Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Sur le site de Radio France Internationale

Mali: après 72h de garde à vue, le chroniqueur «Ras Bath» libéré sous contrainte

La manifestation de soutien au chroniqueur et activiste «Ras Bath», le 17 août 2016 devant le tribunal de la commune 4 à Bamako.
© HABIBOU KOUYATE / AFP
 

Le chroniqueur, critique envers le gouvernement malien, a été libéré jeudi 18 août dans la soirée, mais reste sous le coup de mesures contraignantes. La veille, des centaines de manifestants s'étaient retrouvés devant le tribunal de la commune 4 de Bamako pour protester contre la comparution du chroniqueur, Mohamed Youssouf Bathily, alias « Ras Bath » comme l’appellent ses partisans. Une manifestation violemment réprimée par les forces de l'ordre. Le bilan fait toujours état d'un mort et d'une dizaine de blessées.

Au tribunal de la commune 4, la visite du ministre de la Justice vient tout juste de s’achever. Mamadou Ismaëla Konaté est venu en personne constater les dégâts, accompagné du procureur général, Mamadou Lamine Coulibay. Il a visité rapidement les lieux avant de prendre la parole devant les officiels pour apporter son soutien : « Face à ces dégradations intolérables, on ne peut pas s’en prendre à la justice d’un Etat de droit », a dit le ministre.

Il a confirmé que le chroniqueur « Ras Bath » avait été libéré jeudi soir à l’issue de sa garde à vue avec des mesures extrêmement contraignantes, notamment l’interdiction de reprendre pour l’instant son activité de chroniqueur radio. Il ne peut pas non plus quitter la commune 4 où il réside. Des dispositions prises pour une durée indéterminée. Et le chroniqueur a, quant à lui, réagi dans un communiqué, en précisant qu’il se soumettrait à ces mesures et en passant par la même occasion, un appel au calme.

Plusieurs enquêtes ouvertes

Outre l'enquête sur les quatre chefs d'inculpation retenus contre Mohamed Youssouf Bathily, d'autres enquêtes sont en cours autour de cette affaire à Bamako. Elles concernent le déroulé de cette manifestation qui a dégénéré et la réaction des forces de l'ordre.

Déjà 19 manifestants ont été interpellés. Ils devaient être présentés au juge aujourd’hui. Et selon le ministre de la Sécurité publique, qui s’exprimait hier lors d’une conférence de presse, Salif Traoré, une information judiciaire est également ouverte pour essayer de trouver l’origine des balles extraites de certains blessés, et plus largement pour faire la lumière sur les responsabilités de chacun à la suite de ces débordements.

A (re) lire → Mali: Twitter et Facebook suspendus après la manifestation de Bamako

Mauritanie: une ONG réclame la libération de 13 militants anti-esclavage

En Mauritanie, l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’homme appelle à la libération immédiate et sans condition de 13 membres de l'ONG anti-esclavage IRA.
© Alex Potemkin/Getty images
 

En Mauritanie, l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’homme appelle à la libération immédiate et sans condition de 13 membres de l'ONG anti-esclavage IRA. Le 29 juin, une opération de déplacement de populations installées sur un terrain privé de la capitale avait dégénéré. Au cours des jours suivant, 13 membres de l'ONG IRA avaient été arrêtés, les autorités les accusant d'être à l'origine des heurts qui ont fait plusieurs blessés parmi les policiers. Ce n'est que le 12 juillet qu'ils avaient finalement été entendus, au milieu de la nuit, par un procureur qui les a inculpés en flagrance de plusieurs chefs dont rébellion et attroupement armé.

D’après les témoignages que nous avons recueillis, pendant une période de 3 à 12 jours, ils ont été détenus au secret.
Alexandra Pomeon
27-07-2016 - Par Laura Martel

Les militants devraient comparaitre le 3 août devant la cour criminelle de Nouakchott.

 

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Côte d'Ivoire: un mort dans une manifestation contre la hausse de l'électricité

Manifestation devant une agence d'électricité ivoirienne de Bouaké, le 22 juillet 2016.
© STR/AFP
 

En Côte d'Ivoire, les manifestations de Bouaké contre la hausse des tarifs d'électricité ont dégénéré ce vendredi après-midi 22 juillet : au moins une personne est morte après avoir reçu une balle et une dizaine d'autres ont été blessées, selon une source hospitalière jointe par l'AFP. Quarante-deux personnes ont été arrêtées. Les manifestants ont pillé plusieurs bâtiments, dont au moins une agence de la CIE, la Compagnie ivoirienne d'électricité.

Dans la soirée de vendredi, la tension était toujours forte mais le calme était revenu. D'importants renforts policiers et militaires ont été déployés à Bouaké après plusieurs heures de chaos dans la deuxième ville du pays. La manifestation contre la hausse des tarifs de l’électricité a vite dégénéré et les confrontations avec la police ont rapidement éclaté dans le quartier de Commerce.

Dès le milieu de la matinée, les manifestants ont dressé des barricades sur l’artère centrale de la ville, les forces de l’ordre ont d’abord entamé des négociations, pour tenter de calmer la situation, mais sans y parvenir. La police a alors utilisé du gaz lacrymogène pour disperser les manifestants, et c’est à ce moment-là que la colère est encore montée d’un cran.

Selon un habitant, la foule en colère était très importante. Les locaux de la Compagnie ivoirienne d'électricité, mais aussi des banques, la préfecture, le domicile du maire ou encore l'agence des impots ont été saccagés.

Des armes dérobées

Très inquiétant pour les autorités, des armes, des chargeurs et des tenues de policiers ont également été dérobés. D'après des témoins, les forces de l'ordre ont rapidement été débordées avant d'ouvrir le feu dans le centre de la ville. Dans l'après-midi, les appels au calme se sont multipliés.

Le bilan provisoire de ces affrontements fait état de la mort d'un jeune homme de 29 ans, décédé après avoir reçu une balle. Le centre hospitalier universitaire de Bouaké n’a pas encore communiqué de chiffres, on parle de dizaines de blessés. Les autorités de police, qui n’ont pas confirmé ce bilan, n'ont pas souhaité non plus commenter cette journée de manifestation.

Plus tôt dans la semaine, des manifestations violente avaient déjà eu lieu à Yamoussoukro ou encore Daloa, mais cette fois les associations de consommateurs avaient levé leur appel à manifester.

A Bouaké, différentes colères se sont agrégées, explique une bonne source. Plusieurs témoins parlent notamment de l'implication d'anciens combattants démobilisés. L'augmentation du prix de l'électricité a cristallisé le mécontentement. Ces derniers mois, certaines factures ont doublé et cela alors que le président Ouattara avait appelé la Compagnie ivoirienne d'électricité à « revoir sa copie ».

Chronologie et chiffres clés

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Mauritanie: des militants anti-esclavagistes inculpés et incarcérés

Les 23 inculpés ont été placés sous mandat de dépôt et incarcérés à la prison de Dar Naim.
© Amnesty International
 

Vingt-trois personnes, en majorité des membres de l'IRA, ont été entendues, inculpées et incarcérées dans la nuit de lundi à mardi par le parquet de Nouakchott. Le 29 juin, une opération de déplacement de populations installées sur un terrain privé avait dégénéré en affrontement avec la police. En plus des protestataires arrêtés le jour même, des cadres de l’ONG anti-esclavagisme avaient été arrêtés à leur domicile ou dans la rue les jours suivants, les autorités les accusant d'être à l'origine des heurts qui ont fait plusieurs blessés parmi les policiers. Depuis, les avocats n'avaient pu avoir accès à aucune personne incarcéré, militants ou habitants.

Lundi 11 juillet, des soutiens de l’IRA (Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste) s'étaient rassemblés au centre de la capitale mauritanienne pour demander la libération des membres de l'ONG anti-esclavagisme. Une manifestation dispersée par la police, qui aurait procédé à une dizaine de nouvelles interpellations.

Face à cette mobilisation, ce n'est que dans la nuit de lundi à mardi, vers 4h30 du matin, que 23 personnes, militants et dirigeants d'IRA pour la plupart, interpellées au cours des douze derniers jours dans le cadre des heurts du 29 juin, ont été entendues par le parquet, affirment leurs avocats.

« Ces personnes avaient été privées de tout contact avec leur famille et leurs avocats et subitement, elles ont été présentées nuitamment pour être interrogées par plusieurs procureurs jusqu'au petit matin, s'indigne Me Ebety, l'un des avocats de l'IRA. Je croyais que ce genre de procédure était dévoyé dans mon pays. »

Au terme d'une audition qui a duré jusqu'à 8h du matin environ, le procureur a opté pour une procédure de flagrant délit et inculpé ces 23 personnes pour plusieurs motifs, dont agression envers les dépositaires de la force publique et incitation à la violence. « Non seulement le dossier est vide, mais il ne tient pas du point de vue du droit », estime Me Ebety. « Pour une procédure de flagrance, il faut, si l'on peut dire, prendre les individus la main dans le sac. Or, la plupart ont été arrêtés le lendemain ou plusieurs jours après les faits », souligne-t-il.

Les 23 inculpés ont été placés sous mandat de dépôt et incarcérés à la prison de Dar Naim. Le parquet dispose d'un mois pour les faire comparaître devant la cour criminelle.

 
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Il n’y a jamais eu autant de déplacés forcés sur terre

AEB8D80B-2842-4E0F-8B21-95357CC7FE70_cx0_cy7_cw0_w987_r1_s_r1Une personne sur 113 est déplacée ou réfugiée, selon le rapport du Haut-Commissariat aux réfugiés publié ce lundi 20 juin 2016 à l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés.Plus de 65 millions de personnes sont des déplacés forcés. « Le plus haut niveau jamais enregistré », relève le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) dans son bilan 2015 publié ce lundi 20 juin à l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés.

Pour la première fois le seuil des 60 millions de personnes déracinées a été franchi. Soit un rythme effréné de 24 personnes déplacées forcées chaque minute selon les calculs du HCR, alors que l’organisation en comptait quatre fois moins dix ans auparavant. C’est dorénavant une personne sur 113 qui vit cette situation, source « d’immenses souffrances » précise, s’il en était besoin, le rapport.

Il s’agit au premier chef de 40,8 millions de déplacés internes, soit des personnes victimes de conflits qui ont dû fuir leur maison pour trouver refuge ailleurs dans leur pays. La seule année 2015 compte 12,4 millions de nouveaux déplacés….

Les ravages de la guerre en Syrie ont affecté la moitié de la population que comptait le pays avant-guerre : 6,6 millions de déplacés et 4,9 millions de réfugiés (qui ont fui leur pays). Concernant l’Irak voisine, les déplacés sont estimés à 4,4 millions et les réfugiés à 250 000. Pour l’Afghanistan, les chiffres sont respectivement de 1,2 million de déplacés et 2,7 millions de réfugiés. La guerre qui a explosé au Yémen en 2014 a généré 2,5 millions de déplacés pour la seule année 2015, soit 9 % de sa population. (Source : La Croix/ 20.06.16/ Marie Verdier, le 20/06/2016)

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« la théologie doit dire quelque chose de la crise des réfugiés »

theologie et refugiésIndien né au Tamil Nadu, Felix Wilfred, 68 ans, est le doyen de la Faculté de philosophie et de sciences religieuses de Madras. Spécialiste de dialogue interreligieux et interculturel, il a été membre de la Commission théologique internationale, à Rome.

Il était l’un des organisateurs du Congrès international et interdisciplinaire qui s’est tenu à l’ICP du 27 au 30 juin sur « le dialogue des rationalités culturelles et religieuses ».

La Croix : Vous venez d’organiser un congrès avec l’Institut catholique de Paris sur le « dialogue des rationalités culturelles et religieuses ». N’observe-t-on pas plutôt une explosion des conflits ?

Felix Wilfred : Nous avons choisi ce thème pour cela : en raison de la crise des réfugiés, des migrations et des problématiques qu’elles suscitent partout dans le monde. La théologie doit être capable de dire quelque chose sur ces sujets.

Au fond, la « rationalité », c’est ce qui explique notre manière d’agir, nos rites, nos habitudes… Les cultures, les religions, les sexes ont chacun ou chacune leur rationalité : nous devons donc reconnaître leur diversité, abandonner l’illusion de l’universalisme.

Jusqu’ici, nous n’avions que deux paradigmes pour gérer cette diversité : soit l’assimilation, qui revient à tout ramener à soi et à nier la différence de l’autre sans avoir la patience d’attendre qu’il dise qui il est ; soit le multiculturalisme, dans lequel on accepte que chacun vive selon sa culture. Nous devons trouver une théorie politique qui parvienne à concilier à la fois les droits de l’individu, et la reconnaissance de la communauté dès lors qu’elle ne fait pas pression sur l’individu. C’est un problème général, posé par les migrations. (….)

(Source: La Croix/Propos recueillis par Dominique Greiner et Anne-Bénédicte Hoffner, le 01/07/2016)

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