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Dans le journal Le Monde du 30 juillet l'article suivant

 

Au Mali, une journée de vote presque normale pour la présidentielle

Le 29 juillet, 8 millions d’électeurs ont été appelés aux urnes pour le premier tour d’une élection calme dans la capitale, mais entachée d’incidents dans le centre et le nord du pays.

Dépouillement des urnes à Bamako, le 29 juillet.

Sur le couvercle de l’urne, les colliers de serrage en plastique jaune font de la résistance. Ils finissent par sauter un à un après plusieurs coups de lame de cutter, sous le regard vigilant de la dizaine de délégués des partis présents dans la salle de classe. Il est 18 heures, ce 29 juillet. Dans le bureau de vote no 3 du lycée Mamadou-Sarr, dans la commune 4 de Bamako, assesseurs, président de bureau, délégués et observateurs sont dans la pénombre. Comme dans la plupart des 23 041 bureaux de vote malien, c’est à la lampe tempête qu’il a fallu faire le dépouillement. Il n’en sera que plus fastidieux. Une heure trente pour 252 bulletins.

Lire aussi :   Tout comprendre à l’élection présidentielle au Mali

Dos au tableau noir, l’assesseur de l’opposition sort les bulletins un à un en annonçant les noms des candidats. Derrière lui, un membre de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) aligne les croix à la craie, en face des noms des candidats. Au premier rang, Moussa Sow, délégué du Rassemblement pour le Mali (RPM), le parti du président et candidat Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), fait ses propres comptes, à coups de traits maladroitement tracés au stylo bille sur un cahier grand carreaux. C’est la première fois que ce jeune Malien assiste à un dépouillement. « Je voulais être délégué pour ne pas qu’il y ait de fraude lors de cette élection, car nous avons l’habitude de voir cela chez nous. Mais là, je suis très content, je n’ai pas constaté d’irrégularités. Que le meilleur gagne », chuchote-t-il. Dans ce bureau, les représentants des rivaux sont fair-play. Mais dans la salle d’à côté, les cris de protestation résonnent depuis l’ouverture de l’urne. A chaque bureau sa réalité.

Machine à compiler

 

Dans le no 3, les deux candidats présentés comme favoris pendant la campagne électorale, Soumaïla Cissé de l’Union pour la République et la démocratie (URD) et IBK sont les deux premiers. Sur le tableau noir, le récapitulatif des voix attire les petites mains des 24 candidats de l’élection. Ils glissent leur tête à travers la double porte en ferraille de la salle, récupèrent les chiffres pour les donner à leurs représentants, postés à l’entrée de l’école. A chaque candidat favori son pupitre. Immédiatement après la clôture du premier tour, ceux qui en ont les moyens ont lancé leur propre machine à compiler les résultats. Moins pour se délester de la longue attente de la proclamation des résultats provisoires par la CENI (le 3 août dernier délai) que pour avoir le maximum de temps afin de préparer la potentielle bataille d’après : le second tour, prévu le 12 août.

Alors en cette fin de premier tour, les deux favoris se hasardent aux pronostics, en faveur de leur poulain. « Vous verrez que la soif d’alternance s’est sans doute traduite dans les urnes », a déclaré Tiébilé Dramé, le directeur de campagne de M. Cissé, à 21 h 30. Quelques heures avant, c’était à Bocary Tréta, le directeur de campagne d’IBK, d’évoquer une « mobilisation exceptionnelle » en faveur de son candidat. « Nous attendons avec une grande sérénité les résultats », a-t-il déclaré, avant de s’estimer « satisfait » des conditions d’organisation du scrutin.

Urnes volées

Si Bamako a voté dans le calme, dans le nord et le centre du Mali des incidents sécuritaires ont pourtant perturbé le scrutin. Selon un communiqué du ministère de l’administration territoriale publié le 29 au soir, le vote n’a pas pu avoir lieu dans 644 bureaux de vote, en raison « d’attaques à main armée et autres violences ». Plus de 80 % de ces bureaux se situent dans le centre du pays, une zone qui voit se multiplier les attaques terroristes et les conflits intercommunautaires depuis plus d’un an et demi. Toujours selon le ministère, dans 3 988 autres bureaux du nord et du centre, les électeurs ont pu voter mais le processus a été perturbé. Près d’un bureau de vote malien sur cinq a vu le déroulé du vote perturbé ou annulé, en raison de l’insécurité dans le nord et le centre. Ces deux zones concentrent 36,6 % du corps électoral.

Saccage de bureaux de vote et 18 urnes volées dans la région de Tombouctou, tirs d’intimidation à Hombori et Drimbé et agression d’agents électoraux à Gandamia et Ourennema dans la région de Mopti, dans le centre du Mali… Au moins une quinzaine d’incidents sécuritaires ont été répertoriés. A Aguelhok, dans la région de Kidal, ce sont une dizaine d’obus qui se sont écrasés, dont certains à proximité du camp de la Minusma, la mission des Nations unies au Mali, et d’un centre de vote, sans causer de morts ni de blessés.

 

M. Dramé déplore « le fait que l’Etat a[it] failli à sa mission de sécurisation du scrutin. En dépit du déploiement annoncé de plus de 30 000 agents de forces de sécurité, nous exhortons les autorités à en tirer toutes les conséquences ». Son homologue rival note quant à lui une amélioration de la situation, comparé au dernier scrutin, organisé il y a deux ans. « Le scrutin présidentiel de 2018 a été organisé dans des localités ou cela n’avait pas été possible, lors des élections communales de 2016. Ce qui est une grande progression, a déclaré M. Tréta. Bien sûr, je reconnais que nous sommes dans un pays qui cherche à sortir d’une crise profonde. Çà et là, nous avons noté quelques rebondissements, quelques cas de violences, mais qui sont à mon sens des cas isolés. »

Comment Erasmus s’ouvre sur l’Afrique :
exemple en école d’ingénieurs
(The Conversation)

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A travers le projet « MOSE-FIC », Erasmus+ soutient le développement de nouvelles formations d’ingénieurs au Cameroun.
Shutterstock

Timothée Toury, Université de Technologie de Troyes

Erasmus est bien connu des jeunes Européens. Depuis la création de ce programme d’échanges universitaires en 1987, ils sont plus de 4 millions à avoir profité de cette opportunité pour partir étudier quelques mois dans un autre pays de l’Union européenne (UE). Le film de Cédric Klapisch, L’Auberge espagnole, a définitivement ancré cette expérience dans l’imaginaire collectif. Devenu Erasmus+ en 2014, le programme recouvre cependant d’autres réalités, comme la mobilité d’enseignants-chercheurs. Il finance aussi d’autres actions, par exemple des projets de développement de l’enseignement supérieur sur d’autres continents.

C’est dans ce cadre que l’Université de technologie de Troyes (UTT), en partenariat avec l’Université de Mons (Belgique) et l’Université technologique de Sofia (Bulgarie), pilote le projet « MOSE-FIC », dédié aux formations d’ingénieurs à Yaoundé et Douala. Bientôt une auberge camerounaise ? Pas tout à fait. L’objectif n’est pas directement de faire circuler les étudiants entre les pays partenaires, mais d’aider les écoles d’ingénieurs du Cameroun à transformer leurs cursus et en monter de nouveau, en phase avec le marché de l’emploi local.

Un accompagnement pédagogique

Trop souvent, les formations d’ingénieurs en Afrique se calquent sur les programmes européens, alors que les contextes socio-économiques et culturels sont très différents. On a même pu trouver des copies de travaux pratiques de chauffage des bâtiments… en pleine zone équatoriale ! Or, paradoxalement, l’économie du continent manque de cadres capables de soutenir son essor et les grandes entreprises qui s’installent en Afrique peinent souvent aussi à trouver le personnel adéquat, pendant que de nombreux diplômés sont contraints de partir chercher un emploi en Occident.

Au cours d’échanges réguliers avec nos partenaires au Cameroun – au premier rang desquels on trouve l’Institut Saint-Jean – nous avons acquis la conviction que l’on peut former des ingénieurs africains répondant aux standards internationaux sans calquer le modèle européen. La trame de ces cursus est à inventer. Comment leurs diplômés doivent-ils se positionner dans le tissu socio-économique ? Quelles compétences doivent-ils maîtriser ? Seuls les Africains peuvent répondre à ces questions. C’est pourquoi le projet « MOSE-FIC » mise sur un travail global de maïeutique, pour épauler nos interlocuteurs dans l’identification des problématiques qui se posent à eux et la recherche de solutions concrètes.

Officiellement lancé le 15 octobre 2017, le partenariat va s’échelonner sur trois ans, il accompagne maintenant l’Institut Saint-Jean, l’école nationale supérieure polytechnique de Yaoundé, l’UCAC-ICAM (Douala et Pointe-Noire) et la faculté d’ingénierie de l’Université de Buéa. Première étape, indispensable : une analyse de l’environnement dans lequel s’inscrivent les formations et des moyens à leur disposition. Cette étude, en cours, permettra de définir le profil type des diplômés et le positionnement des établissements africains. Les mois suivants, il s’agira de traduire ces objectifs en pédagogie, et de réaménager les cursus en conséquence. Les moyens nécessaires seront en grande partie financés par Erasmus+.

S’ensuivra un travail de fond sur les processus de qualité internes. Tout l’enjeu consiste à glisser vers des méthodes d’amélioration continue, pour ne pas tomber dans le piège d’objectifs statiques, donc vite obsolètes, trop souvent constaté dans ces formations africaines. Enfin, une analyse rétrospective du projet lui-même permettra aux établissements africains de s’approprier la méthode pour conseiller à leur tour des écoles envisageant de se réorganiser.

Des enjeux diplomatiques

Ce travail de fond ne va pas sans heurts : à la fin des sessions d’accompagnement, nous essuyons souvent le reproche de ne pas avoir donné de contenus de cours directement exploitables, mais de laisser nos amis africains repartir avec bien plus d’interrogations que de réponses. Les premières prises de conscience sur le chemin à parcourir et les bouleversements probables ont aussi soulevé autant d’enthousiasme que d’inquiétudes.

Autre objection qui peut surgir : pourquoi un programme européen d’enseignement supérieur financerait-il le développement de formations africaines ? En favorisant ces dynamiques locales, l’UE ne se prive-t-elle pas d’un vivier de talents qui pourraient venir briller dans ses Universités et alimenter son économie, elle aussi, très avide d’ingénieurs ?

On ne peut nier que soutenir les pays africains pour qu’ils trouvent leur place dans la chaîne de la valeur qui se joue à l’échelle mondiale, c’est éviter de futures crises et, plus égoïstement, leurs conséquences que nous avons tant de mal à gérer. L’enseignement supérieur est un terrain de choix pour la diplomatie d’influence, cette diplomatie « douce » du moyen et long terme qui permet de rayonner et ambitionne de prévenir d’éventuelles perturbations plutôt que devoir les résoudre. Ce faisant, il permet aussi à l’UE de conforter son identité en tant qu’organisation supranationale de poids dans un monde multipolaire, en participant très activement à l’aide au développement.

La raison principale est plus directe et plus profonde. Loin de l’ambiance frivole de L’Auberge espagnole, Erasmus+ peut être un puissant outil d’influence politique et économique en Afrique alors que les Etats-Unis et la Chine y défendent de plus en plus leurs intérêts économiques. Et, cyniquement, il va de soi que les étudiants diplômés seront nécessairement plus proches de la zone géographique qui a influencé leur système d’enseignement supérieur. L’Afrique a déjà largement opté pour le cadre européen LMD (licence-master-doctorat) issu du processus de Bologne et, plus généralement, l’histoire lui a légué une proximité culturelle avec l’Europe.

Un changement d’image

Actuellement, peu d’étudiants européens sollicitent un semestre d’échange vers l’un de ses pays, alors qu’ils demandent fortement l’Amérique du Nord ou l’Asie. Inversement, les Africains sont si nombreux à souhaiter venir étudier en Europe que les services consulaires peinent à gérer les demandes, qui se soldent majoritairement par des refus. En cultivant leur originalité tout en se hissant aux standards internationaux, les établissements africains peuvent faire évoluer les représentations et remédier à ce déséquilibre.

Leur continent ne doit pas attirer que des humanitaires en herbe ou des jeunes à la sensibilité altermondialiste : il doit aussi se présenter aux étudiants européens comme un espace d’opportunités et de business. Cette symétrie dans les échanges universitaires serait un atout fort pour le développement des relations économiques euro-africaines qui restent largement en deçà de leur potentiel.

Les échanges Erasmus+ ont été très efficaces pour éveiller un sentiment d’appartenance à l’Europe chez les jeunes générations et contribuer à une pacification durable des relations entre les pays de ce continent. Cette idée ne pourrait-elle pas valoir par-delà la Méditerranée ?

Timothée Toury, Enseignant-chercheur, responsable du projet européen MOSE-FIC, Université de Technologie de Troyes

This article was originally published on The Conversation. Read the original article.

Conférence sur le VIH: repenser la lutte
contre la drogue pour endiguer le sida

Cannabis (photo), cocaïne, héroïne, méthamphétamines... Pays de transit dans le trafic de drogue sous-régional, le Burkina Faso est devenu un territoire de consommation.
© Sean_Warren/Gettyimage

Toute la semaine a lieu à Amsterdam la 22e Conférence internationale sur le sida, un rendez-vous incontournable pour tous les acteurs de la lutte contre l'épidémie. La société civile y est représentée, via une coalition d'organisations qui a lancé une nouvelle campagne à l'occasion de ce rendez-vous, pour dire « non » à la guerre contre les drogues telle qu'elle est menée. Un véritable enjeu de santé publique dans la lutte contre le VIH. Des associations africaines s'y sont jointes.

Avec notre envoyé spécial à Amsterdam,  Simon Rozé

Pendant longtemps, l'Afrique de l'Ouest n'a été qu'un lieu de transit pour le trafic de drogue. Mais la situation a évolué. « Notre région est devenue une région de consommation. Pour ce qui est du contexte burkinabè, c'est le canabis qui est le plus consommé. Ensuite vient la cocaïne et l'héroïne », relate Charles Somé, de l'ONG REVS+, au Burkina Faso.

► à (re)lire: La direction des douanes du Burkina Faso alerte sur le trafic de drogue

Aucun chiffre officiel n'existe pour mesurer le phénomène au Burkina Faso, même si une étude est en cours. « C'est un problème réel, les autorités en sont conscientes. En moyenne, on risque entre trois mois et cinq ans de prison », ajoute-t-il.

Mais selon les militants, ce « tout répressif » a de graves conséquences pour la santé publique. Illustration de l'autre côté du continent, à Maurice, où près de la moitié des usagers de drogue sont séropositifs, malgré la politique répressive du gouvernement.

« De toute façon, les gens vont consommer parce qu'ils sont dans une dépendance, estime Nicolas Ritter, de l'association Pils. Autant leur donner des outils pour qu'ils ne s'infectent pas avec des virus comme le virus du sida. Contrairement au Burkina Faso, Maurice a mis en place un programme

L'actrice sud-africaine Charlize Theron en pleine discussion dans le Village global, zone de rencontre entre les commmunautés du monde entier lors de la 22e Conférence internationale sur le sida. © REUTERS/Yves Herman

d'accompagnement des usagers de drogues. On a réussi à convaincre les autorités d'introduire les programmes d'échange de seringues. Ça a donné des résultats incroyables. »

Une campagne internationale a été lancée par une coalition d'associations à l'occasion de la Conférence internationale sur le sida. « Non à la guerre contre la drogue », c'est son nom. Objectif : inciter les gouvernements à mettre en place de telles politiques de réduction des risques.

→ Lire aussi : Charlize Theron, Elton John, Harry, les célébrités s’engagent aussi

 

Israël : réactions diverses suite à l’adoption
d’une nouvelle Loi fondamentale (Dossier)



logo Times of Israel

Des députés de l’opposition ont fustigé la loi adoptée durant la nuit, affirmant qu’elle est conçue pour créer des dissensions au sein de la société israélienne.

19/07/18

Les réactions à l’adoption, par la Knesset, dans la nuit de mercredi à jeudi, de la loi sur l’État-nation juif, étaient mitigées selon les partis. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a salué « un moment charnière dans les annales du sionisme et de l’État juif ».

Les députés ont approuvé le texte, qui consacre Israël comme « foyer national du peuple juif dans les lois fondamentales, qui ont une valeur quasi-constitutionnelle, en seconde et troisième lectures à 62 voix pour et 55 contres, et deux abstentions, après des heures de débat houleux dans le plénum de la Knesset.

La radio publique a souligné que sur les 120 députés, 45 parlementaires juifs d’opposition avaient voté contre la loi.

Le texte amendé affirme que « l’Etat considère que le développement des implantations juives relève de l’intérêt national et que l’Etat prendra les mesures pour encourager, faire avancer et servir cet intérêt ».

Alors que la coalition a célébré l’adoption de la loi, les membres de l’opposition ont déclaré qu’elle était nationaliste, séparatiste et qu’elle menaçait la démocratie…. Lire la suite: Réactions après l’adoption de la loi sur l’État-nation juif, The Times of Israël.


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Cette loi fait notamment de l’hébreu la seule langue officielle d’Israël, alors que l’arabe avait auparavant un statut identique.

La loi, adoptée par 62 voix contre 55 et qui entre dans la catégorie des lois fondamentales faisant office de constitution en Israël, fait de l’hébreu la seule langue officielle du pays, alors que l’arabe avait auparavant un statut identique.
Elle déclare que l’établissement de « localités juives (sur le territoire israélien) relève de l’intérêt national » et proclame que Jérusalem est la capitale d’Israël, y compris la partie orientale de la ville annexée et occupée. 
La loi labelle « l’Etat d’Israël comme l’Etat national du peuple juif où celui-ci applique son droit naturel, culturel, religieux, historique » précisant que « le droit d’exercer l’auto-détermination au sein de l’Etat d’Israël est réservé uniquement au peuple juif ». 

« C’est un moment décisif dans l’histoire de l’Etat d’Israël qui inscrit dans le marbre notre langue, notre hymne et notre drapeau », s’est félicité Benjamin Netanyahu, chef du gouvernement considéré comme le plus à droite de l’histoire d’Israël.

L’article le plus controversé, qui évoquait la possibilité de créer des localités exclusivement réservées aux juifs, excluant les citoyens arabes israéliens, a toutefois été amendé.
Les Arabes israéliens sont les descendants des Palestiniens restés sur leurs terres à la création d’Israël en 1948. Ils représentent 17,5% de la population israélienne, très majoritairement juive, et se disent victimes de discriminations. 
Le texte amendé spécifie que « l’Etat considère que le développement des localités juives relève de l’intérêt national et que l’Etat prendra les mesures pour encourager, faire avancer et servir cet intérêt ». 

« Apartheid »
Le texte amendé spécifie que « l’Etat considère que le développement des localités juives relève de l’intérêt national et que l’Etat prendra les mesures pour encourager, faire avancer et servir cet intérêt ».
La formulation initiale avait suscité une vague de critiques, notamment du président Reuven Rivlin, du procureur général Avishai Mandelblit et de la délégation de l’Union européenne en Israël en raison de son caractère jugé discriminatoire.

La nouvelle formule, plus vague, a toutefois été également dénoncée avec force par l’opposition, notamment le député arabe Ayman Odeh, qui a brandi durant le débat un drapeau noir à la tribune pour marquer « la mort de notre démocratie ». La nouvelle formule, plus vague, a toutefois été également dénoncée avec force par l’opposition, notamment le député arabe Ayman Odeh, qui a brandi durant le débat un drapeau noir à la tribune pour marquer « la mort de notre démocratie ». « Israël ne veut pas de nous ici », a-t-il déclaré, ajoutant que cette loi consacre le statut de « citoyen de seconde zone » des arabes israéliens.

Après l’adoption de la loi, des députés arabes ont déchiré le texte, avant d’être évacués de la salle.

En quittant la salle, les députés arabes Ahmed Tibi et Ayeda Touma-Souliman ont lancé au Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu : « Vous avez adopté une loi d’apartheid, une loi raciste ». « Pourquoi avez-vous peur de la langue arabe ? » a encore lancé M. Tibi au Premier ministre. Ce à quoi M. Netanyahu a répondu : « Comment osez-vous parler de cette manière de la seule démocratie au Moyen-Orient ! ». 
Un autre député arabe, Youssef Jabareen, a affirmé que cette loi encourageait « non seulement la discrimination, mais aussi le racisme, elle va perpétuer le statut d’infériorité des Arabes en Israël », l’Etat hébreu agissant comme « un mouvement juif et colonial, qui poursuit la judéisation de la terre ». 
Le secrétaire général de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) Saëb Erakat a estimé sur Twitter que le texte légalisait « officiellement l’apartheid ». 

L »Union européenne s’est dite « préoccupée » par l’adoption de cette loi qui risque de « compliquer » la solution à deux Etats pour régler le conflit israélo-palestinien.
La Ligue arabe, jugeant la loi « dangereuse », a jugé qu’elle consolidait des « pratiques racistes » alors que la Turquie a estimé qu’elle « foulait aux pieds » le droit international et les droits des Arabes israéliens. 

La Jordanie, liée à Israël par un traité de paix, a également vivement dénoncé « une loi qui consacre la discrimination raciale », « éloigne les perspectives de paix » et «  »encourage l’extrémisme et la violence ».

L’arabe, « statut spécial »
Lors des débats, le député du Likoud – parti de M. Netanyahu -, Avi Dichter, rapporteur de la loi, a lancé aux députés arabes: « Vous n’étiez pas ici avant nous et ne resterez pas ici après nous. Nous avons fait passer cette loi fondamentale pour empêcher la moindre velléité ou tentative de transformer l’Etat d’Israël en une nation de tous ses citoyens ». 

A propos de la langue officielle, aucune loi n’ayant été votée à ce sujet depuis la création d’Israël en 1948, l’hébreu et l’arabe étaient jusqu’à présent tous les deux considérées comme des langues quasi-officielles, utilisées dans tous les documents étatiques.
Après le vote de la loi, l’arabe n’aura qu’un « statut spécial », qui n’est pas précisément défini. … Lire la suite: Accusations de « racisme » en Israël après le vote d’une loi sur « l’Etat-nation juif », L’Orient Le JOur/AFP, 19/07/18.

 


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Décryptage avec le père David Neuhaus, sj.

Entretien réalisé par Manuella Affejee- Cité du Vatican

Ce nouveau texte, adopté par 62 voix contre 55, rejoint le corpus de Lois fondamentales dont dispose l’État hébreu depuis sa création, à défaut d’une constitution. En pratique, elle stipule qu’Israël est «l’État-nation du peuple juif, où celui-ci applique son droit naturel, culturel, religieux, historique ainsi que son droit à l’autodétermination» ; une disposition en soi pas nouvelle, puisqu’elle figurait déjà dans la déclaration d’indépendance de 1948, mais qui se voit ici renforcée. Elle rappelle également les symboles nationaux d’Israël, -le drapeau, l’hymne, la ménorah à sept branches-, ou encore les liens qui l’unissent à la diaspora juive, et l’importance de les renforcer.

Aucune mention en revanche du caractère «démocratique» de l’Etat, ni de la minorité arabe, qui représente tout de même 20% de la population ; la langue arabe perd d’ailleurs son statut de langue officielle, bien que restant toujours en usage dans l’administration. L’article relatif à Jérusalem, proclamée capitale de l’Etat nonobstant la position internationale sur le sujet, est également sujet à controverse.

Si Benjamin Netanyahu se félicite d’un «moment décisif» dans l’histoire du pays, nombreux sont ceux qui s’inquiètent d’un texte qui ancre dans la loi l’inégalité entre citoyens.

L’analyse du père David Neuhaus sj, professeur de Bible à l’Université de Bethléem. Pour lui, cette loi symbolique met en exergue la contradiction d’un Etat qui se veut à la fois «juif» et «démocratique». …Écouter l’interview sur Vatican News.

Source : Israël : une nouvelle Loi fondamentale fragilise le pluralisme – Vatican News. 20/07/18.


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La Knesset a adopté jeudi une loi sur l’Etat-nation qui fixe par écrit le caractère juif d’Israël et retire à l’arabe son statut de deuxième langue officielle. Les futures communautés voyant le jour pourront par ailleurs interdire aux citoyens arabes d’y résider. Si certains commentateurs y voient une loi gravement antidémocratique, elle constitue pour d’autres une forme légitime de défense de l’Etat hébreu.

 
 
 
 
 

Une loi qui n’a pas sa place dans une démocratie

La loi sur « l’Etat-nation » est profondément antidémocratique, critique le chroniqueur Antonio Ferrari dans Corriere della Sera :

«Qu’Israël se limite à considérer, par un vote de son Parlement, la minorité arabe (donc musulmane), qui représente vingt pour cent de sa population, comme une entité garantie par un statut spécial, est une démarche hypocrite et ne convient pas à un Etat qui se dit démocratique. … La réaction des partis arabes, présents à la Knesset, était prévisible. Mais il est beaucoup plus frappant de voir la révolte des députés, y compris conservateurs, qui rejettent une décision empoisonnée qui met en danger la foi démocratique d’un État né et élevé dans l’opposition à toute discrimination.»

 
 
 
 
 
             
 
   
 
 
     
 
   
 
 
 
 

On légalise la discrimination

La nouvelle loi coule dans le béton la discrimination à l’égard des Palestiniens, s’indigne également The Independent :

«Cette loi est une étape de plus, qui double dans les faits une inégalité existant de longue date. … Déjà exclus de centaines de communautés israéliennes par les comités résidentiels [qui décident de l’admission de nouveaux riverains], les citoyens palestiniens soupçonneront à juste titre cet article … d’intensifier encore la discrimination dont ils font l’objet en matière d’accès aux terres et au logement. Cette nouvelle loi est par ailleurs un obstacle supplémentaire à une véritable solution à deux Etats – comme si cela était nécessaire. Les dirigeants palestiniens se sont toujours opposés à la reconnaissance d’Israël comme ‘Etat juif’ posée comme condition à des négociations par le Premier ministre israélien. Cette loi ne fait que confirmer à quel point cette opposition est fondée.»

 
 
 
 
 
             
 
 
   
 

     
 
   
 
 
 
     
 
 
 
 
             
 
   
 
 
     
 
   
 
 
 
     
                 
 
     
 
     
 
   
 
 
 
     
                 
 
     
 
     
 
   
 
 
 
   

Attaque de Boko Haram au Tchad:
des hommes tués et des femmes enlevées

Vue du lac Tchad (juillet 2016), illustration.
© SIA KAMBOU / AFP

Au Tchad, plusieurs personnes ont été tuées, dans la soirée du jeudi 19 juillet, sur la rive nord du lac Tchad, côté Tchad et non loin du Niger, lors d’une attaque du groupe islamiste Boko Haram. Une dizaine de paysans ont été égorgés et des femmes ont été enlevées.

L’attaque a eu lieu jeudi soir. C’est à la tombée de la nuit, sous une pluie battante, que les éléments de Boko Haram ont attaqué des paysans dans un petit village près de Daboua, à la frontière entre le Tchad et le Niger.

Une dizaine de personnes ont été massacrées au couteau. « Ils ont été égorgés », confirme le gouverneur de la région du lac, qui s’est rendu sur place.

Une dizaine de femmes ont aussi été « emportées par les assaillants qui sont repartis de l’autre côté de la frontière », précise une source militaire, qui indique qu’une opération a été déclenchée pour retrouver les victimes.

Les autorités du lac pointent l’imprudence des paysans, qui se seraient hasardés hors des zones sécurisées, sans doute à la recherche de champs où ils pourront cultiver pendant l'hivernage.

Cette attaque est la première depuis le début de l’été. La dernière remonte au 6 mai, quand les insurgés ont attaqué un poste avancé de l’armée tchadienne, faisant six morts et trois blessés.