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Législatives au Sénégal : un tournant historique ?

La situation est inédite au Sénégal où, au lendemain des résultats provisoires des élections législatives, la mouvance présidentielle accuse un net recul, sans pour autant avoir dit son dernier mot…

 
Mis à jour le 5 août 2022 à 19:43

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Le président du Sénégal, Macky Sall, votant aux éléctions législatives, le 31 juillet 2022. © Présidence Sénégal

Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives, mais les informations disponibles suffisent pour l’écrire : les élections législatives du 31 juillet 2022 marqueront, quoi qu’il arrive, l’histoire politique du pays.

Certes, à ce stade nul n’a gagné ni perdu. C’est la première caractéristique, largement atypique, de ce scrutin. Alors que nous écrivons ces lignes, le vendredi 5 juillet à 15h30 GMT, impossible encore de départager les deux camps en présence.

Coalition contre coalition

D’un côté, la coalition présidentielle, Benno Bokk Yakaar, vaste regroupement de partis dont les principaux sont l’Alliance pour la République (APR, le parti présidentiel), le Parti socialiste (mouvement historique ayant donné au Sénégal deux présidents sur quatre depuis l’indépendance : Léopold Sédar Senghor puis Abdou Diouf), l’Alliance des forces de progrès (le parti de Moustapha Niasse, le président de l’Assemblée nationale depuis 2012), et Rewmi (celui d’Idrissa Seck, le président du Conseil économique, social et environnemental depuis la fin de 2019).

À LIRESénégal : Barthélémy Dias et Ousmane Sonko, duo de choc

De l’autre, une « inter-coalition » réunissant les principales forces de l’opposition. La première – Yewwi Askan Wi – agrège d’anciens cadres du Parti socialiste qui en avaient été limogés sans ménagement à la fin de 2016, au premier rang desquels l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, et celui qui l’a remplacé à la fin de janvier 2022, Barthélémy Dias. À ses côtés, le parti qui était jusque-là la principale force de l’opposition : le Parti démocratique sénégalais (PDS), fondé en 1974 par Abdoulaye Wade, le doyen de la classe politique sénégalaise.

Camouflet pour Macky Sall

D’après les premiers chiffres, communiqués ce jeudi 4 août par la Commission nationale de recensement des votes (CNRV), qui devront encore être confirmés une fois que les recours devant le Conseil constitutionnel auront été épuisés par les camps en lice, les premiers résultats de ce scrutin de la plus haute importance sont un camouflet pour le camp au pouvoir.

Certes, ce dernier n’a pas perdu, à proprement parler. Mais avec une estimation provisoire de 82 à 83 sièges sur 165, il n’a pas de quoi fanfaronner.

JAMAIS, DEPUIS L’INDÉPENDANCE, LA MOUVANCE POLITIQUE AU POUVOIR NE S’ÉTAIT RETROUVÉE AVEC UN SCORE AUSSI ÉTRIQUÉ

D’abord, parce qu’il n’obtient pas – dans l’immédiat –  la majorité absolue, laquelle s’établit à 83 députés. Si ce score était confirmé, cela marquerait une première depuis l’indépendance. Jamais, en effet, la mouvance politique au pouvoir n’avait devancé l’opposition d’un seul siège… au mieux.

Encore faudrait-il, pour le camp présidentiel, que ce fameux 83e siège, de nature à lui assurer une majorité absolue à l’Assemblée nationale, bascule en sa faveur. Or, à ce stade, rien ne permet de l’assurer.

Faiseurs de rois

Car le rapport de force entre Benno Bokk Yakaar (coalition présidentielle) d’un côté et l’inter-coalition composée de YAW et Wallu Sénégal (opposition) de l’autre est tellement ténu que nul, à ce stade, ne saurait y intercaler une feuille de papier à cigarette.

Tandis que les premiers totalisent 82 sièges, les seconds en revendiquent actuellement 80. Entre ces deux mouvances, trois partis ou coalitions politiques de moindre importance se retrouvent érigés en faiseurs de rois : AAR (l’Alternative pour une assemblée de rupture, un mouvement emmené par l’ancien ministre de Macky Sall Thierno Alassane Sall et par l’ancien député Thierno Bocoum, ex-lieutenant d’Idrissa Seck), qui affiche un siège, les Serviteurs du journaliste Pape Djibril Fall, et enfin Bokk Gis Gis, le parti dirigé par l’ancien maire de Dakar et ancien président du Sénat, Pape Diop, issu des rangs du PDS avant de s’en aller fonder son propre mouvement.

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En l’état, le mouvement de Pape Diop, Bokk Gis Gis, a été sans discontinuer depuis 2012 un compagnon de route fidèle de l’opposition face à Macky Sall ; de même, Thierno Bocoum et Thierno Alassane Sall (même si ce dernier a été ministre) se rangent parmi les opposants indéfectibles ; quant au leader des Serviteurs, Pape Djibril Fall, au vu de ses prises de position durant la campagne électorale, chacun s’accorde à le ranger dans le clan des opposants.

L’opposition bénéficierait donc d’une très légère avance sur le clan présidentiel, à supposer que la première ne se laisse pas envoûter par les sirènes du second, qui, c’est probable, fera tout pour charmer les chefs de parti devenus décisifs malgré leur maigre score.

« Complément vitaminique »

« Les populations ont privilégié la sanction contre le régime actuel en participant à un référendum de fait sur la question du troisième mandat. Le profil des députés n’a pas été déterminant, et encore moins le programme proposé. Certains députés élus n’ont d’ailleurs jamais été présentés au peuple. La question du troisième mandat a été le sujet majeur de la campagne », analyse Thierno Bocoum, d’AAR.

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Quant à Aminata Touré, la tête de liste de la majorité présidentielle, elle estime que « malgré une conjoncture internationale extrêmement difficile, deux années de Covid et l’inflation galopante, qui ont durement affecté les Sénégalais, BBY a fait plus que résister ». Selon l’ancienne Première ministre de Macky Sall, le rassemblement partisan réuni depuis douze ans autour de l’actuel chef de l’État resterait donc « la plus grande coalition du pays ».

Et si la majorité absolue devait lui faire défaut, BBY, selon elle, s’en accommoderait : « Il nous manque un seul député pour avoir la majorité absolue. Nous négocierons avec les républicains des listes indépendantes. Somme toute, la négociation est une bonne chose en démocratie, un peu comme un complément vitaminique. »

Les systèmes de santé du continent africain continuent de se fragiliser, selon l'OMS

 

La moyenne de l'espérance de vie en Afrique a progressé de 10 ans entre 2000 et 2019. Passant de 46 à 56 ans. Une progression inédite, alors que la moyenne mondial sur la même période est de 5 ans de vie en plus. Des chiffres publiés par l'OMS lors d'une conférence qu'elle a donnée ce jeudi 4 août sur la santé en Afrique. Son constat est clair : l'espérance de vie est minée par la fragilité du système de santé.

En progression jusqu'en 2019, la moyenne de l'espérance de vie en Afrique commence tout juste à s'affaisser, selon l'OMS. En cause, la pandémie de Covid-19 qui a fragilisé un système de santé déjà très précaire. 

 « Les services de santé du continent ont été plus affectés que ceux des autres régions du monde, explique le Dr Lindiwe Makubalo, assistante de la Directrice régionale de l'OMS en Afrique. Alors que les Etats africains essayent en ce moment de reconstruire le système de santé, il importe de ne pas le recréer tel qu'il était avant la pandémie, mais de l'améliorer. » 

Sur tout le continent, seuls 7 pays financent plus de 50 % du budget alloué à la santé.  Le Botswana est un de ces sept pays. Mais pour son ministre de la Santé Moses Keetile, le problème ne doit pas mobiliser que les pouvoirs publics.

« Nous finançons notre système à hauteur de 57 %, mais nous voulons que le secteur privé y participe aussi. Nous avons besoin de financement car il y aussi des coûts indirects : par exemple, au Botswana, la population est très éparpillée et elle n'a pas toujours les moyens de payer les frais de transport pour aller se faire soigner. » 

Les progrès observés ces vingt dernières années, notamment la couverture des services sanitaires sur le continent qui est passée de 24 % en 2000 à 46 %, sont directement menacés.

Côte d’Ivoire-Mali : alors que les négociations piétinent, Téné Birahima Ouattara rassure les familles des soldats arrêtés

Le ministre ivoirien de la Défense a fait, le 3 août, le point sur les discussions avec les autorités maliennes, alors que 49 soldats ivoiriens sont retenus depuis près d’un mois par le Mali.

Mis à jour le 4 août 2022 à 14:48
 
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Le ministre de la Défense, Téné Birahima Ouattara, saluant Alfred Kouassi, le père d’un des militaires incarcérés au Mali, le 03 juillet 2022. © Sercom, ministère de la Défense – Ben Moumine Nikiema – DR.

 

C’est dans une salle de conférence comble de l’état-major des armées ivoiriennes, au Plateau, que Téné Birahima Ouattara, ministre de la Défense, s’est entretenu avec les représentants des familles des 49 militaires arrêtés le 10 juillet à Bamako, les autorités maliennes les soupçonnant d’être des « mercenaires ».

Craintes

Près d’un mois après leur interpellation, alors que les négociations, menées sous l’égide du Togo, patinent, les proches des soldats ne cachent pas leur inquiétude et leurs interrogations. Face au général Lassina Doumbia, chef d’état-major des armées, Alfred Kouassi, le père du lieutenant Adam Sanni Kouassi, à la tête du détachement, a remercié les autorités ivoiriennes pour leur implication dans le dossier et leur a fait part de ses craintes.

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« Nous avons entendu à travers les réseaux sociaux que les autorités maliennes envisageraient de mettre nos enfants sous mandat de dépôt. Si cela s’avérait juste, disposez-vous de moyens légaux pour que cette menace ne soit mise à exécution ? Si les négociations échouent, quel moyen reste-t-il pour les libérer ? », a-t-il demandé.

 

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Des participants à la rencontre entre le ministre de la Défense, Téné Birahima Ouattara et les proches des militaires incarcérés au Mali. © Sercom, ministère de la Défense – DR.

 

 

Nombreux contacts

« Ils ont bon moral et sont traités dans des conditions normales », a expliqué Téné Birahima Ouattara, le ministre de la Défense (et frère du président). Il a profité de cette occasion pour asséner à nouveau que les 49 militaires avaient été déployés « dans le cadre d’une mission règlementaire », en soutien à « un pays frère qui est le Mali ».

En plus de la médiation togolaise, il a rappelé les actions entreprises depuis l’arrestation des soldats : les entretiens entre chefs d’état-major ; les contacts entre le coordonnateur national du renseignement ivoirien et le directeur général de la sécurité d’État du Mali. Téné Birahima Ouattara a également dit avoir échangé avec le directeur de cabinet du colonel Assimi Goïta et avec Sadio Camara, le puissant ministre de la Défense malien.

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« Je voudrais demander aux familles de faire confiance au chef de l’État, Alassane Ouattara, a-t-il poursuivi. Je peux vous assurer que très bientôt, nous pourrons arriver à des résultats satisfaisants. » Évoquant des « malentendus » et des « incompréhensions » entre Abidjan et Bamako, il a également souligné la bonne coopération entre les armées des deux pays pour lutter contre le terrorisme.

Négociations tendues

Le ministre de la Défense a expliqué aux familles que la médiation togolaise suivait son cours. « Nous ferons tout pour éviter d’entrer dans des extrêmes et nous engager dans des débats judiciaires, ce qui ne ferait que créer un fossé dans la fraternité entre nos deux pays, toute chose que nous ne souhaitons pas », a-t-il déclaré. Après des discussions tendues entre les délégations maliennes et ivoiriennes le 29 juillet à Lomé, un autre round de négociations est prévu dans les jours à venir.

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Les autorités ivoiriennes ont annoncé que chaque famille recevra la somme de 300 000 francs CFA (456 euros) et que la cérémonie militaire de la fête de l’indépendance, le 7 août, sera en l’honneur de ces militaires toujours retenus.

 

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Le Sénégal attend les résultats des législatives, l’opposition fête déjà sa victoire dans les grandes villes

Ce 31 juillet, les Sénégalais votaient pour élire leurs représentants à l’Assemblée nationale. Dimanche soir, les résultats étaient encore inconnus, alors que chacun des clans a fait de ce scrutin un enjeu clé.

Par  - à Dakar
Mis à jour le 1 août 2022 à 00:23
 
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Législatives au Sénégal, 31 juillet 2022© Montage JA Législatives au Sénégal, 31 juillet 2022 © Montage JA

 

Toujours dans l’attente des résultats nationaux, l’opposition avait déjà commencé à fêter sa victoire ce dimanche 31 décembre au soir dans certaines zones du Sénégal. À Dakar, le maire de la capitale a entamé une caravane improvisée dans les rues de la banlieue. Debout au milieu de la foule, souriant et victorieux, Barthélémy Dias était escorté par plusieurs centaines de partisans. À Ziguinchor, la candidate de la majorité Victorine Ndèye a reconnu la victoire de son concurrent, le militant anti-impérialiste Guy Marius Sagna. Les premières tendances du vote de la diaspora donnent également l’opposition victorieuse.

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Le vote s’est globalement déroulé dans le calme ce dimanche. La majorité des 15 196 bureaux de vote avaient ouverts dès 8 heures ce matin, et ont commencé à dépouiller les résultats à 18 heures locales. La participation nationale, dont le taux était estimé à près de 35 % à la mi-journée, a connu un rebond dans l’après-midi et pourrait dépasser les 50 %. Elle était de 54 % lors des législatives de 2017.

Huit listes s’affrontaient afin d’élire les 165 députés sénégalais : 112 à la majorité relative pour les listes des 46 départements du pays et de la diaspora, et 53 au scrutin proportionnel. « Le scrutin s’est déroulé de façon globalement satisfaisante et dans une atmosphère calme et sereine », a fait savoir la Commission électorale nationale autonome (Cena) dans la soirée. Des scènes de violence ont toutefois été rapportées dans la banlieue dakaroise, à Guédiawaye notamment, et à Ziguinchor.

Référendum pour la présidentielle

À 19 mois de la présidentielle, l’opposition espère transformer l’essai des locales de janvier, où Ousmane Sonko et ses alliés avaient effectué une percée dans plusieurs grandes villes, suscitant l’inquiétude du pouvoir. L’opposition aura imposé le thème de l’éventualité du troisième mandat de Macky Sall, faisant de ce scrutin un « référendum » contre une nouvelle candidature du président. « Si vous ne voulez pas d’un troisième mandat, allez voter ! » a déclaré Barthélémy Dias dans la matinée. La hausse du coût de la vie, les inondations, la crise du secteur hospitalier auront également été des thèmes mobilisés au cours de la campagne.

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De retour au Sénégal après plusieurs années d’absence, l’ex-chef de l’État Abdoulaye Wade a lui aussi voté dimanche. Accompagné des représentants de sa coalition Wallu Sénégal, Mamadou Lamine Diallo et Doudou Wade, il s’est rendu vers 13 heures dans son bureau de Point E, sans s’exprimer devant la presse.

Plus tôt ce matin, l’opposant Ousmane Sonko s’était aussi déplacé pour voter à Ziguinchor. Le député, comme l’ensemble des candidats titulaires nationaux de la coalition Yewwi askan wi, n’était pas candidat à ce scrutin. L’opposant a loué le « comportement exceptionnel des autorités en charge de l’organisation du scrutin » et appelé au « respect des résultats ». « Je suis convaincu qu’ils seront largement favorables à l’opposition, a déclaré le maire de Ziguinchor. J’appelle la majorité à faire preuve de fair-play et de dépassement républicain. »

Défi de la participation

Le leader a également appelé ses militants à sortir voter, en particulier les jeunes, qui constituent une part importante de ses partisans : « Tous ces gens qui ont suivi nos caravanes ; s’ils ne sortent pas voter, cela ne servira à rien. »

« Nous appelons à un vote massif des populations. Plus les citoyens vont sortir, plus le vote nous sera favorable », déclarait d’ailleurs à JA Malick Gakou, président du Grand parti et membre de Yewwi Askan Wi, à la veille du scrutin.

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S’il n’est pas candidat à ces législatives, Ousmane Sonko a réaffirmé l’importance du scrutin pour mettre des bâtons dans les roues de Macky Sall pour la poursuite de son mandat et pour l’empêcher de se présenter à la présidentielle de 2024.

« Seul le pouvoir peut lutter contre le pouvoir », a affirmé l’opposant, qui espère que le chef de l’État n’aura plus la majorité absolue dont il disposait jusque-là. Le président a voté dans son fief de Fatick, accompagné de la Première dame Marième Faye Sall. « Le vote passe, la vie continue et la nation sénégalaise restera solidaire », a lancé le chef de l’État après avoir déposé son bulletin dans l’urne. Les premières tendances consolidées sont attendues au cours de la nuit. Les résultats définitifs officiels, eux, ne sont pas attendus avant mardi ou mercredi.

Les dix phénomènes climatiques qui empirent en Afrique

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Le changement climatique, fortement perçu en été dans l'hémisphère nord, n’épargne pas l’Afrique, où les catastrophes naturelles se multiplient. Dix phénomènes liés au climat frappent le continent de manière de plus en plus aiguë et répétée.

• Vagues de chaleur et incendies de forêts en Afrique du Nord

Au Maroc, des canicules se succèdent depuis la mi-juin 2022, avec des températures de 45°C qui frôlent le record absolu de 50 °C enregistré en juillet 2021 à Sidi Slimane, dans le Nord-Ouest. Selon la direction de la météo, 2020 a été l’année la plus chaude jamais connue par le royaume, avec une température moyenne annuelle nationale de +1,4°C par rapport à la période 1981-2010 – une mesure très concrète du réchauffement climatique. Les feux de forêts font rage, comme en Tunisie et en Algérie, où les épisodes caniculaires courts se répètent depuis 2018 aux mois de juin et juillet, et où les incendies de forêts sont redoutés. Et pour cause : ils ont brûlé 44 000 hectares en 2020 et fait 90 morts en 2021.

 

• Sécheresses au Sahel, dans la Corne et en Afrique australe

 

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 Une Somalienne déplacée interne près d'une carcasse d'animal mort à àcause de la sécheresse dans la region de Gedo en Somalie, le 26 mai 2022 @FEISAL OMAR/REUTERS

 

Les zones arides sont durement touchées par la sécheresse, qui a causé une famine sévère en Somalie en 2010 et menace à nouveau en 2022 – avec la pire pénurie d’eau depuis 1981, selon les Nations unies. Au Sahel, ce phénomène s’avère de plus en plus intense, une étude du CNRS de 2018 affirmant même qu’en « 1 600 ans d’histoire climatique, la sécheresse actuelle du Sahel est sans précédent »

L’Afrique australe souffre aussi. La Namibie a déclaré l’urgence nationale en 2013, 2016 et 2019, lorsque la dernière sécheresse, sans précédent depuis 90 ans, a tué 100 000 têtes de bétail et ruiné l’agriculture. Avec une période de rationnement strict de l'eau au Cap en 2018-2019, l’Afrique du Sud a de son côté connu un avant-goût des mesures drastiques qui vont s’imposer à moyen terme. Anticipant sur le stress hydrique à venir, les projets de désalinisation de l’eau de mer essaiment, du Maroc à l’Afrique australe.

• Assèchement de lacs

Conséquence directe de la sécheresse, les lacs s’évaporent. Le lac Tchad, vaste oasis dans le Sahel, qui a déjà disparu et réapparu au cours de son histoire, a perdu 90% de sa superficie en 60 ans, faisant plus de 2 millions de déplacés. L’inquiétude plane aussi sur le plus grand lac d’Afrique, Victoria, menacé de disparition d’ici 500 à 1 200 ans, selon deux études scientifiques américaines. Au Mali, le lac Fabiguine est à sec depuis 2021, près de Tombouctou, tandis qu’à Djibouti, celui d’Assal – le plus salé du monde – est partiellement asséché.

• Montée des eaux du lac Tanganyika

À l’inverse, depuis 2018, les eaux douces du lac Tanganyika, le plus long du monde (670 km) et l’un des plus profonds, ne cessent de monter – de presque deux mètres ces quatre dernières années. Elles provoquent des inondations qui ont fait 15 morts en 2019 et touché 52 000 personnes au Burundi en 2021, en raison de pluies torrentielles attribuées au changement climatique. Cyclique, le phénomène se produisait tous les 50 à 60 ans, selon l’Institut géographique du Burundi. Il se reproduit maintenant tous les ans.

 

• Cyclones à répétition au Mozambique et à Madagascar

 

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Le cyclone Idai a dévasté le Mozambiquqe en 2019 REUTERS/Sophiwe Sibeko

 

 

Il en va de même pour les cyclones tropicaux, qui ne s’abattent plus à Madagascar et le Mozambique une fois tous les deux ou trois ans, mais… tous les ans, voire deux fois par an. Après le cyclone Idai, qui a noyé la ville de Beira et fait 1 000 morts à travers trois pays en mars 2019, c’est Kenneth, encore plus intense, qui a dévasté le Mozambique un mois plus tard avec des vents de plus de 185 km/h. Ont suivi la tempête tropicale Chalane en décembre 2020, le cyclone Eloise en janvier 2021, la tempête Ana en janvier 2022 et le cyclone Gombe en mars 2022. En cause : les 2 700 km de littoral le long du canal du Mozambique, qui sépare le pays de Madagascar. Dans cette mer chaude, la température de l’eau dépasse parfois 29°C entre décembre et avril, durant l’été austral, période favorable aux cyclones.

• Extension des inondations

Les banlieues de Dakar pataugent, chaque hivernage, dans des inondations récurrentes depuis 2005. Des records de crues se succèdent aussi depuis 2010 sur le fleuve Niger à Niamey, avec 57 morts et 300 000 personnes déplacées en août 2020. Les mêmes catastrophes, signes d’un climat qui devient plus extrême, prévalent dans toute l’Afrique de l’Ouest, où 760 000 personnes ont été exposées aux inondations en 2020, ainsi qu’au Soudan et en Afrique orientale. Le « dipôle positif », une différence de température à la surface de la mer entre les zones est et ouest de l'océan Indien, provoque des inondations récurrentes au Kenya et au Mozambique. Celles-ci se sont étendues cette année en Afrique du Sud (443 morts en avril). Lorsque les eaux sont plus chaudes près des côtes, l’évaporation augmente, et les pluies aussi.

• Érosion côtière en Afrique de l’Ouest

L’érosion côtière gagne en moyenne 1,8 mètre par an sur 56 % du littoral du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal et du Togo, selon une étude de la Banque mondiale publiée en 2019. Dans certains endroits, la mer a gagné 2 km sur les terres en deux décennies – sans certitude, cependant, sur le fait que ce soit la conséquence de l’activité humaine, comme la construction de ports en eau profonde ou des barrages sur les fleuves qui limitent l’apport de sable en bord de mer.

• Montée du niveau de la mer

La fonte des calottes glaciaires, quoi qu’il en soit, menace les villes côtières partout dans le monde. Une étude du groupe de recherche indépendant Climate Central en 2021 a fait couler de l’encre en Afrique du Sud, en raison des risques d’engloutissement encourus par Le Cap et Durban, photos spectaculaires à l’appui. Alexandrie, adossée à un lac et dont le terrain s’affaisse, préoccupe l’Égypte : selon une étude publiée en 2018, 6,5 millions de personnes pourraient émigrer de ce bassin industriel situé dans le delta du Nil d'ici à 2100 en raison des inondations. La Méditerranée a monté de 1,8 mm par an de 1940 à 1993, un rythme qui a presque doublé selon le gouvernement, pour atteindre 3,2 mm depuis 2012 (soit 3 cm de hausse en dix ans, contre 4 cm les 20 années précédentes).

• Extinction d'espèces animales

 

 

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Un propithèque de la famille des lémuriens dans le parc national de Mantadia à Madagascar en 2006 (image d'illustration - Jérome Delay/AP

 

Les espèces qui dépendent d’un environnement particulier, comme les lémuriens de Madagascar ou les éléphants de forêt d'Afrique, risquent de disparaître avec la hausse des températures. De même que les deux tiers des espèces animales sous les tropiques, si l'humanité ne réduit pas ses émissions de gaz à effet de serre, selon une vaste étude publiée en 2021 par Biological Conservation. Des espèces d’oiseaux sont déjà en voie d’extinction en Afrique de l’Est, tandis que la population d’éléphants en Afrique a chuté de 70 % depuis 1980 à cause du braconnage et de la destruction des habitats. Elle pourrait s’éteindre d'ici à 2040, selon le World Wildlife Fund (WWF).

• Perte en biodiversité

Un tiers des plantes tropicales africaines, soit 22 000 espèces, se trouve en voie d’extinction en raison de la déforestation, de la croissance démographique et du changement climatique, selon une étude pionnière de Science Advances, publiée en 2019. Encore un tiers est classé « rare » et potentiellement menacé. Les pays les plus touchés se situent en Afrique de l’Ouest, en plus de l’Éthiopie, de la République démocratique du Congo et de la Tanzanie. L’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN), dont les données ont servi de base à l’étude de Science Advances, tient à jour une liste rouge d’espèces menacées qui va en s’allongeant – sans focus régional autre que l’Europe et la Méditerranée malheureusement.