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Burkina : Le pouvoir doit résister aux appels à se battre contre les institutions

Accueil > Actualités > Politique • Lefaso.net • dimanche 13 août 2023 à 22h53min 
 
Burkina : Le pouvoir doit résister aux appels à se battre contre les institutions

 

Il faut le dire haut et fort : il y a danger en la demeure. Le pli que le MPSR2 et son gouvernement sont en train de prendre est dangereux : il l’est pour le pouvoir même autant que pour le peuple. Il n’y a aucun succès, aucune victoire à multiplier les fronts et à convertir en ennemis ses soutiens potentiels. Tous ceux qui font croire en cette nécessité se trompent et veulent engager le pouvoir dans une voie visant à abandonner la lutte contre les groupes terroristes. Ce n’est pas juste de le faire et surtout pas au moment où le peuple, comme un seul homme, accepte le sacrifice en supportant les taxes multiples et l’inflation galopante.

Malgré tout cela, les efforts volontaires pour contribuer au Fonds de soutien patriotique sont nombreux. Qu’avons-nous à nous diviser alors que notre union nous fait avancer ? Que gagnons-nous à lutter contre ceux qui n’ont pas pris les armes et à laisser les groupes terroristes ? C’est une voie semée d’embuches et de multiples préjudices à la lutte. Voyons ce qui s’est passé ces derniers jours avec l’affaire de la guérisseuse de Komsilga, objet d’un bras de fer entre l’exécutif et le judiciaire ?

Et le retour à cette vieille marotte contre les médias avec la suspension de radio Oméga FM le 10 août 2023 ? Quels sont les avantages pour le Burkina Faso de ses querelles internes alors que le monde s’embrase et que les questions se complexifient ? Quel est le rapport coût / bénéfice en termes d’image pour le pouvoir, le MPSR2 et son président ?

Le Burkina Faso est attaqué par les groupes terroristes dont certains sont de la franchise de Al Qaeda comme le JNIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, regroupement de plusieurs entités) et ceux liés à l’Etat islamique aussi appelé Daesch. Cela fait huit ans que nous sommes dans cet enfer qui a fait des milliers de morts et deux millions de personnes déplacées. Nos ennemis armés sont nombreux, certains sont des bandes criminelles mues seulement par l’appât du gain et les opportunités qu’offre la défaillance de notre Etat.

Comme pour illustrer cette absence d’Etat, nos institutions ne se respectent pas, entrent en conflit avec intrusion et empiètement sur le champ d’action de l’autre. Une bataille s’est engagée le 28 juillet 2023 par un groupe de militaires en cagoules à bord de deux véhicules pick-up et un autre blindé venu encercler le palais de justice du tribunal de Ouaga II pour libérer une guérisseuse traditionnelle exerçant à Rakissé, dans la commune de Komsilga. La jeune dame du nom de Larissa Nikièma, dite Adja Amsétou, est réputée pour ses dons de guérisons miraculeuses.

C’est une dame qui détiendrait des pouvoirs mystiques qui a été arrêtée avec huit de ses hommes de main. Le parquet avait engagé « des poursuites judiciaires pour des faits de torture, de coups et blessures volontaires et de séquestration » contre les neuf personnes évoquées plus haut. Les hommes masqués se révèleront être des militaires de l’Agence nationale de renseignements qui, après la première tentative sans succès, récupèreront la guérisseuse le lendemain aux aurores sur ordre du directeur général de la sécurité pénitentiaire agissant sur instruction du ministre de la justice.

Tout ceci se passe en l’absence du chef de l’Etat comme il l’a dit à la RTB. Durant ce temps personne ne s’explique publiquement : ni le ministre de la justice, ni le patron du renseignement. Mais les magistrats ne l’entendent pas de cette oreille et vont dans un mouvement d’ensemble en grève contre l’intrusion des militaires dans la procédure judiciaire portant atteinte à l’indépendance de la justice et à son autorité.

La bataille est engagée dès le 29 juillet 2023 pour le retour de dame Nikièma en prison à la MACO (Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou) où elle devait être déposée. Entre temps, une délégation gouvernementale s’est rendue auprès de la famille du quinquagénaire torturé pour présenter ses excuses et sa compassion, mais concernant l’affaire personne, ne moufte mot, sauf un communiqué du porte-parole du gouvernement.

IB et la solitude du pouvoir

Le capitaine Ibrahim Traoré va finir par s’expliquer sur cette affaire. Lui qui d’habitude prend bien la lumière fera une prestation catastrophique. Pourquoi a-t-il parlé ? Pourquoi l’a-t-on envoyé au casse-pipe, s’interroge -t-on toujours ? Les maladresses comme de ne pas avoir condamné les violences contre le quinquagénaire, l’intrusion des militaires, les propos et l’émotion qui le submergeait ont fait de cette vidéo, une communication préjudiciable au pouvoir. Le chef de l’Etat n’est pas encore habité par sa fonction de président de tous les Burkinabè. Il ne doit pas donner l’impression de prendre un parti, un intérêt autre que celui de l’Etat et du pays.

La justice est faite pour tous. Et la loi est la même pour tous, quelle que soit votre fonction, quel que soit le bien que vous pouvez faire aux autres. Les magistrats jugent au nom du peuple selon les lois votées par les représentants du peuple. Ils ne peuvent pas ordonner des choses que la loi n’a pas prescrites. C’est normal que le chef militaire ne sache pas ces choses. Ce qui est impardonnable, c’est que ses conseillers ne lui aient pas fait un mémo sur les enjeux du conflit. Les conseillers en communication et juridiques n’ont pas préparé le chef de l’Etat à cette interview.

Mais il y a d’autres fautifs dans la chaîne de commandement, les différents ministères impliqués dans l’affaire : notamment le ministre de la justice, le directeur de l’ANR, et le ministre de la sécurité auraient dû s’expliquer avant le président. Pourquoi ne l’ont-ils pas fait ? Pourquoi le Premier ministre n’a rien dit ? Lui qui doit être le fusible protecteur du chef de l’Etat est plutôt dans notre pays un roi qui inaugure les chrysanthèmes. Toutes ces défaillances doivent être corrigées. Peut-être qu’elles sont du fait du capitaine président lui-même et de son mode de fonctionnement. Il faut que le président IB se dise que sa parole doit être sacrée. Elle doit s’imposer par sa rigueur, son caractère républicain, le respect des textes et des institutions.

Suspension de la radio Oméga FM

Le gouvernement, après une intrusion dans la procédure judiciaire, va, dans la régulation des médias, pour prendre des décisions qui sont du ressort du Conseil supérieur de la communication qu’il avait saisi sur cette affaire de l’interview accordée au porte-parole du Conseil de la résistance pour la République (CRR) au Niger. Naturellement ce communiqué de suspension de la radio Oméga FM provoque une levée de boucliers au niveau des organisations professionnelles des médias. On a envie de dire qu’est-ce que le gouvernement recherche ? Pourquoi ne peut-il pas laisser l’organe de régulation, celui qui doit juger et sanctionner se prononcer ?

N’avons-nous pas des problèmes plus importants ? Le président Ibrahim Traoré à qui certains ont donné le flambeau de Thomas Sankara sans lui dire qui était l’homme, s’il veut vraiment ressembler à Sankara doit savoir que c’est par la séduction qu’il a réussi à subjuguer les médias qui ont créé le mythe Sankara. Ce n’est pas à coup de suspensions de médias et d’expulsions de journalistes.

Si les dirigeants exercent leur pouvoir avec équité, justice, intégrité, amour de leurs concitoyens, le pouvoir devient captivant et a une qualité et une aura auprès du peuple qui l’aime en retour et est prêt aux sacrifices demandés. Le MPSR2 doit se dire que c’est une mauvaise passe qui est en cours et rectifier rapidement ces erreurs pour rassembler pour gagner la lutte contre le terrorisme.

Sana Guy
Lefaso.net

À Donsin, le Burkina boute Meridiam (et la France) hors de son aéroport

Alors que Paris a annoncé la suspension de l’aide au développement accordée au Burkina, Ouagadougou a décidé de résilier la convention de concession de l’aéroport de Donsin signée avec Meridiam et AMP. Déjà délétère, le climat entre les deux pays s’assombrit encore.

Mis à jour le 11 août 2023 à 17:40
 
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Entamées en 2018 à la suite d’un protocole d’accord entre l’État et le consortium Meridiam AMP, les négociations avaient connu une accélération après la rencontre entre le président Roch Marc Christian Kaboré et le président de Meridiam, Thierry Déau, en marge du sommet de Paris sur le financement des économies africaines de mai 2018, pour aboutir en octobre 2021. © Vize/Enia

Le 9 août 2023, le Burkina Faso a décidé de mettre fin à la convention de concession de l’aéroport de Donsin, qui liait l’État au consortium composé de Meridiam* et son partenaire, Aéroport de Marseille Provence (AMP).

Les opérateurs français s’engageaient à investir plus de 220 millions d’euros pour concevoir, construire et exploiter le futur aéroport international burkinabè, situé à 35 kilomètres de la capitale, Ouagadougou, et prévu pour accueillir 1 million de passagers par an à sa mise en service.

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Le gouvernement burkinabè, justifie cette décision par une série de « manquements identifiés dans la gestion de cette convention ». « Le partenaire privé devait exploiter l’infrastructure pendant trente ans avant de la remettre à l’État. Or, son apport au projet est dérisoire, ce qui est inacceptable »‘, a justifié le ministre des Transports, Roland Somda, à l’issue du conseil des ministres, avant de poursuivre : « Par ailleurs, le régime fiscal appliqué relève des insuffisances. Nombre de clauses de cette convention sont contraires aux dispositions réglementaires de l’aviation civile. »

Tensions entre les deux pays

Pour rappel, le projet était déjà sur la sellette. En janvier dernier, le capitaine Ibrahim Traoré, qui a pris la tête du pays en renversant le lieutenant-colonel Damiba le 2 octobre 2022, avait déjà « suspendu » le projet, et exprimé le souhait que les textes soient « relus ».

En conclusion, le ministère des Transports s’est engagé à « rechercher de nouveaux partenariats afin de préserver les intérêts nationaux ».

La résiliation de ce contrat entre l’État burkinabè et les opérateurs économiques français intervient quelques jours seulement après que Paris a décidé, le 6 août, de suspendre  « jusqu’à nouvel ordre toutes ses actions d’aide au développement et d’appui budgétaire » au Burkina Faso.

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Au total, selon le ministère français des Affaires étrangères, les projets en cours de l’aide française au développement en faveur du Burkina Faso représentaient 482 millions d’euros, tandis que l’aide budgétaire programmée en 2022 s’élevait à 13 millions d’euros.

Un accord fiscal également dénoncé

Dès le lendemain, le 7 août, le ministère des Affaires étrangères du Burkina Faso, par le biais d’une missive adressée au Quai d’Orsay, a dénoncé la Convention fiscale de non-double imposition signée depuis 1965 entre les deux pays. Dans sa lettre, Ouagadougou explique avoir demandé la renégociation des termes de cette convention dès 2020, puis avoir relancé en 2021.

« La partie française étant demeurée silencieuse face à cette requête, le Burkina Faso n’a d’autre choix que mettre fin à ladite convention », conclut la lettre.

(*) Sollicité, Meridiam n’avait pas encore réagi au moment de la rédaction de cet article.

Coup d’État au Niger : la communauté internationale fait bloc derrière la Cedeao

Comme l’Union africaine, Paris et Washington n’ont pas tardé à réagir et à afficher leur soutien aux décisions de l’organisation ouest-africaine, qui a validé le 10 août son projet d’intervention militaire à Niamey.

Mis à jour le 11 août 2023 à 15:51
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Session extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) à Abuja, le 10 août 2023. © KOLA SULAIMON/AFP

« Nous sommes un État souverain, et nous pensons que s’ils ont un peu de conscience ils vont se retenir d’attaquer le Niger. » Pour Maïkoul Zodi, figure de la société civile nigérienne, l’intervention armée de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), décidée le 10 août au cours d’un sommet de l’organisation ouest-africaine, est un péril pour le pays. « Que ce soit les forces de défense et de sécurité, ou le peuple nigérien, tous sont prêts effectivement à faire face à l’agresseur. »

« Nous n’allons pas croiser les bras alors qu’ils vont venir nous massacrer et ramener l’ancien président pour gérer une ville en ruine », ajoute le militant, en s’adressant à Jeune Afrique, connu pour ses virulentes critiques de la présence militaire française au Sahel.

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Le coordinateur de la coalition Tournons la page (TLP) et cadre du mouvement M62, qui a organisé le 3 août une manifestation devant l’ambassade de France à Niamey, est vent debout contre l’option retenue par la Cedeao : après l’échec de plusieurs tentatives de médiation, les dirigeants présents au sommet ont réitéré leur condamnation de « la tentative de coup d’État » et de la « détention illégale » de Mohamed Bazoum depuis le 26 juillet. La Cedeao a ainsi ordonné le déploiement et l’intervention de sa force armée, en attente, en dernier recours.

Bloc africain

« La Côte d’Ivoire est prête, et je viens de donner instruction au chef d’État major général des armées de commencer la mobilisation des troupes », a annoncé le président ivoirien lors de son retour à Abidjan. Alassane Ouattara avait prononcé devant la presse un premier discours en anglais, avant même de quitter Abuja, confirmant l’importance de ce second sommet consacré à la situation nigérienne. Soulignant les « relations fortes et spéciales » entre la Côte d’Ivoire et le Niger, le chef d’État a confirmé que son pays fournirait un bataillon, tout comme le Nigeria et le Bénin, dans le cadre de l’intervention.

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« Ces décisions sont collectives, ce sont celles de la Cedeao, il ne faut pas les attribuer à un État, qu’il s’agisse du Nigeria, de la Côte d’Ivoire ou du Bénin, trois pays qui ont annoncé leur capacité à participer à cette opération », a tenu à souligner Alassana Ouattara. « D’autres pays le feront bientôt. »

Les pays d’Afrique de l’Ouest font donc bloc derrière Mohamed Bazoum, et s’opposent fermement aux putschistes du Conseil national de sauvegarde pour la patrie (CNSP), créé le 26 juillet. Le Mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani et le Burundais Évariste Ndayishimiye ont tous deux assisté au sommet.

LA FRANCE AFFIRME SON PLEIN SOUTIEN À L’ENSEMBLE DES CONCLUSIONS ADOPTÉES À L’OCCASION DE CE SOMMET EXTRAORDINAIRE DES CHEFS D’ÉTAT ET DE GOUVERNEMENT DE LA CEDEAO DU 10 AOÛT 2023

« Au sortir du sommet extraordinaire de la Cedeao qui s’est tenu aujourd’hui à Abuja, je lance un appel aux autorités militaires nigériennes pour qu’elles créent un environnement favorable au dialogue en libérant sans conditions le président Bazoum, sa famille, ainsi que les membres de son gouvernement », a tweeté Évariste Ndayishimiye le 10 août. Le chef d’État privilégie un règlement pacifique de la crise.

L’Union africaine a également annoncé se rallier à la Cedeao, dans un communiqué publié le 10 août. Moussa Faki Mahamat y exprime « son ferme soutien aux décisions de la Cedeao sur le changement anti-constitutionnel au Niger », évoque la « dégradation inquiétante » des conditions de vie de Mohamed Bazoum et « appelle l’ensemble de la communauté internationale à rassembler concrètement tous ses efforts pour sauver la vie et l’intégrité morale et physique » de ce dernier.

Paris et Washington derrière la Cedeao

L’exécutif américain a immédiatement exprimé son soutien aux chefs d’État de l’organisation ouest-africaine, dans un communiqué publié le 10 août. Le secrétaire d’État Antony Blinken, a déclaré que les États-Unis se joignaient à la Cedeao « pour appeler au rétablissement de l’ordre constitutionnel au Niger ». « Les États-Unis apprécient la détermination de la Cedeao à explorer toutes les options pour une résolution pacifique de la crise. »

Comme Washington, Paris suit de très près la situation au Niger depuis le début du coup d’État. La ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a suivi la position de l’Union européenne, appelant à « la libération immédiate du président Bazoum et de sa famille ».

« La France réitère sa ferme condamnation de la tentative de putsch en cours au Niger, ainsi que de la séquestration du président Bazoum et de sa famille », a déclaré dans un communiqué le gouvernement français. « La France affirme son plein soutien à l’ensemble des conclusions adoptées à l’occasion de ce sommet extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement de la Cedeao du 10 août 2023. » Reste à savoir quelle forme prendra le soutien de la communauté internationale, et si un appui logistique pourrait être apporté à la Cedeao par Paris ou Washington.

Les Nations unies, dont le feu vert pourrait être un élément décisif pour le déploiement au Niger d’une intervention militaire ouest-africaine, n’a pas réagi pour l’heure.

Silence des putschistes

Ce n’est pas non plus le cas des juntes militaires de la région, qui sont toutes trois suspendues de le Cedeao. Toute sortie du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée sera pourtant très scrutée à l’international. Assimi Goïta et Ibrahim Traoré avaient annoncé dans un communiqué conjoint se dissocier d’une éventuelle opération militaire de la Cedeao, et ont réitéré le 8 août leur opposition : ils y dénoncent un choix « en rupture totale avec la légalité internationale et la légitimité », et pointent du doigt une « agression déguisée en intervention militaire sous prétexte du rétablissement de la démocratie », qui « cache mal les agendas de puissances étrangères prêtes à aggraver une situation sécuritaire déjà précaire ».

Le Comité national du rassemblement pour le développement au pouvoir en Guinée avait également condamné le 31 juillet toute intervention militaire de la Cedeao, annonçant s’abstenir « d’appliquer ces sanctions illégitimes et inhumaines contre le peuple frère et les autorités nigériennes », et exhorté l’organisation sous-régionale à « revenir à de meilleurs sentiments ».

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La position des trois États ouest-africains est un sujet sensible pour leurs dirigeants. En témoigne la suspension jusqu’à nouvel ordre du média Radio Oméga par le gouvernement d’Ibrahim Traoré. La radio avait invité le 10 août Ousmane Abdoul Moumouni, porte-parole d’un mouvement burkinabè pro-Bazoum, pour parler de la situation nigérienne.

Un « entretien émaillé de propos injurieux à l’encontre des nouvelles autorités nigériennes », selon l’exécutif burkinabè : reprenant les mêmes éléments de soutien à la junte dirigée par Abdourahamane Tiani, la primature accuse dans un communiqué ce discours de « légitimer et servir de cheval de Troie pour une attaque lâche et barbare contre le peuple frère du Niger au prétexte de défendre l’État de droit et la démocratie ».

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Au Niger, la junte refuse de recevoir la mission de la Cedeao

La délégation de la Cedeao, des Nations unies et de l’Union africaine, qui devait arriver à Niamey ce 8 août, s’est vu refuser l’entrée dans le pays par les putschistes.

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 8 août 2023 à 13:23
 

 

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VLe commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), l’ambassadeur Abdel-Fatau Musah (à gauche) et le chef d’état-major de la défense du Nigeria, le général Christopher Musa (à droite) lors d’une réunion extraordinaire à Abuja, au Nigeria, le 2 août 2023. © KOLA SULAIMON/AFP

 

La mission conjointe, attendue à Niamey le 8 août, n’est pas autorisée à se rendre au Niger. Ce refus lui a été opposé par une note verbale du ministère nigérien des Affaires étrangères, dont Jeune Afrique a pris connaissance (voir ci-dessous). Adressée à la représentation de la Cedeao à Niamey ce 7 août, elle invoque plusieurs motifs pour justifier cette décision.

Des « rencontres avec certaines personnalités »

Les nouvelles autorités pointent notamment « le contexte actuel de colère et de révolte des populations suite aux sanctions imposées par la Cedeao, [lequel] ne permet pas d’accueillir ladite délégation dans la sérénité ».

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Dans ce même document, les putschistes évoquent également « la nécessité de convenir au préalable […] des dates, contours et programme desdites visites ». Ils font aussi allusion aux « rencontres avec certaines personnalités », qui doivent selon eux être revues. Ils font sans doute référence à une demande de la délégation de s’entretenir avec Mohamed Bazoum, retenu par les mutins depuis le 26 juillet.

Tout en rappelant que les frontières terrestres et aériennes ont été fermées à la suite des sanctions de la Cedeao le 30 juillet, la junte réitère sa « disponibilité à engager des discussions avec les délégations ou émissaires concernant la situation au Niger ».

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La médiation tripartite aurait dû être conduite par l’ancien président du Nigeria Abdulsalami Abubakar, accompagné du Ghanéen Mohamed Ibn Chambas, haut représentant de l’Union africaine (UA) pour la campagne Faire taire les armes, et du Mozambicain Leonardo Santos Simão, représentant spécial de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel.

Le 3 août, la tentative de médiation du sultan de Sokoto, Muhammad Sa’ad Abubakar III, et de Abdulsalami Abubakar avait déjà échoué. Les deux hommes, arrivés à Niamey en fin d’après-midi, n’étaient en effet pas sortis de l’aéroport.

 

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Note envoyée à la représentation de la Cedeao à Niamey, le 7 août. © Jeune Afrique