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Mali: la justice met hors de cause deux accusés de tentative de coup d’État

 

La justice malienne met hors de cause deux personnalités accusées de complot contre l’État, mais leurs quatre co-accusés restent inculpés, et tous les six restent en prison. Il ne s’agit pas de la tentative putsch que Bamako dit avoir déjouée en mai : plus aucun élément n’a été communiqué sur cette affaire. Ce dossier-ci remonte à septembre pour les premières arrestations, novembre pour les inculpations officielles, et il concerne notamment un ex-secrétaire général de la présidence du Mali et un ex-chef des services de renseignement.

 

L’ordonnance du Tribunal de la Commune VI de Bamako date du 17 juin, mais elle n’a été notifiée aux parties qu’en début de semaine.

L’ancien secrétaire général de la présidence du Mali Kalilou Doumbia et l’ancien commissaire de police de la ville de Kayes Moustapha Diakité sont mis hors de cause. Mais pas leur quatre co-accusés, parmi lesquels l’ancien chef de la sécurité d’État, le Colonel-Major Kassoum Goïta : ils restent poursuivis pour « tentative de complot » contre le gouvernement.

On notera la requalification des charges : tous étaient initialement poursuivis pour « tentative d’attentat et de complot ». Le juge d’instruction reproche donc toujours aux accusés de s’être concertés, mais non plus d’avoir projeté d’acte précis en vue de renverser le gouvernement.

Une décision conforme aux réquisitions du parquet, selon les précisions des avocats de la défense. Sollicité par RFI, le procureur du tribunal de la Commune VI n’a pas donné suite. 

Pourtant, quatre jours plus tard, le 21 juin, le procureur général auprès de la Cour d’appel de Bamako avait fait appel. Un acte dont le procureur, joint par RFI, ne souhaite pas expliquer les motivations à ce stade. Mais cela en vertu duquel les six co-accusés restent tous détenus. Aucune date n’a été fixée pour l’examen de leur dossier en appel.

Dans cette même procédure, les avocats de la défense avaient déposé un recours en annulation : certains des accusés ont été arrêtés, puis détenus en dehors de toute procédure légale pendant deux mois. Et des aveux leur auraient été extorqués lors de séances de torture, particulièrement atroces selon l’association Human Rights Watch dans un rapport publié en décembre dernier.

Leurs avocats estimaient donc que la procédure était illégale. Au début du mois, la demande d’annulation a été rejetée, là encore sans qu’aucune justification ne soit précisée à ce jour.

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Tchad : pourquoi le bras droit de Mahamat Idriss Déby Itno est entre les mains de l’ANS

Le 23 juin, Idriss Youssouf Boy a été limogé de son poste de secrétaire particulier du chef de l’État. Il est soupçonné d’avoir pris part à un réseau de détournement des fonds du pétrole tchadien. L’enquête se poursuit.

Mis à jour le 29 juin 2022 à 15:41
 

 

Idriss Youssouf Boy a été limogé de son poste de secrétaire particulier du chef de l’État. © DR

 

Jusqu’à il y a peu, beaucoup le considéraient comme intouchable. Plus proche collaborateur de Mahamat Idriss Déby ItnoIdriss Youssouf Boy a été arrêté par l’Agence nationale de sécurité (ANS) le 23 juin. Le désormais ex-secrétaire particulier du président de la transition est, depuis, incarcéré et interrogé dans les locaux des renseignements, sous la supervision du directeur adjoint, Beguera Mahamat Charfadine.

Ce dernier, en l’absence de son patron, Ahmed Kogri – très occupé par les travaux du pré-dialogue tchadien en cours au Qatar –, dirige l’enquête qui s’intéresse aux présumés faits de détournements à la Société des hydrocarbures du Tchad (SHT). Idriss Youssouf Boy est en effet soupçonné d’avoir participé à un réseau de captation des revenus pétroliers du pays. Selon nos informations, il aurait d’abord choisi de ne pas répondre aux questions des enquêteurs.

Des ministres en ligne de mire ?

Toujours selon nos sources, les investigations sont ouvertes depuis au minimum cinq mois et portent sur des détournements qui auraient eu lieu entre janvier et juin de cette année. Quelque 13 milliards de francs CFA (19,8 millions d’euros) – retirés d’un compte ouvert à Orabank à N’Djamena et envolés – sont évoqués. Mais d’autres sources parlent de sommes s’élevant au total à 32 milliards de francs CFA. Mamadou Bass, le directeur général d’Orabank au Tchad, a lui aussi été interpellé par les agents de l’ANS.

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Questionné dans leurs locaux, il y est lui aussi incarcéré. Son audition avait pour but de recouper plusieurs autres témoignages et interrogatoires, notamment ceux de Boayam Michel et Tahir Issa Ali Souleymane, limogés de leurs postes respectifs de directeur général et directeur adjoint de la SHT et arrêtés le 17 juin dernier. Deux ministres pourraient aussi être interrogés : celui des Finances, Tahir Hamid Nguilin, et celui du pétrole, Djerassem Le Bemadjiel.

Ennemis puissants

Lui-même ancien numéro deux de l’ANS, Idriss Youssouf Boy a été remplacé au poste de secrétaire particulier par le colonel Ismaël Souleymane Lony. Officier de l’armée et ex-deuxième aide de camp du maréchal Idriss Déby Itno, ce dernier avait été écarté en 2015 puis incarcéré quelques mois après une altercation avec l’ex-aide de camp Khoudar Mahamat Acyl, par ailleurs frère de Hinda Déby Itno, l’ancienne Première dame. Il était revenu à la présidence en janvier en tant que conseiller spécial.

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S’il bénéficiait de la confiance du chef de l’État, qui la lui a retirée à la lecture du dossier de l’ANS, Idriss Youssouf Boy s’était fait quelques ennemis puissants au palais présidentiel, et notamment parmi les membres du Conseil militaire du transition. Selon une source proche de la présidence, l’affaire n’est « pas politique », mais l’inimitié vouée à Idriss Youssouf Boy par certains généraux de la vieille garde n’ont guère joué en sa faveur.

Électricité : comment éclairer toute l’Afrique en 2030 ?

À ce jour, 43 % de la population africaine n’a pas accès à l’électricité. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), son accès universel pourrait être atteint d’ici à 2030 avec un investissement de 25 milliards de dollars par an.

 
Mis à jour le 24 juin 2022 à 16:55
 

 

Centrale solaire photovoltaïque de Benban. Sur une trentaine de kilomètres carrés, dans le désert égyptien, sont répartis 200 000 panneaux solaires produisant 50 mégawatts d’énergie propre, pouvant éclairer 70 000 foyers. © Amr Abdallah Dalsh / Reuters

 

Les crises succèdent aux crises, et l’Afrique ne cesse d’en faire les frais. La guerre en Ukraine a provoqué la hausse des prix du carburant, pénalise fortement le système énergétique du continent déjà mal en point. Selon le rapport de l’Agence internationale pour l’énergie (AIE) publié le 20 juin,  l’accès à l’électricité y a diminué de 4 % entre 2019 et 2021, après une décennie d’amélioration. Et si l’on en croit les propos du directeur exécutif de cette Agence, Fatih Birol, cette tendance délétère devrait se poursuivre.

60 % des meilleures ressources solaires au monde

L’Afrique regorge de ressources naturelles capables d’alimenter les énergies renouvelables, telles que l’énergie solaire, éolienne, hydroélectrique et géothermique. D’après le rapport de l’AIE, ces dernières pourraient à elles seules fournir 80 % de la nouvelle capacité de production requise d’ici à 2030.

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« La nouvelle économie mondiale de l’énergie qui émerge offre un avenir plus prometteur pour l’Afrique, avec un énorme potentiel pour le solaire et d’autres énergies renouvelables pour alimenter son développement – et de nouvelles opportunités industrielles dans les minéraux et l’hydrogène vert », précise Fatih Birol.

IL EST MORALEMENT INACCEPTABLE QUE L’INJUSTICE PERSISTANTE DE LA PAUVRETÉ ÉNERGÉTIQUE EN AFRIQUE NE SOIT PAS RÉSOLUE

Mais, pour ce faire, un effort massif doit être fourni au niveau des infrastructures. Selon l’AIE, si l’Afrique possède 60 % « des meilleures ressources solaires au monde », elle ne dispose que de 1 % de la capacité d’énergie photovoltaïque installée. L’investissement requis pour le continent est pourtant relativement faible à l’échelle mondiale : il représente 1 % des fonds déployés à l’international.

Avec un investissement annuel de 25 milliards de dollars, tous les Africains pourraient accéder à l’électricité à l’horizon 2030. « Il est moralement inacceptable que l’injustice persistante de la pauvreté énergétique en Afrique ne soit pas résolue alors qu’il est si clairement dans nos moyens de le faire », a déclaré le Dr Birol, ajoutant que « les banques multilatérales de développement doivent prendre des mesures urgentes pour accroître les flux financiers vers l’Afrique à la fois pour développer son secteur énergétique et s’adapter au changement climatique. »

Beaucoup de potentiel

Selon l’Autorité de régulation de l’énergie et du pétrole du Kenya (EPRA), le pays dispose de réserves géothermiques suffisantes pour multiplier sa capacité actuelle par huit. La RDC a quant à elle un énorme potentiel hydroélectrique. Riche de son long littoral et ses déserts, la Namibie est pour sa part très bien placée pour exploiter les énergie éolienne et solaire, ainsi que l’hydrogène.
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Les conditions de l’industrialisation

Face à ces attentes vis-à-vis du continent, nombreux sont les dirigeants africains qui répliquent en déplorant que l’industrialisation de la région ne pourra se faire sans les énergies fossiles. Selon ces derniers, à ce jour, les énergies vertes ne peuvent pas remplacer l’intensité énergétique des hydrocarbures nécessaires au fonctionnement des usines, et ne peuvent donc pas répondre aux besoins d’une population urbaine en croissance rapide.

« Personne au monde n’a encore été en mesure de s’industrialiser en utilisant les énergies renouvelables », déclarait il y a quelques mois Yemi Osinbajo, vice-président du Nigeria, lors d’un évènement organisé par le cercle de réflexion « Atlantic Council ».

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« Vous pouvez mesurer n’importe quel pays par la quantité de gaz qu’il a émis. Il y a une forte corrélation entre cela et le développement », y déclarait l’homme d’affaires et philanthrope Mo Ibrahim, qui a récemment publié par le biais de sa fondation un rapport destiné à plaider la cause de l’Afrique dans le débat sur le climat.

Lors du dialogue des Nations unies sur l’énergie en septembre 2021, António Guterres reconnaissait que « la transition énergétique de l’Afrique appelle à des mesures pragmatiques pour maintenir la compétitivité du continent », et qu’« aucune voie de transition énergétique nationale ne sera identique». Cet état de fait appelle donc à renouveler la réflexion sur l’approche de l’Afrique en matière d’accès, de mix et de transition énergétiques, y compris sur le rôle du gaz naturel dans ce processus.

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Gaz naturel : précieux carburant de transition

Malgré l’importance accordée aux énergies renouvelables, l’AIE elle-même explique que 90 milliards de mètres cubes de gaz naturel supplémentaires devraient être produits chaque année d’ici à 2030 pour permettre à l’Afrique de poursuivre son développement. « Alors que les énergies renouvelables sont la force motrice du secteur de l’électricité en Afrique, l’industrialisation du continent repose en partie sur l’expansion de l’utilisation du gaz naturel », peut-on lire dans la note de l’organisme.

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L’Égypte, l’Algérie, le Sénégal et le Nigeria produisent actuellement environ 240 milliards de mètre cube de gaz naturel chaque année. En tout, deux tiers sont consommés sur le continent, et le reste est exporté par le réseau de pipeline ou sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL).

D’après Fatih Birol, « si tous les 5 000 milliards de mètres cubes de réserves de gaz naturel connues et inexploitées en Afrique étaient développés, les émissions de ces projets ne feraient qu’augmenter la part de l’Afrique dans les émissions mondiales de 3 à 3,5 % ». Il parait donc clair que cette ressource est très prometteuse pour le développement du continent, notamment pour les industries d’engrais, d’acier, de ciment et du dessalement de l’eau.

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Préparation de la COP27

L’Africa Energy Outlook de l’AIE précède la Conférence des Nations unies sur le changement climatique COP27 qui aura lieu en Égypte.

L’Afrique, qui représente actuellement 17 % de la population mondiale, ne consommait que 3 % de l’énergie consommée dans le monde en 2020, selon l’Analyse statistique de BP sur l’énergie mondiale. D’après l’Agence internationale de l’énergie (IEA), la consommation électrique moyenne par habitant du continent n’est que de 600 kilowattheures (kWh) en moyenne par an, contre environ 3 200 kWh à l’échelle du monde, 6 100 kWh pour l’Union européenne (UE) et 4 600 kWh pour la Chine.

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Mali: Assimi Goïta a promulgué la nouvelle loi électorale

Le décret présidentiel a été publié au Journal officiel. Le président de la transition entérine donc le texte adopté par le Conseil national de transition, l’organe législatif, il y a une semaine. Un document crucial pour la suite de la transition et notamment une éventuelle levée des sanctions contre le Mali. Mais un document controversé également, car profondément remanié par le CNT.

Assimi Goïta fait finalement pencher la balance du côté du Conseil national de transition. En promulguant la nouvelle loi électorale, le président malien entérine donc les 92 amendements que le CNT avait imposés aux 219 articles du texte, au grand dam du gouvernement, auteur du projet.

La nouvelle loi électorale compte ainsi des dispositions controversées comme celles concernant l’Autorité indépendante de gestion des élections, dont trois des quinze membres seront désormais nommés par Assimi Goïta lui-même. Comme aussi l’amendement attribuant au ministère de l’Administration territoriale la préparation technique des scrutins.

Avec cette promulgation, les autorités de transition voulaient démontrer leur volonté d’avancer vers un retour à l’ordre constitutionnel. Le pouvoir avait en effet promis qu’une fois cette loi en place, le gouvernement pourrait présenter rapidement à la Communauté ouest-africaine un calendrier avec le détail des étapes jusqu’aux élections qui doivent en théorie consacrer le retour des civils au pouvoir.

Or justement, la Cédéao se réunira le 3 juillet prochain à Accra et décidera du maintien ou non des lourdes sanctions qui frappent le Mali depuis le 9 janvier.

À voir si cette avancée convaincra l’organisation sous-régionale de desserrer l’étau autour de la junte.

MALI.

Législatives au Sénégal : à qui profitera le bras de fer
entre Ousmane Sonko et Macky Sall ?

Alors que les tensions montent entre la majorité présidentielle et la principale coalition d’opposition, d’autres formations politiques espèrent tirer leur épingle du jeu lors des élections législatives du 31 juillet.  

Mis à jour le 24 juin 2022 à 09:35
 

 

Macky Sall et Ousmane Sonko. © Montage JA – JOHN WESSELS / AFP-Clément Tardif pour JA

 

Un vacarme assourdissant. Mercredi 22 juin dans la soirée, Dakar et plusieurs autres localités de l’intérieur du pays ont vibré au son des casseroles et des marmites. À l’université Cheikh Anta Diop et dans plusieurs quartiers résidentiels de la capitale sénégalaise comme Ouest Foire, des habitants de tous les âges sont sortis à 20 heures dans la rue ou sur leur balcon, pour faire un maximum de bruit.

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Le mot d’ordre avait été lancé deux jours plus tôt par Ousmane Sonko, le principal opposant au pouvoir, lors d’une conférence de presse. « À partir de mercredi, que chaque Sénégalais se munisse d’une casserole, ou de n’importe quel ustensile de cuisine, se mette au balcon de sa maison, devant chez lui ou partout ailleurs, et prenne cinq voire dix minutes, pour faire du bruit », a-t-il lancé. « Que tout le Sénégal bruisse et que Macky Sall comprenne que les Sénégalais ne sont pas d’accord avec ses velléités dictatoriales ni avec son projet funeste de troisième mandat », a affirmé le maire de Ziguinchor après avoir appelé à la tenue de nouvelles manifestations mercredi 29 juin.

Bras de fer

Les tensions montent entre le pouvoir et l’opposition depuis le 3 juin, et la confirmation par le Conseil constitutionnel de l’invalidation de la liste nationale des candidats titulaires de la principale coalition de l’opposition Yewwi Askan Wi (YAW) pour les législatives du 31 juillet. Cette décision revient à mettre hors course plusieurs grandes figures de l’opposition dont Ousmane Sonko lui-même, arrivé troisième à la présidentielle de 2019.

À l’instar des députés Déthié Fall et Mame Diarra Fam ou encore du maire de Guédiawaye, Ahmed Aidara, plusieurs d’entre elles ont été arrêtées lors des manifestations du 17 juin, interdites par le préfet de Dakar et qui ont fait trois morts. Le procès en flagrant délit des deux premiers placés sous mandat de dépôt pour regroupement non autorisé a été reporté au 27 juin. Tandis que le troisième devrait être jugé ce vendredi 24 juin.

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Si YAW réclame le rétablissement de sa liste et menace d’empêcher la tenue du scrutin, d’autres formations politiques de l’opposition de moindre envergure refusent d’entrer dans ce bras de fer qui fait trembler le pays. « Même si nous pensons que ces arrestations sont arbitraires, nous ne pouvons pas mener ce combat-là », explique Thierno Bocoum, porte-parole de la coalition Alternative pour une Assemblée nationale de rupture (AAR Sénégal) qui a réussi à franchir l’étape des parrainages et à valider ses listes. « Le fait de dire : ‘notre liste doit être acceptée sinon il n’y aura pas d’élections’ ne peut pas être notre discours », poursuit l’ancien cadre du parti Rewmi qui a pris ses distances vis-à-vis de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck avant de lancer en 2017 l’Alliance générationnelle pour les intérêts de la république (Agir), son mouvement politique.

Troisième voie

« Même si dans tout système démocratique, il y a des conditions à remplir, la libre participation aux élections doit être la règle. Il ne doit pas y avoir d’épée de Damoclès qui interdise aux leaders de l’opposition de participer à une élection », estime le journaliste Pape Djibril Fall qui se présente aux législatives avec sa propre coalition nommée Les Serviteurs. « L’invalidation de la liste de Yewwi Askan Wi empêche des millions de personnes de s’exprimer. Toutefois, nous devons aller aux élections parce que beaucoup d’efforts ont été déployés par les autres coalitions qui ont su faire passer leurs listes », abonde ce chroniqueur très suivi.

Ce discours n’étonne pas Mohamed Gueye : « Cela ne me surprend pas que les autres coalitions ne soutiennent pas le coup de force de Yewwi Askan Wi dont les responsables avaient d’ailleurs reconnu les irrégularités observées sur leurs listes. Après tout, ce sont des coalitions rivales qui briguent toutes les voix des Sénégalais », analyse le directeur de publication de Quotidien, l’un des journaux les plus lus à Dakar.

Le 8 juin, lors d’un déjeuner avec la presse internationale, l’ancien maire de Dakar Pape Diop à la tête de la coalition Bokk Gis Gis s’était d’ailleurs plaint du fait que YAW reléguait les autres formations politiques au second rang. « C’est la presse qui a sciemment installé une dualité entre Yewwi Askan Wi et Benno Bokk Yakaar, la coalition au pouvoir. C’était pareil en 2014 entre Khalifa Sall et Macky Sall. Cette fois-ci, nous sommes en train de nous organiser pour être présents », espère celui qui a également été président de l’Assemblée nationale sous Abdoulaye Wade.

Opportunité

L’invalidation de la liste nationale des candidats titulaires pourrait-elle donc profiter aux formations de l’opposition restées dans l’ombre ? « Il est difficile de dire à ce stade si des voix se détourneront de YAW. La liste de la principale coalition de l’opposition n’a été que partiellement invalidée. Les suppléants des candidats titulaires sont dans la course et iront aux élections. Et ils bénéficieront toujours de l’étiquette YAW », poursuit Mohamed Gueye.

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Les “petites” formations concernées pensent, elles, avoir une offre politique tout aussi crédible que celle de Yewwi Askan Wi. « Il ne s’agit pas aujourd’hui de faire des paris sur les échecs des autres pour espérer en profiter. Ce sont les résultats sur le terrain qui vont primer. L’essentiel pour nous est de travailler à faire adhérer un maximum de gens à notre projet », affirme Thierno Bocoum. « La politique ne rime pas avec le cynisme. Nous ne basons pas nos chances sur la validation ou pas de quelque concurrent que ce soit. Nous savons ce que nous valons. Et notre discours est audible, pense de son côté Pape Djibril Fall. Ce n’est pas parce que les coalitions comme Yewwi Askan Wi ou Wallu Sénégal sont importantes qu’elles disent des choses beaucoup plus intéressantes que les “petites”. Nous sommes d’égale dignité. »