Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Nigeria: les nouveaux billets de banque seront-ils disponibles à temps?

 

Le Nigeria et ses plus de deux cents millions d'habitants sont en route vers la présidentielle et les législatives prévues le 23 février, mais avant cela, voilà une autre date butoir : au 31 janvier, soit mardi prochain, officiellement, seule la nouvelle version des billets de 200, 500 et 1 000 nairas sera valable.

En principe dans cinq jours, les billets nigérians « anciens modèles » deviennent du papier sans valeur. La mesure, destinée à réduire l'argent liquide en circulation est censée encourager les nigérians à ouvrir des comptes en banque et à utiliser les paiements mobiles. Pour plus de traçabilité, moins de corruption aussi pour empêcher les camps politiques d'amasser des caisses de campagne avant le scrutin du 23 février. 

« Les nouveaux billets manquent »

Mais les nouveaux billets ne sont injectés dans l'économie que depuis décembre 2022. Pour Ikémésit Effiong, directeur de recherche au sein du cabinet de conseil SBM Intelligence à Lagos, « les nouveaux billets manquent. Personnellement, je n'en ai vus que trois fois. Les banques n'ont pas été assez approvisionnées. Deux mois, c'est trop court. Résultat, en théorie, il est possible qu'au 1er février, le Nigeria vive une mini crise de la monnaie, créée artificiellement par les dirigeants qui refusent la réalité sur le terrain. »

Avant-hier, à Abuja, la Chambre des représentants et le Sénat ont adopté deux résolutions pour demander à la Banque centrale six mois de plus pour faire la transition et laisser les anciens nairas en circulation jusqu'au 31 juillet. Sans compter toutes les zones, où en raison de l'insécurité, les habitants ont difficilement accès à un comptoir pour changer leurs billets. 

Les consommateurs continueront à utiliser les anciens nairas

Pour l'instant, la Banque Centrale refuse tout glissement. Mais selon Ikemesit Effiong, les Nigérians sont habitués aux échéances repoussées à la dernière minute. Et sinon, le principe de réalité l'emportera. Puisque de nombreux commerçants continueront à accepter les anciens billets pour survivre, les consommateurs continueront à les utiliser.  

►À lire aussi Nigeria: le remplacement des billets de banque se déroule dans le chaos

Mohamed Ould Abdelaziz, un ancien président mauritanien à la barre

Le procès de l’ex-chef de l’État débute ce 25 janvier à Nouakchott. Hier tout-puissant, il va devoir répondre de sa gestion lors de ses dix années au pouvoir.

Mis à jour le 25 janvier 2023 à 08:45
 
 
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Le procès de l’ancien président Mohamed Ould Abdelaziz, ici le 10 avril 2021 à Nouakchott, s’ouvre ce 25 janvier. © Bechir Malum pour JA

 

À la fin de décembre, alors qu’une année éprouvante s’achève pour lui, Mohamed Ould Abdelaziz se remémore, à l’ombre d’une khaïma dressée dans son ranch de Benichab, l’un des épisodes les plus marquants de sa vie. Nous sommes en 2009. Alors en pleine campagne pour l’élection présidentielle, le tombeur, quelques mois plus tôt, du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi monte à bord d’un hélicoptère, avec une poignée de conseillers et de gardes du corps.

En vol, l’appareil subit une avarie et doit atterrir en urgence au milieu du désert, entre Nema et Oualata, dans la dangereuse région du Hodh el-Chargui, frontalière du Mali. L’équipage a frôlé la catastrophe, mais tous sont sains et saufs. Après une longue marche, ils sont recueillis par un berger pour la nuit. Ce souvenir est d’autant plus vivace qu’Aziz n’a envoyé ce soir-là qu’un seul message d’alerte, à son chef d’état-major : Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani.

« Éternel rescapé »

Miraculé, Aziz l’est encore en 2010, quand son avion effectue une violente sortie de piste à Nouakchott, et deux ans plus tard, lorsqu’il est victime d’un tir d’arme à feu qui engage son pronostic vital. Mais il se relève toujours. Appelé à la barre du palais de justice le 25 janvier, surmontera-t-il cette nouvelle épreuve ? « Je n’ai strictement peur de rien », avait-il déclaré à Jeune Afrique en 2021, alors que nous le questionnions sur la possibilité qu’il soit emprisonné.

À LIREEn Mauritanie, le bras de fer s’intensifie entre Mohamed Ould Abdelaziz et les autorités

« Sa vie est celle d’un éternel rescapé », témoigne l’un de ses anciens compagnons de route, qui rappelle qu’en 2003 Aziz avait aussi déjoué une sanglante tentative de coup d’État qui visait le colonel Maaouiya Ould Taya, dont il menait le Bataillon pour la sécurité présidentielle (Basep), et qu’il finira par renverser en 2005.

Cette fois, ce ne sont pas des hommes en armes qu’Aziz s’apprête à affronter, mais des magistrats. Il doit répondre, avec onze de ses ex-collaborateurs, de sa gestion durant ses dix années au pouvoir, durant lesquelles il est soupçonné, entre autres, de s’être enrichi et d’avoir dilapidé l’argent public.

Il sera le premier à témoigner dans ce procès inédit en Mauritanie – il est, selon le parquet, « l’accusé numéro un ». L’accusation promet d’exposer les « preuves accablantes » de sa culpabilité, tandis que lui garantit des révélations fracassantes sur « une affaire politique ». Mais, même dans ses pires cauchemars, Mohamed Ould Abdelaziz, 66 ans, n’a jamais imaginé se retrouver dans une telle situation. Et c’est sans doute ce qui a précipité sa chute.

Troisième mandat

Dès 2014, tout juste réélu, sa décision est prise et il s’en est d’ailleurs ouvert à ses proches : il ne briguera pas de troisième mandat en 2019, bien que plusieurs de ses conseillers et gradés l’y poussent. « Si c’était à refaire, je ne changerais rien », jure-t-il encore aujourd’hui.

À l’époque, il sait déjà qu’il soutiendra la candidature de son chef d’état-major, Mohamed Ould Ghazouani. Une manière de manifester sa reconnaissance à celui qui est resté à ses côtés pendant trente-trois ans, depuis leur rencontre lors d’une formation au grade de capitaine, en 1986, jusqu’à l’élection de 2019.

« Ce choix s’imposait naturellement », rapporte un confident. Aziz et Ghazouani étaient très proches, sans être intimes. Le second fut l’homme de confiance du premier, mais il n’est par exemple jamais allé à Benichab, là où, plus qu’ailleurs, Aziz aime passer son temps libre. Certes, en vrai chef de clan familial, ce dernier protège sa sphère privée, mais il n’est pas sûr que son ami d’alors ait réellement souhaité y avoir accès.

Entre eux, aucun accord n’a été signé quant à un partage du pouvoir une fois Mohamed Ould Ghazouani élu, aucune condition n’a été posée. « C’est ainsi que fonctionne Aziz, il considère qu’il n’a pas besoin d’exprimer ses souhaits, son interlocuteur doit les comprendre et lui obéir », résume l’un de ses anciens collaborateurs.

À LIREMauritanie : comment Ghazouani s’est affranchi de la tutelle d’Aziz

Avant de céder la place, le chef de l’État a pris soin de tout verrouiller, à commencer par le stratégique Basep, au sein duquel il a placé ses hommes. Il a aussi renforcé le pouvoir du parti de la majorité, l’Union pour la République, très puissant en Mauritanie. Tous ses ministres siègent au bureau politique, et convoquer ce dernier revient à rassembler le gouvernement. Est-ce son intention lorsqu’il tente de le réunir à son retour de voyage, en novembre 2019 ? Il est en tout cas extrêmement confiant et serein. Mais c’est compter sans la réaction de son ami de trente ans, désormais président. Non seulement Ghazouani refuse catégoriquement que son autorité puisse être affaiblie, mais il le lui fait aussitôt savoir. Depuis, ils ne se sont plus jamais adressé la parole.

Attaques médiatiques

Le nouveau chef de l’État attendait de son prédécesseur qu’il reconnaisse, comme lui-même l’avait fait par le passé, son statut et les prérogatives qu’il lui confère. Très apprécié dans les rangs de l’armée et issu d’une famille respectée par la société traditionnelle – qu’Aziz a plutôt cherché à défier lorsqu’il était à la tête du pays –, il révèle alors un vrai goût pour le pouvoir, sans doute longtemps cultivé dans la discrétion.

Ghazouani, que l’on dit très mesuré, avait-il l’intention d’aller aussi loin ? La situation lui a-t-elle échappé après qu’il a donné son feu vert à la création d’une commission d’enquête parlementaire, en janvier 2020 ? A-t-il été mis devant le fait accompli ?

Si Aziz tient son successeur et le cousin de celui-ci, le ministre de l’Intérieur, Mohamed Ahmed Ould Mohamed Lemine, pour responsables de ses ennuis judiciaires, l’intéressé s’est toujours défendu d’avoir joué le moindre rôle dans cette affaire. « Les Mauritaniens savent très bien dans quelles conditions la commission d’enquête parlementaire a vu le jour. Je ne pense pas que l’on puisse me reprocher d’avoir interféré ni dans sa création ni dans la conduite de ses enquêtes », a-t-il déclaré à JA en juillet 2021, avant d’ajouter qu’il n’était « pas juge pour savoir si Mohamed Ould Abdelaziz [était] coupable ou non ».

À LIREMauritanie – Mohamed Ould Abdelaziz : « Je suis prêt à être injustement condamné et emprisonné »

De son côté, ce dernier n’a cessé de multiplier les attaques médiatiques. « Mon unique erreur a été de lui avoir proposé de se présenter à la présidentielle et d’avoir appelé les électeurs à voter pour lui », s’est-il ainsi emporté dans une vidéo diffusée en direct sur Facebook, le 10 janvier.

« Et pourtant, rétorque un proche de Mohamed Ould Ghazouani, l’actuel président lui a toujours été d’une fidélité et d’une loyauté sans faille. D’ailleurs en 2012 [lorsque Aziz a été évacué durant plusieurs semaines en France, afin d’y être soigné] rien ne l’aurait empêché de prendre le pouvoir ! »

Mohamed Ould Abdelaziz a toujours pensé qu’il payait le prix de son intention de vouloir rester au centre du jeu politique. Après avoir créé, depuis Paris, une nouvelle alliance avec une partie des Forces de libération africaines de Mauritanie (Flam), il a déclaré vouloir présenter des candidats sous la bannière de Ribat Al Watani (le parti qu’il a rejoint en 2021) aux élections locales, dont le premier tour devrait se tenir le 13 mai. Il jette donc toutes ses forces dans la bataille, d’autant qu’il sait qu’il risque jusqu’à vingt ans de prison et une peine d’inéligibilité… À un an de la présidentielle.

Washington poursuit son opération séduction en Afrique

Linda Thomas-Greenfield, l’ambassadrice des États-Unis auprès de l’ONU, commence ce 25 janvier une tournée qui la conduira au Ghana, au Mozambique et au Kenya.

Par  - à Washington
Mis à jour le 25 janvier 2023 à 08:38
 
 
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La représentante des États-Unis auprès des Nations unies, l’ambassadrice Linda Thomas-Greenfield, en réunion d’information avec l’agence de presse nationale ukrainienne Ukrinform, à Kiev, le 8 novembre 2022. © Ruslan Kaniuka / NurPhoto via AFP

 

Il est toujours bon de savoir sur qui l’on peut compter – ou pas. L’ambassadrice américaine auprès des Nations unies, Linda Thomas-Greenfield, entame donc ce 25 janvier une visite sur le continent qui, jusqu’au 29 janvier, la conduira au Ghana, au Mozambique et au Kenya sachant qu’au même moment, la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, achève, elle, une tournée qui l’a menée au Sénégal, en Zambie et en Afrique du Sud.

>> À lire sur The Africa Report : US envoy to the UN visits African Security Council members

Ces voyages précèdent celui qu’effectuera dans le courant de l’année le président Joe Biden et s’inscrivent dans la lignée du sommet États-Unis – Afrique, organisé mi-décembre. C’est aussi la troisième fois que Linda Thomas-Greenfield se rend sur le continent en tant qu’ambassadrice onusienne, elle qui – avant de servir l’administration Biden – avait occupé le poste de secrétaire d’État adjointe aux affaires africaines et d’ambassadrice au Liberia.

À LIRESommet États-Unis – Afrique : Joe Biden teste sa nouvelle stratégie africaine

« L’Afrique est un acteur géopolitique et économique clé pour les États-Unis. Nous nous attendons à un déplacement très productif », a prévenu un membre de l’administration américaine sous couvert d’anonymat, expliquant qu’elle allait tout à la fois « répondre aux préoccupations en matière de sécurité régionale », « soutenir la résilience et le redressement » du continent et travailler à « atténuer les effets du changement climatique ».

Réforme du Conseil de sécurité

Dans chacun des pays visités, elle évoquera également la question de la réforme du système des Nations unies, et le fait que Joe Biden a fait savoir qu’il était favorable à l’ajout de sièges permanents et non permanents au Conseil de sécurité, où le continent ne dispose actuellement que de trois sièges tournants sans droit de veto.

À LIRESergueï Lavrov chez Cyril Ramaphosa, un ami qui lui veut du bien

Cet activisme diplomatique est à mettre en regard de la rivalité géopolitique qui oppose les États-Unis à la Russie et la Chine. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, était lui-même ces derniers jours en Afrique du Sud, afin d’obtenir le soutien de Pretoria. Il a rencontré son homologue sud-africain, Naledi Pandor, le 23 janvier. Il a défendu le principe des exercices conjoints prévus le mois prochain entre les marines sud-africaine, russe et chinoise au large de la côte est de l’Afrique du Sud, et accusé les Occidentaux de refuser de négocier la fin de la guerre en Ukraine.

« Nostalgie dangereuse »

Rien de surprenant à ce que Linda Thomas-Greenfield fasse escale au Kenya et au Ghana – ces deux pays ont condamné sans équivoque l’invasion de l’Ukraine par la Russie de Vladimir Poutine. Nairobi n’est certes plus représenté au sein du Conseil de sécurité depuis la fin de décembre, son mandat de deux ans étant arrivé à son terme, mais son ambassadeur à New York, Martin Kimani, avait prononcé un discours remarqué l’année dernière, condamnant le recours à la force pour modifier les frontières et ce nationalisme qui pousse à regarder « toujours en arrière, avec une nostalgie dangereuse ». Le Kenya a également défendu une résolution, à laquelle la Russie a opposé son veto, qui visait à établir un lien entre changement climatique, terrorisme et problèmes sécuritaires.

Le mandat du Ghana – comme celui du Gabon – court encore pendant un an, et Accra a été très critique à l’égard de la guerre menée par Moscou. Nana Akufo-Addo s’est en outre fait remarquer lors du sommet de Washington en accusant le Burkina Faso d’avoir invité des mercenaires du groupe Wagner sur son territoire, provoquant une querelle diplomatique avec son voisin du nord. « Le Burkina Faso a conclu un accord pour employer des forces de Wagner et faire comme le Mali », avait notamment asséné le chef de l’État ghanéen.

À LIREComment Wagner se finance : enquête sur l’eldorado d’Evgueni Prigojine en Centrafrique et au Cameroun

À Maputo, c’est un pays riche en pétrole, et qui a des liens historiques étroits avec la Russie, que Linda Thomas-Greenfield courtisera. Jusqu’à présent, le Mozambique s’est abstenu de condamner Moscou à l’Assemblée générale, mais les États-Unis ont tout intérêt à s’en rapprocher : le pays a beau n’avoir rejoint le Conseil de sécurité qu’en janvier, il en assurera la présidence en mars.

« Nous savons que les membres [du conseil] prennent leurs responsabilités au sérieux et nous voulons nous assurer que nous sommes tous, autant que possible, sur la même longueur d’ondes lorsque des questions importantes sont en jeu, commente le haut fonctionnaire américain cité plus haut. Nous continuerons à investir dans nos relations au sein du conseil et à défendre certaines des questions fondamentales qui sont en jeu lorsqu’il s’agit de paix et de sécurité internationale. »

Casques bleus au Mali: l’ONU partagée entre une augmentation et un retrait complet

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Au Mali, les Nations unies envisagent le renforcement du nombre de leurs casques bleus, mais également leur retrait total. Lors du renouvellement du mandat de la Minusma, en juin dernier dans un contexte tendu, les Nations unies avaient annoncé un rapport évaluant les besoins et le contexte d'intervention de la mission onusienne. Ce rapport doit être publié d'ici la fin janvier. RFI a pu consulter un projet de cette « revue interne », daté du 15 janvier. Ce texte, très avancé mais encore susceptible d'être modifié à la marge, prévoit trois options pour l'avenir de la mission onusienne.

Arrivée de supplétifs russes aux côtés de l'armée malienne, défiance grandissante entre les autorités de transition et certains pays contributeurs de troupes, restrictions imposées par Bamako aux déplacements de la section droits de l'homme de la Minusma... Depuis plusieurs mois, il est clair que l'avenir de la Mission onusienne ne va pas de soi.

Dans ce document, les Nations unies cherchent à s'adapter à toutes ces nouvelles réalités, mais aussi aux demandes de Bamako, qui sollicite elle-même un « changement de posture » de la Minusma, avec une « priorité » qui serait donnée « à la dimension sécuritaire » et à « des actions » plus « offensives ».

Des paramètres à remplir pour un éventuel renforcement

Première option envisagée par les Nations unies : une augmentation du nombre de casques bleus, pour combler les besoins liés à l'extension du mandat de la mission au centre du pays en 2019, à l'expansion de la présence jihadiste – notamment dans le Nord-Est du Mali, région de Ménaka, et dans le Centre –, mais aussi au retrait de la force française Barkhane, achevé cet été, qui apportait un soutien aérien notamment aux forces onusiennes en cas de besoin

Les Nations unies envisagent ainsi près de 3 700 casques bleus supplémentaires (3680 militaires et policiers, ou 2000 seulement dans une version plus modeste de ce renforcement). Le mandat actuel en autorise un peu plus de 13 000.

Pour que ce renforcement soit possible, il y a toutefois des « paramètres » à remplir. Le premier – et c'est ce que mentionne le rapport – c'est que les autorités maliennes acceptent de fournir les autorisations nécessaires à la Minusma pour se déplacer dans le pays.

A lire aussi : Mali: le contingent allemand de la Minusma à l’origine de la venue des 49 soldats ivoiriens

Ces derniers mois, de nombreuses demandes déposées par la Minusma sont restées lettre morte, pour les villages où l'armée malienne est visée par des allégations d'exaction, notamment.

Autre contrainte : alors que certains contingents ont déjà annoncé leur retrait (Royaume-Uni, Allemagne, Côte d'Ivoire), il s'agirait de trouver de nouveaux pays contributeurs de troupes.

Deuxième option : le nombre de casques bleus reste inchangé, mais c'est le mandat de la mission qui est révisé : par souci d'efficacité, pour réorienter certains moyens, des camps de taille réduite seraient fermés. Le risque étant que ces fermetures soient perçues comme un « abandon » par les populations. Par exemple à Ber, près de Tombouctou, l'un des camps qui pourraient être fermés alors que la situation dans la zone est particulièrement précaire. Ou encore dans le centre du pays, où la présence jihadiste gagne déjà du terrain.

Une troisième option plus radicale : un retrait de tous les casques bleus

Option 3, la plus radicale : un retrait de tous les casques bleus. La Minusma ne serait plus qu'une « mission politique spéciale », constituée de civils, basés à Bamako uniquement.

Pour des raisons de sécurité, aucun staff onusien ne serait plus déployé à l'intérieur du pays. Cette option impliquerait une coordination importante avec l'armée malienne pour éviter les zones de vide sécuritaires.

Le pré-rapport onusien anticipe une baisse importante du coût de la mission, si cette option était retenue, mais également une « dégradation sérieuse de la situation sécuritaire » dans le pays.

Le rapport définitif doit être présenté d'ici la fin du mois aux membres du Conseil de sécurité de l'ONU. « La situation actuelle n'est pas viable », précise le projet consulté par RFI, qui précise que la mission onusienne « a fait de son mieux » mais est aujourd'hui « au-delà de ses limites ».

 

Burkina Faso: l'armée libère une soixantaine de femmes enlevées à Arbinda

 

Fin du calvaire pour la soixantaine de femmes enlevées par des terroristes présumés la semaine dernière jeudi 12 et vendredi 13 janvier à Arbinda dans le nord du Burkina Faso. Retrouvées ce vendredi à bord d’un bus dans la région du centre nord, elles sont arrivées dans la soirée dans la capitale où elles ont été accueillies par les autorités. La Radio-Télévision du Burkina a diffusé des images de ces femmes, libérées et ramenées à Ouagadougou, évoquant une « opération » des forces armées. 

Les femmes enlevées à Arbinda ont été retrouvées au cours d’une opération de contrôle routier. Le bus qui les transportait a été arrêt à un poste de contrôle des forces de sécurité intérieures dans la commune de Tougouri, à environ 70 km de Kaya dans la région du Centre-Nord. 

« C’est pendant qu’ils vérifiaient les identités des passagers d’un bus que les gendarmes ont été attirés par le nombre de femmes et ils se sont aperçus que c’étaient les disparues d’Arbinda », expliquent plusieurs sources que RFI a pu joindre.  

Les passagers du bus ont été transférées à Kaya, d’où un appareil des forces armées les héliportées à Ouagadougou. Au total soixante-six femmes âgées de 00 à 55 ans, dont 4 nourrissons. Les ex-otages ont été accueillies par les membres du gouvernement et la hiérarchie militaire à la leur arrivée dans la capitale.  

Selon nos sources, les enquêtes se poursuivent sur place à Kaya, avec des interrogatoires pour savoir leur lieu de départ et quel était leur destination finale. Aucune information pour l’heure sur le conducteur du bus, ni sur le bus lui-même. Ces femmes avaient disparu d’Arbinda alors qu’elles s’étaient rendues en brousse pour cueillir des feuilles et des fruits sauvages pour se nourrir.