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Olivier Dubois enfin libéré après deux ans de détention

Le journaliste français, qui collaborait notamment pour Jeune Afrique, a été libéré ce lundi. Il avait été enlevé il y a près de deux ans dans le nord du Mali. Enlevé au Niger en 2016, l’Américain Jeffery Woodke a lui aussi été libéré.

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 20 mars 2023 à 16:13
 
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Le journaliste français Olivier Dubois à son arrivée à l’aéroport international Diori Hamani de Niamey, le 20 mars 2023. © Souleymane AG ANARA / AFP

 

Enfin libre. Près de deux ans après son enlèvement, le 8 avril 2021, à Gao, dans le nord du Mali, notre confrère Olivier Dubois, qui collaborait depuis Bamako pour LibérationLe Point et Jeune Afrique, a été libéré ce lundi 20 mars. Il est arrivé en début d’après-midi à l’aéroport de Niamey, où il semblait visiblement souriant et en bonne santé, en compagnie d’un autre otage américain, Jeffery Woodke, qui avait été enlevé en 2016 au Niger.

« Je tenais à rendre hommage au Niger, à la France et à tous ceux qui m’ont permis d’être là aujourd’hui. Je me sens fatigué mais je vais bien », a-t-il déclaré aux quelques journalistes présents à son arrivée à l’aéroport de Niamey. « Les otages ont été récupérés sains et saufs par les autorités nigériennes avant d’être remis aux autorités françaises et américaines », a pour sa part précisé le ministre de l’Intérieur nigérien, Hamadou Souley, présent à ses côtés avec l’ambassadeur de France au Niger, Sylvain Itté.

Nouvelles rassurantes ces derniers mois

« Nous nous réjouissons de la libération de notre confrère qui était aux mains d’un groupe islamiste armé au Mali depuis près de deux ans. C’est le journaliste français qui a été le plus longuement retenu en otage depuis la guerre du Liban », s’est également félicité Reporters Sans Frontières (RSF) qui assure avoir « eu des nouvelles rassurantes à plusieurs reprises ces derniers mois, et encore très récemment : il semblait en bonne forme, mais la durée de sa captivité nous inquiétait. »

Olivier Dubois, journaliste indépendant de 48 ans, avait été enlevé le 8 avril 2021 à Gao, dans le nord du Mali, par le Groupement de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM, ou JNIM, en arabe), la filiale d’Al-Qaïda au Sahel dirigée par le Malien Iyad Ag Ghali.

Olivier Dubois vivait et travaillait au Mali depuis 2015. Il avait lui-même annoncé son enlèvement dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux près d’un mois après son rapt, le 5 mai 2021.

Contre la menace jihadiste et Wagner, Washington fait le pari du Niger

Antony Blinken est le premier secrétaire d’État américain à se rendre dans le pays, considéré comme un pôle de stabilité dans la région.

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 17 mars 2023 à 10:37
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Le secrétaire d’État américain Antony Blinken rencontre des chefs traditionnels et des responsables nigériens de la région de Hamdalaye à Niamey, le 16 mars 2023. © Boureima HAMA / POOL / AFP

 

En visite à Niamey le 16 mars, Antony Blinken a apporté son soutien au Niger, un pays stable dans une région en proie à la violence jihadiste et où la Russie tente de marquer des points.

Il est le premier chef de la diplomatie américaine à se rendre au Niger, base militaire-clé pour les forces occidentales dans leur lutte contre les jihadistes au Sahel. À l’issue d’une rencontre avec le président Mohamed Bazoum, il a annoncé une nouvelle aide humanitaire à la région du Sahel d’un montant de 150 millions de dollars, ce qui porte le total de cette aide à 233 millions de dollars pour 2023.

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« Le Niger a été rapide dans la défense des valeurs démocratiques menacées dans des pays voisins », a estimé le secrétaire d’État américain lors d’une conférence de presse, en référence au Mali et au Burkina Faso dirigés par des militaires putschistes. Avant de s’entretenir avec le président Bazoum, il avait commencé sa visite par une rencontre avec des jihadistes repentis qui bénéficient d’un programme de réinsertion financé à hauteur de 20 millions de dollars par les États-Unis.

Menaces communes

Dans le contexte régional, le Niger est devenu un allié essentiel de la France dans ses efforts militaires en Afrique de l’Ouest : un millier de soldats y sont stationnés. Les États-Unis ont également construit et exploitent la Base aérienne 201, utilisée pour piloter des drones destinés à attaquer et surveiller des jihadistes.

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Une haute responsable américaine voyageant avec Antony Blinken a déclaré que ce déplacement visait à soutenir les efforts du président Bazoum qui critique l’action du groupe Wagner. « Nous pensons qu’ils font les bons choix pour faire face aux types de menaces communes à travers le Sahel. Nous essayons donc de mettre en évidence un exemple positif », a-t-elle déclaré, ajoutant que Washington souhaitait aider Niamey à « professionnaliser » ses forces armées. « Franchement, le Niger est dans une position très difficile » a-t-elle poursuivi, mais « malgré tous ces défis, les autorités essaient vraiment de faire ce qu’il faut ».

(avec AFP)

Au Burkina Faso, la vie sous blocus jihadiste

Djibo, Pama, Nouna, Arbinda, Sebba, Diapaga… Ces derniers mois, le nombre de villes dont l’approvisionnement est rendu quasiment impossible à cause des groupes jihadistes ne cesse de croître.

Mis à jour le 16 mars 2023 à 16:59

 

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Vue aérienne de la ville de Djibo, dans le nor du Burkina Faso, le 18 février 2021. © Sam Mednick/AP/SIPA

 

Tougouri est tombée. Le 15 mars, vers 4 heures du matin, les femmes, hommes et enfants de cette ville du Centre-Nord du Burkina Faso ont vu des jihadistes envahir leur ville, les obligeant à fuir dans la précipitation. La prise de cette localité stratégique, sur l’axe reliant Kaya à Dori, rendra les approvisionnements entre Ouagadougou et le Nord-Est quasiment impossibles, durcissant encore, comme dans de nombreuses autres régions du Burkina Faso, un blocus qui dure depuis des mois.

Déjà, en juin 2022, le pont de Naré avait été dynamité par des hommes armés, fermant l’axe à la circulation pendant deux mois avant sa réouverture. Même sort infligé au pont de Woussé sur l’axe Koungoussi-Djibo, obligeant les convois de ravitaillement à faire demi-tour alors que la population de Djibo, sous blocus jihadiste, sombrait dans la famine. La liste des villes asphyxiées par l’étau jihadiste est longue – Pama, Nouna, Arbinda, Sebba, Diapaga … – et ne cesse de s’allonger malgré les efforts du régime de transition mené par Ibrahim Traoré.

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Au pouvoir depuis six mois, le jeune capitaine de 34 ans qui reprochait à son prédécesseur, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, de n’avoir rien réglé à la crise sécuritaire, s’est donné pour objectif « la reconquête du territoire occupé par ces hordes de terroristes ». Offensif, le président de transition consacre tous les moyens possibles à l’effort de guerre, notamment en recrutant entre 50 000 et 90 000 Volontaires de défense pour la patrie (VDP), des supplétifs civils venus renforcer les rangs de l’armée. Malgré tout, les régions du Nord, du Sahel, de l’Est et du Centre-Nord restent sous le contrôle des groupes jihadistes.

Restriction des biens et des personnes

D’après Mahamadou Issoufou, médiateur de la Cedeao pour le Burkina Faso, 40 % du territoire national est contrôlé par des groupes liés à Al-Qaïda et à l’État islamique. « On dénombre aujourd’hui entre 24 et 26 villes burkinabè sous blocus, estime une chercheuse, spécialiste en gouvernance et sécurité dans le Sahel. Mais il y en aurait plus, notamment dans les zones rurales où ils sont difficiles à quantifier. Au-delà de ces villes de moyenne importance, des villages ou groupes de villages sont aussi placés sous blocus par les groupes jihadistes. »

« Leur but est d’isoler les populations, en imposant des restrictions de mouvement des biens et des personnes, poursuit-elle. À terme, cela aboutit à des situations de pénuries alimentaires et de détresse extrême. » Privées de denrées alimentaires et de produits de première nécessité, dotées d’un réseau téléphonique souvent inaccessible et sans accès à l’eau, ces villes manquent de tout.

« Feuilles bouillies »

« La population souffre de malnutrition », confie un habitant d’Arbinda, dans le nord du Burkina Faso, sous blocus depuis des mois. « Les habitants se nourrissent de feuilles et de baies sauvages qu’ils font bouillir », raconte-t-il. Autorisée uniquement pour les femmes et tolérée par les jihadistes, la cueillette est limitée à un périmètre de 5 kilomètres autour de la ville. En janvier, une cinquantaine d’entre elles ont été enlevées alors qu’elles avaient franchi la ligne invisible.

Dans toutes les villes sous blocus, la situation est similaire. Certaines, comme Bourzanga (Centre-Nord) profitent de la proximité d’un lac pour faire un peu d’agriculture. Pour d’autres, la seule chance de ne pas mourir de faim réside dans les approvisionnements par convoi. « Mais à quel prix ? » demande Daouda Diallo, secrétaire général du Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC), en référence au 37 morts du convoi à destination de Djibo, tombé dans une embuscade à Gaskindé en septembre 2022.

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D’après lui, le coût logistique et humanitaire est trop élevé pour des victoires seulement ponctuelles. « Il faut une forte implication de l’armée pour déminer les routes. Cela prend du temps. Pour faire 200 kilomètres, il faut compter au moins un mois », estime Diallo. La route nationale 22, qui relie Ouagadougou à Djibo sur 280 kilomètres, est devenue impraticable. Bourrée d’engins explosifs, elle est surnommée « l’axe de la mort » par les Burkinabè.

Djibo, chef-lieu de la province du Soum, est la première ville à avoir subi un tel blocus. « Puis le phénomène s’est intensifié en 2022 avec l’arrivée des militaires au pouvoir », analyse Daouda Diallo. Selon le défenseur des droits humains, la stratégie du tout-militaire adoptée par Ibrahim Traoré et son prédécesseur Damiba a saboté les initiatives de dialogue et intensifié les blocus. En armant les civils – les Volontaires de défense pour la patrie (VDP), corps créé en janvier 2020 pour épauler les forces de défense et de sécurité -, la violence s’est amplifiée à travers le territoire.

Escalade de la violence

« Les groupes jihadistes cherchent à punir les communautés qui collaborent avec les forces nationales et qui refusent de prêter allégeance », reprend la chercheuse spécialiste du Sahel. Pour Daouda Diallo, le cycle de la violence va plus loin. « C’est devenu une guerre civile entre communautés », explique-t-il. Créé en 2019 pour condamner les violences subies par les civils, en particulier les membres de la communauté peule, le CISC dénonce régulièrement des massacres de civils commis par les militaires burkinabè et les VDP.

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« Toutes les villes où les forces armées nationales ont commis des crimes sur les populations locales sont maintenant sous blocus », précise Daouda Diallo. Il dénonce une « course à l’armement dangereuse » qui « pousse les populations à rejoindre les groupes armés ». Plaidant pour plus de dialogue et d’actions judiciaires, le défenseur des droits humains prévient : la menace avance vers Ouagadougou. La capitale et ses 2,5 millions d’habitants subissent déjà des problèmes d’approvisionnement des produits venant de l’Est, comme le poisson.

Dakar sous tension à l’ouverture du procès d’Ousmane Sonko

Le procès de l’opposant, accusé de diffamation, s’est ouvert ce jeudi dans une ville quadrillée par les forces de l’ordre. Des heurts avec les manifestants ont été rapportés. Ses avocats demandent un renvoi.

Mis à jour le 16 mars 2023 à 15:32
 
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Des policiers utilisent des gaz lacrymogènes à Dakar, le 16 mars 2023. © JOHN WESSELS/AFP

C’est dans une ambiance explosive que le procès d’Ousmane Sonko, jugé pour « diffamation » et « faux et usage de faux », a débuté ce jeudi 16 mars au matin, au tribunal correctionnel de Dakar. Le candidat à la prochaine élection présidentielle a quitté son domicile de Keur Gorgui avant 9 heures, escorté par ses partisans. La veille, il avait été empêché de quitter son quartier, les forces de l’ordre ayant quadrillé l’accès à son domicile alors qu’une manifestation de soutien organisée le jour même avait été interdite par le préfet de Dakar.

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Ce 16 mars au matin, le cortège s’est déplacé dans le calme jusqu’au rond-point Mermoz, situé à un kilomètre de la maison d’Ousmane Sonko. Bloqué par les forces de l’ordre qui lui intimaient de prendre un itinéraire choisi par elles pour se rendre à sa convocation, l’opposant a dit refuser de se plier aux injonctions de la police.

Demande de renvoi

Selon son entourage, des nervis armés du parti au pouvoir l’attendaient sur la corniche de Dakar, à l’endroit même où son véhicule avait été attaqué le 16 février dernier, date à laquelle son procès devait initialement se tenir. C’est pourquoi l’opposant souhaitait emprunter une autre route. « La police m’empêche de me rendre à la convocation du tribunal », a déclaré le président du Pastef à la presse, avant de rentrer à nouveau dans l’habitacle de son véhicule au moment où la police commençait à tirer des grenades lacrymogènes.

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Sur des images diffusées sur les réseaux sociaux, on voit Ousmane Sonko être finalement extrait de son véhicule par des agents en treillis sous les protestations du député Guy Marius Sagna, allié d’Ousmane Sonko, et de l’un de ses avocats, Ciré Clédor Ly. « On va au tribunal, laissez-nous partir », ont répété plusieurs fois ces derniers avant qu’Ousmane Sonko ne soit empoigné par les forces de l’ordre qui l’ont conduit au tribunal dans leur véhicule.

Aperçu en chaise roulante dans le tribunal, Ciré Clédor Ly, qui dit avoir été la cible de gaz lacrymogènes, s’est déclaré en incapacité de plaider et a demandé que le procès soit à nouveau renvoyé. L’avocat et son client ont été examinés par des médecins en fin de matinée.

Pour assister une équipe déjà conséquente, Ousmane Sonko s’est entouré pour ce procès d’au moins deux nouveaux avocats : le franco-comorien Saïd Larifou et le Burkinabè Guy Hervé Kam.

Des heurts en centre-ville

Alors que l’audience débutait finalement dans la matinée, des heurts entre les forces de l’ordre et les manifestants ont été signalés aux abords de la Voie de dégagement Nord (VDN). Le calme est brièvement revenu dans le quartier de Mermoz après le passage du convoi, avant que des manifestants ne tentent de mettre le feu à une station essence du quartier. Des affrontements entre des manifestants et des forces de l’ordre ont également éclaté sur l’avenue Bourguiba, non loin de la faculté Cheikh Anta Diop, et au quartier du Plateau. Des bus de la compagnie Dakar Dem Dikk ont été brûlés dans le centre-ville de Dakar.

Le 15 mars, le parti au pouvoir avait qualifié « d’appel à l’insurrection » les injonctions d’Ousmane Sonko à ses partisans de se rendre au tribunal. Dans un communiqué, l’Alliance pour la République (APR) critiquait aussi ses « tentatives désespérées de créer un contre-feu pour éviter de répondre à la justice ». « Lorsque la justice est défaillante, le peuple rend son verdict dans la rue », a rétorqué le secrétaire général du Pastef, Bassirou Diomaye Faye.

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