3 300 euros) de député de Ferkessédougou.

Henri Konan Bédié a droit à 36 000 euros

Laurent Gbagbo s’est lui aussi plaint de ne pas avoir reçu, depuis son arrestation, en avril 2011, les rentes auxquelles ont droit les anciens présidents ivoiriens, soit 9 584 580 F CFA (14 600 euros) par mois, auxquels s’ajoutent 7 500 000 F CFA (11 400 euros) de frais de transport, carburant, électricité et téléphone. Henri Konan Bédié n’a, lui, rencontré aucun problème. En sa qualité d’ancien chef de l’État et d’ex-président de l’Assemblée nationale, il a droit à 23 835 328 F CFA (36 000 euros). Depuis sa rupture avec Alassane Ouattara, en août 2018, il doit cependant se passer de toutes les « largesses » supplémentaires qui lui étaient offertes par la présidence.

Burkina Faso: nouvelle attaque meurtrière dans le Nord

Des militaires burkinabè lors d'un entraînement pour combattre le terrorisme en avril 2018. (Image d'illustration)
© AFP PHOTO/ISSOUF SANOGO

Une nouvelle attaque a eu lieu au Burkina Faso, le week-end dernier, dans la nuit de samedi à dimanche, dans le nord du pays. Seize personnes au moins ont été tuées.

L'attaque s'est déroulée à Pobé-Mengao, dans la province du Soum, dans le nord du Burkina Faso. Il s'agit d'une commune rurale, située à 25 km de Djibo, le chef-lieu de la province. Les violences ont eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche et ont été attribuées à des groupes armées terroristes par une source sécuritaire.

De nombreux hommes armés sont arrivés dans la localité, des habitants ont été enlevés et des boutiques pillées, selon des témoignages recueillis par l'Agence France-Presse.

600 morts, victimes du terrorisme

Le lendemain, dimanche, des hommes armés seraient revenus sur place et auraient notamment tiré des coups de feu en l'air. Puis, dans la soirée, des renforts sont arrivés à Pobé-Mengao pour sécuriser les lieux. Des patrouilles ont aussi été mises en place.

En fin de journée de ce lundi 28 octobre, il n'y a eu aucune revendication.

La zone du Soum, dans le nord du Burkina Faso, où a eu lieu l'attaque ce lundi 19 août. © RFI

Cette attaque a provoqué la panique et le déplacement d'une partie des habitants de Pobé-Mengao vers la ville de Djibo, chef-lieu de la province du Soum.

C'est une ville qui accueille déjà de nombreux déplacés internes, même si aucune estimation officielle n'existe. Ces déplacés sont des villageois qui fuient leur localité à cause de la recrudescense des attaques commises par des présumés djihadistes dans cette province.

Il y a des besoins vraiment très importants pour un grand nombre de personnes, surtout en eau, en alimentation, d’autant plus que l’approvisionnement du marché de Djibo est particulièrement difficile en ce moment.

Steven Anderson
28-10-2019 - Par Magali Lagrange
 
 
 

Plus généralement, selon OCHA, au mois de septembre, près de 289 000 personnes déplacées vivaient dans des communautés d'accueil ou dans des sites de déplacement au Burkina Faso, dans les régions du Centre-Nord, de l’Est, du Nord et du Sahel.

Depuis début 2015, les attaques terroristes au Burkina Faso ont fait plus de 600 morts, et 500 000 déplacés internes.

Le jour même de cette attaque dans le Soum, samedi, des milliers de personnes s'étaient mobilisées dans la capitale du Burkina, Ouagadougou, pour exprimer leur soutien aux forces de sécurité engagées dans la lutte contre le terrorisme.

Lutte contre le terrorisme au Sahel : l’Uemoa projette de mobiliser des troupes
dans les zones frontalières

| Par Jeune Afrique avec AFP

Les chefs militaires des pays de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) vont se réunir en novembre afin de projeter fin 2019 ou début 2020 des troupes au Mali, Burkina Faso et Niger pour lutter contre les groupes jihadistes, a annoncé mercredi le ministre ivoirien de la Défense, Hamed Bakayoko.

« Avec cette réunion du 11 novembre, les chefs des opérations vont monter de opérations conjointes qui feront intervenir des bataillons sénégalais, ivoirien, et autres sur des théâtres malien, burkinabè et autres », a affirmé Hamed Bakayoko à la presse en faisant le point sur l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme (AILCT) à Abdjan.
« C’est une opération urgente. Nous espérons la monter au plus tard à la fin de l’année ou au début de l’année 2020 », a-t-il déclaré. « Nous voulons déterminer des zones, comme la zone des trois frontières (Mali/Burkina/Niger), où nous allons faire des manœuvres conjointes. Donc, des présences solidaires qui vont nous permettre d’occuper l’espace, réduire l’espace des terroristes et permettre aussi à ces armées (Mali, Burkina Faso, Niger) qui sont en proie à des attaques quotidiennes de souffler un peu ».

« 2 200 attaques »

Ces opérations s’inscrivent dans le sillage du sommet des chefs d’État de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), en septembre à Ouagadougou qui avait promis une plus grande solidarité entre les pays directement touchés et les pays côtiers, a souligné un porte-parole du ministre sans préciser le lieu de la réunion du 11 novembre. « Si nous les États nous ne nous intégrons pas, s’il n’y a pas une synergie d’action, ils (jihadistes) auront toujours un coup d’avance sur nous. Il y a une progression. Hier c’était le Mali. (Aujourd’hui) le Niger et le Burkina. À qui le tour demain? Il faut qu’on soit ensemble pour apporter une réponse globale », a souligné le ministre.

Lors du sommet de Ouagadougou, le président de la commission de la Cedeao, Jean-Claude Brou, avait rappelé qu’il y avait eu ces quatre dernière années « 2 200 attaques, 11 500 morts, des milliers de blessés », « des millions de déplacés », une « activité économique considérablement affectée » au Sahel.

Un livre met en cause la gestion désastreuse des finances du Vatican

Analyse

Le journaliste Gianluigi Nuzzi révèle le triplement du déficit budgétaire du Saint-Siège. Dans son livre, il relate la manière dont les réformes voulues par François sont « sabotées » par une Curie qui s’oppose à tout contrôle. Particulièrement mise en cause : la gestion du Denier de Saint-Pierre, dont les catholiques français sont parmi les plus importants contributeurs.

  • Nicolas Senèze,
                                                  Un livre met en cause la gestion désastreuse des finances du Vatican
                                         Le patrimoine immobilier du Saint-Siège est estimé à 2,7 milliards d’euros. a_medvedkov - stock.adobe.com

Le Vatican en cessation de paiement ? Malgré les dénégations, mardi 22 octobre, dans un entretien au quotidien L’Avvenire, d’un responsable des finances vaticanes, le risque est réel à l’horizon 2023 selon Gianluigi Nuzzi. Son dernier livre, Giudizio universale (Jugement dernier) vient de paraître en Italie.

Parmi les nombreux documents internes que cite le journaliste à l’origine des Vatileaks, une note du Conseil pour l’économie du printemps 2018 souligne ainsi combien « le déficit, récurrent et structurel, a atteint des niveaux préoccupants, au risque de conduire à la cessation de paiement faut d’intervention urgente ».

De l’explosion des frais généraux à celle des dépenses de personnel, les chiffres publiés sont alarmants, malgré les exigences du pape pour limiter les dépenses. Mais, selon Nuzzi, 90 % des dépenses du Vatican se font hors des règles.

La réforme du pape « anesthésiée, bloquée, sabotée »

Résultat : le déficit du Saint-Siège (qui n’a pas publié de comptes précis depuis 2012) se creuse. De 32 millions d’euros en 2017, il devrait être de 95,3 millions en 2019 ! « Cette situation sérieuse met en danger la soutenabilité financière du Saint-Siège à moyen terme et influe sur les ressources disponibles pour soutenir la mission de l’Église », met en garde le Conseil pour l’économie.

Dès le début de son pontificat, François a pourtant entamé une sérieuse réforme des finances. Mais Gianluigi Nuzzi souligne combien celle-ci est « anesthésiée, bloquée, sabotée » par la Curie. Il met principalement en cause l’impossibilité, pour ceux-là mêmes que François a chargés de cette tâche, de contrôler efficacement les comptes. « Il manque les informations fondamentales pour déterminer de manière exacte et correcte le déficit », dénonce ainsi une fidèle du pape lors d’une réunion. Près de la moitié des dépenses ne seraient pas contrôlées.

Gestion « défectueuse, incompétente et rendant possible la corruption »

Gianluigi Nuzzi met en avant deux points noirs. D’abord le bureau administratif de la Secrétairerie d’État qui gère les dépenses du pape et n’admet aucun contrôle sur ses comptes. Même les gens envoyés par le pape n’y ont pas accès ! Ce bureau est aussi responsable du Denier de Saint-Pierre dont l’auteur décrit la gestion hasardeuse et le recul important des dons (lire ci-dessous).

Au point noir : l’Administration du patrimoine du Siège apostolique (Apsa), qui fait office de banque centrale du Vatican. « Un État dans l’État », résume Nuzzi. L’organisme gère aussi le patrimoine immobilier du Saint-Siège estimé à 2,7 milliards d’euros et dont il dénonce « la catastrophique gestion immobilière ». Sur les 3200 biens en location, 15 % sont occupés à titre gratuit et le reste ne rapporte que 10 % de ce qu’il devrait…

Quant au patrimoine mobilier, des experts mettent en cause une gestion « défectueuse, incompétente et rendant possible la corruption ». Des cardinaux y ont ainsi des comptes en banque affichant plus de 2 millions d’euros, ce qui a provoqué une grande colère du pape. François exige qu’ils soient clôturés, « im-mé-di-a-te-ment », selon des propos relatés dans le livre.

 

Mais, ici encore, la réforme se heurte à l’inertie de la Curie. Nommé « réviseur général » en 2015, avec une très large indépendance, Libero Milone en fera les frais. Gianluigi Nuzzi raconte de façon convaincante comment il fait face au cardinal Domenico Calcagno, président de l’Apsa, et à Mgr Giovanni Angelo Becciu, substitut de la Secrétairerie d’État, qui a la haute main sur le bureau administratif.

Une enquête interne est désormais possible

Il décrit le complot dans lequel tombe Libero Milone, forcé à la démission en 2017, comme l’exemple le plus abouti des opérations de délégitimation auxquels doivent faire face les proches du pape, des laïcs, souvent non-italiens, face à un système clérical italien très abouti.

Faut-il en conclure à l’échec de François ? Pas forcément : la « promotion » en 2018 de Mgr Becciu comme préfet de la Congrégation des causes des saints et le remplacement, au même moment du cardinal Calcagno à l’Apsa, montrent que François tient tête aux oppositions.

 

Surtout, la récente mise à l’écart de tous les responsables de la mauvaise gestion du Denier de Saint-Pierre (tous proches de Mgr Becciu) puis la démission du chef de la Gendarmerie vaticane (bras armé de l’ex-substitut pour pousser vers la sortie Libero Milone) soulignent que, même si la pourpre protège toujours certains, une enquête interne est désormais possible et que des contrôles aboutissent à force de persévérance.

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Le Denier de Saint-Pierre en chute libre

Parmi les chiffres analysés par Gianluigi Nuzzi, ceux du Denier de Saint-Pierre sont particulièrement inquiétants. L’auteur décrit le détournement de cette offrande présentée comme finançant la charité du pape, mais dont 85 % à 90 % servent à la Curie : « On vole Pierre pour payer Paul », résume un responsable. Il souligne aussi la baisse drastique des dons depuis le pontificat de Benoît XVI, passés de 101 millions d’euros en 2006 à 70 millions en 2015.

Selon les chiffres de 2014 décortiqués dans le livre, les seuls donateurs à voir augmenter leurs dons sont les catholiques français (+ 80 %), deuxièmes plus gros donateurs privés après les Américains. Autre information : les dons des pèlerins visitant le Vatican depuis que François est pape sont en nette augmentation.