Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

(sur Dakaractu)
L'Afrique de l'ouest se prépare à lancer le e-CFA

Le sous-continent ouest-africain se prépare à lancer une version numérique du franc CFA. Dénommé e-CFA et émise par la banque centrale des Etats de l'Afrique de l'ouest (BCEAO), la monnaie sera d'abord utilisée au Sénégal. Si l’expérience est concluante, l'utilisation de la nouvelle monnaie numérique sera étendue aux autres pays de la zone Uemoa.

 

L'Afrique de l'ouest se prépare à lancer le e-CFA
Après la Tunisie qui a lancé l'année passée le e-dinar, l'Afrique de l'ouest en bloc, se prépare à lancer le e-CFA, la version numérique du franc CFA. Émise par la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), il s'agira d'un billet en format numérique qui fonctionnera exactement comme le billet de banque normal. L'Afrique de l'ouest sera ainsi devenue la pionnière en la matière de la monnaie numérique au monde. « Il s'agit d'un billet numérique qui peut s'échanger comme un billet physique émis par une Banque centrale. Pour réaliser une transaction, vous pouvez débiter un compte bancaire et en créditer un autre, ou bien vous pouvez échanger physiquement un billet de 10 dollars ou 10 euros qui passera de votre main à la mienne. Nous avons créé une technologie qui permet cet échange de manière numérique », a expliqué Jonathan Dharmapalan, le fondateur de E-currency Mint Ltd, la start-up irlandaise qui a conçu le e-CFA. Selon lui, la différence entre les autres crypto-monnaies et le e-CFA est que cette dernière dépend d'une zone économique et est émise par une banque centrale. Or, le principe même des crypto-monnaies, tels que le Bitcoin, c'est de justement éviter tout passage par le système financier "traditionnel" dans l'objectif de réduire le coût des transactions.

Le Sénégal sera le premier pays en Afrique de l'ouest à expérimenter le e-CFA. Servant ainsi de point zéro, si l'expérience est concluante, la monnaie sera étendue dans toute l'Afrique de l'ouest. Serigne Diakhoumpa, directeur financier du Fonds souverain des investissements stratégiques du Sénégal estime qu'il s'agit d'une très bonne chose. Pour lui, la technologie sur la quelle se base cette "e-monnaie" est une révolution qui va aider à mieux maîtriser les transactions financières pour lutter contre la corruption.

« Je prends toujours l'exemple du Rwanda, où même la petite vendeuse du coin a un terminal électronique. Plus besoin aujourd'hui d'avoir des billets et des pièces dans votre poche, vous faites la transaction avec des machines, or les machines ne peuvent pas vous demander de payer des choses qui ne sont pas dues. Bien sûr, l'informatique peut se pirater, mais toutes les transactions sont quand même tracées », a-t-il indiqué.
Un point de vue que nuance Hélix, l'institut d'étude de la finance numérique.

Malgré tout la fraude est présente
Tout comme les billets physiques sont marqués d'un filigrane et d'un numéro de série unique, le e-CFA est protéger par des protocoles cryptographiques. Ce dispositif est-il suffisant pour sécuriser la monnaie ? L'institut d'étude de la finance numérique, Hélix, en doute. Selon son rapport d'étude sur la fraude dans le mobile money, la fraude s'adapte toujours au système financier. « Leur technologie à l'origine est assez sûre, mais dès qu'on ajoute des niveaux, des systèmes en plus, cela ouvre des vulnérabilités. Ces six derniers mois, on a vu deux bons exemples de monnaies numériques fiables qui ont été attaquées et ont perdu beaucoup. En août dernier, le bitcoin a perdu 75 millions de dollars et près de 20 % de sa valeur, et son concurrent, Ether, a perdu 50 millions de dollars, à cause d'une vulnérabilité dans leur code », a tenté d'expliquer Elizabeth Berthe, directrice adjointe du réseau Hélix.

Ainsi, faut-il déduire que cette innovation qui consiste à numériser la monnaie régionale ne protège pas de la fraude, mais plutôt contre la corruption. Le e-CFA même sachant cela, rendra un grand service à un espace continental, l'Afrique de l'ouest, gangrené par un taux de corruption effarant. Une grande révolution, tout compte fait. Encore faut-il convaincre les clients finaux de l'utiliser... 


afrique.latribune
 

E-CFA: l’Afrique de l’Ouest se dote d’une monnaie numérique (sur RFI)

Les e-CFA disposent eux d’un système de sécurité numérique, à travers un code cryptographique. Getty Images/Bloomberg/Will Boas


2017 sera l'année du e-CFA. Le Sénégal s'apprête à lancer une version numérique du franc CFA, la monnaie en vigueur dans toute l'Union économique et monétaire ouest-africaine. Cette devise numérique sera émise par la Banque régionale de marché (BRM), selon la règlementation sur la monnaie électronique édictée par la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), la Banque centrale régionale. Si son succès se confirme, elle sera alors étendue à tous les pays de la zone UEMOA.

Jonathan Dharmapalan est le fondateur d’E-currency Mint Limited. Cette start-up installée en République d’Irlande a mis au point le e-CFA. Et n’allez pas comparer cette monnaie africaine au bitcoin, la devise pionnière du numérique. Le e-CFA dépend d’une zone économique et monétaire, il est émis par une Banque centrale et c’est là toute la différence.

« Il s’agit d’un billet numérique qui peut s’échanger comme un billet physique émis par une Banque centrale, explique Jonathan Dharmapalan. Pour réaliser une transaction, vous pouvez débiter un compte bancaire et en créditer un autre, ou bien vous pouvez échanger physiquement un billet de 10 dollars ou 10 euros qui passera de votre main à la mienne. Nous avons créé une technologie qui permet cet échange-là de manière numérique. »

 
Cryptogramme
 
Les billets physiques sont marqués d’un filigrane et d’un numéro de série afin d’éviter les faux. Les e-CFA disposent eux d’un système de sécurité numérique, à travers un code cryptographique.

« C’est une très bonne chose, se réjouit Serigne Diakhoumpa du Fonds souverain des investissements stratégiques du Sénégal. Cette technologie est une révolution contre la fraude. Aujourd’hui, la monnaie électronique va nous aider à mieux maîtriser les transactions financières pour lutter contre la corruption. Je prends toujours l’exemple du Rwanda, où même la petite vendeuse du coin a un terminal électronique. Plus besoin aujourd’hui d’avoir des billets et des pièces dans votre poche, vous faites la transaction avec des machines, or les machines ne peuvent pas vous demander de payer des choses qui ne sont pas dues. Bien sûr, l’informatique peut se pirater, mais toutes les transactions sont quand même tracées. »
 
Fraude
 
Des espoirs que modère l’institut d’étude de la finance numérique Helix qui vient de publier un rapport sur la fraude dans le mobile money, ce système de transfert d’argent par téléphone portable. La fraude s’adapte à chaque système financier, la dématérialisation n’y change rien, et les monnaies numériques n’y échappent pas, selon Elizabeth Berthe directrice adjointe du réseau Hélix.

« Leur technologie à l’origine est assez sûre, mais dès qu’on ajoute des niveaux, des systèmes en plus, ça ouvre des vulnérabilités. Ces six derniers mois, on a vu deux bons exemples de monnaies numériques fiables qui ont été attaquées et ont perdu beaucoup. En août dernier, le bitcoin a perdu 75 millions de dollars et près de 20 % de sa valeur, et son concurrent, Ether, a perdu 50 millions de dollars, à cause d’une vulnérabilité dans leur code », souligne Elizabeth Berthe.

La Tunisie a également lancé l’année dernière son e-dinar. Avec l’e-CFA le continent africain devient donc le plus précurseur au monde dans la monnaie numérique. Singapour, la Chine, la Suède envisagent aujourd’hui de se jeter dans le bain.

La politique africaine de Barack Obama: quel héritage?

Barack Obama devant le Parlement ghanéen, le 11 juillet 2009.
© (Photo : Reuters)
 

Les Africains reprochent à Barack Obama de ne pas s’être davantage impliqué dans les questions africaines pour en faire l’une des priorités de la politique étrangère américaine. Toutefois, le bilan de la politique africaine du premier président américain noir n’est peut-être pas aussi négatif qu’on ne le dit. Ses échecs en matière de promotion de la démocratie et de la bonne gouvernance ont été contrebalancés par des initiatives majeures favorisant le commerce et le partenariat économique est susceptible d’avoir un impact positif sur le continent.

L’élection en 2008 du premier président noir aux Etats-Unis avait suscité, on s’en souvient, une vague d’enthousiasme à travers l’ensemble du continent africain. Au Kenya, pays où est né le père de Barack Obama, les autorités avaient même salué cet évènement historique en déclarant férié le jeudi 6 novembre, jour de l’élection de ce fils métis d’un Kényan. L’Afrique espérait que cette élection inédite se traduirait par un engagement accru des Etats-Unis dans le continent. D’autant que le président élu entretenait des liens forts avec le pays de son père où il s’était rendu à deux reprises lorsqu’il travaillait pour le Sénat. Dans son livre Les Rêves de mon père (éd. Presses de la Cité, 2008) qu’il avait fait paraître avant son accession à la présidence, Obama n’avait-il pas évoqué avec émotion et lucidité ses séjours africains ainsi que la contribution de l’Afrique dans son devenir intellectuel ?

Huit ans après, l’enthousiasme a cédé la place à la déception. Au moment où nous établissons le bilan africain des années Obama avant l’arrivée d’un nouveau locataire à la Maison Blanche, le président sortant est accusé d’avoir « négligé » l’Afrique. Pire encore, les deux mandats du président sortant semblent coïncider aux yeux des Africains avec le déclin de l’engagement de la première puissance mondiale dans leur continent. Ce sentiment d’abandon a été résumé par l’homme d’affaires et philanthrope soudanais Mo Ibrahim qui déclarait dès 2013, « ce à quoi nous assistons aujourd’hui, c’est à un retrait progressif mais continu des Etats-Unis en Afrique. Pour nous, c’est d’autant plus déconcertant que cela se passe alors même qu’un fils de notre continent est à la Maison Blanche ».

Atermoiements

La déception des Africains était particulièrement forte à la fin du premier mandat de Barack Obama. Ce dernier a en effet tardé à s’engager dans une région qui n’a jamais été au cœur des intérêts américains, préférant s’investir dans l’Asie-Pacifique où se joue une grande partie de l’avenir économique du monde.

Contraint par ailleurs sur le plan domestique de concentrer toute son énergie sur le combat contre le chômage qui frôlait 10% à la fin des années 2000 et sur la restructuration de l’économie américaine prise dans le tourbillon de la crise financière mondiale, le président Obama a dû attendre le début de son second mandat, pour effectuer sa première véritable tournée en Afrique, au Sénégal, en Tanzanie et en Afrique du Sud. Ses passages en Egypte et au Ghana durant son premier mandat étaient essentiellement des escales symboliques, riches en discours et pauvres en initiatives réelles. C’est au cours de son bref voyage au Ghana que Obama avait déclaré que « l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, elle a besoin d’institutions fortes ». Cela n’a pas empêché l’administration Obama de conclure des partenariats de sécurité avec un certain nombre d’Etats autoritaires tels que l’Ethiopie, l’Ouganda ou le Rwanda, minant la crédibilité du discours américain en faveur de la bonne gouvernance et la démocratie.

Rappelons que si les atermoiements de la politique africaine de Barack Obama pendant son premier mandat ont été sévèrement jugés par les Africains, c’est aussi parce qu’ils étaient comparés aux initiatives majeures lancées en Afrique par ses prédécesseurs immédiats. Clinton, mais aussi Bush - pour aussi paradoxal que cela puisse paraître – sont crédités d’avoir renforcé l’engagement américain dans la région subsaharienne tant sur le plan sécuritaire que sur celui de l’humanitaire.

Sous la présidence Bush, l’aide des Etats-Unis aux Etats de l’Afrique subsaharienne a été multipliée par quatre, passant de 1,4 milliard de dollars en 2002 à 8,1 milliards en 2010 (1). Le nom de ce président texan, plus connu pour ses initiatives guerrières aux conséquences tragiques que pour ses élans humanitaires, est étroitement lié au programme Pepfar (President’s Emergency Plan for Aids Relief), qui est un plan d’aide d’urgence contre le virus du sida, et au fond de développement Millenium Challenge Corporation (MCC) dont près de 60% des déboursements entre 2004 et 2010 ont bénéficié aux pays africains. Le Pepfar a sauvé des millions de vies en Afrique en mettant les malades du sida sous antirétroviraux.

Quant à Bill Clinton, il est à l’origine de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), une loi votée en 2000 permettant d’ouvrir sans contrepartie le marché américain à une liste de marchandises en provenance des pays africains. Enfin, la lutte contre le terrorisme oblige, les deux présidences participèrent aussi au renforcement des engagements américains en Afrique en matière de sécurité, aboutissant à la création par Bush en 2007 d’un commandement militaire pour l’Afrique (Africom).

Changer de paradigme

C’est à l’aune des actions de ses prédécesseurs que la politique africaine de Barack Obama a été jugée à ses débuts. Or, avec les Etats-Unis empêtrés dans des difficultés économiques graves lorsque Obama a pris ses fonctions en 2009, le nouveau locataire de la Maison Blanche ne disposait ni de marge de manœuvre politique ni de ressources financières pour développer de nouvelles initiatives pour l’Afrique. Il a été même contraint de réduire de plusieurs centaines de millions de dollars le financement des programmes d’aide mises en place sous Bush.

Par ailleurs, il ne voulait pas passer pour un « angry Black man » (un homme noir en colère) pour éviter de nourrir les accusations racistes infondées (il était notamment accusé par le camp républicain d’être né au Kenya et d’être d’obédience musulmane) dont il a longtemps fait l’objet. Il a dû donc attendre le deuxième mandat pour avoir enfin les mains libres, moins liées par les impératifs de sa réélection, pour s’aventurer sur le terrain africain, mais selon ses propres termes.

Ces termes, Barack Obama les avait définis dans les discours-programmes qu’il avait prononcés lors de ses passages en Afrique. « Je ne vois pas les pays et les peuples d’Afrique comme des mondes lointains. Je vois l’Afrique comme partie fondamentale de notre monde interconnecté, comme un partenaire de l’Amérique dans la perspective du monde que nous voulons pour nos enfants », avait-il déclaré à Accra en 2009, devant le parlement ghanéen.

L'ambition empreinte à la fois d’idéalisme et de pragmatisme qui dégage de ces phrases, constitue le véritable soubassement des projets lancés par l’administration Obama entre 2013 et 2015, dont les principaux sont « Feed Africa » qui devait promouvoir l’autosuffisance alimentaire, « Trade Africa », destiné à faciliter les exportations africaines vers de nouveaux marchés et surtout « Power Africa », projet phare censé doubler l’accès à l’électricité en Afrique pour atteindre 300 000 mégawatts à l’horizon 2030. Des projets à long terme qui pourraient changer, croit-on, le visage du continent, si le financement prévu suit.

Surtout, ces initiatives constituent une rupture par rapport à ce qui se faisait avant, en substituant à la traditionnelle politique américaine axée sur l’aide, un partenariat économique plus égalitaire. Selon Alex Vines, analyste à la Chatham House à Londres, en mettant l’accent sur le commerce et l’entrepreneuriat privé, le président sortant a changé le paradigme des relations entre l’Afrique et les Etats-Unis. A l’appui de sa thèse, le chercheur cite le succès rencontré par l’US-Africa Business Forum dont la seconde édition s’est tenue à New York en septembre 2016 en marge du sommet des chefs d'Etats africains et qui a réuni une centaine de grands patrons d’entreprises africaines et américaines. Rappelant que les entrepreneurs ont commencé à prendre l’Afrique plus au sérieux, Vines écrit dans un commentaire publié sur le site de Chatham House : « Mettre l’accent sur les opportunités de business qu’offre l’Afrique est peut-être l’héritage clé des années Obama, au même titre que l’AGOA a été pour Bill Clinton, le Pepfar et l’Africom pour George Bush ».

L'héritage de Barack Obama est aussi politique, un héritage politique basé sur une vision résolument moderne et démocratique de l'Afrique. Cette vision est incarnée essentiellement par les discours passionés qu'il a prononcés en Afrique à chacun de ses passages, captant l'imagination de toutes les générations, mais en particulier celle de la jeunesse qui s'est reconnue dans ses appels aux Africains à prendre leur destin en main. Pour cette jeunesse africaine, Obama reste un modèle de l'homme politique  dont la capacité d'attraction reste entière malgré ses échecs et ses défaillances.   


(1) A. Arieff et alii, US Foreign assistance to Sub-Saharan Africa : the FY 2012 Request, Congressional Research Service, Washington, DC, septembre 2002.

 

MESSAGE DU PAPE
FRANÇOIS
POUR LA CÉLÉBRATION DE LA
50e JOURNÉE MONDIALE DE LA PAIX

1er JANVIER 2017

 

«La non-violence: style d'une politique pour la paix»

1. Au début de cette nouvelle année, je présente mes vœux sincères de paix aux peuples et aux nations du monde, aux Chefs d’État et de Gouvernement, ainsi qu’aux responsables des communautés religieuses et des diverses expressions de la société civile. Je souhaite la paix à chaque homme, à chaque femme ainsi qu’à chaque enfant et je prie pour que l’image et la ressemblance de Dieu dans chaque personne nous permettent de nous reconnaître mutuellement comme des dons sacrés dotés d’une immense dignité. Surtout dans les situations de conflit, respectons cette « dignité la plus profonde »[1] et faisons de la non-violence active notre style de vie.

Voilà le Message pour la 50ème Journée Mondiale de la Paix. Dans le premier, le bienheureux Pape Paul VI s’est adressé à tous les peuples, non seulement aux catholiques, par des paroles sans équivoque : « Finalement [a] émergé d'une manière très claire le fait que la paix était l'unique et vraie ligne du progrès humain (et non les tensions des nationalismes ambitieux, non les conquêtes violentes, non les répressions créatrices d'un faux ordre civil) ». Il mettait en garde contre le « péril de croire que les controverses internationales ne peuvent se résoudre par les voies de la raison, à savoir par des pourparlers fondés sur le droit, la justice et l'équité, mais seulement au moyen des forces qui sèment la terreur et le meurtre ». Au contraire, en citant Pacem in terris de son prédécesseur saint Jean XXIII, il exaltait « le sens et l'amour de la paix, fondée sur la vérité, sur la justice, sur la liberté, sur l'amour »[2]. L’actualité de ces paroles, qui aujourd’hui ne sont pas moins importantes et pressantes qu’il y a cinquante ans, est frappante.

À cette occasion, je souhaite m’arrêter sur la non-violence comme style d’une politique de paix et je demande à Dieu de nous aider tous à puiser à la non-violence dans les profondeurs de nos sentiments et de nos valeurs personnelles. Que ce soient la charité et la non-violence qui guident la manière dont nous nous traitons les uns les autres dans les relations interpersonnelles, dans les relations sociales et dans les relations internationales. Lorsqu’elles savent résister à la tentation de la vengeance, les victimes de la violence peuvent être les protagonistes les plus crédibles de processus non-violents de construction de la paix. Depuis le niveau local et quotidien jusqu’à celui de l’ordre mondial, puisse la non-violence devenir le style caractéristique de nos décisions, de nos relations, de nos actions, de la politique sous toutes ses formes !

Un monde en morceaux

2. Le siècle dernier a été ravagé par deux guerres mondiales meurtrières ; il a connu la menace de la guerre nucléaire et un grand nombre d’autres conflits, tandis qu’aujourd’hui, malheureusement, nous sommes aux prises avec une terrible guerre mondiale par morceaux. Il n’est pas facile de savoir si le monde est actuellement plus ou moins violent qu’il l’a été hier, ni si les moyens de communication modernes et la mobilité qui caractérise notre époque nous rendent conscients de la violence ou plus habitués à elle.

De toute façon, cette violence qui s’exerce par ‘‘morceaux’’, de manières et à des niveaux différents, provoque d’énormes souffrances dont nous sommes bien conscients : guerres dans différents pays et continents ; terrorisme, criminalité et attaques armées imprévisibles ; les abus subis par les migrants et par les victimes de la traite ; la dévastation de l’environnement. À quelle fin ? La violence permet-elle d’atteindre des objectifs de valeur durable ? Tout ce qu’elle obtient n’est-ce pas plutôt de déchaîner des représailles et des spirales de conflits mortels qui ne profitent qu’à un petit nombre de ‘‘seigneurs de la guerre’’ ?

La violence n’est pas le remède pour notre monde en morceaux. Répondre à la violence par la violence conduit, dans la meilleure des hypothèses, à des migrations forcées et à d’effroyables souffrances, puisque d’importantes quantités de ressources sont destinées à des fins militaires et soustraites aux exigences quotidiennes des jeunes, des familles en difficulté, des personnes âgées, des malades, de la grande majorité des habitants du monde. Dans le pire des cas, elle peut conduire à la mort, physique et spirituelle, de beaucoup, voire de tous.

La Bonne Nouvelle

3. Jésus aussi a vécu en des temps de violence. Il a enseigné que le vrai champ de bataille, sur lequel s’affrontent la violence et la paix, est le cœur de l’homme : « C’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses » (Mc 7, 21). Mais le message du Christ, face à cette réalité, offre la réponse radicalement positive : il a prêché inlassablement l’amour inconditionnel de Dieu qui accueille et pardonne et il a enseigné à ses disciples à aimer les ennemis (cf. Mt 5, 44) et à tendre l’autre joue (cf. Mt 5, 39). Lorsqu’il a empêché ceux qui accusaient la femme adultère de la lapider (cf. Jn 8, 1-11) et lorsque, la nuit d’avant sa mort, il a dit à Pierre de remettre son épée au fourreau (cf. Mt 26, 52), Jésus a tracé la voie de la non-violence, qu’il a parcourue jusqu’au bout, jusqu’à la croix, par laquelle il a réalisé la paix et détruit l’inimitié (cf. Ep 2, 14-16). C’est pourquoi, celui qui accueille la Bonne Nouvelle de Jésus sait reconnaître la violence qu’il porte en lui-même et se laisse guérir par la miséricorde de Dieu, en devenant ainsi, à son tour, un instrument de réconciliation, selon l’exhortation de saint François d’Assise : « La paix que vos bouches annoncent, ayez-la plus encore en vos cœurs »[3].

Être aujourd’hui de vrais disciples de Jésus signifie adhérer également à sa proposition de non-violence. Comme l’a affirmé mon prédécesseur Benoît XVI, elle « est réaliste, car elle tient compte du fait que dans le monde il règne trop de violence, trop d'injustice, et que par conséquent, on ne peut surmonter cette situation qu'en lui opposant un supplément d'amour, un supplément de bonté. Ce ‘‘supplément’’ vient de Dieu »[4]. Et il ajoutait avec une grande force : « Pour les chrétiens, la non-violence n'est pas un simple comportement tactique, mais bien une manière d'être de la personne, l'attitude de celui qui est tellement convaincu de l'amour de Dieu et de sa puissance, qu'il n'a pas peur d'affronter le mal avec les seules armes de l'amour et de la vérité. L'amour de l'ennemi constitue le noyau de la ‘‘révolution chrétienne’’ »[5]. Justement, l’évangile du aimez vos ennemis (cf. Lc 6, 27) est considéré comme «la magna charta de la non-violence chrétienne » ; il ne consiste pas « à se résigner au mal […] mais à répondre au mal par le bien (cf. Rm 12, 17-21), en brisant ainsi la chaîne de l'injustice »[6].

Plus puissante que la violence

4. La non-violence est parfois comprise dans le sens de capitulation, de désengagement et de passivité, mais en réalité il n’en est pas ainsi. Lorsque Mère Térésa a reçu le Prix Nobel de la Paix en 1979, elle a livré clairement son message de non-violence active : « Dans notre famille, nous n’avons pas besoin de bombes et d’armes, de détruire pour apporter la paix, mais uniquement d’être ensemble, de nous aimer les uns les autres […]. Et nous pourrons vaincre tout le mal qu’il y a dans le monde »[7]. Car, la force des armes est trompeuse. « Tandis que les trafiquants d’armes font leur travail, il y a les pauvres artisans de paix qui, seulement pour aider une personne, une autre, puis une autre, puis une autre, donnent leur vie » ; pour ces artisans de paix, Mère Térésa est « un symbole, une icône de notre temps »[8]. En septembre dernier, j’ai eu la grande joie de la proclamer sainte. J’ai loué sa disponibilité envers tous par « l’accueil et la défense de la vie humaine, de la vie dans le sein maternel [et] de la vie abandonnée et rejetée. […] Elle s’est penchée sur les personnes abattues qu’on laisse mourir au bord des routes, en reconnaissant la dignité que Dieu leur a donnée ; elle a fait entendre sa voix aux puissants de la terre, afin qu’ils reconnaissent leurs fautes face aux crimes – face aux crimes - de la pauvreté qu’ils ont créée eux-mêmes »[9]. En réponse, sa mission – et en cela, elle représente des milliers, voire des millions de personnes – est d’aller à la rencontre des victimes avec générosité et dévouement, en touchant et en pansant tout corps blessé, en guérissant toute vie brisée.

La non-violence pratiquée avec détermination et cohérence a donné des résultats impressionnants. Les succès obtenus par le Mahatma Gandhi et Khan Abdul Ghaffar Khan dans la libération de l’Inde, et par Martin Luther King Jr contre la discrimination raciale ne seront jamais oubliés. Les femmes, en particulier, sont souvent des leaders de non-violence, comme par exemple, Leymah Gbowee et des milliers de femmes libériennes, qui ont organisé des rencontres de prière et une protestation non-violente (pray-ins) obtenant des négociations de haut niveau pour la fin de la deuxième grande guerre civile au Libéria.

Nous ne pouvons pas non plus oublier la décennie historique qui s’est conclue par la chute des régimes communistes en Europe. Les communautés chrétiennes ont apporté leur contribution par la prière insistante et l’action courageuse. Le ministère et le magistère de saint Jean-Paul II ont exercé une influence particulière. En réfléchissant sur les événements de 1989 dans l’Encyclique Centesimus annus (1991), mon prédécesseur soulignait qu’un changement historique dans la vie des peuples, des nations et des États se réalise « par une lutte pacifique, qui [utilise] les seules armes de la vérité et de la justice »[10]. Ce parcours de transition politique vers la paix a été rendu possible en partie « par l'action non violente d'hommes qui, alors qu'ils avaient toujours refusé de céder au pouvoir de la force, ont su trouver dans chaque cas la manière efficace de rendre témoignage à la vérité ». Et il concluait : « Puissent les hommes apprendre à lutter sans violence pour la justice, en renonçant à la lutte des classes dans les controverses internes et à la guerre dans les controverses internationales »[11].

L’Église s’est engagée pour la réalisation de stratégies non-violentes de promotion de la paix dans beaucoup de pays, en sollicitant même les acteurs les plus violents dans des efforts pour construire une paix juste et durable.

Cet engagement en faveur des victimes de l’injustice et de la violence n’est pas un patrimoine exclusif de l’Église catholique, mais est propre à de nombreuses traditions religieuses pour lesquelles « la compassion et la non-violence sont essentielles et indiquent la voie de la vie »[12]. Je le réaffirme avec force : « Aucune religion n’est terroriste »[13]. La violence est une profanation du nom de Dieu[14]. Ne nous lassons jamais de le répéter : « Jamais le nom de Dieu ne peut justifier la violence. Seule la paix est sainte. Seule la paix est sainte, pas la guerre ! »[15].

La racine domestique d’une politique non-violente

5. Si l’origine dont émane la violence est le cœur des hommes, il est alors fondamental de parcourir le sentier de la non-violence en premier lieu à l’intérieur de la famille. C’est une composante de cette joie de l’amour que j’ai présentée, en mars dernier, dans l’Exhortation apostolique Amoris laetitia, en conclusion de deux ans de réflexion de la part de l’Église sur le mariage et la famille. La famille est le creuset indispensable dans lequel époux, parents et enfants, frères et sœurs apprennent à communiquer et à prendre soin les uns des autres de manière désintéressée, et où les frictions, voire les conflits doivent être surmontés non pas par la force, mais par le dialogue, le respect, la recherche du bien de l’autre, la miséricorde et le pardon[16]. De l’intérieur de la famille, la joie de l’amour se propage dans le monde et rayonne dans toute la société[17]. D’autre part, une éthique de fraternité et de coexistence pacifique entre les personnes et entre les peuples ne peut se fonder sur la logique de la peur, de la violence et de la fermeture, mais sur la responsabilité, sur le respect et sur le dialogue sincère. En ce sens, j’adresse un appel en faveur du désarmement, ainsi que de la prohibition et de l’abolition des armes nucléaires : la dissuasion nucléaire et la menace de la destruction réciproque assurée ne peuvent pas fonder ce genre d’éthique[18]. Avec la même urgence, je supplie que cessent la violence domestique et les abus envers les femmes et les enfants.

Le Jubilé de la Miséricorde, conclu en novembre dernier, a été une invitation à regarder dans les profondeurs de notre cœur et à y laisser entrer la miséricorde de Dieu. L’année jubilaire nous a fait prendre conscience du grand nombre et de la grande variété des personnes et des groupes sociaux qui sont traités avec indifférence, sont victimes d’injustice et subissent la violence. Ils font partie de notre ‘‘famille’’, ils sont nos frères et nos sœurs. C’est pourquoi les politiques de non-violence doivent commencer entre les murs de la maison pour se diffuser ensuite dans l’entière famille humaine. « L’exemple de sainte Thérèse de Lisieux nous invite à pratiquer la petite voie de l’amour, à ne pas perdre l’occasion d’un mot aimable, d’un sourire, de n’importe quel petit geste qui sème paix et amitié. Une écologie intégrale est aussi faite de simples gestes quotidiens par lesquels nous rompons la logique de la violence, de l’exploitation, de l’égoïsme. »[19].

Mon invitation

6. La construction de la paix au moyen de la non-violence active est un élément nécessaire et cohérent avec les efforts permanents de l’Église pour limiter l’utilisation de la force par les normes morales, par sa participation aux travaux des institutions internationales et grâce à la contribution compétente de nombreux chrétiens à l’élaboration de la législation à tous les niveaux. Jésus lui-même nous offre un ‘‘manuel’’ de cette stratégie de construction de la paix dans le Discours sur la montagne. Les huit béatitudes (cf. Mt 5, 3-10) tracent le profil de la personne que nous pouvons qualifier d’heureuse, de bonne et d’authentique. Heureux les doux – dit Jésus –, les miséricordieux, les artisans de paix, les cœurs purs, ceux qui ont faim et soif de justice.

C’est aussi un programme et un défi pour les leaders politiques et religieux, pour les responsables des institutions internationales et pour les dirigeants des entreprises et des media du monde entier : appliquer les Béatitudes dans leur manière d’exercer leurs responsabilités propres. Un défi à construire la société, la communauté ou l’entreprise dont ils sont responsables avec le style des artisans de paix ; à faire preuve de miséricorde en refusant de rejeter les personnes, d’endommager l’environnement et de vouloir vaincre à tout prix. Cela demande la disponibilité « [à] supporter le conflit, [à] le résoudre et [à] le transformer en un maillon d’un nouveau processus »[20]. Œuvrer de cette façon signifie choisir la solidarité comme style pour écrire l’histoire et construire l’amitié sociale. La non-violence active est une manière de montrer que l’unité est vraiment plus puissante et plus féconde que le conflit. Tout dans le monde est intimement lié[21]. Certes, il peut arriver que les différences créent des frictions : affrontons-les de manière constructive et non-violente, de façon que « les tensions, et les oppositions [puissent] atteindre une unité multiforme, unité qui engendre une nouvelle vie », en conservant « les précieuses potentialités des polarités en opposition »[22].

J’assure que l’Église catholique accompagnera toute tentative de construction de la paix, y compris par la non-violence active et créative. Le 1er janvier 2017 naît le nouveau Dicastère pour le Service du Développement humain intégral, qui aidera l’Église à promouvoir de manière toujours plus efficace les « biens incommensurables de la justice, de la paix et de la sauvegarde de la création » et de la sollicitude envers les migrants, « les personnes dans le besoin, les malades et les exclus, les personnes marginalisées et les victimes des conflits armés et des catastrophes naturelles, les détenus, les chômeurs et les victimes de toute forme d’esclavage et de torture »[23]. Chaque action dans cette direction, aussi modeste soit-elle, contribue à construire un monde libéré de la violence, premier pas vers la justice et la paix.

En conclusion

7. Conformément à la tradition, je signe ce Message le 8 décembre, fête de l’Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie. Marie est la Reine de la Paix. À la naissance de son Fils, les anges glorifiaient Dieu et souhaitaient paix sur la terre aux hommes et aux femmes de bonne volonté (cf. Lc 2, 14). Demandons à la Vierge d’être notre guide.

« Tous nous désirons la paix ; beaucoup de personnes la construisent chaque jour par de petits gestes ; nombreux sont ceux qui souffrent et supportent patiemment les efforts de beaucoup de tentatives pour la construire »[24]. En 2017, engageons-nous, par la prière et par l’action, à devenir des personnes qui ont banni de leur cœur, de leurs paroles et de leurs gestes, la violence, et à construire des communautés non-violentes, qui prennent soin de la maison commune. « Rien n’est impossible si nous nous adressons à Dieu dans la prière. Tous nous pouvons être des artisans de paix »[25].

Du Vatican, le 8 décembre 2016

Franciscus

 

[1] Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 228.

[2] Message pour la célébration de la 1ère Journée de la Paix, 1er janvier 1968.

[3] « Légende des trois compagnons », n. 58, Sources franciscaines, Cerf/Éditions franciscaines, 2010, p. 1146.

[4] Angelus, 18 février 2007.

[5] Ibid.

[6] Ibid.

[7] Mère Térésa, Discours pour le Prix Nobel, 11 décembre 1979.

[8] Méditation « La route de la paix », Chapelle de la Domus Sanctae Marthae, 19 novembre 2015.

[9] Homélie pour la canonisation de la bienheureuse Mère Térésa de Calcutta, 4 septembre 2016.

[10] N. 23.

[11] Ibid.

[12] Discours lors de l’Audience interreligieuse, 3 novembre 2016.

[13] Discours à la 3ème Rencontre mondiale des mouvements populaires, 5 novembre 2016.

[14] Cf. Discours lors de la Rencontre avec le Cheikh des Musulmans du Caucase et avec des Représentants des autres communautés religieuses, Bakou, 2 octobre 2016.

[15] Discours, Assise, 20 septembre 2016.

[16] Cf. Exhort. ap. postsyn. Amoris laetitia, nn. 90-130.

[17] Cf. Ibid., nn. 133.194.234.

[18] Cf. Message à l’occasion de la Conférence sur l’impact humanitaire des armes nucléaires, 7 décembre 2014.

[19] Lett. enc. Laudato si’, n. 230.

[20] Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 227.

[21] Cf. Lett. enc. Laudato si’, nn. 16.117.138.

[22] Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 228.

[23] Lettre apostolique sous forme de ‘‘Motu proprio’’ par laquelle est institué le Dicastère pour le Service du Développement humain intégral, 17 août 2016.

[24] Regina Caeli, Bethléem, 25 mai 2014.

[25] Appel, Assise, 20 septembre 2016.

 

 


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Enfants manipulés et sacrifiés par Daech

bandera daesh«  Il y a quelques jours, l’ambassadeur de Syrie à l’ONU a rappelé aux médias occidentaux qui ont négligé ce fait que les terroristes ont utilisé une fillette de 7 ans pour commettre un attentat suicide activé par télécommande contre un poste de police à Damas. […] Le recours aux enfants, en particulier les petites filles, pour commettre des attentats kamikazes se répand. Daech les appelle «oiseaux du paradis» et «petits lions du califat». En mars dernier, un rapport de la fondation britannique Quilliam, Children of The Islamic State* (Enfants de l’Etat islamique), approuvée par l’ONU, a révélé qu’un grand nombre d’enfants, dont une cinquantaine de britanniques, sont endoctrinés par le groupe terroriste Daech.’ Lire l’article de Houari Achouri: « Kamikazes malgré eux : ces enfants que les terroristes font exploser au nom de l’islam« , sur Algérie patriotique, 27/12/16

Les recherches continuent pour retrouver la Française enlevée au Mali

Des soldats maliens dans une rue de Gao (photo d'archives).
© RFI/David Baché
 

Au Mali, les recherches se poursuivent pour retrouver la ressortissante française enlevée samedi 24 décembre dans l’après-midi. Sophie Pétronin, travailleuse humanitaire, a été enlevée par des hommes armés dans la ville de Gao, au nord du Mali. Pour l’heure, l’enlèvement n’est pas revendiqué, mais il a été confirmé dimanche par le ministère français des Affaires étrangères.

Sophie Pétronin, Française de 66 ans, spécialisée dans l’assistance aux enfants mal nourris, vivait depuis le début des années 2000 à Gao. Elle est très connue sur place.

Le rapt a été annoncé dès samedi soir par le ministère malien de la Sécurité. Selon des sources locales, la Française est enlevée à 17h par un groupe d’hommes armés dans le 7e arrondissement de Gao, un quartier populaire de la ville. Elle a ensuite été emmenée à bord d’un pick-up kaki et sable, sans immatriculation et avec des vitres teintées, indique le gouverneur de Gao.

Aucune revendication pour l’instant

Personne n’a revendiqué l’enlèvement pour l’instant. Les recherches sont toujours en cours pour retrouver la travailleuse humanitaire et ses ravisseurs. Elles se poursuivent d’abord à l’intérieur de Gao. « On ne sait jamais », explique une autorité locale. L'hypothèse d'une diversion, avec le départ en trombe d'un véhicule pour faire penser que la ressortissante française était à bord alors que les ravisseurs l’ont peut-être cachée en ville, n'est pas écartée

Mais les recherches se poursuivent également en dehors de Gao. Dimanche, un véhicule suspect a été intercepté et fouillé par les forces de sécurité, entre la localité de Gao et Djibok. Des recherches auxquelles participent également les soldats français de la force Barkhane postés à Gao.

Dimanche, en début d’après-midi, le parquet de Paris a annoncé avoir ouvert une enquête pour enlèvement et séquestration en bande organisée. L’enquête en flagrance a été confiée aux services de renseignement français, à la gendarmerie prévôtale et à la police judiciaire militaire auprès des Forces armées françaises à l’étranger.

Inquiétude des proches

Jean-Pierre Pétronin, le mari de Sophie Pétronin, vit en Haute-Savoie. Il est membre de l'association qu'elle a fondé à Gao et s'était rendu sur place avec elle en 2005. Il se dit inquiet, et surpris de ce qui est arrivé. « J’étais scotché. Elle était tellement bien connue sur Gao par toutes les autorités, etc, et c’est quelqu’un qui a beaucoup fait pour ces enfants de Gao. Elle a quand même un certain âge. J’ai toujours été admiratif de ce qu’elle faisait. Mais là, je suis un peu anéanti. Maintenant, voilà, c’est arrivé. On ne sait pas par qui, comment, on ne sait rien. »

Le manque d'information est préoccupant, confie Jean-Pierre Pétronin. « Elles [les autorités françaises, Ndlr] m’ont simplement confirmé que c’est Sophie Pétronin qui a été enlevée. Mais surtout, il y a absolument rien. J’ai pas de renseignement, j’ai rien du tout. Je suis membre aussi de l’association, je suis en contact avec la présidente. Et voilà, on sait rien, c’est ça le problème. On est un peu dans le néant. A part ce qui se passe dans les journaux télévisés où ils nous disent ce qu’on sait déjà. »