Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Burkina Faso: désolation après les affrontements intercommunautaires de Yirbou

La province de Sanmatenga où se trouve le village de Yirgou est au centre-nord du Burkina Faso.
© fr.wikipedia.org

Au Burkina Faso, le bilan des affrontements inter-communautaires qui ont suivi l'attaque du village de Yirbou, à 200 kilomètres au nord de Ouagadougou a été revu à la hausse hier, vendredi 4 janvier. Il est au total de 46 personnes tuées, selon le porte-parole du gouvernement. Un bilan encore provisoire qui suscite la consternation.

Le 1er janvier, des terroristes présumés avaient fait irruption dans le village de Yirbou. Ils y avaient assassiné le chef et six autres personnes. En représailles, les villageois se sont attaqués aux éleveurs peuls de la région faisant 39 victimes. Des chiffres communiqués ce vendredi par le porte-parole du gouvernement, Remis Fulgance Dandjinou.

RFI a joint Mathias Ouedraogo, député de Sanmatenga (centre-nord du pays), la province où est situé le village de Yirbou. Il se déclare affligé.

Ecoutez le témoignage de Mathias Ouedraogo, député de Sanmatenga, la province où est situé Yirbou
05-01-2019 - Par Laura Martel

« Mes sentiments sont des sentiments de tristesse et de désolation parce que, à ma connaissance, c’est la première fois que cela arrive au Burkina Faso. Au Burkina Faso nous avons la chance de vivre ensemble entre les différentes communautés. On n’a jamais connu ce genre de problèmes entre les populations».

Tous doivent travailler « à ce que la paix y revienne, à ce que les populations puissent se parler davantage », ajoute Mathias Ouedraogo car « L’objectif premier recherché par ces terroristes c’est d’opposer les populations entre elles pour mieux imposer leur idéologie et pour semer la terreur. Je pense que les populations doivent comprendre cela et se ressaisir rapidement pour cultiver la cohésion entre elles ».

Depuis les affrontements les populations vivent dans la crainte, elles « s’interrogent (sur) leur avenir. Elles se demandent comment sera demain. Il faut que les forces de défense et de sécurité soient sur place parce que certaines familles ont quitté les lieux ».

Tchad: Idriss Deby annonce le rétablissement
des salaires des fonctionnaires

Le président tchadien Idriss Déby le 28 août 2017 à Paris.
© ludovic MARIN / AFP

Au Tchad, les syndicats réagissent à l'engagement du chef de l'Etat dans ses vœux à la nation de restaurer les salaires des fonctionnaires amputés dans le cadre des mesures d'austérité. Si certains syndicalistes saluent la décision d'Idriss Deby, d'autres demandent mieux.

Dans son message à la nation, Idriss Déby a annoncé qu’il entend respecter les termes de l’accord conclu en octobre 2018 entre le gouvernement et les syndicats. L’accord prévoit le rétablissement progressif des indemnités de fonctionnaires, coupées depuis deux ans, pour faire face à la crise financière que traverse le pays.

« On attend jusqu’à la fin du mois »

C’est une bonne chose, pourvu que la promesse soit tenue, estime le secrétaire général de la Confédération libre des travailleurs du Tchad (CLLT), Brahim Ben Seid : « C’est vrai, nous avons signé plusieurs accords et ils ont été dans l’eau. Cette fois-ci, étant donné que le chef de l’Etat, le chef du gouvernement qui s’engage à pouvoir respecter cet accord et qui est pris en compte dans le budget 2019, d’avance on ne peut pas déjà se frotter les mains pour dire que tout est OK. Mais on attend jusqu’à la fin du mois ».

Pour l’Union des syndicats du Tchad (UST), l’annonce présidentielle est un non-évènement. Le gouvernement aurait dû faire pareil, comme avec les militaires, c’est-à-dire restaurer entièrement les salaires et les indemnités qui ont été coupés. Gounoung Vaima Gan-Fare est le secrétaire général de cette centrale syndicale : « Il ne faut pas avoir deux poids, deux mesures puisque le président de la République vient de signer déjà un décret annulant les 16 mesures aux zones armées. Il va de soi que les travailleurs s’attendaient effectivement à ce que la même chose va être généralisée. C’est tout ».

Un nouveau cycle de grèves ?

Si les salaires du personnel civil de la fonction publique ne changent pas fin janvier, le Tchad pourrait retomber dans un nouveau cycle de grève, comme on l’a observé pendant ces deux dernières années.

Mauritanie: libéré, Biram Dah Abeid
prêt à continuer la lutte contre l'esclavage

Biram Dah Abeid, leader du mouvement anti-esclavagiste IRA, lors d'une conférence de presse à Dakar, le 29 septembre 2016
© AFP Photos/Seyllou

Biram Dah Abeid, député mauritanien et leader du mouvement anti-esclavagiste IRA, a réaffirmé le 1er janvier sa détermination à poursuivre son combat contre le racisme et l’esclavage suite à sa libération le 31 décembre.

La libération du député et président du mouvement abolitionniste IRA, a été fêtée par ses partisans. Des centaines d'entre eux ont défilé de la prison centrale de Nouakchott jusqu’à son domicile dans la banlieue sud de la capitale mauritanienne.

Mais Biram Dah Abeid est encore marqué par son arrestation le 7 août dernier, la veille du lancement d’une campagne électorale à laquelle il devait participer pour les législatives de septembre 2018.

« J’ai été trainé pour la énième fois dans les geôles insalubres des prisons injustement, seulement pour m’empêcher de participer aux élections, a déclaré le député Biram Dah Abeid. Voilà c’est ce grand défi de l’instrumentalisation du juge qui se plante ici contre la volonté du peuple mauritanien et de l’élite mauritanienne d’arriver à bâtir une véritable démocratie. »

Libéré après 5 mois de détention préventive

Le leader harratin était jugé lundi dernier par un tribunal correctionnel qui l'a condamné à 6 mois de prison pour tentative d’atteinte à l’intégrité d’autrui, suite une plainte d’un journaliste qui l’accusait de l’avoir menacé. Ce dernier a finalement retiré sa plainte.

Le député est sorti libre, car il a déjà largement purgé sa peine après 5 mois de détention préventive. Le parlementaire a d’ailleurs été élu alors qu’il était en prison. Pour lui, le combat continue : « quoiqu’il en soit, je suis déterminé à poursuivre la bataille par la voie pacifique. C’est pourquoi je maintiens toujours ma candidature à l'élection présidentielle 2019 ».

Alors que Biram Dah Abeid sortait de la prison, le porte-parole du gouvernement animait une conférence-débat avec la presse. Sidi Mohamed Ould Maham a saisi l’occasion pour mettre en garde ceux qui instrumentalisent les séquelles de l’esclavage pour porter atteinte à l’unité nationale.

Contre la politique migratoire de Trump, une crèche
encerclée de grillage

Cette église de Tulsa rappelle que la "famille sainte"
était aussi une famille de migrants.

ÉTATS-UNIS - Un symbole religieux, mais pas que. À Tulsa, la Fellowship Congregational Church a, comme chaque année, déployé sa crèche de Noël. Mais cette fois-ci, la scène de la Nativité a quelque chose en plus: des grillages.

Cette église en Oklahoma veut en effet dénoncer la politique migratoire de Donald Trump, et notamment son mur à la frontière avec le Mexique, en rappelant que la "famille sainte" était aussi une famille de migrants.

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Dans une interview accordée au New York Times et repérée par 20 Minutes, le pasteur Chris Moore, qui dirige cette église, de nos jours, les migrants "fuient le même genre d'oppression et de menaces que fuyait la sainte famille". En effet, selon la Bible, Marie et Joseph se sont enfuis en Egypte peu après la naissance de Jésus. Il a également expliqué que cette barrière symbolisait aussi la séparation des enfants migrants et de leur famille.

Selon 20 Minutes, en juillet dernier, la Christ Church Cathedral d'Indianapolis avait aussi enfermé sa crèche, expliquant qu'il ne faut "pas regarder ailleurs, alors que des familles sont enlevées de nos communautés et de nos congrégations".

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Nouveau camouflet pour Trump

La Cour suprême a infligé vendredi 21 décembre un camouflet au président américain en ne validant pas son décret restreignant le droit d'asile pour les migrants traversant clandestinement la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis.

La haute cour a refusé d'annuler la suspension par une cour d'appel fédérale de San Francisco de ce décret présidentiel controversé, signé le 9 novembre par Donald Trump, qui entendait mettre en place le rejet automatique des demandes d'asile déposées par des personnes ayant traversé illégalement la frontière sud.

Ces migrants, venus surtout d'Amérique centrale, fuient pour la plupart la violence dans leur pays d'origine. Donald Trump a fait de la lutte contre l'immigration clandestine son cheval de bataille dès sa campagne électorale.

Mali: troisième enlèvement en trois semaines
à Nokara, dans le Centre

(Photo d'illustration) Les trois enlèvements ont tous eu lieu dans le village de Nokara, situé à 65 kilomètres à l'est de Douentza (photo), dans le centre du Mali.
© Wikimedia

Au Mali, un membre du conseil du village de Nokara a été enlevé dans la nuit du 26 au 27 décembre. Nokara se trouve à 65 kilomètres à l'est de Douentza, dans le centre du pays. Des hommes armés sont entrés dans la ville et sont venus chercher leur victime, Adou Hama Dicko, chez lui. C'est le troisième enlèvement que subit ce village en trois semaines.

C'est le 12 décembre que les violences commencent à Nokara. En plein jour, Amadou Boura Tamboura, membre du conseil du village est enlevé par des hommes armés. Quelques jours plus tard, le 15, c'est Hama Boura Manna, un jeune impliqué dans la vie politique, qui est enlevé durant la nuit. Même mode opératoire pour Adou Hama Dicko, lui aussi membre du conseil de village.

« Ils choisissent des représentants de l'autorité. C'est pour terroriser la population », s'indigne un notable de Nokara qui s'étonne que les forces de sécurité ne soient toujours pas venues sécuriser le village.

Selon le gouverneur de Mopti, Sidi Alassane Touré, les forces armées ont été informées du dernier enlèvement et projettent de se rendre à Nokara au plus vite. « Il faut que l'on comprenne ce qui s'est passé. Pour l'heure nous n'avons aucun élément d'explication sur le harcèlement que subit ce village », conclut-il, assurant que la piste suivie reste celle d'une action terroriste.

« Aujourd'hui n'importe quelle bande de bandits avec des armes se déclare jihadiste dans la région, déplore le notable de Nokara. Dans ce désordre ambiant, c'est simplement la loi du plus fort. »