1er dimanche de l’Avent : Veillez pour être prêts (Mt 24, 37-44). Année A. Partageons la parole de Dieu avec Patrick Laudet, diacre à la cathédrale Saint-Jean de Lyon.
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Évangile : Veillez pour être prêts (Mt 24, 37-44)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Comme il en fut aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il lors de la venue du Fils de l’homme. En ces jours-là, avant le déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et on prenait mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ; les gens ne se sont doutés de rien, jusqu’à ce que survienne le déluge qui les a tous engloutis : telle sera aussi la venue du Fils de l’homme. Alors deux hommes seront aux champs : l’un sera pris, l’autre laissé. Deux femmes seront au moulin en train de moudre : l’une sera prise, l’autre laissée. Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient. Comprenez-le bien : si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur viendrait, il aurait veillé et n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison. Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. »
Autres lectures : Is 2, 1-5 ; Ps 121 (122) ; Rm 13, 11-14a.
Comprendre
Alors, la fin du monde c’est pour quand ? Quand donc viendra-t-il, le Fils de l’homme ? Est-ce imminent ? Par une mystérieuse croissance du mal qu’accompagne une mystérieuse croissance du bien, nous assistons à une accentuation de la dimension tragique de l’Histoire. Les moyens que l’homme a désormais dans sa main, la planétarisation de la vie sur terre, tout cela intensifie l’Histoire et fait converger les forces du mal comme les forces du bien. C’est au XXe siècle que l’Église compte le plus de saints canonisés, sans doute parce que, siècle des guerres mondiales, des horreurs totalitaires, c’est un moment de l’Histoire où le mal est apparu sur la terre avec une telle puissance qu’à certains moments et à certains endroits, l’enfer a quasiment régné directement dans le monde. Et au XXIe siècle, la puissance du mal à l’évidence ne faiblit pas, ni ne desserre son étau. Et de tout cela, constamment connectés et branchés, nous sommes au quotidien informés, surinformés, par des médias voyeuristes et parfois obscènes, qui se complaisent à nous en dérouler à la minute le détail. Surinformés, mais peut-être aussi chloroformés… Car l’image en boucle de ce qui va mal, devenue permanente, fait souvent écran, au sens propre. À côtoyer au quotidien ces horreurs lointaines et planétaires (mais parfois pas si lointaines que cela), on se blinde sans s’en rendre compte, on s’habitue ; et on continue à boire, à manger, à jouir et à consommer (parfois pour compenser !) ; notre charité n’est pas tout à fait morte, mais elle devient abstraite, hors sol ou parfois idéologique, sur fond de désespoir ou d’impuissance. Inversement proportionnelle aux drames du monde, notre compassion grandit en théorie, ou s’affiche ostensiblement, en discours, mais une sournoise indifférence de fond, par anesthésie ou habitude, peut en même temps nous gagner. C’est le risque. L’Avent vient à point nommé nous réveiller ! Jésus veille sur notre cœur profond.
Méditer
Car tant de cœurs hélas ressemblent déjà à ces hôtelleries de Bethléem, encombrées et qui affichent complet, et où il n’y a et où il n’y aura plus de place pour lui le soir de Noël. Nous avons devant nous quatre semaines pour préparer en nous, pour lui, l’humble étable d’un cœur de pauvre mais d’un cœur vrai et aimant où il pourra de nouveau venir, naître et grandir. Oui, en ce premier dimanche de l’Avent, Jésus, qui cherche inlassablement la porte de notre cœur, n’a qu’une question en tête : il veut savoir s’il est ouvert, vraiment ouvert, s’il n’est pas trop encombré, s’il vit. Il ne s’agit rien moins que de donner nos vies, de tout lâcher pour choisir l’amour, pour accueillir vraiment celui qui nous donnera la charité vraie, celle qui commence humblement par le don de soi au prochain, c’est-à-dire au plus proche : notre mari, notre femme, notre enfant, notre voisin, un compagnon, un collègue de bureau. (Souvenons-nous du malheureux riche qui pâtit au Ciel d’avoir manqué, à sa porte, le pauvre Lazare.) Le « wokisme » n’a pas le monopole du réveil ! Et si chacun de nous est suffisamment éveillé aux réelles détresses qui sont à notre porte, nous pourrons alors, par cercles concentriques, toucher aussi, mystérieusement et de manière plus réelle, des détresses plus lointaines…
Prier
Seigneur, éveille notre vigilance, donne-nous la grâce d’une vraie attention aux misères de notre temps et tiens-nous prêts. Guéris nos indifférences, et montre-nous chaque jour comment, là où nous sommes, nous avons notre part au bien commun et au salut du monde.