L’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) a été saisie par le chef de l’Etat pour réaliser un contrôle approfondi des structures publiques dont les trois institutions que sont la Présidence du Faso, la Primature et l’Assemblée nationale, conformément à l’article 46 alinéa 2 de la loi organique n° 082-20 5/CNT du 24 novembre 2015 portant attributions, composition, organisation et fonctionnement de l’ASCE-LC.
Les rapports de ces différentes opérations de contrôle ont été dévoilés ce jeudi 9 mars 2023 par le contrôleur général d’Etat Philippe Nion. L’objectif de ce contrôle est de s’assurer de la bonne gestion des ressources financières et comptables des structures publiques concernées.
Les domaines concernés par ces opérations de contrôle sont la commande publique, les comptes de dépôt, les régies d’avances, le carburant, les frais de mission, les frais de voyage, les rétributions, les dons au bénéfice des personnes politiquement exposées (PPE).
Le présidium lors de cette conférence de presse
Plusieurs irrégularités ont été constatées dans ces trois institutions et ont causé une incidence financière de plus de 16 milliards de FCFA. Au titre de la représentation nationale, les irrégularités constatées par l’ASCE-LC ont causé un préjudice financier de plus de 13 milliards de FCFA, entre 2018 et 2021. Parmi les irrégularités constatées, on peut retenir entre autres, des surfacturations, des non-liquidations des pénalités de retard, des missions fictives, la prise en charge des personnes absentes aux missions, des paiements injustifiés, les sorties irrégulières de carburant, les passations illégales de marchés publics, l’octroi irrégulier d’avantages à certaines personnes, le recours abusif à la procédure d’entente directe, des prises en charge illégales de soins à l’étranger de certaines personnes, etc.
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Au titre de la représentation nationale, le contrôleur d’Etat a rappelé que d’autres objectifs spécifiques ont été définis au regard des constats faits sur le terrain. Il s’agit de l’évaluation du cadre juridique et réglementaire, de l’état d’amortissement des prêts véhicules accordés aux députés et des charges du régime médico-social. Les irrégularités ressorties dans le rapport portent sur les domaines audités.
Au titre de l’évaluation du cadre juridique et réglementaire, le rapport a relevé le non-respect par l’AN des lois régissant la gestion financière et les marchés publics, à savoir la LOLF, la loi portant code de transparence dans la gestion des finances publiques et la loi régissant les marchés publics et leurs textes attenants.
- Philippe Nion, contrôleur général d’Etat lors du point de presse
Au titre du contrôle de la « commande publique », les irrégularités concernent le recours abusif à la procédure d’entente directe, des surfacturations de 379 377 630 FCFA, la non liquidation des pénalités de retard d’un montant cumulé de 313 039 311 F CFA.
Au titre du « contrôle des comptes de dépôt », le rapport a ressorti une série d’irrégularités portant sur les paiements injustifiés ou pour lesquels aucune justification n’a été apportée. L’incidence financière est de 7 913 856 138 de FCFA, des dépenses effectuées sur décisions de déblocage non justifiés pour un montant total de 1 390 489 248 de FCFA.
On note également des pertes de ressources publiques consécutives à des dépôts de fonds dans une banque commerciale. Par cette pratique, 12 099 000 000 FCFA ont été déposés dans une banque sans intérêt avec des frais de plus de 10 000 000 FCFA. La perte financière, calculée à partir du loyer de l’argent (taux d’intérêt légal de la BCEAO sur la période) donne un montant de 693 742 711 F CFA, imputable à un agent public, selon l’ASCE-LC.
Il y a aussi l’insincérité des situations comptables. Les dépenses d’investissement exécutées telles que ressorties dans les comptes de l’AN ne sont pas sincères, soutient le contrôleur général d’Etat. Sur un taux d’exécution de 99,28%, le rapport ressort en réalité seulement 23% correspondant à des réalisations effectives.
Au titre de la gestion des prêts véhicules, le rapport de l’ASCE-LC ressort un encours cumulé des 7e et 8e législatures de 1 585 650 000 FCFA. Après les relances de I’ASCE-LC, un montant total de 70 415 000 FCFA a été régularisé par des députés et l’encours restant est de 1 515 235 000 FCFA dont 34 740 000 FCFA au titre des députés décédés, selon les explications de Philippe Nion.
Les journalistes mobilisés pour relayer le contenu de ces rapports
Il a profité de cette occasion pour inviter les députés qui restent redevables à l’Etat à se mettre en règle.
L’ASCE-LC a également épinglé le non-respect de la règlementation sur les évacuations sanitaires. Selon Philippe Nion, contrôleur général d’Etat, « une personne qui n’est ni député, ni fonctionnaire parlementaire a bénéficié de cette prise en charge. De même, des frais de mission ont été servis sans justifications pour 61 860 000 F CFA ».
Au titre du contrôle des missions, le rapport a ressorti des paiements pour des missions pour lesquelles il n’existe pas d’ordre de mission. L’incidence financière est de 429 607 000 FCFA en raison de 11 227 000 FCFA pour les missions à l’intérieur et de 418 380 000 FCFA pour les missions à l’extérieur, l’existence d’ordre de mission sans visa dument apposé par les autorités compétentes. L’incidence financière est de 67 132 501 F CFA en raison de 60 452 501 F CFA pour les missions à l’intérieur et de 6 680 000 F CFA pour les missions à l’extérieur.
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Au titre du contrôle « de la gestion des libéralités », le rapport constate que des libéralités ont été irrégulièrement faites et portant sur les subventions accordées aux groupes parlementaires en raison de 5 000 000 FCFA par député débloqué en cinq tranches. « En 2020, année d’élection, 3 000 000 FCFA supplémentaires ont été alloués à chaque député. Le rapport fait une annotation particulière sur ce financement déguisé des partis politiques et surtout sur le caractère discriminatoire, équivoque et inapproprié de cette libéralité », explique Philippe Nion.
Il y a aussi les appuis divers aux activités des députés, à savoir les journées de redevabilité, les financements des députés accordés par le président de l’AN sur demande individuelle de soutien. Ces appuis sont de 386 463 361 F CFA de 2018 à 2021, selon le rapport de l’ASCE-LC.
L’ASCE-LC a également constaté des irrégularités dans le financement du CORONATHON. Le rapport constate que six chèques des six groupes parlementaires ont été officiellement remis au profit du compte « CORONATHON » en raison d’un million (1 000 000) FCFA par député, soit un total de 126 000 000 de FCFA. Par la suite, des chèques ont été émis des comptes de l’AN au profit des six groupes parlementaires avec comme libellé « Subvention accordée aux groupes parlementaires pour la prise en charge de leur contribution à la lutte contre le covid-19 (à titre de régularisation) ».
« Je vous informe qu’un député nous a apporté sa quittance de reversement de la somme d’un million de FCFA suite au communiqué de I’ASCE-LC », se justifie le contrôleur général d’Etat.
Les participants à cette conférence de presse de restitution des résultats de l’audit de ces trois institutions.
Au titre du contrôle « des rétributions spécifiques », le rapport a constaté que 112 sont irrégulières avec une incidence financière de 787 519 100 FCFA. Ces irrégularités portent sur des dépenses sans pièces justificatives (37 430 000 FFCFA), des dépenses sans actes de création (234 720 000 FCFA) et des dépenses non éligibles (515 369 100 FCFA).
Selon l’ASCE-LC, le montant total de l’incidence financière des irrégularités constatées dans le rapport de contrôle de l’AN est de treize milliards six cent seize millions vingt-huit mille six cent trente-neuf (13 616 028 639) FCFA.
À l’issue de la présentation de ces rapports, des mesures seront prises pour le suivi de ces dossiers. Il s’agit de l’établissement de renseignement judiciaire et mise en œuvre des investigations sur les faits constatés, la saisine de la cour des comptes des faits pouvant être qualifiés de fautes de gestion, la saisine du ministère en charge des finances pour la mise en jeu de la responsabilité pécuniaire des agents mis en cause, la prise de mesures conservatoires afin de préserver l’intégrité des finances publiques et les intérêts de l’Etat et l’élaboration des plans d’actions pour le suivi des recommandations.
Le contrôleur général d’État Philippe Nion et ses collaborateurs souhaitent également que les sommes mises à la charge des différentes personnes visées dans ces trois rapports de contrôle fassent l’objet de recouvrement intégral conformément à la règlementation en vigueur.
Selon Philippe Nion, les périodes de contrôle sont de façon générale de 2020 à 2021, de 2016 à 2021 pour l’Armée et de 2018 à 2021 pour l’Assemblée Nationale. Plus de 150 personnes ont été mobilisées pour la conduite de ces contrôles lancés courant l’année 2022.
Mamadou ZONGO
Lefaso.net
Vos commentaires
1. Le 5 mars à 08:43, par Yako En réponse à : Violence contre les migrants subsahariens en Tunisie : « J’ai mal au cœur », regrette la Tunisienne Dora Bouchoucha
Toute la société tunisienne est loin d’être raciste cependant force est de reconnaître qu’à ce niveau de déclaration présidentielle il ya un réel malaise dans la société tunisienne quant à la présence des étrangers noirs sur son sol de peur d’un début du grand remplacement tant craint.Eux Tunisiens, descendants des Phéniciens et des Romains au Nord et d’arabo-berberes au sud élevés dans le mépris du nègre comment peuvent-ils s’accommoder d’une appartenance à l’Afrique noire que tout oppose ethniquement et culturellement ? Il faut être clair,la race noire est victime de son propre malheur dont elle est la seule responsable à commencer d ’abord par le manque d’estime de soi et l’irrationalité congénitale dans le choix de son développement et de tout ce qui va avec. Comment expliquer cette ruée des sub-sahariens vers la Tunisie tantôt pour se soigner tantôt pour y faire des études alors que nous avions presque le même niveau de développement il ya 60 ans ! On importe tout y compris légumes et fruits du Maghreb.Dans ces conditions vous créez de la richesse chez les autres et la misère chez vous outre que le complexe d’infériorité bien encré dans les têtes ( tout ce que vient du blanc même s’il s’agit du blanc-jaune est de qualité supérieure) ! En fin, Soyons fiers de ce que nous sommes et travaillons à faire du continent noir une terre d’espérance C’est à ce prix que les autres changeront leurs regards à notre égard et mériterions respect et considération.L’exemple tunisien ce temps ci montre bien que personne ne veut du pauvre comme voisin et le racisme en est la conséquence ! Yako
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2. Le 5 mars à 13:29, par Salvatore En réponse à : Violence contre les migrants subsahariens en Tunisie : « J’ai mal au cœur », regrette la Tunisienne Dora Bouchoucha
Tous les pays qui ne font pas Nation naturellement,
ont fabriqué leur nord et leur sud ; le défense contre l’autre fait alors politique et divertit les faibles esprits .
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3. Le 5 mars à 21:32, par Dedegueba Sanon En réponse à : Violence contre les migrants subsahariens en Tunisie : « J’ai mal au cœur », regrette la Tunisienne Dora Bouchoucha
Il y a une insuffisance dans l’article. Rapporter juste le côté violence due aux migrants illégaux n’a rien de raciste. Tout au plus on le condamnerait car discriminatoire et utilisant ces migrants comme boucs émissaires pour justifier une politique économique désastreuse.
Par contre là où il y a vraiment un relent raciste, l’article ne dit mot.
Car prétendre que cette migration obeissait d’une logique de remplacement de la population arabe de Tunisie, est une transposition des thèses racistes de l’extrême droite française qui parle de grand remplacement.
Ne nous voilons pas la face le président tunisien dit haut ce que beaucoup pensent bas. Mais personne n’empêche les arabes de "proliferer", en tout cas il n’y a aucune volonté obscure des noirs de "noircir" la Tunisie. Mais le monde est ainsi fait que depuis des temps immémoriaux, ceux qui ont la peau claire ont tendance à se considérer comme supérieurs aux noirs. Tout le Maghreb y compris la Mauritanie est dans cette logique. Le gradient de superiorité met le type caucasien au dessus de toutes les couleurs, et je suppose, les slaves, les arabes, les chinois, etablissent une autre hiérarchie à la suite des caucasiens avant que le noir ne clôture cette hiérarchie. C’est cela la triste réalité du noir..africain.
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4. Le 6 mars à 08:14, par Bajazet En réponse à : Violence contre les migrants subsahariens en Tunisie : « J’ai mal au cœur », regrette la Tunisienne Dora Bouchoucha
Toute l’hypocrisie de la petite-bourgeoisie tunisienne résumée !
À l’étranger, je fais de grosses déclarations « de gauche » bien fracassantes, mais dans ma grosse villa hollywoodienne des quartiers huppés, petit palais singeant les demeures marocaines, j’exploite des subsahariens « au noir ». Genre : nounou burkinabè, gardien tchadien, cuisinier sénégalais, maître d’hôtel camerounais. Et le chauffeur ivoirien emmène les enfants à l’école française, section internationale.
Un pays très hypocrite...
En Tunisie, l’hypocrisie est comme le sel, on en met dans toutes les sauces sans jamais s’en offusquer.
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5. Le 6 mars à 09:40, par Manna Tunis En réponse à : Violence contre les migrants subsahariens en Tunisie : « J’ai mal au cœur », regrette la Tunisienne Dora Bouchoucha
Il ne faut pas blâmer les tunisiens ce sont les autorités algériennes qui ont orchestré tout ce rejet, ils le font bien ils chauffent les gens sur les réseaux sociaux à travers des comptes spécialisés en montrant des actes de pillages de ces migrants ou des fake vidéos attestant que le but est qu il n y ait plus la race blanche en Afrique du Nord, ils ont essayé de faire la même chose au maroc mais ils n ont pas réussi la relation étant plus forte. Que dieu apaise les esprits et dommage pour la Tunisie
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