Le 14 janvier, Khalifa Sall, l’ancien maire de Dakar, a entamé une tournée nationale en vue de la présidentielle de 2024. © Facebook KHALIFA ABABACAR SALL
Au sein de Yewwi Askan Wi (YAW), l’heure n’est déjà plus à l’unité. À treize mois de la présidentielle de 2024, les leaders de la principale coalition de l’opposition travaillent désormais à se forger un destin présidentiel. Le 14 janvier, Khalifa Sall, l’ancien maire de Dakar, a donc entamé une tournée nationale qui doit le conduire « dans les 46 départements [du] pays ».
Et c’est la ville de Rufisque, située à une trentaine de kilomètres à l’est de Dakar, que le chef du parti Taxawu Senegal a choisie comme première étape d’un périple dénommé « Mottali Yéene » (« la pérennisation d’un engagement », en français). Lequel devrait lui permettre « d’écouter, de recueillir et de s’enrichir » aux côtés des Sénégalais, précise un clip vidéo annonciateur de l’évènement, publié sur Twitter.
« Je suis déterminé »
« Je suis fortement imprégné des difficultés qui sont les vôtres. Je les sens, je les vois, je les touche de la main et du cœur, je les subis avec vous », écrit encore Khalifa Sall dans un communiqué. Et d’ajouter : « Je suis un militant socialiste ancré dans les valeurs humanistes : l’égalité des chances, la justice sociale, la répartition équitable des ressources, la solidarité et le culte de l’intérêt général. Je suis déterminé à concrétiser les nobles ambitions que je nourris pour le peuple sénégalais. Et rien ne saurait ébranler la confiance que je porte en vous. »
Si Khalifa Sall a été le premier à annoncer officiellement sa candidature dès décembre 2021 lors d’un entretien accordé à Jeune Afrique, l’ancien socialiste a été devancé sur le terrain par Ousmane Sonko, devenu le principal leader de YAW à la sortie des législatives du 31 juillet 2022. Le maire de Ziguinchor, arrivé troisième à la présidentielle de 2019, sillonne depuis plus de trois mois le pays afin de mobiliser autour de sa candidature – c’est le « Nemmeeku Tour ». Cette tournée doit aussi lui permettre de mobiliser des fonds conséquents pour financer les activités de son parti. Selon la cellule de communication des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), plus de 330 millions de francs CFA (environ 500 000 euros) ont été récoltés depuis le lancement de la campagne de financement le 8 janvier.
Peine d’inéligibilité
Toutefois, pour briguer la magistrature suprême, les deux personnalités devront surmonter un obstacle judiciaire. Ousmane Sonko, accusé de viol dans l’affaire Adji Sarr, est toujours sous la menace d’un procès. Quant à Khalifa Sall, il devra bénéficier d’une éventuelle loi d’amnistie s’il veut voir sa future candidature validée par les instances électorales.
Le 29 septembre dernier, en conseil des ministres, le président Macky Sall avait instruit son Garde des sceaux « d’examiner, dans les meilleurs délais, les possibilités et le schéma adéquat d’amnistie pour des personnes ayant perdu leur droit de vote ». Or la mesure peut autant viser Karim Wade, désormais en exil au Qatar mais susceptible d’être une nouvelle fois le candidat du Parti démocratique sénégalais (PDS), que l’ancien maire de Dakar.
Condamné à six ans de prison pour détournements de fonds publics, le fils de l’ancien président Abdoulaye Wade est toujours sous le coup d’une forte amende de 138 milliards de francs CFA (210 millions d’euros) malgré une grâce accordée par Macky Sall en 2016. Quant à Khalifa Sall, également gracié en 2019, il traîne une peine d’inéligibilité après une condamnation de cinq ans d’emprisonnement pour « faux en écriture de commerce et escroquerie portant sur les deniers publics ». Ce verdict, prononcé en 2018, avait alors définitivement mis fin aux ambitions de ce dissident du Parti socialiste (PS) pour la présidentielle de l’année suivante.