Une personne sur 113 est déplacée ou réfugiée, selon le rapport du Haut-Commissariat aux réfugiés publié ce lundi 20 juin 2016 à l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés.Plus de 65 millions de personnes sont des déplacés forcés. « Le plus haut niveau jamais enregistré », relève le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) dans son bilan 2015 publié ce lundi 20 juin à l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés.
Pour la première fois le seuil des 60 millions de personnes déracinées a été franchi. Soit un rythme effréné de 24 personnes déplacées forcées chaque minute selon les calculs du HCR, alors que l’organisation en comptait quatre fois moins dix ans auparavant. C’est dorénavant une personne sur 113 qui vit cette situation, source « d’immenses souffrances » précise, s’il en était besoin, le rapport.
Il s’agit au premier chef de 40,8 millions de déplacés internes, soit des personnes victimes de conflits qui ont dû fuir leur maison pour trouver refuge ailleurs dans leur pays. La seule année 2015 compte 12,4 millions de nouveaux déplacés….
Les ravages de la guerre en Syrie ont affecté la moitié de la population que comptait le pays avant-guerre : 6,6 millions de déplacés et 4,9 millions de réfugiés (qui ont fui leur pays). Concernant l’Irak voisine, les déplacés sont estimés à 4,4 millions et les réfugiés à 250 000. Pour l’Afghanistan, les chiffres sont respectivement de 1,2 million de déplacés et 2,7 millions de réfugiés. La guerre qui a explosé au Yémen en 2014 a généré 2,5 millions de déplacés pour la seule année 2015, soit 9 % de sa population. (Source : La Croix/ 20.06.16/ Marie Verdier, le 20/06/2016)
« la théologie doit dire quelque chose de la crise des réfugiés »
Indien né au Tamil Nadu, Felix Wilfred, 68 ans, est le doyen de la Faculté de philosophie et de sciences religieuses de Madras. Spécialiste de dialogue interreligieux et interculturel, il a été membre de la Commission théologique internationale, à Rome.
Il était l’un des organisateurs du Congrès international et interdisciplinaire qui s’est tenu à l’ICP du 27 au 30 juin sur « le dialogue des rationalités culturelles et religieuses ».
La Croix : Vous venez d’organiser un congrès avec l’Institut catholique de Paris sur le « dialogue des rationalités culturelles et religieuses ». N’observe-t-on pas plutôt une explosion des conflits ?
Felix Wilfred : Nous avons choisi ce thème pour cela : en raison de la crise des réfugiés, des migrations et des problématiques qu’elles suscitent partout dans le monde. La théologie doit être capable de dire quelque chose sur ces sujets.
Au fond, la « rationalité », c’est ce qui explique notre manière d’agir, nos rites, nos habitudes… Les cultures, les religions, les sexes ont chacun ou chacune leur rationalité : nous devons donc reconnaître leur diversité, abandonner l’illusion de l’universalisme.
Jusqu’ici, nous n’avions que deux paradigmes pour gérer cette diversité : soit l’assimilation, qui revient à tout ramener à soi et à nier la différence de l’autre sans avoir la patience d’attendre qu’il dise qui il est ; soit le multiculturalisme, dans lequel on accepte que chacun vive selon sa culture. Nous devons trouver une théorie politique qui parvienne à concilier à la fois les droits de l’individu, et la reconnaissance de la communauté dès lors qu’elle ne fait pas pression sur l’individu. C’est un problème général, posé par les migrations. (….)
(Source: La Croix/Propos recueillis par Dominique Greiner et Anne-Bénédicte Hoffner, le 01/07/2016)