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Mali : ce que l’on sait des tirs entendus à Kati

À l’aube, le camp militaire de Kati, où vit le président Assimi Goïta, a été la cible d’une attaque. Les autorités dénoncent avoir été la cible de « terroristes ». Jeune Afrique fait le point sur la situation.

Mis à jour le 22 juillet 2022 à 12:49
 
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Ce vendredi 22 juillet, alors que le soleil se levait à peine sur la capitale malienne, des tirs nourris ont été entendus dans la ville de garnison de Kati, située à une quinzaine de kilomètres de Bamako. Aux alentours de 5 heures du matin, au moins une déflagration a retenti dans le camp militaire qui est le fief des tombeurs du président Ibrahim Boubacar Keïta.

Selon l’armée malienne, il s’agirait de l’explosion de deux véhicules piégés. D’après différentes sources militaires, l’attaque était « complexe » avec, en plus de ces véhicules piégés, des tirs de mortiers et des assaillants au sol.

Colonnes de fumée

Au moment des faits, le président Assimi Goïta, qui vit à Kati, se trouvait à la garnison – lieu où est stocké le matériel militaire – à quelques kilomètres du camp. Mais son ministre de la Défense, le colonel Sadio Camara, était lui présent à Kati. Selon nos informations, les deux hommes, qui s’y trouvent encore, sont en sécurité mais les impacts ont causé des dégâts matériels importants. Le bilan provisoire communiqué par l’armée malienne fait état de deux morts parmi les assaillants. Certaines sources évoquent également des victimes du côté des militaires, une information difficile à vérifier dans l’immédiat. Dans la matinée, des colonnes de fumée s’élevaient encore dans le ciel.

Par mesure de sécurité, au moment de l’attaque, l’ordre a été donné de fermer l’aéroport international Modibo Keïta-Senou, qui a ensuite rouvert, et le personnel de Koulouba, le palais présidentiel, a été libéré. En fin de matinée, un certain calme était revenu à Kati comme à Bamako. Des hélicoptères de l’armée survolaient la capitale et des check-points y ont été dressés, notamment devant la cité ministérielle et les grands axes de communications.

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L’hypothèse terroriste

D’où est partie l’attaque et qui en sont les auteurs ? Est-elle le fait de groupe terroriste ? Est-ce une nouvelle tentative de putsch menée par des soldats mécontents ? Selon nos informations, des investigations sont en cours pour faire la lumière sur les évènements.

En fin de matinée, les Forces armées maliennes (Famas) ont affirmé « qu’une attaque terroriste » menée avec deux « véhicules piégés bourrés d’explosifs » avait été « repoussée ».

À ce stade, plusieurs sources affirment que l’attaque pourrait être liée à celle qui s’est produite le 21 juillet, à Kolokani (à une centaine de kilomètres au nord de Bamako) où une unité de la Force spéciale antiterroriste Forsat a été attaquée.

Selon un communiqué de l’état-major général des armées, « des attaques complexes et simultanées » ont visé le détachement de la force antiterroriste de la brigade territoriale de la gendarmerie. Deux militaires maliens ont été tués dans ces affrontements et trois ont été blessés.

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Les autorités n’excluent néanmoins pas que l’attaque soit une tentative de coup d’État, nous confie une source proche des colonels. Ces derniers mois, la grogne est palpable parmi certains officiers maliens qui ne partagent pas les choix stratégiques de la junte d’Assimi Goïta – notamment la collaboration avec le groupe de sécurité privée russe Wagner. Le 11 mai dernier, les autorités avaient annoncé avoir déjoué une tentative de renversement du régime et mis aux arrêts le colonel Amadou Keïta, un proche du président du Conseil national de transition (CNT), Malick Diaw.

Au Bénin, la filière de la noix de cajou se transforme

 

 

Le Bénin interdira l’exportation de noix de cajou brutes à partir d’avril 2024. Le pays est devenu en quelques années un important producteur de cette noix très prisée en Asie et en Occident ; c’est d’ailleurs le deuxième produit d’exportation du pays après le coton. Le Bénin entend devenir un grand transformateur afin de mieux tirer profit de la filière.

De notre envoyé spécial à Cotonou,  

Nelly Chabi aime deux choses dans la vie, la pâtisserie et les noix de cajou. Cette Béninoise qui a fait une partie de sa carrière en France est rentrée au pays en 2015 pour développer son produit, un macaron à base de noix de cajou, baptisé Macajou.

« Quand on fait de la pâtisserie, on sait que le macaron est fait à base d’amande. Toute amande peut être remplacée par une noix, des noisettes ou de la noix de cajou, et je trouve que la noix de cajou représente le Bénin, explique la jeune femme. En fait, le Macajou est composé de deux coques, deux biscuits, et à l’intérieur une garniture, c’est elle qui donne le goût. La coque est neutre, c’est une base de blanc d’œufs, de sucre glace et de noix. »

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Nelly Chabi, créatrice de la marque béninoise Macajou.

 

Produit dans ses ateliers de Calavi, le Macajou de Nelly Chabi est une illustration de la volonté des Béninois de valoriser leurs produits agricoles. Une volonté partagée par Laurent Gangbes, le directeur général de l’Apiex, l’Agence pour la promotion des investissements. Il a été chargé par le président Talon de mettre en place une politique de transformation de la noix de cajou à très grande échelle. 

« Aujourd’hui, nous produisons à peu près 180 000 tonnes de noix de cajou par année, sur ces 180 000 tonnes, seules 30 000 sont transformées au Bénin, précise le responsable d’Apiex. Notre ambition, c’est d’arriver à 350 000 tonnes de production, et de faire venir les industries pour la transformation complète des noix de cajou. »

► À lire aussi : Noix de cajou: chute du prix de l'amande blanche

Avril 2024 : arrêt de l'exportation de cajou brute 

L’État a fixé la marche à suivre, à partir du premier avril 2024, plus aucune noix brute ne pourra sortir du pays. Ce volontarisme s’accompagne d’une politique de soutien aux industriels de la transformation.

« Les industriels nous disent une chose : " on veut bien venir, mais garantissez-nous que nous aurons accès à la matière", précise Laurent Gangbes. Et donc, le travail que nous sommes en train de faire avec notre partenaire Arise, c’est de mettre en place le mécanisme de garantie. Et d'ici à l'application de la mesure, ajoute le responsable d'Apiex, nous serons capables d’avoir suffisamment de noix de cajou en stock pour garantir l’approvisionnement des investisseurs. »

Les bâtiments de stockage ainsi que les unités de transformation sont en cours d’achèvement sur la nouvelle zone industrielle de Glo Djigbé, construite par le groupe Arise

 

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Mali : le porte-parole de la Minusma sommé de quitter le territoire

Le ministère des Affaires étrangères malien « invite » Olivier Salgado à quitter le Mali sous soixante-douze heures. La mesure fait suite à l’une de ses déclarations sur les 49 soldats ivoiriens interpellés à Bamako le 10 juillet.

Mis à jour le 20 juillet 2022 à 17:52
 

 

Olivier Salgado, porte-parole de la Minusma. © DR

 

Des « publications tendancieuses et inacceptables ». C’est ainsi que le ministère des Affaires étrangères malien a justifié, dans un communiqué daté du 20 juillet, l’expulsion d’Olivier Salgado du territoire national. Les autorités de Bamako mettent ainsi en cause une série de tweets publiés par le porte-parole de la Minusma quelques jours plus tôt.

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Après l’interpellation de 49 soldats ivoiriens à l’aéroport de Bamako, Olivier Salgado avait en effet expliqué, sur le réseau social, que les militaires en question étaient « déployés depuis plusieurs années dans le cadre d’un appui logistique pour le compte de l’un des contingents [de la Minusma] ».

Incertitudes

Une version qui fait débat à Bamako, où les soldats ivoiriens sont sous le coup d’une enquête judiciaire. Alors que l’imbroglio administratif persiste autour de la présence de ces soldats, la communication du porte-parole de la Minusma a été perçue comme une provocation par les autorités : « L’intéressé [a déclaré], sans aucune preuve, que les autorités maliennes auraient été préalablement informées de l’arrivée des 49 militaires ivoiriens par vol civil […]. Le ministère ne saurait passer sous silence ces agissements, qui portent atteinte au partenariat avec la Minusma”, peut-on lire dans le document.

Alors que Bamako est engagé dans un bras de fer avec les Casques bleus, dont les rotations ont été suspendues jusqu’à nouvel ordre, cette expulsion n’est pas sans rappeler celle, en janvier dernier, de l’ambassadeur français Joël Meyer. En pleine crise diplomatique avec Paris, les autorités maliennes avaient donné soixante-douze heures au diplomate pour quitter le pays.

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Alors que les forces françaises de l’opération Barkhane achèveront leur retrait du Mali d’ici septembre, l’avenir de la mission onusienne, dont le mandat a été renouvelé fin juin, semble plus que jamais incertain.

Mauritania Airlines prête à reprendre de l’altitude (après avoir frôlé le crash)

Très endettée, la compagnie devrait prochainement retrouver des marges de manœuvre grâce à une augmentation de capital. Un répit qui permettra de revoir son positionnement et de repenser la gestion de sa flotte.

Par  - envoyé spécial à Nouakchott
Mis à jour le 18 juillet 2022 à 10:01
 

 

Avion de la compagnie Mauritania Airlines sur le tarmac de l’aéroport d’Abidjan, en juin 2022. © Julien Clémençot pour JA

 

Sans la décision de Nouakchott, en septembre dernier, de participer à une augmentation de capital de Mauritania Airlines, la compagnie aurait vu ses six appareils définitivement cloués sur le tarmac. Fondée en 2009 sur instruction du président Mohamed Ould Abdelaziz, elle a toujours été déficitaire. L’an dernier, elle avait consommé 85 % de son capital et plus un fournisseur ne voulait lui faire crédit. D’ailleurs, dans la capitale mauritanienne, la plupart des hommes d’affaires pensent toujours que la compagnie ne pourra pas échapper à la faillite.

Son directeur général, Mohamed Ould Biyah, sait que redresser les comptes ne sera pas une mince affaire. Durant les cinq mois qui ont suivi sa nomination, en mars 2021, il a usé de toute sa force de conviction pour redonner confiance à ses interlocuteurs.

Un très bon démarrage 2022

Le paradoxe de Mauritania Airlines est que malgré une stratégie commerciale défaillante, elle s’est faite une place parmi les compagnies ouest-africaines. Rencontré sur un vol entre Abidjan et Nouakchott, via Dakar, un homme d’affaires confirme : « J’ai réservé mon vol entre Dakar et Abidjan à la dernière minute et je n’ai pas hésité. Mauritania Airlines était bien moins cher que Sénégal Airlines et le service à bord est tout à fait correct. Cela m’a permis de faire l’aller en business class et le retour en classe économique. »

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Après avoir perdu 60 % de son trafic durant la pandémie, la compagnie réalise un très bon redémarrage, dépassant au premier trimestre 2022 les chiffres de 2019, exercice au cours duquel elle avait transporté près de 200 000 passagers.

Depuis le nouvel aéroport de Nouakchott, ses avions desservent Dakar, Bamako, Las Palmas, Abidjan, Cotonou, Casablanca ainsi que des destinations plus lointaines comme Tunis, Libreville ou Brazzaville. Les lignes comportent souvent plusieurs escales pour faire le plein. La compagnie assure aussi quelques dessertes domestiques vers Nouadhibou, Zouerate et Nema, mais celles-ci sont structurellement déficitaires. « L’un des problèmes de Mauritania Airlines est  qu’elle a fonctionné comme une administration. Jamais êrsonne ne s’est interrogé sur la rentabilité de notre entreprise, contrairement à ce qui se fait dans toutes les compagnies du monde », explique son directeur général.

Outil de souveraineté

Si le pavillon national connaît autant de difficultés financières, c’est aussi parce que sa flotte dont il est totalement propriétaire lui coûte très cher. « Il y a une conjonction de facteurs défavorables, indique un connaisseur. Premièrement, la compagnie a fait l’acquisition d’avions trop récents. Quatre ont moins de 5 ans, quand un appareil peut voler durant quarante ans. Deuxièmement, l’acquisition de certains, comme le Boeing 800 MAX [54 millions de dollars] a coûté trop cher. Troisièmement, en s’équipant à la fois de Boeing et d’Embraer, en plus avec des modèles différents (Boeing 700, 800, 800 MAX, Embraer 145 et 175), Mauritania Airlines doit gérer un large stock de pièces détachées, ce qui rend la maintenance plus onéreuse. »

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Pour Mohamed Ould Biyah, posséder ses propres avions est à la fois une contrainte, mais aussi un outil de souveraineté : « Pendant la pandémie de Covid-19, cela a permis à l’État de rapatrier de manière autonome tous nos ressortissants coincés au Congo, en Angola, au Maroc ou encore en Algérie. »

Argent frais

Pour redonner de l’air à la compagnie, l’État, qui a financé l’achat des appareils, transformera les deux tiers de sa créance (4 milliards d’ouguiyas, soir près de 108 millions d’euros) en capital, tandis que les ports de Nouakchott et Nouadhibou, ainsi que la société minière nationale (Snim) apporteront de l’argent frais qui permettra aussi de solder les dettes à l’égard de l’Agence de l’aviation civile, de l’aéroport de Nouakchott et du prestataire Afroport qui y assure le handling (manutention aéroportuaire).

L’opération pourra se concrétiser dès que le renouvellement du conseil d’administration de l’entreprise sera validé en Conseil des ministres. La direction de la compagnie espère une décision dans les semaines qui viennent.

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L’autre volet concerne l’amélioration des compétences internes principalement sur les plans commerciaux et de la gestion. En outre, selon nos informations le directeur général étudie la possibilité d’un accord concernant la maintenance avec un compagnie plus importante comme Turkish Airlines, Ethiopian Airlines, Emirates ou Qatar Airways.

Avec cet argent frais, le patron de la compagnie veut enfin prendre le temps d’étudier le positionnement de Mauritania Airlines sur son marché et de passer sa flotte en revue. Certains avions pourraient être cédés et de nouveaux appareils loués. Des lignes vers l’Angola, l’Algérie ou les pays du Golfe, où vivent d’importantes communautés mauritaniennes, pourraient aussi être ajoutées. « Il est temps que la compagnie mette en place un management de ses revenus, plutôt que d’aligner des dépenses. C’est la condition de sa survie », résume Mohamed Ould Biyah.

Ghana : qui constitue le premier cercle de Ken Ofori-Atta, le ministre des Finances ?

Loyal en amitié, le Ghanéen a récompensé ses proches en les nommant à des postes clés au sein de son ministère. Cet homme très pieux est pressenti pour être le prochain candidat du Nouveau Parti patriotique à l’élection présidentielle de 2024.

Mis à jour le 17 juillet 2022 à 16:01
 


Le premier cercle de Ken Ofori-Atta. © Montage JA


Côté politique, il est le fils d’un clan influent et a pris la tête du ministère des Finances du Ghana en 2017. Jusqu’alors grand argentier du Nouveau parti patriotique (NPP), Ken Ofori-Atta a joué un rôle central dans la victoire de son cousin Nana Addo Dankwa Akufo-Addo aux élections de 2016. Ministre à la voix douce, il commence ses réunions en priant et ne manque jamais de citer la Bible dans ses discours. Il reverse son salaire à des œuvres de charité et aurait payé lui-même la rénovation de son bureau.

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Côté business, il a passé trois décennies dans le secteur financier en Afrique et en Occident, tissant un réseau de contacts au sein des institutions de Bretton Woods et au-delà. Il a créé la banque d’investissement Databank avec Keli Gadzekpo en 1990, après avoir travaillé chez Morgan Stanley et Salomon Brothers à New York. Il préside actuellement le caucus africain au FMI et à la Banque mondiale. Un an après sa prise de poste, The Banker (publication du groupe Financial Times) le désigne comme « meilleur ministre africain des Finances ».

 


Ami et partenaire, Keli Gadzepko est incontournable au moment de prendre des décisions personnelles ou d’arbitrer des enjeux nationaux. Il est l’une des rares personnes de l’entourage de Ken Ofori-Atta à donner son avis sur les politiques économiques avant qu’elles ne soient rendues publiques.

Il est aujourd’hui président du Databank Group, qu’il a fondé avec Ken Ofori-Atta et qui gère plus de 1 milliard de dollars de fonds pour 500 000 Ghanéens. Directeur général de l’Enterprise Group, une compagnie d’assurances, depuis 2014, il est respecté par les investisseurs pour avoir contribué au développement de la Bourse d’Accra.

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Yofi Grant, Ken Ofori-Atta et Keli Gadzekpo sont amis depuis l’école primaire. Directeur général du Ghana Investment Promotion Centre (GIPC) depuis 2017, Yogi Grant a accumulé plus de trente années d’expérience en tant que banquier d’affaires. Ken Ofori-Atta aurait joué un rôle déterminant dans la nomination de son ami au GIPC, car il voulait quelqu’un de confiance, avec qui il puisse partager ses idées et travailler de manière suffisamment souple pour séduire les investisseurs. Yofi Grant, lui aussi, a travaillé à la Databank, avant d’être consultant en finance et en business pour le Forum des affaires Afrique-Asie (AABF), sous l’égide du Pnud, qui a organisé des ateliers dans 12 pays africains et six pays asiatiques en 2002.

Le révérend Daniel Ogbarmey Tetteh est un ami proche depuis des décennies. Directeur général de la Securities and Exchange Commission du Ghana, une structure de protection des investissements, il a aussi dirigé la gestion d’actifs et la recherche à Databank pendant plus de vingt ans. Il a enseigné à l’école de commerce de l’université du Ghana et est titulaire d’un diplôme d’études supérieures en finance de l’université de la Sorbonne, à Paris. Le révérend est aussi le pasteur principal de New Creation Chapel Int., une église charismatique dont le siège est à Accra.

 


Gabby Asare Otchere-Darko
 et Ofori-Atta ne sont pas seulement cousins, mais aussi amis proches. Il est plus qu’un confident : véritable pivot des débuts de la vie politique d’Ofori-Atta, il aide celui-ci à façonner ses décisions et ses stratégies économiques. On pense qu’il a joué un rôle essentiel dans l’adoption par le Parlement de la taxe controversée dite E-levy, qui prévoit de grever les transactions électroniques à hauteur de 1,5 %.

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Fidèle allié, Otchere-Darko décrit le ministre des Finances comme « l’un des patriotes les plus décents » du Ghana. Lui qui fut son conseiller en communication en 2012 assure sa présence médiatique via Asaase Broadcasting, l’une des entreprises à la croissance la plus rapide du pays. La femme de Ken Ofori-Atta, elle-même médecin, anime une émission hebdomadaire sur le bien-être sur Asaase Radio. Surnommé « le Premier ministre » par les Ghanéens en raison de sa proximité avec le président et de son accès aisé aux allées du pouvoir, Gabby Asare Otchere-Darko a une formation de juriste. Il est le partenaire principal d’Africa Legal Associates à Accra et préside le centre ghanéen du Commonwealth Enterprise and Investment Council (CWEIC).

Le président Nana Akufo-Addo et Ken Ofori-Atta ont forgé leur collaboration au sein et hors du pouvoir. Ils se coordonnent étroitement en matière de politique économique. Leur relation a été renforcée par le rôle joué par Ken Ofori-Atta dans la victoire d’Akufo-Addo à l’élection présidentielle de 2016 : il a recruté de nombreux experts en données qui ont élaboré la stratégie antifraude, et activement participé avec sa femme aux sessions de tractage dans les rues. Le ministre des Finances est considéré comme le « petit chouchou » du président, tout en lui servant d’œil et d’oreille. En raison de ses liens étroits avec les cercles internationaux, Nana Akufo-Addo le considère comme l’un de ses confidents, visiteur du soir plus que régulier.

Autre collaborateur d’Ofori-Atta à l’intérieur comme à l’extérieur du gouvernement, Sampson Akligoh a travaillé pour Databank en tant que vice-président chargé de la recherche et des revenus fixes. Il l’a ensuite invité à rejoindre le gouvernement, où il est aujourd’hui directeur de la division du secteur financier au ministère.

Expérimenté dans la gestion d’actifs, Sampson Akligoh a travaillé pour ADC African Development Corporation AG à Francfort, après avoir obtenu une licence (économie et droit) à l’université Kwame-Nkrumah de science et de technologie au Ghana, et une maîtrise en politique économique à Maastricht.

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Nana Bediatuo Asante est originaire de Kyebi, dans l’Est, tout comme Ofori-Atta et Akufo-Addo : ils forment un triumvirat au sein du gouvernement NPP. Le trio aurait de longues discussions, qui se prolongeraient parfois tard dans la nuit, sur des questions personnelles et officielles, dans les résidences des uns et des autres ou parfois à la Jubilee House – le siège du gouvernement – pour prendre la température du pays sur des questions politiques clés. Après un passage dans un cabinet d’avocats à New York, Nana Bediatuo Asante est devenu avocat général de Databank et a travaillé pour la Banque africaine de développement à Abidjan. Il est aujourd’hui secrétaire exécutif du président Akufo-Addo.