Témoignages

 

Mali-Algérie : qui est Yahia Djouadi, chef d’Aqmi tué par la France ?

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 8 mars 2022 à 10:41
 


Patrouille du PRI (peloton de reconnaissance et d’intervention) dans la région de Tombouctou. © Etat-major des armées/France

Une opération des soldats français de Barkhane a mené à la neutralisation fin février de Yahia Djouadi. Surnommé « l’émir du Sahara », cet Algérien était un haut cadre d’Al-Qaïda au Maghreb islamique.

L’opération, menée par les forces spéciales françaises à une centaine de kilomètres au nord de Tombouctou, dans le septentrion malien, a conduit à la « neutralisation de Yahia Djouadi, alias Abou Ammar al-Jazaïri, haut cadre historique d’Aqmi […] dans la nuit du 25 au 26 février », a annoncé l’état-major des armées françaises par voie de communiqué ce lundi 7 mars.

La mort du chef jihadiste, qui fut le conseiller militaire d’Abdelmalek Droukdel, le chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique tué en juin 2020 par l’armée française, a été rendue possible « par une intervention au sol, appuyée par un hélicoptère d’attaque et de reconnaissance Tigre et deux drones », précise Paris. Le lieu de l’opération qui a mené à son élimination correspond à la zone de repli de la katiba Al-Forqane, antenne d’Aqmi dans le Sahel.

Présenté comme « un relais majeur » du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), branche sahélienne d’Al-Qaïda dans le nord du Mali et particulièrement dans la région de Tombouctou, ce jihadiste d’une cinquantaine d’années était originaire d’Algérie.

Du GIA à AQMI

Natif de Sidi Belabbès (Ouest), il rejoint en 1994 le Groupe islamique armé (GIA), qu’il quitte entre 1997 et 1998 lors de la période des grands massacres de la décennie noire. Il crée alors sa propre organisation armée, le Groupe salafiste combattant (Al-Jamaa al-Salafiya al-Qitaliya). Sans y adhérer, il soutient la création du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) de Hassan Hattab, en 1998.

IL COORDONN[AIT] L’APPROVISIONNEMENT EN MATÉRIELS AU PROFIT DU HAUT COMMANDEMENT DU GSIM ET D’AQMI

Il finit toutefois par rallier le GSPC en 2002 et devient très proche d’Abdelmalek Droukdel. Une amitié qui perdurera jusqu’à l’élimination de ce dernier en juin 2020. Nommé émir du Sahara au mitan des années 2000, Djouadi a d’abord été envoyé comme médiateur du conflit entre Abdelhamid Abou Zeid et Mokhtar Belmokhtar.
Djouadi a ensuite été remplacé par Nabil Abou Alqama en 2011. Après la révolution libyenne, Droukdel charge Djouadi d’implanter solidement Aqmi en Libye, où il a assumé un rôle de supervision plus discret au cours de la dernière décennie, notamment la gestion du financement, de la logistique et de la formation des combattants. Il y restera au moins jusqu’à 2019, puis rejoint le Mali.

Depuis la région de Tombouctou, « il coordonn[ait] l’approvisionnement en matériels au profit du haut commandement du GSIM et d’Aqmi [et assurait la coordination] logistique et financière du groupe », affirme l’armée française.

Installé dans le nord du Mali, il avait pris la tête de la « 9e région militaire » d’Aqmi, qui couvre le sud de l’Algérie et le Sahel. « L’organisation d’Al-Qaïda au Maghreb islamique a commis plusieurs actes de terrorisme dans la région et a revendiqué la responsabilité de l’enlèvement de deux touristes autrichiens dans le sud de la Tunisie le 22 février 2008. Les deux touristes autrichiens ont été emmenés au nord du Mali, où [sévissait] Yahia Djouadi », expliquent quant à elles les Nations unies, qui l’avaient placé sous sanctions. Également à son actif, un attentat contre des militaires mauritaniens en 2008 à Tourine et une embuscade ratée contre des soldats algériens en octobre 2009, entre Ghardaïa et Béchar.

« Succès tactique »

L’armée française, qui a annoncé son départ du Mali mi-février après neuf ans de présence, salue un « succès tactique significatif » qui permet « une nouvelle fois d’affaiblir la gouvernance qaïdiste ». Sa neutralisation « marque l’isolement de l’émir du GSIM, Iyad Ag Ghali, qui voit la disparition de toutes les figures expérimentées de son entourage », se félicite-t-elle.

Entre 2021 et 2022, plusieurs cadres de la nébuleuse jihadiste ont été arrêtés ou neutralisés. C’est le cas notamment d’Abdel Nasser, dit Baye Ag Bakabo, principal suspect dans l’enlèvement et l’assassinat des journalistes de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, en 2013 – il a été tué en juin dernier par une frappe française. Ou encore d’Abou Nasser, alias Nasser al-Tergui, chef de la katiba Gourma, tué en octobre 2021 dans la région de Gossi.

Onze mois de captivité au Mali pour le journaliste français Olivier Dubois

 

Un portrait géant d’Olivier Dubois a été projeté sur le Panthéon, au soir du lundi 7 mars. C’était à l’initiative de l’association Reporters sans frontières, en présence de nombreux proches du journaliste, famille et amis, afin de poursuivre la mobilisation, en vue d’obtenir la libération d’Olivier Dubois et de continuer à alerter, à sensibiliser sur son cas.

Le Panthéon abrite les grands hommes de la nation. Ecrivains, résistants et, le temps d’une soirée, Olivier Dubois. La photo du journaliste est projetée pendant quelques heures sur le monument.

« Être réunis devant le Panthéon pour un homme, un journaliste, c’est un signe extrêmement puissant, symbole de liberté, symbole de vérité, symbole d’engagement. C’était le meilleur endroit pour rappeler à tous les Français et au-delà des Français, la situation dans laquelle se trouve Olivier Dubois et avec Olivier Dubois, c’est une partie du journalisme qui est enfermée », souligne Christophe Deloire, secrétaire général de l’association Reporters sans frontières.

L’objectif est de continuer d’alerter l’opinion publique. Ludwig, Samy et Lola passaient là par hasard. Ils ont levé le nez vers la photo géante et découvert le cas d’Oliver Dubois : « J’ai vu ce message sur ce journaliste pris en otage au Mali. Je ne connais pas encore l’histoire. Cela m’a donné envie de me renseigner sur lui, voir un peu plus clair. » ; « Je ne le connais pas du tout. Du coup, c’est très important, c’est un métier qui reste quand même toujours assez dangereux. C’est quelque chose que l’on fait certainement pour le bien du public. » ; « Je trouve ça choquant parce que je n’étais pas au courant et ça m’a fait réfléchir sur le métier de journaliste et à quel point c’était un métier qui est essentiel à notre pays et que, eh bien oui, c’est profondément injuste que les gens oublient qu’il soit otage. »

Deux journalistes maliens sont également retenus en otage dans le pays : Hamadoun Nialibouly, depuis un an et demi et Moussa M'Bana Dicko, depuis onze mois lui aussi.

Messages de soutien de ses proches

Cela fait donc onze mois de captivité, ce mardi 8 mars, pour notre confrère, enlevé à Gao, dans le nord du Mali, le 8 avril dernier, alors qu’il était en reportage. Le mois suivant, il apparaissait dans une vidéo dans laquelle il affirmait être entre les mains des jihadistes du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (Jnim) lié à al-Qaïda au Maghreb islamique.

Le 25 février dernier, les autorités maliennes ont annoncé la libération de 18 otages détenus par le Jnim.

Les autorités maliennes assurent rester mobilisées pour leur libération, de même que les autorités françaises. En attendant, comme chaque 8 du mois depuis son enlèvement, RFI ouvre son antenne aux proches d’Olivier Dubois dans l’espoir que leurs messages de soutien lui parviennent, comme d’anciens captifs, aujourd’hui libres, ont pu en témoigner par le passé.

Bonjour Olivier, c’est bientôt le 28 et j’ai espoir d’avoir le plus beau cadeau de ma vie, toi à mes côtés. (…) Je t’aime du plus profond de mon âme. Dès que tu le peux, ancre-toi au sol, concentre-toi, écoute le désert et tu m’entendras.

Déborah Al Hawi Al Masri, compagne et mère des enfants d’Olivier Dubois.

Olivier, je t’envoie toutes mes pensées positives et j’espère que tu crois en toi autant que moi je crois en toi. (…) Si tu pouvais entendre ce que j’ai à te dire, je te demanderais des nouvelles car nous n’en avons aucune depuis le 5 mai 2021, ta seule et unique vidéo.

Message de la mère d’Olivier Dubois

Alors je prends de l’avance en prenant du recul et sollicite une preuve de vie de toi, dès à présent. En attendant, après l’hiver, maman, Benjamin et moi continuons de guetter le printemps.

Canèle Bernard, la sœur d’Olivier Dubois

Cela fait onze mois que ton calvaire se prolonge. Ce moyen unique de communication que j’ai m’apporte une certaine consolation. Je pense et je souhaite que tu te portes le mieux possible et que tu nous reviendras rapidement.

André-Georges Dubois, le père d’Olivier Dubois

Burkina Faso : qui est Albert Ouédraogo, le nouveau Premier ministre de Paul-Henri Damiba ?

Par  - à Ouagadougou
Mis à jour le 4 mars 2022 à 12:47
 

 

Albert Ouedraogo, nouveau Premier ministre du Burkina Faso © DR

 

Le président de la transition burkinabè a choisi un technocrate inconnu du grand public et sans réseau politique pour conduire le gouvernement.

Ces dernières semaines, les noms de plusieurs prétendants à la primature circulaient à Ouagadougou, mais c’est finalement un inconnu qui a été choisi par Paul-Henri Sandaogoa Damiba. Jeudi 3 mars, le président de la transition a nommé Albert Ouédraogo, 53 ans, Premier ministre du Burkina Faso.

Ce natif de Dori, dans la région du Sahel, a fait carrière dans le secteur privé et s’est spécialisé dans le conseil aux entreprises, les audits et l’élaboration des plans d’affaires. Il était jusqu’à sa nomination le dirigeant d’une société nommée IPSO Conseils et enseignait parallèlement la comptabilité à l’université de Ouagadougou et dans des écoles supérieures privées comme l’université Aube Nouvelle. Selon la présidence du Faso, Albert Ouédraogo dispose d’une solide expérience dans le domaine du management des administrations publiques, des projets de développement et des entreprises privées. Cet ancien élève du Prytanée militaire de Kadiogo (promotion 1981) est un proche de l’ancien premier président de la Banque ouest-africaine de développement, Pierre Claver Damiba, l’oncle du chef de la junte.

Novice en politique

Il est à parier que ce lien a pesé dans la balance. En effet, contrairement à ses prédécesseurs, Christophe Dabiré, Premier ministre de 2019 à 2021, qui connaissait les rouages de l’administration et de la politique, ou à Lassina Zerbo, dernier chef de gouvernement de Roch Marc Christian Kaboré, doté d’un solide réseau à l’international, Albert Ouédraogo semble novice en politique.

LE GOUVERNEMENT QUI DOIT ÊTRE NOMMÉ COMPTERA 25 MINISTRES

Ce technicien n’a d’ailleurs pas d’accointances politiques connues. Son principal fait d’armes remonte à 1990 : lors des longues grèves étudiantes, il fut, en tant que membre de l’Association des étudiantes burkinabè (Aneb) l’un des leaders de la mobilisation de la section Essec (Sciences économiques et de gestion) de l’université de Ouagadougou. Malgré ses qualités d’étudiant brillant, cela lui valut une exclusion.

Alors que Paul-Henri Sandaogo Damiba fait ses premier pas comme président de la transition, officiellement investi, le choix de ce Premier ministre peu connu et technocrate donne une première orientation. La nomination des membres du gouvernement, qui doit compter 25 ministres, sera scrutée.

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Le pape François de nouveau attendu sur le continent africain

 

Le Vatican a confirmé ce jeudi que le souverain pontife se rendra en République démocratique du Congo puis au Soudan du Sud du 2 au 7 juillet prochains. Deux pays dont que le pape souhaite visiter depuis longtemps.

Avec notre correspondant à Rome, Éric Sénanque et à Kinshasa, Pascal Mulegwa

C’est d’abord à Kinshasa, le plus grand archidiocèse d'Afrique, puis à Goma, dans la région éprouvée de l'est de a RDC, que François est attendu, du 2 au 5 juillet. Le pape mettra ses pas dans ceux de son prédécesseur Jean-Paul II qui s’était rendu dans le pays, alors appelé Zaïre, en 1980 et 1985. Il y sera notamment accueilli par un de ses proches, le cardinal Fridolin Ambongo, l’archevêque de Kinshasa qu’il a nommé au Conseil des cardinaux chargé de l’aider dans sa réforme de la Curie au Vatican. Il vient aussi soutenir une Église congolaise qui a joué un rôle de médiation essentiel lors de la dernière transition politique dans le pays

Un déplacement important pour les habitants, selon l’archevêque Marcel Utembi, président de l’épiscopat congolais « dans la mesure où le pape vient raffermir dans la foi les fidèles catholiques en RDC et raviver l'espérance du peuple congolais qui a besoin de la paix, la sécurité et du bien-être ».

Du côté des autorités, cette visite annoncée est un signal positif. Celle de 2017 avait été annulée en raison de la crise politique et des relations difficiles entre le président de l'époque, Joseph Kabila et l'Eglise. Une « visite qui s'inscrit aussi dans l'axe diplomatique (du) rapprochement entre la RDC et Vatican. 37 ans, c'est bien des années qui se sont écoulées et donc une mobilisation doit se faire pour toutes les Congolaises et tous les Congolais pour cette visite qui va s'inscrire comme cela a été dit, dans la réconciliation et la paix », a déclaré le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde.

Deuxième étape pour François, le Soudan du Sud, pays dont il suit la destinée depuis le début de son pontificat. Le pape sera à Juba du 5 au 7 juillet. Le Saint-Siège suit de près les négociations de paix dans le pays qui ont plusieurs fois patiné. Symbole de cette attention, cette visite de Salva Kiir et de son rival Riek Machar à la résidence du pape en avril 2019. Devant eux, François avait alors rappelé « le désir ardent de justice, de réconciliation et de paix » du peuple sud-soudanais. Dans un geste inédit, le pape avait embrassé les pieds de ses deux hôtes.

Cette étape sera aussi œcuménique pour le chef de l’Église catholique puisqu’il s’y rendra aux côtés de Justin Welby, le primat de l’Église anglicane.  

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Les informations sur nos maisons de formation datent de quelques années, et nous avons demandé aux responsables de ces maisons de nous donner des nouvelles plus récentes.
La première réponse reçue vient de Samagan, le noviciat près de Bobo-Dioulasso (lire la suite)

 

La deuxième réponse nous a été donnée par la "Maison Lavigerie", notre maison de formation à la périphérie de Ouagadougou, où les candidats ont leurs trois premières années de formation (lire la suite)