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Menacé d’inéligibilité, Ousmane Sonko annonce son retour à Dakar

Alors que le verdict de son procès pour viols devrait être prononcé le 1er juin, l’opposant sénégalais lance un appel à « une caravane de la liberté » qui devra s’élancer de Zinguinchor pour rallier la capitale.

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 25 mai 2023 à 15:46
 
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Meeting du chef de l’opposition, Ousmane Sonko, à Ziguinchor, le 24 mai 2023. © MUHAMADOU BITTAYE / AFP

L’opposant sénégalais Ousmane Sonko, candidat déclaré à la présidentielle de 2024 et menacé d’inéligibilité, a lancé un nouveau défi à risque au pouvoir en annonçant son prochain retour à Dakar à la tête d’un convoi populaire à travers le pays.

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« Je vous donne rendez-vous à Dakar, soit [le président] Macky Sall recule, soit on lui fera face pour en finir », a-t-il lancé à ses partisans qui s’étaient massés devant sa maison de Ziguinchor en apprenant qu’il allait prendre la parole au lendemain de son procès pour viols, tenu en son absence.

« Caravane de la liberté »

« Le combat final, ça se passera où ? Ça se passera à Dakar !, a-t-il proclamé. Si vous êtes 2 000, que 1 500 rallient Dakar pour continuer le combat. » Ousmane Sonko a affirmé son intention de rentrer par la route et de transformer ces quelque 500 kilomètres de trajet en « caravane de la liberté ». Puis il a paradé ceint du drapeau sénégalais au milieu de ses sympathisants exaltés.

Il a précisé plus tard sur les réseaux sociaux qu’il comptait se mettre en route ce jeudi 25 mai, et a appelé les Sénégalais à converger vers Dakar.

C’est un nouvel acte de défiance à l’encontre des autorités de la part du président du parti Pastef-les Patriotes, troisième de la présidentielle en 2019, personnalité clivante mais populaire chez une partie de la jeunesse.

Garde étroite et menaçante

Ce mardi, Ousmane Sonko a brillé par son absence à son procès pour viols, disant craindre pour sa sécurité et remettant en cause l’impartialité de la justice. Il a toujours réfuté les accusations portées contre lui et dénoncé un complot destiné à l’écarter de la présidentielle. L’opposant risque son éligibilité, déjà compromise par une condamnation à six mois avec sursis pour diffamation contre un ministre.

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Plusieurs jours avant son procès, il s’est retranché à Ziguinchor, ville dont il est le maire. Ses partisans ont monté une garde étroite et menaçante autour de son domicile pour parer une éventuelle tentative d’arrestation. Les autorités et la justice ont fait le choix de ne pas chercher à l’arrêter.

Se retirer à Ziguinchor lui a permis « de gagner du temps » et de « remobiliser les troupes un peu partout », a expliqué Ousmane Sonko.

(avec AFP)

Au Mali, Choguel Maïga de retour sur la pointe des pieds

Victime d’un accident vasculaire cérébral qui l’a mis sur la touche pendant près de quatre mois, le Premier ministre malien a repris son poste en décembre dernier mais peine à retrouver son envergure passée au sein du régime de transition.

Mis à jour le 25 mai 2023 à 08:04

 

 

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Le Premier Ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, dans une dépendance de sa résidence officielle, à Bamako, le 16 octobre 2021. © Nicolas Remene pour JA

 

Quand il a été reçu par Assimi Goïta, le 25 novembre dernier, les images de son audience au palais de Koulouba ne sont évidemment pas passées inaperçues. Et pour cause : après quasiment quatre mois d’absence en raison d’un accident vasculaire cérébral (AVC) survenu en août 2022, Choguel Kokalla Maïga effectuait son grand retour sur la scène publique malienne.

« Par la grâce d’Allah, me revoici parmi vous en possession de mes capacités physiques », avait-il alors brièvement déclaré, ajoutant qu’il était désormais « prêt » à reprendre les affaires. Critiqué par ses adversaires qui ne voulaient pas le voir revenir à son poste, cet habile vétéran de la politique malienne a discrètement mobilisé ses lieutenants pour mettre la pression sur le président de la transition et les militaires au pouvoir.

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Dans les jours qui ont précédé son apparition à Koulouba, ses partisans ont inondé les réseaux sociaux de messages réclamant son retour. Choguel Maïga a également sollicité l’intervention du chérif de Nioro, le leader religieux le plus influent du Mali, en sa faveur.

Concurrencé par Abdoulaye Maïga

La stratégie est payante : le 5 décembre, le Premier ministre de 64 ans reprend officiellement ses fonctions, confiées au colonel Abdoulaye Maïga le temps de sa convalescence. Durant son intérim à la primature, le ministre de l’Administration territoriale et porte-parole du gouvernement a fait forte impression à certains de ses compatriotes.

Son discours à l’assemblée générale des Nations unies, à New York, le 24 septembre 2022, est ainsi resté présent dans de nombreux esprits. Il avait alors enchaîné les coups contre la France, la Cedeao ou encore Mohamed Bazoum et Alassane Ouattara. Des propos chocs qui lui avaient valu un accueil triomphal à son retour à Bamako, où beaucoup semblaient déjà avoir oublié son prédécesseur – lequel avait aussi prononcé un discours virulent à la tribune de l’ONU, en septembre 2021.

Depuis le retour de Choguel Maïga à la primature, beaucoup voient en Abdoulaye Maïga une sorte de Premier ministre bis. Désormais auréolé du titre de ministre d’État, ce colonel proche des militaires au pouvoir jouit d’une belle cote de popularité et s’est vu confier plusieurs dossiers stratégiques, à commencer par les différentes réformes institutionnelles et le référendum sur le projet de nouvelle Constitution, prévu le 18 juin.

Affaibli mais toujours utile

De son côté, Choguel Maïga n’est plus aussi visible qu’avant. De quoi entretenir les spéculations sur son état de santé réel ou d’éventuelles luttes intestines au sein du régime de transition. Selon Hamza Sow, du Cadre des partis et regroupement politiques pour le retour à l’ordre constitutionnel, il n’est là « que pour la forme ».

« Depuis son retour, Choguel Kokalla Maïga est absent lors de la plupart des grandes rencontres. On ne l’a par exemple quasiment pas vu lors de la visite de Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, à Bamako [en février]. Bien qu’il soit Premier ministre, il ne contrôle plus comme avant : ses prérogatives ont été amputées, ses sorties sont diminuées, parfois elles sont ratées… », ajoute le jeune opposant, en référence à la tournée du chef du gouvernement à Gao, fin février dernier, durant laquelle il n’avait pas pu se rendre dans sa région natale d’Ansongo.

Il n’empêche. Assimi Goïta et les colonels connaissent parfaitement le pouvoir de nuisance de ce Premier ministre au verbe haut, aussi affaibli soit-il, qui avait été à la pointe de la contestation contre le régime d’Ibrahim Boubacar Keïta, et sa capacité à mobiliser les foules – le tout dans un contexte de grogne populaire croissante. Politicien madré, il joue aussi un rôle de bouclier pratique pour parer les attaques des opposants. Ses conseils se révèlent également précieux pour les novices en politique que sont Goïta et ses camarades putschistes.

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Dans les rangs du Mouvement patriotique pour le renouveau (MPR), le parti de Choguel Maïga, pas question d’évoquer un quelconque affaiblissement. « Il n’y a aucune difficulté entre le Premier ministre et les militaires au pouvoir, affirme Diakaria Diallo, cadre du mouvement des jeunes du parti. Depuis son retour aux affaires, leurs rapports se sont même fortifiés. »

Malgré tout, le marigot bamakois continue à bruisser de rumeurs de tensions récurrentes entre les colonels et le Premier ministre. L’intéressé, fatigué par son passage aux affaires et, surtout, par son AVC, aurait, lui, abandonné toute ambition présidentielle.

Alassane Ouattara bientôt au Nigeria

Le chef de l’État ivoirien, qui entretenait des relations parfois complexes avec Muhammadu Buhari, a prévu de se rendre à l’investiture du successeur de ce dernier, Bola Tinubu.

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 19 mai 2023 à 16:16
 

 

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Muhammadu Buhari et Alassane Ouattara, le 20 avril 2015. © AFP

 

Actuellement en séjour en France, Alassane Ouattara a prévu d’assister le 29 mai à Abuja à l’investiture de Bola Tinubu, élu à la présidence du Nigeria le 1er mars dernier.

Réchauffement ?

La présence du chef de l’État ivoirien sera un signe de réchauffement et de normalisation des relations entre les deux pays. Selon nos informations, Abidjan prévoit d’ailleurs d’inviter Bola Tinubu pour une visite d’État, de travail et d’amitié.

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C’est la première fois depuis son accession au pouvoir en 2011 qu’Alassane Ouattara se rendra à l’investiture d’un président nigérian. En mai 2015, lors de la première élection de Muhammadu Buhari, il s’était fait représenter par Charles Koffi Diby, l’ancien président du Conseil économique, social, environnemental et culturel (Cesec). La deuxième investiture, en 2019 s’était déroulée en plus petit comité et en l’absence de chefs d’État étrangers.

Quelques désaccords

Si les relations commerciales n’ont pas paru en souffrir (la Société ivoirienne de raffinage – SIR – a continué à s’approvisionner en pétrole brut nigérian), Alassane Ouattara et Muhammadu Buhari ont parfois eu des désaccords, lesquels ont pu s’exprimer lors des sommets de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).

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Parmi les points de divergence, l’éco, la monnaie sous-régionale en cours d’adoption, mais aussi plusieurs dossiers de diplomatie. Selon certaines sources, Buhari suspectait – sans preuves – son homologue ivoirien d’avoir soutenu ses adversaires (Goodluck Jonathan en 2015 et Atiku Abubakar en 2019) et lui en tenait rigueur.

La Côte d’Ivoire et le Nigeria avaient néanmoins été sur la même ligne lors de la réélection, à la tête de la Banque africaine de développement (BAD), du Nigérian Akinwumi Adesina, qui était contesté par les Occidentaux pour des questions de gouvernance. Pas de dissensions non plus lorsqu’il avait été question d’obtenir la libération de 46 militaires ivoiriens détenus pendant de longs mois par la junte malienne, dirigée par le colonel Assimi Goïta.

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En septembre dernier, Buhari avait d’ailleurs dépêché à Bamako Geoffrey Onyeama, son ministre des Affaires étrangères, pour exiger la libération desdits soldats, avant de menacer les autorités maliennes d’une opération militaire.

Le Nigeria avait aussi pesé dans le choix de la Côte d’Ivoire pour abriter le siège du projet de l’autoroute Abidjan-Lagos – un programme de 15,6 milliards de dollars destiné à interconnecter la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo, le Bénin et le Nigeria. Alassane Ouattara, lui, avait soutenu la désignation de l’ancienne ministre nigériane des Finances, Ngozi Okonjo Iwealaà la tête de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2021.

Le médecin australien Kenneth Elliott, enlevé au Burkina Faso en 2016, libéré

 

Un médecin australien de 88 ans, Kenneth Elliott, a été libéré sept ans après son enlèvement par des jihadistes au Burkina Faso, ont annoncé dans la nuit du 18 au 19 mai 2023 les autorités australiennes

L'Australien Kenneth Elliott, otage depuis sept ans, a été libéré. Le gouvernement australien l'a annoncé dans la nuit du 18 au 19 mai 2023. La date précise de sa libération n’a pas été révélée.

Il avait été enlevé aux côtés de sa femme le 15 janvier 2016 au Burkina Faso par le groupe jihadiste Ansar Dine, lié à al-Qaïda au Maghreb islamique. Son épouse avait rapidement recouvré la liberté. Kenneth Elliott a, lui, attendu sept ans. Il retrouvé sa terre natale ce 18 mai.

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La ministre australienne des Affaires étrangères, Penny Wong, se dit « très heureuse » lorsqu'elle a fait l'annonce à la presse ce vendredi matin, heure locale : le retour dans sa famille du médecin de 88 ans.

Kenneth Elliott a retrouvé sa femme et ses enfants, à Perth, la grande ville côtière du sud-ouest de l'île continent.

« Il n'y pas eu de rançon »

Son épouse, Jocelyn, et lui avaient fondé une clinique à Djibo, dans la province du Soum, dans le nord du Burkina Faso, en 1972.

Ses proches et le gouvernement ont œuvré « inlassablement » pour obtenir cette libération, dit la cheffe de la diplomatie australienne.

Sa famille écrivait régulièrement aux autorités australiennes et burkinabè. Mais tout s'est joué dans la discrétion. « Il n'y pas eu de rançon », affirme la télévision publique australienne ABC.

Il y avait eu de maigres échos durant la détention de Kenneth Elliott : une vidéo en juillet 2017, un an et demi après son rapt.

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Et puis ces mots de Sophie Pétronin, en octobre 2020 : l'otage française, alors tout juste libérée, explique qu'elle a vécu avec l'Australien durant deux mois. Chaque jour, elle a fait des balades avec lui. Elle le décrit à l'époque comme « serein, sain d’esprit et relativement en bonne santé malgré son âge ».

Une « force » et une « résilience » du désormais ex-otage et de sa famille, saluées, ce matin, par les autorités australiennes...