Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Trafic de cocaïne en Côte d’Ivoire : bientôt un procès 

L’enquête sur les ramifications d’un réseau de trafic de cocaïne entre l’Amérique du Sud, la Côte d’Ivoire et l’Europe est presque bouclée. Les suspects pourraient être jugés début 2023.

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 14 décembre 2022 à 15:01
 

 

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Saisie de cocaïne en Côte d’Ivoire, en avril 2022. © DGPN

 

Selon nos informations, le pôle pénal économique et financier du tribunal de première instance d’Abidjan-Plateau prévoit de renvoyer l’affaire du trafic de cocaïne devant la justice début 2023 – sauf changement de dernière minute. L’instruction est en effet presque terminée. Si les suspects sont reconnus coupables, ils risquent 5 à 20 ans de prison et de fortes amendes voire, la saisie de leurs biens.

Pas de confrontations

Mi-novembre, la justice ivoirienne a rejeté les demandes de liberté provisoire déposées par les conseils de plusieurs prévenus, les hommes d’affaires Dominique Amata, Hussein Taan et Richard Ghorayeb. Tous avaient donné des garanties financières et de représentation. Les confrontations entre les suspects, prévues au début d’octobre après qu’ils aient été auditionnés par le juge d’instruction Jean-Claude Koffi Aboya n’ont pas encore lieu.

À LIRETrafic de cocaïne en Côte d’Ivoire : premières auditions des hommes d’affaires suspectés

La dernière interpellation dans ce dossier remonte au 25 octobre dernier, lorsque l’homme d’affaires ivoiro-libanais Abass Hamka avait été appréhendé. Les enquêteurs le suspectent d’être un proche de l’un des cerveaux du réseau, l’Italien Bartolo Bruzzaniti.

Dossier sensible

Après la saisie record de plus de deux tonnes de cocaïne en avril dernier à Koumassi (sud d’Abidjan) et à San Pedro, la deuxième ville portuaire du pays, les autorités avaient démantelé un réseau international qui avait fait de la Côte d’Ivoire une plaque tournante du trafic de drogue. Ce dossier sensible est suivi de près par le chef de l’État Alassane Ouattara, à qui les ministres Sansan Kambilé (Justice) et Téné Birahima Ouattara (Défense) font des points réguliers.

À LIRETrafic de cocaïne : la Grande Loge de Côte d’Ivoire suspend deux de ses membres

Entre février 2021 et avril 2022, au moins 4 tonnes de cocaïne d’une valeur pouvant atteindre 100 milliards de F CFA ont été saisies. Plusieurs suspects, y compris des hommes d’affaires très en vue et proches des cercles de pouvoir, ont été interpellés et placés en détention provisoire. L’État ivoirien a décrété une tolérance zéro.

De hauts gradés de la gendarmerie nationale en charge de l’enquête ont par ailleurs été interpellés en novembre dernier pour avoir participé à la dissimulation puis à la revente d’une partie d’un stock de cocaïne saisi en 2021 et évalué à environ 38 millions d’euros.

Le Tchad remet 139 personnes en liberté après les manifestations du 20 octobre

 

139 prisonniers ont été libérés après les audiences tenues fin novembre et début décembre des manifestants du 20 octobre dernier contre la prolongation de la transition. Parmi les libérés de Koro-Toro, prison en plein désert à 600 km de la capitale, 59 détenus ont été relaxés pour infractions non constituées et les 80 condamnés avec sursis sont arrivés à Ndjamena dimanche 11 décembre.

Avec notre correspondant à Ndjamena, Madjiasra Nako

Ce dimanche en fin de journée, deux gros camions sont entrés dans la cour du ministère de la Justice. La centaine de personnes en sont descendues, engoncées dans des pulls gris, d’autres portant des bonnets de même couleur. Ces vêtements ont été cousus à partir d’un rouleau de couverture de survie mis à disposition par la Croix rouge pour lutter contre le froid glacial du désert tchadien.

Mahamat Allamine Al-Rachid, deuxième substitut du procureur de la République près le tribunal de Ndjamena, explique les circonstances de cette libération :

« Conformément aux décisions qui ont été rendues par le tribunal de grande instance de Ndjamena, ces gens à l’audience foraine à Koro Toro, aujourd’hui, les 139 personnes sont ramenées à Ndjamena et sont munis de leur ordre de liberté définitive. Et dès cette instance, ils sont libres de regagner leurs familles. »

Ensuite, le régisseur pénitencier procède à l’appel des anciens prisonniers.

Très peu de familles étaient là pour les accueillir, certains ont dû se débrouiller seuls pour rentrer chez eux. Il reste toujours 265 personnes détenues à Koro Toro : le conseil de l’ordre des avocats demande qu’elles soient ramenées dans la capitale pour la procédure en appel.

Exclusif – Burkina Faso : le voyage secret du Premier ministre à Moscou

Kyélem Apollinaire de Tambèla est parti le 7 décembre en Russie, via Bamako. Un déplacement à l’abri des regards, dont l’objectif suscite bien des interrogations.

Mis à jour le 10 décembre 2022 à 11:38
 

 

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Kyélem Apollinaire de Tambèla, Premier ministre de la transition au Burkina Faso. © DR

 

Il devait rencontrer les syndicats le 9 décembre à 8 heures. Mais la veille, en début de soirée, une note est envoyée in extremis aux rédactions : elle indique que Kyélem Apollinaire de Tambèla sera finalement remplacé par le président Ibrahim Traoré, sans plus d’explications.

La raison est en réalité assez simple : ce vendredi, le Premier ministre est à des milliers de kilomètres de Ouagadougou. Il est à Moscou, où il a voyagé dans le plus grand secret.

Escale à Bamako

Selon les informations de Jeune Afriquele chef du gouvernement de transition a quitté Ouagadougou le 7 décembre dans l’après-midi, après le traditionnel conseil des ministres hebdomadaire au palais de Kosyam.

Ce jour-là, un C 295 de l’armée de l’air malienne s’est posé vers 16 heures à l’aéroport de Ouaga. Il est envoyé par les autorités de transition maliennes pour amener Kyélem Apollinaire de Tambèla et une délégation burkinabè de onze personnes à Bamako. Parmi elles, des militaires et quelques ministres. L’appareil redécolle avec ses nouveaux passagers deux heures plus tard.

À LIRE« Complot » contre Traoré au Burkina : les dessous de l’opération qui a ciblé les quatre capitaines

Une fois à Bamako, ils partent en direction de Moscou dans la soirée – probablement à bord du vol Turkish Airlines, via Istanbul. Pourquoi ce passage par le Mali, avec l’appui des autorités maliennes ? Car elles jouent, ces dernières semaines, un rôle de facilitateurs entre leurs homologues burkinabè et Moscou. Objectif : convaincre Ibrahim Traoré de se rapprocher de la Russie, comme elles l’ont fait avant lui.

L’ombre de Wagner

Les raisons exactes du séjour de son Premier ministre et de sa délégation dans la capitale russe, où ils sont arrivés le 8 décembre et où ils étaient toujours ce samedi 10 décembre, sont encore méconnues.

À LIRE[Enquête] Le Burkina Faso dans le viseur de Wagner 

Selon une source régionale, Kyélem Apollinaire de Tambèla souhaiterait acquérir du matériel militaire. De leur côté, des responsables français considèrent que ce voyage pourrait, aussi, permettre de rencontrer des cadres de la société militaire privée Wagner, qui opère au Mali depuis fin 2021.

Contactée par JA, l’équipe du Premier ministre évoque une « visite privée », sans faire plus de commentaires.

Mali – Guinée : Alpha Condé et Karim Keïta sous sanctions des États-Unis

L’ancien président guinéen et le fils de l’ex-chef de l’État malien ont été placés sous sanctions du Trésor américain. Ils sont respectivement accusés de « violations des droits de l’homme » et de « corruption ».

Mis à jour le 9 décembre 2022 à 18:04

 
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Karim Keïta et Alpha Condé. © Montage JA : MICHELE CATTANI/AFP ; Vincent Fournier/JA

Le Trésor américain a publié le 9 décembre une liste de plus de quarante personnalités visées par des sanctions pour des faits de corruption et de violations des droits de l’homme. Parmi les cibles de l’Office of Foreign Assets Control (OFAC), l’organisme de contrôle financier du Département du Trésor, figure l’ancien président guinéen Alpha CondéRenversé par le colonel Mamadi Doumbouya le 5 septembre 2021, l’ancien chef de l’État guinéen est accusé « de graves violations des droits de l’homme pendant son mandat ».

À LIREGuinée : la justice de Mamadi Doumbouya à la poursuite d’Alpha Condé, sa famille, ses ministres et ses morts…

« Violences »

Pour justifier cette décision, le Trésor américain explique qu’au début de l’année 2020, et en pleine polémique autour du référendum constitutionnel visant à lui permettre de briguer un troisième mandat, Alpha Condé a « ordonné à plusieurs ministres de créer une unité de police pour répondre aux manifestants, en ayant recours à la violence si nécessaire ».

« Les violences contre les membres de l’opposition se sont poursuivies pendant et après l’élection présidentielle guinéenne d’octobre 2020 », ajoute le communiqué du Trésor qui explique qu’après le scrutin « les forces de sécurité auraient tué plus d’une douzaine de personnes ». Depuis le 21 mai, Alpha Condé se trouve à Istanbul où il a été évacué pour recevoir des soins.

« Pots-de-vin » et affaire Birama Touré

L’autre personnalité de premier plan visée par cette salve de sanctions est Karim Keïta. Le fils aîné de l’ex-président malien Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), lui aussi renversé par un coup d’État, en août 2020, est accusé de corruption. Ancien tout-puissant président de la Commission défense de l’Assemblée nationale, il aurait « utilisé sa position pour recevoir des pots-de-vin, attribuer des contrats à des sociétés affiliées qui lui ont ensuite versé des pots-de-vin, et détourner des fonds publics en surfacturant des contrats de matériel » entre 2014 et 2020.

Le Trésor l’accuse également d’avoir fait pression sur les fonctionnaires qui ne soutenaient pas ces pratiques et d’avoir, par la même occasion, organisé un système de pots-de-vin « pour soutenir la réélection de son père ». À l’époque où Karim Keïta présidait la Commission défense, censée être un outil de contrôle de la politique de défense et des dépenses engagées par le gouvernement, l’instance est en effet restée étonnamment silencieuse sur plusieurs dossiers.

À LIREMali : « Air IBK », la querelle des magistrats et l’ombre de Goïta

Dès 2014, le Bureau du vérificateur général (BVG) du Mali a pointé des anomalies concernant l’achat d’un avion présidentiel. Un dossier dans lequel plusieurs personnalités seront citées par la suite. Le BVG évoque quelque 28,5 milliards de F CFA (un peu plus de 43 millions d’euros) d’irrégularités de gestion.

À l’époque, selon un rapport de l’ONG Transparency international publié en 2019, plusieurs contrats relatifs à l’achat d’armements n’ont pas fait l’objet d’un examen par la commission parlementaire concernée. Sans être illégale, cette absence de contrôle soulève des questions quant au manque de transparence de l’État en matière de contrats d’armement. Depuis la chute d’IBK, Karim Keïta s’est réfugié en Côte d’Ivoire. Il y dirige, selon le Trésor américain, la société Konijane Strategic Marketing.

L’OFAC évoque également une autre affaire dans laquelle le fils de l’ancien président serait impliqué. Selon le parquet de Bamako, Karim Keïta aurait en effet joué un rôle dans la disparition, en 2016, du journaliste malien Birama Touré. Le Mali, qui a saisi Interpol pour demander l’émission d’un mandat d’arrêt international, soupçonne le fils d’IBK d’être le commanditaire de l’enlèvement du journaliste qui, selon plusieurs témoignages, serait décédé dans les geôles de la sécurité d’État.

Sénégal: le journaliste Pape Alé Niang entendu par la justice pour la première fois

 

Au Sénégal, le journaliste Pape Alé Niang a été entendu vendredi 9 décembre pour la première fois par le juge d’instruction, plus d’un mois après son arrestation le 6 novembre. Le patron du média privé Dakar Matin, connu pour ses critiques envers le pouvoir du président Macky Sall, est notamment accusé de « diffusion d’informations militaires » et « diffusion de fausses nouvelles ». Sa défense a déposé une demande de mise en liberté provisoire.

 

Avec notre correspondante à Dakar, Charlotte Idrac

L’audition a duré un peu plus de deux heures, et « cela s’est très bien passé », affirme sa défense. Pape Alé Niang a entamé une grève de la faim le 2 décembre pour protester contre son « emprisonnement injuste et arbitraire ». Il reste déterminé, selon Maître Moussa Sarr, l’un de ses avocats :

« Pape Alé Niang est éprouvé, il a entamé une grève de la faim, mais malgré cela, il a fait preuve de courage, de résilience et d’humilité, et a répondu avec pertinence à toutes les questions, en démontrant le mal-fondé des infractions pour lesquelles il est poursuivi. Mais nous avons bon espoir que notre demande de liberté provisoire connaîtra une suite favorable. »

Sans entrer dans les détails de l’audition, au nom du secret de l’instruction, Maître Moussa Sarr souligne que Pape Alé Niang n’a pas été questionné sur un rapport interne de la gendarmerie, en lien avec la procédure judiciaire visant l’opposant Ousmane Sonko. Les associations de presse nationales et internationales demandent la libération immédiate du journaliste.

« La liberté de la presse est garantie au Sénégal », avait assuré de son côté le ministre de la Communication devant l’Assemblée nationale le 19 novembre, en ajoutant « il ne faut pas confondre liberté de la presse et anarchie ».