Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Air Côte d’Ivoire, Royal Air Maroc, Air Sénégal : les compagnies africaines au défi de la formation

Dans un contexte mondial de pénurie de main-d’œuvre affectant le secteur aérien, les compagnies du continent, qui se révèlent souvent moins attractives pour les professionnels internationaux, ont plus que jamais besoin de disposer de leur propre vivier de talents nationaux.

Mis à jour le 21 novembre 2022 à 12:25
 

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Ethiopian Airlines est l’une des seules compagnies africaines à disposer de son propre centre de formation. © Ethiopian Aviation Academy

 

 

« La demande de pilotes dépassera l’offre dans la plupart des régions du monde entre 2022 et 2024 – et continuera de s’aggraver au cours de la prochaine décennie. Nous prévoyons maintenant que l’aviation mondiale manquera de près de 80 000 pilotes d’ici 2032, en l’absence d’une baisse de la demande future et/ou d’efforts vigoureux de la part de l’industrie pour renforcer l’offre de pilotes », écrivent Geoff Murray et Rory Heilakka, associés du cabinet de conseil américain Oliver Wyman, dans une note datée de juillet 2022.

Pour l’instant, cette pénurie touche essentiellement les États-Unis, qui ont usé et abusé des licenciements et des mises à la retraite anticipée au plus fort de la crise du Covid, et qui font face à une reprise plus rapide que prévu.

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Salaires souvent moins élevés

Mais la situation finit forcément par avoir des répercussions en Afrique où « le nombre de pilotes locaux étant inférieur aux besoins, la plupart des compagnies ont massivement recours à des pilotes expatriés », comme l’explique à Jeune Afrique Romain Ekoto, responsable de l’aviation à la Banque africaine de développement (BAD).

« Aux États-Unis, en Europe, l’aéronautique recrute de nouveau à tour de bras, mais la pénurie de talents contraint à une surenchère des salaires et les entreprises duc secteur débauchent à qui mieux mieux les salariés de la concurrence… Il est difficile pour les sociétés africaines de rivaliser », relève Alexandra Guillot, spécialiste du recrutement dans le secteur de l’aérien, basée au Cap.

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Même si les contrats sont très disparates d’une compagnie à l’autre – et parfois au sein même des transporteurs –, les compagnies aériennes offrent, en moyenne, des salaires moins élevés que leurs homologues occidentales. « Elles attirent, néanmoins, essentiellement deux profils de pilotes : des seniors en deuxième phase de carrière, qui veulent du changement, ou de tout jeunes diplômés, dont le but est de faire des heures et qui utilisent cette expérience comme tremplin pour la suite de leur parcours », développe Romain Ekoto.

Ethiopian et la RAM championnes de la formation

« Conscientes qu’elles ne peuvent pas rivaliser sur les questions salariales, les compagnies africaines cherchent à attirer les candidats avec d’autres arguments, notamment les avantages matériels – maison, etc – dont ils pourraient bénéficier », explique un professionnel du secteur. Dans un contexte de tension, cependant, elles aussi devront passer à la caisse pour conserver leurs professionnels, notamment les expatriés, plus mobiles que la main-d’œuvre locale (voir encadré).

Les seules compagnies à échapper à cette mécanique implacable sont celles qui ont pu former leurs propres personnels. Ethiopian Airlines, propriétaire de l’emblématique Ethiopian Academy, en est l’exemple le plus probant. On peut s’y former en maintenance aéronautique en 22 mois, pour 24 100 dollars (logé, nourri, blanchi), y obtenir sa licence de pilote commercial (20 mois de formation, 70 000 dollars) ou devenir membre d’équipage en quatre mois, moyennant 5 400 dollars.

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« La Royal Air Maroc maintient aussi un niveau très élevé de qualification pour son personnel, même si elle a externalisé la formation, auparavant assurée par la RAM Academy », relate Ibra Wane, ancien cadre de la compagnie marocaine, désormais directeur général de Aviation et compagnie (Groupe Avico).

SEULES LES COMPAGNIES QUI VEILLENT AUX COMPÉTENCES ONT PU S’ASSURER UNE CERTAINE LONGÉVITÉ

Selon lui, à l’exception de ces deux compagnies et d’Egyptair, le continent souffre d’un manque criant de formation « à tous les niveaux, tant dans les airs qu’au sol et au sein des bureaux ». »C’est un point essentiel, bien que souvent négligé, qui explique en grande partie les échecs répétés des compagnies aériennes dans nos pays, martèle-t-il. Les problèmes conjoncturels comme l’inflation et le prix du carburant concernent tout le monde. Mais les compagnies qui veillent aux compétences-métiers – c’est-à-dire à un triptyque formation-technicité-expérience – comme Ethiopian, la RAM et quelques autres, ont pu les dépasser et s’assurer une certaine longévité », poursuit-il, jugeant qu’aujourd’hui ce sont « Asky et Air Côte d’Ivoire qui suivent les tracent de leurs “aînés” et assurent avec intelligence et pragmatisme le maintien et le développement de la maîtrise des fondamentaux du transport aérien. »

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Si les 4 000 étudiants (toutes formations confondues) d’Ethiopian Academy contribuent essentiellement à alimenter une compagnie en continuelle expansion, ses modules sont ouverts aux inscriptions indépendantes et aux étudiants sponsorisés par des compagnies étrangères. Mais elles sont adaptées à la flotte du pavillon éthiopien : si toute la gamme Boeing y est représentée, ainsi que les Q400 de Bombardier, aucun module n’est consacré aux Airbus A220 ou A330 choisis par Air Sénégal ou Air Côte d’Ivoire ou encore aux Embraer, largement présents dans les flottes du nigérian Air Peace, de Kenya Airways ou du sud-africain Airlink. Pour pallier ce problème, Air Côte d’Ivoire, épaulé par la BAD (via un prêt FAD de 3,5 millions d’euros) et Airbus (qui a accepté en juin 2018 de s’engager à hauteur de 3,6 millions d’euros), a lancé dès 2017 un ambitieux programme à 12,9 millions d’euros visant à former, sur la période 2017-2026, 77 pilotes et 120 techniciens aéronautiques.

Nécessaire collaboration

Objectif affiché par la compagnie : passer de 20 % à 60 % de pilotes et de techniciens locaux dans ses effectifs. La phase théorique de ce programme est assurée par l’Institut national polytechnique Félix Houphouët-Boigny, les candidats se rendant en Belgique pour le volet pratique, confié à Belgian Flight School. Trente et un pilotes et 22 techniciens ont déjà bénéficié du programme, selon le ministre ivoirien des Transports, Amadou Koné. Ils s’ajoutent à la dizaine de pilotes de nationalité ivoirienne formés à l’étranger et déjà employés par la compagnie, précisait en octobre à Jeune Afrique le PCA du pavillon national, le général Abdoulaye Coulibaly.

IL SUFFIT DE QUELQUES CENTRES BIEN OUTILLÉS ET STRATÉGIQUEMENT SITUÉS POUR IRRIGUER TOUT LE CONTINENT

Le Plan Sénégal émergent prévoit également la création d’un centre de formation pour Air Sénégal, tandis qu’à Zaira le Nigerian College of Aviation Technology propose des formations plus ou moins longues dans tous les domaines du secteur.

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« Chaque compagnie n’a pas besoin d’avoir son propre centre de formation », estime Ibra Wane, selon lequel « il suffit de quelques centres bien outillés et stratégiquement situés pour irriguer tout le continent ». « Si les compagnies apprennent à collaborer pour envoyer leurs personnels à la RAM, chez Ethiopian ou encore sur les simulateurs Airbus en Afrique du Sud, elles verront leur budget de formation diminuer considérablement. Cela vaut aussi pour la maintenance, l’achat de pièces détachées ou la négociation face aux avionneurs », assure cet ancien d’Air Afrique, qui rappelle que la défunte compagnie panafricaine gérait ses propres centres de formation pour certains métiers de l’aéronautique, tant pour elle même que pour d’autres compagnies, et dotait les pilotes de bourses afin qu’ils suivent une formation à l’étranger.

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« Il y a encore, sur le terrain, des anciens d’Air Afrique capables de former en interne les nouvelles générations, mais ils sont de moins en moins nombreux », constate Alexandra Guillot.

« L’ubuesque paradoxe » de l’Afrique australe

En 2017, l’Airlines Association of Southern Africa (AASA) s’inquiétait d’une pénurie de compétences risquant de mettre à mal le développement d’un secteur aérien florissant. Mais le Covid-19 a fait des ravages dans la région, ayant eu raison de Comair-Kulala et d’Air Namibia, tandis que South African Airlines est passé de 80 à 4 avions, et que sa filiale à bas coût Mango est clouée au sol depuis plus d’un an, laissant des milliers de personnels sur le carreau.

Si ces professionnels semblent pour l’heure avoir le choix entre l’exil et la reconversion, la mobilité géographique ne va pas de soi, constate Alexandra Guillot, spécialiste du recrutement dans le secteur de l’aérien, basée au Cap. « Outre la question des visas, les licences des pilotes et des ingénieurs posent aussi problème, car elles sont délivrées par les autorités civiles nationales et ne sont pas forcément reconnues hors des frontières »

Conséquence, « on se retrouve dans une situation ubuesque, avec des gens qualifiés et expérimentés de ce côté-ci du monde, sans travail, et en Europe ou aux États-Unis, de plus en plus de postes qui ne trouvent pas preneurs », relate l’experte. Si les départs vers les pays du Golfe semblent plus facile, Alexandra Guillot constate surtout un départ massif vers d’autres industries.

Union africaine : Déby Itno, Kagame, Tebboune… Qui sera au sommet de Niamey ?

Les préparatifs se poursuivent au Niger, où l’UA tiendra, du 20 au 25 novembre, un sommet sur l’industrialisation en Afrique. Le président Mohamed Bazoum attend une vingtaine de ses homologues.

Mis à jour le 17 novembre 2022 à 13:21
 

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Lors du sommet de l’UA, le 27 mai 2022 à Malabo. © AFP

 

Le rendez-vous, qui aura lieu au Centre de conférences Mahatma Gandhi de Niamey, a prévu d’aborder les thèmes de la diversification économique, des partenariats public-privé, du développement des secteurs touristiques ou miniers et, surtout, du libre-échange continental.

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La zone de libre-échange continentale (Zlecaf) sera en effet au centre des attentions et une déclaration politique des chefs d’État de l’UA est attendue à la fin du sommet afin de réaffirmer les ambitions de l’organisation panafricaine. Sur le continent, seule l’Érythrée n’a pas signé l’accord, tandis que dix autres pays doivent encore le ratifier (Bénin, Botswana, Comores, Liberia, Libye, Madagascar, Mozambique, Somalie, Soudan du Sud et Soudan).

23 chefs d’État attendus

Selon nos sources, 23 chefs d’État ont mis Niamey à leur agenda, parmi lesquels le Comorien Azali Assoumani, le Nigérian Muhammadu Buharile Tchadien Mahamat Idriss Déby Itnole Bissau-Guinéen Umaro Sissoco Embalóle Mauritanien Mohamed Ould Ghazouani, le Togolais Faure Essozimna Gnassingbé, le Rwandais Paul Kagame, le Botswanais Mokgweetsi Masisile Sénégalais Macky Sall (également président en exercice de l’UA), l’Algérien Abdelmadjid Tebbounele Centrafricain Faustin-Archange Touadéra et le Libérien George Weah.

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Le Djiboutien Ismaïl Omar Guelleh et le Congolais Denis Sassou Nguesso sont également attendus mais n’ont pas définitivement confirmé leur présence, tout comme le Tunisien Kaïs Saïed. Ce dernier a prévu de préciser ses intentions la veille du rendez-vous de Niamey, lors du sommet de la Francophonie à Djerba (qui aura lieu les 19 et 20 novembre), en Tunisie, où il doit rencontrer son homologue nigérien Mohamed Bazoum.

Alassane Ouattara absent

Des doutes subsistent également sur la venue de Félix Tshisekedi (RDC), Ali Bongo Ondimba (Gabon) et João Lourenço (Angola). Comme l’Égyptien Abdel Fattah al-SissiAlassane Ouattara ne sera en tout cas pas présent en terres nigériennes. Selon nos sources, le chef de l’État ivoirien a en effet déjà annoncé aux organisateurs qu’il enverrait pour le représenter son vice-président, Tiémoko Meyliet Koné.

D’après nos informations, les présidents présents à Niamey seront logés au sein des villas de la Cité de l’Union africaine ainsi que dans les trois principaux hôtels de luxe de la capitale, à savoir le Radisson Blu, construit par le turc Summa, le Bravia, financé par le groupe indien éponyme, et le Noom du panafricain Mangalis Group.

Algérie : une chaîne fermée pour « atteinte aux mœurs publiques »

La chaîne de télévision privée El Adjwaa TV a été définitivement fermée ce lundi 14 novembre pour avoir diffusé un film dans lequel un couple s’embrassait. Ces mesures d’interdiction se multiplient et certains professionnels y voient le signe d’un durcissement général de la société.

Mis à jour le 16 novembre 2022 à 18:15
 
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Sur la cinquantaine de chaînes privées qui avaient été créées en Algérie après l’ouverture du champ audiovisuel en 2012, six seulement avaient reçu une licence et un agrément provisoire. Image d’illustration. © Getty Images

 

 

La chaîne de télévision privée algérienne El Adjwaa TV a été définitivement fermée ce lundi 14 novembre par l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (Arav). Cette décision intervient après que la chaîne a diffusé, la veille, un film comportant des « scènes offensantes et contraires aux valeurs de notre société et à notre religion », selon les termes du communiqué de l’Arav. Ces « violations » sont « liées principalement au non-respect des spécificités de la société algérienne, ainsi qu’aux atteintes aux mœurs publiques, à travers la diffusion de contenus à caractère immoral et de scènes contraires aux valeurs sociétales », a ajouté le gendarme de l’audiovisuel.

Dans un autre communiqué diffusé sur sa page Facebook, la chaîne incriminée reconnaît « une grave erreur », prend acte de sa fermeture définitive tout en présentant ses excuses à « [ses] téléspectateurs et à l’ensemble du peuple algérien ». La scène à l’origine de l’arrêt définitif de la chaîne se passe dans un décor de chambre à coucher. Un homme habillé en short embrasse une femme dont il vient de dégrafer le soutien-gorge, laissant apparaître en partie un sein.

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Chaîne de télévision généraliste lancée le 5 octobre 2013 et basée à Londres, El Adjwaa TV est la propriété de Bouchakor Zoubiri, également propriétaire du journal El Adjwaa, qu’il avait créé en 2006 à Oran. Cet homme d’affaires était réputé proche de Miloud Chorfi, ancien journaliste et ancien député et cadre du RND (Rassemblement national démocratique). Décédé en févier 2017, Miloud Chorfi était également sénateur du tiers présidentiel et surtout ex-président de l’Autorité de régulation de l’audiovisuel.

La même scène il y a 50 ans

Pour le réalisateur Bachir Derrais, dont le biopic à 6 millions d’euros sur Larbi Ben Mhidi, héros de la Révolution algérienne, est bloqué depuis des années par les autorités, le pouvoir obéit simplement aux « diktats de la société ». « Les décideurs ont cédé à la pression des masses populaires », écrit le cinéaste sur sa page Facebook. « Cette chaîne a diffusé un vieux film d’action avec une vieille copie DVD à peine visible et dans l’une des scènes de ce film, on voit un couple s’embrasser.

En quelques heures à peine, cette histoire a provoqué un tollé sur les réseaux sociaux » au motif que « la chaîne a diffusé un film pornographique », poursuit Bachir Derrais, qui conclut son commentaire en rappelant qu’il y a 50 ans, un réalisateur algérien, Moussa Haddad en l’occurrence, filmait presque la même scène dans le film Les Vacances de l’inspecteur Tahar.

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Ce n’est pas la première fois que les autorités algériennes décident de fermer une chaîne de télévision. Au mois d’août 2021, deux autres chaînes satellitaires basées à l’étranger avaient été définitivement fermées. Lancée en octobre 2020, Lina TV, chaîne généraliste de droit privé, avait été fermée au motif qu’elle n’avait « jamais bénéficié de l’agrément préalable pour l’exercice de son activité audiovisuelle en Algérie » et travaillait donc « en dehors des cadres juridiques en vigueur », selon le ministère de la Communication.

De nombreux précédents

Al Djazairia One, quant à elle, a été fermée le 23 août 2021 pour des « violations professionnelles » principalement « liées au non-respect des exigences de sécurité publique », comme indiqué dans son rapport par le gendarme de l’audiovisuel algérien, qui soulignait au passage des « violations » en terme d’obtention d’actions dans le marché de l’audiovisuel. Un mandat d’arrêt contre « les frères fondateurs, propriétaires et dirigeants de la chaîne », avait même été lancé pour « blanchiment d’argent » et pour des faits liés aux « mouvements de capitaux depuis et vers l’Algérie ».

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À la même époque, El Bilad TV s’était vue retirer son accréditation provisoire en raison de « violations répétées des dispositions édictées dans la loi relative à l’activité audiovisuelle », notamment ses articles 48 et 103. Pour sa part, El Hayat TV a écopé d’une semaine de suspension après la diffusion d’une émission politique dans laquelle l’ancien député Noureddine Aït Hamouda avait mis en doute « le patriotisme » de l’émir Abdelkader, « figure nationale » dont l’effigie orne les billets de banque depuis des lustres.

Créée en septembre 2015 et installée en juin 2016, l’Autorité de régulation de l’audiovisuel est une instance algérienne indépendante chargée de l’organisation du domaine de l’audiovisuel en Algérie. Composée de neuf membres, l’Arav se donne pour mission de « veiller au libre exercice de l’activité audiovisuelle, à l’impartialité, à la transparence et au respect des valeurs et des principes de la société algérienne ». Elle est actuellement dirigée par Mohamed Louber, ancien journaliste de la Radiodiffusion-télévision algérienne (RTA) et ancien directeur d’El Moudjahid. Mohamed Louber est également enseignant à la faculté de droit d’Alger et conseiller en droit de l’audiovisuel.

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Actuellement, l’Algérie dispose de neuf chaînes de télévision publiques, toutes filiales de l’Établissement public de télévision (EPTV), anciennement Enterprise nationale de télévision (ENTV). Après l’ouverture du champ audiovisuel, en 2012, une cinquantaine de chaînes privées avaient été créées, mais six seulement avaient reçu une licence et un agrément provisoire pour l’ouverture de représentations en Algérie. Les principales chaînes privées sont aujourd’hui Ennahar TV, Echorouk TV et El Bilad TV, toutes filiales des journaux Ennahar, Echorouk et El Bilad, réputés proches du pouvoir.

« Off-shore » et sans statut juridique

Installées en Algérie, ces chaînes émettent à partir de l’étranger grâce à des bandes passantes mais, dépourvues de statut juridique, ces entreprises, qui opèrent en Algérie, ne sont pas pour autant de droit algérien. C’est à ce titre, par ailleurs, que le ministre de la Communication, Mohamed Bouslimani, a annoncé le 17 août dernier l’acquisition d’un transpondeur, qui permet désormais la domiciliation de la majorité des chaînes de télévision privées via l’entreprise Télédiffusion d’Algérie (TDA). Il précise toutefois que l’opération ne sera parachevée qu’en février prochain, en finalisant les « procédures de domiciliation de ces chaînes qui seront définitivement de droit algérien ».

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En attendant les deux projets de loi sur l’information et l’audiovisuel qui tardent à voir le jour, Ammar Bendjedda, assistant au DG de l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (Arav), expliquait au mois d’août dernier au très officiel El Moudjahid que la nouvelle loi sur l’audiovisuel avait un double objectif : « en finir avec l’anarchie qui n’a que trop duré dans ce secteur » et « algérianiser ces chaînes off-shore », qui doivent absolument se conformer à la législation algérienne.

Ghana: le secrétaire d'État aux Finances limogé après des accusations de corruption

 

Malaise au sein du gouvernement du Ghana après la diffusion lundi 14 novembre d'un documentaire à charge visant l'ancien secrétaire d'État aux Finances. Dans le film réalisé par le journaliste d'investigation Anas Aremeyaw Anas, Charles Adu Boahen se vante de sa proximité avec le vice-président et offre un accès aux mines d'or du pays aux supposés investisseurs, en échange d'une commission. Des allégations qui lui ont coûté son poste.

Dans le documentaire, filmé à son insu, Charles Adu Boahen promet d’user de son influence pour obtenir une rencontre avec le vice-président à des journalistes ghanéens qui se font passer pour des investisseurs. Cette mise en relation a un coût : 200 000 dollars, voire plus, pour compenser également les cinq ou six frères et sœurs du vice-président.

L'intéressé a nié fermement : « Mon atout le plus précieux dans la vie est mon intégrité et je ne permettrai à personne d'utiliser mon nom pour se livrer à de la corruption », a insisté le vice-président.

20% de l'investissement...

Dans un autre passage du film « Galamsey Economy », Charles Boahen propose aux supposés investisseurs d'investir 500 millions de dollars au Ghana et ajoute qu'il prendra 20% de l'investissement.

Pour l'heure, Charles Adu Boahen n'a fait aucun commentaire.

Réalisé par le célébré journaliste d'investigation Anas Aremeyaw Anas, le film dénonce les pratiques des « Galamsey », des mineurs d'or illégaux qui revendent leurs butins à des intermédiaires, qui se tournent ensuite vers l'exportation.

Cette affaire intervient à l'heure où le président est sous le feu des critiques pour sa gestion de la crise économique, lui qui cherche notamment à solliciter un prêt très controversé avec le FMI.

Le Ghana s'était engagé en 2017 à ne plus faire appel au FMI, mais acculé par la dette, il revient sur ses promesses.23..

Tchad: premier procès de manifestants arrêtés lors des événements du 20 octobre

 

Près de 1 400 personnes ont été arrêtées le 20 octobre et les jours suivants, selon le comité de l'ONU contre la torture. Ndjamena le 20 octobre 2022. AP

 

Ce mardi 15 novembre s’est ouvert en fin de matinée le premier procès de manifestants arrêtés le 20 octobre dernier à Mongo, dans la province du Guera, dans le centre-sud du pays. Ce jour-là, des marches contre les autorités ont donné lieu à un bain de sang, faisant officiellement 50 morts et 300 blessés dans le pays. Bien davantage selon l'opposition et d'autres organisations 

Douze personnes devaient être jugées, mais ils ne sont finalement que 11 inscrits au rôle du tribunal d'instance de Mongo devant lequel ils comparaissent. Ils sont jugés pour « attroupement non armé et rébellion » pour ce premier procès lié aux manifestations du 20 octobre dernier.

Les accusés faisaient partie de groupes de plusieurs dizaines de jeunes sortis dans les rues le 20 octobre au matin. Comme dans d'autres villes du Tchad, ils avaient été dispersés par la police, à coup de gaz lacrymogènes

Il y avait eu des blessés et des arrestations, mais aucun mort n'avait été à déplorer dans le chef-lieu provincial du Guera 

Pas de date de procès à Ndjamena

Au total, dans le pays, près de 1 400 personnes ont été arrêtées ce jour-là et les suivants, selon le comité de l'ONU contre la torture.

Le gouvernement a fini par reconnaitre, vendredi 11 novembre, par la voix du ministre de la Justice, que 621 personnes avaient été auditionnées à la prison de haute sécurité de Koro Toro, dans le nord du pays, dont 82 mineurs.

Mahamat Ahmat Alhabo a expliqué à la presse que 401 de ces détenus arrêtés, selon lui en situation de flagrant délit, avaient vu leurs dossiers transmis au parquet de Ndjamena, et que 137 visés par des charges plus lourdes étaient encore en cours d'instruction. À Ndjamena, aucune date n'a encore été fixée pour un procès

Cette procédure judiciaire inquiète en tout cas l'ordre des avocats du Tchad. Elle ne respecte pas les règles, déclarait lundi le bâtonnier, Me Djerandi Laguerre Dionro.

Par une mission effectuée dans la prison de Koro Toro dans le désert, il a été procédé à des enquêtes préliminaires, à des déferrements, à des placements sous mandat de dépôt alors qu’on est hors des délais de garde à vue, tout cela s’est passé sans assistance d’avocat, mettant ainsi en cause le respect du droit de la défense. La maison d’arrêt de Koro-Toro, dite de haute sécurité, est destinée aux personnes condamnées. Mieux, elle ne relève pas du ressort du tribunal de grande instance de Ndjamena

MAITRE DJERANDI LAGUERRE DIONRO