Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Élections européennes : les évêques de l’UE appellent leurs concitoyens au discernement et à la responsabilité (Comece)

Assemblée de la COMECE «Automne 2018»

Élections de 2019

Communiqué de presse, 26/10/2018

Les 24 et 26 octobre 2018, les évêques de l’Union européenne se sont réunis à Bruxelles pour leur Assemblée d’automne, consacrée aux élections européennes de 2019. Les participants ont réfléchi aux défis futurs de l’UE en dialoguant avec des hauts fonctionnaires de l’Union, en particulier avec Mme Federica Mogherini, Haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, M. Luca Jahier (CESE) et M. Michel Barnier (Commission européenne).

La réunion de trois jours a débuté par une journée de prière à Ypres, l’un des théâtres de guerre les plus cruels de la Première Guerre mondiale, et s’est poursuivie par des discussions intenses et fructueuses sur les principaux défis de l’UE. Les évêques ont réaffirmé le soutien de l’Église catholique au projet de paix élaboré par l’Union européenne et ont appelé les dirigeants politiques à envisager l’avenir avec responsabilité, sans crainte ni égoïsme, afin de promouvoir des politiques favorables à la jeunesse, à la famille et aux communautés.

Analysant l’évolution du monde du travail et les effets de la numérisation sur nos sociétés avec Luca Jahier, Président du Comité économique et social européen, les évêques ont souligné la nécessité fondamentale de protéger et de promouvoir la dignité du travail et la place centrale de la personne humaine dans le contexte de l’intelligence artificielle.

À la suite de l’échange avec Federica Mogherini, Haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, les évêques ont encouragé l’UE à élargir son action en faveur de la paix et de la solidarité mondiales et à donner l’exemple en mettant en œuvre l’Etat de droit au profit de tous. .

Préoccupée par le changement climatique, l’Assemblée a appuyé la déclaration sur la justice climatique signée aujourd’hui à Rome par Mgr. Jean-Claude Hollerich SJ, président de la COMECE, ainsi que tous les autres présidents des conférences épiscopales continentales, appelant les hommes politiques à œuvrer pour une mise en œuvre ambitieuse de l’Accord de Paris.

Suite à l’échange avec Michel Barnier, négociateur en chef de l’UE avec le Royaume-Uni, les évêques ont exprimé leurs préoccupations quant à l’impact du Brexit sur la vie quotidienne des citoyens britanniques et européens, et ont prié pour qu’un sens des responsabilités prévale dans les négociations en cours.

Les évêques ont conclu l’Assemblée en appelant les chrétiens et toutes les personnes de bonne volonté au discernement, à la responsabilité et à participer pleinement à la vie politique, œuvrant de concert pour le bien commun, en construisant des ponts de dialogue et en promouvant une Europe inclusive, capable de développer pleinement les personnes, les familles et les communautés.

Source: COMECE, Communiqué de presse, 26/10/2018

Les Etats-Unis suspendent la Mauritanie de l'AGOA

Grâce à l'AGOA, la Mauritanie pouvait exporter à prix avantageux vers les Etats-Unis (photo d'illustration).
© AFP PHOTO / Karen BLEIER

A partir du 1er janvier prochain, la Mauritanie ne bénéficiera plus des avantages commerciaux accordés par les Etats-Unis dans le cadre de l'AGOA. Donald Trump a justifié cette décision en pointant le manque de progrès du pays en matière de lutte contre l'esclavage.

Avec notre correspondant à New York, Grégoire Pourtier

L'AGOA a été créée en 2000, mais ce n'est que sept ans plus tard que la Mauritanie en est devenue l'un des bénéficiaires. Grâce à cet accord commercial, le pays sahélien pouvait exporter à prix avantageux vers les Etats-Unis, principalement ces dernières années des produits énergétiques.

Mais Nouakchott était surveillé de près sur la question de l'esclavage. Car celui-ci n'a été aboli qu'en 1981, sa pratique n'a été criminalisée que récemment et il reste ainsi des centaines de milliers de personnes victimes de cette exploitation.

Esclavage héréditaire

Dans la lettre adressée au Congrès américain dans laquelle il expose sa décision de suspendre la Mauritanie, le président Donald Trump insiste particulièrement sur l'esclavage héréditaire. Il rappelle aussi que la Mauritanie pourrait, plus tard, être réintégrée à l'AGOA, comme le Swaziland et la Gambie l'ont par exemple été l'an passé.

La Mauritanie n'est pas le premier pays à être ainsi suspendu par les Etats-Unis, qui se servent régulièrement de cet accord afin de faire pression sur les gouvernements africains. Mais le pays, dans lequel des militants sont encore emprisonnés, va devoir afficher des progrès tangibles, car les Etats-Unis sont échaudés. Il y a un an, une délégation d'activistes américains invitée par l'ONG SOS Esclaves Mauritanie, avait été refoulée à son arrivée à Nouakchott malgré une concertation préalable avec le gouvernement.

Le destin des jeunes migrants (Sciences Humaines)

Venus du Mali ou de Libye, des milliers de mineurs arrivent seuls, sans leur famille, sur le territoire français. Avec de nombreux traumatismes, mais aussi une forte capacité de résilience.

Par Alizée Vincent

« Je voudrais être mannequin, mais je ne peux plus, j’ai trop de cicatrices. » « Mon copain, lui, s’est noyé pendant la traversée. » Voilà les phrases qui sortent de la bouche d’enfants migrants. Venant seuls d’Afghanistan, de Syrie ou d’Érythrée, parfois âgés de 8 ans seulement, ils étaient 15 000 à arriver en France l’an dernier, recueillis par l’Aide sociale à l’enfance. C’est 85 % de plus qu’en 2016. En Europe, un réfugié sur trois a aujourd’hui moins de 18 ans, souligne un rapport de l’association Trajectoires pour l’Unicef. Pour eux, le défi est triple : il faut composer avec la violence du départ, le traumatisme de l’exil, et la construction de soi, loin des siens.

Une fuite mortifère

Plusieurs études récentes permettent de mieux comprendre leur vécu psychique. La première enquête, parue dès 2016 dans la revue d’ethnopsychiatrie L’Autre, met en lumière les traumatismes qui prennent racine avant la migration, dans le pays d’origine. Mariages forcés, guerres, discriminations sont autant d’expériences brutales partagées par la majorité des mineurs isolés qui les poussent à partir. Gracia, 17 ans a par exemple fui le Congo avec son petit frère pour « échapper au bûcher », raconte celle qui l’a accueillie à son arrivée à Lyon, à l’association France terre d’asile. Accusés d’être sorciers, ils ont subi plusieurs séances d’exorcisme. Mais c’est surtout « la rupture inéluctable des liens familiaux » qui marque durablement les jeunes et perturbe parfois leur développement. Pour eux, le départ s’apparente à « un deuil », notent les psychologues. 11 % d’entre eux auraient des pensées suicidaires. « Symptômes dépressifs, sentiment de vide, ralentissement, absence de plaisir, non-participation aux activités collectives, perte d’appétit… » sont autant de troubles occasionnés par « l’abandon de leurs figures d’attachement », confirme la pédopsychologue Marine Ghazaryan, interrogée lors d’une conférence du Centre de victimologie des mineurs sur le sujet. D’autant qu’aucun rituel, et souvent aucun adulte, n’accompagne cet adieu.

Vient ensuite la route. Plus petits, plus faibles, et plus lents que les adultes, les enfants sont nombreux à être abusés ou abandonnés au cours du trajet, relatent de leur côté Evangéline Masson-Diez, spécialiste des migrations, Alexandre Le Clève, juriste, et le sociologue Olivier Peyroux, dans un rapport de Trajectoires. Les mineurs assistent parfois à la mort de proches et découvrent « le sentiment de mort imminente ». Entre les réveils aux aurores pour passer les frontières, les conditions de vie déplorables et les cauchemars, ils développent des problèmes de santé. « Le sommeil est le premier affecté, entraînant des désordres physiologiques dangereux. »

Sans avenir fixe

À l’arrivée, « ne rien avoir à faire, c’est le pire », relatent de nombreux jeunes aux éducateurs et bénévoles qui les accueillent. Confrontés à la lenteur de procédures inconnues, ils sont contraints à l’oisiveté. Et souvent catastrophés de ne pas pouvoir travailler, contrairement à ce qu’ils escomptent, comme le note M. Ghazaryan. « Quand ils comprennent le temps qu’il faut avant de gagner de l’argent et pouvoir se débrouiller, c’est dramatique », nous confie la jeune militante qui a accueilli Gracia à Lyon. Ce temps d’attente et de passivité est « vécu comme humiliant », car il accentue la position de « dominé », précise l’anthropologue Michel Agier dans son ouvrage La Jungle de Calais (2018). Contrairement aux adultes qui sont rapidement fixés sur leur sort, souligne la revue L’Autre, « une épée de Damoclès pèse sur ces jeunes et les préoccupe au quotidien ».

D’autant qu’ils font face à un choc culturel. Plongés dans un univers inconnu, les jeunes migrants « voient leurs habitudes et leurs convictions entièrement remises en question », explique M. Ghazaryan. En résultent des « attaques de panique et des décharges d’agressivité » occasionnelles. Chez les jeunes garçons, cela donne « des bagarres ». Chez les jeunes filles, « c’est plutôt une violence tournée vers soi, avec des pratiques de scarification ». Extérioriser ce chagrin est d’autant plus complexe lorsque, « pour mériter sa place en foyer, il faut tout raconter devant nous », déplore une éducatrice, et ce « en moins de deux heures ».

Trois ans après le début de la crise migratoire, psychologues et anthropologues commencent à mieux connaître les parcours des enfants migrants, et font part de notes d’optimisme. « Responsables, volontaires, positifs » sont les qualités les plus citées pour décrire la résilience dont ils font preuve, lorsqu’ils sont accueillis et suivis. « En pleine croissance, explique M. Gazaryan, on a des ressources et plus de capacités à gérer le stress aigu et les traumatismes car le cerveau est plus plastique, plus flexible. » Passées les difficiles étapes, « si le jeune arrive à trouver un équilibre psychique entre ses deux mondes, il peut se construire et se reconstruire avec succès. La situation migratoire peut même être un stimulant », une richesse source « d’épanouissement personnel ». La jeune Grazia, elle, s’en sort avec brio. Aujourd’hui, elle est employée dans un pressing et son chef l’a nommée « employée modèle ». La jeunesse peut être promesse de belles réussites. 

51 % C’est la part des mineurs demandeurs d’asile en Europe en provenance d’Afghanistan. D’après les associations, ce sont eux qui subissent le plus de violences. Celle des talibans, qui détruisent le pays depuis 2001, et celle du bacha bazi, une coutume qui transforme de jeunes garçons en esclaves sexuels pour hommes riches.

Centre de victimologie des mineurs, colloque « Mineur étranger isolé, entre fracture et espoir », 2018.
Trajectoires, « Ni sains, ni saufs », enquête sur les enfants non accompagnés dans le Nord de la France, juin 2016.
Laure Woestelandt, Rahmethnissah Radjack, Fatima Touhami et Marie Rose Moro, « L’incertitude menaçante qui pèse sur les mineurs isolés étrangers : conséquences psychologiques », L’Autre, n° 17, 2016/1.

Article issu du numéro 308

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L’Allemagne, un pays d’immigration qui s’assume
au-delà des tensions (T.C.)

« La violence verbale s’est certes accrue avec l’arrivée de l’AfD au Bundestag qui dispose ainsi d’une résonance nouvelle. Si ce mouvement d’extrême droite possède un fort pouvoir de nuisance, et si l’on assiste à un effritement de la position des partis traditionnels, on ne peut toutefois pas parler d’effondrement »

Julien Sellier, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)

Les images des incidents de Chemnitz inquiètent à juste titre en France. Tout événement pouvant rappeler le passé nazi de l’Allemagne doit être analysé avec la plus grande attention, sans toutefois donner lieu à la surinterprétation. Prenons garde, notamment, à l’essentialisme qui menace parfois d’affleurer lorsque l’on regarde l’Allemagne depuis la France.

Un pays ouvert à l’immigration

L’Allemagne est aujourd’hui un pays extrêmement diversifié qui compte parmi sa population une part d’immigrés plus importante que la France selon l’OCDE. En 2017, 19,3 millions de personnes (23,5 % de la population) étaient issues de l’immigration en Allemagne (immigrés ou enfants d’immigrés), dont 9,8 millions d’Allemands (12 %) et 9,4 millions d’étrangers (11,5 %).

La crise des réfugiés de 2015 n’est pas la première du genre en Allemagne depuis 1945. Sans remonter à l’arrivée des « Vertriebenen » (les « Expulsés ») dans l’immédiat après-guerre, chassés des anciens territoires allemands d’Europe de l’Est, il est intéressant de comparer la crise des réfugiés des années 1990 avec la situation actuelle.

En effet, entre les deux crises, de profondes mutations se sont produites en Allemagne : le pays se considère désormais officiellement comme un pays d’immigration, il a mis en œuvre une politique d’intégration, tente d’organiser ses relations avec les responsables du culte musulman, etc.

La violence d’extrême droite dans les années 90

Dans les années 90, au lendemain de la réunification, l’Allemagne accueille la majorité des réfugiés au sein de l’Union européenne : plus de 400 000 demandes d’asile en 1992, plus de 300 000 en 1993 par exemple (issues notamment de l’ex-Yougoslavie).

De plus, suite à l’effondrement de l’Union soviétique, des citoyens des anciennes républiques communistes aux lointaines origines allemandes font usage de leur droit à regagner l’Allemagne (environ 200 000 personnes par an entre 1991 et 1995) : ce sont les « Aussiedler », puis les « Spätaussiedler » (les « Rapatriés » et les « Rapatriés tardifs »).

C’est dans ce contexte qu’on assiste à la montée de la violence d’extrême droite dans le pays. A Rostock, près de 3000 habitants applaudissent l’incendie d’un foyer qui abrite des immigrés vietnamiens en août 1992. Ailleurs en Allemagne, y compris à l’Ouest, des étrangers ou des immigrés sont victimes de la violence de groupes d’extrême droite. La même année, à Mölln (Nord), par exemple, deux familles turques périssent dans l’incendie criminel de leur maison.

A l’époque, le chancelier allemand Helmut Kohl n’avait pas jugé pertinent de participer aux obsèques des membres de ces deux familles. Le journaliste Christian Jakob estime à plus d’une trentaine le nombre de victimes de l’extrême droite en 1992 si bien que l’on a pu parler d’une « ambiance de pogroms ».

Sur le plan politique, la situation a mené à un durcissement de la politique de l’asile connu sous le nom de l’« Asylkompromiss » (le compromis sur l’asile), en 1993.

Toutefois, la violence d’extrême droite n’a pas pris fin dans les années 90, comme l’ont montré les meurtres de la NSU, une organisation terroriste d’extrême droite née en Allemagne de l’Est. Celle-ci est responsable du meurtre de 9 immigrés entre 2000 et 2006. A l’époque, la police allemande n’a pas pris au sérieux le motif raciste de ces actes (comme l’a illustré le cinéaste Fatih Akin dans son film In the Fade), se montrant incapable de repérer les liens qui unissaient les différentes affaires.

C’est seulement à la suite du suicide de deux membres de ce groupuscule que le scandale a éclaté. Il a débouché, en 2018, sur la condamnation à la prison à perpétuité du seul membre du groupe vivant, Beate Zschäpe. En 2012, une cérémonie officielle à laquelle participait Angela Merkel avait été organisée en mémoire des victimes.

La rupture du début des années 2000

L’arrivée au début des années 2000 de la coalition rouge-verte au pouvoir, qui associe le SPD aux Verts, a marqué un tournant majeur dans la politique migratoire de l’Allemagne. Depuis 2005 et la promulgation d’une loi sur l’immigration, l’Allemagne est devenue officiellement un pays d’immigration, ce qu’elle était dans les faits depuis bien longtemps.

Selon l’historien Klaus Bade, qui avait appelé avec d’autres chercheurs à ce que la classe politique allemande reconnaisse le fait migratoire dans le « Manifeste des 60 » dès 1993, il s’agit là d’un pas essentiel mais qui arrive bien tard. En effet, la République fédérale allemande avait signé, à partir de 1955, des accords de recrutement de travailleurs étrangers avec de nombreux pays tels que l’Italie, la Turquie ou la Grèce.

Mais les politiciens allemands considéraient cette immigration comme temporaire. Or, à la suite du choc pétrolier de 1973, ces travailleurs sont restés en Allemagne, ont fait venir leur famille, si bien que l’Allemagne s’est retrouvée avec une immigration de fait, mais sans politique d’intégration.

Les communes ne restaient certes pas inactives, mais c’est bien au début des années 2000 que la politique d’intégration s’est considérablement développée au niveau national. Ce mouvement a ensuite été amplifié, en 2014, avec l’introduction de la double nationalité, sous la pression du SPD, pour tous les enfants de parents étrangers ayant obtenu un diplôme en Allemagne, suivi leur scolarité dans le pays pendant six ans ou bien vécu sur place pendant huit ans.

Cette nouvelle législation rendait ainsi caduc le système de l’« Optionspflicht » introduit sous Gerhard Schröder en 2000 : jusqu’en 2014, les jeunes de deux parents étrangers obtenaient la nationalité allemande à leur naissance, mais à leur majorité ils devaient choisir entre la nationalité allemande et celle de leurs parents. Un choix considéré par beaucoup comme particulièrement injuste.

Par ces diverses mesures, l’Allemagne s’est ainsi rapprochée de façon décisive, au début du XXIe siècle, de la situation des pays d’immigration classiques.

Le pari d’Angela Merkel

Lorsqu’Angela Merkel prend la décision, en août 2015, de ne pas fermer les frontières de l’Allemagne aux réfugiés syriens, elle est donc à la tête d’un pays qui a accompli des pas importants dans la reconnaissance de sa diversité et d’une société qui se considère majoritairement comme ouverte et tolérante.

Toutefois, les conflits et les polémiques n’ont jamais cessé outre-Rhin avec les débats sur l’idée d’une culture de référence (« Leitkultur ») et sur l’existence de sociétés parallèles (« Parallelgesellschaften »), mais aussi les craintes exprimées par certains d’une islamisation rampante de l’Allemagne attisées par les écrits de Thilo Sarrazin qui a vendu de très nombreux exemplaires de son ouvrage Deutschland schafft sich ab (« L’Allemagne s’auto-détruit ») en 2010 (et qui réitère son succès en 2018 avec un brûlot anti-islam). Sans oublier l’aveu d’échec de la chancelière Angela Merkel elle-même à propos du « multiculturalisme ».

Toujours est-il qu’Angela Merkel prend, à l’été 2015, la décision d’accueillir les réfugiés, une décision d’abord largement approuvée par la population allemande, avant de susciter de fortes interrogations.

Or, il faut souligner que sans l’engagement de très nombreux bénévoles en faveur de l’accueil des réfugiés, les structures publiques auraient été complètement dépassées par l’ampleur de la tâche. L’Église protestante (très active dans le domaine social, comme l’Église catholique) estime que 10 % des Allemands ont participé personnellement à des actions en faveur de l’accueil des réfugiés.

Ce mouvement de solidarité a été rendu possible grâce au développement des initiatives locales depuis les années 70 après la révolte étudiante, renforcé par la mise en place de programmes tels que « Soziale Stadt », qui reposent sur la mise en réseau et l’activation des acteurs locaux dans les territoires en difficulté.

Le temps de la désillusion

Mais à l’engouement initial a vite succédé la désillusion, accrue par les événements du réveillon de la Saint-Sylvestre 2015 où des hommes, dont de nombreux réfugiés, s’en sont pris à des femmes allemandes, quelques heures après qu’Angela Merkel avait répété dans son allocution télévisée pour la nouvelle année que leur arrivée était une « chance pour l’Allemagne ».

Dans un contexte général de baisse de la criminalité en Allemagne, on constate cependant une hausse des faits impliquant des étrangers, surreprésentés (avec de fortes variations en fonction des pays d’origine). Beaucoup d’Allemands prennent alors conscience que l’intégration des réfugiés va demander du temps, que l’insertion professionnelle avance doucement, etc.

Au plan politique, ce changement d’ambiance se traduit par les difficultés politiques d’Angela Merkel, en fin de règne, péniblement réélue fin 2017 et attaquée par ses partenaires historiques de la CSU, en difficulté pour constituer une coalition gouvernementale avec un Bundestag qui compte désormais plus de 90 députés d’extrême droite, une première dans l’après-guerre.

Lors des élections législatives, l’AfD, revigorée par la crise migratoire, fait en effet un score à deux chiffres (12,6 %), enregistrant de bons résultats dans l’ex-RDA (supérieurs à 18 % dans tous les Länder de l’Est, sauf Berlin, et même jusqu’à 27 % en Saxe), mais pas seulement. L’AfD est aussi représentée dans de nombreux parlements régionaux d’Allemagne de l’Ouest.

Le baromètre de l’intégration de septembre 2018 montre toutefois qu’une majorité d’Allemands reste favorable à l’accueil des réfugiés, tout en souhaitant une réduction du nombre d’arrivées.

Les mystères de la Saxe

C’est à Dresde, en Saxe, que le mouvement Pegida a été lancé, détournant le slogan « Wir sind das Volk ! » (« Nous sommes le peuple ! ») de la révolution pacifique de 1989-1990 dans un sens xénophobe et populiste. C’est aussi en Saxe que certains groupes d’extrême droite s’en sont pris à des foyers de réfugiés comme à Heidenau, suscitant la venue d’Angela Merkel, huée lors de sa visite, ou bien ont protesté de façon violente dans une véritable chasse à l’homme contre les migrants à Chemnitz.

Cette concentration – non-exclusive – de manifestations en Saxe interroge. Le taux de chômage n’y est pas élevé (5,8 % pour l’ensemble de la population locale, 7,3 % pour les jeunes en août 2018). De plus, la part de la population immigrée et étrangère y est beaucoup plus faible que dans d’autres régions allemandes.

Mais les zones rurales connaissent de vraies difficultés. Beaucoup de jeunes partent encore à l’Ouest, où les opportunités professionnelles sont plus nombreuses. Et la politique d’aide locale peut paradoxalement y être perçue comme une forme d’abandon par la puissance publique des zones en difficulté (Chemnitz et Heidenau sont concernées par le programme « Soziale Stadt »), alors que les groupes d’extrême droite s’engagent parfois dans le soutien associatif au plus près des populations.

Surtout, ces personnes qui soutiennent aujourd’hui l’extrême droite ont vécu l’effondrement du communisme, l’introduction de l’économie de marché dont elles n’avaient pas la culture. Elles ont vécu de nombreuses années dans un système où le rôle de l’État n’avait rien à voir avec celui qu’il a dans une République fédérale marquée par l’idée de subsidiarité et d’auto-responsabilisation des acteurs. Elles se perçoivent comme des perdants de la réunification, des perdants de la mondialisation et idéalisent parfois le passé communiste. En définitive, elles estiment qu’Angela Merkel, « la fille de l’Est », les a trahies.

En RDA, les travailleurs immigrés vietnamiens ou mozambicains étaient tenus à l’écart. Ainsi, si une travailleuse étrangère venait à tomber enceinte, elle devait avorter ou bien rentrer dans son pays. La confrontation avec la diversité culturelle vient donc pour la plupart après la réunification.

Beaucoup d’immigrés turcs, partis dans les nouveaux Länder juste après la réunification afin d’y faire des affaires (y ouvrant, par exemple, des magasins de primeurs), le savent bien : ils y ont été accueillis froidement, les vitrines de leurs magasins ont parfois été saccagées et nombre d’entre eux sont finalement rentrés à l’Ouest. Vingt-huit ans après la réunification, rien n’aurait donc changé ?

Des tensions, mais pas de panique !

Ce n’est pas notre analyse. Les tensions sont bien présentes, les manifestations de rejet et la violence également, y compris à l’Ouest. On a enregistré depuis 2015 de très nombreuses attaques contre des réfugiés ou leurs résidences. Mais, contrairement à l’année 1992, il n’y a pas eu, à notre connaissance, de victimes parmi les réfugiés depuis la crise de 2015, même si on dénombre des blessés.

La violence verbale s’est certes accrue avec l’arrivée de l’AfD au Bundestag qui dispose ainsi d’une résonance nouvelle. Si ce mouvement d’extrême droite possède un fort pouvoir de nuisance, et si l’on assiste à un effritement de la position des partis traditionnels, on ne peut toutefois pas parler d’effondrement : 41 % des Allemands soutiennent toujours les deux principaux partis au pouvoir, d’après un sondage de l’ARD datant d’octobre 2018. Il s’agit néanmoins du pire score historique jamais enregistré dans une enquête d’opinion par la grande coalition, tandis que les Verts progressent (17 %) et que l’AfD reste stable (16 %).

Quels enseignements pourra-t-on tirer des élections régionales qui se déroulent en Bavière ce dimanche 14 octobre ? Confirmeront-elles l’embellie des Verts dans les sondages ? Quelles seront les répercussions de ce scrutin sur la politique allemande au niveau fédéral ? Et quel sera, notamment, le sort réservé à l’encombrant ministre de l’Intérieur, issu des rangs de la la CSU, Horst Seehofer ?

Quel que soit le résultat, la démocratie allemande est forte, les positions exprimées y sont souvent très tranchées. Mais les protections constitutionnelles sont élevées et la société civile est prête à faire entendre sa voix.

Julien Sellier, MCF d’allemand, Faculté d’AEI, IMAGER, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)

This article is republished from The Conversation under a Creative Commons license. Read the original article.

Interventions en faveur de Leah Sharibu (15 ans) et
Alice Ngaddah (UNICEF), esclaves à cause de leur foi

Nigéria : Leah Sharibu, épargnée mais esclave de Boko Haram

Publié le 17 octobre 2018 par portesouvertes.fr

Leah Sharibu avant son enlèvement par Boko Haram

Au Nigéria, l’adolescente chrétienne que Boko Haram menaçait d’exécuter reste en vie. Mais elle devient esclave des islamistes.

Leah est épargnée, mais réduite en esclavage par Boko Haram au Nigéria. Dernièrement, nous vous avions demandé de prier pour elle et vous avez été très nombreux à intercéder en sa faveur. Merci ! 

Esclave à vie

15 octobre, «The Cable», l’agence de presse nigériane en ligne a reçu un message du groupe Boko Haram :

«À partir d’aujourd’hui, Leah Sharibu et Alice Loksha Ngaddah sont maintenant nos esclaves. Selon nos doctrines, il nous est désormais permis d’en faire ce que nous voulons.»

Hélas, le message contenait une autre nouvelle, tragique et terrifiante : «Nous avons tenu parole comme nous l’avions dit, en tuant aujourd’hui 15 octobre Hauwa Leman, qui travaillait avec la Croix-Rouge.» Hauwa Leman, une sage-femme de 24 ans, avait été enlevée lors d’un raid en mars 2018 avec Alice Loshka Ngaddah et deux autres travailleurs humanitaires, récemment exécutés. 

Alice, infirmière chrétienne au service de l’UNICEF, est maman de deux enfants de 5 et 2 ans. Sa mère, Sarah Ngaddah, est décédée d’un traumatisme, deux mois seulement après l’enlèvement d’Alice.

La mobilisation continue

Suite à ces tristes nouvelles, Patricia Danzi, directrice des opérations de le Croix-Rouge en Afrique a fait cette demande aux ravisseurs :

«Nous vous exhortons à épargner et à libérer Leah et Alice. L’une est étudiante, l’autre est infirmière. Elles ne participent à aucun combat.»

Yakubu Pam (président de l’Association Chrétienne du Nigéria) et l’imam Cheikh Mohammed Nuru Khalid se sont rencontrés dans la capitale, Abuja. «Nous avons entendu ce que les ravisseurs ont dit. Nous en appelons à leur conscience afin qu’ils libèrent Leah», a dit Yakubu Pam.

Leah et Alice sont en vie ! Continuons à prier pour cette situation. Portes Ouvertes vous encourage, avec de nombreux chrétiens autour du monde, à intercéder en leur faveur. Priez aussi pour les parents de Leah, afin qu’ils se sachent et qu’ils se sentent soutenus dans cette épreuve. «La prière fervente du juste a une grande efficacité», dit la Bible (Jacques 5 : 16).


Boko Haram executes another Red Cross worker, says Leah will live as slave

by Ahmad Salkida, The Cable

The Islamic State West Africa Province (ISWAP), a faction of Boko Haram, has executed Hauwa Leman, an aid worker with the International Committee of the Red Cross (ICRC), TheCable has been informed.

‘LEAH AND ALICE WILL BE OUR SLAVES’

She is the only Christian among the 110 girls abducted at the Government Girls’ Science and Technical College, Dapchi, Yobe state, on February 19, 2018.

While other girls were released, she was kept back because she refused to renounce her Christian faith.

There has been a global plea for her release.

Christian and Muslims leaders in Northern Nigeria have appealed to the Boko Haram sect not to kill Leah Sharibu, one of the Dapchi school girls it abducted .

The religious leaders urged the group to release Miss Sharibu and other captives being held, adding that they are innocent.

Speaking at a press conference held in Abuja at the weekend, the religious leaders represented by the chairma of 19 Northern States and FCT of the Christian Association of Nigeria (CAN), Rev Yakubu Pam and the Imam, Apo Legislative Quarters Mosque, Sheikh Mohammed Nuru Khalid, said it was improper to release other students without Leah Sharibu. Read the original article on Leadership.

The group said in the statement that Alice Ngaddah, a Christian who works with UNICEF, will also be kept as a slave.

“From today”, ISWAP said, Sharibu, 15, and Ngaddah, a mother of two, “are now our slaves”.

“Based on our doctrines, it is now lawful for us to do whatever we want to do with them,” the group further said.


Leah Sharibu Kept Alive as ‘Slave to Islam’

written by Michael Ireland October 16, 2018

Leah Sharibu — Slave to Boko Haram’s Islamic Law – Allows ‘infidels’ to be Kept Alive as Slaves

By Michael Ireland, Chief Correspondent, ASSIST News Service (www.assistnews.net)  

DAPCHI, YOBE STATE, NIGERIA (ANS – Oct. 16, 2018) — Leah Sharibu, the Christian schoolgirl who has refused to renounce her Christian faith,  is to be kept alive as a slave to Islam.

Islamic extremist group Boko Haram has killed an aid worker as an “apostate” from Islam and vowed to keep kidnapped high school girl Leah Sharibu as a “slave for life,” Nigerian news outlet The Cable reported, as cited by Morning Star News (www.morningstarnews.org) .

Leah Sharibu, kidnapped along with more than 100 schoolgirls from Dapchi, Yobe state in February but not released with the others because she refused to convert to Islam, will never be freed because Boko Haram’s Islamic law allows “infidels” to be kept as slaves, according to a statement by the Islamic State West Africa Province (ISWAP), commonly known as Boko Haram, released through The Cable.

Alice Ngaddah, a Christian who works with UNICEF, will also be kept as a slave, according to the statement. Leah and Ngaddah, a mother of two, “are now our slaves,” the Boko Haram group said.

“Based on our doctrines, it is now lawful for us to do whatever we want to do with them,” the group said.

The group has executed Hauwa Leman, an aid worker with the International Committee of the Red Cross (ICRC), according to the statement.

“In a short clip seen by a special correspondent of The Cable, Leman was forced to kneel down, with her hands tied inside a white hijab which has a crest symbol, and then shot at close range,” The Cable reported. Read more


Leah Sharibu’s release, more important than 2019 campaign – Christian coalition tells FG (15/10/18)

By Buchi Obichie , Legit, 15/10/19

The Coalition of Christian Groups for Good-Governance has told the federal govt to focus its energy on securing Leah Sharibu’s release instead of campaigning for 2019 – It said nothing should stop the military from combing the hideouts of the terrorists and freeing Leah Sharibu and others in Boko Haram captivity – The coalition also resolved to form a strategic partnership to foster good governance in the country The federal government has been advised by the Coalition of Christian Groups for Good-Governance (Nigeria and the Diaspora) to intensify efforts to secure the release of Leah Sharibu, instead of intensifying its campaign for reelection in 2019. The socio-political organisation made its call in a communiqué issued after its extraordinary meeting which held in Lagos. It was signed by its president, Daniel Kadzai, and national secretary, Bola Alawode, Punch reports. Read more: https://www.legit.ng/1198201-leah-sharibus-release-important-2019-campaign-christian-coalition-tells-fg.htm


Hausa Christians appeal for Leah Sharibu’s release

By Segun Adeosun, Naija Church News, October 16, 2018

Christian

Another group of Northern Christians, under the aegis of Hausa Christians Foundation, HACFO, has condemned the continued incarceration of a lone teen Christian hostage, Leah Sharibu, urging President Muhammadu Buhari to ensure her release before the ultimatum given by her captors expires.

In a communique issued after National Conference of Hausa Christian Youths in Kaduna, the group also frowned on the continuous indiscriminate killings of Nigerians in Benue, Jos, Southern Kaduna, Zamfara State and other places by herdsmen.

The communique, signed by Committee Secretary, Rahila Dauda, read: “We urge the Federal Government to, as a matter of urgency, do everything possible within its powers to ensure that the killings stop and the perpetrators are brought to book.”

The group appealed to President Buhari to ensure that Leah Sharibu, who had been in the captivity of Boko Haram for her refusal to denounce her faith in Christ, was rescued and reunited with her family.

Dapchi residents say delegation’s visit renews confidence in FG’s efforts on Leah’s release It pointed out that “Leah Sharibu is not just a Christian, but a citizen of the Federal Republic of Nigeria.

“We, therefore, plead with the Federal Government to do everything within its power to ensure her release before the ultimatum given by her captors expires.” The group frowned on the kidnapping and Islamisation of young Christian girls by some Muslims who usually enjoy the backing of the governments of Northern states of Nigeria.


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