Moine et écrivain, François Cassingena-Trévedy vit depuis peu en solitaire dans le Cantal. Un quotidien qu’il partage, avec profondeur et force poétique, dans le nouveau tome de son journal, Propos d’altitude. Pour L’Hebdo, il revient sur l’importance de la frugalité, le sens profond de Noël et les ressources offertes par la tradition chrétienne et sa liturgie au moment où un froid glacial saisit l’Église.
La Croix L’Hebdo : Normalien, moine désormais solitaire, vous êtes aussi écrivain. Votre journal, baptisé Étincelles, séduit un public de plus en plus vaste. Quelle est l’importance de l’écriture dans votre vie ?
François Cassingena-Trévedy : J’écris depuis que j’ai 10 ans. Mais j’ai commencé ce travail dans les années 1990. L’écriture est pour moi un artisanat. C’est un exercice spirituel, une nécessité intérieure. À côté d’articles d’études spécialisés, de traductions, ces petits textes viennent au jour le jour, dans une liberté totale de rythme, d’aspiration, inspirés par la fréquentation des textes bibliques, par les temps liturgiques et les saisons. Avec l’attention portée aux paysages, aux arbres, à de petits riens.
C’est à la fois poétique et théologique. Ce n’est pas un journal au sens autobiographique. Je ne me raconte pas. Je me place dans une tradition d’écriture du XVIIᵉ siècle où « le moi est haïssable ». Cela permet aussi à n’importe qui de rentrer dans cet itinéraire de pensée. C’est une écriture que j’essaie de rendre habitable.
Votre propre lieu d’habitation a changé : depuis deux ans, vous vivez en ermite dans le Cantal. Pourquoi ce choix ?
F. C.-T. : J’ai quarante ans de vie monastique et communautaire derrière moi. Quinze ans à l’abbaye Notre-Dame de Randol, près de Clermont-Ferrand, et vingt-cinq ans à l’abbaye Saint-Martin-de-Ligugé (Vienne), deux monastères de la congrégation de Solesmes. J’ai vécu, dans l’intime, ce que traverse l’Église. Cet effondrement de tout un paysage, cette dévastation à la fois intérieure et extérieure. Un effacement d’un certain Dieu, de tout un discours officiel aussi. Cette crise a rencontré un appel intérieur que je ressentais de plus en plus fortement. Il y avait le désir de rassembler le paquetage essentiel de la vie. Tout en demeurant canoniquement moine de Ligugé, et en pleine communion avec ma communauté, je vis détaché dans un avant-poste.
Pourquoi avoir choisi de se poser dans le Cantal, en Auvergne ?
F. C.-T. : J’ai un attrait très fort, mystique, à cette région. Je suis né à Rome, d’un père italien et d’une mère bretonne. Enfant, mes vacances se partageaient entre la Bretagne et, à partir de 1969, le Mont-Dore en Auvergne. Installés dans le buron (cabane de berger en Auvergne, NDLR) que nous louions avec mes parents, nous nous précipitions dans la forêt pour aller chercher des genêts, des genévriers, des branches, pour allumer le feu dans la grande cheminée et rester là durant les vacances de Noël ou de Pâques.
Le soir, nous lisions des contes d’Auvergne ou L’Annonce faite à Marie de Paul Claudel. En 2013, je suis retourné au Mont-Dore et l’attrait est revenu. En 2015, j’ai demandé au père abbé (supérieur, NDLR) de mon abbaye la permission de partir pour quinze jours de marche et j’ai traversé tout le plateau du Cézallier, un désert à 1 500 mètres d’altitude, la Mongolie française. J’ai eu l’impression de trouver ma Terre promise. J’avais besoin de cette terre, de neige, d’obscurité.
Vous aviez déjà ce projet d’installation ?
F. C.-T. : Ce n’était pas l’objectif immédiat. Mais jusqu’en 2020, j’y suis retourné épisodiquement, jusqu’à prolonger l’expérience et faire définitivement le pas. On dira que c’est une fuite. Peut-être. Mais la fuite du monde est aussi dans la tradition spirituelle. Je me dis parfois que ma vie monastique, en réalité, vient de commencer. Je reste bel et bien moine. Je n’ai jamais autant eu le sentiment d’avoir quitté le monde. Je suis un naufragé sur les hauteurs du Cantal. Naufragé volontaire.
Quel est ce monde que vous avez quitté ?
F. C.-T. : Un monde qui aurait pu être souriant. J’aurais pu faire une belle carrière universitaire. Des responsabilités ecclésiales, peut-être, qui sait. Mais tout cela est enseveli. « Je n’ai soif que d’un immense retirement », dit le Maître de Santiago, de Montherlant. Dans la marée de l’existence, il y a un flux et un reflux. Il y a un âge du flux, et puis un âge du retirement. Comme la mer que j’aime aussi, je suis dans cet âge-là.
Concrètement, expliquez-nous comment se passe votre érémitisme.
F. C.-T. : Érémitisme est un mot ambitieux. Je suis un ermite social. Je vis dans un petit village qui s’appelle Sainte-Anastasie. Et Anastasie, c’est la résurrection ! Je me vois comme enfoui dans cette vallée. Mais un enfouissement pour qu’il y ait de la vie qui jaillisse. Tout le monde a su tout de suite que j’étais prêtre, que je pouvais dire la messe. Dans un milieu rural, traditionnel, vieillissant, cela compte. Il y a une attente, même si l’assemblée est seulement composée de dix ou vingt personnes. Pour moi, c’est une merveille.
Vous vous considérez comme privilégié ?
F. C.-T. : Privilégié, oui, parce que je reçois immensément de la nature austère qui m’entoure et du monde paysan auquel j’appartiens. Mais cela avait un prix. Le chemin que j’ai pris pouvait susciter l’étonnement et l’incompréhension. Mais il y a une fidélité fondamentale qui demeure. Fidélité à la liturgie, à la lecture de la Parole de Dieu, à la célébration quotidienne. À 63 ans, faire ce pas, matériellement, cela n’a rien d’évident. En communauté, on est moins en ligne de front. Mais quand on doit s’occuper seul du chauffage, de la nourriture, faire un budget chaque mois, je crois qu’il y a un peu de pauvreté réelle dans tout cela.
Quelle est la place de la solitude dans cette vie ?
F. C.-T. : Naturellement, l’exigence de solitude est là. Mais la solitude est ouverte, elle est accueillante. Il n’y a aucune propagande, aucun prosélytisme. J’aime passionnément cet ensevelissement. Le royaume est au milieu de nous. Les habitants me voient travailler vêtu comme eux, avec des bottes et une combinaison. Et puis après, je célèbre la messe. Mon intuition profonde est celle de l’élémentaire. C’est-à-dire partager des métiers fondamentaux et toute l’amitié qui va avec. C’est ce « toucher terre », un toucher du réel que je recherche.
Ce désir de simplicité est à la mode…
F. C.-T. : Oui, mais après, il faut la vivre ! Trois semaines, ça va, mais la vivre à longueur d’année est autre chose. Dans le Cantal, l’hiver, ce n’est pas rien : la solitude, le froid. Juste se tenir là, sans distraction. Aujourd’hui, j’apprécie le luxe de ne pas avoir de voiture, de télé. Mais beaucoup de gens semblent finalement avoir très peur de cette précarité, de ce manque, alors que c’est le bonheur.
Pourquoi ?
F. C.-T. : Parce qu’il faut très peu de choses pour être heureux. Le travail des mains et l’amitié, voilà tout ce qui est nécessaire. Et Dieu n’est accessible, n’est concevable que là. C’est déjà ce que dit l’Ecclésiaste : le bonheur de l’homme est dans le boire et manger et dans le travail.
Mais si cette frugalité est subie ? Quand elle touche des personnes qui sont dans les difficultés, qui se retrouvent seules à Noël ?
F. C.-T. : Là, ce n’est plus la frugalité, mais de la détresse, de l’injustice. Nous sommes dans un monde terriblement injuste, et nous sommes tous coupables, tous. Personne n’a droit à l’abondance sans limites. Il faut que tout homme ait accès à cet élémentaire qui nous est bon pour vivre et dans lequel la relation humaine est si importante.
Parlez-nous de votre livre : comment naissent vos étincelles ?
F. C.-T. : J’écris presque quotidiennement, la nuit, à la chandelle, sur des cahiers manuscrits, puis je les retranscris sur ordinateur. Et je fais un tri. Un travail de décantation. La presque totalité de mon écriture est nocturne, dans tous les sens du terme, matériel mais aussi spirituel. Je suis un homme du clair-obscur, de l’obscurité.
Pourquoi avoir choisi cette écriture courte, sous forme de fragments ?
F. C.-T. : J’ai toujours été extrêmement frappé par Les Pensées de Pascal, une des œuvres qui m’a le plus tôt fasciné avec Les Confessions de saint Augustin. Spontanément, j’ai éprouvé chaque jour le besoin de noter quelque chose, comme un petit caillou qui reste et que l’on peut partager.
Cette forme de fragments me convient, ils sont un peu comme les étoiles dans le ciel. Il y a des espaces intersidéraux entre les étoiles, et là, il y a tout l’espace qu’on veut de sous-entendus. Le sous-entendu est aussi important que ce que nous entendons. Je pense que Dieu, s’il est, et quel qu’il soit, est le grand sous-entendu. Et que parfois même le mot « Dieu » empêche de l’entendre. Quand on le nomme trop, quand on le définit trop, on s’en fait le propriétaire et il devient une idole.
Qui est Dieu pour vous, à ce stade de votre vie ?
F. C.-T. : Je ne sais pas. Il y a tant de manières de dire Dieu. Pour moi, c’est l’affaire principale aujourd’hui. Que croyons-nous et que donnons-nous à croire ? Que voulons-nous dire quand nous disons « Il s’est fait homme » ? « Il est Dieu né de Dieu », « consubstantiel », « le Père tout-puissant », qu’est-ce que c’est ? Tout cela demande à être retraduit, repensé par honnêteté. J’essaie pour ma part de le nommer tel quel, le moins possible.
L’écriture vous aide-t-elle lors des périodes de doute ?
F. C.-T. : Elle fixe les choses. Elle aide à faire ce travail, trouver des mots pour tâcher de dire. Les mots sont à la fois en deçà et au-delà. C’est toujours moins bien que ce que l’on voudrait dire, mais les mots nous tirent aussi. Il y a quelque chose de prophétique dans tout acte de langage. Il ne faut écrire que lorsqu’il y a une urgence vraie. Comme la source, on ne peut pas la forcer à jaillir. Et cela n’empêche pas les nuits de la foi qui laissent désemparé.
Vous invitez très régulièrement le latin dans vos textes : pourquoi ce choix étonnant ?
F. C.-T. : Le latin fait partie de mon identité profonde. Ce n’est pas du tout de l’élitisme, mais une manière de célébrer la majesté du texte, de même qu’avec le chant grégorien. Beaucoup de mes textes sont liés à une mélodie ou à tel ou tel moment de l’année liturgique.
Qu’est-ce qui vous attire dans cette liturgie à laquelle vous avez consacré plusieurs livres ?
F. C.-T. : La liturgie est l’un des fondamentaux qui tiennent ma vie. J’ai été maître de chœur pendant douze ans et je connais très bien le répertoire grégorien. J’ai un rapport profondément affectueux au répertoire dont je chante tout seul les pièces dans mon oratoire. Nous avons besoin de trois choses : de grands textes, de rites et de rythme. De grands textes sur lesquels nous appuyer, vivre à leur ombre : l’Écriture, mais aussi Homère, Virgile.
Chacun de nous crée aussi du rite dans sa manière de vivre. Et puis, nous avons besoin de rythme, le matin, le soir. C’est cela, la liturgie. Aujourd’hui, on ne se contient plus : le moi, les choses débordent. La liturgie contient le réel. Et à l’intérieur de ce cadre, de ces pilotis, quelque chose va pouvoir se construire.
Comment vivre ces rythmes de l’année liturgique ?
F. C.-T. : C’est difficile dans un monde qui est aussi déconnecté des rythmes naturels. C’était plus évident lorsque nous vivions vraiment un hiver, un printemps, avec tout le travail qui allait avec ce rythme liturgique. Mais vivre dans les villes, avec de grandes lumières la nuit, dans un paysage complètement minéral où l’on peut tout faire à n’importe quelle heure, on est complètement déphasés et on se détruit. Le soir à la maison, chez moi, je n’entends plus rien. Il n’y a plus rien qui passe. La liturgie, beaucoup plus que des garde-fous, est une célébration.
Comme Noël ?
F. C.-T. : Oui. On a besoin de célébrer Noël. Mais comment célèbre-t-on ? C’est la question. Autrefois, il y avait les trois messes, qui sont des merveilles quand on les étudie de près, avec leurs chants d’entrée : « Le Seigneur dit à mon Seigneur : Aujourd’hui, tu es mon fils. » Nous sommes pleinement dans le mystère de la génération divine. Mais tout cela, hélas, périclite.
Mais pourquoi l’attrait de Noël ne périclite pas, y compris chez les laïcs ?
F. C.-T. : Parce que l’homme a besoin de lumière. L’homme a besoin de fêtes. Les fêtes peuvent s’égarer. Mais l’instinct de la fête est juste. Parce que nous sommes faits pour une fête. Il faut dire aussi que la vie est bonne. Quand on a fait la traite des vaches et qu’on va casser la croûte et boire un coup de vin, c’est eucharistique, c’est la fête ! La joie, je l’expérimente. Peut-être que le monde tel qu’il fonctionne aujourd’hui ne nous prépare pas très bien à avoir cette dialectique entre frugalité et abondance, travail et fête.
Sur votre livre, un grand bandeau rouge annonce « La sagesse d’un ermite ». C’est un livre pour vivre mieux ?
F. C.-T. : Ah non ! Je ne suis pas du tout comme un de ces marchands de bonheur. Personne n’a le droit de nous anesthésier au tragique de l’existence qui est une expérience intrinsèquement difficile et douloureuse. Tout est fragile. Je sais que je vais mourir, personne ne pourra me le cacher. Je vais mourir, pourrir, aller dans le feu. Personne ne fait l’économie du deuil, de la séparation, de l’épreuve. Là est le tragique inéluctable de notre existence. Mais c’est au cœur de cet événement que la joie, au sens de Bernanos, peut jaillir.
Dans vos textes, vous brocardez une image un peu creuse, naïve, de ce Jésus que l’on présente à Noël. Pourquoi ?
F. C.-T. : Je pense qu’on ne mesurera jamais assez l’humanité de Jésus. On peut lire beaucoup de livres de théologie, mais Dieu ne s’apprend pas. Il vaut mieux lire de la bonne littérature que la mauvaise théologie. En l’homme, on apprend Dieu. Et c’est bien le mystère de Noël. Il s’est fait homme et chair.
Quel est le visage de Jésus qui vous semble le plus juste ?
F. C.-T. : Celui de l’homme. L’homme qui naît, qui souffre et meurt comme on chantait jadis dans le Minuit, chrétiens. Ça avait plus de gueule que beaucoup de nos chansonnettes ! Toutes les forces de doutes, de diminution, de mort, d’échec ne sont qu’un matériau que nous pouvons renverser, comme le disait Teilhard de Chardin. Le poids perdu de la souffrance peut être transformé. Par nous, mais avec et aidés par d’autres. Et c’est là que l’Église, au sens étymologique du terme, est agissante.
Vous parlez aussi de ce blanc dans l’enfance de Jésus dont on ne sait pas grand-chose. Comment répondre à cette intrigue ?
F. C.-T. : On le comble, on fait des apocryphes, il y en a des bons, des beaux, et puis des mauvais. On peut faire du Da Vinci Code… Nous avons horreur du vide, y compris dans le domaine spirituel. Alors, on a imaginé. On a besoin d’images, de mythologie. Mais il ne faut pas confondre les images, qui nous consolent, avec la réalité qui est nue. Dans le christianisme, il y a tout un cheminement entre le trop d’images et la nudité. Nous avons besoin de mots pour communiquer entre nous. Dans la Genèse, Adam nomme les choses, c’est l’acte créateur. Les noms sont tellement beaux. La beauté des noms, c’est la poésie et la magie !
Que peut apporter la tradition chrétienne malgré la crise profonde de l’Église ?
F. C.-T. : Ce n’est pas la première fois que l’Église traverse des crises, mais je pense que nous sommes à un point de non-retour. Ce sont presque seize siècles qui sont en question, avec des compromissions, des prétentions à posséder, à conquérir. Vous savez, à plus de 60 ans, quand on est né avec le Concile que l’on a accompagné avec enthousiasme, avec l’amour de la liturgie, c’est difficile. Nous ne pouvons pas vivre sans institution, mais elle n’épuise pas tout et ne possède pas tout. Elle n’est qu’un instrument. Benoît de Nursie, Thérèse d’Avila, Jean de la Croix, dans le sérieux de leur expérience, nous montrent un chemin toujours valable, celui de tâcher de vivre l’Évangile.
Comment allez-vous fêter Noël ?
F. C.-T. : Je sais que j’irai déjeuner avec des paysans, mais ça ne me coûterait pas du tout d’être entièrement seul. Ce jour-là, s’il y a de la neige qui tombe, et s’il y a le feu, ce sera un Noël royal. Sans rien, mais à l’intérieur de ce rien. À condition que cette solitude, bien sûr, soit étoilée d’amitié.
Comment mieux célébrer cette fête ?
F. C.-T. : Trouver l’occasion de s’arrêter, s’interrompre. Beaucoup de frugalité et beaucoup de silence. Faites un feu, c’est tout. Et regardez-le. Nous avons besoin d’une vie qui ne soit pas un vide, mais une capacité d’accueil.
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En aparté
♦ Ses dates
1959 Naissance à Rome.
1978 Entrée à l’École normale supérieure.
1980 Entre dans la vie monastique.
1988 Ordonné prêtre.
2004 Premier tome d’Étincelles (Ad Solem, 152 p., 16 €).
2009 Publication de sa thèse intitulée L’expérience et l’esprit de la liturgie (IVe-VIe siècles)
chez Desclée de Brouwer, enseignant à l’Institut supérieur de liturgie (Institut catholique de Paris).
2016 Cantique de l’infinistère. À travers l’Auvergne (DDB, 180 p., 16,90 €).
2021 Chroniques du temps de peste (Tallandier 175 p., 18 €).
2022Propos d’altitude (lire p. 15).
♦ Ses lectures
L’Antiquité et les grandes tragédies
« Je vis plus que je ne lis désormais. Mais j’aime beaucoup François Cheng et Marcel Légaut. Je suis surtout un homme de l’Antiquité, je relis du Sénèque, Virgile, Platon, Eschyle, Sophocle. Nos grandes tragédies (Racine) et La Bruyère, Pascal. Ça rend modeste. Mais je ne peux pas faire autrement qu’écrire, c’est dans mes gènes. »
♦ Un paysage
Le plateau du Cézallier
« Un plateau volcanique. Je ne suis pas loin de Saint-Flour, le siège épiscopal, et d’Allanche, petite ville remarquable pour ses foires à bestiaux. Je collectionne des cailloux, je lis des revues sur la géologie. Un peu comme Teilhard de Chardin que j’aime beaucoup, malgré cette mystique du progrès qui a du plomb dans l’aile aujourd’hui. »
♦ Ses musiques
Fauré, Bach, Haendel…
« Le dernier morceau du Requiem de Gabriel Fauré, In Paradisum. Que l’homme ait pu concevoir de telles merveilles m’éblouit. On s’approche là de l’Église de la beauté. Il y a aussi le Gloria de la Messe en si de Bach, cette espèce de tornade extraordinaire. Enfin le Psaume 110 Dixit Dominus de Haendel, et la plage “En chemin il boira au torrent”. Cette musique, contemporaine de ma traversée du Cézallier, m’émeut profondément. »
♦ Un élément
Le feu
« Parce que, comme le dit François d’Assise dans le Cantique des créatures, il est joyeux, robuste et fort. Il éclaire la nuit, il nous illumine. C’est le “Je suis venu jeter un feu sur la terre” prononcé par Jésus. Et puis c’est le foyer, le volcan, c’est la pipe que je fume… et ça fait des étincelles ! »
♦ Une citation
« Un rien imperceptible, et tout est déplacé. »
Henry de Montherlant dans Le Maître de Santiago