Père Hubert Barbier
1926 - - 2018
.....Hubert est né à Lyon (France) le 8 septembre 1926, deuxième enfant d'une famille de six enfants. Son père, ingénieur de l' " Ecole Centrale ", engagé dans la politique locale de la Bourgogne sa province natale, sera un temps maire de Nuits Saint Georges puis Conseiller régional de la Côte d'or. Sa maman était fille de négociant en vins. L'éducation policée qu'il a reçue dans sa famille lui a sans doute permis par la suite de contacter avec une certaine aisance bien des gens haut placés ou même de devenir membre actif du Lions Club international lors de la réalisation des lourds projets qui lui seront confiés.
Il fit ses études secondaires au collège des Dominicains à Oullins et à Dijon. Après les épreuves du baccalauréat, au sortir d'une messe d'anniversaire de mariage de ses parents, il leur déclare son intention de devenir prêtre missionnaire, et se souviendra longtemps de la réponse de son papa : " C'est le plus beau cadeau que tu puisses nous faire ". Il tiendra à leur faire honneur toute sa vie. Dès lors, de 1944 à son ordination sacerdotale le 5 avril 1953, il suit la filière des études Pères Blancs de la Province de France : en Bretagne à Kerlois pour la philo scolastique, à Maison-Carrée en Algérie pour le Noviciat. La parenthèse du service militaire (1948-1949) lui permit de suivre la formation des officiers de réserve. Puis ce seront les trois premières années de théologie à Thibar en Tunisie et la dernière année à Carthage. Ses condisciples auront eu le temps de remarquer son souci d'être le premier informé des nouvelles concernant la vie du séminaire ou même extérieures et le dénommeront " La Gazette ". Ses éducateurs, eux, auront eu le temps de noter ses aptitudes de gestionnaire et son acharnement au travail.
D'où les nominations successives :
1953 : économe du petit séminaire de Nasso au diocèse de Bobo-Dioulasso (Haute Volta). Il fallait nourrir plus de 200 bouches, lancer un verger, suivre des travaux de construction : bureaux, salle de réunion pour le staff, chapelle. Assurer quelques cours de mathématiques ou de sciences. Après quatre années, les supérieurs accèdent à sa demande d'apprendre une langue locale. Il est nommé au diocèse de Sikasso au Mali et fait six mois au poste de Dyou pour y apprendre le sénoufo. Il s'y met avec ardeur mais, hélas sans suite, car il est aussitôt chargé des finances du diocèse et des projets de développement.
Fin 1959, après son premier congé en France il est nommé à l'archidiocèse de Bamako, capitale du Mali, comme économe diocésain et chargé des projets en cours. Ils sont importants et nombreux : lycées de filles et de garçons, foyer pour étudiants, librairie, 6 écoles primaires, 3 écoles secondaires, centre social, centre médical de brousse, 2 églises… Hubert ne se laisse pas accaparer par toutes ces tâches. Non seulement, il prend son tour de prédication dans les églises de la grande ville, visite régulièrement le grand Hôpital du Point G, mais il garde les yeux et le cœur ouverts vers les plus pauvres, en particulier les lépreux. Avec le Lions Llub de la capitale et à la suggestion du médecin général de la léproserie, il lancera le village postcure de Samanko pour la réhabilitation des lépreux dont la maladie est stabilisée. Après ces 16 années de labeur ingrat qui avaient d'abord débuté sous l'autorité de Mgr Leclerc, et se sont poursuivies pendant 14 ans sous l'autorité de Mgr Sangaré, premier archevêque malien de la métropole, les supérieurs songent à Hubert pour une urgence au Soudan
À cette date, en 1975, après 17 ans de guerre civile, la Conférence des évêques du Soudan, avec l'aide du Père Arthur Dejemeppe, avait fondé Sudan-Aid (Caritas Soudan) pour que l'Église soit présente à la reconstruction et au développement du Sud-Soudan. Elle proposait un projet ambitieux soutenu par l'ONG Misereor et le gouvernement allemand : la construction d'un institut polyvalent médical dans le diocèse de Wau, pour former infirmiers et infirmières, agents de santé publique, sages-femmes. Hubert se prépare donc par un recyclage en langue anglaise de six mois et contacte les dirigeants de Misereor à Aix-la-Chapelle. Il peut enfin gagner Wau et rencontrer pour la première fois le jeune évêque Mgr Gabriel Zubeir Wako en fin 1976. Il s'est démené pour réaliser ce projet jusqu'en 1983, date de l'inauguration de l'Institut. Les premières élèves sages-femmes seront diplômées en 1985.
Sa nomination à Paris en 1984 lui fut un coup dur, car il était très attaché au Soudan où il y avait encore tant à faire. On comprend dès lors qu'il continue de s'y intéresser. Constatant avec tristesse que la situation au Sud Soudan est pratiquement méconnue en France, il fonde alors avec quelques amis le " Comité Vigilance Soudan ". Pendant une vingtaine d'années, Hubert va se dépenser corps et âme pour faire connaitre la situation des chrétiens du Soudan. Il va créer une publication mensuelle et un site internet qui deviennent une source d'informations pour beaucoup de gens. Colloques et conférences se succèdent. Il développe un réseau de contacts avec des autorités civiles et ecclésiastiques ainsi qu'avec de nombreuses O.N.G. Le 16 février 1993, il est même invité à Genève par la Commission des Nations Unies sur les Droits de l'Homme. Mais en même temps il tient à célébrer l'eucharistie quotidienne chez des religieuses et s'implique avec toute son énergie pour aider les Amis des Pères Blancs de Paris dans leur vente annuelle, où ses origines bourguignonnes font merveille pour achalander le stand de vins.
En 2009, à 84 ans, suite à quelques ennuis de santé, les supérieurs lui demandent de laisser le Comité à une nouvelle équipe. En fin février 2012 il entre au foyer de retraite des Pères Blancs à Bry-sur-Marne. C'est le 19 avril 2018 qu'il décède à l'hôpital Saint Camille, suite à une chute pour laquelle les chirurgiens avaient dû renoncer à intervenir. À sa messe de funérailles, le P. François Richard pourra aisément relever les béatitudes qu'Hubert a pratiquées : " Bienheureux es-tu Hubert d'avoir été miséricordieux, de t'être tant dépensé pour venir au secours de multiples gens en détresse en particulier des lépreux, bienheureux es-tu d'avoir eu faim et soif de justice pour tes frères les Soudanais … "
P. Charles Bailleul