Témoignages

 

Un message qui nous a été transmis par une religieuse de la Sainte Enfance qui a travaillé longtemps au Burkina, la soeur Monique Desbourbes
 
Chères sœurs,
 
Hier, Malou me transmettait un message des autorités coutumières et religieuses demandant une journée de jeûne et de prière le 6 octobre pour la paix au Burkina Faso. Conjointement, l’USMB/N (Union des Supérieures Majeures Burkina-Niger) demande une heure d’adoration le 4 octobre pour les mêmes raisons, y ajoutant la libération du père Pier Luigi. Lire document ci-joint.
Nous pourrions nous unir à cette demande de la paix par la prière.
Fraternellement.
 
Marie Nathanaël
 

Que transmettre aujourd’hui?

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Octobre 2018

Propos recueillis par Hugo Albandea et Héloïse Lhérété

Quels sont les grands enjeux de l’éducation d’aujourd’hui ? Nous avons posé la question à quatre penseurs.

Ndlr: nous avons ajouté une couleur d’arrière-plan à ce qui nous semble le plus important dans les propos.

Edgar Morin
« Enseigner la lucidité »

Edgar Morin

« Si l’on prend au sérieux la mission de toute éducation, qui est d’enseigner à vivre, il me semble qu’il existe des carences fondamentales dans les programmes scolaires. En particulier, il manque un enseignement sur ce qu’est la connaissance, ses dispositifs, ses infirmités, ses difficultés. La connaissance, ce n’est pas une photographie objective de la réalité, prête à l’emploi ; c’est un processus de traduction et de reconstruction, où l’on risque toujours de se tromper. Toute communication comporte un risque d’erreur, bien démontré par le mathématicien Claude Shannon. Or justement, l’un des besoins premiers du vivre, à tous les âges de la vie, c’est de connaître les sources possibles de ses erreurs et illusions. La lucidité est un combat pour lequel il faut armer les esprits. Ce n’est pas grave de se tromper à l’école. Mais on peut aussi se tromper, avec des conséquences plus dramatiques, sur le choix de la carrière, sur le choix de l’amitié, sur le choix amoureux, sur le choix politique. Le risque d’erreur et d’illusion est permanent pour l’humanité.

Il existe un autre thème qu’il me paraît indispensable d’introduire : celui de la compréhension d’autrui. Sa portée est planétaire. Nous sommes sans cesse en contact avec des cultures de tous les pays du monde qu’il nous faut comprendre. À l’intérieur de chaque famille, de chaque organisation, les phénomènes d’incompréhension sont multiples.

Voilà donc les deux lacunes actuelles : la connaissance et la compréhension humaine. Éviter au maximum des erreurs, qui peuvent être parfois mortelles, et comprendre autrui sans le mépriser, savoir qu’autrui est à la fois semblable et différent.»


Marcel Gauchet
« Ne pas subir un destin social »

Marcel Gauchet

« Sur ce qu’il faudrait transmettre, il y a consensus : tout, et à tous, des fondamentaux (lire, écrire, compter) aux notions élémentaires de la médecine, en passant par les langues, le sport et le codage informatique. C’est un très noble objectif, largement partagé en France depuis longtemps.

Les difficultés commencent lorsqu’on aborde le « comment ». Notre système scolaire sort en effet hagard d’une mutation profonde. Jusqu’à la fin des années 1960, transmission équivalait à imposition. On se posait peu de questions : la moitié apprenait, l’autre ignorait, sans qu’on s’en émeuve particulièrement. Les années 1970-1980 ont été le théâtre d’un bouleversement considérable. Les élèves étaient incités à construire par eux-mêmes leurs propres savoirs. Ce noble idéal de la liberté personnelle n’a malheureusement pas donné les résultats escomptés. Bizarrement, les élèves qui s’accommodaient d’un système où le savoir leur était imposé sont les mêmes qui, aujourd’hui, savent construire leurs propres savoirs. Inversement, les réfractaires à l’imposition parviennent mal à échafauder leurs connaissances.

Nous sommes à présent dans un creux historique. Après l’enthousiasme utopique, puis la dépression généralisée, nous entrons dans une phase de bilan et de reconstruction. Nous découvrons que nous ne savons pas faire pour apprendre à tout le monde. Mais nous allons progresser. En ce moment même sont en train de s’inventer, avec les neurosciences, des pédagogies au plus proche des individus.

C’est un immense chantier qui s’ouvre, dont l’enjeu est l’idéal égalitaire : permettre à chacun d’accéder à un niveau de connaissance qui lui permette de bien s’orienter dans son existence, c’est-à-dire ne pas subir un destin social.»


Philippe Meirieu
« Relier les savoirs et les valeurs »

Philippe Meirieu

« La question de la transmission renvoie à deux problématiques différentes, celle des contenus culturels et celle des valeurs à transmettre. D’un côté, il y a ceux qui insistent sur l’importance de l’acquisition des langages, la maîtrise des connaissances et la découverte des œuvres. D’un autre côté, il y a ceux qui soulignent que l’essentiel est dans l’appropriation de valeurs et le développement de l’autonomie.

Or, ces deux volets sont inséparables. En effet, toute transmission de savoirs véhicule, par les choix qu’elle effectue et par la manière de les transmettre – qui n’est jamais neutre –, des valeurs explicites ou implicites. De même, il n’existe pas de valeurs en apesanteur culturelle, transmissibles sans la médiation de connaissances et sans incarnation dans une histoire.

Ce qui devient alors essentiel en éducation, c’est le lien qui unit les connaissances et les valeurs. Promouvoir la devise de la République – liberté, égalité, fraternité – sans former l’enfant à la liberté d’expression et de pensée, sans lutter contre l’injustice et la compétition acharnée, c’est perdre tout crédit à ses yeux. Enseigner les mathématiques ou la physique, sans favoriser l’exercice de la rigueur par la pratique de la démarche expérimentale et du débat argumenté, c’est vider ces disciplines de leur substance et se résigner à voir nos enfants fascinés par les théories complotistes. Donner à voir des chefs-d’œuvre élaborés par les humains tout au long de leur histoire et pratiquer une évaluation qui se satisfait de la médiocrité dès lors qu’elle est payée d’une mauvaise note, c’est trahir ceux dont nous prétendons nous revendiquer.

Le véritable enjeu de notre éducation – pour les parents, l’école, le tissu associatif ou les médias – est bien la cohérence. Cohérence entre nos principes et nos actes. Cohérence entre les connaissances que nous transmettons et la manière de les transmettre. Cohérence entre ce que nous donnons à admirer à nos enfants et ce que nous faisons avec eux au quotidien.»


Jacques Rancière
« Transmettre ? Une fiction ! »

Jacques Rancière

« Que doit-on transmettre ? Les plus modestes se satisfont de transmettre des savoirs. Les malins se targuent de faire mieux : ils apprennent à apprendre, ils transmettent l’esprit critique et les valeurs de la réflexion. Mais le modèle reste le même : il y a une chose à transmettre, un bien spirituel que l’on fait passer dans un autre cerveau comme un bien matériel passe de main en main. On voit alors volontiers le patrimoine intellectuel et moral d’une communauté transmis à une collectivité d’esprits enfantins en même temps que les règles de la conjugaison. Cette fiction est nécessaire au fonctionnement de l’institution éducative. Et elle est nécessaire au fonctionnement d’un ordre social qui identifie le pouvoir des propriétaires à celui des compétences.

Reste que, à la vérité, le mot « transmission » est un leurre. Platon déjà se moquait de cet auditeur qui se collait à Socrate pour ne rien perdre de l’enseignement du maître : rien ne passe d’un cerveau dans un autre. Dans ce qu’on appelle transmission, il y a le rapport entre deux exercices ou, pour reprendre les termes de Joseph Jacotot, entre deux aventures intellectuelles.

L’aventure intellectuelle de celui ou celle qui occupe la fonction de maître est de provoquer celles et ceux qui lui font face, à répondre, à engager leur propre chemin pour apprendre. Cet effet est crucial pour les individus : au hasard d’une leçon entendue, d’un exercice proposé, ils peuvent y saisir la chance de départs neufs et de trajets inédits sur le terrain du savoir. Ils peuvent y devenir des individus émancipés qui décident de mettre en œuvre cette capacité qui appartient à tous et qu’ils reconnaissent en tous. »

L’émigration, c’est « vaincre ou périr »
selon Grégoire Blaise Essono (InfoMigrants)

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Grégoire Blaise Essono est étudiant en sciences humaines, originaire du Centre du Cameroun. Il se dit victime de tracasseries administratives à l’université, où il s’estime lésé, en raison de son refus de s’encarter au sein du parti au pouvoir. Il décide de tenter sa chance ailleurs. D’abord au Tchad. Puis il tente la difficile traversée du désert libyen pour ensuite arriver en Europe. Ce jeune raconte ses mésaventures dans un roman, Sur les routes africaines de l’eldorado européen. Une fiction qui raconte des faits réels. Grégoire Blaise Essono répond aux questions de Bineta Diagne.

RFI: Vous avez choisi de raconter vote expérience à travers une fiction. Le personnage principal de votre livre a la trentaine. Il n’a pas de ressources financières. Sa petite amie vient de le plaquer. Il n’a pas d’enfants. Ce personnage tente alors sa chance en Europe. Pas question, pour lui, de revenir sur ses pas « sans résoudre cette équation. Ce serait un échec total dans sa vie », je vous cite. Cette pression de devoir réussir en Europe, est-ce un sentiment largement partagé par les migrants ?

Grégoire Blaise Essono: Pour commencer déjà, l’environnement dans lequel il se trouve n’a rien donné et quitter cet environnement pour aller chercher une vie meilleure ailleurs, c’est vaincre ou périr. C’est cela l’équation de ce migrant.

Par ailleurs, si vous revenez au pays sans jamais avoir gain de cause, vous constaterez qu’au retour, il y aura beaucoup de railleries à votre égard.

Dans votre livre, le personnage principal part à l’aventure. Il traverse le Nigeria. Il reste plusieurs mois en Libye. C’est un chemin semé d’embûches dans lequel il est très difficile, finalement, de faire confiance aux gens, notamment aux coxeurs [intermédiaires]. Est-ce que cela reflète un épisode que vous avez, vous personnellement, vécu ?

Ceux que l’on appelle aussi passeurs sont, en fait, des migrants qui ont également tenté de traverser, mais qui n’ont pas réussi. Certains ont peut-être décidé de faire leur vie sur place ; d’autres sont obligés de nourrir leur famille et, pour s’en sortir, il leur faut abuser de ses propres compatriotes.  Quand vous vous fiez à un coxeur, c’est une histoire de chance, pourrait-on dire.

Comme tant d’autres migrants qui arrivent en Libye, le héros de votre livre se retrouve à Sabra, dans une prison où on lui demande de rembourser le pick-up qui lui a permis de traverser le désert, mais il a seulement trois jours pour collecter l’équivalent de 800€ et sa seule arme, c’est un téléphone pour appeler sa famille. C’est souvent, à ce moment-là, que les sévices commencent, finalement ?

Oui. Lorsque vous arrivez dans un ghetto, qu’on vous dépose, vous êtes censé rembourser l’argent. Selon vos possibilités, vous appelez vos familles et trois jours après, les tortures commencent. Elles vont en crescendo. Les tortures sont atroces. Par exemple, le matin, alors qu’il fait froid, on vous déshabille, on verse de l’eau sur vous et on vous électrocute. Dans l’après-midi, lorsqu’il fait extrêmement chaud, parfois on brûle un plastique qui finit sur vous. Ce sont des choses que nous avons vécues.

Il arrive aussi que vous soyez dans des cellules où vous ne mangez pas et que, durant tout ce temps où vous êtes là, les gens succombent. La nuit, on les met dans les pick-up et on part les enfouir dans le désert.

Le personnage central de votre roman finit, une seconde fois, en prison. Il se dit que l’économie du pays finalement – c’est une de ses réflexions – repose en partie sur le trafic humain. Pourquoi ?

Chaque seigneur de guerre s’approprie une portion de territoire et dit: dorénavant, ici, c’est moi qui règne. Ils vont procéder par des kidnappings, demander des rançons et créent, par la suite, des prisons pour arrêter de temps en temps des immigrants qui se déplacent. Ils sont en connexion avec les centres de rétention ou bien vendent les immigrants à des prisons privées qui demandent, maintenant, une certaine rançon. Et bien sûr, pour sortir de là, ce n’est pas facile parce que ces personnes n’ont plus rien. Certains meurent et d’autres sont maintenant obligés de travailler comme esclaves.

Voir la source pour réécouter l’émission : L’émigration, c’est « vaincre ou périr » selon Grégoire Blaise Essono – InfoMigrants, Par Bineta Diagne, RFI, 04/09/18.

ÉGLISE DE DISSIN VANDALISÉE ET PROFANÉE

L’église paroissiale sainte Thérèse de l’Enfant Jésus de Dissin a fait l’objet de profanation et de vandalisme. Joint au téléphone, le curé de la paroisse l’abbé Rufin SOME nous a donné cette version des faits survenus dans la nuit du samedi 15  au dimanche 16 septembre 2018 sous une abondante pluie:

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En me rendant tôt le dimanche matin, pour la première messe dominicale j’ai constaté que la statue de la grotte mariale gisait à terre, brisée. A l’intérieur de l’église paroissiale, toutes les statues y ont été décapitées et alignées au chœur, devant l’autel avec ce message suivant, écrit à la craie blanche sur un tableau de bois peint avec de l’ardoisine verte : «Êtes-vous des chrétiens ou des catholiques ? Si vous êtes des chrétiens vous n’avez pas le droit d’adorer des statures fabriquée par la main des hommes, comme le déclare les écritures EXODE 20:1-6 ; DEUTERONOME 4,16-18 ; 27,15 ; PSAUME 115:4-8; ROMIN 1: 21-24. Mais si vous êtes des catholiques vous est permis. Attention à vous qui les conninceur ! qui egaré le peuple de Dieu Vous me chapperé pas au chatiment réserver pour.     2PIERRE 2,1-22 »

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A ce jour, les éléments d’enquêtes de la gendarmerie et de la police saisies par le Curé n’ont rien encore donné sur l’identité de ou des auteurs de ces actes. Mais d’ores et déjà, l’évêque de Diébougou, Mgr Der Raphaël DABIRE a pris les mesures conservatoires suivantes :

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  • La fermeture de l’Eglise jusqu’au samedi 22 septembre prochain
  • La récitation du chapelet autour de l’église jusqu’à cette date
  • Une célébration pénitentielle avec des confessions suivie d’une messe de réparation et de purification que va présider l’évêque ce samedi –là.

Paul DAH

Algérie: Béatifications le 8 décembre 2018

Martyrs d'Algérie

Les évêques d’Algérie

Le mercredi 12 septembre 2018

Chers frères et sœurs,

Nous avons la joie de vous annoncer la toute proche Béatification de nos 19 frères sœurs martyrs. Elle aura lieu le samedi 8 décembre 2018, solennité d’une grande fête de Marie, au Sanctuaire de Notre-Dame de Santa Cruz à Oran, et sera présidée par le Cardinal Becciu, Préfet de la Congrégation des Causes des Saints.

Le temps est court pour nous préparer à accueillir en Église, avec tous nos amis, la grâce de ce don du Ciel.

Cette décision, concernant le lieu de la célébration, est le fruit d’un long discernement. Si le choix d’une célébration hors d’Algérie a pu apparaître, un temps, comme une bonne solution, car les bienheureux appartiennent à l’Église universelle et au monde. Peu à peu s’est imposé à nous, vos frères évêques, que cette célébration ne pouvait se faire hors d’Algérie, le pays où ils avaient donné leur vie. Le pape François, il y a un an, nous y avait encouragés. Les amis algériens consultés nous l’ont aussi fait comprendre avec insistance. Et les supérieurs généraux des 8 congrégations religieuses, réunis avec nous à Rome dernièrement, allaient également dans ce sens.

La totale compréhension de Mr le Ministre des Affaires Religieuses au sens de cette béatification pour notre Église et pour le pays ainsi que l’autorisation des autorités du pays à organiser la célébration dans le pays, nous a confirmé dans ce choix. Nous avons compris aussi qu’il était préférable que la célébration ait lieu avant l’entrée officielle du pays dans la campagne présidentielle. La disponibilité du Cardinal Becciu a imposé le 8 décembre. Mais nous l’accueillons comme une grâce.

Une célébration au Sanctuaire de Santa Cruz est un choix pour une cérémonie modeste à la dimension de notre Église afin qu’elle soit le plus possible conforme à la vocation de notre Église dont nos bienheureux deviennent une belle icône. Elle associera autant que possible ceux des amis algériens de nos martyrs qui le souhaiteront. Elle prendra dans son action de grâce tous ceux et celles dans le pays qui ont, comme eux, donné leur vie, en fidélité à leur foi, à la conscience et à leur pays.

Dans ces conditions, le nombre de participants à la cérémonie sera limité. Mais nous aurons l’occasion d’organiser dans les jours et semaines qui suivront, tant dans le pays qu’à l’extérieur, des messes d’action de grâce. La cérémonie sera filmée, peut-être, nous l’espérons, retransmise en directe. Une équipe est en place autour de Mgr Jean-Paul Vesco pour la bonne réalisation pratique de la célébration.

Ensemble préparons nos cœurs à la fête. Bien en communion. Vos frères évêques.

+ Paul Desfarges, Archevêque d’Alger

+ Jean-Paul Vesco, Évêque d’Oran

+ John Mac William, Évêque de Laghouat-Ghardaia

P. Jean-Marie Jehl, Administrateur de Constantine et Hippone


Voir aussi:

Les martyrs d’Algérie seront béatifiés le 8 décembre, par Marine Henriot qui présente les martyrs et rappelle les faits dans Vatican News, 12/09/18.

Martyrs d’Algérie, «des artisans de la paix» pour le frère Georgeon, moine trappiste, postulateur de la cause des moines de Tibhirine. Entretien audio par Marine Henriot, VN, 14/09/18.

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Les informations sur nos maisons de formation datent de quelques années, et nous avons demandé aux responsables de ces maisons de nous donner des nouvelles plus récentes.
La première réponse reçue vient de Samagan, le noviciat près de Bobo-Dioulasso (lire la suite)

 

La deuxième réponse nous a été donnée par la "Maison Lavigerie", notre maison de formation à la périphérie de Ouagadougou, où les candidats ont leurs trois premières années de formation (lire la suite)