Actualités

Ce voyage est proposé à un petit groupe de jeunes au cours du mois d'août 2018. Il n'est peut-être pas encore trop tard ?
Pour en savoir plus, consulter le lien suivant (lire la suite)

Burkina Faso: début de l’interrogatoire
des accusés du coup d’Etat de 2015

Le palais de justice de Ouagadougou, au Burkina Faso (image d'illustration).
© AHMED OUOBA / AFP

Au Burkina Faso, après plusieurs mois de débat sur les procédures, le procès du coup d'état du 16 septembre 2015 est entré dans le vif du sujet. L'interrogatoire des accusés a commencé, vendredi 29 juin, et c'est le sergent-chef Mohamed Lawoko Zerbo qui était  le premier à se présenter à la barre. Considéré, par les autorités actuelles, comme étant l'un des noyaux des soldats qui avaient organisé le putsch, il s'était réfugié pendant quelques mois en Côte d'Ivoire, avant d'être arrêté et extradé par les autorités ivoiriennes. Face au tribunal, l'ex-instructeur commando nie toute participation à l'enlèvement et la séquestration des membres du gouvernement de la transition.

Après avoir rappelé toutes les charges retenues contre lui, le président du tribunal demande au prévenu s’il reconnait les faits. « Je ne reconnais pas les faits », répond sèchement le sergent-chef Mohamed Zerbo. « Alors dites-nous ce que vous savez », réplique le président du tribunal. « Le 16 septembre 2015, je partais pour la prière lorsque j’ai été rappelé par le sergent-chef Roger Koussoubé pour me dire de revenir au garage de la présidence et j’y ai trouvé plusieurs militaires », raconte l’ex-sous-officier de l’ancienne Garde présidentielle avant d’expliquer que, plus tard, il a « reçu l’ordre de surveiller le côté ouest du palais présidentiel » en compagnie d’un autre sous-officier.

 

Que deviez-vous alors observer du côté ouest du palais présidentiel si vous ne saviez pas qu’il y aurait un enlèvement et séquestration des membres du gouvernement ? », poursuit le procureur. Le sergent-chef déclare qu’il n’a rien observé d’anormal depuis son poste. « J’ai juste vu des fleurs, des arbres et la nature. C’est pratiquement le lendemain que j’ai appris, à travers les ondes, que des membres du gouvernement avaient été arrêtés », précise le sergent-chef Mohamed Zerbo.

Malgré les multiples questions du parquet et des avocats des parties civiles, le sous-officier est resté sur sa position jusqu’à la suspension de son interrogatoire qui reprend ce samedi 30 juin.

 

Sommet de l’Union africaine en Mauritanie:
Moussa Faki Mahamat donne le coup d’envoi

Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’Union africaine.
© Flickr/CC/Chatham House/©Suzanne Plunkett 2017

En Mauritanie, à Nouakchott, où s’est ouvert ce jeudi matin, le conseil exécutif de l’Union africaine. Une réunion de deux jours qui réunit les ministres des Affaires étrangères du continent. L’occasion pour le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, de donner le « La » aux travaux des ministres. Ses deux priorités : la lutte contre la corruption et les réformes de l’UA.

Première priorité pour Moussa Faki Mahamat : éradiquer la corruption. « L’Afrique perd 50 milliards de dollars par an du fait des flux illicites », s’inquiète le président de la Commission de l’UA. Moussa Faki Mahamat prône une gestion exemplaire des finances de l’UA, fondée selon ses mots, « sur la reddition des comptes des plus transparentes ».

« Je m’engage à renforcer la gouvernance en interne de notre institution », insiste Moussa Faki Mahamat. Une phrase qui a toute son importance : on se souvient de la démission, il y a une dizaine de jours, d’un membre du conseil consultatif de lutte contre la corruption. Le Ghanéen Daniel Batidam, dans sa lettre du 8 juin dernier, dénonce la mauvaise gouvernance et des abus de pouvoir constatés au sein même de la Commission de l’Union africaine.

Autre préoccupation : les réformes de l’UA conduites par le président rwandais, Paul Kagamé. Moussa Faki Mahamat encourage les Etats à appliquer la taxe sur les produits importés, seule manière, selon lui, de financer l’institution qui dépend largement des donateurs étrangers. L’idée, c’est aussi d’encourager les Etats à adhérer à la zone de libre-échange sur le continent, de favoriser la libre circulation des personnes.

Deux programmes phares, surtout évoqués par Louise Mushikiwabo, qui assure la présidence du conseil exécutif de l’UA. La ministre rwandaise des Affaires étrangères, qui est aussi en campagne pour diriger l’Organisation de la francophonie, veut « définir des relations gagnant-gagnant » entre l’Afrique et l’Europe.

Pékin organise le premier forum sino-africain
sur la défense et la sécurité

La Chine dispose de la première armée du monde en termes d'effectifs, avec 2 millions d'hommes sous les drapeaux.
© REUTERS/Stringer

Le Forum sino-africain sur la défense et la sécurité a commencé à Pékin ce mardi 26 juin. Premier forum du genre, il illustre l’influence grandissante de la Chine en Afrique, y compris désormais sur le plan militaire.

Avec notre correspondant à Shanghai, Simon Leplâtre

Vendre des armes, former des militaires, financer les armées : la Chine ne s’en cache pas, le Forum sino-africain sur la défense et la sécurité, organisé par le ministère de la Défense chinois, a pour but de renforcer les liens militaires avec l’Afrique.

Pendant 15 jours, les responsables chinois et africains de la Défense vont échanger à Pékin autour de thèmes comme la sécurité régionale ou la coopération sino-africaine en matière de sécurité.

Les responsables africains seront aussi invités à des démonstrations des armées chinoises. Un bon moyen de tisser des liens solides avec des militaires africains qui sont déjà régulièrement invités par la Chine à des formations techniques, entièrement financées par Pékin.

Un élément de plus dans une stratégie d’influence chinoise en Afrique, qui passe à la fois par des investissements dans les infrastructures, et de plus en plus, par des liens militaires. En 2017, la Chine a inauguré sa première base militaire sur le continent africain, à Djibouti.

La Chine s’impose aussi comme un acteur important des ventes d’armes en Afrique, n’hésitant pas à offrir des armements en cadeau à des pays amis, démocratiques ou dictatoriaux.

Mgr Pier Giacomo Grampa avec le Père Gérard Chabanon à la sortie de la basilique de Saint-Maurice  | ©  Jacques Berset
Suisse
Mgr Pier Giacomo Grampa avec le Père Gérard Chabanon à la sortie de la basilique de Saint-Maurice | © Jacques Berset (Voir à la suite de ce texte l'interview du père Gérard Chabanon, provincial d'Europe)

17e Pèlerinage aux saints d'Afrique: Saint-Maurice vibre aux sonorités du continent noir

04.06.2018 par Jacques Berset, cath.ch

L’église Saint-Sigismond et l’Abbaye de Saint-Maurice, en Valais, ont vibré dimanche 3 juin 2018 aux sonorités de l’Afrique dans une ambiance colorée et festive peu habituelle en ces lieux sacrés. Egayant de leurs chants la Grand-Rue de Saint-Maurice d’Agaune, les pèlerins se sont rendus en procession à la basilique pour assister à la messe présidée par Mgr Pier Giacomo Grampa, évêque émérite de Lugano.

Près de 350 personnes, essentiellement des Africains venus de Romandie et de Suisse alémanique, mais également des Haïtiens de Genève, ont participé à la 17e édition du désormais traditionnel Pèlerinage aux saints d’Afrique. L’événement, intitulé “Le courage d’une foi engagée”, était consacré cette année à saint Charles Lwanga et ses 21 compagnons martyrs de l’Ouganda, mis à mort le 3 juin 1886 par le roi Mwanga. Lors de cette persécution des chrétiens ougandais, 22 catholiques et 23 anglicans furent martyrisés pour avoir refusé de renier leur foi.

“Je rêve d’un monde sans guerre et sans frontières…”

Accueillis en matinée par “l’hymne du pèlerinage” – “Je rêve d’un monde, je rêve d’un monde sans guerre et sans frontières… Je marche pour la paix” – les participants ont pu entendre le témoignage du Père Gérard Chabanon, qui fut supérieur général des Pères blancs de 2004 à 2010, mais aussi missionnaire en Tanzanie et en Ouganda. Grand connaisseur de la vie des martyrs ougandais, il a rappelé que “le sang des martyrs est la semence de nouveaux chrétiens”, en rappel des paroles de Tertullien, figure emblématique de la communauté chrétienne de Carthage dans les premiers siècles.

https://www.cath.ch/wp-content/uploads/sites/3/2018/06/Africanum-Fribourg-Statue-de-Denis-Ssebuggwawo-chrétien-

Africanum Fribourg Statue de Denis Ssebuggwawo, chrétien ougandais martyrisé par le roi Mwanga II | © Jacques Berset

Le missionnaire a relevé qu’avant l’arrivée des Pères blancs en Ouganda, l’islam était déjà présent dans le pays et que les anglicans venaient d’arriver. Le premier chrétien a été condamné à mort et exécuté en 1885. A environ 25 ans, Charles Lwanga, chef des pages à la cour du roi, a baptisé certains de ses frères, les encourageant à garder leur foi, malgré le sort qui les attendait. Le 3 juin 1886, 32 jeunes hommes, pages de la cour du roi Mwanga II de Buganda, furent brûlés vifs à Namugongo, dans la banlieue de Kampala. “Ils ont ensemencé la foi chrétienne dans toute la région”, a-t-il lancé.

Les martyrs d’Ouganda fécondent toute la région

“Ce dimanche 3 juin, il y a au moins un million de pèlerins à Namugongo. La dévotion aux martyrs de l’Ouganda, canonisés par le pape Paul VI le 18 octobre 1964, vers la fin du Concile, ne faiblit pas. Ils viennent de tous les diocèses d’Ouganda, certains de pays voisins. Ils peuvent marcher une semaine, dix jours, quinze jours… Ils font une véritable démarche de pèlerinage, s’avançant en priant vers le lieu du martyre!” Après l’enseignement donné par le Père Chabanon, un bon nombre de pèlerins ont reçu le sacrement de la réconciliation.

https://www.cath.ch/wp-content/uploads/sites/3/2018/06/Photo-des-martyrs-de-lOuganda-Charles-Lwanga-numéro-13-et-ses-compagnons-moins-dun-

Les martyrs de l’Ouganda moins d’un an avant leur mort. Charles Lwanga porte le numéro 13 Source: photothèque des Pères Blancs, Rome

Saluant les pèlerins, Mgr Grampa a su trouver les mots pour les enthousiasmer, lui qui est un grand ami de l’Afrique. Depuis plus de deux décennies, il se rend régulièrement en Ethiopie, où il soutient des projets menés par les salésiens et les capucins. Suscitant les you-you de la foule, il les a incités à continuer à “danser la danse de la vie, en suivant la musique de la vie, qui n’est autre que Jésus!”

“Dansez la danse de la vie!”

Avec son langage imagé et chaleureux, l’évêque émérite de Lugano a souligné que Jésus n’était de loin pas “une antiquité” ou une valeur périmée. Il a alors appelé les fidèles rassemblés près de la chapelle des martyrs qui contient les reliques de saint Maurice – et également celles de Charles Lwanga, qui étaient il y a quelques années dans la chapelle de l’Africanum à Fribourg – à suivre ses commandements faits d’amour, de générosité, de don de soi mais également de sacrifices.

https://www.cath.ch/wp-content/uploads/sites/3/2018/06/Eglise-St-Sigismond-Les-chorales-africaines-savent-louer-le-

Eglise St-Sigismond Les chorales africaines savent louer le Seigneur dans la joie | © Jacques Berset

Pour la première fois, parmi les chorales africaines de Suisse ayant fait le déplacement en Valais, la chorale africaine Saint-Augustin de Moutier était présente, accompagnant les habitués: la Chorale africaine de Fribourg (CAF), le Cantique des Anges et la Chorale Erythréenne de Fribourg, la Chorale Afrika’s friends of Jesus (Genève), celles de Notre-Dame de Neuchâtel, de Bonne Espérance (des Capverdiens de Romont et Moudon), de la Sainte-Famille (Zurich), de St-Joseph (Jura) et du Sacré-Cœur (Bâle).

Un monde de diversités

Dans l’église, sur la place de pique-nique où se sont échangés les recettes culinaires et les plats régionaux, et dans la rue, alternaient tour à tour des chants en langues bassa et bafang du Cameroun, en créole du Cap Vert, en tigrinya d’Erythrée, puis en kikongo et en tshiluba, de la République démocratique du Congo, en éwé du Togo, et finalement en beti du Cameroun. Au moment de se quitter et de monter dans les bus, les pèlerins s’échangent leurs adresses et se donnent rendez-vous à l’année prochaine, une nouvelle fois sur les lieux du martyre de saint Maurice et de ses compagnons, pour renouveler leur engagement de foi. (cath.ch)

Remerciements adressés au chanoine Michel-Ambroise Rey, président sortant de l'association du Pèlerinage aux saints d'Afrique | © Jacques Berset

Remerciements adressés au chanoine Michel-Ambroise Rey, président sortant de l'association du Pèlerinage aux saints d'Afrique | © Jacques Berset

La chorale érythréenne de Fribourg | © Jacques Berset
 
La chorale érythréenne de Fribourg | © Jacques Berset
Les pèlerins africains dans les rues de Saint-Maurice | ©  Jacques Berset

Les pèlerins africains dans les rues de Saint-Maurice | © Jacques Berset
 
Les pèlerins africains dansent avec le chanoine Gilles Roduit, curé de Saint-Sigismond | © Jacques Berset

Les pèlerins africains dansent avec le chanoine Gilles Roduit, curé de Saint-Sigismond | © Jacques Berset
Beaucoup de pèlerins sont venus à Saint-Maurice en famille | © Jacques Berset

Beaucoup de pèlerins sont venus à Saint-Maurice en famille | © Jacques Berset

Les chorales africaines arborent des tuniques portant un message spirituel   | © Jacques Berset

Les chorales africaines arborent des tuniques portant un message spirituel | © Jacques Berset

 
Interview du père Gérard Chabanon
 
Fribourg  Père Gérard Chabanon, Provincial d'Europe et ancien Supérieur général des Pères Blancs, à l'Africanum, | © Jacques Berset
Suisse
Fribourg Père Gérard Chabanon, Provincial d'Europe et ancien Supérieur général des Pères Blancs, à l'Africanum, | © Jacques Berset

Alors qu'ils fêtent leurs 150 ans, les Pères Blancs prennent des couleurs

23.06.2018 par Jacques Berset, cath.ch

Fondée en 1868 par le cardinal français Charles Lavigerie, archevêque d’Alger, pour l’apostolat auprès des musulmans, la Société des Missionnaires d’Afrique marque cette année les 150 ans de son existence. Rencontre avec le Père Gérard Chabanon, supérieur général des Pères Blancs de 2004 à 2010 et actuel provincial d’Europe des Missionnaires d’Afrique à Bruxelles.

Alors qu’ils vont fêter leurs 150 ans en inaugurant leur année jubilaire le 8 décembre prochain, les Pères Blancs prennent des couleurs, démographie oblige, plaisante Gérard Chabanon. Si, dans le passé, la Société des Missionnaires d’Afrique a regroupé jusqu’à 4’000 membres, elle n’en compte plus aujourd’hui qu’environ 1’200, et la relève se fait essentiellement dans les pays du Sud.

Les Pères Blancs occidentaux n’ont plus de relève

“A quelques exceptions près, les derniers candidats en Europe occidentale… cela remonte à 30 ans! Toutes nos maisons de formation sont en Afrique, à part celle de Jérusalem. Notre fondateur était prophétique: il disait que l’évangélisation des Africains se ferait par les Africains”, note l’Auvergnat, né le 5 mars 1948 à Vals-près-le-Puy en Haute-Loire. Cath.ch l’a rencontré à Fribourg, à l’Africanum, où il avait effectué son noviciat en 1970-1971.

Grand connaisseur de l’Afrique – missionnaire en Tanzanie de 1976 à 1996, puis en Ouganda de 2011 à 2017 – le Père Chabanon a été supérieur général des Pères Blancs à Rome de 2004 à 2010. Les Missionnaires d’Afrique sont actifs dans plus de 200 communautés présentes dans 42 pays, dont 22 en Afrique. Actuellement, les Pères Blancs appartiennent à  36 nationalités, avec une moyenne d’âge proche des 68 ans.

Le vieillissement se fait surtout sentir dans les pays occidentaux, où il n’y a quasiment plus de vocations, tandis que plus de 250 jeunes confrères sont originaires des pays du Sud (Afrique, Asie et Amérique latine). Plus de 400 étudiants sont en formation dans les centres au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en RDC, en Ouganda, au Kenya, en Zambie et en Afrique du Sud.

https://www.cath.ch/wp-content/uploads/sites/3/2018/06/Le-Père-Gérard-Chabanon-avec-Soeur-Claire-à-Saint-Maurice-lors-du-Pèlerinage-aux-saints-dAfrique-Jacques-Berset-600x338.jpg 600w, 

Le Père Gérard Chabanon avec Soeur Claire à Saint-Maurice lors du Pèlerinage aux saints d’Afrique | © Jacques Berset

Des missionnaires inculturés

Il rappelle que les Pères Blancs doivent ce nom au fait que la nouvelle société missionnaire avait pris l’habit arabe à ses débuts parmi la population algérienne: la gandoura, le burnous et la chéchia, avec comme signe religieux un rosaire porté autour du cou comme collier.

En effet, pour Mgr Charles Lavigerie, ces nouveaux missionnaires devaient parler la langue des populations locales, manger leur nourriture, porter leur habit. Très vite, Lavigerie veut que la Bonne Nouvelle soit apportée au-delà des frontières algériennes, l’Algérie n’étant pour lui qu’une porte ouverte sur le continent noir. C’est ainsi que les premières caravanes partirent pour l’Afrique centrale en mars 1878.

La rencontre avec les musulmans plus que jamais d’actualité

A l’origine, selon la volonté du fondateur, le premier but des Missionnaires d’Afrique est de tisser des liens de fraternité dans le monde musulman. La société missionnaire estime aujourd’hui plus que jamais que l’avenir de la planète est dans la rencontre et la prise en compte respectueuse des diverses traditions religieuses.

Depuis quelques années, déclare-t-il, l’influence djihadiste se fait sentir dans une grande partie de l’Afrique, avec des attentats sanglants dans plusieurs pays. Boko Haram sévit au Nigeria et dans les régions frontalières du Tchad, du Cameroun et du Niger. Les shebabs somaliens, qui contrôlent de vastes zones rurales en Somalie, commettent aussi des attentats au Kenya contre des bus ou, comme en avril 2015, contre l’Université de Garissa, une attaque qui a fait plus de 150 tués.

Les jeunes sans travail, cibles faciles des djihadistes

Dans ce pays, où la présence somalienne est très importante, les groupes terroristes peuvent facilement recruter des jeunes sans travail, et ainsi organiser des attentats. En Ouganda, pays que le Père Chabanon a quitté le 30 juin 2017, le gouvernement du président Yoweri Museveni est depuis longtemps très vigilant.

“Le pays est très surveillé, car les autorités ont pris conscience de l’existence de ce danger. Des cellules djihadistes ont été découvertes, mais il y a des cellules dormantes, qui pourraient agir en tout temps. Certaines ont été repérées à Kampala, des gens qui vivaient en cercle totalement fermé. De plus, les frontières sont poreuses, des groupes armés se déplacent depuis les pays voisins, comme les ‘Forces démocratiques alliées’, un mouvement djihadiste qui a commis des massacres dans la région du Beni-Butembo, en République démocratique du Congo. A la base, ce sont des Ougandais…

https://www.cath.ch/wp-content/uploads/sites/3/2018/06/Des-rencontres-entre-les-communautés-pour-renforcer-lamitié-Jacques-Berset-600x338.jpg 600w, https://www.cath.ch/wp-content/uploads/sites

Des rencontres entre les communautés pour renforcer l’amitié | © Jacques Berset

Avant les djihadistes, il n’y avait pas de conflits religieux au Burkina Faso

En Afrique de l’Ouest, depuis le Mali et le Niger, des groupes djihadistes opèrent dans le Sahel au nord du Burkina Faso, ce qui a provoqué la fermeture de nombreuses écoles et une vague de réfugiés. Un directeur a été tué, ainsi que des enseignants et des élèves. Plusieurs écoles ont été brûlées depuis 2017, et plus de 200 établissements ont été fermés. “Avant l’apparition de ces mouvements, il n’y avait pas de conflits religieux au Burkina Faso !”

Dans d’autres régions, des prédicateurs répandent l’idéologie wahhabite et leur influence se voit par exemple dans la tenue vestimentaire ou dans le sectarisme de leurs discours et attitudes. “On voit de plus en plus de femmes portant un voile intégral…” Le Père Chabanon relève dans ce contexte l’influence grandissante de l’Arabie Saoudite, qui finance largement la construction de mosquées, d’hôpitaux, sans compter l’octroi de bourses d’étude.

La meilleure arme contre l’extrémisme: l’éducation !

Dans certaines régions d’Afrique, la violence est devenue “tentaculaire et multiforme”, empoisonnant l’atmosphère. “Cette ambiance n’est pas favorable au dialogue interreligieux et suscite la méfiance de certains leaders religieux chrétiens. Il y a une crispation, une perte de confiance alimentée par les attentats terroristes qui engendrent la suspicion”.

Mais le missionnaire d’Afrique refuse le fatalisme, car il y de nombreuses initiatives de gens courageux, qui organisent des rencontres entre les communautés. “La réponse au terrorisme n’est pas seulement militaire, mais avant tout culturelle. Le remède, c’est l’éducation !” Dans le cadre de leurs engagements pour la justice et la paix, les Pères Blancs animent en Afrique plusieurs centres qui travaillent dans ce but et qui font le lien avec le dialogue interreligieux et interculturel. (cath.ch/be)