Créé en novembre après l’évacuation du camp parisien de Stalingrad, le centre de premier accueil de La Chapelle risque l’engorgement dans les mois qui viennent.
Par Jeune Afrique
" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)
NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX En vivant proches des pauvres, partageant leur vie. Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.
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Créé en novembre après l’évacuation du camp parisien de Stalingrad, le centre de premier accueil de La Chapelle risque l’engorgement dans les mois qui viennent.
Au centre de La Chapelle, le 14 mars dernier, des migrants rechargent leur téléphone. / Nicolas Kovarik/IP3
Va-t-on assister dans les prochains mois à la reconstitution de camps de migrants dans les rues de Paris ? La question commence sérieusement à se poser tant le dispositif déployé à l’automne commence à craquer de toutes parts.
Le 4 novembre 2016, les autorités avaient procédé à l’évacuation vers des centres d’hébergement de quelque 3 900 personnes qui campaient sur les trottoirs du quartier de Stalingrad. Pour éviter que ne se reconstituent ces bidonvilles, comme cela avait été le cas après les 29 précédentes évacuations, la Mairie de Paris a ouvert un « centre de premier accueil » près de la porte de la Chapelle pour recevoir les migrants qui continuent d’arriver chaque jour dans la capitale. Depuis lors, plus de 21 000 personnes sont passées par le centre, qui offre des consultations médicales et des repas. Et près de 5 000 y ont été hébergées – le centre dispose de 400 lits destinés à des hommes adultes, pour une durée de 5 à 10 jours. Les femmes et les familles, quant à elles, sont orientées vers un autre centre ouvert en janvier à Ivry, en banlieue sud.
Première difficulté, en amont : quasiment depuis l’ouverture, des files d’attente de migrants se créent chaque matin devant le centre, qui ne parvient pas à les accueillir tous. À tel point que début février, une centaine de personnes ont été évacuées pour éviter un nouveau camp, selon l’AFP. Et que des riverains se sont organisés pour distribuer des petits déjeuners, parfois au prix de difficultés avec les forces de l’ordre (lire La Croix du 21 février). Et le phénomène ne semble pas faiblir. « Nous, ce qu’on voit, c’est que, alors qu’on distribuait 30 à 40 litres de boissons chaudes chaque matin, depuis quelques jours, on sert 70 à 80 litres et parfois on n’en a pas assez », explique Julien Fert, du collectif Solidarités Migrants Wilson.
Bruno Le Roux, le ministre de l’intérieur, en visite sur place mardi, a reconnu : « Je ne vois pas la pression migratoire baisser » d’ici deux à trois mois, en évoquant « la pression sur l’Italie », et« à la frontière allemande », avec « des déboutés du droit d’asile en majorité afghans qui cherchent à retrouver une perspective dans notre pays ». Cette arrivée nouvelle et assez massive de déboutés venus d’Allemagne semble inquiéter fortement les autorités.
Mais surtout, deuxième type de difficultés, le centre de La Chapelle commence aussi à montrer des signes de congestion, faute d’hébergements suffisants en aval. Fin février, Paul Duprez, le président d’Emmaüs Solidarités, l’association qui gère le centre, a écrit aux ministères de l’intérieur et du logement pour tirer la sonnette d’alarme. Depuis, « les choses se sont améliorées », explique-t-il tout en précisant que la veille, « il y a eu 87 entrées pour 58 sorties. Grosso modo sur la semaine, ça devrait s’équilibrer avec près de 300 entrées et sorties ».
Mais ce rythme, nécessaire pour éviter la reconstitution de camps, pourra-t-il perdurer ? Théoriquement, les migrants qui souhaitent demander l’asile sont redirigés vers les 301 centres d’accueil et d’orientation (CAO) disséminés dans toute la France. Or non seulement ces CAO accueillent déjà les évacués de Calais, mais, en plus, un certain nombre, installés dans des centres de vacances, doivent être libérés pour le printemps. Le ministère de l’intérieur vient de donner des directives aux préfets pour retrouver de nouveaux lieux de façon à maintenir 90 % des 10 000 places de CAO. Y parviendront-ils ?
Enfin, le ministre n’a rien dit concernant les centres d’hébergement d’urgence pour migrants, (CHUM) et notamment les 93 CHUM franciliens. Or c’est là que sont normalement envoyés les quelque 80 % de migrants accueillis à La Chapelle qui n’ont pas vocation à demander l’asile parce qu’ils sont « dublinés ». Autrement dit, leurs empreintes ayant été enregistrées dans un autre pays d’Europe, ils sont censés, conformément au règlement Dublin, y retourner pour y faire leur demande (1). Mais ces pays ne faisant pas preuve de zèle pour les accueillir, ni la France de zèle pour les renvoyer, ils demeurent dans les CHUM, contribuant à l’engorgement général. Du moins tant qu’un nouveau centre d’accueil, comme celui envisagé sur un site de la Mairie de Paris à Sarcelles, n’est pas véritablement sur les rails.
(1) La promesse de ne pas « dubliner » les exilés de Calais évacués dans un CAO lors du démantèlement de la « jungle » ne s’applique pas aux autres migrants, a rappelé le gouvernement, lundi 6 mars.
L’état de famine est déclaré au Soudan du Sud depuis trois semaines.
Deux autres pays sont aussi fortement touchés : le Nigeria et la Somalie. Ainsi que le Yémen, de l’autre côté de la mer Rouge.
Dans l’attente d’une distribution de nourriture à Thonyor, près de la ville de Leer, au Soudan du Sud, le 25 février. / Siegfried Modola/Reuters
L’état de famine a été déclaré au Soudan du Sud par l’ONU, le 20 février. C’est une première depuis 2011 et la famine qui a touché la Somalie. L’épicentre de la crise se situe dans l’État de l’Unité, dans le nord du Soudan du Sud.
Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), le Fonds pour l’enfance (Unicef) et le Fonds pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), 100 000 personnes risquent de mourir de faim sur place. Les trois agences de l’ONU estiment qu’elles pourraient être un million ces prochains mois. « Lorsqu’on déclare officiellement l’état de famine, cela veut dire que les gens ont déjà commencé à mourir de faim », ont-ils indiqué le 20 février dernier.
Pour définir une situation de famine, en effet, les Nations unies s’appuient sur les critères techniques du « Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire » (IPC). Selon cette classification, il y a famine lorsque le taux de mortalité est supérieur à deux personnes pour 10 000 par jour, que le taux de malnutrition est au-dessus de 30 %, qu’il y a moins de 2 100 calories et moins de 4 litres d’eau disponibles par habitant et par jour.
Au-delà de cette situation de crise majeure, 4,9 millions de Soudanais du Sud – 42 % de la population – ont besoin d’une aide alimentaire de toute urgence, selon Action contre la faim.
Selon la FAO, près de 37 pays ont besoin d’une aide extérieure pour se nourrir, dont 28 pour la seule Afrique subsaharienne. Parmi ces 37 pays, trois suscitent de vives inquiétudes : la Somalie, le Yémen et le nord-est du Nigeria. « Nous sommes face à une situation sans précédent. Nous n’avions jamais été confrontés à quatre menaces de famine dans plusieurs pays en même temps », juge le sous-directeur général et responsable du département développement économique et social, Kostas Stamoulis.
En Somalie, plus de 6 millions de personnes sont menacées, selon l’ONU. La majorité vit en zones rurales. Dans le nord-est du Nigeria, ils sont 5 millions directement affectés par la pénurie alimentaire. Et au Yémen, 7,3 millions. Selon l’Unicef, près de 1,4 million d’enfants de ces quatre pays risquent de mourir de faim.
Si la famine menace directement ces trois pays, toute l’Afrique de l’Est est frappée par l’insécurité alimentaire : Kenya, Éthiopie, Djibouti, Ouganda, Tanzanie… En Afrique centrale, la situation est aussi très tendue. La faim frappe les populations du Tchad, du Burundi, de la République centrafricaine, de la République démocratique du Congo.
Les causes sont avant tout humaines, politiques. Toutes les régions souffrant le plus de la faim sont en effet d’abord des zones de guerre civile.
Au Soudan du Sud, les partisans du président Salva Kiir, de l’ethnie dinka, et ceux du vice-président Riek Machar, de la communauté nuer, se livrent une lutte sans merci pour le pouvoir. L’État de l’Unité est l’un des théâtres les plus violents de cette opposition. Situé à 500 kilomètres de la capitale Juba, il a le double malheur d’être celui dont Riek Machar est originaire et celui où l’on trouve d’importants champs pétrolifères.
Au Yémen, les civils sont victimes d’une guerre opposant les partisans du président destitué et ceux de son prédécesseur. Un conflit amplifié depuis 2015 par l’intervention militaire des pays voisins, en premier lieu de l’Arabie saoudite qui soutient les premiers et de l’Iran qui appuie les seconds. « Toutes les parties ont fait obstacle à la distribution de l’aide humanitaire dans le pays », estimaient les experts de l’ONU dans un rapport rendu public le 23 février.
En Somalie, les chebabs, groupe islamiste, contrôlent le sud du pays et conduisent des attaques terroristes jusque dans la capitale Mogadiscio. Enfin, dans le nord-est du Nigeria, l’armée n’arrive pas éradiquer le groupe islamiste Boko Haram. Si les forces de sécurité ont repris pied dans les villes, la campagne leur échappe toujours.
À ces conflits internes s’ajoute la faillite des États. Au Soudan du Sud, en Somalie et au Yémen, le pouvoir de l’État s’exerce à peine dans la capitale et en rien dans la quasi-totalité du pays. Au Nigeria, le pouvoir central a abandonné depuis des années le Nord-Est.
Conséquence de l’état de guerre et de l’absence de l’État, l’économie locale, les activités agricoles et commerçantes sont inexistantes. Alors que les réserves mondiales de nourriture sont abondantes, l’accès aux populations en danger est extrêmement difficile voire impossible pour les humanitaires. De sorte que les populations de ces quatre zones n’ont plus les moyens de se nourrir et sont livrées à elles-mêmes.
Pour la troisième année consécutive, l’Afrique de l’Est est par ailleurs touchée par un épisode de sécheresse. L’Organisation météorologique mondiale (OMM) prévoit un nouveau déficit en eau ces mois prochains. La Somalie, le Kenya, l’Éthiopie, le Soudan du Sud, une partie de l’Ouganda et de la Tanzanie sont particulièrement affectés par ce phénomène. La sécheresse détruit les moyens d’existence, répand les maladies, déclenche des mouvements de population à grande échelle. Dans plusieurs régions, le bétail est déjà décimé. Les récoltes se raréfient, et les prix des denrées alimentaires s’envolent. Cependant, les spécialistes s’accordent à dire que si la sécheresse fragilise les populations, elle n’est pas la cause première de la famine qui frappe le Soudan du Sud et menace le Yémen, la Somalie et le nord-est du Nigeria.
Alors que, le 7 mars, l’épiscopat catholique de la RD Congo, en première ligne dans la crise politique, dénonçait les « manœuvres visant à retarder la mise en application de l’accord du 31 décembre », le pape François a laissé entendre que le voyage qu’il envisageait de faire en 2017 dans ce pays, ainsi qu’au Congo-Brazzaville, n’était plus d’actualité.
Dans une interview au journal allemand Die Zeit, parue le 9 mars, le souverain pontife en exprime le regret : « Il était prévu d’aller dans les deux Congos, mais, avec Kabila, ça ne va pas, je ne crois pas qu’on puisse y aller », a-t-il confié. Une décision certainement mûrie avec le cardinal Laurent Monsengwo, archevêque de Kinshasa et membre du « C9 », le conseil spécial des cardinaux du pape.
En revanche, François a confirmé son intention de se rendre au Soudan du Sud dès cette année en compagnie de Justin Welby, l’archevêque anglican de Cantorbéry, ce pays déchiré par la guerre comptant environ 3 millions de catholiques et 2 millions d’anglicans.
Le principal opposant nigérien Hama Amadou, en exil en France, a donc été condamné hier lundi par la Cour d’appel de Niamey à un an de prison ferme pour son implication dans cette désormais tristement célèbre affaire de trafic international de bébés. Une affaire qui empoisonne le climat politique nigérien depuis deux ans et qui suscite bien des commentaires dans les médias de la sous-région.
Ainsi, pour le quotidien Le Pays au Burkina, « si l’objectif du président Mahamadou Issoufou était de détruire politiquement son adversaire Hama Amadou, on peut dire qu’il l’aura atteint. Car, non seulement il a réussi à nuire à la réputation de l’homme, mais aussi à mettre du sable dans son couscous lors de la dernière présidentielle. Ainsi va la politique en Afrique. Quand on entre en dissidence avec le régime en place, il faut s’attendre à tout. (…) Cela dit, tempère Le Pays, s’il est vrai que d’aucuns ont vite fait de parler de cabale politique contre Hama Amadou qui fut un allié de Mahamadou Issoufou, il faudrait cependant savoir raison garder. Car, à tout point de vue, Hama Amadou n’a pas non plus présenté un comportement qui laissait peu de place au doute dans ce dont on l’accuse. En effet, s’interroge le quotidien burkinabé, pourquoi avoir, dans un premier temps, fui son pays alors même que son épouse était déjà en prison ? Pourquoi avoir refusé le test d’ADN qui, à lui seul, suffisait pour établir ou non sa culpabilité ? Ne s’agit-il pas là d’une stratégie visant à donner une dimension politique à l’affaire pour finalement jouer les victimes ? Cela y ressemble fort, tant Hama Amadou n’a, selon toute vraisemblance, rien fait pour prouver son innocence, si ce n’est crier au complot. »
Exil définitif ?
« Véritable scandale sociopolitique ou simple cabale pour liquider une personnalité qui a toujours été le trublion de la scène politique nigérienne ? », s’interroge L’Observateur Paalga, toujours au Burkina. « Quoi qu’il en soit, le jugement a eu lieu, mais on ne saura jamais la vérité, pointe le quotidien burkinabé. Les enfants supposés sont-ils oui ou non ceux d’Amadou et d’Hazida Hama ? Le couple et le Bon Dieu le savent, l’opposant s’étant toujours refusé à se plier au test de paternité (…). A-t-il donc préféré que tout le monde reste dans le doute, ce qui laisse bien sûr libre cours à toutes sortes de spéculations ? C’est la question qu’on est en droit de se poser. Dans tous les cas, estime encore L’Observateur Paalga, il faudra bien que l’ancien prisonnier de Filingué rentre un jour au pays pour affronter courageusement son destin, s’il ne veut pas, au-delà de la condamnation judiciaire, se condamner lui-même à un exil définitif. Ce qui serait la pire des sentences et équivaudrait à une mort politique. »
Acharnement ?
Pour Ledjely.com en Guinée, il s’agit d’un « verdict-acharnement contre Hama Amadou : la sentence prononcée hier s’inscrit dans la logique de ce constant travail de sape destiné à pourrir la vie de l’opposant et à le ruiner politiquement, estime le site guinéen. Déjà, en le contraignant à rester loin du pays, le pouvoir de Niamey le prive du très indispensable contact avec ses potentiels électeurs. (…) Et avec le verdict d’hier, il pourrait avoir délivré l’estocade à son adversaire le plus en vue. Son casier judiciaire étant désormais entaché par cette condamnation, c’est l’éligibilité de Hama Amadou qui demeure en suspens… »
Question éthique
Règlement de compte politique ou pas, ce qui est sûr, estime pour sa part Aujourd’hui à Ouaga, c’est que « le trafic de bébé devient un problème sous-régional sur lequel il faut se pencher. Au-delà de Hama, dont l’affaire a inhibé sa carrière politique, que ce soit dans les rues de Ouaga, Niamey, Cotonou, Lomé ou Abidjan, les histoires de bébés qu’une certaine bourgeoisie s’offre à coup de millions sont contées, des noms d’acheteurs cités. Des histoires invérifiables du reste, en tous cas pas au niveau du profane même si quelques fois, le fait de ne jamais voir une femme enceinte et subitement de la voir tenant des jumeaux fait sourire. Le trafic des bébés selon des témoignages aurait sa source à Ore, une ville du Nigéria où les femmes se rendent pour revenir 'cadeautées' de ces petits êtres si chers. »
Alors, conclut Aujourd’hui, « au-delà de l’emblématique Hama, dont le cas intéresse pour des raisons politiques, il y a lieu peut-être d’investiguer en profondeur. Car la question éthique se pose : (…) un bébé ne s’achète pas au marché (…). Pourquoi diantre ne pas aller adopter en bonne et due forme dans une pouponnière ? »
Sur le site de "Jeune Afrique"
Des représentants d’associations peules du Mali, du Niger, et du Burkina Faso se sont réunis la semaine dernière à Dori, dans le nord du Burkina. Objectif de cette rencontre : mettre sur pied un réseau civil transfrontalier pour lutter contre l'insécurité grandissante dans leur région.