Selon nos informations, le pôle pénal économique et financier du tribunal de première instance d’Abidjan-Plateau prévoit de renvoyer l’affaire du trafic de cocaïne devant la justice début 2023 – sauf changement de dernière minute. L’instruction est en effet presque terminée. Si les suspects sont reconnus coupables, ils risquent 5 à 20 ans de prison et de fortes amendes voire, la saisie de leurs biens.
Pas de confrontations
Mi-novembre, la justice ivoirienne a rejeté les demandes de liberté provisoire déposées par les conseils de plusieurs prévenus, les hommes d’affaires Dominique Amata, Hussein Taan et Richard Ghorayeb. Tous avaient donné des garanties financières et de représentation. Les confrontations entre les suspects, prévues au début d’octobre après qu’ils aient été auditionnés par le juge d’instruction Jean-Claude Koffi Aboya n’ont pas encore lieu.
La dernière interpellation dans ce dossier remonte au 25 octobre dernier, lorsque l’homme d’affaires ivoiro-libanais Abass Hamka avait été appréhendé. Les enquêteurs le suspectent d’être un proche de l’un des cerveaux du réseau, l’Italien Bartolo Bruzzaniti.
Dossier sensible
Après la saisie record de plus de deux tonnes de cocaïne en avril dernier à Koumassi (sud d’Abidjan) et à San Pedro, la deuxième ville portuaire du pays, les autorités avaient démantelé un réseau international qui avait fait de la Côte d’Ivoire une plaque tournante du trafic de drogue. Ce dossier sensible est suivi de près par le chef de l’État Alassane Ouattara, à qui les ministres Sansan Kambilé (Justice) et Téné Birahima Ouattara (Défense) font des points réguliers.
Entre février 2021 et avril 2022, au moins 4 tonnes de cocaïne d’une valeur pouvant atteindre 100 milliards de F CFA ont été saisies. Plusieurs suspects, y compris des hommes d’affaires très en vue et proches des cercles de pouvoir, ont été interpellés et placés en détention provisoire. L’État ivoirien a décrété une tolérance zéro.
De hauts gradés de la gendarmerie nationale en charge de l’enquête ont par ailleurs été interpellés en novembre dernier pour avoir participé à la dissimulation puis à la revente d’une partie d’un stock de cocaïne saisi en 2021 et évalué à environ 38 millions d’euros.