Actualités

Europe-Afrique: vers un nouveau partenariat ?

Une vue générale montre la vieille ville et le château de Salzbourg, en Autriche le 18 septembre 2018. L'Autriche va abriter un sommet européen sur la crise migratoire, REUTERS / Leonhard Foeger

La crise migratoire est à nouveau à l'ordre du jour de l'agenda européen, avec le sommet qui commence ce soir à Salzbourg en Autriche. Les 28 parleront de ce qui les divise encore: la gestion des flux, mais aussi des solutions de long terme pour aider les pays d'origine à se développer. L'Europe veut renforcer ses relations économiques avec son voisin africain.

Les Européens multiplient les appels du pied vers l'Afrique ces derniers temps. Le Premier ministre autrichien Sebastian Kurz qui assume en ce moment la présidence de l'Union propose un nouveau sommet consacré au développement de l'Afrique avant la fin de l'année. La semaine dernière le président de la Commission Jean-Claude Juncker a fait sensation avec son projet de nouvelle alliance avec l'Afrique pour des investissements et des emplois durables. Il promet 10 millions d'emplois. Enfin, à titre individuel, les chefs de gouvernements européens sont de plus en plus présents en Afrique. Angela Merkel est l'une des plus actives. Elle était en Algérie cette semaine après avoir effectué une tournée au Sénégal, au Ghana et au Nigeria. Des visites où la question des migrations et celle des affaires sont toujours mêlées.

Comment se portent les relations économiques entre les deux continents ?

En volume elles sont impressionnantes. L'Europe est de loin le premier partenaire commercial de l'Afrique, le montant des échanges (c'était 286 milliards d'euros en 2015), est environ deux fois important qu'entre la Chine et l'Afrique. L'Europe est aussi le premier investisseur, le premier bailleur. Les relations sont denses mais elles tendent à s'essouffler. « La dynamique est décevante » déplore l'Union africaine dans son bilan économique de l'accord de Cotonou. Tandis que le commerce avec la Chine connaît toujours une croissance annuelle vigoureuse. L'Union africaine attend d'ailleurs beaucoup de la renégociation de cet accord de Cotonou signé en 2000 et qui arrive à échéance en 2020.

La révision de cet accord pourrait servir de base pour renouveler les relations entre l'Afrique et l'Europe ?

Le préalable de l'accord de libre échange ébauché par Jean-Claude Juncker est la réalisation des accords de partenariats économiques (APE) qui découlent de Cotonou, donc les deux sont liés. Or on voit bien aujourd'hui que ces APE ne suscitent pas l'enthousiasme des Africains ; un grand pays comme le Nigeria le rejette. C'est le cas aussi de la Tanzanie. Seul l'accord signé avec les pays d'Afrique australe, dont l'Afrique du sud, est aujourd'hui effectif. L'accord de Cotonou qui régit l'ensemble des relations entre les deux continents -politiques, sécuritaires, commerciales- pourrait servir de base à condition d'être revu de fond en comble, car beaucoup d'éléments sont contestés par les dirigeants africains. Notamment le lien entre aide au développement et respect des droits de l'homme. Il faudrait aussi revoir son périmètre puisque l'accord actuel concerne aussi le Pacifique et les Caraïbes.

Dans quel état d'esprit les pays africains abordent-ils ces négociations ?

Avec détermination. Et avec beaucoup plus d'assurance qu'en 2000, car leur continent a beaucoup changé. Il est en train d'organiser son marché intérieur avec la toute nouvelle Zone de libre échange continentale ratifiée cette année. Et c'est aussi une région de plus en plus convoitée par des pays à la recherche de nouveaux débouchés. Il y a la Chine bien sûr, et bien d'autres encore. Et il y aura bientôt le Royaume Uni qui compte sur les pays du Commonwealth pour relancer son commerce après le Brexit. Les Africains sont donc en bien meilleure position que par le passé pour négocier un accord « d'égal à égal ». Cela tombe bien, c'est ce qu'a promis Jean-Claude Juncker.

Le vent puissant de Toofan

 toofan

Toofan © Fifou
 

Avec son tout nouveau disque, Conquistadors, signé chez Universal, le duo Toofan, made in Togo, s’apprête à conquérir la planète entière avec ses tubes et chorégraphies épidémiques. Déjà stars en leurs pays et dans toute l’Afrique de l’Ouest, Master Just et Barabas veulent hisser haut l’étendard de leur pays et l’énergie de leur continent. Une tornade singulière et irrésistible.

Rien, a priori, ne semble pouvoir arrêter la tornade tout feu Toofan, made in Togo, labellisé "duo le plus chaud d’Afrique" : une épidémie sévère. Depuis leur formation, en 2005, les deux acolytes Masta Just et Barabas raflent la mise à tous les coups, collectionnant records – un milliard de vues sur Youtube – et récompenses – Best Francophone MTV Africa Music Awards 2014, etc. 

Dès l’origine, leurs tubes et leurs chorégraphies dangereuses ("gweta", "cool-catché", "teré") secouent les bassins et les guiboles de toute l’Afrique de l’Ouest. Loin, pourtant, de se satisfaire de leur succès, ceux que l’on surnomme "les fils du vent" cherchent aujourd’hui à attaquer de nouvelles contrées : de vraies machines de guerre ! "On n’est jamais rassasiés !", assume Barabas. 

Le titre de leur dernier disque, signé chez Universal, Conquistadors, donne le ton : "on part à la conquête de nouveaux fans, de nouveaux territoires… du monde entier !", complète-t-il, en toute humilité. Après tout, le succès leur a toujours souri : "On fait carton plein ! Ce n’est pas pour jouer les vantards, c’est une réalité !" 

Un hymne pour le foot

Parce qu’ils ont abordé leur carrière côté "chance", Master Just se remémore avec une tendresse particulière leur première victoire, assurément "la plus belle" : "C’était en 2005, on était élèves et footballeurs en herbe. Cette année-là, les Éperviers (ndlr : l'équipe nationale togolaise) donnaient de la joie à tout un peuple. On a donc eu cette idée de composer un morceau à leur gloire. Chaque fois qu’ils gagnaient, notre chanson prenait de la cote. Et inversement, certains considéraient notre ‘hymne’ comme un fétiche pour les footballeurs. Du coup, c’est devenu un hit national, qu’on a chanté devant 30 000 personnes"

Avant ce coup d’envoi, il y a une histoire : celles de deux gamins qui traînent dans le même quartier résidentiel de Tokoin séminaire, à Lomé. Flashback. Barabas se rappelle : "On se connaît depuis l’âge de 11 ans. Je venais de déménager ici avec mes parents. J’étais le petit nouveau. J’habitais à deux pas de chez Master Just. On a commencé à squatter ensemble. D’abord, on jouait au foot. Puis on s’ambiançait avec le son dans le quartier, en tapant sur des casseroles." 

"Moi, je grattais aussi la guitare pour m’amuser, poursuit son acolyte. Puis j’ai commencé à fréquenter un minuscule studio avec uniquement un ordinateur et un micro à deux euros : un jouet !" Surtout, les deux garçons partagent la même passion, obsessionnelle, pour le film indien Toofan : "Le héros vient sauver des peuples persécutés. Avant son arrivée, des vents l’annoncent, comme pour signifier :'Toofan est dans la place !'. On l’a regardé au moins 2000 fois !", jubilent-ils. 

Aux couleurs du Togo

Si les deux garçons gardent – à peu près – la tête froide après leur tourbillon de succès, c’est peut-être aussi parce que, comme leur modèle cinématographique, ils portent des causes qui les dépassent. En premier lieu, ils élèvent haut les couleurs de leur petit pays. "Aujourd’hui, quand on dit Toofan, on pense Togo ! C’est notre fierté ! On peut dire aux jeunes Togolais que le rêve est possible !", se réjouit Barabas. 

À l’adolescence, les deux amis peinent d’ailleurs à situer leur pays sur la mappemonde musicale, comme l’exprime Master Just : "On a longtemps été en quête de notre identité ‘moderne’ : on écoutait du zouglou, du coupé-décalé ivoirien... On était colonisés par le son des voisins. Il n’y avait aucun artiste togolais célèbre…"

Pour construire le son de leurs tubes, les Toofan s’appuient sur le cœur musical traditionnel de leur pays, et l’habillent de couleurs et d’influences burkinabè, ivoiriennes, etc. : une afro-fusion enthousiasmante. Ainsi séduisent-ils d’emblée les pays frontaliers. Et les voici en train de se hisser en porte-étendard de l’Afrique toute entière, d’une Afrique jeune, prête à en découdre avec l’avenir, d’une Afrique dynamique qui rêve et qui vibre. 

"À la base, on n’avait pas Internet, donc on ne savait pas ce qui se passait dans chaque pays du continent, dit Barabas. Aujourd’hui, grâce au web, les gens comprennent que l’Afrique a un potentiel de dingue, en matière de danse, de musique, de peinture, de gastronomie…". "L’occident nous regarde désormais, renchérit Master Just. Avec la mondialisation, tout a été tellement exploité, uniformisé, qu’il cherche des vibrations différentes." 

Ballon rond et musique

Pour les deux, la force de l’Afrique passe par ces deux armes – le foot et la musique. Master Just explique : "Ce sont les comprimés, la pharmacie. Ils guérissent tous les maux". "Ils relèvent tous deux de la même ferveur, ajoute Barabas. Le public jubile devant son artiste préféré ou son équipe nationale ! Ce sont deux phares qui donnent de l’espoir et rapprochent les gens. Dans les deux cas, tu dépasses tes dissensions raciales, politiques, tu enterres les haches de guerre ! En 2006, lorsque la Côté d’Ivoire a été qualifiée pour la Coupe du Monde, Didier Drogba et son équipe ont demandé aux leaders ivoiriens de déposer les armes. Ce qu’ils ont fait…"

Comme leurs héros, le duo voit grand. "On aimerait finir comme des légendes : Bob Marley ou Michael Jackson", conclut Barabas. Tout simplement. Rien ne les arrête… 

Toofan Conquistadors (Capitol) 2018
Page Facebook de Toofan

Wim Wenders :

“Le courage du pape est contagieux”

  Le cinéaste allemand Wim Wenders et le pape François

Le cinéaste allemand Wim Wenders et le pape François © 2018 Universal Studios

Le cinéaste allemand Wim Wenders ne cache pas « l'extraordinaire privilège » d'avoir tourné le documentaire Le pape François, un homme de parole , en salles le 12 septembre. Il dévoile les coulisses du tournage et exprime sa profonde admiration pour le Saint-Père.

À propos de l'article

  • Créé le 11/09/2018
  • Publié par :Pierre-Olivier Boiton
  • Édité par :Sabine Harreau
  • Publié dans Pèlerin
    n°7085 du 13 septembre 2018

Fin 2013, le Vatican vous sollicitait pour filmer le pape François. Comment avez-vous accueilli la demande ?

La proposition m'est parvenue sous forme de lettre, à mon bureau de Berlin. J'ai bien sûr été assez étonné. On ne reçoit pas souvent un courrier du Vatican (sourire). La lettre n'était pas formulée par l'institution en tant que telle, mais par Mgr Dario Vigano, un très proche collaborateur du pape, à l'époque préfet du Secrétariat pour la communication. C'est un homme qui a beaucoup étudié et écrit sur le cinéma. Il y a longtemps, j'ai même fréquenté son ciné-club, à Rome. Je ne m'en souvenais pas mais lui ne l'avait pas oublié…

Vous avez mis du temps à accepter ?

Quand la lettre est arrivée, je me suis remémoré la première apparition de François au balcon de Saint-Pierre. Il m'a semblé d'emblée fort sympathique et prometteur. Oser s'appeler François, c'était fort. Dans mon éducation de jeune catholique, François d'Assise avait frappé mon imaginaire d'enfant : l'homme qui parle aux oiseaux, qui appelle toute la Création « frère » et « sœur », qui est devenu pauvre de sa propre volonté… À mes yeux, c'était un héros, un révolutionnaire, même. Tout cela a avivé ma curiosité. Je me suis donc rendu à Rome, avec toutefois la crainte qu'on me propose un film de commande. Fort heureusement, ce n'était nullement l'intention de Mgr Vigano. Au contraire, il m'a laissé carte blanche pour un travail qui devrait être financé, produit et distribué indépendamment. J'ai donc accepté.

Après vos précédents documentaires, vous changez totalement de registre…

En effet ! C'était une tout autre responsabilité de faire un film avec le pape. Et le fait que le Vatican m'ait laissé les coudées franches faisait peser sur mes épaules une plus lourde responsabilité. Je ne voulais pas d'un film biographique : la culture « people » m'agace plutôt. Ni d'un film d'opinion, avec des commentaires sur l'action du pape. Mon projet n'était pas un film « sur » lui mais « avec » lui. Enfin, avec la sobriété qui caractérise François, je ne pouvais pas non plus faire un film à gros moyens ou en « 3 D » (rires). J'ai annoncé que je ferai du cinéma « pauvre ».

Le pape vous connaissait-il ?

Il m'a fait comprendre qu'il avait entendu parler de moi, mais qu'il n'avait vu aucun de mes films. Ça ne m'a pas dérangé. Je trouvais même presque normal que le cinéma ne soit pas son « truc », puisque c'est un homme qui est très fort dans la rencontre et qui préfère certainement les vrais gens aux images des gens.

Votre documentaire prend parfois des allures de causerie intime avec le pape…

J'ai réalisé combien c'était une chance incroyable d'être en face à face avec le pape François. J'ai filmé nos échanges de telle sorte que le public n'en soit pas simplement spectateur, qu'il se sente « les yeux dans les yeux » avec lui. Sinon, le film aurait beaucoup perdu de son impact.

Parlez-nous de l'atmosphère du tournage. Le pape est-il chaleureux, comme on le voit à la télévision ?

Chaque fois qu'il arrivait ou repartait du plateau, il était sans garde du corps ni entourage. Il saluait chacun personnellement, sans faire de différences entre producteur, metteur en scène, électriciens ou assistants. À la fin, toute l'équipe avait l'impression de le connaître tant il était cordial, spontané et plein d'enthousiasme. Ce pape a un don insensé pour le contact direct.


001-PFAMOHW-Wenders

Le pape François en plein tournage lors d'une des quatre interviews qu'il a accordées à Wim Wenders.
© 2018 Universal Studios

Qu'avez-vous appris sur lui, à travers ce compagnonnage ?

J'ai découvert son grand sens de l'humour. C'était important de le faire converser en espagnol, sa langue maternelle. Même si je riais quelquefois avec retard, mon espagnol étant un peu « rouillé » ! J'ai aussi pris conscience de son extraordinaire ouverture aux autres religions, dans une totale absence de prosélytisme. Il nous considère tous frères. Pour moi, c'est un signal sans équivoque alors que la volonté « missionnaire » de l'Église a pu constituer jusque-là une ambiguïté.

Et qu'avez-vous appris sur vous-même, à travers lui ?

L'optimisme et l'énorme courage du pape – plus que ça, son absence de peur – sont contagieux, même quand il aborde des sujets durs. Les huit heures d'interview, les deux ans passés sur la table de montage à le voir et à l'écouter, presque chaque jour, ont eu un profond effet sur moi. J'ai appris à ne plus avoir peur. Enfin, presque (rires).

Et sur le plan de la foi, de votre relation à l'Église ?

J'avais prévenu d'emblée Mgr Vigano que j'avais quitté l'Église catholique et que je m'étais converti au protestantisme. Il le savait et ça ne l'a pas dérangé du tout. Je me considère comme un « chrétien œcuménique ». J'ai plein d'amis protestants, issus de mes années passés aux États-Unis, au sein d'une communauté presbytérienne. Mais j'ai continué à dialoguer avec l'Église catholique. Le théologien avec qui je suis le plus en contact est le franciscain américain Richard Rohr. Il m'a été précieux pour échanger à la fin du film, puisque le Vatican ne voulait absolument pas interférer dans mon travail. J'ai aussi de nombreux amis bénédictins ou jésuites. La vie monastique m'a toujours impressionné.

Êtes-vous inquiet ou optimiste dans la capacité de François à faire changer l'Église, le monde ?

Je ne suis pas la voix du pape, je ne peux que parler pour moi. La tâche qu'il a devant lui – installer l'Église dans le XXIe siècle, au prix d'une grande transparence – est tellement énorme qu'il a conscience, à mon avis, qu'il ne peut pas faire cela tout seul. Il mesure la résistance conservatrice au sein même de l'Église. Son fameux discours aux cardinaux, en décembre 2014, sur les « quinze maladies », était une provocation nécessaire : je crois que parmi les cardinaux – j'ai étudié cette scène plus que toute autre – certains se disaient intérieurement : « Merci François, c'est pour ça qu'on t'a élu », et d'autres étaient en état de choc.

Votre documentaire peut-il aider le pape, à sa façon ?

J'espère que son cœur pur et son courage porteront jusqu'aux spectateurs. Je crois par exemple que quiconque entend le pape prononcer sa demande d'une « tolérance zéro » sur la pédophilie doit comprendre ce que cela implique : parler et n'épargner personne, en vue d'une transparence maximum. Pour cela, il a besoin de chacun, il n'arrête pas de le dire.

La sortie en salles de votre documentaire risque-t-elle de souffrir des récents scandales ?

Peut-être. De toute façon, ce film, partout dans le monde, rencontre un préjugé : « Pourquoi irais-je voir et écouter le pape durant 1 h 30 ? » Certains de mes amis n'ont pas voulu le voir, croyant par principe que ça ne pourrait pas les intéresser. Le climat actuel ne va pas arranger les choses. En revanche, les gens, catholiques ou pas, y compris athés, qui ont vu le film, sont profondément touchés. Alors que la politique n'aborde plus les vrais problèmes et que les hommes politiques agissent de plus en plus sans morale, il y a ce pape qui nous appelle, avec des mots clairs et simples, à une révolution. Une révolution morale. C'est ce dont notre monde, notre planète ont besoin. En matière d'écologie, nous avons pris tant de retard ! Je suis très heureux que le pape ait pointé cette urgence dans Laudato si'. Et en matière sociale, nous sommes encore plus en retard. Le travail de cette encyclique consiste justement à lier avec clairvoyance la question climatique et le défi de la pauvreté.

Revenons au pape. Qu'a-t-il pensé du documentaire ?

Il n'a pas encore vu le film.

Incroyable !

(Rires.) J'avoue que j'ai d'abord été un peu déçu de ne pas savoir ce qu'il en pensait. Mais je peux comprendre. Si vous faites un film sur moi, je peux vous garantir que je ne le regarderai pas. Je n'aime pas mon image et je me porte mieux quand je ne me vois pas ! Pourquoi ne pas accorder cette même liberté au pape François ?


Biographie Wim Wenders

1945 Naissance à Düsseldorf (Allemagne).

1984 Paris, Texas, palme d'or et prix du Jury œcuménique au Festival de Cannes.

1987 Les ailes du désir, prix de la mise en scène à Cannes.

1999 Buena Vista Social Club (documentaire).

2018 Le pape François, un homme de parole.

FIlm pape françois

Wim Wenders plonge le spectateur au cœur de la pensée et de l'action du Saint-Père. Un documentaire exhaustif et pédagogique, entre images d'archives, évocations de François d'Assise et séquences d'interview qui offrent un saisissant face-à-face avec le pape. 1 h 36. À partir de 13 ans. Notre avis :


En aparté

IMG-8189

C'est à Berlin, la ville dont sa caméra sublima la beauté dans Les Ailes du désir, qu'il nous reçoit. Au siège de sa société, derrière la majestueuse façade ocre et brique d'une ancienne brasserie industrielle, Wim Wenders laisse couler le flot tranquille de sa voix flegmatique, dans un français maîtrisé. Le cinéaste se plie volontiers à l'exercice du selfie, m'intimant de bien orienter le regard vers l'objectif de mon téléphone portable. Être dirigé, ne fût-ce qu'une seconde, par le grand Wim Wenders, voilà qui laisse rêveur !

Cet article pris sur le site de la revue "Le Pèlerin"

Église et homosexualité :
Pourquoi tant de malentendus ?

agrandir Église et homosexualité : Pourquoi tant de  malentendus ?
Le pape, dans l’avion qui le ramenait de Dublin (Irlande), après la Rencontre mondiale des familles, le 26 août. © Gregorio Borgia / Associated Press
 

Les propos du pape sur « l’homosexualité » et la « psychiatrie » ont déclenché une tempête. Pourquoi l’Église est-elle inaudible sur cette question ?

À propos de l'article

  • Modifié le 02/09/2018 à 12:00
  • Publié par :Agnès chareton et Félicité de Maupeou
  • Édité par :Sabine Harreau
  • Publié dans Pèlerin
    n°7084 du 6 septembre 2018

Que dit l’Église sur l’homosexualité ?

La doctrine de l’Église sur le sujet est récente puisque les principaux textes ont été élaborés entre 1975 et 2005. Le Catéchisme de l’Église catholique paragraphes 2357 et 2358), publié en 1992, distingue tout d’abord les actes d’homosexualité  et  les  personnes.  Le jugement moral porte sur les actes, considérés comme « intrinsèquement désordonnés et « contraires à la loi naturelle ». Néanmoins « la personne n’est jamais réduite à ses actes » explique le P. Burgun, spécialiste du droit canon. Par ailleurs, « elle doit toujours être replacée dans le contexte de son histoire singulière, de sa liberté propre et des choix qu’elle fait » complète le P.  Dominique Foyer, théologien*. Dès lors, l’Église demande d’accueillir les personnes homosexuelles « avec respect, compassion et délicatesse ».

Pourquoi un couple, Pour l’Église, ne peut-il être formé que d’un homme et d’une femme ?

L’importance que l’Église accorde à l’altérité homme/femme repose sur l’idée que « leur communion est le premier lieu de la révélation de Dieu, explique le P. Burgun. Ainsi dans la Genèse, c’est l’homme et la femme ensemble qui sont à l’image de Dieu, non pas uniquement l’un ou l’autre séparément ». Jean-Paul II faisait de l’amour entre l’homme et la femme « le sacrement primordial », c’est-à-dire le premier lieu où Dieu donne sa grâce. En outre, « l’Église considère que dans la relation d’amour, c’est par la différence sexuelle que l’on se découvre pleinement dans sa spécificité sexuelle » poursuit-il. Bien sûr, un couple homosexuel fait l’expérience d’autres formes d’altérité. Mais « il manquera toujours à leurs actes sexuels ce qui caractérise l’acte d’union d’un homme et d’une femme : le vécu charnel et existentiel de la différence et de la complémentarité des sexes. Sous ce regard, l’acte homosexuel est toujours « défectueux », au sens où il n’accomplit pas la plénitude de la rencontre des sexes masculin et féminin », détaille le P. Foyer. « Même s’il y a de l’amour dans un couple homosexuel et que toute personne porte en elle l’image de Dieu, l’Église défendra toujours la différence homme/femme, structurante pour l’humanité, ou encore pour l’éducation des enfants » selon le P. Burgun.

Que Propose l’Église aux homosexuels ?

Elle leur propose de rester célibataires et de vivre la continence sexuelle, seul chemin selon elle pour « se rapprocher, graduellement et résolument, de la perfection chrétienne.» À ces conditions, les personnes homosexuelles peuvent accéder à tous les sacrements, sauf celui de l’ordination. Une instruction romaine de 2005 demande en effet aux directeurs de séminaires de dissuader les candidats au sacerdoce présentant des « tendances homosexuelles profondément enracinées. » En revanche, les personnes homosexuelles qui vivent publiquement en couple (ou sont mariées ou pacsées) « persistent avec obstination dans un péché grave. » Une situation qui leur interdit l’accès aux sacrements, notamment l’eucharistie et la réconciliation. Sur le terrain, certains prêtres estiment toutefois que ce discours n’est pas audible. « Le célibat doit avant tout répondre à une vocation et ne peut pas être imposé, insiste le P. André Guimet, théologien moraliste, qui a une longue expérience d’accompagnement des personnes homosexuelles. Demander la continence à des personnes qui ne peuvent pas la vivre, qu’est-ce que cela veut dire ? On demande l’impossible ! » Aux couples homosexuels qu’il accompagne et chez qui il perçoit un vrai désir d’engagement, il propose de vivre les quatre piliers du mariage chrétien : liberté, fidélité, indissolubilité – bien que l’Église ne reconnaisse pas leur union – et fécondité. Celle-ci, rappelle-t-il, n’est pas uniquement biologique, mais peut s’exprimer de milles autre manières.

Le discours de l’Église sur l’homosexualité va-t-il évoluer ?

Sur le fond, le magistère de l’Église sur cette question ne semble pas prêt d’évoluer, bien que de vifs débats agitent les théologiens. « Il ne faut pas s’attendre à ce que l’Église fasse comme la société et mette sur un plan d’égalité toutes les formes d’amour » avertit le P. Burgun. En 2014 et 2015, lors des synodes sur la famille, certains pères synodaux s’étaient interrogés sur la possibilité de reconnaître l’engagement de deux personnes dans un couple homosexuel comme un possible « chemin de sainteté. » D’autres, plus conservateurs, n’ont pas voulu en entendre parler. In fine, l a question a été quasiment évacuée du rapport final des Pères synodaux, tout comme de l’exhortation apostolique Amoris laetitia. Celle-ci insiste tout de même sur l’importance du « discernement » pour accompagner les personnes qui se trouvent dans des situations dites « irrégulières », notamment les personnes homosexuelles vivant en couple. Car si la doctrine de l’Église n’a pas bougé, son approche pastorale s’est ouverte ces dernières années. « Si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ? » avait affirmé François en 2013 dans l’avion qui le ramenait de Rio, marquant durablement les esprits. Dans les paroisses et les communautés religieuses, de plus en plus de propositions se développent à destination des personnes homosexuelles et de leurs proches : retraites, accueil, lieux d’écoute, etc.

Homosexuel et paroissien : mission impossible ?

« Les choses bougent dans les paroisses, se félicite Marie-Hélène Nouvion, coprésidente de David et Jonathan, un mouvement qui rassemble des chrétiens homosexuels. Je me suis récemment présentée à mon curé et quinze jours après, il est venu dîner à la maison et nous avons pu discuter, dans un climat d’ouverture. » « Beaucoup de personnes homosexuelles ont aujourd’hui trouvé leur place dans les paroisses, confirme le P. Guimet, même si ce n’est pas encore partout le cas. Il y a 30 ans, rappelle-t-il, parler d’homosexualité était quasiment impossible dans l’Église. »


À lire :

Foi-homosexualite-eglise

Foi - Homosexualité - Église, (Collectif), Éd. Bayard, 246 p. ; 14,90 €.

 
 

Les soutiens au Pape François se multiplient dans l’Église (Vatican News)

logoa Vatican News

Les soutiens au Pape François se multiplient dans l’Église

Alors que les scandales d’abus sexuels et la lettre de l’ancien nonce apostolique aux Etats-Unis attaquant le Pape François sont toujours beaucoup commentés dans les médias et sur les réseaux sociaux, plusieurs personnalités de l’Église ont tenu à réaffirmer leur confiance et leur loyauté envers le Saint-Père.

Alors que la publication de la lettre de l’ancien nonce aux États-Unis Mgr Carlo Maria Viganò, a semé beaucoup de confusion dans l’Église et suscité de nombreuses attaques contre le Pape François, les soutiens se multiplient en faveur du Souverain Pontife. Parmi eux, la Comece, la Commission des Épiscopats de l’Union européenne, dont le président Mgr Jean-Claude Hollerich dénonce les « graves attaques menées contre l’Église et la personne du Saint Père ».

« La Comece réaffirme son soutien, sa fidélité et sa confiance au Pape François », peut-on lire dans un communiqué de presse publié le 31 août, signé par l’archevêque de Luxembourg.
La commission condamne également « les tentatives visant à diviser l’Église du Christ et appelle toutes les personnes de bonne volonté à œuvrer, dans la foi, au développement d’un monde de justice, de vérité et de paix. »

Alors que de nombreux évêques ont par ailleurs réaffirmé leur soutien à l’évêque de Rome, une autre voix s’est élevée: celle du cardinal Gérald Cyprien Lacroix.… Lire la suite:Les soutiens au Pape François se multiplient dans l’Église – Vatican News, 01/09/18.