Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

       Lettre ouverte au Commissaire Européen Phil Hogan

                           Cher Commissaire Européen à l'agriculture et au développement rural,
                                    vous êtes invité au Burkina pour y rencontrer les producteurs de lait.
                              Ils vous aideront à comprendre l'impact de la Politique Agricole
           Commune de l'Europe sur la vie de leurs familles...

Le 2 juin 2017, vous avez publié sur votre blog un article intitulé “Défaire les mythes selon lesquels la Politique Agricole Commune (PAC) nuirait aux agriculteurs des pays en développement” 1. La rhétorique de la Commission semble ne pas voir bougé à ce sujet depuis1992.

mr 2419La boîte verte de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) – qui permet à l’Union européenne (UE) et aux autres pays riches de soutenir sans limitation leurs agriculteurs par des subventions découplées de la production – permet à ces pays d’exporter des produits agricoles à des prix inférieurs à leurs coûts moyens de production. En conséquence, les pays en développement, qui ne peuvent subventionner leurs nombreux agriculteurs, souffrent des impacts négatifs des importations à bas prix en provenance de l’UE et d’autres pays.Cette pratique déloyale a été rendue possible par la définition biaisée du dumping fournie par le GATT2, confirmée ensuite par l’OCDE3 et l’OMC, qui considèrent qu’il n’y a pas de dumping tant que les exportations sont faites au mêmes prix que ceux payés aux producteurs sur le marché intérieur, même si ces prix sont inférieurs aux coûts de production moyens du pays exportateur. Les objectifs suivants ont été au coeur des réformes PAC depuis 1992: réduire les prix agricoles sur le marché européen et abaisser ces prix vers les niveaux du marché international, de telle sorte que l’UE n’a plus besoin de faire appel aux subventions à l’exportation, et que son industrie agro-alimentaire a moins besoin d’importer. Les paiements directs découplés aux agriculteurs de l’UE, en compensant ces prix plus bas, leur ont permis d’exporter à des prix inférieurs aux coûts de production moyens européens, avec exactement le même effet que les subventions à l’exportation vis à vis des agriculteurs des pays en développement.


burkinalait diebougou 18burkinalait 4402Le Commissaire Phil Hogan devrait savoir que les producteurs de lait africains ne peuvent concourir face aux excédents à bas prix de poudre de lait exportés par les grandes laiteries, privées ou coopératives, de l’UE. Les chiffres parlent d’eux-mêmes: le total des subventions directes et indirectes aux produitslaitiers UE exportés vers l’Afrique de l’Ouest s’est élevé en 2016 à 169 millions d’Euros, avec une subvention moyenne de 67,4 Euros par tonne d’équivalentlait, et un taux moyen de dumping de 21% par rapport à la valeur européenne de ces exportations, pour un total de 2,5 millions de tonnes d’équivalent-lait, dont 2,1 millions de tonnes de lait en poudre. En résumé, pour les producteurs africains, que les importations à bas prix soient rendues possible par la boîte rouge, jaune, bleue, ou verte dans laquelle les subventions UE sont notifiés à l’OMC, importe peu. Ce qui compte pour eux, est qu’ils ne peuvent gagner leur vie lorsqu’ils sont en compétition forcée avec des produits importés hautement subventionnés. Boîte verte = blanchiment du dumping. Pour garantir aux producteurs européens et africains un revenu digne et équitable, ainsi qu’un accès stable à leur marché intérieur, les règles du commerce international agricole (OMC, 1994) doivent être modifiées, et basées sur le principe de souveraineté alimentaire4. Cela signifie que le DEVOIR de ne pas exporter à des prix inférieurs aux coûts de production moyens du pays exportateur doit aller de pair avec le DROIT d’établir des droits de douane pour les produits importés à des prix trop bas (même en l’absence de dumping de la part du pays exportateur). A notre point de vue, la priorité de la politique agricole commune de l’UE ne doit pas être d’exporter des produits à bas prix, mais de nourrir sa population.

Nouveau Signataire: Maurice Oudet, président du Sedelan(Services d'Edition en Langues Nationales).

Signataires:

Jacques Berthelot, économiste agricole (F)

Gérard Choplin, analyste indépendant, politiques agricoles et commerciales (B)

Priscilla Claeys, Senior Research Fellow, Centre for Agroecology, Water and Resilience, Coventry      University (UK)

Guillaume Cros, Vice-Président du Conseil régional d’Occitanie, Rapporteur du comité européen des régions pour son avis sur la PAC après 2020

Thierry Kesteloot, Policy advisor, Oxfam-Solidarité (B)

Niek Koning, économiste agricole (NL)

Jean-Christophe Kroll, professeur émérite, économie agricole, AgroSupDijon, (F)

Virginie Pissoort, Policy officer, SOS Faim (B)

Aurélie Trouvé, Professeur-chercheur à AgroParisTech (F)

Niger : une cinquantaine de migrants portés disparus dans le désert du Ténéré

Par Jeune Afrique avec AFP
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L’armée nigérienne a secouru, dimanche, 24 personnes qui avaient été abandonnées par leur passeur en plein désert. Ces migrants, en route vers l’Europe via la Libye, affirment qu’ils faisaient partie d’un groupe de 70 à avoir pris la route. Les autres seraient morts.

C’est un nouveau drame qui s’est joué sur le chemin de l’exil vers l’Europe via la Libye. Dimanche, l’armée nigérienne a porté secours à « vingt-quatre migrants ouest-africains » qui avaient été « abandonnés par leur passeur », a annoncé Fatoumi Boudou, préfet de Bilma, dans le nord du Niger. Ces rescapés ont affirmé faire partie d’un groupe qui comptait au départ « 70 migrants à avoir embarqué à bord de trois véhicules à partir d’Agadez », a-t-il précisé à l’Agence France-Presse. Alors qu’ils étaient en plein désert du Ténéré, en route pour la Libye, les passeurs les ont abandonnés « sans eau ni nourriture ».

Plusieurs dizaines de cadavres de migrants ont été enterrés dimanche par des éléments des FDS (…) avec l’appui de la population

Les rescapés, actuellement pris en charge par les autorités nigériennes, ont affirmé avoir laissé dans le désert les corps sans vie des autres membres du groupe, mais sans pouvoir préciser le nombre. Des recherches ont été menées par les Forces de défense et de sécurité (FDS) du Niger dans un rayon de 65 km autour du lieu où ont été découverts les rescapés. Une seule tombe a pu être découverte, à côté de laquelle les FDS ont retrouvé une carte d’identité d’un étudiant nigérian.

« Plusieurs dizaines de cadavres de migrants ont été enterrés dimanche par des éléments des FDS (…) avec l’appui de la population » dans la zone de Séguédir, a affirmé pour sa part une source sécuritaire citée par le journal en ligne Aïr Info, basé à Agadez. Par ailleurs, une radio locale d’Agadez a annoncé la découverte des corps de 52 personnes par les autorités.

Un flux continu, malgré la criminalisation des passeurs

Fin mai, 44 personnes, parmi lesquelles des bébés, avaient été retrouvées mortes en plein désert dans la région d’Agadez, sur la route menant à la Libye voisine. Le véhicule à bord duquel ils tentaient de rejoindre la Libye était tombé en panne. Sur le groupe, six personnes étaient alors parvenues à s’en sortir en marchant vers Achegour. Mi-juin, dans la même région, c’est un groupe d’une centaine de personnes qui avait été abandonné en plein désert par les passeurs. Ses membres avaient été secourus in extremis par les forces de sécurité nigériennes.

En mai 2015, le Niger a adopté une loi criminalisant l’activité des passeurs, qualifiée de « trafic d’êtres humains ». Les peines vont jusqu’à 30 ans de prison. L’activité des passeurs n’a cependant que peu baissé après l’adoption de cette loi. Selon les chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 60 970 migrants ont été recensés dans les villes d’Arlit et de Séguédine, dans la région nigérienne d’Agadez, entre les mois de février et d’avril 2016.

Près de 72 000 personnes arrivées en Italie via la Libye

Mi-mai, l’Italie et l’Allemagne ont saisi la Commission européenne pour réclamer l’ouverture d’une mission de l’UE à la frontière Niger-Libye. L’objectif des deux pays est de fermer cette route migratoire en mettant en place « des programmes de développement et de croissance pour les communautés le long de la frontière », « une assistance technique et financière aux organes libyens chargés de lutter contre la migration clandestine » et en assurant la formation du personnel libyen à la lutte contre les trafics.

Selon les chiffres les plus récents (rapport du 21 juin 2017), l’OIM recense « 83 928 migrants et réfugiés arrivés en Europe par la mer » depuis le début 2017. Parmi eux, la grande majorité est arrivée en Italie, via la Libye pour l’essentiel. En 2016, sur la période de janvier à juin, l’OIM a recensé 56 382 arrivées en Italie et 2 449 décès en mer. Sur la même période, en 2017, ce sont 71 978 personnes qui sont arrivées en Italie en provenance de Libye. Et plus de 2 000 personnes ont été tuées en mer. Un chiffre qui ne comprend pas les morts du désert.

Au Nord du Nigeria, l'urgence humanitaire pour les populations locales

La ville de Maiduguri et ses alentours, au nord-est du Nigeria, sont régulièrement la cible d'attaques des ex-Boko Haram (ici après une attaque le 15 mars 2017).
© STRINGER / AFP
 

Au Nigeria, les humanitaires redoublent d'efforts pour assister les populations du nord-est du pays, victimes de l'insécurité liée aux attaques de Boko Haram. Selon les Nations unies, 8,5 millions de personnes réparties dans les Etats de Borno, de l'Adamawa et de Yobe ont besoin d'une assistance urgence, surtout en ce début de période de soudure entre récoltes.

Parmi l'aide prévue, celle de l'Union européenne qui a débloqué 81,5 millions d'euros pour l'aide d'urgence en 2017. Cette aide cible notamment les personnes vivant dans les zones récemment libérées par les militaires et qui n'ont pas forcément pu reprendre leurs activités agricoles. Par exemple dans les villes de l'Etat de Borno « s’entassent des populations déplacées qui ont un accès extrêmement limité aux ressources – que ce soit la terre pour l’agriculture ou autres – et qui deviennent de facto effectivement une priorité », explique à RFI Yassine Gaba, directeur de l'agence humanitaire de l'Union européenne ECHO au Nigeria.

Des zones difficiles d'accès en raison de la présence de Boko Haram

« Le problème, c’est l’accès à ces zones-là parce que (ce sont) des zones relativement étendues sur l’ensemble de l’Etat de Borno, avec des groupes Boko Haram qui sont encore actifs dans certains endroits. Donc des trajets par la route sont compliqués, c’est des convois qui ne peuvent se faire que par route parce que c’est des grosses quantités qui doivent être transportées. C'est des zones de priorité parce que c’est des zones qui sont essentiellement dépendantes de l’aide extérieure.

Plusieurs millions de personnes en attente d'aide

... L’autre problème auquel nous sommes confrontés c’est le nombre : on parle de plusieurs millions de personnes qui sont dans une situation où elles ont besoin d’une assistance alimentaire. Et donc, fournir de l’assistance alimentaire à plusieurs millions de personnes c’est forcément quelque chose de compliqué, d’autant plus qu’on va dans un environnement sécuritaire qui est contraignant et donc vous imaginez, en termes de logistique notamment, ce que ça peut représenter comme difficultés ».

à (re)lire: [Chronique] Au nord du Nigeria, la famine prend de l'ampleur dans l'indifférence

 

Tchad: l’opposition dénonce la corruption
du «système» au pouvoir

Le président du Tchad Idriss Déby Itno à Ndjamena, le 22 novembre 2014.
© MIGUEL MEDINA / AFP
 

Idriss Déby, était, ce dimanche 25 juin, l'invité d'«Internationales», l'émission de RFI, TV5 Monde et du journal Le Monde. A l'heure où le Tchad, un des piliers de la lutte antiterroriste au Sahel, est confronté à une grave crise économique, le président tchadien menace de retirer une partie de ses troupes engagées dans les pays voisins en raison du coût de ces opérations et du manque de soutien financier de ses partenaires. Des propos qui sonnent comme un chantage aux yeux de Mahamat Ahmad Alhabo, ex-ministre et ancien ambassadeur du Tchad à Paris, aujourd'hui, opposant.

        Il (Idriss Déby) veut faire pression pour qu’on lui donne de l’argent ou qu’on le protège.
Mahamat Ahmad Alhabo, coordonnateur du regroupement des partis de l'opposition et secrétaire général du PLD
26-06-2017 - Par Marie-Pierre Olph

 


A l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés – 20 juin 2017 – le pape François a invité à la rencontre personnelle avec les personnes réfugiées, afin de dépasser les peurs et les préjugés.

Journée des réfugiés: la rencontre pour dépasser les peurs

Appel du pape à l’angélus

 
Angélus du 18 juin 2017, capture CTV

Angélus du 18 juin 2017, capture CTV

 

Le pape a en effet évoqué cette Journée annuelle promue par les Nations unies sur le thème “Avec les réfugiés. Aujourd’hui plus que jamais nous devons rester du côté des réfugiés”, lors de l’angélus, deux jours plus tôt.

Cette année, « l’attention concrète est donnée aux femmes, aux hommes, aux enfants qui fuient les conflits, les violences et les persécutions », a-t-il souligné depuis la place Saint-Pierre.

Le pape a encouragé à « la rencontre personnelle avec les réfugiés », qui « dissipe les peurs et les idéologies déformées, et devient facteur de croissance en humanité, capable de faire de la place à des sentiments d’ouverture et à la construction de ponts ».

« Souvenons-nous aussi dans la prière, a-t-il demandé, de ceux qui ont perdu la vie en mer ou dans des voyages exténuants par voie terrestre. Leurs histoires de souffrance et d’espérance peuvent devenir occasion de rencontre fraternelle et de vraie connaissance réciproque ».