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Législatives, régionales et municipales en Mauritanie: dernière ligne droite de la campagne

En Mauritanie, les électeurs sont appelés à choisir leurs députés, maires et présidents de région. La campagne bat son plein à travers le pays. C'est la dernière ligne droite avant la clôture de la campagne, demain soir, jeudi 11 mai.

Avec notre envoyé spécial à Nouakchott, Sidy Yansané

Ce soir-là, à Nouakchott, quelques centaines de militants du parti El Insaf sont toujours rassemblés dans une cour du quartier Sebkha, l’une des huit communes urbaines de la capitale. Tous sont venus soutenir les cadres du parti dont le prétendant à la mairie de Sebkha, qui espère ravir le siège à l’opposition grâce à l’impulsion du président Mohamed Ould Ghazaouani : « Il y a une rupture entre le président et les autres, dit-il. Le seul discours qu’il tient est un discours de vérité. C’est ce langage de vérité, à mon avis, qui attire beaucoup de gens. Il a rompu complètement avec l’hypocrisie ».

« La jeunesse est engagée »

Dans l’assistance, beaucoup de femmes et surtout des jeunes, comme l’ingénieur El Hadj Amadou qui veut alourdir le poids du parti au pouvoir dans la capitale : « Tout le monde sait qu’aujourd’hui, au XXI siècle, la jeunesse c’est la fibre vraiment de développement dans tous les pays du monde. Donc, il n’y a pas exception en Mauritanie. La jeunesse est engagée, elle est déterminée, la jeunesse est consciente et elle veut prendre des choses en main, prendre ses responsabilités, défendre son programme et surtout aller de l’avant, surtout ». 

Même si le parti El Insaf part favori face à une opposition dispersée, ces élections font figure de test de popularité pour le président Mohamed Ould Ghazaouani.

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Les femmes espèrent progresser dans leur représentativité politique

Alors que les élections législatives municipales et régionales auront lieu le 13 mai 2023, les femmes organisent la majorité des activités de la campagne. Très investies, une liste nationale leur est même réservée pour améliorer leur représentation à l'Assemblée nationale. Mais, malgré ces progrès, elles ne représentaient même pas 21% des députés de l'Assemblée sortante. Cette année, elles espèrent faire mieux.

Reportage à Nouakchott, Léa Breuil

Dans ce marché couvert de Nouakchott, les militantes du parti d’opposition islamiste Tawassoul redoublent chaque soir d’effort pour battre campagne. Cette année, elles espèrent que les femmes représenteront au moins le quart des députés à l’Assemblée nationale. Mais, pour cette candidate à la députation de ce parti, le changement des mentalités se fera progressivement : « En Mauritanie, la femme a un rôle de leader. Elle est habituée à prendre les décisions dans son foyer. Mais en politique, elle a longtemps été mise à l’écart, par manque de connaissance dans ce domaine. Avec le temps, la femme finira par occuper un rôle de leader en politique dans cette société qui tient à ce qu’elle ait une place centrale. »

« Autonomes »

Jusqu’ici les femmes bénéficiaient d’une vingtaine de sièges au Parlement, et ce quel que soit leur score, grâce à une liste nationale. Cette année, la loi exige en plus que les partis leur réservent des places plus stratégiques dans leurs listes. Selon Fatimatou Bint Abdel Malick, l’une des seules candidates à la tête d’une liste régionale et membre du parti au pouvoir, des progrès ont été réalisés mais les femmes doivent encore se mobiliser : « Cela tient aussi à ce que les femmes elles-mêmes s’intéressent à la politique, il faut qu’elles soient autonomes, qu’elles puissent elles-mêmes financer leur campagne, qu’elles puissent s’intéresser elles-mêmes à se positionner dans les listes électorales. Quelque part, c’est un grand combat que nous devons mener et nous sommes là pour ça. »

Selon la Commission nationale électorale indépendante, les partis qui ne respecteront pas la loi sur la représentativité seront sanctionnés.

Existe-t-il encore une opposition au Mali ?

Le coup d’État de 2020 a profondément reconfiguré la classe politique malienne. Depuis, ses membres hésitent sur l’attitude à adopter par rapport au régime de transition, afin de ne pas compromettre leurs chances pour la suite.

Mis à jour le 10 mai 2023 à 08:54

 
Mali
 

 

Les leaders de l’opposition au Mali. © Montage JA : Dado Bakari ; Vincent Fournier pour JA ; AFP

 

Le mot serait-il devenu tabou ? Quand on se penche sur l’état de la classe politique malienne, rares sont les partis et hommes politiques qui veulent bien endosser le costume d’opposant. « Nous ne nous considérons certainement pas comme une force d’opposition », balaie ainsi Yaya Sangaré, le secrétaire général de l’Alliance pour la démocratie au Mali – Parti africain pour la solidarité et la justice (Adema-PASJ). « Nous ne nous privons pas de dire quand nous sommes en désaccord avec la façon de conduire la transition, mais nous avons fait le choix d’un accompagnement sincère et responsable. La transition doit être une période de rassemblement », estime cet ancien ministre d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK).

Ni au pouvoir, ni dans l’opposition. C’est cette même ligne que tiennent les principales formations du pays, comme le Rassemblement pour le Mali (RPM) et l’Union pour la république et la démocratie (URD), respectivement fondés par les défunts IBK et Soumaïla Cissé. L’Adema et le RPM comptent des membres au Conseil national de transition (CNT), qui tient lieu d’organe législatif, quand des cadres de l’URD ont intégré le gouvernement.

Accompagnement

« Historiquement, au Mali, on note une frilosité par rapport au fait de se revendiquer de l’opposition. Dans la conscience collective, le terme revêt une connotation péjorative. Il est encore moins facile à porter aujourd’hui, car nombre de Maliens considèrent cette transition comme salvatrice face à une classe politique discréditée. Assumer le fait d’être dans l’opposition, c’est aussi prendre le risque d’apparaître comme s’opposant aux attentes populaires », décrypte Baba Dakono, chercheur et secrétaire exécutif de l’Observatoire citoyen sur la gouvernance et la sécurité.

Malgré ses sorties acerbes contre la transition, la branche dissidente du M5-RFP, qui a renié son compagnonnage avec le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, se présente davantage comme « un organe de veille et de contrôle ». Face à eux, le « cadre des partis politiques », composé en majorité d’anciens collaborateurs d’Ibrahim Boubacar Keïta, n’accepte pas plus le qualificatif d’opposant, lui préférant celui de « force démocratique constituée qui travaille au retour à l’ordre constitutionnel », selon les mots de Modibo Soumaré qui assure actuellement la présidence tournante du cadre d’échange.

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Un terme revient inlassablement auprès des acteurs politiques de tous bords : l’accompagnement. « La transition n’est pas un pouvoir issu d’élections, c’est une période d’exception. Se positionner en opposition à une transition, ce n’est pas constructif », justifie Moussa Mara, ancien Premier ministre et président du parti Yéléma. Une position qui, assure-t-il, ne vaut pas adhésion. « L’objectif doit être d’aider à la réussite de la transition, en tant que période. Ce qui va au-delà de la réussite de ceux qui incarnent l’autorité. Lesquels, par définition, ne sont que passagers », défend-t-il.

Querelles intestines

Cette volonté d’accompagner la transition ne fait pourtant pas l’unanimité au sein des partis politiques maliens, dont certains, déjà minés par les luttes internes, continuent de se déchirer sur la question. Au RPM, « il y a les pro et les anti-Assimi Goïta », résume un homme politique malien qui assure que les membres du parti ayant rejoint le CNT sont « des membres dissidents », à l’image de Mamadou Diarrasouba un temps pressenti pour accéder au perchoir sous IBK.

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Une division de plus pour le parti de feu Ibrahim Boubacar Keïta, en proie à une guerre de succession portée jusque devant la justice. Récemment, la formation a vu plusieurs de ses membres claquer sa porte, à l’instar de Moussa Timbiné, éphémère président de l’Assemblée nationale avant le coup d’État d’août 2020. S’il a quitté le navire en raison de son désaccord avec le leadership de Bokary Tréta, les antagonismes autour du soutien à Assimi Goïta ne seraient pas étrangers à son départ, croient savoir plusieurs sources.

Le climat n’est pas plus apaisé du côté de l’Union pour la république et la démocratie (URD), dont les querelles intestines qui ont suivi le décès de Soumaïla Cissé ont également été portées devant les tribunaux.

Seule différence de taille : le parti compte plusieurs membres au sein de l’exécutif. Membre du M5-RFP, mouvement qui a mené la contestation au crépuscule d’IBK, Ibrahim Ikassa Maïga est entré au gouvernement en même temps que Choguel Kokalla Maïga. Aux côtés du ministre de la Refondation de l’État, Aoua Paul Diallo Diawara, elle aussi issue des rangs de l’URD, s’est vue confier le portefeuille du Travail et de la Fonction publique.

Équilibres fragiles

Petites et grandes formations, aucune ne souhaite s’opposer trop frontalement au quarteron de colonels qui tient les rênes de l’État. En coulisses, les prédictions concernant une alliance de circonstance entre la junte au pouvoir et une ou plusieurs formations politiques circulent allègrement.

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« Si Assimi Goïta se présentait à la prochaine présidentielle, rien ne dit qu’il n’aura pas le soutien d’importantes formations politiques. Faute de candidat consensuel en leur sein, une candidature extérieure pourrait être la bienvenue. Pour avoir des chances d’entrer au gouvernement, certains partis feront le pari de soutenir celui qui tient l’appareil d’État et jouit du soutien d’une partie de la population », estime Baba Dakono.

 

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Assimi Goïta rencontre Choguel Kokalla Maïga après la cérémonie de prestation de serment du président de transition malien à Bamako, le 7 juin 2021. © Habib Kouyate/Xinhua/ABACA

 

Interrogé sur la question, l’Adema ne ferme pas la porte à un tel scénario. « La meilleure des options, selon nous, serait que les militaires retournent dans les casernes après la transition. Mais si l’un d’entre eux décidait de se présenter dans le respect des règles en vigueur, nous jouerons le jeu démocratique », botte en touche Yaya Sangaré.

Le sujet est loin de faire consensus au sein de « la ruche ». Si le secrétaire général du parti à l’abeille revendique une « dynamique d’ouverture totale » et assure que l’Adema « parle à tout le monde », d’autres piliers du parti rejettent catégoriquement l’option. « S’il se présente à la présidentielle, Assimi Goïta sera perçu comme un parjure dont l’Adema ne pourra que se démarquer. Sa candidature ne sera pas source de paix ou de stabilité pour le Mali », balaie un membre de l’équipe dirigeante du parti, sous couvert d’anonymat.

Dans ce grand ballet de tractations, les adversaires d’hier pourraient-ils devenir les alliés de demain ? « L’environnement politique malien est en perpétuelle reconfiguration, au gré des intérêts et des circonstances. Quitte à se faire au détriment de la logique », fait valoir Baba Dakono.

Certains en veulent pour preuve le parcours de l’actuel chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, ou celui, tout en revirements, du Premier ministre. « Rappelons-nous que Choguel Kokalla Maïga était très virulent contre les colonels. Mais à la première opportunité, il les a rejoints. Il faut lui reconnaître une colonne vertébrale très agile, c’est le roi des contorsions », raille un ancien ministre d’Ibrahim Boubacar Keïta.

Un calendrier flou

Considéré par beaucoup comme un candidat potentiel à la magistrature suprême, l’ex-Premier ministre Moussa Mara estime quant à lui qu’il est « extrêmement prématuré de parler de la présidentielle », pointant le flou autour le calendrier électoral. En témoigne le référendum constitutionnel qui aurait du se tenir le 19 mars avant d’être reporté sine die par les autorités et le retard pris sur le chronogramme des élections territoriales de juin 2023.

S’y ajoute une crainte, lentement distillée parmi les hommes politiques considérés comme des « présidentiables » : celle de sortir trop tôt du bois et de risquer d’apparaître comme l’homme à abattre. « La plupart des hommes politiques auxquels s’intéresse la justice malienne sont des candidats crédibles à la prochaine présidentielle », fait remarquer un ancien ministre.

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« Nous n’avons pas peur d’une quelconque chasse au sorcières, nuance quant à lui Yaya Sangaré. Mais avant de lancer un appel à candidature, encore faut-il créer les conditions pour que celui qui sera choisi soit accepté. Trop souvent, au sein de l’Adema, des divisions sont apparues dès les primaires et ont fragilisé nos chances lors du scrutin. »

Plusieurs personnalités empêchées

À l’heure où la classe politique malienne tente de se réorganiser et négocie tous azimuts ses unions politiques, impossible de présager de la composition de la ligne de départ pour la prochaine course présidentielle, dont le premier tour doit se tenir en janvier 2024.

Seule certitude : plusieurs personnalités seront empêchées d’y participer, tenues à l’écart du pays par des déboires judiciaire. Parmi eux, le fils de l’ancien président, Karim Keïta, la tête de gondole de la gauche malienne Oumar Mariko mais aussi Boubou Cissé, le chef du gouvernement renversé en 2020.

Dans ce paysage politique embrumé, l’opposition ne viendrait-elle pas du côté de ceux qui, sans bruit, attendent leur heure ? Certains hommes politiques ont en tout cas fait le choix de l’effacement. On peut ainsi citer Modibo Sidibé, plusieurs fois candidat à la présidentielle qui, à défaut de communiquer, a opté pour un discret quadrillage de terrain. Mais aussi le businessman et homme politique Aliou Boubacar Diallo qui, même depuis l’étranger, conserverait des vues sur le palais présidentiel de Koulouba.

Bénin: vingt ans après un concert tournant au drame, Koffi Olomidé visite les familles endeuillées

 

Le chanteur congolais Koffi Olomidé recevant une récompense aux All Africa Music Awards, à Lagos au Nigeria, le 21 novembre 2021 (image d'illustration). AFP - PIUS UTOMI EKPEI

 

Au Bénin, le 3 mai 2003, un concert de l’artiste congolais Koffi Olomidé a tourné à la tragédie au stade de l’Amitié de Cotonou. Parmi les milliers de spectateurs venus l’écouter, 17 personnes sont mortes dans une bousculade. Vingt ans après, Koffi Olomidé a séjourné à Cotonou du mercredi 3 au vendredi 5 mai, pour témoigner de sa solidarité envers les proches des victimes et rendre hommage à ceux qu’il appelle les « martyrs du tcha-tcho », le rythme dont il est l’inventeur.

Avec notre correspondant au Bénin, Jean-Luc Aplogan

L’opération d’hommage et du grand pardon a duré deux jours. Au programme : messe catholique, prières musulmanes, dépôt de gerbe au cimetière et déjeuner avec les familles éplorées. Koffi Olomidé explique les raisons de sa démarche : « J’ai vécu avec ça pendant vingt ans. J’ai demandé pardon aux familles mais ça ne suffisait pas. Ma conscience m’obligeait à venir, c’était le bon moment. »

Mission délicate

l’artiste n’était pas venu au Bénin depuis la bousculade meurtrière qui a fait 17 morts. La mission était donc délicate, beaucoup redoutaient la réaction des familles lors du déjeuner qu’il a partagé avec elles. Ça s’est plutôt bien passé, dit Koffi Olomidé : « On a ri, on a fait des photos, chacun a compris que c’était le destin. La mort n’évite personne, chaque humain qui vient au monde s’invite à la mort. »

« Renaissance »

Les familles confirment : « Il est pardonné c’est la volonté de dieu. Pas de tristesse aujourd’hui, c’est la renaissance ». L’artiste rapporte que des familles lui ont demandé de composer une chanson en mémoire des victimes qu'il  appelle « les martyrs du tcha-tcho », rythme dont il est l’inventeur. « C’est mon exercice préféré » rappelle Koffi Olomidé.

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Achats en magasin, épargne… Wave accélère en Côte d’Ivoire

Grâce à des partenariats dans la grande distribution et les transports, la start-up d’origine américaine, par ailleurs en discussion avec des assureurs, élargit son offre. Ce qui confirme la compétition à l’œuvre avec les opérateurs télécoms et les banques.

Par  - à Abidjan
Mis à jour le 2 mai 2023 à 16:51
 
 Wave

 

 

Wave a percé sur le marché du mobile money en proposant des ouvertures de compte sans frais et des prix très réduits par rapport à la concurrence. © Wave.

 

La fintech américaine Wave ne se contente plus uniquement de dépôts, de transferts d’argent au niveau national et international ou encore de retraits en Côte d’Ivoire. La marque au pingouin, qui poursuit son développement après avoir investi 55 milliards de F CFA (environ 84 millions d’euros) ces dernières années dans le pays, vient de lancer de nouvelles offres, prenant pied sur des créneaux dans lesquels ses concurrents – les filiales des opérateurs de télécoms – sont présents depuis plusieurs années.

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La conclusion d’un partenariat avec plusieurs chaînes de grande distribution, dont Carrefour, Casino, Socofrais et Socoprix, permet à la start-up, qui revendique plus de 18 millions de comptes (tous ne sont pas actifs) et quelque 15 000 points de vente, de proposer à ses utilisateurs de régler leurs achats dans ces enseignes à partir de leur compte Wave.

Même chose dans les transports et la restauration rapide, où des partenariats ont été signés avec notamment l’Union des transporteurs de Bouaké (UTB), Heetch, Glovo et DHL, mais aussi Burger King. Un mouvement qui confirme la concurrence accrue entre les fintech et les opérateurs classiques du mobile money, à savoir MTN, Moov et Orange, dans ce secteur où Wave est parvenu à s’implanter en proposant l’ouverture de compte sans frais et des prix cassés.

Paiements de salaires

Chassant également sur le terrain des banques, la start-up créée en 2011 par les New-Yorkais Drew Durbin et Lincoln Quirk entend se lancer dans le paiement de masse. Ce segment, qui a du potentiel en Côte d’Ivoire depuis le retrait du marché de Yup, filiale du groupe bancaire français Société générale, Wave l’exploite depuis 2018 au Sénégal, où elle gère, entre autres, le versement des salaires pour le compte de la Société de cultures légumières de Saint-Louis.

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« Nous avons développé un service pour les professionnels et les entreprises, qui permet de payer son personnel et d’autres charges diverses, ainsi que de verser des bourses », explique ainsi Katier Bamba, le directeur général de Wave Côte d’Ivoire, un ancien de Atlantic Business International (ABI), holding financier et bancaire subsaharien du groupe marocain Banque populaire.

Alors qu’un service de collecte de fonds et d’épargne est désormais disponible, la start-up a démarré des négociations avec l’ivoirien NSIA Assurance, le franco-allemand Allianz et le courtiercpour pouvoir lancer des souscriptions à des produits d’assurance santé pour le grand public. Sachant que des discussions sont également en cours pour le lancement d’une carte bancaire.

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Wave compte aussi « explorer le segment du micro et du nano crédit », annonce Katier Bamba, soutenant toutefois que Wave n’a pas vocation à devenir une banque digitale. « Le cœur de notre activité reste la technologie », assure-t-il.

Expansion en Afrique de l’Ouest

Fort du soutien de ses actionnaires, à savoir la Société financière internationale (IFC, filiale dédiée au secteur privé de la Banque mondiale), les fonds de private equity Partech, mais aussi Stripe, Sequoia, Ribbit Capital et Y Combinator, Wave entend se développer davantage en Afrique de l’Ouest, avec une ouverture prochaine en Guinée Conakry, ainsi que dans d’autres pays de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (Uemoa).

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Pour l’heure, Wave est actif en Côte d’Ivoire, au Mali, au Burkina Faso et au Sénégal, son premier marché. La Côte d’Ivoire, où la start-up a lancé, en novembre 2022, une filiale dédiée à l’inclusion bancaire, Wave Digital Finance, représente son deuxième marché.

1er-Mai en Côte d’Ivoire: les salaires au cœur des revendications de syndicats

 

En Côte d’Ivoire, en ce 1er mai 2023, la revalorisation des salaires et le respect du salaire minimum figurent parmi les principales revendications d’organisations de défense des travailleurs, comme la CGT-CI. 

Avec notre correspondant à Abidjan, François Hume-Ferkatadji

Plusieurs événements sont prévus en Côte d’Ivoire pour célébrer la journée internationale de lutte pour les droits des travailleurs, ce 1er mai 2023. Les centrales syndicales vont se retrouver à la Bourse du travail à Abidjan, avant d’être reçues à la primature par le Premier ministre qui présidera une cérémonie officielle. Parmi les revendications principales des organisations de défense des travailleurs : la revalorisation des salaires et le respect du salaire minimum.

« Beaucoup d’entreprises n’appliquent pas l’augmentation du salaire minimum »

Désiré Atsé, le secrétaire général adjoint de la Confédération génération des travailleurs de Côte d'Ivoire (CGT-CI), égrène les principales revendications de son syndicat : « La revalorisation de salaires dans tous les secteurs, publics comme privés, le respect des libertés syndicales, la revalorisation du Smic et l’application même du Smic dans les entreprises.  

En Côte d’Ivoire, le salaire minimum n’est pas indexé sur l’inflation. Entre 2013 et 2023, il n’a pas évolué. Il a finalement été augmenté de 25% le 1er janvier dernier, passant de 60 000 à 75 000 francs CFA (91 euros à 114 euros). Mais cette augmentation n’est pas toujours respectée par les entreprises, regrette Désiré Atsé : « Il y a beaucoup d’entreprises qui ne l’appliquent pas, beaucoup d’entreprises qui refusent d’appliquer les 75 000, bien que les entreprises aient pris des engagements. Il y a des recours, il y a l’Inspection du travail qui est pratiquement impuissante. Même l’État pratiquement laisse faire. »

« 75 000 francs CFA, pour vivre à Abidjan, ce n’est pas possible »

Le responsable syndical évoque la bonne santé économique du pays pour demander la réévaluation du Smic : « On peut mieux revaloriser le salaire puisqu’en Côte d’Ivoire, l’économie se porte très bien. Ce n’est pas nous qui le disons, c’est le Président qui le dit. L’économie est résiliente, elle se porte bien. 75 000, pour vivre à Abidjan, ce n’est pas possible. »

En Côte d’Ivoire, un protocole d’accord lie les principales organisations syndicales et le gouvernement depuis 2018 dans le but d’éviter les mouvements de grève. Cette « trêve sociale » est aujourd’hui remise en cause par certains syndicats, comme la CGT-CI.

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