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Côte d’Ivoire : entre Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, la rupture est-elle consommée ?

Au sein du PPA-CI, le « cas Blé Goudé » fait des vagues. La décision de l’ancien co-accusé de Laurent Gbagbo de ne pas rallier le parti de son « mentor » est source de tensions. Elle interroge aussi sur la place donnée à ceux qui, à gauche, ne se rangent pas derrière l’ancien président.

Mis à jour le 22 septembre 2022 à 17:57

 
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Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé © Peter Dejong / POOL / AFP – Montage JA

« Le parti ne commentera pas. » Fin du chapitre. Pas question, pour Justin Koné Katinan, de revenir sur l’épisode qui, en juin dernier, a déjà été beaucoup commenté dans la presse et sur les plateaux télé. Devant des journalistes, le porte-parole du Parti des peuples africains de Côte d’Ivoire (PPA-CI) évoque ce jour-là le « cas » Charles Blé Goudé. L’ancien leader des Jeunes Patriotes a obtenu son passeport ordinaire quelques semaines plus tôt et, à La Haye où il réside toujours, il attend le feu vert des autorités ivoiriennes pour rentrer en Côte d’Ivoire. Debout derrière son pupitre, Justin Koné Katinan n’y va pas par quatre chemins. « Nous le disons sans aucune haine, nous ne sommes pas ensemble, martèle-t-il. Sur le terrain politique, nous sommes adversaires. Il faut que ce soit clair pour les Ivoiriens, pour nos militants. »

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La décision de Charles Blé Goudé de transformer son mouvement, le Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (Cojep), en parti en 2015, et ses ambitions politiques, qu’il ne cache pas, le catégorisent immanquablement dans l’opposition directe au PPA-CI, insiste Justin Koné Katinan. À la fin de son allocution, celui qui occupe aussi le poste de troisième vice-président de la formation fondée par Laurent Gbagbo quelques mois après son retour à Abidjan précise avoir en outre trouvé « désobligeante » une déclaration attribuée à Charles Blé Goudé : « Je n’ai jamais été dans le groupe [le Front populaire ivoirien, FPI, fondé par Gbagbo et aujourd’hui dirigé par Pascal Affi N’Guessan]. Je ne serai pas avec le sous-groupe [le PPA-CI] ».

L’héritage de Gbagbo

Les mois ont passé mais « le cas Blé Goudé » continue de faire des vagues au sein du PPA-CI. Il relance le débat – sensible – sur « l’héritage » politique de Laurent Gbagbo. Refusant certes qu’on lui dicte son agenda, l’ancien président n’avait-il pas clamé, lors du lancement de son parti, son « intention de partir » ?

Depuis leur acquittement par la Cour pénale internationale (CPI), qui les jugeait pour crimes contre l’humanité, leurs liens se sont distendus. Selon nos informations, les deux hommes ne se sont pas parlé directement au téléphone depuis au moins un an. Mais dans la grande famille socialiste, certains s’étonnent que Justin Koné Katinan ait choisi de faire publiquement état des dissensions.

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« Il n’y a pas de rupture fondamentale entre Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, tempère un membre du PPA-CI. D’une certaine manière, ils ont besoin l’un de l’autre. Si des cadres cognent sur Blé, cela ne veut pas dire qu’une réunion a acté leur prise de position au nom du parti. » Notre interlocuteur concède toutefois qu’il existe des « divergences » et que certains redoutent « que le retour de Charles Blé Goudé ne leur soit pas très favorable ». À l’en croire, les mécontents sont à chercher du côté de « la génération qui prépare la suite, à savoir la prochaine élection présidentielle, et surtout les suivantes ».

Plusieurs sources affirment même que Laurent Gbagbo a rappelé à l’ordre Justin Koné Katinan et Damana Pickass, le secrétaire général du PPA-CI, qui fut numéro trois de la puissante Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci) quand Blé Goudé la dirigeait dans les années 1990.

« Un héritier trop pressé »

« Charles Blé Goudé est un héritier trop pressé, tonne pourtant l’un de ses anciens proches. Il faut accompagner Laurent Gbagbo dans son dernier combat politique. On ne réclame pas le flambeau comme ça. Il faut déjà faire partie du système. On ne force pas la main à Laurent Gbagbo. »

D’autant qu’il est, à ce stade, peu probable que l’ancien président choisisse de transmettre son héritage politique à son ancien ministre de la Jeunesse qui, depuis l’Europe, joue les rassembleurs et tente de se défaire de sa sulfureuse image de « général de la rue ».

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Son départ précoce au Ghana au plus fort de la crise postélectorale du début de l’année 2011 et les rumeurs de négociations avec Abidjan qui ont suivi lui ont valu l’inimitié tenace de plusieurs proches de Laurent Gbagbo. Charles Blé Goudé y consacre un chapitre dans son livre, De l’enfer, je reviendrai, publié en 2016. Il y dénonce « [la] manipulation et [le] dénigrement » dont il a fait l’objet. Et puis il y a sa proximité avec l’ancienne première dame, Simone Gbagbo, qui a pris la tête de son propre parti, le Mouvement des générations capables (MGC), qui agace presque autant que ses remerciements réitérés au président Alassane Ouattara après l’obtention de son passeport.

ILS ANNONCENT LE DIVORCE, JE LE REFUSE. JE SUIS DANS UNE LOGIQUE DE RASSEMBLEMENT

Lui pourtant refuse de prendre acte de cette séparation d’avec le PPA-CI. « Pour ma part, je ne rentrerai pas dans ce conflit, je ne serai pas au rendez-vous de cet affrontement et je parlerai avec eux le moment venu en Côte d’Ivoire. Ils annoncent le divorce, je le refuse. Je suis dans une logique de rassemblement », expliquait-il dans un récent entretien à Jeune Afrique.

« Tout est question de discussions, répond Hubert Oulaye, le directeur exécutif du parti de Gbagbo. Si nous faisons alliance avec le PDCI [le Parti démocratique de Côte d’Ivoire, d’Henri Konan Bédié], c’est que tout est possible. » Déjà alliés lors des législatives de 2021, le PPA-CI et le PDCI mènent actuellement des négociations en vue des élections locales de 2023, suivant l’implacable logique du monde politique ivoirien, morcelé en trois blocs : les victoires s’obtiennent toujours à deux contre un.

« Je lui cirais ses chaussures »

« Nous avons fait beaucoup pour le retour de Charles Blé Goudé, comme pour celui de Guillaume [Soro], ajoute Hubert Oulaye. Une motion spéciale a même été lue lors de notre congrès constitutif. Il a son passeport, que peut-on faire d’autre ? Nous ne pensons pas avoir négligé son sort, bien au contraire. »

Les années de détention communes de l’ancien président et de son ex-ministre de la Jeunesse, dans l’enceinte du pénitencier de Scheveningen, ponctuées de séances de sport et de services échangés (« Je lui cirais ses chaussures », dira Charles Blé Goudé), semblent toutefois bien loin. Tout comme le vœu, formulé par Laurent Gbagbo au lancement du PPA-CI, « d’unir la gauche » ivoirienne.

Guinée : entre Alpha Condé et Mamadi Doumbouya, la bataille sans fin

Un an après le putsch du 5 septembre 2021, l’ancien président guinéen renversé et le chef de la junte continuent leur bras de fer à distance.

Par  - à Conakry
Mis à jour le 19 septembre 2022 à 17:58
 
 
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L’ancien président guinéen Alpha Condé (à g.) et le colonel Mamadi Doumbouya (à dr.), chef de la junte en Guinée. © MONTAGE JA : VINCENT FOURNIER pour JA ; JOHN WESSELS/AFP

LE MATCH DE LA SEMAINE – Après lui avoir ravi le fauteuil présidentiel, Mamadi Doumbouya imposerait-il à Alpha Condé le silence ? L’ancien président est pourtant « libre » depuis le 22 avril, selon un communiqué de la junte signé par le chef d’état-major général des armées, le colonel Sadiba Koulibaly. Mais il s’agit d’une liberté de papier. Si l’annonce, du bout des lèvres, avait permis à l’ex-chef de l’État guinéen de recevoir ses proches pendant deux jours, elle visait surtout à éviter les sanctions de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) – qui se réunissait le 25 avril – en convainquant les chefs d’État de la sous-région de la volonté d’apaisement des militaires.

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Depuis qu’il l’a renversé, Mamadi Doumbouya tient Alpha Condé à l’œil, comme s’il craignait encore la capacité de nuisance de l’ancien président. Si ce dernier avait déclaré à ses visiteurs, deux jours après l’annonce de sa libération, n’avoir « ni l’intention ni les moyens de mener quoi que ce soit contre le CNRD [Comité national du rassemblement pour le développement] », il garde toujours la tête de son parti. Entre le fondateur du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG Arc-en-ciel) et la politique, c’est une histoire d’amour qui ne finira qu’à la tombe.

Une « surmédiatisation » qui dérange

À la fin d’août, au moment où le CNRD s’apprête à célébrer le premier anniversaire de sa prise du pouvoir, l’ancien président jouait (passivement ?) au trouble-fête lorsque les Guinéens apprennent de ses nouvelles à travers les colonnes de Jeune Afrique. Le directeur de la rédaction, François Soudan, décrit un Alpha Condé « serein », « suffisamment valide pour une heure de marche quotidienne sur la plage, l’ex-président passe ses journées à lire, à peaufiner son bilan et à s’entretenir au téléphone avec des amis dont le cercle, inévitablement, s’est restreint ». Mieux, Alpha Condé se tient « informé de tout, et de tout ce qui touche à la Guinée en particulier, avec une avidité qui ne se dément pas ».

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Cette « surmédiatisation », ce manque de réserve de l’ancien président, dérange le locataire du palais Mohammed V, qui exige le retour à Conakry d’Alpha Condé. Une répétition de l’histoire. Au mois d’avril, Mamadi Doumbouya avait réclamé aux Émirats arabes unis le retour, dare-dare, de l’ex-chef de l’État. Privé de ses téléphones et placé sous étroite surveillance à Abou Dhabi, où il avait été préalablement évacué en début d’année, l’ancien dirigeant avait malgré tout réussi à interférer dans la gestion de son parti, en proie à une guéguerre de succession.

Il avait également prédit l’actuel divorce entre Mamadi Doumbouya et la classe politique, ainsi que les difficultés financières et économiques de la Guinée en raison de la crise mondiale. Depuis le 1er juin, le pays a enchaîné des manifestations sanglantes contre la hausse des prix du carburant et la gestion unilatérale d’une transition que beaucoup craignent de voir s’éterniser.

Négociations diplomatiques

Alpha Condé s’est envolé le 21 mai pour Istanbul, sans passeport ni garde du corps. Une précaution pour garantir un séjour médical discret et un retour en Guinée. Sauf qu’Ankara, à la différence d’Abou Dhabi, n’a pas l’air de vouloir se plier aux injonctions de Conakry. Le 7 septembre, un groupe de militaires guinéens a fait une descente musclée au port autonome de Conakry, en partie sous concession d’Alport, la filiale guinéenne du groupe turc Albayrak.

Un ultimatum de 72 heures est alors donné à la société afin qu’elle organise le retour en Guinée d’Alpha Condé pour le voyage duquel elle s’était impliquée, sans quoi, elle devra cesser ses activités. Ces menaces seront partiellement mises à exécution le 12 septembre : le directeur général d’Alport Conakry, Mustafa Levent Adali, et trois de ses secrétaires ont été contraints de quitter leur bureau.

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Des discrètes négociations diplomatiques sont menées entre le ministre guinéen des Affaires étrangères, Morissanda Kouyaté, et l’ambassadeur turc à Conakry, Volkan Türk Vural. Les deux échangent des coups de fil et des notes verbales en vue de clore l’incident. Le chef de la diplomatie guinéenne s’est également entretenu le 14 septembre avec son homologue turc, nous apprend-on. Les colonels Balla Samoura, Sadiba Koulibaly et Amara Camara, respectivement haut commandant de la gendarmerie nationale, chef d’état-major général des armées et ministre secrétaire général à la présidence ont également mené des négociations de leur côté. Finalement, la société Alport a repris ses activités au port de Conakry. Un sursis à l’exécution des injonctions pour le retour de l’ancien président semble donc acquis.

Impossible devoir de réserve ?

Cette obligation au silence ne se limite pas au président déchu. Le lendemain de la prise du pouvoir, la junte a intimé aux anciens dignitaires de s’abstenir de communiquer. Deux semaines après, l’ancien conseiller d’Alpha Condé, Tibou Kamara, sera arrêté dans la nuit pour avoir transgressé la mesure, justifiera un communiqué du CNRD. Puis, au mois de novembre qui a suivi, Mamadi Doumbouya a réitéré ce devoir de réserve aux responsables du RPG Arc-en-ciel convoqués au palais Mohammed V après le lancement d’un mouvement en faveur de la libération de l’ancien président.

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Peu disert, le président de la transition tient au silence. L’aura-t-il dans ce monde ouvert ? Après avoir signé, au mois de juillet dans Jeune Afriqueune tribune dépeignant un Mamadi Doumbouya avide de pouvoir au point d’abuser de la confiance d’Alpha Condé, Adrien Poussou, l’ancien ministre centrafricain revient à la charge. Il publie Guinée : Les véritables raisons d’un coup d’État inique. Comment le président Alpha Condé est-il devenu un homme à abattre ? (Edilibres). Un livre qui, comme on pourrait le deviner, risquer de heurter Doumbouya, parce ce qu’il essaie de réhabiliter Condé.

Sénégal : Macky Sall nomme Amadou Bâ Premier ministre

Le chef de l’État, qui avait annoncé le rétablissement de la fonction il y a dix mois, a porté son choix sur son ancien ministre des Finances et des Affaires étrangères. Cette nomination intervient après la percée historique de l’opposition lors des législatives du 31 juillet.

Mis à jour le 17 septembre 2022 à 16:06
 
 
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Macky Sall et Amadou Bâ. © DR/présidence Sénégal

 

Après avoir fait durer le suspens durant plusieurs mois, Macky Sall a finalement procédé, samedi 17 septembre, à la nomination du chef de gouvernement. Et son choix s’est porté sur Amadou Bâ, ancien ministre des Finances entre 2013 et 2019, puis des Affaires étrangères jusqu’en novembre 2020.

Supprimé en mai 2019 par le chef de l’État sénégalais afin d’accélérer la mise en œuvre des politiques publiques, le poste de Premier ministre avait été rétabli en décembre 2021. Une réforme notamment justifiée par les impératifs liés au fait que Macky Sall exerce, depuis début 2022, la présidence tournante de l’Union africaine (UA).

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De ce fait, la nomination avait paru imminente. Mais, au lendemain des élections locales, organisées en janvier dernier, et dans la perspective des élections législatives (qui se sont finalement tenues le 31 juillet), Macky Sall avait paru hésiter sur la marche à suivre, peu désireux de mettre en place une nouvelle équipe dont les caciques auraient pu essuyer un revers dans les urnes.

Retour en grâce

La nomination d’Amadou Bâ marque un retour en grâce pour l’ancien directeur des Impôts et ex-ministre, qui figurait sur la liste nationale lors des législatives, mais dont le fief, les Parcelles assainies, la plus grande des communes qui composent Dakar, a été remporté par l’opposition.

Il aura donc fort à faire, d’autant que Benno Bokk Yakaar (BBY, la coalition présidentielle) ne dispose que d’une très courte majorité à l’Assemblée nationale et que l’opposition, emmenée par l’inter-coalition Yewwi Askan Wi (YAW)- Wallu Sénégal, semble déterminée à faire de cette nouvelle législature un casse-tête pour le chef de l’État.

Si la tache s’annonce compliquée, c’est aussi parce que la majorité a montré des signes de fragilité après que Macky Sall a choisi de faire d’un inconnu, Amadou Mame Diop, le nouveau président de l’Assemblée nationale le 12 septembre dernier.

À LIRESénégal : Mimi Touré accuse l’entourage de Macky Sall de vouloir la « neutraliser physiquement »

Parmi les caciques déçus : Aminata Touré, ancienne Première ministre et tête de liste nationale lors des législatives. Elle n’a pas caché sa frustration et sa colère à se voir préférer le maire de Richard-Toll, allant jusqu’à dénoncer un choix guidé uniquement par les liens du nouveau président de l’Assemblée avec la famille présidentielle.

Vendredi 16 septembre, le chef de l’État sénégalais s’est exprimé dans une allocation télévisée, la première depuis les élections du 31 juillet. Il a salué la tenue d’un “scrutin libre et transparent, garantissant la sincérité et la crédibilité du vote”. “L’échéance électorale refermée, il n’y a plus, à mes yeux, de candidats de camps opposés, mais des représentants du peuple”, a-t-il ajouté, avant avant de “regretter profondément” le chaos dans lequel s’est déroulée de l’élection du bureau politique de l’Assemblée.

« Spectacle désolant »

“Le spectacle désolant auquel certains [députés] se sont livrés dans l’enceinte de la représentation nationale en détruisant du matériel et en violant la sacralité des lieux est d’une extrême gravité, indigne d’une démocratie majeure et de la confiance du peuple”, a-t-il dénoncé.

LA SÉANCE AVAIT VIRÉ À LA FOIRE D’EMPOIGNE ET LA GENDARMERIE AVAIT DÛ INTERVENIR

Le 12 septembre, plusieurs députés de l’opposition dont Barthélémy Dias, l’actuel maire de Dakar, et l’activiste Guy Marius Sagna avaient tenté de bloquer l’élection du président de l’Assemblée nationale après de vives altercations avec des élus de la majorité. La séance avait viré à la foire d’empoigne et la gendarmerie avait dû intervenir. “Au delà de nos convictions et de nos choix individuels,  nous sommes un même peuple. Le choc des idées et des ambitions ne doit jamais nous faire oublier notre vivre ensemble”, a conclu Macky Sall.

Le président sénégalais doit maintenant s’envoler pour Londres, où il assistera aux obsèques de la reine Élisabeth II, puis il se rendra à New York pour l’ assemblée générale de l’ONU.

Togo: le gouvernement présente dix mesures contre la vie chère

 

Plusieurs mesures sociales ont été annoncées au Togo par le gouvernement, vendredi 16 septembre, pour faire face aux coûts de la vie quotidienne. Dix mesures que l’association des consommateurs du Togo salue. Mais elle demande au gouvernement de faire davantage.

Avec notre correspondant à Lomé, Peter Sassou Dogbé

Les mesures sont au nombre de dix. Parmi celles-ci on trouve l’augmentation des salaires et des pensions de retraite, les subventions des produits pétroliers, les soutiens financiers à la scolarité des apprenants, les indemnités de transport aux fonctionnaires, les gratifications spéciales concernant le treizième mois notamment...

Des mesures qui visent, affirme Akodah Ayewouadan, porte-parole du gouvernement, à aider la population dans un contexte de hausse généralisée des prix à la consommation, et à faire face à la nouvelle donne économique mondiale :

« Ces mesures sociales, dont le coût est estimé à plusieurs dizaines de milliards de francs CFA, produiront comme avantages inédits pour les citoyens une augmentation significative des revenus, plus de contenus dans le panier de la ménagère, une rentrée scolaire plus sereine, une stabilisation des charges liées à l'énergie avec une maîtrise du prix du gaz domestique. » 

Ces mesures, assure le ministre de la Communication et des médias, garantissent l’assurance de la disponibilité continue des produits alimentaires aussi, grâce à la subvention des engrais. Ce sont des mesures à saluer, affirme le président de la Ligue des consommateurs, Emmanuel Sogadzi. Mais selon lui, le gouvernement doit aller au-delà :

« Le gouvernement doit continuer à réfléchir et discuter avec les acteurs de la vie sociale dans notre pays, pour aboutir à d'autres décisions. »

Le secteur privé n’est pas oublié. Il est concerné par la dixième mesure, qui accorde des avantages fiscaux. Un mesure née de l’état d’urgence sanitaire mais que la loi des finances 2022 a abrogé. Reste à savoir comment et quand l’allègement fiscal sera effectif.

Depuis plus de six mois, plusieurs villages des environs de Gao sont la cible des jihadistes de l’État islamique au Grand Sahara (EIGS). Le haut gradé El Haji Ag Gamou, considéré comme le parrain du Gatia, tire la sonnette d’alarme.

Mis à jour le 16 septembre 2022 à 12:52
 
 

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Le général El Haji Ag Gamou, le 9 février 2013 à Gao. © Jessica Vieux

 

C’est un enregistrement audio de trois minutes qui devait s’adresser à un groupe privé WhatsApp rassemblant des personnes de la communauté touareg imghad. Dans cet extrait, on entend la voix du général El Haji Ag Gamou.

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D’un ton posé, le haut gradé malien appelle les membres de sa communauté de la région de Djebock à quitter les villes reculées et à se diriger vers les grandes villes pour des raisons de sécurité. « Le mal arrive inévitablement », a-t-il prévenu, faisant allusion à la progression de l’État islamique au Grand Sahara (EIGS), très actif dans la zone du Liptako Gourma.

Montée en puissance

Ce message vocal survient alors que, le 6 septembre dernier, les combattants de l’EIGS ont débarqué à Talataye sur des centaines de motos. Dans l’après-midi, ce groupe, qui sévit dans le Nord-Est depuis mars dernier, a lancé une série d’attaques sur différents quartiers de la ville.

Face à eux, les combattants du Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia) et du Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA), des groupes armés membres de la Plateforme, l’une des coalitions signataires de l’Accord de paix, en 2015. L’offensive fait plusieurs morts. Le lendemain, l’EIGS, qui mène une guerre de mouvement dans le Nord, a quitté Talataye.

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« L’EIGS monte en puissance dans le Sahel, ils vont tuer tout le monde, regrette une source locale qui a préféré garder l’anonymat. Après le départ de Barkhane, un vide s’est crée dans ces localités du Nord. Les Forces armées maliennes (Fama) ne sont positionnées qu’à Ménaka », déplore-t-il.

Alertes sans réponse

Si l’audio du général Gamou a aujourd’hui un écho retentissant dans le pays, force est de constater que ce n’est pas la première fois que le parrain du Gatia alerte sur la situation dans le nord-est du pays.

Selon l’un de ses proches, en juillet dernier déjà, alors que les attaques se multipliaient dans la zone des trois frontières, le général avait envoyé un rapport aux autorités maliennes et aux groupes armés alliés, dans lequel il demandait la mobilisation de tous pour lutter contre l’offensive de l’EIGS. Ses sollicitations étaient alors restées sans réponses.

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« Le Général Gamou a demandé l’appui de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), du Cadre stratégique permanent (CSP) et des Fama, mais malheureusement personne n’a répondu à l’appel », confirme le proche de Gamou.