Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

En Guinée, les proches d’Alpha Condé dans la nasse judiciaire

Ministres, conseillers ou cadres du régime déchu sont englués dans des procédures qui les privent de travail, de voyage, voire de liberté tout court. Jeune Afrique fait le point.

Par  - à Conakry
Mis à jour le 3 mars 2023 à 16:45

 
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Voilà près d’un an et demi que les proches de l’ancien président Alpha Condé sont aux prises avec la justice guinéenne. Nombre d’entre eux ont vu leurs comptes bancaires gelés et sont empêchés de voyager. D’autres sont incarcérés.

 

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Pas moins de trois procédures judiciaires ont en effet été intentées à l’encontre d’anciens ministres, conseillers ou cadres de l’administration. La première, ouverte le 17 février 2022 par le parquet spécial de la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief), concerne tous les ministres du dernier gouvernement de l’ère Condé.

Discrètes auditions à la police judiciaire

Dans un communiqué, Aly Touré, le procureur de la Crief, a fait savoir qu’il existait, contre l’ancienne équipe d’Ibrahima Kassory Fofana, « des indices sérieux de détournements de deniers publics, d’enrichissement illicite, de blanchiment d’argent, de corruption et de complicité ».

Incarcéré depuis le 6 avril 2022 avec les anciens ministres Mohamed Diané (Défense) et Oyé Guilavogui (Environnement), l’ex-chef du gouvernement a multiplié les demandes de mise en liberté. Sans succès. Le 28 février 2023, la Cour suprême l’a débouté de son pourvoi en cassation. Son procès devrait s’ouvrir très prochainement.

À LIREGuinée : entre Alpha Condé et Mamadi Doumbouya, la bataille sans fin

Une deuxième salve a été déclenchée à partir du 3 novembre 2022 après qu’Alphonse Charles Wright, le garde des Sceaux, a donné injonction de poursuivre 188 personnalités, parmi lesquelles Alpha Condé, ses proches et… des défunts. On leur reproche des faits de « corruption, d’enrichissement illicite, de blanchiment d’argent, de faux et usage de faux en écriture publique, de détournement de deniers publics et de complicité ».

Certaines de ces personnalités ont pu être relaxées, mais ne sont pas tirées d’affaire. C’est, entre autres, le cas de Damantang Albert Camara. L’ex-ministre de la Sécurité fait partie d’un groupe d’anciens dignitaires que la Direction centrale de la police judiciaire a auditionnés dans ce cadre.

Patrimoine, comptes en banque, maisons…

« J’ai été entendu en janvier [2023] durant une demi-heure. On m’a posé des questions sur mon compte bancaire, sur mon patrimoine de manière générale », confirme un ancien ministre. Un autre, soumis au même interrogatoire un mois auparavant, raconte : « Ils m’ont demandé des informations sur ma maison, que j’avais achetée avant l’arrivée d’Alpha Condé au pouvoir. »

Parmi les anciens responsables ayant défilé à la Direction centrale de la police judiciaire figurent de nombreux ex-ministres, dont Amara Somparé (Communication), Mohamed Lamine Doumbouya (Budget), Sona Konaté (Culture), Sanaba Kaba (Action sociale), Maramani Cissé (Sécurité) ou encore Bah Ousmane (ex-ministre conseiller à la présidence).

S’y ajoutent le général Toumani Sangaré, l’ancien directeur général de la douane ; le général Mathurin Bangoura, l’ex-gouverneur de Conakry ; Cellou Diallo, l’ancien directeur de la marine marchande, et Kabinet Cissé, qui présida la Commission électorale nationale indépendante.

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Enfin, Alpha Condé et vingt-six de ses proches (dont onze ministres du gouvernement d’Ibrahima Kassory Fofana) ainsi qu’Amadou Damaro Camara, l’ancien président de l’Assemblée nationale (actuellement en prison), sont sous le coup d’autres poursuites judiciaires depuis le 4 mai 2022.

Celles-ci sont consécutives à une plainte déposée par le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) contre les anciens dirigeants tenus pour responsables des quelque 200 morts survenues entre 2011 et 2020 lors de diverses manifestations. Les auditions des 260 familles de victimes ont commencé le 20 janvier dernier au parquet du tribunal de première instance de Dixinn.

Les craintes du secteur privé

Toutes ces procédures s’accompagnent de mesures restrictives de liberté. Le 6 septembre 2021, alors que le colonel Mamadi Doumbouya venait de s’emparer du pouvoir, les passeports des 37 ministres du gouvernement Kassory Fofana avaient été saisis. Mais leurs détenteurs ne sont pas les seuls à être interdits de quitter le pays.

La plupart de ceux qui ont occupé des postes à responsabilité entre 2011 et 2021 sont également visés. « Les trois procureurs : Aly Touré (Crief), Mamoudou Magassouba (tribunal de Kaloum) et Algassimou Diallo (tribunal de Dixinn), ont communiqué à l’aéroport de Conakry des listes de personnes interdites de sortie du territoire », assure un ancien ministre. Ceux dont les passeports n’avaient pas été confisqués n’ont découvert qu’ils ne pouvaient voyager qu’une fois arrivés à l’aéroport.

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Cette situation les empêche, par ailleurs, de rebondir professionnellement à l’étranger. Et, en Guinée, le secteur privé, en particulier les sociétés minières, craint d’employer ces anciens dignitaires sous le coup de poursuites et, surtout, mal vus des nouveaux maîtres du pays.

Retour au pays natal pour une dizaine de tirailleurs sénégalais

L’État français va financer le voyage et le déménagement, au Sénégal, de vétérans ayant combattu pour la France.

Mis à jour le 3 mars 2023 à 08:11
 
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Par Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

Guez

Chahutée sur les bitumes de ses anciennes colonies, et quelques jours après le discours d’Emmanuel Macron sur sa politique africaine, la France doit faire feu de tout bois, même si l’expression jure, en plein sommet gabonais sur la protection des forêts. Les nationalismes opposés à la politique française sont incarnés par la jeunesse, et Paris, en quête d’estime africaine, caresse les aînés dans le sens du poil.

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Début janvier, alors même que le film Tirailleurs – porté par le comédien d’origine mauritano-sénégalaise Omar Sy – était projeté sur les écrans français, Paris annonçait que les vétérans nés dans les anciennes colonies et enrôlés dans l’armée française pourraient enfin percevoir le minimum vieillesse sans résider au moins six mois par an dans l’Hexagone. Le 1er mars, le cabinet de la secrétaire d’État aux Anciens combattants et à la Mémoire déclarait qu’une dizaine de tirailleurs d’origine sénégalaise vivant en France, en majorité seuls, pourraient rentrer au Sénégal « dans de bonnes conditions », en avril, grâce à une aide financière « importante et exceptionnelle » de l’État français. Aide destinée à couvrir le voyage du retour, le déménagement et la réinstallation.

Corde sensible

La mesure financière ne devrait pas menacer l’équilibre du budget national de la France : cette dizaine d’hommes inclus, le nombre de tirailleurs sénégalais vivant dans le pays est estimé à 37 et, si l’on considère leur espérance de vie, ils ne devraient pas bénéficier du minimum vieillesse très longtemps. Vétérans de la Seconde Guerre mondiale ou des conflits asiatiques et africains de décolonisation, ces anciens combattants sont majoritairement âgés de plus de 85 ans. Certains ont même 95 ans.

Mais la dimension financière est habillée de son lot de trémolos, en cette époque et sur ce terrain où toute réaction est épidermique. C’est « dans le cadre de la solidarité que l’État a envers les anciens combattants », longtemps mésestimés, par le truchement de l’Office national des combattants et des victimes de guerre, que le principe du retour subventionné aurait été défini. Un défi complexe à « remporter », un conseiller évoquant « plusieurs décennies accumulées en France » – des vies entières.

À LIRETirailleurs : un film, un minimum vieillesse et une statue ?

Et le communiqué de la secrétaire d’État de faire vibrer la corde sensible de « l’honneur de la République », une République qui est l’obligée de « ceux qui ont tant donné pour sa défense ». Mesure plus sociale que financière ? Indépendamment du minimum vieillesse de 900 euros mensuels, le montant de l’aide exceptionnelle au retour n’a pas été précisé. Là encore, officiellement, pour la « sérénité » des bénéficiaires. Cliché sur les familles africaines prétendûment cupides ? La somme aurait été fixée « en accord avec les intéressés et des associations » qui conseillent l’État français.

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Bonjour, comment allez-vous ? J'espère que vous allez bien. Je suis en bonne santé, mais ici à Boulsa c'est la panique et une débandade total à cause des actes barbares des terroristes dans la zone.

Depuis le 23/02/2023 le village de Poli, Tanguin et Touguin environ de 12 km au nord de Boulsa.

Le marché et les concessions de Tanguin ont été incendiées et la cour, greniers, et la boutique de mon oncle maternel ont été incendiées,

12 Volontaires pour la Défense de la Patrie appelé VDP ont été tués à Poli et ont été enterrés à Boulsa le 24/02/2023 en présence d'une grande foule venue de partout

et le 25/02/2023 Belga qui se trouve à 25 km est attaqué avec un groupe terroriste et le 26/02/2023 encore 3 groupe à Tanguin, Belga et Touguin.

Notre 10eme AG qui devrait se tenir le 23/02/2023 a été reportée . Présentement Boulsa est plein avec les déplacés internes qui viennent de Boala, Belga, Tanguin Poli, Touguin, Zambanga et d'ailleurs.

Moi même j'ai reçu trois familles chez moi à peu près 17 personnes pour héberger.

Vraiment nous comptons sur vous et surtout vos prières.

Que dieu nous protège d'avantage. Bien des choses à tous, et surtout bonne suite à tous.

 

 

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Bonjour mon père, nous sommes en bonne santé, et j'espère qu'il en soit de même chez vous.goodo1

C'est juste par rapport à la photo de ma famille que vous avez demandé hier, j'ai essayé de chercher mais je n'a pas eu une photo avec tout le monde.

Mais dans ma famille nous sommes dix (moi Pascal et ma femme Irène et nos cinq enfants: Carine, Gildas, Théophile, Rose et Aristide;  Plus ma Maman Martine et deux orphélines des pères (Lonfo Lucienne et Sawadogo Safi).

Deux  de mes enfants sont en formation, Carine en Medecine laboratoire 4ème année à USTA Sanba, (sur la première photo) et Gildas en sécurité Police 2ème année à Ouaga.

Merci beaucoup mon père pour vos soutiens et prières, bonne suite. Bon temps de Carême, que Dieu nous protège d'avantage.

 


Très amicalement, votre fils GODO Pascal le Sougr-Naaba à Boulsa


voir photos pièces jointes (sur cette photo nous sommes cinq (Pascal, Irène, Théophile,Rose et Aristide)

Très Amitié

Pascal GODO Sougri Naaba à Boulsa.

Pourquoi Kaïs Saïed a réveillé les démons du racisme antisubsaharien

Les propos très durs du président tunisien sur les « migrants subsahariens » ont choqué une grande partie de l’opinion et réveillé de vieux démons. Les immigrés vivent désormais dans l’angoisse, tandis que la société civile a trouvé une nouvelle raison de se déchirer.

 
Par  - à Tunis
Mis à jour le 23 février 2023 à 14:48
 
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Des migrants subsahariens en détresse, à Tunis, le 18 février 2023. © Yassine Mahjoub/Shutterstock/Sipa

 

Il y a quelques jours, Nieves était inquiète. Aujourd’hui, elle a peur. La jeune Camerounaise n’ose plus sortir de l’appartement qu’elle loue depuis deux ans avec son cousin, étudiant en marketing inscrit dans un établissement privé tunisien. Tous deux sont tétanisés en évoquant le déchaînement, depuis quelques semaines, des réseaux sociaux contre les migrants subsahariens.

Une campagne hargneuse soutenue par le ségrégationniste Parti nationaliste tunisien, qui met à nu la xénophobie tapie dans une société pourtant elle-même issue d’un brassage de civilisations et qui a toujours revendiqué son pacifisme et son ouverture à l’altérité.

Aujourd’hui, Nieves assure pourtant faire l’expérience contraire. Depuis un an, cette Camerounaise, dont le titre de séjour n’est plus valide, vit de petits boulots et s’est accoutumée au racisme quotidien et aux quolibets. Désormais, elle craint le pire car, comme elle le dit, « le président de la République a donné le coup d’envoi à la chasse aux Africains » et que sa logeuse lui a donné 48 heures pour quitter les lieux.

À LIREEn Tunisie, des ONG dénoncent un « discours haineux » contre les migrants africains

En s’adressant, le 21 février 2023, devant le Conseil de sécurité nationale lors de l’examen de la question de la migration clandestine, le président Saïed a étonné son auditoire par la virulence de ses propos.

Jamais jusqu’alors un dirigeant africain – a fortiori tunisien – n’avait tenu un discours aussi proche de celui de l’extrême droite occidentale, reprenant notamment à son compte la théorie du grand remplacement. Depuis dix ans, a-t-il ainsi expliqué, un complot viserait à modifier la composition démographique de la Tunisie, et « l’objectif non annoncé des vagues successives de la migration clandestine est de considérer la Tunisie comme un État africain n’ayant aucune appartenance arabe et islamique ».

Et d’appeler, dans la foulée de ces propos liminaires consternants, à une application plus stricte de la loi aux migrants irréguliers. L’heure serait donc à la tolérance zéro en la matière. Un choix politique qui, relayé sur les réseaux sociaux par certains esprits chauffés à blanc et coïncidant avec une période d’extrêmes tensions socio-économiques, alimente un discours de haine et de violence. Discours habituel pour beaucoup d’Européens mais auquel, une fois encore, les Tunisiens n’avaient jusqu’ici jamais été confrontés.

Pressions de l’Italie ?

« Le président fait de la démagogie et de la diversion pour faire oublier les urgences. Il allume le brasier du racisme par facilité sans en mesurer les effets. Une approche d’autant plus discutable que nous sommes, aussi, un pays de migrants », analyse un politologue sous couvert d’anonymat.

Depuis les déclarations de Kaïs Saïed, les réactions sont d’ailleurs aussi nombreuses qu’indignées. À tel point que le conseiller à la présidence, Walid Hajjem, s’est empressé de préciser que les propos du président avaient été sortis de leur contexte. Ce qui n’a pas empêché certains de ses soutiens de donner dans la surenchère, assurant par exemple que les Subsahariens « font deux fois plus d’enfants que les Tunisiens ». Le ton est donné, le populisme est sans limite, et la société se mire dans son aspect le plus sombre et outrancier.

Mais les Tunisiens sont divisés. Sous le choc de ce discours, une partie de l’opinion s’insurge, constate que la tolérance spécifique à la Tunisie a fait long feu, déclare éprouver de la honte et se sentir « africaine », tout en regrettant de ne pas avoir les moyens de défendre les ressortissants subsahariens. « Ils vont être victimes d’un délit de faciès et, même s’ils sont en règle, sont malmenés par les représentants de l’ordre », déplore un ancien de la mairie de La Marsa, en banlieue de Tunis.

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Beaucoup s’affligent aussi de voir l’image traditionnelle d’une Tunisie tolérante aujourd’hui écornée, et certains se disent tout simplement abasourdis par l’orientation prise par le locataire de Carthage, qu’ils n’attendaient pas sur ce terrain. Et cherchent des explications.

Romdhane Ben Amor, porte-parole du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), qui s’étonne qu’un discours incitant à la haine raciale ne soit pas davantage pris au sérieux, estime ainsi qu’en réprimant les immigrés subsahariens les autorités suivent en réalité les instructions du gouvernement italien de Giorgia Meloni, qui aurait sommé la Tunisie de freiner la migration clandestine par tous les moyens.

« Nous n’avons pas été consultés ni informés de ce choix concernant la communauté subsaharienne. Le président se rend-il compte des répercussions ? Les migrants irréguliers sont au nombre de 60 000, selon les Nations unies, et non pas 1 million comme le prétendent des esprits chagrins », résume de son côté un directeur d’université. Qui dit aussi avoir une pensée pour les 30 000 Tunisiens installés au sud du Sahara et les 100 000 Subsahariens qui ont été formés en Tunisie, et s’interroge sur l’avenir des relations bilatérales avec les pays du continent.

Les étudiants en porte-à-faux

À Tunis, l’ambassade du Cameroun appelle pour l’instant ses ressortissants au calme, tandis que les universités ont ouvert dans l’urgence des numéros d’appel et offert des facilités aux étudiants en difficulté faute de papiers. Un problème qui n’a rien de nouveau : les autorités tunisiennes sont très lentes à délivrer une carte de séjour, ce qui a souvent pour conséquence de mettre en difficulté des étudiants étrangers qui sont, en fait, tout à fait en règle. L’inquiétude, en tout cas, a gagné les campus. « Aujourd’hui, ils s’en prennent à nous, demain ce sera aux Syriens, et puis à tous les Européens qui vivent ici sans papiers et qui sont bien plus nombreux que l’on croit », commente un membre d’une association d’étudiants africains.

Le clivage est d’autant plus terrible que, s’il est vrai que la société a effectivement marginalisé sa propre communauté noire, certains progrès avaient été accomplis depuis la révolution, notamment avec la promulgation en 2018 d’une loi pénalisant la discrimination raciale et permettant aux victimes de racisme d’obtenir réparation pour les violences physiques ou verbales subies.

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Mais le pays, qui avait reçu à bras ouverts les Subsahariens fuyant la Libye en 2011, n’a jamais eu de politique migratoire claire, si ce n’est une loi des années 1970 régissant de manière très stricte le travail des étrangers en Tunisie. C’est à ce texte que se réfère aujourd’hui le président de la République en exigeant que « la loi soit appliquée ». L’emploi est justement l’un des arguments des xénophobes qui affirment que les Subsahariens « prennent le travail des Tunisiens ». Ce qui n’est vrai que dans le cas de certaines activités considérées comme harassantes ou avilissantes, et que les Tunisiens ne veulent plus effectuer : employés de maison, serveurs, plongeurs… « Et esclaves parfois, puisque rien ne nous protège des caprices d’un patron », complète Bacari, lui-même employé dans des conditions précaires.

Cette situation dure depuis des années mais aucun gouvernement n’a proposé de solution ou tenté d’encadrer le phénomène. « Au Maroc, il y a eu quatre campagnes de régularisation. En Tunisie, on ne reconnait aux personnes venues d’Afrique subsaharienne et séjournant de façon irrégulière que le droit de quitter le pays, moyennant une amende proportionnelle à la durée de leur séjour illégal », rappelle le représentant d’une ONG.

Des mesures immédiates

Paradoxalement, les nouvelles directives de Kaïs Saïed ont au moins le mérite d’être claires : aucune tolérance. Le ministère des Affaires sociales s’est immédiatement aligné sur cette position, annonçant une série de mesures qui visent également les employeurs de clandestins. À ce stade, il ne s’agit plus d’un malentendu mais de la mise en application drastique de textes qu’on croyait tombés en désuétude.

Quant aux Subsahariens présents dans le pays, ils vivent désormais dans la crainte des contrôles de police. « Je ne peux plus sortir, apportez nous de quoi manger », demande par message Liliane à son employeur. Elle a peur d’être arrêtée, évite les centres commerciaux et les transports en commun, privilégie le taxi en espérant que le chauffeur ne s’arrête pas pour la livrer au premier policier aperçu. D’autres se tournent vers la prière, ce qui renvoie d’ailleurs à l’un des autres reproches absurdes formulés par le président, qui accuse certains migrants de vouloir « évangéliser la Tunisie »… alors que beaucoup d’entre eux sont aussi musulmans.

Lutte contre le terrorisme : « Aucune armée étrangère ne viendra mourir pour nous », assure le Premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga

Accueil > Actualités > Diplomatie - Coopération • Lefaso.net • jeudi 23 février 2023 à 22h30min 

 
Lutte contre le terrorisme : « Aucune armée étrangère ne viendra mourir pour nous », assure le Premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga



Le Premier ministre de la République du Mali, Choguel Kokalla Maïga, est arrivé dans l’après-midi de ce jeudi 23 février 2023 à Ouagadougou. Il a été accueilli à son arrivée par son homologue burkinabè Apollinaire Joachimson Kyelèm de Tambèla, en présence du président de l’Assemblée législative de la transition, Dr Ousmane Bougouma, et de certains membres du gouvernement. En plus des questions de coopération, le Premier ministre malien est venu présenter ses condoléances aux autorités burkinabè suite aux récentes attaques terroristes.

Après la visite à Bamako du président Ibrahim Traoré et ensuite du Premier ministre Apollinaire Joachimson Kyélèm de Tambéla, c’est au tour du chef du gouvernement malien de se rendre à Ouagadougou. Il effectue une visite de travail et d’amitié du 23 au 26 février 2023. Des questions sécuritaires seront au centre des discussions durant son séjour au pays des hommes intègres. Cette visite se veut donc être un cadre de partage d’expériences notamment dans la lutte contre le terrorisme et sur bien d’autres sujets.


Choguel Kokalla Maïga saluant les officiels à sa descente d’avion

Pour lui, les peuples des deux pays sont en avance sur leurs dirigeants en matière coopération et de solidarité. Par conséquent, les dirigeants doivent s’adapter aux volontés et besoins des peuples. « Les peuples sont en avance sur nous. Par exemple, quand il y a eu le fameux embargo, illégal, illégitime et inhumain contre le Mali, les frontières aériennes ont été fermées mais les peuples ont dégagé les frontières terrestres. Donc il faut nous adapter à ce que veulent les peuples. Nous sommes donc venus pour échanger avec nos frères et amis burkinabè sur ces questions », déclare-t-il.



Maître Apollinaire Joachimson Kyélèm de Tambèla, Premier ministre du Burkina Faso

Accompagné d’une délégation d’une cinquantaine de personnes dont une dizaine de ministres, Choguel Kokalla Maïga dit également venir présenter les condoléances du peuple malien au peuple burkinabè, suite aux récentes attaques terroristes ayant fait plus de 50 morts.


Choguel Kokalla Maïga, Premier ministre de la République du Mali

Il a appelé le peuple burkinabè à « soutenir son armée » car ayant fait « un choix qui n’est pas du goût de tout le monde ». « Ce qui vous arrive aujourd’hui, il faut tenir bon. C’est pour vous démoraliser, c’est pour que vous doutiez de votre armée. Personne ne viendra vous défendre à la place de votre armée. C’est une période difficile parce que vous avez fait aujourd’hui des choix qui ne sont pas du goût de tout le monde. On vous met la pression, on sème le doute. C’est en ce moment que le peuple burkinabè doit rester debout, uni et soutenir son armée et son président », conseille-t-il.

 

Les deux Premiers ministres face à la presse

Le Premier ministre malien est également revenu sur l’expérience de son pays. « Cette étape, nous l’avons traversée. A un moment au Mali, tous les jours, c’était des villages qui étaient rasés, des dizaines de morts par jour, des camps étaient attaqués. Nous savions très bien pourquoi cela se faisait. Les Maliens ont tenu bon et je vous dis de tenir bon. Les Burkinabè doivent faire de même », assure-t-il.

Il a rassuré que le terrorisme sera vaincu dans le Sahel par les armées des pays sahéliens avec le soutien des peuples de ces pays et non avec des armées étrangères. « Nous sommes sûrs que le terrorisme sera vaincu au Sahel. Il sera vaincu parce que la guerre des Sahéliens est juste, elle ne peut pas ne pas réussir. Nous perdons des étapes, des opérations mais nous allons gagner la guerre. Mais pour gagner la guerre, c’est avec nos armées. Aucune armée étrangère, personne ne viendra mourir pour nous. Les Africains doivent se défendre. Et cela, ils doivent avoir le soutien indéfectible de leurs peuples. C’est pour la liberté de tous parce que dès qu’il y a des attaques terroristes dans un pays, les autres pays voisins ne sont pas en paix », a-t-il confié.

 

A gauche, le président de l’ALT, Dr Ousmane Bougouma et à droite, Bassolma Bazié, ministre d’Etat, chargé de la fonction publique

Choguel Kokalla Maïga se dit très heureux que les chefs d’Etat, les gouvernements, les assemblées nationales transitoires du Burkina Faso et du Mali partagent les mêmes orientations.
En rappel, le Mali est le pays invité d’honneur du FESPACO 2023 qui se tient du 25 février au 4 mars 2023. La cérémonie d’ouverture a lieu le samedi 25 février 2023 au Palais des sports de Ouaga 2000.

Mamadou ZONGO
Photos : Bonaventure Paré
Lefaso.net