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Ouverture de la Biennale internationale de l’art contemporain de Berlin

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L’équipe de commissaires de la 10e Biennale de l’art contemporain de Berlin : (de g. à dr.)Thiago de Paula Souza, Gabi Ngcobo, Nomaduma Rosa Masilela, Yvette Mutumba, Moses Serubiri. F. Anthea Schaap

« Penser et agir ensemble » semble être le mot d’ordre de la Biennale internationale de l’art contemporain de Berlin qui ouvre ce samedi 9 juin ses portes dans plusieurs lieux de la capitale allemande. Conçue par une équipe de cinq commissaires et dirigée par la directrice artistique sud-africaine Gabi Ngcobo, 48 ans, la dixième édition présente les œuvres de 46 artistes sous le titre « We don’t need another hero » (« Nous n’avons pas besoin d’un autre héros »). Entretien.

RFI : Parmi les grands rendez-vous internationaux de l’art contemporain, de Dak’Art en passant par la Frieze à Londres, la Fiac à Paris ou la Biennale de Lyon, quelle est la place de la Biennale internationale de l’art contemporain de Berlin ?

Gabi Ngcobo : La Biennale de Berlin est très importante, parce qu’elle a lieu dans une métropole où beaucoup d’artistes habitent. Cela donne une scène artistique très vivante et des connexions avec le monde entier.

Le titre de la Biennale est « We don’t need another hero ». En même temps, vous venez de l’Afrique du Sud qui s’est débarrassée de l’Apartheid aussi grâce à un héros, Nelson Mandela. Et en France, il y a deux semaines, Mamoudou Gassama, un jeune sans papiers malien qui, en escaladant un immeuble, a sauvé un enfant suspendu dans le vide, est devenu un héros acclamé en France et au Mali. Pourquoi la Biennale est intitulée « Nous n’avons pas besoin d’autres héros » ?

Le titre « We don’t need another hero » n’est pas forcément le thème de la Biennale. Par exemple, on ne l’avait pas communiqué aux artistes. Pour nous, c’est plutôt une position ou un message envoyé en direction de l’Histoire et du futur. C’est aussi une prise de position : si on n’a pas besoin d’un autre héros, donc, qu’est-ce qu’on a besoin ? Chaque contexte va produire une réponse différente. Et le Malien sans papiers, le fait qu’il a eu cette intuition de sauver l’enfant, bien sûr, c’est un acte héroïque. Mais notre titre renvoie plutôt à des subjectivités malsaines : une blancheur toxique, des masculinités toxiques, des féminités toxiques… J’ai le sentiment que leurs jours sont comptés. J’espère que c’est bientôt fini, l’époque de ce genre de héros et de pouvoirs hiérarchiques qui nous rendent malades. On a besoin d’une conversation où l’on peut penser et agir ensemble.


Grada Kilomba, ILLUSIONS Vol. II, OEDIPUS, 2018, 2-channel video, color, sound, 32′, Installation view, KW Institute for Contemporary Art, Berlin, courtesy Grada Kilomba; Goodman Gallery, Johannesburg/Cape Town. Timo Ohler

Parmi les artistes, vous présentez Feelings de la Sud-Africaine Dineo Seshee Bopape, mais aussi l’œuvre Illusions de l’artiste portugaise Grada Kilomba et Voices Unheard d’Elsa M’Bala, artiste camerounaise ayant vécue en Allemagne avant de retourner au pays. Pourquoi avez-vous choisi ces artistes ?

Avec Grada Kilomba, je suis en contact et en conversation depuis la Biennale de Sao Paulo où j’étais commissaire en 2016. On a travaillé ensemble pour créer sa performance Illusions qui s’est transformée pour la Biennale de Berlin en installation vidéo. Donc, avec la plupart des artistes sélectionnés ici, je suis en conversation depuis des années. Elsa M’Bala est une artiste obsédée par le son et elle fera aussi une performance dans le cadre de cette Biennale. La sélection des artistes ne suit pas véritablement une stratégie. Parfois, je sens tout simplement que cela sera une bonne décision. D’autres œuvres sont choisies pour créer une discussion. Donc, le travail du curateur n’est pas toujours de promouvoir quelque chose, mais aussi de provoquer des débats qui me semblent urgents.

Dans l’art contemporain, ces dernières années, de nombreux curateurs d’expositions ou de biennales comme Simon Njami, Okwui Enwezor, Marie-Ann Yemsi ou Bisi Silva ont souligné l’importance d’une approche postcoloniale ou décoloniale qui embrasse la création du monde entier. Vous-mêmes vous êtes artiste, commissaire et pédagogue, quelle est votre approche de l’art contemporain ?

Mon approche dépend de la situation et n’est pas toujours la même. Bien entendu, cela m’intéresse de découvrir quels discours historiques ne sont pas racontés ou quelle hiérarchie existe dans le récit historique. Ou comprendre le processus comment le savoir est produit et introduit dans les discussions.

Pour vous, l’art, c’est de l’espace et des expériences. De quelle façon le choix des artistes et le thème de cette Biennale sont-ils liés à la ville de Berlin ?

Cela est très important. Cette exposition peut uniquement avoir lieu à Berlin. Même à Munich ou dans une autre ville allemande, cela serait une autre exposition. La Biennale est conçue comme une conversation avec Berlin pour se connecter avec le reste du monde.


Las Nietas de Nonó, « Ilustraciones de la Mecánica », 2016. Ansicht aus der Produktion / Production still. Courtesy Las Nietas de Nonó

La 10e Biennale de l’art contemporain de Berlin, du 9 juin au 9 septembre 2018

Naufrage d’un bateau de migrants éthiopiens
entre la Somalie et le Yémen

Des migrants arrivent à Djibouti après avoir traversé le golfe d'Aden, le 14 avril 2015. (Image d'illustration)
© AFP PHOTO / TONY KARUMBA

Au moins 46 personnes, des hommes et des femmes, sont mortes noyées dans le golfe d'Aden ce mercredi. Ces migrants éthiopiens avaient quitté la Somalie en direction du Yémen. Seize personnes sont toujours portées disparues après le chavirage de leur embarcation.

Selon l'Organisation internationale des migrations, les passagers du bateau étaient tous des Ethiopiens. Ils avaient quitté la Somalie mardi. Une trentaine de rescapés a pu atteindre les côtes du Yémen.

Le drame s’est joué dans la nuit de mardi à mercredi 6 juin, lorsque l'embarcation des passeurs a cherché à accoster sur une plage du Yémen. Mais la mer est agitée dans le golfe d’Aden où la navigation est réputée difficile. Les vagues frappent le rivage, le bateau prend l'eau. Il n'y a aucun gilet de sauvetage sur le navire, d'après les témoignages recueillis par l'agence des Nations unies pour les migrations.

Les rescapés ont pu être pris en charge par l'organisation, afin d'éviter leur emprisonnement au Yémen, souvent dans des conditions inhumaines. Ces Ethiopiens cherchaient vraisemblablement à quitter leur pays. En effet, en Ethiopie, la situation humanitaire est toujours tendue dans certaines régions. A l'Est, les terres sont tantôt frappées par les inondations et la sécheresse. Les conditions de travail sont également peu attractives.

Le pays longtemps déstabilisé est en train de changer : le gouvernement multiplie les signes d'apaisements avec la levée de l'état d'urgence. Le Premier ministre Oromo Abiy Ahmed mise également sur une plus grande ouverture économique du pays.

Midem : l’Afrique, "nouvelle frontière"
de l’industrie musicale

 

Yemi Alade au Midem, Cannes, 2018 © S.Champeaux/Image & Co

Après quatre jours de conférences et de concerts, le Midem, le Marché du disque et de l’édition musicale, se termine ce vendredi 8 juin, à Cannes, dans le sud de la France. Environ 4 400 participants venus de 80 pays se sont inscrits au plus grand salon professionnel du secteur. Cette année, le Midem s’est résolument tourné vers l’Afrique, un continent où les chiffres de l’industrie musicale donnent le vertige… mais où les chanteurs peinent à vivre de leur art.

L’étude a circulé pendant la tournée que le Midem a organisée en Côte d’Ivoire, en Afrique du Sud, au Nigéria et au Congo-Brazzaville quelques semaines avant le salon de Cannes. Dans la région Afrique-Moyen Orient, les revenus de l’écoute de musique en ligne (le "streaming") pourraient passer de 50 à 90 millions de dollars d’ici trois ans. Dans les couloirs du Palais des festivals de Cannes, au bord de la Méditerranée, ces chiffres étaient sur toutes les lèvres.

Cette croissance exponentielle s’explique facilement : une population jeune, un fort taux de pénétration du téléphone portable… et l’amélioration de la couverture des réseaux mobiles 4G. Bien sûr, le marché de la musique en Afrique, ne pèse encore que 2% des recettes mondiales du secteur, rappelle Alexandre Deniot, le directeur du Midem, "mais c’est un volcan prêt à entrer en éruption".

Sony et Universal en force

Les majors ne s’y sont pas trompé. En l’espace de deux ans, Sony et Universal ont ouvert un bureau à Abidjan, la capitale économique ivoirienne. Les deux multinationales sont venues en force au Midem, avec leurs artistes maison. Pour José Da Silva, patron de Sony Music Côte d’Ivoire, il est temps d’offrir aux chanteuses et chanteurs du continent "les mêmes conditions qu’en Europe". À la "villa Sony" d’Abidjan, comme dans celle, voisine, d’Universal, les groupes sont accueillis en résidence et pris en charge, le temps d’écrire, de composer et d’enregistrer. "Il faut sortir du modèle où l’artiste africain s’épuisait à courir tout le temps, d’un concert à l’autre, parce que c’était le seul moyen d’être payé", soutient José Da Silva, fort de son expérience passée à la tête de Lusafrica, où il a découvert –entre autres- Cesaria Evora.

Olivier Nusse, le PDG d’Universal Music France, ne dit pas autre chose. Juste avant l’ouverture du Midem, le groupe a annoncé la signature d’un partenariat avec la plate-forme ivoirienne WAW, spécialisée dans la musique en ligne. "C’est très encourageant, assure Olivier Nusse. Nous allons développer des solutions vertueuses pour que les artistes puissent vivre de leur production".

Ce partenariat est présenté comme un atout supplémentaire parmi les "leviers" dont dispose déjà le groupe Bolloré, propriétaire d’Universal, en Afrique : la chaîne Canal + et les salles de cinéma et de concerts baptisées Canal Olympia. "Plutôt que de faire un clip standard, pourquoi ne pas tourner une série ? s’interroge Olivier Nusse. Et pourquoi ne pas faire financer cette série par des marques du groupe Havas (également propriété de Bolloré, NDLR) ? Et ensuite, emmener l’artiste en tournée dans les salles Canal Olympia ? Il n’y a pas d’autre groupe de divertissement dans le monde qui propose des solutions intégrées à ce niveau", conclut le PDG d’Universal Music France.

Défendre les droits d’auteur

Tout l’enjeu est de monétiser le marché de la musique en Afrique, pour reprendre l’expression des maisons de disque. Autrement dit : le rendre rentable… sans oublier les créateurs. Or, beaucoup d’artistes ignorent toujours totalement leurs droits. C’est pour leur éviter d’être spoliés que la Sacem, la Société des auteurs compositeurs et éditeurs de musique, s’est associée au Midem cette année, notamment dans la tournée africaine qui a précédé le rendez-vous cannois.

Le Béninois Akotchaye Okio, responsable du développement Afrique de la SACEM (un poste entièrement nouveau), témoigne : "Même les professionnels les plus aguerris ne sont pas toujours conscients que les droits d’auteurs s’appliquent au monde digital. Quand une chanson passe à la radio, elle génère des revenus. Quand on l’écoute sur Internet, c’est pareil. Pour beaucoup, c’est une révélation." La SACEM compte plus de 150 000 sociétaires de 166 nationalités. Au Midem, l’enjeu était aussi de convaincre les artistes présents d’adhérer, pour toucher les droits d’auteur qui leur reviennent.

Spotify, Deezer… et la GongBox


Black Coffee. ©S.Champeaux/Image & Co


Pour que les musiciens voient la couleur de leur argent, certains tentent d’inventer un nouveau modèle. C’est le cas de Black Coffee. Le plus grand DJ et producteur sud-africain, habitué des plages d’Ibiza, a fait un crochet par la Croisette où il a annoncé le lancement, dans les semaines qui viennent, de sa propre plate-forme sur Internet. La GongBox –c’est son nom- ambitionne de proposer "de la musique, mais aussi des clips, des documentaires, des films", détaille Black Coffee. "Nous disons aux musiciens : vous pouvez vous passer d’un agrégateur, il y a moins d’intermédiaires et vous touchez plus d’argent !"

Depuis qu’il s’est lancé dans la musique, Black Coffee, 42 ans, originaire d’un township près de Durban, s’est toujours méfié des multinationales. Il reste attaché au label indépendant qu’il a fondé, Soulistic, avec des arguments politiques : "Depuis des décennies, l’Afrique a été victime de la colonisation, même dans les affaires. Les multinationales européennes ou américaines se créent des opportunités pour elles-mêmes. Il n’y a rien de mal à vouloir gagner de l’argent, mais ça ne profite qu’à elles."

Avec la GongBox, Black Coffee s’attaque à des concurrents qui ont pour nom Spotify, Deezer, Google Play ou Apple Music, déjà présents sur le marché sud-africain. Un marché où, selon les derniers chiffres de l’IFPI, la Fédération internationale de l’industrie phonographique, les revenus de la musique en ligne sont passés de 1,6 à 6,9 millions d’euros entre 2015 et 2016. Soit une progression de 334 % en un an.

Site officiel du Midem

 

Mort de Gaëtan Mootoo, figure de la lutte
pour les droits humains en Afrique

Gaëtan Mootoo, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest d’Amnesty International parle avec les déplacés du camp attaqué en mars 2012 et juillet 2012 par les combattants dozos.
© Amnesty International

Il était une figure de la lutte en faveur des droits humains sur le continent africain. Gaëtan Mootoo est décédé dans la nuit de vendredi à samedi à 65 ans. Ce chercheur franco-mauricien travaillait depuis plus de 30 ans pour Amnesty international. Il a notamment été l'un des premiers à enquêter sur les exactions du régime d'Hissène Habré au Tchad.

Au tout début, dans les années 80, lorsque Gaëtan Mootoo descend sur le terrain rencontrer les victimes, le climat est pourtant hostile, se souvient Clément Abaïfouta, membre de l'Association des victimes des crimes du régime de Hissène Habré. « Je me rappelle les toutes premières heures, lorsque Amnesty International s’est intéressée au dossier. C’était une période où  personne ne pouvait parler. Gaëtan était là... »

... le contexte était difficile. Mais lui, il a tenu le cap. Il a tenu le cap avec une grande audace. Parce que à sa place, nous on n’oserait même pas faire ça, on vivait dans la grande psychose ! ».

Il avait travaillé à recueillir des documents sonores, écrits du régime d’Hissène Habré, c’était de l’audace.

Grand spécialiste de l'Afrique, chercheur pour Amnesty international, Gaëtan Mootoo a travaillé à dénoncer les violations des droits de l'homme dans de nombreux pays comme le Soudan, mais surtout en Afrique de l'ouest - Guinée, Mali, etc. Il a mené des enquêtes sur les exactions commises en période de conflit, en Côte d'Ivoire notamment mais aussi par exemple sur les mariages précoces au Burkina Faso, ou en Mauritanie sur l'esclavage.

Engagé et fidèle sont les mots qui viennent à l'esprit aujourd'hui de ceux qui l'ont cotoyé lors d'une ses innombrables missions sur le continent. Un homme très respectueux des victimes se souvient-on ainsi en Guinée, lorsqu'il est arrivé au lendemain du massacre du 28 septembre 2009 à Conakry pour donner la parole à des hommes et des femmes meurtris.

Gaetan Mootoo, étaient de ceux qui écoutaient et qui parlaient peu. Un homme discret « à la classe irréprochable », se souvient le directeur d'Amnesty International Belgique, « presque dandy », « même au coeur de la brousse ».

De retour du Niger, il devait partir cette semaine au Mali à Gao pour poursuivre un travail sur le droit à l'éducation dans le centre du Mali.

 

1 - A Paris, un Malien sans papiers escalade un immeuble pour sauver un enfant

Par RFI Publié le 27-05-2018 Modifié le 28-05-2018 à 10:04

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Capture d'écran de la vidéo montrant Mamoudou Gassama escalader un immeuble du XVIIIe arrondissement de Paris pour sauver un enfant suspendu dans le vide.https://www.youtube.com/watch?time_continue=1&v=-Jfh6CnjjrM

Mamoudou Gassama, un jeune Malien sans papiers, est devenu ce dimanche 27 mai un « héros », 24 heures après avoir escaladé un immeuble du XVIIIe arrondissement de Paris pour sauver un enfant suspendu dans le vide. Partagée sur les réseaux sociaux, la vidéo de son acte de bravoure a été vue des millions de fois. Mamoudou Gassama est reçu ce lundi matin à l'Elysée par le président Macron.

Il n'a fallu qu'une poignée de secondes et des millions de vues sur les réseaux sociaux pour que Mamoudou Gassama, un jeune Malien sans papiers, passe du statut d'anonyme à celui de héros. Il doit être reçu ce lundi à l'Elysée par Emmanuel Macron et les appels à la régularisation de sa situation administrative sur le sol français se sont multipliés.

La scène, spectaculaire, s'est déroulée samedi soir rue Marx-Dormoy, dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Devant des passants ébahis, le jeune homme a escaladé en 30 secondes à peine la façade d'un immeuble jusqu'au quatrième étage pour sauver un enfant de quatre ans suspendu dans le vide. Lorsque les pompiers sont arrivés sur place, tout était terminé. « Par chance, il y avait quelqu'un qui avait une bonne condition physique et qui a eu le courage d'aller chercher l'enfant », ont-ils indiqué à l'AFP, en rappelant la nécessité de les appeler au plus vite dans ce genre de situation.

Partagée sur les réseaux sociaux, la vidéo de son acte de bravoure filmée par les passants avait été visionnée plus de quatre millions de fois dimanche en fin de journée. Aux médias qui l'ont retrouvé 24 heures après son geste, Mamoudou Gassama, 22 ans, a raconté :

« J'ai vu beaucoup de monde en train de crier, et des voitures qui klaxonnaient. » « Je suis sorti, j'ai couru pour regarder les solutions pour le sauver. J'ai réussi à attraper le balcon, je suis monté comme ça et, Dieu merci, je l'ai sauvé. » « J'ai eu peur quand j'ai sauvé l'enfant et puis ont est allé dans le salon, je me suis mis à trembler, je n'arrivais plus à tenir sur mes pieds, j'ai dû m'asseoir. »

D'après les premiers éléments de l'enquête, l'enfant s'était retrouvé seul sur le balcon alors que ses parents n'étaient pas chez eux. Après le sauvetage, le jeune homme et le garçonnet ont été conduits à l'hôpital pour des examens de routine. « Le sauveteur se plaignait du genou et l'enfant était en état de choc », ont indiqué les pompiers, tout en précisant que les deux se portaient bien.

Les réactions louant le courage de Mamoudou Gassama n'ont pas tardé. La maire de Paris Anne Hidalgo et la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse, notamment, ont salué le geste du jeune homme.

L'Elysée a également réagi et invité le jeune Malien qui est reçu ce lundi matin à la présidence de la République.

Le père de l'enfant a été placé en garde à vue pour « soustraction d'un parent à ses obligations légales ». Selon une source judiciaire citée par l'AFP, il doit être présenté ce lundi au parquet de Paris pour se voir notifier une convocation à un procès. Le délit de « soustraction d'un parent à ses obligations légales » est puni de deux ans de prison et de 30 000 euros d'amende. D'après cette même source, la mère n'était pas à Paris au moment des faits. L'enfant a quant à lui été placé dans une structure d'accueil.

► une pétition adressée au ministre de l'Intérieur Gérard Collomb pour la régularisation de Mamoudou Gassama a été lancée

(Avec AFP)

2 - France: après avoir sauvé un enfant, Mamoudou Gassama va être «naturalisé»

 
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Le président français Emmanuel Macron a reçu Mamoudou Gassama, jeune Malien sans-papiers de 22 ans, sauveteur d'un enfant de quatre ans, au Palais de l'Elysée, le 28 mai 2018.
Thibault Camus/Pool via Reuters

Le jeune Malien qui a sauvé un enfant samedi à Paris, Mamoudou Gassama, va être naturalisé français, lui a annoncé Emmanuel Macron lors d'un entretien à l'Elysée. Ce sans-papiers de 22 ans devrait également intégrer le service civique des sapeurs-pompiers.

Dans son tête-à-tête avec Mamoudou Gassama, Emmanuel Macron a été très clair. « Tous les papiers [de Mamoudou Gassama] vont être régularisés », a assuré le chef de l'Etat lors de l'échange diffusé sur sa page Facebook.

Une décision justifiée par « un acte exceptionnel », a souligné le président français. Samedi dernier, le jeune Malien sans papiers a en effet escaladé à mains nues la façade d'un immeuble du 18e arrondissement pour sauver un enfant suspendu dans le vide, agrippé à un balcon du 4e étage. Un acte de bravoure immortalisé dans une vidéo qui a fait le tour des réseaux sociaux.

« On a entendu des gens crier, on entendait les voitures klaxonner, j'ai couru j’ai traversé la route pour aller le sauver, et Dieu merci je l'ai sauvé », a dit Mamoudou Gassama au début de son entretien avec Emmanuel Macron. « Je n'ai pas réfléchi ». Les pompiers ont confirmé l'incident. Le père de l'enfant a pour sa part été placé en garde à vue dans le cadre d'une enquête confiée à la brigade de protection des mineurs.

Il était vers 20 heures. Je suis sorti et j’ai vu un enfant [tomber]. Il était au 4e étage. Donc directement, je n’ai pensé à rien, j’ai couru, j’ai traversé la route pour aller le sauver. Et Dieu merci, je l’ai sauvé.
Mamoudou Gassama, Malien sans papiers de 22 ans 28/05/2018 - par Stéphane Lagarde Écouter

« Un exemple pour des millions de gens »

« Vous êtes devenu un exemple car des millions de gens vous ont vu, c'est donc normal que la nation soit reconnaissante », a ajouté Emmanuel Macron, qui lui a également proposé d'entamer les démarches en vue d'une naturalisation, ce que Mamoudou Gassama a accepté.

Depuis dimanche, les appels à régulariser Mamoudou Gassama s'étaient multipliés. A l'instar de l'adjoint au Logement de la mairie de Paris Ian Brossat ou du député La France insoumise Eric Coquerel, l'association SOS Racisme avait demandé au ministre de l'Intérieur de « régulariser la situation de M. Gassama, qui a su faire preuve d'un courage aussi rare qu'admirable ». Plusieurs pétitions en ce sens avaient été également mises en ligne sur la plateforme Change.org.

Sans aller forcément jusqu'à une telle bravoure, les gens comme Amoudou Gassama, ils sont une dizaine de milliers qui contribuent, y compris en travaillant, à la richesse de notre pays. J'aimerais qu'on réfléchisse à la régularisation des travailleurs sans papiers.
L'annonce de la naturalisation de Mamoudou Gassama différemment saluée par la classe politique 28/05/2018 - par Anne Soetemondt Écouter


Ovation à Montreuil

Juste après avoir quitté l’Elysée, le jeune Malien a pris la direction de Montreuil, la commune où il réside, rapporte notre journaliste sur place Stéphane Lagarde. Une réception en son honneur a été organisée à la mairie. Polo blanc, tout sourire, les traits fatigués, au bras du maire de Montreuil et brandissant devant les caméras le diplôme et la Médaille du courage qu’il a reçue du président de la République, Mamoudou Gassama a été ovationné à sa sortie par la foule dans cette ville de banlieue parisienne où vit une très importante communauté malienne.

Ce jeune Malien sans papiers vient du village de Yaguiné, près de Kayes. Il est arrivé en France il y a six mois, après avoir passé trois ans en Italie, a confié son frère à RFI. Après la réception à la mairie, il est rentré dans son foyer de Rochebrune à Montreuil, dans ce petit « Bamako sur Seine », où son geste suscite une immense fierté dans la communauté malienne et africaine en général.

J'ai eu les larmes aux yeux. C'est lui seul qui a eu le courage. C'est un héros.
Mamoudou Gassama accueilli en héros à Montreuil 29/05/2018 - par Stéphane Lagarde Écouter

Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a réagi sur Twitter en saluant en Mamoudou Gassama « un digne et courageux fils du Mali. Sauver une vie au péril de la sienne n’est pas à la portée de tous. Mamoudou Gassama a pris ce risque, démontrant des valeurs de courage et d’humanisme qui honorent toute la nation. Bravo !».

Mamadou Gassama est aussi admiré dans son pays d'origine  http://www.rfi.fr/afrique/20180529-france-mamoudou-gassama-heros-mali-ibk