Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Mali: un avant-projet de nouvelle Constitution présenté à Assimi Goïta

 

Au Mali, l’avant-projet de nouvelle Constitution a été remis mardi 11 octobre au président de transition, le colonel Assimi Goïta, qui a rappelé l’objectif de cette nouvelle loi fondamentale : « repartir sur de nouvelles bases » avec « l’espoir commun d’une démocratie rénovée et d’un État mieux organisé ». 

Le président de la Commission qui l’a rédigé, Fousseyni Samaké, en a présenté les principales nouveautés sur l’ORTM, la télévision d’État mardi. Il comporte 195 articles contre 122 pour la Constitution actuelle, qui date de 1992. Sur le fond, ce nouveau texte, rendu public par la présidence malienne ce mercredi, apporte plusieurs changements.

D’abord, il met en avant « l’affirmation claire du caractère unitaire de l’État malien », une manière d'assurer noir sur blanc que le Mali ne sera jamais un État fédéral. Cette possibilité avait été proposée par certains pour mettre un terme aux rébellions indépendantistes dans le Nord, mais une telle fédération n’est pas prévue par l’accord de paix conclu en 2015. Cela ne sera donc désormais même plus envisageable, à moins de modifier encore la Constitution.

Langues et laïcité

Le Mali a actuellement le français comme langue officielle utilisée dans l’administration et treize langues nationales, parlées et enseignées dans le pays : le bambara, le peul, le songhaï, le tamachek, l’arabe... La nouvelle Constitution prévoit que ces langues « ont vocation à devenir des langues officielles » et que « l’État peut adopter, par la loi, toute autre langue étrangère comme langue d’expression officielle ».

Concernant la laïcité, une question épineuse au Mali, pays très religieux, le nouveau texte, selon ses rédacteurs, vient « clarifier » la « conception malienne » de la notion de « République laïque ». La nouvelle Constitution prévoit ainsi que « la laïcité a pour objectif de promouvoir et conforter le vivre-ensemble dans la société, fondée sur la tolérance, le dialogue et la compréhension mutuelle. Pour l’application de ce principe, l’État garantit le respect de toutes les croyances ainsi que la liberté de conscience, de religion et le libre exercice des cultes ».

Changement dans les institutions

Pour ce qui concerne les institutions, le document promet « beaucoup d’innovations ». L'Assemblée nationale unique sera remplacée par un Parlement à deux chambres, avec la création d'un Haut Conseil de la Nation, l’équivalent d’un Sénat.

À noter également que le Parlement ne pourra plus renverser le gouvernement et le président de la République ne pourra plus dissoudre l’Assemblée. Une Cour des comptes, dont le rôle sera de contrôler l’utilisation de l’argent public, sera également créée. Le Conseil économique social et culturel sera dorénavant aussi environnemental. Et des suppressions sont également mentionnées, comme celles de la Haute Cour de justice et du Haut Conseil des collectivités.

Dans l’exécutif, ce n’est plus le Premier ministre mais le président de la République qui déterminera la politique de la nation, et le gouvernement sera chargé de conduire celle-ci. Un changement qui vient, selon les rédacteurs du nouveau texte, rétablir un état de fait et mettre le chef de l’État devant ses responsabilités. Pour le gouvernement, le nombre limite des membres (ministres, secrétaires d’État ou « quelle que soit leur dénomination ») sera fixé à 29.

Justice traditionnelle 

Côté judiciaire, les modes de justice traditionnels ou alternatifs – sans doute faut-il comprendre « religieux » – sont autorisés. De fait déjà utilisés dans beaucoup d’endroits du territoire, une loi viendra préciser leur champ d’action. Autre nouveauté : le Conseil supérieur de la magistrature pourra être saisi par les citoyens et la Cour constitutionnelle verra certaines de ses attributions modifiées, sans que l'on sache encore lesquelles.

Des procédures de destitution seront introduites pour le président de la République, ainsi que pour les présidents de l’Assemblée et du futur Haut Conseil de la Nation.

Le texte devra être soumis au Conseil des ministres et au Conseil national de transition, puis aux Maliens eux-mêmes, qui décideront de valider, ou non, cette nouvelle Constitution lors d’un référendum prévu en mars 2023.

Burkina Faso : des assises nationales pour désigner un président de transition les 14 et 15 octobre

Des « Assises nationales » rassemblant les forces vives du Burkina Faso et devant désigner un président de transition avant l’organisation d’élections se tiendront les 14 et 15 octobre, selon un décret présidentiel lu samedi 8 octobre à la télévision.

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 8 octobre 2022 à 17:48

 

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Le nouveau chef du Burkina Faso, Ibrahim Traoré, escorté par des soldats à Ouagadougou, le 2 octobre 2022. © VINCENT BADO/REUTERS

 

« En vue de l’adoption de la charte de transition, il est convoqué des Assises nationales les 14 et 15 octobre » à Ouagadougou, indique ce décret signé du nouvel homme fort du Burkina, le capitaine Ibrahim Traoré, qui a pris le pouvoir il y a une semaine et a été désigné président par intérim.

À LIREBurkina Faso : comment le capitaine Traoré a renversé le lieutenant-colonel Damiba

Officiellement investi chef de l’État mercredi, ce dernier avait déclaré deux jours auparavant qu’il ne ferait qu’expédier « les affaires courantes » jusqu’à la désignation d’un nouveau président de transition – civil ou militaire – par des « Assises nationales », indiquant qu’elles se tiendraient « bien avant la fin de l’année ».

La Cedeao « confiante »

Ces assises doivent notamment rassembler les représentants des forces politiques, sociales et de la société civile.

Le capitaine Traoré, 34 ans, a renversé le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, lui-même arrivé par la force au pouvoir en janvier 2022 en renversant le président élu Roch Marc Christian Kaboré.

À l’issue d’une rencontre mardi avec une délégation de la Cedeao, l’ex-président nigérien Mahamadou Issoufou avait dit qu’elle repartait « confiante ». Le capitaine Traoré a assuré que Ouagadougou continuerait à respecter ses engagements pris par Paul-Henri Sandaogo Damiba, en particulier sur l’organisation d’élections et un retour de civils au pouvoir au plus tard en juillet 2024.

Avec AFP

Comment le drame du vol Rio-Paris a bouleversé la culture de la sécurité aérienne 

Analyse 

Alors que le procès de la catastrophe de 2009 s’ouvre le lundi 10 octobre, les spécialistes estiment que peu d’accidents ont autant fait évoluer les procédures de sécurité. Outre des évolutions de matériel, la catastrophe a entraîné une remise en cause de la formation des pilotes.

  • Michel Waintrop, 
Comment le drame du vol Rio-Paris a bouleversé la culture de la sécurité aérienne
 
Lors du vol Rio-Paris, les sondes de vitesse Pitot présentes sur l’Airbus, permettant aux pilotes de contrôler la vitesse de l’appareil, étaient givrées et ont envoyé des informations incohérentes.LAURENT GRANDGUILLOT/REA

Alors que le procès relatif à la catastrophe du vol d’Air France Rio-Paris, survenue dans la nuit du 31 mai au 1er juin 2009, s’ouvre le 10 octobre, de nombreux professionnels de l’aviation sont formels. En matière de sécurité aérienne, il y a bel et bien un avant et un après pour le vol AF447, dont l’accident a causé la mort des 228 personnes à bord.

« Quand l’accident du Concorde s’était produit, en 2000, nous ressentions bien entendu de la douleur et de la compassion, explique Gérard Feldzer, ancien commandant de bord et instructeur chez Air France, aujourd’hui consultant en aéronautique. Mais rien n’avait été remis en cause dans notre métier de pilote. Le Rio-Paris, au contraire, a bouleversé les choses, nous a conduits à une autocritique et à davantage d’humilité face à nos certitudes. »

Des sondes chauffées en permanence

On sait que les sondes de vitesse Pitot présentes sur l’Airbus, qui permettent aux pilotes de contrôler la vitesse de leur appareil et donc son équilibre, étaient givrées et ont envoyé des informations incohérentes. « Les pilotes, guidés par de mauvaises informations et sans visibilité extérieure dans la nuit, ont tenté de réagir, subissant de multiples signaux d’alarme parfois contradictoires et entraînant des réactions parfois inappropriées », indique Xavier Tytelman, consultant en aéronautique. Selon ce spécialiste, une telle situation n’était théoriquement pas possible, l’Airbus A330 étant un avion de 4e génération, capable de se protéger grâce à ses ordinateurs de situations dangereuses comme le décrochage.

Depuis, la réglementation internationale concernant l’instrumentation a évolué. « Aujourd’hui, un système de secours d’évaluation de la vitesse, qui ne repose pas sur ces capteurs, est présent sur tous les appareils », précise Xavier Tytelman. Les avions de dernière génération disposent aussi de capteurs de vitesse dans les moteurs. Selon un pilote, les sondes doivent en outre provenir de constructeurs différents. La connaissance du phénomène de formation des cristaux de glace en haute altitude a été affinée après des campagnes d’essais en vol et en soufflerie, et les normes de certification des sondes ont été durcies.

Finis les manuels traduits

Du côté d’Air France, outre le suivi des observations du Bureau d’enquêtes et d’analyses pour la sécurité de l’aviation civile (BEA), un audit externe a conduit à 35 recommandations supplémentaires. Notamment sur les manuels donnés aux équipages. « Ces manuels d’instructions des appareils élaborés par les constructeurs et rédigés en anglais étaient traduits en français, et certaines procédures avaient été amendées par Air France en lien avec l’expérience de la compagnie et notre manière de voler », explique un bon connaisseur de la compagnie, précisant que ces « amendements » étaient toujours validés par la Direction générale de l’aviation civile… Dorénavant, les manuels sont strictement ceux fournis par les constructeurs et dans leur langue originale.

La formation et l’entraînement ont été profondément revus. « Après la catastrophe, je me suis remis en cause en tant qu’instructeur », se souvient Gérard Feldzer, selon qui les séances de simulateur de vol ont placé de plus en plus les pilotes dans des situations justement « impossibles » théoriquement, ou du moins non prévues par les constructeurs. La plupart des compagnies ont aussi revu leur formation pour mieux prendre en compte les facteurs humains face aux événements anormaux et aux situations d’urgence…

Contrôle continu pour les pilotes

Air France a revu aussi son système de validation annuelle de ses équipages. Auparavant, les pilotes devaient, en moyenne, réaliser quatre séances de simulateur de vol par an, une seule d’entre elles servant à la qualification valable pour une année. « Ce jour-là, il fallait que nous sachions réciter nos gammes techniques en quelque sorte, par exemple réaliser la liste de contrôles prévus par les constructeurs selon les circonstances », raconte un commandant de bord.

Depuis la catastrophe, les pilotes sont soumis à un contrôle continu tout au long de l’année, avec des analyses de leurs vols, même si le nombre de séances de simulateur reste inchangé. « Nous sommes contrôlés sur neuf compétences, poursuit le commandant de bord. Trois d’entre elles sont techniques, les autres concernent nos capacités de gestion des risques, de prise de conscience des situations ou encore notre manière de communiquer. »

De nombreux experts considèrent que le drame du Rio-Paris a élevé la sécurité aérienne à un niveau exceptionnel. « Si l’ampleur du trafic aérien actuel se combinait avec le niveau de la sécurité des années 1960, on pourrait craindre des drames chaque semaine ou chaque mois, pointe un pilote d’une grande compagnie. Aujourd’hui, c’est rarissime. »

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Airbus et Air France poursuivis pour homicides involontaires

Treize ans après la catastrophe qui s’est produite dans la nuit du 31 mai au 1er juin 2009, le procès relatif au vol AF447 s’ouvre ce 10 octobre (et jusqu’au 8 décembre). Le tribunal correctionnel de Paris va devoir faire la lumière sur la responsabilité pénale de l’accident le plus meurtrier de l’histoire d’Air France. Airbus et Air France, qui tous les deux contestent toute faute, sont poursuivis pour « homicides involontaires ». Chacun encourt 225 000 € d’amende. Au total, ce sont 476 proches des 228 victimes qui se sont constitués partie civile.

Togo : MSC seul maître à bord au port de Lomé, ou presque

Début 2023, le groupe Bolloré va céder ses activités logistiques en Afrique à l’armateur italo-suisse Mediterranean Shipping Company (MSC). Une cession qui va conforter l’hégémonie de ce dernier dans la capitale togolaise, devenue le premier port à conteneurs d’Afrique de l’Ouest

Par  - Envoyé spécial à Lomé
Mis à jour le 6 octobre 2022 à 15:44
 
 lome

 

 

Le terminal à conteneurs de TIL, la filiale de Mediterranean Shipping Company (MSC), dans le port de Lomé. © Andrew Esiebo/PANOS/REA.

Principale porte d’entrée et de sortie du commerce international du Togo, le Port autonome de Lomé (PAL) a intégré en 2021 le « One Hundred Container Ports », se classant premier port à conteneurs d’Afrique de l’Ouest et quatrième du continent, mais aussi deuxième plateforme de transbordement des marchandises containérisées en Afrique subsaharienne, derrière Durban.

Avec la cession, qui doit être finalisée d’ici à la fin du premier trimestre 2023, des activités africaines du groupe français Bolloré Transport Logistics (BTL) au géant italo-suisse Mediterranean Shipping Company (MSC), premier armateur mondial, c’est toute la chaîne logistique togolaise qui entre dans une nouvelle ère, avec, en toile de fond, le développement de la plateforme industrielle d’Adétikopé (PIA), inaugurée en juin 2021, à une vingtaine de kilomètre de Lomé.

Un demi-milliard d’euros d’investissements

Ces dernières années, l’activité du PAL n’a cessé de croître, le volume global traité enregistrant une hausse de 38,4 % de 2019 à 2021, année où il s’est établi à 23,6 millions de tonnes. Une tendance qui fonde certains observateurs à estimer que le PIB généré dans la zone portuaire représenterait désormais plus de 50 % du PIB national.

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« Le départ de Bolloré renforce la position de MSC, qui devient seul maître à bord au port. Stratégiquement, pour Bolloré, c’est un soulagement, au regard de la mauvaise image qu’il avait. MSC, qui était déjà partie prenante sur la plateforme portuaire avec le plus grand terminal à containers – Lomé Containers Terminal (LCT) –, va asseoir son hégémonie », commente un entrepreneur togolais.

Présent dans l’actionnariat de LCT à travers sa filiale Terminal Investment Ltd (TIL), MSC a prévu un plan d’investissements de 500 millions d’euros sur dix ans dans la plateforme portuaire togolaise, dont 30 millions d’euros ont déjà été débloqués pour augmenter les capacités du LCT, de 2,2 millions d’équivalents vingt pieds (EVP) à 2,7 millions actuellement, avec l’objectif de les porter à plus de 4 millions de « boîtes » par an à l’horizon 2030.

« Nous tirons les conséquences du départ de Bolloré. Pour nous, il y a des marges de progrès, assure un ministre togolais. Aussi, nous mettons les bouchées doubles pour digitaliser les procédures au sein du hub portuaire par la création d’un port sec, situé à la plateforme industrielle d’Adétikopé. Il permettra d’accueillir les véhicules en transit et de désengorger la zone portuaire. Nous devons améliorer la chaîne logistique avec la PIA, assurer la fluidité du parcours dans le parcours et nous attaquer à la gouvernance. »

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La PIA comprend déjà des entrepôts de stockage, un parking pour les camions partant desservir les pays de l’hinterland et, depuis son inauguration, un port sec d’une capacité de 150 000 EVP, ainsi qu’un terminal à conteneurs pouvant accueillir 12 500 unités y ont été construits.

Audit en cours

Le retrait de Bolloré ne signifie donc pas la fin de la montée en puissance de l’attractivité du PAL pour Lomé, qui, bien au contraire, compte doper ses activités. « Nous nous attelons à réformer la gouvernance portuaire. Ce qui manque au PAL, c’est la transparence », assure-t-on dans l’entourage présidentiel. Un audit économique, dont les résultats ne sont pas encore disponibles, a d’ailleurs été commandé.

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En attendant, l’autorité portuaire, qui endossait jusqu’à présent la double casquette d’opérateur et de régulateur, a vu ses pouvoirs réorganisés autour de deux fonctions distinctes. Les réformes opérées ces dernières années, visant notamment la dématérialisation des procédures – en particulier au sein de la division des opérations douanières Lomé Port (DODLP) –, ont permis de développer les activités du PAL et son chiffre d’affaires, passé de 26 milliards à 35 milliards de F CFA (de 39,64 à 53,36 millions d’euros) de 2017 à 2021.

Compétitivité accrue

Opérationnel pour l’ensemble des trafics de marchandises depuis 2015, le guichet unique pour le commerce extérieur (Guce) a également contribué à accroître la compétitivité du port en améliorant la transparence, le climat des affaires entre les acteurs du commerce, et en réduisant considérablement les délais de traitement des marchandises. Cette plateforme dématérialisée, accessible 24 h/24 h par internet ou par réseau privé, met en relation tous les opérateurs et usagers intervenant dans les opérations de commerce international au Togo (import, export, transit, transbordement), quel que soit le type de transport.

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« Ce guichet permet une meilleure traçabilité des marchandises et connecte directement la douane, le Port autonome de Lomé, les consignataires et les banques », souligne l’Association des grandes entreprises du Togo (Aget), qui reconnaît que ces réformes ont été particulièrement bénéfiques pour le port. L’Aget préconise aujourd’hui de moderniser le port minéralier en doublant la capacité d’accostage des navires vraquiers, de réaliser des chemins de fer pour relier le port à l’hinterland et d’installer de nouvelles capacités de stockage pour faire face à la concurrence des ports de la région : Tema, au Ghana ; Abidjan, en Côte d’Ivoire ; et Cotonou, au Bénin.

Au Burkina Faso, la colère et la détresse des femmes de Djibo 

Reportage 

Des témoignages font état de la mort de plusieurs enfants dénutris dans cette ville sahélienne assiégée par les groupes armés et coupée du reste du pays. Malgré les chocs qu’elles subissent, les femmes se mobilisent pour être ravitaillées d’urgence.

  • Ludivine Laniepce, correspondance à Ouagadougou (Burkina Faso), 
Au Burkina Faso, la colère et la détresse des femmes de Djibo
 
En mai, des femmes transportent de l’eau dans Djibo, dans le nord du Burkina Faso, alors que la ville est encerclée par des groupes terroristes depuis février.SAM MEDNICK/AP

Les femmes « se sont levées ». Dimanche 2 octobre, une centaine d’entre elles ont manifesté à Djibo, dans le nord du Burkina Faso, pour faire entendre leur colère et leur détresse. Dans leurs mains, des calebasses, des spatules en bois et des bidons vides brandis en l’air. Des symboles du foyer burkinabé qui signifient aujourd’hui qu’il n’y a plus rien à manger dans ce chef-lieu de la province du Soum.

« Nos enfants meurent de faim ! Il faut que vous agissiez, sinon il se peut que demain nous mourions tous », s’est exclamée l’une des manifestantes, réunies devant l’hôtel de ville, aux autorités. « Dimanche, huit enfants sont morts de faim, rapporte Idrissa Badini, porte-parole du cadre de concertation des organisations de la société civile de Djibo. Les choses ne font qu’empirer. Il y a un manque cruel de nourriture et de médicaments. Et quand vous voyez les enfants mourir, vous savez qu’en réalité vous êtes le prochain. »

Des feuilles d’arbre bouillies et un peu de seul pour nourriture

Environ 300 000 personnes se trouvent piégées dans cette ville encerclée par les groupes armés terroristes depuis février. Comme dans des dizaines d’autres villes du Burkina Faso, faute de ravitaillement suffisant, la vie y est devenue un véritable enfer. « Il y avait l’insécurité depuis longtemps à Djibo, mais deux choses nous aidaient à tenir : le marché au bétail chaque mercredi (un des plus importants du Sahel central, NDLR) grâce auquel chacun pouvait nourrir sa famille pour la semaine, et le fait de pouvoir prendre la route jusqu’à Ouagadougou sans être attaqué par les terroristes. Ces choses n’existent plus aujourd’hui », explique Aïda (1), une habitante de Djibo.

La pression des groupes armés terroristes a contraint quelque 224 000 personnes des localités environnantes à venir trouver refuge dans les quartiers du centre de la ville, s’ajoutant aux 60 000 Djibolais déjà présents. « On a vu tous les stocks s’épuiser : les animaux, le marché, les boutiques, l’essence… Aujourd’hui, il n’y a même plus un biscuit à donner à un enfant », déplore Aïda. En guise de nourriture, des feuilles d’arbre bouillies et un peu de sel, autrefois mélangés à du couscous, des oignons et de la viande sautée.

Seule une poignée de convois de ravitaillement escortés par l’armée est parvenue à entrer à Djibo depuis février. Lundi 26 septembre, l’attaque de l’un d’entre eux, escorté par l’armée, à une vingtaine de kilomètres de Djibo a plongé les femmes dans un désespoir qui semble sans fin.

« Trop de sang a coulé sur cette route »

« Chaque famille de Djibo a perdu au moins un des siens dans cette attaque, un mari, un frère, un cousin ou un enfant. Et avec ces vivres, nous aurions pu tenir au moins trois mois, estime Aïda. À la place, cela n’a été que des pleurs. Trop de sang a coulé sur cette route. » Des vivres qui se paient également de plus en plus cher, entre spéculation et augmentation des coûts d’acheminement des marchandises. « Les commerçants ont fait exploser les prix », regrette Aïda.

À la faim s’ajoute « l’angoisse » liée « aux bruits de tirs quotidiens », souffle la Djibolaise, trahissant la présence des groupes armés terroristes à seulement quelques kilomètres de la ville. « Les femmes sont en train de vivre des choses qu’elles n’oublieront jamais, reconnaît un médecin de Djibo. Elles ont une capacité à surmonter les chocs avec une force extraordinaire. Mais c’est aussi un traumatisme, certaines ont et auront besoin d’une prise en charge psychologique. »

Quant aux hommes, « ils ont démissionné dans toutes les villes du Sahel ! », fustige Salimata, femme « leader » de premier plan dans cette région. « Les femmes restent sur place et prennent leurs responsabilités. Pendant ce temps, les hommes fuient, certains allant même jusqu’à se déguiser en femme dans les transports collectifs pour ne pas être pris pour cible par les hommes armés ! »

Mercredi 5 octobre, des femmes se sont rassemblées à Djibo, les plus âgées assises sur des nattes, les plus jeunes debout portant leur enfant au dos, dans l’attente de l’arrivée de deux hélicoptères des Nations unies. À leur bord, 5 tonnes de vivres.

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Une crise humanitaire d’ampleur

Au 30 avril, 1 520 012 personnes déplacées internes ont été enregistrées au Burkina Faso, note le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

59,13 % de ces personnes déplacées sont des enfants. 708 341 élèves sont affectés par la fermeture de 4 258 écoles, selon l’OCHA.

L’Unicef estime que 700 000 enfants souffrent de malnutrition aiguë ; plus de 179 000 enfants souffrent de malnutrition aiguë sévère, qui peut être fatale si elle n’est pas traitée.

Cinq provinces du Burkina Faso ont atteint des niveaux d’urgence d’insécurité alimentaire et s’approchent du seuil de déclaration officielle de la famine.

(1) Le prénom a été changé.