Témoignages

 

Sénégal: Adji Sarr sort du silence un an après ses accusations contre Ousmane Sonko

 

Au Sénégal, Adji Sarr prend la parole pour la première fois depuis près d’un an. Le 3 février 2021, la jeune employée d'un salon de massage avait accusé de viols répétés Ousmane Sonko, figure de l’opposition à la tête du Pastef, qui lui dénonce un complot politique. Une affaire judiciaire qui avait provoqué de violentes émeutes et 13 morts officiellement.

De notre correspondante à Dakar,

Tandis qu’elle parle, Adji Sarr effleure du bout des doigts un récent tatouage gravé de son prénom sur son poignet. « Tout le monde me disait de changer de nom, pour ne plus être reconnue, mais j’ai refusé, car je suis fière d’être qui je suis », lance la jeune femme, qui a accusé l’opposant politique Ousmane Sonko en 2021 de viols répétés dans le salon de massage où elle était employée.

Cette affaire judiciaire avait embrasé le Sénégal, provoquant des émeutes violentes et meurtrières à travers le pays, alors que le dirigeant du parti le Pastef dénonçait un complot pour l’écarter de la scène politique. Au total, 13 morts selon les chiffres officiels et 590 blessés ont été comptés par la Croix rouge. Un an plus tard, Adji Sarr sort de son silence « pour que la vérité éclate », accordant quelques entretiens à des médias triés sur le volet.

Le visage caché par de larges lunettes et un masque chirurgical, elle est arrivée discrètement dans un lieu tenu secret où se tient la rencontre, toujours accompagnée de trois policiers qui assurent sa sécurité. Une protection obtenue face aux risques d’agression alors que la jeune femme est devenue l’ennemie numéro un des sympathisants d’Ousmane Sonko.

 À écouter aussi : Adjo Sarr est l'invité Afrique du jour 

« Tout le monde m’insultait, j’avais tout le temps peur »

Adji Sarr commence d’abord à réitérer ses accusations, d’une voix ferme. Mais rapidement, elle se rappelle des conséquences qui se sont enchaînées en cascade : son nom dévoilé dans la presse et sur les réseaux sociaux, les attaques virulentes contre elle sur internet et dans les unes des journaux, puis les manifestations et les morts.

« Je ne dormais pas, je ne mangeais pas… Tout le monde m’insultait, j’avais tout le temps peur des violences ;  même en allant à la douche, je portais mes habits par peur d’être attaquée. Et même ma propre famille avait peur de s’identifier à moi et craignait de m’appeler au téléphone ou de venir me voir, de peur d’être tués après. Je redoutais de sortir et d’être reconnue… ce qui continue jusqu’à aujourd’hui », témoigne la jeune femme. Ses anciennes collègues du salon de massage n’ont donc pas souhaité témoigner dans le cadre de l’enquête, de peur de se mettre elles-mêmes en danger.

Du côté de l’opposition, on l’accuse de participer à un complot ourdi par le régime du président Macky Sall, mais aussi d’être une femme vénale et de « mauvaises mœurs ». « Cela n’a jamais été pour nous une affaire privée, mais une stratégie du pouvoir qui utilise la femme et le corps de la femme pour atteindre un adversaire politique », dénonce avec véhémence Bassirou Diomaye Faye, cofondateur du Pastef et actuel président du mouvement national des cadres patriotes du même parti. Des accusations qu’elle balaie d’un revers de main. « S’il y a complot, je jure que je n’en connais pas les auteurs… Si je les connaissais, je n’aurais pas de problème pour manger, pour boire ou pour faire quoique ce soit », explique-t-elle. Une théorie du complot qu’écarte aussi la majorité au pouvoir.

« C’est une tentative d’entrave à la justice suite à une affaire judiciaire privée entre deux citoyens sénégalais », estime Pape Mahaw Diouf, porte-parole de la coalition de la majorité, Benno Bokk Yakaar.

Désormais, Adji Sarr raconte vivre avec sa tante et des sœurs, avec qui elle déménage régulièrement pour ne pas être repérée. Seule une association – qui souhaite garder l’anonymat pour des raisons de sécurité – l’aide au quotidien pour assurer ses dépenses. Enfermée entre la chambre et le salon, elle ne peut même pas aller sur le balcon ou hausser la voix, de peur d’éveiller les soupçons et d’être reconnue. « Je ne fais rien à part prier », explique la jeune femme, qui se raccroche aussi à l’écriture d’un livre autobiographique. Mais elle dort « très mal » et est obligée de prendre des médicaments pour trouver le sommeil, moment où elle a constamment l’impression d’être agressée. Elle raconte souffrir de stress post-traumatique et dénonce le fait de n’avoir aucune aide de l’État.

Ousmane Sonko élu maire de Ziguinchor

Pendant ce temps, Ousmane Sonko a été élu maire en janvier 2022 de Ziguinchor, l’une des plus grandes villes au sud du pays, et se prépare aux élections législatives de juillet prochain alors qu’il est l’un des leaders principaux de la coalition de l’opposition Yewwi Askan Wi. « Quand Sonko a été élu maire, j’ai pleuré toute la nuit. Quelqu’un qu’on a accusé de viol et qui devient maire… Alors qu’avant d’être accusé de viol, il n’était rien du tout seulement un simple député… Ce qui me fait le plus peur, c’est qu’il a de plus en plus de pouvoir », redoute Adji Sarr, qui craint de le voir un jour président de la république.

Car aujourd’hui dans l’incapacité à travailler, la jeune femme ne peut plus avoir une « vie normale » au Sénégal. Elle cherche à partir à l’étranger, mais surtout pour revenir plus forte chez elle afin de défendre les droits des femmes. « Au Sénégal, les femmes combattent les femmes. Ce que j’ai vécu, je ne veux plus qu’aucune femme ne vive ça », lance-t-elle, déçue que les organisations féminines ne la défendent pas davantage. Certaines lui avaient répondu « d’attendre de savoir si les accusations sont fondées », avant de l’accompagner dans sa plainte.

Aujourd’hui, elle a décidé de prendre son engagement en main, par exemple en soutenant sur les réseaux sociaux Ndèyne Fatima Dione, la Miss Sénégal qui avait aussi dénoncé être victime de viol. « Je suis une femme battante, j’ai surmonté tout ce qui s’est passé au cours de l’année précédente… je vais me battre jusqu’au bout », explique la plaignante.

Un procès qui approche

À l’approche du 3 mars, date à laquelle Ousmane Sonko a été arrêté sur le chemin vers le tribunal pour « trouble à l’ordre public » et donc date du début des émeutes, Adji Sarr est dans l’appréhension. « D’un côté, j’ai peur du harcèlement et des insultes qui vont ressortir, mais en même temps je veux me battre et il est temps que l’on arrête de parler à ma place. »

L’instruction est toujours en cours, mais Adji Sarr assure n’avoir aucune idée de l’avancée du dossier judiciaire et commence à devenir impatiente. « Je ne veux rien d’autre qu’un procès pour que je puisse retrouver ma vie d’avant. J’en ai trop besoin », insiste-t-elle.

Ousmane Sonko doit encore être entendu par le juge. « Nous souhaitons que Sonko soit rapidement auditionné pour lever l’épée de Damoclès au-dessus de sa tête et faire éclater la vérité », lance Me Bamba Cissé, l’avocat de l’opposant politique. Après l’échec d’une première tentative, il a réitéré la demande de la levée du contrôle judiciaire qui lui a confisqué son passeport et qui l’empêche de voyager en dehors du Sénégal. 

Sollicité après la publication des premières déclarations d'Adji Sarr, le responsable de la communication du parti d’Ousmane Sonko, El Malick Ndiaye a répondu : « Cette affaire est derrière nous. Focus sur l’essentiel : "les législatives (de juillet prochain) et la présidentielle de 2024" ».  

Alors que l’affaire avait ralenti suite au décès du juge d’instruction en avril 2021, remplacé sept mois plus tard, M. Abdou Dyaly Kane, qui défend Adji Sarr rappelle que « la victime peut demander des actes d’instruction, comme un test ADN de M. Sonko car des prélèvements avaient été faits ».

Désormais, la jeune fille explique seulement attendre son procès même si elle a peu espoir dans la justice. « J’ai compris que dans ce pays, il n’y a que le pouvoir qui marche. Si tu n’as pas d’argent et si tu n’as pas de pouvoir, tu n’es pas considérée. La justice est à double vitesse… », explique-t-elle, résignée.

La stabilisation du Mali est indispensable à la sécurité régionale ouest-africaine

 

 yabi

Gilles Yabi. Archive de Gilles Yabi

 

Gilles Yabi, vous avez écrit dans un texte publié il y a quelques jours que « défaite politique française au Sahel ou pas, amélioration ou pas de la situation sécuritaire au Mali, cela ne va pas perturber la vie quotidienne de l’écrasante majorité des Français, des Allemands, des Danois ou des Estoniens » …

En effet, il s’agit de rappeler qu’on ne peut pas se contenter de reprendre les commentaires des chercheurs, des journalistes et d’autres observateurs en France, ailleurs en Europe, aux États-Unis ou même en Russie et en Chine, qui ne s’intéressent qu’à l’échec, ou au mieux, le demi-échec de l’intervention militaire française au Sahel. Ces analyses sont tout à fait intéressantes comme le furent les dizaines d’articles sur l’échec des États-Unis en Afghanistan et le retour au pouvoir spectaculaire des Talibans dans ce pays. 

Dans un cas comme dans l’autre, les décideurs des puissances qui déploient leurs forces à des milliers de kilomètres de leurs territoires nationaux tout comme l’écrasante majorité de leurs concitoyens ne sont guère affectés dans leur vie quotidienne par les conditions sécuritaires et sociopolitiques qui prévalent après leur intervention, que cela soit un échec, un demi-succès ou une éclatante réussite. 

La loi du plus fort est donc toujours la meilleure ou presque dans les relations internationales, dites-vous… 

Oui et l’actualité internationale nous le rappelle en ce moment, avec la grave crise en Ukraine qui va mobiliser tous les pays européens pendant des mois, bien plus que la situation au Sahel. 

 

Mais une autre information pas très commentée a aussi attiré mon attention ces dernières semaines. Le 11 février dernier, le président Joe Biden a décidé que son gouvernement confisquerait les réserves de la banque centrale afghane déposées aux États-Unis, 7 milliards de dollars, et utiliserait la moitié de ces ressources pour honorer les demandes d’indemnisation des familles des victimes de l’attentat du 11 septembre 2001. 

A part le porte-parole des talibans qui a qualifié cette décision de « vol » reflétant la « décadence humaine et morale » des États-Unis, le décret n’a pas suscité un vif émoi au niveau international. Et de toute façon, émoi et protestations ou pas, la première puissance mondiale a décidé et c’est tout. Depuis le départ des troupes occidentales d’Afghanistan, qui s’intéresse encore vraiment au sort des populations afghanes restées sur place?  

Pour le Mali, le Sahel et l’Afrique de l’Ouest, le plus important aujourd’hui n’est pas de savoir ce que le départ de Barkhane signifie pour la France et son influence en Afrique mais ce que cela ouvre comme perspectives à court et à moyen terme pour la sécurité et la stabilité dans toute l’Afrique de l’Ouest. 

Vous estimez qu’il faut éviter l’isolement diplomatique et économique du Mali dont la stabilisation est une condition sine qua non pour la sécurité régionale et pour la préservation des acquis de l’intégration régionale

Tout à fait. Cette crise menace la dynamique déjà fragile de l’intégration régionale ouest-africaine sur les plans politique, sécuritaire et économique. Les déclarations peu courtoises de certaines autorités de pays voisins du Mali sont de nature à rendre difficile la coopération qui est et restera indispensable pour la sécurité régionale. L’excès de confiance de chacun dans la justesse de ses positions et la confrontation des egos peuvent créer des dégâts considérables. 

Le retour ce 24 février de l’envoyé spécial de la Cédéao sur le terrain à Bamako va dans le bon sens et il faut espérer que les autorités de transition fourniront rapidement à l’organisation régionale le prétexte dont elle a besoin pour procéder à un allègement des sanctions économiques. Celles-ci n’atteignent manifestement pas leurs objectifs politiques ou ne les atteindront qu’à un coût très élevé. Ces sanctions rendent encore plus difficile la vie quotidienne des populations à quelques semaines du début du mois de Ramadan. Il y a peu de chances qu’une aggravation des crises politiques, socioéconomiques, alimentaires, éducatives dans les pays du Sahel soient dans le top 10 des préoccupations en France, en Allemagne ou en Russie. Et je ne vois pas pourquoi il en serait autrement. 

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►« Neuf paragraphes un peu longs et à chauds sur le Mali, le Sahel, l'Afrique de l'Ouest, la France, la Russie…et nous ».

kiye2021
 
 
"Nous préoccuper pour ce qui garantie en nous la vie éternelle, voilà la vraie sagesse (Une réflexion du Père KIYE M Vincent, Mafr sur les textes du jour de jeudi 24 février 2022) 
Textes du jour :
1ère lecture : Jc 5, 1-6
Evangile : Mc 9, 41-50
« Mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux mains » (Mc 9, 41-50)
Et si nous parodions ce texte en disant : mieux vaut entrer dans le Royaume des Cieux pauvre que d'aller en enfer avec ta richesse, mieux vaut entrer dans le Royaume des Cieux avec ta maladie que d'aller en enfer avec ta santé de fer; mieux vaut entrer dans le Royaume des Cieux célibataire que de te marier et aller enfer avec ton certificat de mariage et avec ton alliance au doigt. Mieux vaut rester un laïc convaincu qui vit sa foi que de t'en aller en enfer avec tes vœux perpétuels ou avec ton sacerdoce. Mieux vaut entrer chômeur dans le Royaume des Cieux plutôt que d'être un fonctionnaire corrompu et malhonnête et aller en enfer avec tout ce poids de péché.
Frères et sœurs en Christ, la liturgie de ce jeudi 24 février nous invite à un nouveau regard sur les réalités de ce monde, mais surtout à nous tourner entièrement vers les exigences de la vie éternelle. Car beaucoup de réalités de notre monde actuel sont utiles certes, mais ne garantissent pas la vie éternelle. Nous préoccuper pour ce qui garantie la vie éternelle, voilà la vraie sagesse. 
Car, comme le dit le Christ, que sert à l'homme de gagner le monde entier, avec ses séductions, ses pouvoirs, les honneurs, les salaires exorbitants etc si cela doit compromettre sa marche vers le Royaume? Pourquoi vouloir détruire la vie de ton prochain, par l'empoisonnement, les médisances, les jalousies etc si cela doit te faire rater le train de la vie éternelle ? 
Pour concretiser cet enseignement sur la vie suivant les exigences de la vie du Royaume, Saint Jacques nous montre l'erreur monumentale que nous commettons dans notre quête des plaisirs de ce monde lorsqu'il met en garde les riches en disant:
"Vous autres, maintenant, les riches ! Pleurez, lamentez-vous
sur les malheurs qui vous attendent. Vos richesses sont pourries, vos vêtements sont mangés des mites, votre or et votre argent sont rouillés." Et toi, pourquoi t'inquiètes-tu pour peu de chose ? Une seule est nécessaire : cherche à gagner le Royaume des Cieux par des comportements qui plaisent au Seigneur. Voilà l'essentiel. Considere tout le reste comme des balaillures. Utiles mais pas nécessaire, moins encore indispensable. 
Puisse Dieu nous donner de nous inquiéter plus pour les conditions d'admission au Royaume des Cieux plutôt que sur les futilités qui nous bloquent l'accès au Royaume de Dieu. Amen 
Le Seigneur soit avec vous ! 
✍🏾Père KIYE M. Vincent, Missionnaire d'Afrique 
Paroisse de Nioro du Sahel dans le diocèse de Kayes 
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Du jeûne agréable à Dieu (Une réflexion du Père Vincent KIYE, Mafr) - vendredi 4 mars 2022
 Textes du jour :
Première Lecture : Isaïe 58, 1–9
Évangile : Matthieu 9, 14–15
« Pourquoi tes disciples ne jeunent-ils pas alors les Pharisiens et nous, jeûnons? » (Mt 9, 14)
En préparant cette méditation, je m’étais représenté des milliers de chrétiens qui se sont privés à manger et à boire au long de la journée en guise de jeûne. Une pratique très courante dans le monde des croyants et parfois entachée de beaucoup d'irrégularités par défaut de comprendre le jeûne agréable à Dieu. Oui, la discipline spirituelle nous le demande certes. Mais qu'est-ce que se priver de la nourriture représente pour nous concrètement ? Que voulons-nous signifier par ce geste si riche de sens ? 
En effet, le jeûne est un réel exercice de mortification, une souffrance que s'imposent les croyants pour faire pénitence pour vivre dans le Christ; comme lui-même nous le disait dans l’Evangile le jeudi qui suivait le mercredi des Cendres : « Qui perd sa vie à cause de moi la sauvera » C’est une discipline comme je le disais dans mon homélie du mercredi des cendres, qui consiste à témoigner devant Dieu qu’en nous privant à manger et à boire, qui constituent les besoins vitaux, nous sommes capables de nous priver également les autres plaisirs de ce monde pour l’honneur de son nom, afin de nous rassasier en lui. Voilà le sens de notre privation ou du jeûne que chacun de nous doit s’imposer à sa vie pendant ce temps.
Par contre, se priver à manger et à boire tout en demeurant dans les plaisirs mondains quotidiens n’est que ruine de l’âme. Se priver à manger et à boire tout en remplissant son cœur et son esprit des pensées méchantes, de mensonges, de beuverie etc c’est du théâtre spirituel. Et cela ressemble à ce déplore le Seigneur par la bouche du prophète Isaïe dans la première lecture, lorsqu’il dit : «  C’est que le jour où vous jeûnez, vous traitez vos affaires et vous pressez tous vos ouvriers. Vous sortez du jeûne pour vous disputer et vous quereller ; vous frappez du poing méchamment. Ce n’est pas en jeûnant de la sorte que votre voix se fera entendre là-haut. » (Isaïe 58, 3-4). La suite du texte est riche de sens en ce que le Seigneur, par la bouche du prophète Isaïe, nous révèle le jeûne agréable à Dieu lorsqu’il dit : « Voici le jeûne qui m’est agréable :            détacher les chaînes injustes, défaire les liens du joug,       renvoyer libres les opprimés et briser tous les jougs.            Tu partageras ton pain avec celui qui a faim, tu accueilleras chez toi les pauvres sans abri, tu vêtiras celui que tu vois nu au lieu de te dérober devant lui, car il est ta propre chair. Alors ta lumière se lèvera comme l’aurore et tes plaies se fermeront vite. Tes mérites iront devant toi, et la Gloire de Yahvé marchera sur tes pas. Alors, si  tu appelles, Yahvé répondra… » (Isaïe 58, 6-9) Nous comprenons par-là, que le jeûne par excellence c’est se primer du mal ou de toute légèreté possible qui nous éloigne de Dieu.
Bon et fructueux temps de Carême à tous et à toutes.
Le Seigneur soit avec vous !
✍🏾 Père KIYE M. Vincent, Mafr
Paroisse de Nioro du Sahel, diocèse de Kayes
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Sénégal : dix choses à savoir sur Salif Sadio, l’éternel rebelle de Casamance

Par  - à Dakar
Mis à jour le 23 février 2022 à 14:09
 

 

Interview de Salif Sadio, le 23 janvier 2018. © ALLEN YERO EMBALO / AFP

 

Chef intransigeant d’une rébellion en perte de vitesse, Salif Sadio est revenu sur le devant de la scène suite à la capture de militaires sénégalais.

1. Otages

Pour un peu, le Sénégal en aurait oublié ce conflit de basse intensité qui constitue sa seule expérience d’une guerre sur son territoire depuis l’indépendance. Le 24 janvier, un accrochage survient dans la zone frontalière entre la Gambie et le Sénégal. Deux soldats sénégalais appartenant à la Mission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest en Gambie (Micega) sont tués dans les combats, tandis que sept autres sont capturés avant d’être libérés plusieurs jours plus tard devant les journalistes. 

À l’origine de cet incident, la branche du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC) dirigée par le chef de guerre Salif Sadio, qui revendique l’autonomie de cette région méridionale que les autorités sénégalaises sont régulièrement accusées de délaisser.

2. Irréductible

Salif Sadio cumule les fonctions politiques et militaires à la tête de sa faction du MFDC depuis sa rupture avec l’abbé Diamacoune – le chef charismatique du mouvement indépendantiste, décédé en 2007 – et avec Mamadou Nkrumah Sané (son fondateur). Lequel déclarait à Jeune Afrique, en 2011 : « Wade perdra à cause de nous en 2012 tout comme Diouf a perdu à cause de nous en 2000 ».

J’AI JURÉ QUE JE NE ME MARIERAIS PAS TANT QUE NOUS N’AURIONS PAS REPRIS NOTRE TERRE

Salif Sadio se considère désormais comme le seul chef légitime du MFDC, même si son rival, César Atoute Badiate, continue de régner sur le front Sud de la rébellion.  « Dans son maquis, la discipline est totale, indique une source qui l’a rencontré à plusieurs reprises. Il est un chef incontesté et jamais l’armée sénégalaise n’est parvenue à l’écraser. »

« Même si, officiellement, le MFDC réunit toutes les composantes du pays, l’ethnie diola en constitue le socle », commente un bon connaisseur du dossier.  « Il est secret, soupçonneux, voire paranoïaque, très difficile à approcher », ajoute un expert du conflit casamançais, qui n’est jamais parvenu lui-même à le rencontrer.

Salif Sadio cultive la légende d’un « pur », d’un incorruptible, alimentée par son image de pieux musulman. Mais il serait aussi capable d’une brutalité extrême afin de se maintenir au pouvoir dans son organisation, quitte à se débarrasser sommairement des rivaux et contradicteurs.

3. Trafics

Pour financer sa rébellion, quatre décennies après sa naissance, Salif Sadio en est réduit aux trafics. Outre le cannabis, dont la culture est propice sur les terres de la verte Casamance, le MFDC est soupçonné de « se sucrer » au passage sur le trafic de bois de rose, une espèce prisée qui fait l’objet d’un trafic juteux vers la Chine. 

Le 24 janvier, c’est d’ailleurs ce trafic prohibé qui a été à l’origine de l’accrochage meurtrier entre un groupe de soldats sénégalais de la Micega et les rebelles du MFDC, à la frontière sénégalo-gambienne. Les militaires entendaient en effet contrôler des camions chargés de ce bois précieux, coupé en Casamance avant d’être exporté par containers entiers depuis le port de Banjul. 

4. Conflit sans fin

Depuis le début des années 1980, un seul mot d’ordre : l’indépendance de la Casamance, sinon rien. Quarante ans après le début du conflit, auquel trois présidents sénégalais successifs ont été confrontés (Abdou Diouf, Abdoulaye Wade puis Macky Sall), la Casamance vit entre la guerre et la paix, dans le cadre d’un conflit de basse intensité qui est revenu sur le devant de la scène à la suite du récent accrochage meurtrier.

« Il campe sur ses positions et a du mal à parvenir à un compromis, alors même que depuis 2012 c’est lui qui est demandeur de négociations avec Dakar, témoigne un bon connaisseur du dossier. Lorsqu’un compromis est sur la table, il en soupèse tous les termes méticuleusement. » « Macky Sall a affiché très vite sa volonté de régler pacifiquement la crise et il y a eu un round d’observation rapidement après son élection », observe un ministre de l’époque.

5. Médiations

« Moi, César Atoute Badiate, préfère la paix en Casamance plus que quiconque. Le 3 janvier 2012, nous nous sommes entendus avec le collectif des cadres de la Casamance [sur le fait] que ce conflit doit être impérativement réglé par Sant’Egidio car les religieux sont plus crédibles et moins corrompus », déclarait il y a dix ans le rival de Salif Sadio.

Un point d’accord entre les deux branches du MFDC qui explique pourquoi le père Angelo Romano, médiateur de longue date de la communauté Sant’Egidio dans le conflit, a obtenu récemment la libération des militaires sénégalais capturés par le MFDC. Autre médiateur récurrent dans le conflit, le Casamançais Robert Sagna, qui fut ministre pendant tout le règne d’Abdou Diouf.

Autant d’initiatives qui avaient conduit, en 2014, à un cessez-le-feu unilatéral des troupes de Salif Sadio. L’incident meurtrier du 24 janvier est venu le rompre tragiquement.

6. Médias

On le dit accro à l’info, se tenant quotidiennement informé depuis le maquis. Pourtant, peu de journalistes ont eu le privilège de l’approcher. Parmi eux, le Sénégalais Ibrahima Gassama, de Zig’FM, une radio locale casamançaise, et Allen Yero Embalo, le correspondant de l’AFP et RFI en Guinée-Bissau. Au cours des dernières années, Salif Sadio a réservé ses sorties tonitruantes à une poignée de journalistes gambiens triés sur le volet.

Lors de l’exhibition puis de la libération des soldats sénégalais, le chef de guerre a toutefois tenu à médiatiser ce fait d’armes.

7. Spectacle macabre

La libération des militaires sénégalais retenus en otages et la restitution de leurs deux compagnons morts au combat a fait l’objet d’une mise en scène macabre. Devant un groupe de journalistes sénégalais et gambiens autorisés pour l’occasion à approcher les combattants, les prisonniers ont été exhibés, les mains ligotées dans le dos, tout comme les deux cadavres, qui n’avaient pu être conservés dans des conditions dignes de ce nom. Un journaliste présent sur les lieux confie à JA garder le traumatisme de l’évènement.

IL CAMPE SUR SES POSITIONS ET A DU MAL À PARVENIR À UN COMPROMIS

8. Yahya Jammeh

Son départ, après 22 années de règne despotique, aura été une double bénédiction pour le Sénégal, pays scindé en deux par la Gambie, encastrée dans son voisin. D’abord car le retour à la démocratie a apaisé la relation entre les deux pays ; mais aussi parce que la Gambie de Yayah Jammeh a longtemps servi de base arrière au Front nord du MFDC, commandé par Salif Sadio.

9. Célibataire

Il a fait vœu de célibat jusqu’au jour où sa cause serait couronnée de succès, comme il l’indiquait encore en 2020 à un média gambien. « Cela n’est pas terminé aujourd’hui et ça ne prendra pas fin demain. Nous irons jusqu’au bout. Les combats prendront fin le jour où le Sénégal quittera la terre de Casamance. Regardez ma barbe : j’ai plus de 60 ans mais je ne suis toujours pas marié. J’ai juré que je ne me marierais pas tant que nous n’aurions pas repris notre terre. »

10. Avenir

Salif Sadio a-t-il encore un avenir ? « Il se débat dans un dilemme, estime une source proche du dossier : soit il conserve une identité militaire pure et dure, soit il devient un cadre politique qui s’exprimera par d’autres voies. L’objectif de la négociation est de lui faire accepter cette deuxième option. »

Afrique de l’Ouest : quatre milliards de dollars de produits agricoles gâchés par an

Mis à jour le 21 février 2022 à 14:27
 

 

Un vendeur transporte des sacs d’oignons sur le marché de Camberene, à Dakar, le 2 juin 2019, © Seyllou / AFP.

Mangues qui pourrissent sur place en Côte d’Ivoire, au Mali, en Guinée, oignons du Sénégal mal conservés et invendables… Il existe pourtant des recettes pour améliorer le stockage et les circuits de distribution des produits agricoles.

Elles s’appellent Ndéye Marie Aïda Ndiéguène et Aminata Sow Ndiaye. La première, une ingénieure en génie civil à la tête de l’entreprise Ecobuilders MS, construit des hangars de stockage écologiques qui gardent la fraîcheur de la terre pour assurer la conservation des récoltes. La seconde, entrepreneuse diplômée en agroalimentaire, développe actuellement sa start-up Produits culinaires pour cuisine rapide (PCCR), pour transformer l’oignon local, à raison de cinq tonnes par semaine, via un processus industriel. Leur point commun ? L’innovation de ces deux Sénégalaises pour réduire les pertes agricoles massives qui surviennent entre la récolte et le point de vente. Un phénomène qui dépasse les frontières de leur pays.

20 millions de tonnes de nourriture perdues

Au Sénégal, sur 450 000 tonnes d’oignons cultivés chaque année, un tiers se perd du fait de mauvaises conditions de conservation des produits, ce qui contraint le secteur à en importer régulièrement d’Europe. En Côte d’Ivoire, ce sont 100 000 tonnes de mangues qui pourrissent annuellement. Au Nigeria, 45 % environ des tomates récoltées durant l’année sont perdues, alors que, parallèlement, le géant Dangote peine, hors des périodes de récoltes, à approvisionner son usine de transformation de tomates, et ce depuis son lancement à Kano, en mars 2016, pour 20 millions de dollars. « Dans les semaines qui suivent la récolte, l’Afrique subsaharienne perd à elle seule 20 millions de tonnes de nourriture par an, ce qui représente une valeur de plus de 4 milliards de dollars », avertit le Programme alimentaire mondial.

LE NERF DU PROBLÈME SE SITUE DANS LA SURPRODUCTION SAISONNIÈRE

En Afrique de l’Ouest, le maraîchage n’est souvent qu’un complément à des cultures plus rentables. Ce parent pauvre de l’agriculture manque de matériel de récolte, de stockage et de moyens de transport adéquat. Mais le nerf du problème se situe dans l’inadéquation entre l’offre et la demande : la surproduction saisonnière.

« Les mangues, par exemple, on en trouve en abondance en mars et en avril. Tous les producteurs veulent alors les vendre en même temps, elles ne valent rien, et finalement une partie de la production est perdue. Quelques mois plus tard, elles sont rares et chères, explique Pierre Ricau, analyste de marchés chez Nitidæ. Ces problématiques sont amplifiées par le fait que les producteurs tentent de vendre leur production au même endroit, au même moment. »

Les femmes Gouro, un modèle de structuration

À ce titre, les femmes Gouro – comme elles sont appelées à Abidjan, du nom de leur groupe ethnique –, une communauté de commerçantes originaires de l’Ouest de la Côte d’Ivoire, tiennent plusieurs marchés vivriers dans la capitale économique ivoirienne, notamment au sein de la plus grande commune commerciale de la ville, à Adjamé. Elles sont présentées comme un modèle de structuration.

« Ces femmes sont originaires de Zuénoula, la principale zone de production du pays. En fixant des quotas et des jours de livraison dans la semaine, elles approvisionnent Abidjan en fruits et légumes toute l’année sans qu’il n’y ait trop de variations de prix. C’est un bel exemple d’entente entre les commerçantes urbaines et les productrices dans les milieux ruraux », estime l’économiste agricole. Ces entrepreneuses sont à l’origine de la création de la Fédération nationale des coopératives de vivriers de Côte d’Ivoire (Fenascovici), qui compte 36 000 membres pour 2 000 coopératives implantées dans 33 régions du pays.

Pour absorber les surplus saisonniers, nombre de petits ou de grands producteurs se tournent vers la transformation. Au Burkina Faso, l’Union des producteurs de mangues biologiques et équitables de la région des Hauts-Bassins (Upromabio-HBS) a mis en place une unité de transformation pour sécher la mangue (avec une capacité de 80 tonnes) et la fleur d’hibiscus (22 tonnes), pour un chiffre d’affaires, en 2019, de 114 millions de F CFA (174 000 euros). Une partie des produits est destinée à l’exportation vers l’Europe et les États-Unis, une autre est vendue localement, selon deux gammes de prix, pour toucher les populations à faible pouvoir d’achat.

Transformer pour ne pas gâcher

Des initiatives similaires ont été menées en Côte d’Ivoire. En avril 2021, l’entreprise suisse HPW Fresh&Dry a inauguré une entreprise de transformation de fruits séchés, à Assé, dans la commune de Bonoua, pour un coût de 3,28 milliards de F CFA. Elle dispose d’une capacité de transformation de 800 tonnes de fruits séchés et emploie 450 personnes.

LE PRODUIT TRANSFORMÉ COÛTE PLUS CHER, IL NE S’ADRESSE DONC PAS À TOUT LE MONDE

Dans le sud du Mali, l’association Arcade accompagne une coopérative de femmes de Blendio pour conserver et sécher l’échalote (dont la moitié de la production est perdue faute d’un stockage adéquat). Plusieurs de ces initiatives sont financées par le programme Promotion de l’agriculture familiale en Afrique de l’Ouest (Pafao) qui dépend du Comité français pour la solidarité internationale (CFSI). « Le produit transformé coûte plus cher, il ne s’adresse donc pas à tout le monde. Le marché au niveau national reste par conséquent limité », tempère l’économiste agricole Pierre Ricau.

Outre la transformation, d’autres solutions existent, comme le système de crédit-stockage (ou warrantage), répandu au Burkina Faso, qui permet aux producteurs de denrées moins périssables (mil, sorgho, riz, maïs, arachide) de ne plus brader leur production à l’issue des récoltes, au moment où le produit est au plus bas de sa valeur marchande.

La solution numérique

Le numérique joue également un rôle croissant dans la lutte contre les pertes agricoles. Au Nigeria, la plateforme en ligne Farmcrowdy Foods connecte les agriculteurs et les consommateurs pour éviter, entre autres, le gaspillage pendant la saison des récoltes. La start-up, qui intervient sur l’ensemble de la chaîne de valeur agricole, affirme avoir constitué un réseau de plus de 300 000 agriculteurs depuis son lancement en 2016.

Au Cameroun, l’application Agrixtech (qui dispose d’environ 200 utilisateurs) permet de lutter contre les ravageurs et les maladies de cultures qui menacent la productivité agricole. En Casamance, dans le sud du Sénégal, la GIE Casa Écologie permet d’acheter des fruits via un site internet. D’autres acteurs se positionnent sur des services agrométéorologiques, des mises en relation directes entre les producteurs et les cantines, des optimisations agricoles en intégrant des images satellitaires.

HISTORIQUEMENT, LE STOCKAGE DES FRUITS ET LÉGUMES, C’EST AVANT TOUT UNE ORGANISATION DES ACTEURS EUX-MÊMES

Les gouvernements ont aussi leur rôle à jouer. « Les meilleurs succès, cela reste sûrement le soutien à l’implantation d’usines de transformation, comme celles de tomates au Sénégal [via les entreprises nationales Socas, Agroline et Takamoul Foods, ndlr]. Mais il n’y a pas de politique de lutte contre le gaspillage efficace dans la sous-région. Les gouvernements sont avant tout focalisés sur l’augmentation de la production des denrées importées ou de celles qui s’exportent bien », estime Pierre Ricau.

La Côte d’Ivoire se démarque toutefois par sa forte politique d’industrialisation, notamment dans le cacao, dont le pays est le premier producteur mondial. Deux complexes industriels de transformation sont actuellement en cours de construction dans le pays. En juillet 2021, le gouvernement ivoirien a également inauguré une usine de transformation de fruits et légumes – Trafule – à N’Douci, dans le sud du pays, pour un montant de 6,3 milliards de F CFA. « Historiquement, le stockage des fruits et légumes, c’est avant tout une organisation des acteurs eux-mêmes », explique Pierre Ricau. Dans l’agriculture, l’union fait la force. Les femmes Gouro l’ont bien compris.

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Les informations sur nos maisons de formation datent de quelques années, et nous avons demandé aux responsables de ces maisons de nous donner des nouvelles plus récentes.
La première réponse reçue vient de Samagan, le noviciat près de Bobo-Dioulasso (lire la suite)

 

La deuxième réponse nous a été donnée par la "Maison Lavigerie", notre maison de formation à la périphérie de Ouagadougou, où les candidats ont leurs trois premières années de formation (lire la suite)