Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Mamane : « Les politiciens viennent aux affaires pour prendre l’argent »

Qui est responsable de la résurgence des coups d’État en Afrique de l’Ouest ? Pour l’humoriste nigérien, c’est une certitude : la faute en incombe d’abord aux leaders politiques.

Mis à jour le 31 décembre 2022 à 10:03
 
 
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L’humoriste nigérien Mamane. © MONTAGE JA; HUG TIADJI

 

L’ACTU VUE PAR – L’humoriste nigérien, créateur de la République très très démocratique du Gondwana, a fait de la gouvernance du continent son sujet de prédilection. Et derrière ses traits d’humour faussement naïfs se cache, toujours, un critique acerbe des travers des leaders politiques, qu’ils soient au pouvoir ou non.

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Jeune Afrique : le 17 décembre se sont tenus les Awards du rire africain, pour la seconde fois, événement que vous avez créé. Quel est l’enjeu de cette cérémonie ?

Mamane : Notre ambition est d’en faire un équivalent d’un Oscar de l’humour pour le continent. Il était important pour nous que l’événement revête une dimension panafricaine. C’est dans mon ADN, je suis né au Niger, j’ai vécu en Côte d’Ivoire et au Cameroun. Nous avons commencé en 2015 par un festival à Abidjan, puis le parlement du rire. Les Awards du rire africain semblaient être la suite logique.

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En Afrique francophone, nous avons cette chance d’avoir une langue en commun. Comme le disait l’écrivain algérien Kateb Yacine, « le Français est notre butin de guerre ». Aujourd’hui, une nouvelle génération d’humoristes émerge, un véritable écosystème est né et nous voulons l’encourager. C’est pourquoi nous sommes également en train de monter une école de comédie et des arts à Niamey.

Mauvaise gouvernance, corruption, atteintes à la démocratie sont autant de sujets que vous traitez  avec humour. Pensez-vous que ces maux expliquent, au moins en partie, la résurgence de coups d’État sur le continent ?

Avant toute chose, il faut être très clair et rappeler qu’à chaque coup d’État, on casse les jambes à la démocratie naissante en Afrique et l’on opère un retour en arrière de plusieurs décennies. La place des militaires est dans les casernes. Au lieu de défendre leur pays, les putschistes retournent les armes achetées avec l’argent du peuple contre le peuple, pour se protéger du peuple.

En tant que Nigérien, je connais ça et je veux redire la répulsion que cela provoque en moi. Mais il faut évidemment se demander pourquoi les putschs surviennent. Les principaux responsables sont les politiciens professionnels qui viennent aux affaires pour prendre l’argent, au lieu de servir le peuple.

Certains de ces dirigeants se maintiennent au pouvoir pendant plusieurs décennies, quitte à s’arranger avec la limitation des mandats. C’est un sujet sur lequel vous n’êtes pas tendre non plus dans vos chroniques.

Au Gondwana, nous avons une règle. Deux mandats, de 99 ans ! C’est plus pratique ! En Afrique, les hommes politiques essaient de se maintenir au pouvoir parce qu’ils savent que lorsqu’ils partiront, ils devront rendre des comptes. C’est comme un gamin qui aurait fait pipi au lit et ne veut pas en sortir pour ne pas que ça ne se voie.

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Dans un monde idéal, à quoi ressemblera la République très très démocratique du Gondwana dans dix ans ?

Dans un monde idéal elle n’existerait plus ! Elle serait devenue la République du Yafoy, du « tout va bien » ou « il n’y a pas de problème », en langue dioula.

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Le Gondwana, c’est le contre-exemple de ce que devraient être nos pays africains. Il cumule tous les travers que l’on observe aujourd’hui en Afrique, la mal gouvernance, le manque d’hôpitaux, les dirigeants qui n’ont pas développé ces hôpitaux et vont se faire soigner en Suisse, l’absence d’écoles, de routes, ainsi de suite. Parfois j’entends des Africains se servir du Gondwana comme d’un repoussoir. Quand ils veulent dénoncer quelque chose, ils disent « on n’est pas au Gondwana ici ! », et cela me rend très fier.

Mali : 20 ans de prison pour les 46 soldats ivoiriens

Inculpés en août pour « tentative d’atteinte à la sûreté extérieure de l’État », les militaires ivoiriens ont été condamnés à 20 ans de prison ce vendredi au terme de deux jours de procès. Selon certaines sources, le président malien Assimi Goïta pourrait les gracier dans les heures ou jours à venir.

 
Mis à jour le 30 décembre 2022 à 20:33

 
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Des soldats des forces spéciales ivoiriennes défilent lors de la fête de l’Indépendance, en 2018 à Abidjan (illustration). © SIA KAMBOU / AFP

Ce vendredi 30 décembre, l’horizon s’est considérablement obscurci pour les 46 soldats ivoiriens détenus au Mali depuis près de six mois. Après deux jours de procès devant la Cour d’assises de Bamako, ils ont été condamnés à 20 ans de prison et à une amende de 2 millions de francs CFA chacun notamment pour « attentat et complot contre le gouvernement et atteinte à la sûreté extérieure de l’État », selon un communiqué du Procureur général de Bamako.

La sentence est encore plus lourde pour les trois femmes, libérées en septembre dernier. La Cour les a condamnées par contumace à la peine la plus lourde : la peine de mort et 10 millions d’amende chacune.

Le Mali accuse ces militaires venus dans le cadre d’opérations de soutien logistique à la Mission des Nations unies au Mali (Minusma), selon Abidjan, d’être « des mercenaires », ce que la Côte d’Ivoire a toujours vivement démenti.

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Une grâce en vue ?

Les juges se sont donc faits particulièrement sévères. Mais cette saga politico-judiciaire ponctuée de tensions et de négociations a encore une voie pour trouver un dénouement plus clément. Selon plusieurs sources, le président malien Assimi Goïta pourrait grâcier les 46 soldats dans les heures ou jours à venir. Une clémence qui aurait alors tout d’un compromis politique.

Ces derniers jours, alors que se rapprochait l’ultimatum de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), qui avait donné jusqu’à la fin de l’année aux autorités de la transition malienne pour libérer les militaires sous peine de nouvelles sanctions, la situation semblait se détendre.

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« Incident malheureux »

Il y a une semaine, une délégation conduite par Téné Birahima Ouattara, le ministre ivoirien de la Défense et frère du président Alassane Ouattara, s’était rendue à Bamako pour rencontrer le chef de la transition malienne, Assimi Goïta.

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Cette visite clé s’était également déroulée en présence du ministre togolais des Affaires étrangères, Robert Dussey. Même si d’autres canaux plus officieux avaient été activés, notamment via des chefs religieux ou des hommes d’affaires, la médiation de Lomé est toujours restée centrale, selon nos informations.

Si aucune information sur les négociations de la semaine dernière n’avait fait l’objet de fuites, la rencontre s’était voulue cordiale. Téné Birahima Ouattara avait qualifié l’affaire de « malentendu entre le Mali et la Côte d’Ivoire », tandis que le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, avait évoqué « un incident malheureux qui [avait] rendu les relations difficiles avec la Côte d’Ivoire ».

États-Unis : une mesure bloquant les migrants à la frontière américaine maintenue par la Cour suprême

Les faits 

La Cour suprême américaine a annoncé le maintien d’une mesure permettant d’expulser les migrants à la frontière, mardi 27 décembre. Activé par Donald Trump pendant la pandémie de Covid-19, ce dispositif est contesté par 19 États américains.

  • La Croix (avec AFP), 

 

États-Unis : une mesure bloquant les migrants à la frontière américaine maintenue par la Cour suprême
 
Des migrants passent la nuit dehors dans la ville frontalière d'El Paso au Texas, alors que les températures descendent sous 0°C, le 17 décembre 2022.AFP

La Cour suprême des États-Unis a annoncé mardi 27 décembre le maintien d’une mesure prise pendant la pandémie de Covid-19 permettant d’expulser les migrants à la frontière. La levée de cette politique, baptisée « Title 42 », était contestée par 19 États américains, qui craignaient un afflux de migrants à la frontière avec le Mexique.

En mars 2020, le gouvernement de l’ex-président Donald Trump avait activé ce dispositif sanitaire pour pouvoir expulser sans délai les migrants dépourvus de titre de séjour interpellés aux frontières terrestres, y compris les demandeurs d’asile potentiels.

« Inhumain »

Cette mesure d’expulsion est immédiate, ne permet pas de recours légal et ne prévoit pas de retour automatique dans le pays d’origine. De rares exceptions sont prévues, pour certaines nationalités comme les Ukrainiens depuis l’invasion de leur pays par la Russie, ou pour les mineurs non accompagnés.

Les militants des droits humains et les experts considèrent qu’il s’agit d’une violation des lois internationales. Ils estiment notamment « inhumain » d’empêcher un demandeur d’asile potentiel de formuler sa requête en ce sens. Pour eux, le dispositif actuel ne fait qu’encourager les migrants à franchir clandestinement la frontière et à prendre des risques toujours croissants pour y parvenir en traversant des déserts hostiles ou des fleuves propices à la noyade.

Batailles judiciaires

« Nous continuons à contester cette mesure horrible qui a causé tant de mal aux demandeurs d’asile », a déclaré l’avocat Lee Gelernt, qui plaidait contre cette procédure au nom de la puissante association de droits civiques ACLU. « Title 42 » a fait l’objet de plusieurs batailles judiciaires distinctes. Une juridiction de première instance puis une autre d’appel s’étaient prononcées pour son abrogation.

Pour l’association Refugees International, « la majorité des juges de la Cour suprême ont à présent approuvé dans les faits la perpétuation des refoulements, et seront responsables de ce que le tribunal de première instance avait qualifié de “tort irréparable”, qui est infligé aux demandeurs d’asile expulsés au nom du “Title 42” ».

En prévision d’une potentielle levée de la mesure, plusieurs communes à la frontière sud des États-Unis avaient commencé à installer des clôtures et des grillages. De nombreux migrants patientaient ces dernières semaines autour de la frontière, dans l’espoir de pouvoir déposer une demande d’asile aux États-Unis.

La mesure restera finalement en place jusqu’à ce que la Cour suprême tranche sur le fond de ce dossier. Elle entendra en février 2023 les arguments des deux parties et rendra sa décision au printemps prochain. Cela donne à l’administration Biden quelques mois supplémentaires pour se préparer à un potentiel afflux de migrants.

« Réforme en profondeur »

Au moment de quitter Washington pour partir en vacances, Joe Biden a déclaré que la fin du « Title 42 » aurait dû avoir lieu depuis longtemps, mais que son administration respecterait la décision de la Cour suprême en attendant sa décision finale, « en juin apparemment ». « Jusqu’à cette date, nous devons appliquer » la mesure, a ajouté le président démocrate.

Peu après l’annonce de la décision de la haute cour, la Maison-Blanche avait exhorté les élus à adopter une « réforme en profondeur » du système migratoire. Pendant sa campagne électorale, Joe Biden avait promis une refonte de la politique migratoire, mais tous les projets de loi sont enlisés au Congrès.

Sujet politique explosif

Son administration peine pour le moment à mettre en place une stratégie durable pour gérer les arrivées à la frontière avec le Mexique, longue de 3 000 km. Les arrivées clandestines à la frontière des États-Unis avec le Mexique battent actuellement des records, avec plus de 200 000 arrestations rien que pour le mois de novembre.

L’immigration est un sujet politique explosif aux États-Unis. L’opposition républicaine attaque sans relâche Joe Biden, accusé d’avoir transformé la frontière en passoire. La décision de la Cour suprême a d’ailleurs immédiatement été applaudie par le camp républicain. « Elle permettra d’éviter aux populations vivant à la frontière de sombrer dans le chaos le plus total », a salué l’élu texan Tony Gonzales.

Procès du 28-Septembre en Guinée: Moussa Dadis Camara se mure dans le silence

 

Au procès du massacre du stade de Conakry, la parole était aux parties civiles mercredi 21 décembre. Beaucoup moins expansif que les jours précédents, Moussa Dadis Camara a refusé de répondre à certaines questions des avocats. En tant que président de la transition à l’époque, il est, selon les parties civiles, l’un des principaux responsables de la répression sanglante du meeting de l’opposition qui a fait plus de 150 morts.

Avec notre correspondant à Conakry, Matthias Raynal

Sixième comparution et Moussa Dadis Camara a perdu de sa verve.

« Les bérets rouges sont-ils formés pour tuer ou pour le maintien de l’ordre ? » demande un avocat de la partie civile. « Je ne sais pas ». « Vous ne savez pas en tant que béret rouge… »

Le capitaine s’enferme dans le silence. « Mais sachez que, en droit et plus précisément ici dans ce procès, qui ne dit mot consent » : l’avocat répète cette phrase plusieurs fois. Comme pour souligner qu’en esquivant les questions, Moussa Dadis Camara risque bien de s’accuser lui-même. 

« Tous ces cadres relèvent de vous ! »

« Monsieur le président, suite au massacre, vous avez ordonné l’enlèvement de corps et le nettoyage du stade du 28-Septembre. C’était pour dissimuler les preuves ? » « Le stade est géré par un ministère, c’est la réponse à votre question », dit l’ancien président. « Je sais que le stade a un directeur, un ministre du Sport, mais tous ces cadres relèvent de vous ! » Dadis refuse de répondre, de nouveau.

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Moussa Dadis Camara semble déjà lassé, fatigué même par les questions des avocats. « Est-ce que vous êtes prêt à livrer votre part de vérité ? »  « Comme toujours. » « Capitaine Moussa Dadis Camara, à quel moment vous avez appris que les leaders allaient organiser un meeting d’information ? » « J’avais déjà parlé de ça, je ne veux plus revenir là-dessus. »

Le chef de la junte, au pouvoir entre 2008 et 2009, s’enferme dans le silence. Il s’accroche à sa version : le massacre du stade de Conakry a été, dit-il, « orchestré » par son aide de camp, son ministre de la Défense et le président Alpha Condé.

« Aucune institution républicaine n’a été attaquée »

« Vous avez parlé au pôle du juge d’instruction de la thèse d’un complot contre vous. Quand un chef d’État est victime d’un complot, il procède à l’arrestation immédiate des soi-disant comploteurs. Est-ce que vous l’aviez fait, Monsieur le président ? », demande un avocat des parties civiles. Dadis ne répond pas.

Le conseil poursuit : « La présidence n’a pas été attaquée, aucune institution républicaine n’a été attaquée, comment est-ce que vous expliquez ça ? Est-ce que ce n’est pas vous qui avez comploté contre les manifestants, Monsieur le président ? »

L’audience s’est terminée peu après 17h, l’affaire a été renvoyée au 9 janvier 2023. Le procès reprendra après les fêtes. Les avocats de la défense ne se sont pas encore exprimé. Moussa Dadis Camara devrait donc comparaître plusieurs fois encore.

En Côte d’Ivoire, perpétuité requise contre dix accusés de l’attentat de Grand-Bassam

Le procureur de la République, Richard Adou, a demandé la prison à vie, « une peine exemplaire et dissuasive », pour dix des accusés. Le verdict est attendu ce jeudi.

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 22 décembre 2022 à 12:50
 
 
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Les accusés de l’attentat de Grand-Bassam Cissé Hantao Ag Mohamed, Kounta Sidi Mohamed, Cissé Mohamed et Barry Hassan devant les juges, lors de l’ouverture du procès, le 30 novembre 2022 à Abidjan. © Sia Kambou/AFP



À l’issue d’un réquisitoire de plus de deux heures, mercredi à Abidjan, le procureur de la République, Richard Adou, a demandé la perpétuité, « une peine exemplaire et dissuasive », pour les quatre accusés de l’attentat jihadiste de Grand-Bassam, dont les quatre présents physiquement au procès qui a débuté fin novembre. Il a également demandé la peine maximale pour six autres personnes, en fuite ou détenus au Mali, qu’il a présenté comme certains « cerveaux » de l’opération. Enfin, pour les huit autre accusés jugés par contumace, il a laissé le choix de la peine à l’appréciation de la Cour.

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Tous sont accusés « d’actes terroristes, assassinat, tentative d’assassinat, recel de malfaiteurs, détention illégale d’armes à feu et de munitions de guerre et de complicité desdits faits ». Les quatre accusés présents à l’audience, Hantao Ag Mohamed Cissé, Sidi Mohamed Kounta, Mohamed Cissé et Hassan Barry, sont particulièrement soupçonnés d’avoir été des complices de cette attaque, en aidant les cerveaux de l’opération, dans le repérage notamment, ce qu’ils nient.

« Il faut décourager les adeptes de ces actes terroristes », a déclaré le procureur au cours de son réquisitoire. Le 13 mars 2016, trois jeunes assaillants avaient remonté la plage de Grand-Bassam, très fréquentée par des étrangers, puis pris d’assaut plusieurs restaurants, tirant à la kalachnikov sur des clients en terrasse avant d’être abattus par les forces de sécurité ivoiriennes. Revendiquée par la branche d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), cette attaque jihadiste, la première survenue en Côte d’Ivoire, avait fait 19 morts.

« L’horreur et la barbarie »

Au cours du procès, de nombreux témoins de l’attaque, dont le patron d’un des hôtels ciblés et un membre des forces spéciales qui ont abattu les assaillants, sont venus raconter la journée du 13 mars 2016 à la barre.

« La situation du 13 mars 2016 reste inoubliable. Nous avons été confrontés à l’horreur et la barbarie », a lancé Richard Adou lors de son réquisitoire. « Au nom de quoi peut-on s’arroger la qualité d’ôter la vie à d’autres à cause de leurs opinions? C’est une attaque contre la Côte d’Ivoire », a de son côté plaidé l’avocat des parties civiles, Amadou Camara.

À LIRESix ans après, Vincent Toh Bi raconte l’attentat de Grand-Bassam

Outre les quatre Français, neuf Ivoiriens, un Libanais, une Allemande, une Macédonienne, une Malienne, une Nigériane et une personne non identifiée avaient été tués lors de l’attentat et 33 personnes de diverses nationalités blessées.

En janvier 2017, les soldats de la force française Barkhane avaient capturé un suspect clé, Mimi Ould Baba Ould Cheikh, considéré par les autorités ivoiriennes comme un des cerveaux de l’attentat, et par les autorités burkinabè comme le « chef des opérations » d’une autre attaque qui avait fait 30 morts à Ouagadougou en janvier 2016.

En représailles à Serval et Barkhane

Perpétrée en représailles aux opérations antijihadistes Serval et Barkhane menées par la France et ses alliés dans la région du Sahel, l’attaque de Grand-Bassam visait aussi la Côte d’Ivoire qui avait livré des membres d’Aqmi aux autorités maliennes.

En 2020 et 2021, les forces de défense et de sécurité ont été ciblées par des attaques meurtrières attribuées à des groupes jihadistes dans le nord de la Côte d’Ivoire, qui n’a cependant plus connu d’attentats contre des civils depuis celui de Grand-Bassam.

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L’attaque a durement éprouvé le secteur du tourisme dans le pays, déjà fragilisé par la crise post-électorale de 2010-2011 qui avait fait quelque 3 000 morts. Le verdict est attendu ce jeudi 22 décembre.

(avec AFP)