Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Que retenir du « Sankarisme » économique ?, par Joël Té-Léssia Assoko

Le messianisme du capitaine-président burkinabè a éclipsé le pragmatisme – voulu ou subi – de ses années au pouvoir. Quelle part de l’héritage conserver ?

Mis à jour le 1 mai 2023 à 10:14

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Par Joël Té-Léssia Assoko

Joël Té-Léssia Assoko est journaliste spécialisé en économie et finance à Jeune Afrique.

 

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Joël Té-Léssia Assoko © JA

 

 

ÉDITORIAL – Débarrassées de leur gangue gauchiste et marxisante, les intuitions de Thomas Sankara en économie préfigurent l’une des plus originales théories modernes du développement. C’est l’approche dite des « capabilités » ou des « libertés substantielles » formalisée par le Nobel d’économie Amartya Sen bien des années après le début de l’épopée Sankara. Celle-ci a démarré réellement il y a quarante ans, lorsqu’il est démis le 17 mai 1983 de la primature, puis mis aux arrêts, avant d’accéder dix semaines plus tard à la présidence.

Dans « Development As Freedom » (Le développement comme liberté*) paru en 2000, l’économiste indien définit comme atouts (moyens de promouvoir) et attributs (éléments consubstantiels) du développement certaines « capacités élémentaires », telles que « la capacité à éviter des privations comme la famine, la sous-alimentation, la morbidité évitable et la mortalité prématurée, ainsi que les libertés associées à l’alphabétisation et au calcul, à la participation politique et à la liberté d’expression ». C’est par la promotion – d’une partie au moins – de ces capacités que le Burkina de Sankara va à contre-courant de son époque.

Inversion des priorités

En 1983, le Conseil national révolutionnaire arrive aux commandes d’un pays dans lequel  tant pendant l’époque coloniale que durant la vingtaine d’années d’indépendance – les programmes de développement du capital humain « n’ont jamais été une priorité et ont été systématiquement sous-financés », selon une étude des économistes burkinabè Kimseyinga Savadogo et Claude Wetta. En 1960, le pays compte un médecin pour 100 000 personnes et le taux d’alphabétisation est de seulement 2 %. Autre legs faramineux de l’administration coloniale – toute dévouée comme on sait au « rôle positif de la présence française outre-mer » – : une boucherie, deux boulangeries, une installation d’égrenage de coton et un site de fabrication de sodas. Et ce dans un pays comptant alors cinq millions d’habitants…

À LIREL’ajustement, dix ans après

En vingt ans, les investissements dans le capital humain restent dérisoires. Dans les années 1970, le taux d’alphabétisation des adultes au Burkina atteint à peine 9 %. À une époque où le monde du développement vacille avec une grave crise des balances de paiement et d’endettement frappant les pays du Sud, confrontés à l’essoufflement des politiques de « substitution des importations » et aux prémices de ce qui deviendra le « Consensus de Washington », l’administration Sankara défie la tendance aux coupes sociales.

Le gouvernement Sankara applique certes une brusque politique d’austérité à une administration publique surpayée, absorbant alors en salaires jusqu’à 60 % des dépenses de l’État. Même après les purges appliquées par le gouvernement Sankara, en 1987, un fonctionnaire burkinabè percevait en moyenne 119 000 F CFA par mois, contre 69 000 F CFA et 38 000 F CFA respectivement pour ses homologues malien et tchadien.

« LE MYTHE DU PAYS REBELLE ET AUTONOME EST UNE IMMENSE FARCE. »

Mais les économies réalisées, ainsi que la relance de l’agriculture locale et du secteur minier, permettent en partie de dégager des ressources supplémentaires, qui sont investies dans le capital humain du pays. Entre 1983 et 1987, les dépenses en éducation doublent à 13,3 milliards de F CFA. Sur cette période, le nombre d’écoles primaires et secondaires, et d’universités croît de moitié. Les investissements dans la santé passent de 2,3 milliards à 4,1 milliards de F CFA. Durant cette période, le nombre d’infirmeries est multiplié par six. Le pays passe de cinq à neuf hôpitaux régionaux, de 250 à près de 400 dispensaires et maternités.

Un gouvernement ultra-pragmatique

Là s’arrêtent les faits et débute la légende. S’il est vrai qu’un programme d’ajustement signé avant la « révolution » avec le FMI et la Banque mondiale n’est pas appliqué, le mythe du pays rebelle et autonome est une immense farce que l’assassinat de 1987 a consacré en évangile.

C’est sur les recommandations de la Banque mondiale que l’administration Sankara rabote les subventions aux engrais, ont noté les professeurs Kimseyinga Savadogo et Claude Wetta. C’est également cette institution qui finance les centres de formation pour jeunes agriculteurs et contribue, avec l’Unesco, au projet de réforme de l’éducation au coût de 23 millions de dollars en 1984. Ce sont les agences des Nations unies qui ont financé le vaste programme de 120 millions de dollars pour l’éradication de l’onchocercose. La fameuse campagne de « vaccination commando » de 1985 est réalisée avec des vaccins achetés par l’OMS.

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La relance du secteur minier, qui permet aux exportations d’or de tripler à 74 milliards de F CFA entre 1983 et 1987, est due essentiellement aux investissements du grand capitalisme tant honni. Malgré les rodomontades du capitaine à la tribune de l’ONU, le pays continue sans broncher de payer sa dette, avec des remboursements sur intérêts passant de 11 millions de dollars en 1983 à 19 millions en 1987. Enfin, que cela soit du fait du capitaine-président ou sous la pression des événements et de son gouvernement, dans les faits, l’ultra-pragmatique Burkina de Sankara continue de percevoir – quitte à broncher en public – près de 14 % de son PIB en aide internationale, principalement des États-Unis et de la France.

« LA SEULE VRAIE RÉVOLUTION RÉUSSIE PAR THOMAS SANKARA : AVOIR REMIS L’HUMAIN AU CŒUR DU DÉVELOPPEMENT. »

Il est aujourd’hui impossible de séparer la légende des faits, quand chaque apprenti révolutionnaire – de l’opposition sénégalaise aux Economic Freedom Fighters sud-africains – et altermondialiste en manque de publicité se proclame héritier du capitaine-président. Les étranges mouvements de ju-jitsu géopolitique appliqués par le dirigeant burkinabè – bras d’honneur et main tendue aux mêmes partenaires internationaux – ne devraient pas éclipser la seule vraie révolution réussie par Thomas Sankara : avoir remis l’humain au cœur du développement. C’est plus qu’assez. Laissez-le maintenant reposer en paix.

* Publié en français sous le titre Un nouveau modèle économique : développement, justice, liberté, Éditions Odile Jacob, 2000.

Environnement : « La ville de Ouagadougou produit plus de 2 500 tonnes d’ordures ménagères par jour, dont 356 tonnes de déchets plastiques » (spécialiste)

Accueil > Actualités > Environnement • LEFASO.NET • samedi 29 avril 2023 à 00h09min 
 
Environnement : « La ville de Ouagadougou produit plus de 2 500 tonnes d’ordures ménagères par jour, dont 356 tonnes de déchets plastiques » (spécialiste)

 

Le Mouvement international interafricain pour la vie (VIIM), dont le cheval de bataille est l’éducation et la promotion de l’environnement, a organisé dans la soirée de jeudi, 27 avril 2023 au collège Saint Jean-Baptiste de La Salle, Ouagadougou, une conférence publique sur l’« Impact des déchets plastiques sur l’environnement ».

Les communications ont été assurées par des spécialistes, Hamadou Ouédraogo, inspecteur de l’environnement, de la DGPE (Direction générale de la préservation de l’environnement), et Hamidou P. Savadogo, expert environnementaliste à l’Institut de génie de l’environnement et du développement durable (IGEDD) de l’université Joseph Ki-Zerbo. Ils ont développé trois sous-thèmes en lien avec le thème général : « Impact des déchets plastiques sur l’environnement ». Un véritable moment de cours sur l’environnement qui a suscité de nombreux questions et commentaires au sein des élèves participants, venus non seulement de l’établissement hôte, mais également du lycée municipal Bambata, du lycée municipal Vénégré et du lycée professionnel régional du Centre (ex-Collège d’Enseignement technique de Ouagadougou, CETO).

La conférence publique a enregistré également l’intervention du conseiller technique et représentant du président de la délégation spéciale de la ville de Ouagadougou, Mahamadou Sidi Cissé. Ingénieur d’Etat du génie de l’environnement, ancien directeur de la propreté de la ville de Ouagadougou, M. Cissé est globalement revenu sur la situation des déchets à Ouagadougou, révélant entre autres que la commune de la Ouagadougou génère environ 922 000 tonnes d’ordures ménagères par an.

 

Ce qui représente environ 2 500 tonnes d’ordures ménagères par jour. Dans ce volume, les déchets plastiques représentent 14%, soit une proportion évaluée à 130 000 tonnes par an. En clair, ce sont plus de 356 tonnes de déchets plastiques qui sont produites chaque jour dans la capitale. Ce qui pose un véritable problème de santé publique et d’environnement.

« Vous faites le tour de la ville de Ouagadougou, chaque soir, vous verrez des gens qui procèdent au brûlage de déchets plastiques à l’air libre ; ce qui émet des éléments très toxiques qui portent atteinte à la qualité de l’air que nous respirons. Il y a une étude qui a établi que 20% des patients admis en consultation à l’hôpital Yalgado Ouédraogo souffrent de maladies respiratoires liées à la mauvaise qualité de l’air que nous respirons dans notre ville. (...). Une autre étude révèle que 30% du cheptel au niveau du sahel burkinabè meurent après avoir consommé le plastique sans pouvoir le digérer », soulève M. Cissé, représentant le président de la délégation spéciale de la commune de Ouagadougou, invité de VIIM. D’où ses félicitations et encouragements aux responsables de l’organisation pour le « noble » combat d’éducation et de promotion de l’environnement.


Selon le représentant du directeur de l’établissement hôte, le Collège Saint Jean-Baptiste de La Salle, Sylvestre Ahoué, la pollution de l’environnement est un problème qui touche tout le monde. « Nous nous trouvons dans le secteur de l’éducation, dans toutes les classes, nous menons la réflexion sur cette préoccupation. Nous avons ici, plus de 1000 élèves. Si chaque jour, un élève boit un sachet d’eau et qu’il jette par terre le sachet, imaginez l’impact. Nous avons donc pris cette question comme un défi : comment faire pour que les élèves soient sensibilisés pour ne pas jeter au hasard les sachets qu’ils manipulent chaque jour », présente-t-il, invitant également les parents d’élèves à sensibiliser les enfants pour un cadre de vie et un environnement sains, propres.


A en croire son président, Rayangnêwendé Martin Rouamba, VIIM œuvre à l’éducation et à la protection de l’environnement, en ciblant les jeunes, notamment les élèves. Créé en mai 2022, VIIM est une organisation qui brasse également l’intégration africaine. « Nous faisons de l’éducation environnementale, notre cheval de bataille ; parce que pour nous, il ne suffit pas de poser des actes ponctuels et de retourner chez nous, mais de prendre le soin d’enseigner aux enfants, le bon réflexe et pour qu’ils l’adoptent dans leur mode de vie et deviennent de bons citoyens pour l’avenir de la nation », justifie M. Rouamba.


La conférence publique s’inscrit à la fois dans le programme annuel d’activités de l’organisation et dans le cadre de la commémoration de la journée internationale de la terre 2023, 22 avril. « En marge de cette journée, nous avons organisé un atelier de formation en fabrication de sacs écologiques. Donc, ensemble, nous avons essayé de trouver des solutions pour pallier au problème de sachets plastiques qui polluent l’environnement. Les jeunes, avec les sacs écologiques, laissent tomber les sacs en plastique », confie le président de VIIM.

En moins d’une année d’existence, VIIM a déjà plusieurs actions à son actif, dont un reboisement à Koubri, des activités de curage de caniveaux, des formations et ateliers avec des élèves.


La conférence publique a été placée sous le parrainage du ministre de l’environnement, de l’eau et de l’assainissement, Dr Augustin Kaboré, et le co-parrainage du directeur de l’IGEDD (Institut de génie de l’environnement et du développement durable), professeur Bila Gérard Segda.

O.L
Lefaso.net

Burkina Faso: la ville de Dori face à une pénurie d'eau

 

Depuis des mois, Dori, chef-lieu de province de la région du Sahel, subit un blocus de la part des groupes armés terroristes qui bloquent les routes et empêchent tout approvisionnement. Mais depuis le début de la saison chaude, c'est aussi l'approvisionnement en eau qui fait défaut. À tel point que les populations sont sorties dans la rue, cette semaine, pour attirer l'attention sur leurs difficultés.

« Un bidon de 20 litres coûte 200 francs CFA et un baril coûte 2 500 francs CFA », déplore une habitante de Dori. Aujourd'hui, les robinets de plusieurs quartiers sont complètement à sec. Pour s'approvisionner, il faut donc braver les hommes armés et se rendre aux puits en périphérie de la ville, ou à la mare, à l'extérieur. « Certains en ont fait un business, explique un habitant. Rien que pour le transport du baril d'eau depuis la mare, il faut compter 1 500 francs. »

D'après une source proche de la municipalité, l'Office national de l'eau et de l'assainissement, ne produit que 70 mètres cubes d'eau par heure, pour des besoins évalués à 110 mètres cubes. Et à 12 km de Dori, la station du barrage de Yakouta est hors service depuis une attaque en juin 2021. La situation est d'autant plus critique, que Dori accueille désormais près de 70 000 déplacés internes. Sa population a plus que doublé.

D'après une source proche des autorités, une équipe mixte des forces de défense et de sécurité se trouve depuis quelques jours à Yakouta afin de rétablir au plus vite l'approvisionnement en eau de la ville.

La Ligue tchadienne des droits de l’homme publie son rapport sur la répression du «jeudi noir»

 
 

Six mois après la violente répression des manifestations du 20 octobre, la Ligue tchadienne des droits de l’homme et l’Organisation mondiale contre la torture ont publié mercredi leur rapport sur les événements. Plusieurs partis d’opposition avaient alors appelé à manifester, malgré l’interdiction des autorités, contre la prolongation de la transition et le maintien à sa tête de Mahamat Idriss Deby. Les ONG dressent un bilan de 218 morts, supérieur à celui de la Commission nationale des droits de l'homme qui dénombrait déjà 128 victimes et à celui du gouvernement qui n’en décompte que 73.

Avec notre correspondant à Ndjamena, Carol Valade

Au moins 218 morts, c’est le bilan dressé par la Ligue tchadienne des droits de l’homme et l’Organisation mondiale contre la torture. Bilan de ce que les Tchadiens nomment le « jeudi noir », la répression des manifestations du 20 octobre 2022 et des jours qui ont suivi.

« On extrait le corps nuitamment pour aller le jeter soit dans le fleuve ou bien dans des fosses communes, explique Me Adoum Mahamat Boukar, président de la LTDH. Donc l'étendue de ces massacres, personne ne peut le mesurer avec exactitude. Quand vous regardez, la plupart des victimes ont des balles au niveau du front, à la tête, à la poitrine ou au dos. Donc ça veut dire que les gens visent la mort, quelque chose qui a été planifié. Et donc l'objectif était de décapiter l'opposition. »

Aziz Mahamat Saleh, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, affirme qu’il s’agit d’une organisation « partisane » : « Elle est partisane. Effectivement, on aurait voulu qu'il y ait des équilibres pour qu'on situe les responsabilités de part et d'autre. Ce sont des guérillas urbaines qui se sont organisées. Ce n'est pas une manifestation qui va d'un point A à un point B selon des procédures bien déterminées. Donc c'est un rapport à charge parce que ce sont ceux qui ont appelé à ces insurrections qui sont à la base de la rédaction de ce rapport, donc il ne pouvait être qu'à charge. »

Mali: le groupe État islamique appelle ceux qui l'ont combattu à déposer les armes

 

Le groupe État islamique appelle ceux qui l'ont combattu à déposer les armes. Dans un message audio mis en circulation il y a plusieurs jours, un cadre de l'État islamique au Sahel propose le « repentir » et la soumission. Un message de propagande diffusé alors que le groupe jihadiste assoit sa domination sur une grande partie du nord-est du Mali.

Youssouf Ould Chouaib est un cadre de la branche sahélienne du groupe État islamique dans le Liptako-Gourma, zone des trois frontières Mali-Niger-Burkina. Malien arabe par son père et tamachek (touareg) par sa mère, il est parmi les initiateurs de la vaste offensive menée depuis mars 2022 par l'État islamique dans le nord-est du Mali.

Plusieurs sources sécuritaires locales jointes par RFI reconnaissent formellement sa voix sur cet audio de propagande de trois minutes, également authentifié par Menastream, organisation spécialisée sur les questions de sécurité et de jihadisme au Sahel et en Afrique du Nord. Qui précise que l'audio n'a pas été diffusé par les canaux officiels du groupe État islamique - ce qui est habituel pour ce type d'initiatives locales et non « centrales »-  et qu'il a commencé à circuler pendant le mois de ramadan, après l'arrivée de l'État islamique à Tidermène le 10 avril dernier. Une incursion qui a consacré la domination du groupe dans la région de Ménaka.

► À lire aussi :Mali: le groupe État islamique prend la localité de Tidermène, Ménaka en sursis

 

Message adressé au Jnim et aux groupes armés locaux

Dans cet enregistrement de propagande ponctué de références islamiques, et dont RFI a choisi d'expliquer le contenu, qui présente un intérêt informatif, sans le relayer textuellement, Youssouf Ould Chouaib propose le « repentir » plutôt que la mort à « tous ceux qui [nous] ont combattu ».

Sans qu'ils soient nommément cités, le message s'adresse donc aux jihadistes rivaux du Jnim (Groupe de soutien à l'Islam et aux musulmans), liés à al-Qaïda, ainsi qu'aux groupes armés locaux signataires de l'accord de paix de 2015, notamment le MSA et le Gatia, en première ligne dans cette zone pour défendre les civils, ou encore la CMA, qui rassemble les ex-rebelles indépendantistes de Kidal.

Youssouf Ould Chouaib leur demande en substance d'abandonner leurs armes et leurs véhicules, ou de venir grossir les rangs de l'État islamique. Dans une moindre mesure, le message peut aussi concerner les militaires des armées nationales engagées contre le groupe État islamique au Mali, au Niger et au Burkina.

« Casser les forces en présence »

L' « offre » de Youssouf Ould Chouaib est en tout cas très différente de celle formulée par Iyad Ag Ghaly. Le chef du Jnim avait rencontré fin 2022-début 2023 plusieurs dirigeants de groupes armés du Nord signataires de l'accord de paix, pour leur proposer une sorte de pacte de non-agression temporaire, afin de combattre, chacun de son côté, le même ennemi : l'État islamique au Sahel, qui, à ce stade, a pourtant pris le dessus.

« Cela montre la volonté de l'État islamique au Sahel d'occuper idéologiquement et militairement la région », analyse une source sécuritaire malienne, qui suit de près la situation. « En soi, ce n'est pas nouveau, mais c'est une manière de se déclarer maître du terrain et d'essayer de casser les forces en présence. »

► À lire aussi :Mali: le chef jihadiste Iyad Ag Ghaly recrute et s'affiche dans la région de Ménaka

Plusieurs sources relèvent que le message diffusé par Youssouf Ould Chouaib reprend des éléments de langage du groupe État islamique remontant au début du « califat » instauré en Syrie et en Irak (période 2013-2014), certaines formulations étant directement liées au contexte levantin de l'époque, peu appropriées pour le contexte sahélien actuel.

Enfin, cet audio ne donne aucune précision sur les conditions qui sont ou seront imposées aux civils qui n'ont pas souhaité fuir, et qui restent vivre dans un territoire désormais contrôlé par les jihadistes du groupe État islamique.

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