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Musique tradi-moderne burkinabè : Tim Winsey lance son maxi de quatre titres baptisé « La paix »

Accueil > Actualités > Culture • LEFASO.NET • dimanche 2 avril 2023 à 23h43min 
 
Musique tradi-moderne burkinabè : Tim Winsey lance son maxi de quatre titres baptisé « La paix »

 

Tim Winsey, de son vrai nom Timbiri Winsey, vient de lancer son maxi de quatre titres intitulé « La paix ». La cérémonie officielle de lancement s’est déroulée ce vendredi 31 mars 2023, à Ouagadougou.

Cette oeuvre tirée de son nouvel album de dix titres en cours d’enregistrement, se compose pour l’instant des titres « FDS », « Lamou », « Dream Tim » et « Kon Nana ». Artiste compositeur, interprète, multi-instrumentiste, Tim Winsey n’est plus à présenter sur la scène musicale burkinabè. Il est en effet auteur de trois albums sortis entre 2004 et 2014.

Le premier album se nomme « Zessa » qui signifie « prendre la route ou long chemin » en langue San. Le deuxième, lui, est baptisé « Femme », et le troisième album composé de treize titres s’intitule « Tari Ndari ».

 

Des participants comme Boniface Sarambé ont acheté le CD au prix de 10 000 francs CFA pour soutenir l’artiste.

Parallèlement à la composition de musiques de spectacle de danse et de film, l’artiste développe sa propre recherche vocale et musicale. C’est conscient des richesses du patrimoine musical samo que Tim Winsey a décidé de les valoriser en créant un style propre à lui : « Le wassamana groove ».

Ce style est à la fois enraciné dans un terroir et ouvert à de multiples influences. Ainsi, Tim Winsey chante également en mooré, en anglais et en lingala.

 

« Mon rêve est de voir un jour les différentes communautés du Burkina Faso se tendre la main
pour léguer à nos enfants un pays où règnent la paix, l’amour et l’harmonie », a confié l’artiste Tim Winsey.


Le maxi de Tim Winsey présenté au public a bénéficié de l’accompagnement du Bureau burkinabè du droit d’auteur (BBDA). L’oeuvre a été produite par Tempo Africa où les CD sont disponibles au prix de 2 000 francs CFA. Les disques sont aussi accessibles à la Radio rurale.

Hamed Nanema
Lefaso.net

 

Biographie de Tim Winsey

Natif de Lankoué en pays san, à la frontière malienne, l’artiste est aujourd’hui considéré comme une virtuose incontestée de l’arc-à-bouche, un instrument immémorial aux vibrations envoûtantes, qui renvoie aux origines de l’humanité. Après avoir suivi ses études à Koudougou, Tim (diminutif de son prénom Timbiri) s’installe à Ouagadougou en 1996.


« J’exhorte les Burkinabè à soutenir nos talentueux artistes à l’instar de Tim Winsey qui produit des œuvres de belle facture », Moussa Zerbo, directeur général de Zeko communication.

Il intègre aussitôt divers groupes dont le Benda Band. Un an plus tard, sa carrière musicale va connaître un tournant décisif. Les chorégraphes burkinabè Salia Sanou et Seydou Boro (par ailleurs membres de la compagnie de danse contemporaine française de Mathilde Monnier) lui proposent de rejoindre leur groupe.

Peu après, Winsey compose la musique de la pièce « Figninto » qui reçoit l’année suivante le 2e Prix du concours chorégraphique interafricain à Luanda (en Angola). Dans cette création, Tim joue en live sur scène en compagnie du percussionniste Dramane Diabaté. Conçue comme un fascinant dialogue entre danseurs et musiciens, cette pièce connaît un succès quasiment mondial. Elle sera présentée sur de nombreuses scènes d’Afrique, d’Europe, des États-Unis et d’Asie, amenant Tim à parcourir les quatre continents du monde.

« Sachant qu’aucune œuvre ne saurait prospérer sans une bonne communication, nous avons mis en place une stratégie en la matière », Mahamadi Compaoré, directeur général de Tempo Africa.

Dès lors, sa passion pour la création de musiques de spectacles se confirme. En 1999, il rejoint l’autre grande compagnie burkinabè de danse contemporaine : Kongo Ba Teria, qu’il a co-fondée avec Souleymane Badolo et Lacina Coulibaly. En 2001, la pièce « Vin Nem » ou la lumière, dont il a composé la musique, gagne à son tour un prix au concours chorégraphique interafricain de Tananarive ( à Madagascar). Tim Winsey y joue, toujours en live, avec son instrument de prédilection l’arc-à-bouche, encore appelé “lolo’’ auquel s’ajoute la kora. L’artiste apprend les bases de cet instrument auprès de grands maîtres maliens à l’instar de Toumani Diabaté.

Le Burkina Faso expulse des journalistes du « Monde » et de « Libération »

Cinq jours après avoir suspendu France 24, le gouvernement du capitaine Traoré a expulsé samedi soir les correspondantes de deux grands quotidiens français, « Le Monde » et « Libération », nouveau signe de la dégradation de la liberté de la presse et des relations avec la France.

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 2 avril 2023 à 16:50
 
 
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Le capitaine Ibrahim Traoré assiste à la cérémonie du 35e anniversaire de l’assassinat de Thomas Sankara à Ouagadougou, le 15 octobre 2022. © OLYMPIA DE MAISMONT / AFP

 

 

Le Monde et Libération ont annoncé dimanche matin l’expulsion de leurs journalistes par le Burkina Faso en dénonçant une mesure « inacceptable » et « arbitraire ». Sophie Douce du Monde et Agnès Faivre de Libération sont arrivées dimanche matin à Paris. Leur expulsion a eu lieu cinq jours après la suspension de la chaîne de télévision France 24 et quatre mois après celle de Radio France internationale (RFI). Seuls des médias français ont pour l’instant été ainsi sanctionnés par les autorités burkinabè.

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Selon Libération, « Agnès Faivre et Sophie Douce sont des journalistes d’une parfaite intégrité, qui travaillaient au Burkina Faso en toute légalité, avec des visas et des accréditations valables délivrées par le gouvernement burkinabè ». « Nous protestons vigoureusement contre ces expulsions absolument injustifiées et l’interdiction faite à nos journalistes de travailler en toute indépendance« , ajoute le journal, pour qui ces expulsions confirment « que la liberté de la presse au Burkina Faso est lourdement menacée ».

Le Monde, pour sa part, « condamne avec la plus grande fermeté cette décision arbitraire », en soulignant que « Sophie Douce, comme sa consœur, exerce pour Le Monde Afrique un journalisme indépendant, à l’écart de toute pression ». Le directeur du journal, Jérôme Fenoglio, « demande aux autorités locales de revenir au plus vite sur ces décisions et de rétablir sans délai les conditions d’une information indépendante dans le pays ».

24 heures pour partir

Les deux journalistes avaient été convoquées vendredi à Ouagadougou à la sûreté nationale et ont ensuite reçu l’ordre de quitter le Burkina Faso dans les 24 heures. Avant son départ, Agnès Faivre avait déclaré que cet ordre lui avait été notifié « oralement ». « J’ai également été convoquée hier [vendredi] à la direction de la sûreté de l’État. Puis un officier est venu ce matin [samedi] à mon domicile me notifier verbalement que j’ai 24 heures pour quitter le territoire. Aucune notification écrite, ni motif. J’ai du mal à comprendre et à réaliser », avait pour sa part dit Sophie Douce.

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Les autorités burkinabè n’avaient, dimanche matin, fait aucune déclaration sur le sujet. Ces expulsions surviennent quelques jours après la publication par Libération, le 27 mars, d’une enquête sur « une vidéo montrant des enfants et adolescents exécutés dans une caserne militaire, par au moins un soldat » dans le nord du Burkina. Cette enquête « avait évidemment fortement déplu à la junte au pouvoir au Burkina Faso », souligne le quotidien.

« Le gouvernement condamne fermement ces manipulations déguisées en journalisme pour ternir l’image du pays », avait écrit le porte-parole du gouvernement burkinabè, Jean-Emmanuel Ouedraogo, après la publication de cette enquête, assurant que l’armée agit « dans le strict respect du droit international humanitaire ».

France 24, RFI…

Depuis la prise du pouvoir par le capitaine Ibrahim Traoré le 30 septembre 2022, les relations avec Paris se sont dégradées, Ouagadougou ayant réclamé et obtenu le départ de l’ambassadeur de France et des 400 soldats français des forces spéciales basés dans le pays. Début mars, le Burkina a en outre dénoncé un accord d’assistance militaire signé en 1961 avec la France.

Le lundi 27 mars, le gouvernement de transition a coupé la diffusion de France 24 sur son territoire à la suite du décryptage d’un entretien du chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), quatre mois après avoir également suspendu la diffusion de RFI. Jean-Emmanuel Ouedraogo avait indiqué que ces deux médias étaient accusés d’avoir « ouvert leurs antennes à des leaders terroristes pour qu’ils propagent l’idéologie du terrorisme, de la violence, de la division ».

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Le secrétaire général de Reporters sans frontière (RSF), Christophe Deloire, a dénoncé cette double expulsion « arbitraire, scandaleuse, indigne, qui n’est même pas notifiée par écrit publiquement ». « Après le renvoi d’ambassadeur, on est dans une logique du renvoi de journalistes comme s’ils étaient une variable d’ajustement des tensions diplomatiques : c’est absurde », a-t-il ajouté, affirmant que « le régime veut camoufler ses exactions ».

(avec AFP)

Burkina Faso: l’état d’urgence entre en vigueur dans huit régions

 

L'état d'urgence entre en vigueur jeudi 30 mars dans huit régions du Burukina Faso, notamment le Soum, la Tapoa, le Namentenga, le Bam ou encore le Sanmatenga après la décision du gouvernement vendredi. Selon la loi de 2019, les autorités peuvent prendre des mesures exceptionnelles, susceptibles de porter atteinte à certaines libertés. Sa mise en œuvre intervient alors que plusieurs organisations de la société civile ont communiqué sur des atteintes aux droits de l'homme.

Selon le gouvernement, l'état d'urgence renforce les moyens juridiques dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Au total, 22 départements sont concernés, soit près de la moitié du territoire burkinabè.

Les ministres de la Sécurité, de l'Administration territoriale ou les autorités locales compétentes, peuvent prendre une série de mesures allant de l'interdiction de circulation à la dissolution de groupes et associations. Cela en passant par le contrôle des médias ou encore la réquisition de biens et de personnes.

Cette dernière mesure notamment inquiète, alors que deux organisations de défense des droits de l'homme ont dénoncé cette semaine l'enrôlement de force comme Volontaires de la patrie (VDP) d'un activiste de la société civile de Kaya, dans le centre-nord du pays. Dans un communiqué, le Mouvement burkinabè des droits de l'Homme et des peuples évoque « une arrestation arbitraire [...] qui constitue un grave précédent ».

Un défenseur des droits de l'homme confie à RFI « sa préoccupation ». « Ces mesures d'exception risquent de se transformer en feu vert qui permettra aux autorités de tout faire », explique-t-il.

L'état d'urgence est limité à 30 jours. Il peut toutefois être prolongé par l'Assemblée législative de transition.

Pourquoi Faure Gnassingbé s’est résolu à autoriser l’évacuation de son frère Kpatcha

Kpatcha Gbassingbé avait été arrêté en avril 2009, accusé de complot contre le chef de l’État togolais élu quatre ans plus tôt. Il est arrivé au Gabon pour s’y faire soigner.

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 29 mars 2023 à 14:10

 

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Kpatcha Gnassingbé (au c.), lorsqu’il était ministre de la Défense du Togo, en janvier 2006, à Lomé. © ERICK CHRISTIAN AHOUNOU/AFP.

 

Détenu depuis près de quatorze ans pour atteinte à la sureté de l’État, Kpatcha Gnassingbé a été évacué vers le Gabon pour des raisons sanitaires. Il s’est envolé le 23 mars à bord d’un vol spécial à destination de Libreville, selon RFI. Âgé de 52 ans, éprouvé par sa longue détention, il devrait y subir une intervention médicale.

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Depuis plusieurs années, ses avocats et des associations de défense des droits de l’homme alertaient sur la dégradation de son état de santé et réclamaient sa libération. Ils s’appuyaient notamment sur un avis rendu en décembre 2014 par le Groupe de travail sur la détention arbitraire, organe dépendant du Conseil des droits de l’homme des Nations unies, lequel considérait comme arbitraire la détention de Kpatcha Gnassingbé et de plusieurs de ses coaccusés.

En juillet 2013, la Cour de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) avait déjà qualifié le procès d’inéquitable en raison d’actes de torture perpétrés contre les prévenus. L’État togolais avait été condamné à dédommager financièrement ces derniers, sans que cela ne soit suivi d’effets.

Problèmes de santé

Kpatcha Gnassingbé avait en parallèle demandé une conciliation avec Faure Essozimna Gnassingbé, laquelle avait été confiée au chef de canton de Pya, le village natal de la famille Gnassingbé, situé à 430 km au nord de Lomé. Il avait également introduit une demande de grâce présidentielle, mais sans plus de succès. Ces derniers mois, alors que son état de santé s’était de nouveau dégradé, il avait été transféré au pavillon militaire du Centre hospitalier universitaire Sylvanus-Olympio, à Lomé. Il y avait déjà été hospitalisé en 2015, victime, selon certaines informations, d’une embolie pulmonaire résultant des complications d’un diabète et d’une hypertension artérielle.

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Frère cadet du président, Kpatcha Gnassingbé était considéré lors du décès de leur père, Gnassingbé Eyadéma, comme le chef de file de la tendance dure du Rassemblement du peuple togolais (RPT, au pouvoir), en opposition à la ligne réformiste incarnée par Faure Gnassingbé.

C’est en juin 2005 que ce dernier, tout juste élu, lui confie le poste de ministre de la Défense. Pendant deux ans, la cohabitation entre les deux frères se déroule sans heurts particuliers. « Je l’ai nommé parce qu’il est compétent et parce que l’armée togolaise ne lui est pas inconnue, confiait le chef de l’État à Jeune Afrique en janvier 2007. Cela se passe bien. »

Amertume

Onze mois plus tard, Kpatcha était limogé sans explications officielles. En réalité, cet ancien élève du lycée militaire de Kara, titulaire d’un Bachelor of Science obtenu en Grande-Bretagne et que son père a toujours étroitement associé à l’armée, cachait de moins en moins son amertume de ne pas avoir été choisi pour lui succéder.

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Sanguin, impulsif, il ronge son frein avant d’être arrêté le 12 avril 2009 par les forces spéciales après avoir résisté, les armes à la main, puis tenté en vain de se réfugier à l’ambassade des États-Unis. Incarcéré, il est condamné en septembre à vingt ans de prison par la Cour suprême du Togo pour avoir, en compagnie de complices – dont le général Assani Tidjani, ancien chef d’état-major –, tenté de renverser le pouvoir en place.

De cette affaire douloureuse, Faure Gnassingbé n’a toujours parlé que par bribes, avec pudeur et réticence. En avril 2015, il s’en était ouvert à François Soudan, directeur de la rédaction de Jeune Afrique, lors d’un entretien à bâtons rompus pour faire part du dilemme qui était le sien. Fallait-il, au nom de la famille, gracier un homme qui, six ans après les faits et après avoir reconnu son implication dans une tentative de coup d’État, ne manifestait alors aucune repentance ? Ne risquait-il pas de récidiver une fois élargi ?

Prudence

Détenu dans des conditions proches d’une résidence surveillée – il pouvait recevoir des visites, communiquer avec l’extérieur et vivre avec son épouse –, Kpatcha entretenait en outre de discrètes relations avec l’opposition togolaise.

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Après plus de treize années de ce traitement, il est probable que les velléités et les appétits de l’ancien ministre de la Défense se soient émoussées. Mais c’est au Gabon, où Faure Gnassingbé pourra mieux s’assurer de la discrétion de son frère qu’en Europe, qu’il a envoyé celui-ci se faire soigner.