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Traditionnelle sortie des masques à feuilles à Dédougou : Sous le signe du « renforcement de la paix », selon un émissaire des coutumiers

Accueil > Actualités > Société • Lefaso.net • jeudi 9 février 2023 à 22h55min 
 
Traditionnelle sortie des masques à feuilles à Dédougou : Sous le signe du « renforcement de la paix », selon un émissaire des coutumiers

 

La ville de Dédougou vibre, depuis ce matin du jeudi 9 février 2023, aux sons des tam-tams qui accompagnent la sortie traditionnelle des masques à feuilles. Cette année, l’événement se veut être un catalyseur de renforcement de la paix, de la cohésion sociale et de la sécurité pour les populations.

En cette première journée de sortie des masques, ce sont les coutumiers et les forgerons qui ont pris d’assaut les artères de la ville de Dédougou. Selon Lombo Dayo, envoyé des coutumiers, ces deux groupes sociaux forment la base de la société des masques. Il va plus loin en précisant qu’à l’origine, c’est le groupe des forgerons qui aurait conduit le masque de la brousse à la maison.

 

A en croire l’émissaire des coutumiers, la sortie traditionnelle des masques à feuilles, traditionnellement appelé le « Do », traduit particulièrement cette année la volonté de renforcer la paix et la symbiose au sein des communautés régionales voire nationales. « Les masques sont sortis pour contribuer au renforcement de la cohésion sociale et de la prospérité.

C’est vrai que ça se passe à Dédougou, mais cela va permettre d’accroître la force de toute la nation contre le terrorisme et de ramener la quiétude », a expliqué M. Dayo.


Ces sorties de masques sont également des moments de réjouissances populaires.
Durant plus d’une semaine, la ville de Dédougou va ainsi vibrer au rythme des randonnées des masques à feuilles qui, déjà, drainent des foules, surtout les plus petits.

Après avoir quitté leur base, tôt le matin du jeudi 9 février 2023, les masques se sont rendus premièrement à la direction régionale en charge de l’environnement de la Boucle du Mouhoun. [ Cliquez ici pour lire l’intégralité ]

Yacouba SAMA

Au Nigeria, pénurie de billets et vague de violences à deux semaines de la présidentielle

À l’approche du scrutin du 25 février, plusieurs banques ont fermé leurs agences face à la colère de clients qui peinent à se procurer les nouveaux billets mis en circulation par la banque centrale.

Mis à jour le 9 février 2023 à 17:22
 
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Des personnes font la queue pour retirer de nouveaux billets en naira à un distributeur de billets à Maiduguri, le 29 janvier 2023. © AUDU MARTE/AFP

 

 

Pénurie d’essence et système bancaire au bord de l’implosion : à deux semaines de l’élection présidentielle prévue le 25 février, le Nigeria est secoué par une vague de contestations qui a provoqué la fermeture de plusieurs banques, ce 9 février, incapables de faire face à la demande de nouveaux billets.

À LIRENigeria : des élections apaisées sont-elles possibles ?

Ajoutée à l’impossibilité de fournir les services bancaires de base, à la lenteur des serveurs informatiques, l’indisponibilité des nouvelles coupures récemment introduites par la Banque centrale du Nigeria (CBN) est un casse-tête supplémentaire qui a nourri la colère des clients. « C’est terrible, il faut faire la queue pour acheter du carburant, faire la queue pour obtenir sa carte d’électeur et enfin, faire la queue pour obtenir son propre argent », explique Godson Ahuchaogu, un expert-comptable.

Refonte du naira

La politique de refonte du naira menée par la CBN depuis la fin de l’année dernière vise à remplacer les grosses coupures de 200 (0,43 $), 500 (1,09 $) et 1000 (2,17 $) nairas par de nouveaux billets. Le gouverneur de la CBN, Godwin Emefiele, a fait valoir que cette mesure était nécessaire pour lutter contre l’inflation et le financement du terrorisme, entre autres problèmes.

Mais la pénurie des nouveaux billets, qui devaient être mis en circulation au plus tard au 31 janvier, provoque de violentes manifestations de la part de Nigérians qui doivent aussi faire la queue dans les stations-service depuis des mois.

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Les réseaux sociaux ne font rien pour apaiser l’atmosphère : des dizaines de clients de la Zenith Bank, une des principales banques commerciales du Nigeria, ont raconté leur frustration de ne pouvoir accéder à la plateforme bancaire en ligne, et les heures interminables passées dans les halls de banque parce que le « serveur est en panne ». Une vidéo circulant sur Twitter montre des clients en colère détruisant les installations d’une agence bancaire. Une autre montre le personnel d’une banque escaladant une clôture pour rentrer chez lui après le travail.

Vidéos virales

Alors que le Nigeria s’apprête à élire un nouveau président le 25 février, les difficultés rencontrées par les citoyens semblent s’être intensifiées. Les longues files d’attente aux stations-service durent depuis des mois et la politique de refonte du naira n’a fait qu’aggraver les difficultés. Les gens ne peuvent pas se procurer de l’essence aux prix approuvés par le gouvernement, les banques ne peuvent pas distribuer d’argent liquide aux clients et les réseaux de banque électronique ne sont pas fiables, ce qui oblige les petites entreprises à s’arrêter.

BIEN QUE NOUS COMPRENIONS LA DÉTRESSE DES CLIENTS DES BANQUES, NOUS LANÇONS UN APPEL AU CALME ET À LA COMPRÉHENSION

Les esprits se sont échauffés cette semaine dans la région du sud-ouest du pays, où des manifestants ont vandalisé des distributeurs automatiques de billets et allumé des feux de joie sur les routes principales. Au moins une personne a été tuée par balle, selon les médias locaux.

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Le 7 février, le Chartered Institute of Bankers in Nigeria (CIBN) a appelé au calme. « Bien que nous comprenions la détresse des clients des banques, nous lançons un appel au calme et à la compréhension, car la Banque centrale du Nigeria et les banques travaillent assidûment pour maîtriser la situation », a déclaré Akin Morakiyo, le directeur général de la CIBN. « Les parties prenantes concernées au sein de l’écosystème sont engagées en vue de remédier aux conséquences involontaires de la louable politique de refonte du naira. »

LES PARTISANS DE LA POLITIQUE DE LA CBN PENSENT QU’ELLE PERMETTRA DE FREINER L’ACHAT DE VOTES LE JOUR DES ÉLECTIONS

À Lagos et dans d’autres villes du sud-ouest, la plupart des agences bancaires sont restées fermées ce 9 février. Des vidéos virales montrent des banques accumulant les nouveaux billets tandis que les clients attendaient, impuissants, aux guichets automatiques.

Tony Emeh, secrétaire général adjoint de l’Association des banques, assurances et institutions financières (ASSBIFI), explique qu’une directive a été transmise aux banques pour qu’elles ferment les agences qui ne peuvent pas servir le public. « Pour une agence qui n’a pas d’argent liquide pour charger son distributeur automatique ou pour payer ses clients, il est trop risqué d’ouvrir. Pourquoi ouvrir ? Pour voir l’agence brûler ? »

Faillite du système

Les partisans de la politique de la CBN affirment qu’elle permettra de freiner l’achat de votes par les politiciens le jour des élections, et que l’opposition à cette politique provient principalement du parti au pouvoir, le All Progressives Congress (APC) dont les gouverneurs ont intenté un procès à la banque centrale. Le candidat du parti, Bola Tinubu, a déclaré lors d’un meeting de campagne que la politique monétaire le visait.

À l’issue d’une réunion avec les gouverneurs de l’APC, le président Muhammadu Buhari a déclaré que la CBN lui avait assuré que l’échange de naira se ferait sans heurts, et qu’il « irait voir ce qui se passe réellement ».

À LIRENigeria : la délicate équation de la rente pétrolière

Le 8 février, la Cour suprême du Nigeria a ordonné la suspension de la date limite pour l’échange des billets en naira (31 janvier) et a fixé au 15 février la date du prochain examen de cette question. Tinubu a depuis salué la décision et a exhorté la CBN à prendre « toutes les mesures nécessaires pour assurer une disponibilité suffisante de billets [qu’ils soient anciens ou nouveaux] ».

« Les Nigérians ordinaires ne peuvent pas accéder à leur propre argent durement gagné. Est-ce ainsi qu’on dirige un pays ? Peut-être devrions-nous fermer l’ensemble du système et recommencer depuis le début », constate, amer, Godson Ahuchaogu.

Ce que Canal+ a promis à Alassane Ouattara

Lors d’un entretien avec le chef de l’État ivoirien et le ministre de la Communication et de l’Économie numérique, Amadou Coulibaly, le président de Canal+ International, Jacques Dupuy, a fait part des intentions de son groupe en matière d’investissements, notamment dans le domaine de la production.

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 6 février 2023 à 14:52
 

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Le président de Canal+ International, Jacques Dupuy (troisième en partant de la dr.), lors de son entretien avec le chef de l’État ivoirien, Alassane Ouattara (deuxième en partant de la dr.), le 2 février 2023. © Présidence Côte d’Ivoire.

 

Le 2 février, Alassane Ouattara a accordé un entretien à Jacques Dupuy, président international de Canal+. À l’occasion de cette visite, le dirigeant a fait le point avec le chef de l’État sur les investissements de son groupe en Côte d’Ivoire.

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L’entretien s’est déroulé en présence de Masséré Touré, secrétaire générale adjointe de la présidence, et du ministre de la Communication et de l’Économie numérique, Amadou Coulibaly. Ce dernier a ensuite prolongé son entrevue avec les représentants de la filiale de Vivendi, qui est contrôlé par le groupe Bolloré.

Le premier studio africain

Selon nos informations, ce rendez-vous a été l’occasion d’aborder le lancement de Canal+ Impact, qui concentre différentes initiatives de responsabilité sociétale (RSE) du groupe, notamment un programme d’assistance aux orphelinats du pays. La filiale de Vivendi a pu aussi réitérer sa volonté de participer à la formation des compétences locales en présentant le projet Canal+ University. Sur ce sujet, des réflexions sont en cours en vue de renforcer le partenariat noué avec le groupe audiovisuel Trace.

Par ailleurs, Vivendi entend accélérer le déploiement du réseau de fibre optique réalisé par GVA, une autre de ses filiales.

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Surtout, la délégation a évoqué le projet de construction dans la capitale économique ivoirienne du premier studio africain du groupe français. Un terrain a déjà été acquis il y a quelque mois à cet effet dans le quartier chic de Riviera Golf. Sa construction devrait s’achever d’ici à dix-huit mois. Toutes les émissions de Canal+ Afrique y seront enregistrées. D’après une source proche du dossier, David Mignot, en charge des opérations africaines, aurait aussi la volonté d’élargir l’utilisation de ce studio pour des productions et des post-productions destinées à l’ensemble du groupe Canal+. Cette option, qui vise à faire de la Côte d’Ivoire une plateforme audiovisuelle internationale, a retenu l’attention des autorités.

Un projet dévolu à la CAN

Ces dernières années, Abidjan est déjà devenu le point névralgique de la production des programmes africains du groupe français. Celui-ci y travaille avec une dizaine de sociétés de production. À l’occasion de sa venue, David Mignot a également rencontré des groupes audiovisuels locaux – RTI, Life TV¸ 7info, NCI – pour évoquer des possibilités de coproductions et de promotion du média TV.

À LIRECAN 2023 : la Côte d’Ivoire dans la dernière ligne droite

Les autorités ont enfin été informées de la mise en place du projet Best CAN Ever, dont l’objectif sera de participer à la promotion du pays (tourisme, investissements étrangers) à l’occasion de la Coupe d’Afrique des nations, organisée en janvier 2024 en Côte d’Ivoire. Arrivée à expiration, la convention du groupe avec la Haute Autorité ivoirienne de la communication audiovisuelle (Haca) a en outre été renouvelée pour cinq ans.

Au cours de leur visite en Côte d’Ivoire, des dirigeants de Canal+ ont également présenté le dernier-né des décodeurs du groupe, Global’One, qui sera commercialisé sur l’ensemble de ses marchés africains, mais aussi européens et asiatiques.

Canal+ compte environ sept millions d’abonnés sur le continent, ce qui en fait le premier acteur du marché de la télévision payante dans les pays francophones. Il est aussi actionnaire à hauteur de 26 % du groupe sud-africain Multichoice, qui totalise, lui, 22 millions d’abonnés, principalement dans les pays anglophones.

Cinéma : quels films voir en famille pendant les vacances d’hiver ?

Critique 

Une grand-mère italienne combative et une fillette syrienne pleine d’espoir, un chat fabuleux et une souris mythologique, de tendres Gaulois et une danseuse audacieuse : telle est la galerie de personnages qu’on pourra croiser en salles lors des congés d’hiver. Une sélection critique classée par âge.

  • Service Culture, 
Cinéma : quels films voir en famille pendant les vacances d’hiver ?
 
« Maurice le chat fabuleux » ; « Dounia et la princesse d’Alep » ; « Astérix et Obélix. L’empire du Milieu » ; « Neneh superstar ».ULYSSES FILM / HAUT ET COURT / PATHE / GAUMONT

♦ Le Secret des Perlims **

de Alê Abreu

Film d’animation brésilien, 1 h 16

Dans la Forêt magique, deux animaux anthropomorphes, jeunes agents secrets de royaumes rivaux, ceux du Soleil et de la Lune, ont pour mission de trouver les Perlims, êtres de lumière capables de sauver la forêt que des Géants menacent de noyer sous les eaux. Huit ans après Le Garçon et le Monde, le réalisateur brésilien Alê Abreu revient avec un nouveau conte sur son pays, coloré dans sa forme, sombre dans son propos. Un tour de force technique et visuel, dont le dénouement, moins loquace et explicite que sa première partie trop bavarde, permet d’exprimer toute la vigueur.

» LIRE LA CRITIQUE : « Le Secret des Perlims », métaphore colorée du Brésil contemporain

♦ Maurice le chat fabuleux **

de Toby Genkel et Florian Westermann

Film d’animation germano-britannique, 1 h 33

C’est un monde où le chat ne chasse pas les souris. Au contraire, Maurice coopère avec des rats pour enchaîner les filouteries de ville en ville. Mais son stratagème tombe à l’eau… Adaptation haute en couleur de l’univers malicieux de l’écrivain britannique Terry Pratchett, ce film d’animation tient la route grâce à son scénario, abordant le pouvoir de l’écriture et l’exclusion, moins par son esthétique qui donne une impression de déjà-vu.

» LIRE LA CRITIQUE : « Maurice le chat fabuleux », entre les frères Grimm et « Ratatouille »

♦ Pattie et la colère de Poséidon *
de David Alaux, Eric Tosti, Jean-François Tosti
Film d’animation français, 1 h 36

Quatrième long métrage des sympathiques Toulousains de TAT Productions (Les As de la junglePil), cette relecture parodique du mythe de la Toison d’or imagine un Jason cacochyme se relançant dans sa quête avec des Argonautes ressuscités. Rien d’effrayant dans ce pastiche à hauteur de « souricette » aventureuse, Pattie, et de ses compères, mais rien de très surprenant non plus… Malgré une ouverture et un dénouement amusants, renouant avec l’inventivité burlesque et le savoir-faire technique du studio occitan, l’ennui gagne faute d’un scénario suffisamment charpenté.

 

► À partir de 7 ans

♦ Dounia et la princesse d’Alep **
de Marya Zarif

Film d’animation franco-canadien, 1 h 13

Dounia – « le monde » en arabe – est le prénom d’une petite Syrienne que la guerre contraint à l’exil. Avec ses grands-parents, elle cherche un nouveau foyer pour y vivre et grandir en paix. L’animation de ce film touchant est sommaire, mais le récit prend les enfants par la main pour les sensibiliser au sort des réfugiés. La dure réalité est sublimée par la sagesse des personnes, les valeurs humanistes des contes et légendes syriens et le son caressant de la bande sonore jouée à l’oud. Une œuvre savoureuse rehaussée des graines aromatiques magiques et des spécialités culinaires de la grand-mère…

» LIRE LA CRITIQUE : « Dounia et la princesse d’Alep », les graines de l’espoir

 

► À partir de 8 ans

Interdit aux chiens et aux Italiens ***

d’Alain Ughetto

Coproduction franco-européenne, 1 h 10

Les mains dans la polenta, Cesira fait chanter sa cuisine et raconte son histoire familiale, celle de migrants du Piémont ayant fui la misère et le fascisme. Une histoire douloureuse,
mais racontée avec une joie de vivre communicative, dans ce formidable film d’animation tout public. Laissant apparaître ses propres mains, Alain Ughetto interagit avec ses personnages attachants, au fil d’un dialogue fictif avec sa grand-mère que le cinéaste marseillais met en scène avec une inventivité qui ne cesse de surprendre. Bravissimo !

» LIRE LA CRITIQUE : « Interdit aux chiens et aux Italiens » : polenta, amour et mémoire familiale

♦ Astérix et Obélix. L’empire du Milieu **

de Guillaume Canet

Film français, 1 h 54

Le marchand phénicien Graindemaïs et la princesse Fu Yi, fille unique de l’impératrice de Chine, implorent les habitants du village gaulois d’Armorique de les aider à chasser le traître qui a emprisonné la souveraine. Un scénario original, non tiré d’un album, et resserré sur les relations des deux héros qui s’interrogent sur le sens de l’amitié, un thème cher à Guillaume Canet.

» LIRE LA CRITIQUE : « Astérix et Obélix. L’empire du Milieu », tendres Gaulois

 

► À partir de 10 ans

♦ Neneh superstar ***

de Ramzi Ben Sliman

Film français, 1 h 35

Au sein de l’École nationale de danse de l’Opéra de Paris, Neneh détonne au premier coup d’œil par sa peau noire, sa coupe afro colorée de rose et son incroyable bagout. Ce film social sur la danse montre le rude quotidien de l’école, le rapport décomplexé à une certaine norme, ainsi que les injustices culturelles. La jeune Oumy Bruni Garrel crève l’écran par sa présence, son naturel et sa spontanéité.

» LIRE LA CRITIQUE : « Neneh superstar » de Ramzi Ben Sliman : entrez dans la danse, ou pas

 

Khalifa Sall à la conquête de la diaspora sénégalaise 

À un an de la présidentielle, à laquelle il compte être candidat, l’ancien maire de Dakar, en tournée en Europe et aux États-Unis, tente de mobiliser les Sénégalais de l’étranger.

Mis à jour le 3 février 2023 à 17:08
 
 
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L’opposant sénégalais Khalifa Sall, ancien maire de Dakar. © Facebook Khalifa Ababacar Sall



À un an du scrutin présidentiel de février 2024, Khalifa Sall compte prendre de l’avance. Après avoir séjourné à New York du 30 janvier au 1er février, l’ancien maire de Dakar clôt, ce 3 février au Canada, une tournée internationale. 

Contre un troisième mandat de Macky Sall

Avant de traverser l’Atlantique, il s’était rendu en Italie, première étape de son périple, à la rencontre des militants de la ville de Bergame, au nord de Milan. « C’est avec un immense plaisir que je me retrouve parmi vous, pour vous écouter mais, surtout, pour partager avec vous une ambition commune », leur a-t-il lancé, dressant un tableau sombre de la situation politique au Sénégal et dénonçant l’idée d’une nouvelle candidature de Macky Sall alors que le chef de l’État entretient le suspense

À LIREFace à Macky Sall, l’ex-ministre Mary Teuw Niane lance son parti

« Au moment où je m’adresse à vous en tant que candidat de la plateforme Taxawu Senegal, notre pays traverse, malheureusement, des [événements] imprévisibles, incertains, [susceptibles de déboucher] sur des troubles, a insisté Khalifa Sall. Le gouvernement du Sénégal, adepte du flou et de la nébulosité, ne cesse de poser des actes qui risquent de mener au chaos. Qu’il soit ici dit, intégré et compris que nous n’accepterons pas une quelconque troisième candidature. »

Ousmane Sonko bloqué au Sénégal

Car l’ancien socialiste a bien conscience que la prochaine présidentielle se jouera aussi au sein de la diaspora, qui compte plus de 500 000 électeurs (7% de l’électorat sénégalais). Cette tournée à l’étranger doit donc lui permettre de fédérer les Sénégalais de l’extérieur autour de sa candidature, d’autant qu’Ousmane Sonko, principal opposant à Macky Sall et leader de la coalition Yewwi Askan Wi (YAW), fait l’objet d’une interdiction de sortie du territoire.

Sous contrôle judiciaire depuis mars 2021, le maire de Ziguinchor doit en effet être jugé prochainement (la date du procès n’est pas encore connue) pour des viols présumés. Une éventuelle condamnation pourrait compromettre ses ambitions politiques.  

Le leader du Pastef est en outre engagé dans un autre bras de fer judiciaire, qui l’oppose, cette fois, à Mame Mbaye Niang, le ministre du Tourisme. Le procès, qui a été renvoyé au 16 février, pourrait lui aussi contrecarrer les plans de l’opposant. Accusé, dans ce dossier, de diffamation, injures, faux et usage de faux, Ousmane Sonko encourt « quatre mois à deux ans de prison et une amende de 200 000 à 1,5 million de francs CFA, ou l’une de ces deux peines », synonymes d’inéligibilité s’il était condamné définitivement.

À LIREPoursuivi pour diffamation, Ousmane Sonko peut-il être déclaré inéligible ?

Khalifa Sall pourrait en tirer parti, mais lui non plus n’est pas sorti d’affaire. Condamné, en 2018, à cinq ans d’emprisonnement pour « faux en écriture de commerce et escroquerie portant sur les deniers publics », il est toujours disqualifié pour la présidentielle de 2024. Tout comme Karim Wade, le fils de l’ancien chef d’État Abdoulaye Wade, en exil au Qatar et condamné, en 2015, à six ans de prison pour détournements de fonds publics et à une amende de 138 milliards de francs CFA (210 millions d’euros).

Inéligible ?

Bien que ces deux personnalités de l’opposition aient fait l’objet d’une grâce présidentielle, respectivement en 2019 et en 2016, elles restent sous le coup d’une peine d’inéligibilité. « En vertu des articles L29 et L30 du Code électoral, qui stipulent qu’en cas de condamnation à une peine supérieure à trois mois de prison sans sursis ou supérieure à six mois avec sursis on ne peut être inscrit sur les listes électorales, Khalifa Sall et Karim Wade ne peuvent prétendre à une candidature. À moins qu’ils soient amnistiés, que leur procès soit révisé ou que ces articles soient modifiés », résume l’analyste politique Mouhamadou Mansour Ciss, spécialiste des questions électorales.  

Le 29 septembre 2022, dans un souci « d’ouverture politique et de consolidation du dialogue national », le chef de l’État avait demandé en Conseil des ministres à Ismaïla Madior Fall, le ministre de la Justice, d’examiner les possibilités d’amnistie « pour des personnes ayant perdu leur droit de vote ».

Mais la mesure avait immédiatement été rejetée par le candidat du Parti démocratique sénégalais (PDS). « L’amnistie est faite pour les coupables. Ce qui n’est pas le cas de l’ancien ministre Karim Wade. ll ne veut pas d’une amnistie, il demande à être rejugé. L’honneur n’a pas de prix », avait clamé, en octobre, à Jeune Afrique, Nafissatou Diallo, la secrétaire générale à la communication du PDS. 

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Et Khalifa Sall ? Ses partisans font valoir que « sa candidature n’est pas assujettie à une amnistie ». « Aucune peine complémentaire n’a été prononcée à son endroit pour le déchoir de ses droits civils et politiques. ll est éligible », estime Ibrahima Ndiaye, son conseiller en communication.

L’analyste Mouhamadou Mansour Ciss reste cependant catégorique : « La déchéance des droits, et donc l’inéligibilité, est une sanction complémentaire. Le juge apprécie au cas par cas s’il va l’appliquer ou pas. Mais, avec le code électoral actuel, même si le juge ne la prononce pas, la perte des droits civiques s’applique de fait ».

Le débat juridique est donc lancé. De retour de son périple à l’étranger, Khalifa Sall va reprendre sa tournée nationale, entamée le 14 janvier. Après avoir sillonné les départements de Rufisque et de Diourbel, il devrait se rendre, le 6 février, à Tambacounda et Kédougou, dans le sud-est du pays. « Le président Khalifa Sall pose ainsi les actes de sa légitimité, conclut Ibrahima Ndiaye. Sa candidature est irréversible. »