" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. "(Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)
NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :
En vivant proches des pauvres, partageant leur vie. Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée. Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun. Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.
Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.
Drogue au Tchad
Tchad: un réseau de trafiquants de drogue devant la justice
Il a fallu six mois d’enquête au service des renseignements pour démanteler ce vaste réseau qui alimente la Libye en drogue en provenance du Tchad.
Avec notre correspondant à Ndjamena,Madjiasra Nako
Au banc des accusés, de hauts gradés, des agents de renseignement et autres petites mains. Ils sont inculpés pour trafic de drogue, complicité de trafic et tentative de corruption.
Début janvier de cette année, les douanes tchadiennes saisissent plus de deux cents cartons de Tramadol dédouanés au Cameroun comme des produits pharmaceutiques. La marchandise qui devrait être livrée en Libye est estimée à plusieurs dizaines de milliards de FCFA.
Depuis la Libye où ils se trouvent, les barons du trafic tentent d’intimider ou de corrompre dans toute la chaîne judiciaire par l’entremise des officiers proches du pouvoir impliqués dans le trafic. Le procureur de la République de Ndjamena par exemple a été démarché pour faciliter la tâche aux mis en cause en échange de un milliards de FCFA.
L’enjeu du procès qui s’ouvre ce vendredi est que la justice tchadienne doit montrer qu’elle ne se laisse pas influencer par des généraux et autres membres des services de renseignements dès lors que ceux-ci se mêlent de trafic de drogue.
Des millions de destins brisés, qui enrichirent des royaumes esclavagistes africains, des trafiquants arabo-musulmans et des commerçants européens. Les traites négrières ont une histoire terrifiante.
L’esclavage a existé dans toutes les sociétés jusqu’à récemment. On ne naît pas « esclave », on le devient. Est « esclavisé » l’individu possédé comme un objet, un outil sans existence propre, ne serait-ce que parce qu’il est, en particulier dans les sociétés africaines, sans ancêtres ; c’est un étranger déraciné. L’esclavage préexistait aux traites (ou commerce) en Afrique. Le statut n’y était pas plus enviable qu’ailleurs, d’autant qu’arraché à ses ancêtres, l’esclave transmettait ce manque à sa descendance.
Les trafics internes à l’Afrique
Toujours, l’esclavage a été source de profits pour les divers partenaires impliqués : marchands, armateurs, exploitants agricoles ou autres. En Afrique aussi, les chefs tiraient avantage du trafic : ce fut le cas aussi bien des souverains côtiers et des grands traitants de mèche avec les Européens – d’où l’apparition de nouvelles entités politiques greffées sur les circuits internationaux – que des petits racoleurs et brigands dans l’arrière-pays. Il y eut donc en Afrique, immense continent morcelé en nombreuses formations politiques indépendantes, deux groupes antagonistes : les razzieurs et les razziés. Si au Sahel, les femmes esclaves étaient utilisées comme concubines, elles pouvaient dans d’autres régions être des épouses raptées : en régime « matrilinéaire », le rapt était pour l’homme le seul moyen de s’approprier sa descendance aux dépens de son épouse, puisque l’esclave était privée de lignage. Cette pratique garantissait une descendance aux hommes, palliant les effets d’une importante mortalité infantile.
La traite, et les armes que les Européens fournissaient aux royaumes esclavagistes comme monnaie d’échange pour les captifs, alimentèrent une économie de violence.… Lire la suite: Les traites vues d’Afrique, Catherine Coquery-Vidrovitch, Sciences humaines, déc. 2019-janv. 2020.
[Point de vue] : Le père Francis Barbey est prêtre du diocèse de San-Pedro, en Côte d’Ivoire, enseignant universitaire, spécialiste en éducation aux médias et écrivain.
La mort de George Floyd aux États-Unis, par étranglement, a ému le monde entier. Elle nous rappelle soudainement comment les mots de la discrimination peuvent être au service de l’injure avant d’inciter aux coups et au meurtre. La mort de George Floyd n’est pas un acte isolé. Parmi tant d’autres, elle fut, fort heureusement, une mort médiatisée grâce au smartphone d’une adolescente qui passait par ce chemin et qui, ne pouvant empêcher l’acte du policier raciste, l’a empêché de se dissimuler.
Mais le racisme en question n’est que l’autre face d’un sentiment de discrimination assez répandu qui n’est pas qu’affaire de blancs ! En Afrique, où les noirs sont en grand nombre et vivent entre eux, l’un des défis majeurs pour aujourd’hui et pour les prochaines décennies est celui de la xénophobie et du tribalisme qui, comme le racisme, passent du mot à l’insulte avant d’arriver finalement au meurtre. Ce sont toutes ces questions que fort opportunément la mort de George Floyd nous donne de ne pas perdre de vue, si pour ce qui nous concerne en Afrique, nous aspirons à l’unité dans nos pays et vers une intégration plus humaine et plus large des populations africaines.
Ce samedi 20 juin, c'est la 20e célébration de la Journée mondiale des réfugiés, soit 26 milions de personnes concernées à travers le monde. Une édition un peu particulière en raison de la crise sanitaire provoquée par le Covid-19. Le HCR, Haut-commissariat aux réfugiés a créé pour l’occasion un émoji, ces petits dessins stylisés qu’on utilise dans les messageries et sur les réseaux sociaux. Un émoji spécial Journée des réfugiés. Et son créateur, devenu le maître africain du genre, est un Ivoirien de 22 ans, O’Plérou Grébet.
Covid-19 oblige, les célébrations de la Journée mondiale des réfugiés se passeront sur internet cette année. D’où l’idée de cet émoji que le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés, le HCR, a commandé au jeune designer ivoirien O’Plérou Grébet.
« Le thème qui m’a été donné, c’est "solidarité, diversité et acceptation ". Du coup, c’est à partir de ces trois valeurs que j’ai pensé à utiliser deux mains de couleurs différentes, qui forment un cœur pour représenter les trois valeurs en même temps ».
Deux mains en forme de cœur qui viennent rejoindre une série de près de 400 émojis créés depuis deux ans par O’Plérou pour mieux représenter l’Afrique de l’Ouest sur les réseaux sociaux. Des « zouzoukwa », comme il les a baptisés.
« Ça, c’était un projet que j’ai commencé sur Instagram, aussi, qui consistait à créer un émoji chaque jour de 2018, représentant les cultures traditionnelles et modernes africaines. Et à la fin du projet, j’ai publié une application pour que les gens puissent utiliser les émojis que j’ai créés sur WhatsApp et les messages. Je voulais montrer ce que je vois et ce que d’autres personnes voient aussi ».
Ce projet l'a rendu célèbre. La presse internationale de CNN à Forbes s’intéresse à ce jeune artiste discret. Un succès tels que les « zouzoukwas » auront une suite pour représenter l’ensemble de l’Afrique et pas seulement l’Afrique de l’Ouest. O’Plérou ne manque d’ailleurs pas de projets et s’est lancé dans l’apprentissage des techniques 3D.
Après la mort de Georges Floyd aux Etats-Unis, plusieurs milliers de manifestant.e.s à travers le monde jusqu’en Belgique se sont fait entendre, appelant à l’action contre les violences policières et le racisme systémique. La Coalition pour un plan d’action interfédéral de lutte contre le racisme (NAPAR) lance aujourd’hui un mémorandum avec plus de 50 propositions pour développer ce plan d’action.
Avant tout, la Coalition aimerait apporter son soutien à toutes les personnes impactées par les violences et le harcèlement policier ainsi que le racisme structurel. Nous pensons en particulier aux afro-descendant.e.s particulièrement affectées par les violences racistes mais également par le climat actuel. Nous réitérons notre engagement continu afin de travailler au développement de politiques publiques antiracistes impactantes.
Cette semaine, la Plateforme Stop profilage ethnique a lancé sa campagne “Pas Normal – Stop au profilage ethnique”, avec de nombreuses revendications concrètes pour lutter contre le racisme et la discrimination au sein de la police. Parmi ses propositions, nous appuyons l’idée de l’enregistrement systématique des contrôles de police et la délivrance d’un récépissé mentionnant la raison du contrôle. Nous demandons aussi la généralisation du système de police de proximité, qui a déjà prouvé son utilité dans un certain nombre de communes à l’étranger (entre autres au Royaume-Uni).
D’autre part, la coalition NAPAR préconise une tolérance zéro pour le racisme et la discrimination par des agent.e.s de police et des sanctions efficaces. Elle préconise aussi la réforme urgente du Comité P en un organe véritablement indépendant chargé d’enquêter sur les plaintes pour racisme au sein de la police.
Trêve de discussions, l’urgence est à l’action !
“Nous rappelons au gouvernement fédéral l’urgence de tenir la conférence interministérielle contre le racisme annoncé par Sophie Wilmès, et que la Coalition NAPAR, composée de 59 organisations francophones et néerlandophones de la société civile, est prête à se retrousser les manches dès demain pour créer un plan d’action interfédéral contre le racisme.” Sakina M. Ghani, co-coordinatrice de la Coalition NAPAR.
Rédigé avec l’ensemble des associations membres de la Coalition, d’autres expert.e.s, ainsi que des institutions comme UNIA, le mémorandum contient à la fois des revendications transversales (l’implication des personnes concernées, l’adoption d’une lecture politique intersectionnelle, etc.) mais également par niveau de pouvoir et par secteur comme l’emploi, la justice, la police, l’accès au logement, la culture, l’enseignement, la décolonisation des espaces publics, la santé, etc. Notre objectif est bien de lutter contre le racisme structurel qui impacte les personnes racisées dans tous les domaines de la vie sociale.
Il y a urgence à dépasser les actions purement symboliques
Par le passé, les campagnes de lutte contre le racisme consistaient principalement en des campagnes de communication afin de dénoncer le racisme interpersonnel. Ces actions ponctuelles faisaient l’impasse sur la racine du problème : le racisme structurel. Nous ne nous contenterons pas d’une énième action symbolique des gouvernements. Nous n’accepterons pas que la concertation entre les ministres de toutes les entités fédérées mène à des actions inefficaces. “Surtout, n’oublions pas que le racisme conduit à la discrimination et que celle-ci est punissable et peut faire l’objet de poursuites judiciaires. Nous devons donc y lutter à tout moment, ensemble, en tant que société”, déclare Sakina M. Ghani, co-coordinatrice de la coalition NAPAR.
Le sentiment d’urgence est enfin présent. Celles et ceux qui doutent qu’un changement social de grande envergure soit possible à court terme n’ont pas besoin de chercher loin pour trouver de bons exemples. La solidarité populaire pendant cette crise du COVID-19 ainsi que la mobilisation massive de ces derniers jours contre les violences et le harcèlement policier nous le prouvent.
Contact presse
Néerlandophone : Kathleen Van Den Daele – 0491 56 70 68