En 2015, j’ai échangé l’activité scolaire qui me prenait du matin au soir avec une responsabilité beaucoup plus souple au Centre d’études d’arabe dialectal. C’est alors que m’a été proposé de participer à la session-transition à Rome de septembre 2016 pour les M.Afr et SMNDA. Je l’ai accepté immédiatement sentant confusément qu’après 3/4 de siècle, il me restait beaucoup à apprendre !
Effectivement, cela a été une page qui se tourne. Me retrouver avec un groupe de SMNDA dont la plupart était connue depuis la formation première était une situation nouvelle : toutes de la même génération ! Alors que dans un collège, les jeunes se renouvellent année après année, on ne se sent pas vieillir. C’est la surprise que j’ai exprimée à cette époque : « Mais, j’ai l’âge de ma mère ! »
Cela m’a provoquée à me tourner vers l’avenir : vivre quelque chose de nouveau après des années où on pense avoir acquis « de l’expérience » ! Maintenant « je dois me mettre devant mon ‘futur’ ! » et où est-il si ce n’est ce que St Paul désire : ‘atteindre le but’ (Ph 3, 14) !
J’ai donc été heureuse de ce temps de relecture, de prière, de réflexion, de partage, tout spécialement en petit groupe où entre M.Afr. et SMNDA, richesse de la mixité, nous avons perçu les merveilles de Dieu et Sa présence discrète mais active dans nos cœurs selon les différentes missions et circonstances de la vie. Tout cela dans un climat de paix, repos et loisir avec l’aide de nos accompagnateurs chevronnés.
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Melika in the Raspail garden of Tunis
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J’ai pris la grâce quand elle est passée ! Que pourrais-je souhaiter maintenant ?
Voici que le Seigneur m’a offert cette année (2017) de vivre au voisinage de mes sœurs aînées et de mieux les connaître. Et je m’émerveille : elles sont admirables ! leur sourire, leur patience, leur fidélité à la prière, leur amour de l’Afrique, leur zèle missionnaire … et leur joie… dans un cadre qui me paraît austère en face d’une vie d’action et de relation.
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Melika with Massika (training of an instructor at the Centre for Arabic Dialectal Studies). |
Avec mon activité actuelle au Centre, adaptée à mes forces, je me sens encore ‘en transition’, mais je reconnais aussi la nécessité de garder le cap.
Petit exercice mental : j’essaie de me projeter dans un « à venir ». Quelle conversion à faire ? Quelle aide rechercher ?
Comment est ce nouveau milieu de maison de retraite, sa réalité ? Quelles qualités demande ce nouveau ‘noviciat’ ?
A notre époque, ce n’est plus le cadre d’une communauté classique, la vie quotidienne se partage avec des laïcs : à première vue, c’est bon de rester en contact avec le monde, découverte de ‘périphéries’ proches. Oui, découvrir un nouveau champ d’apostolat, peut me motiver. C’est lui qui vient à moi ! Cela demande quand même une formation préliminaire ! Serons-nous plusieurs dans ce cadre pour partager aussi nos difficultés et hésitations ? Toutes les maisons de retraite (EHPAD) ne sont pas les mêmes. Une adaptation est nécessaire. Que demande le Seigneur à travers cette réalité ? Par la foi, nous savons qu’Il est là ! Mais une aide spirituelle n’est pas négligeable pour assumer le quotidien et ses contrariétés, entretenir la disponibilité, la générosité et la bonne humeur ! Cela va se greffer sur les découvertes des étapes précédentes.
Dans cette situation où les initiatives et les forces sont limitées (?), il faut découvrir le positif. Certes, beaucoup de choses sont organisées pour l’agrément de la vie. Mais on peut se trouver dans une situation où on se sent humilié, oublié, négligé ; c’est aussi le temps des diminutions. J’apprécierai l’aide à me rappeler les dons et grâces de Dieu, à y voir un appel à un dépassement, à y voir la suite du Christ, à stimuler le désir de la rencontre. (Une voisine a remplacé dans le ‘je vous salue, Marie’ le mot de ‘mort’ par ‘rencontre’« priez pour nous, maintenant et à l’heure de la rencontre », orientation vers le Haut et non en bas !) Petits moyens qui peuvent m’aider à vivre.
J’espère trouver tout ce qui va dans le sens de l’ouverture, m’empêcher de m’endormir, garder l’intérêt vivant pour ce qui peut nourrir : réflexion biblique, bonnes lectures, être au courant de l’évolution du monde et si les facultés le permettent, profiter de l’avancée et des apports de la technique (Internet…)
Quelles que soient mes élucubrations, depuis Abraham, on sait que Dieu pourvoit ! Donc, à la base, c’est la confiance ! Comme le dit l’article 22 de nos Constitutions :
En Christ, recommencer chaque jour, durer dans les situations difficiles, accepter souffrances, départs, diminutions, tout devient source de Vie.
Et n’oublions pas les joies et le bonheur de tant de dizaines d’années. Que Dieu soit béni !