Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Maroc, Algérie, Tunisie… vers l’émergence d’un courant raciste et populiste ?

Comment les crises multidimensionnelles que traverse le Maghreb favorisent la montée des discours populistes et alimentent la xénophobie.

Mis à jour le 26 mars 2023 à 10:31
 

 

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Manifestation contre le racisme devant le théâtre municipal de Tunis, le 6 juin 2020, suite au meurtre de George Floyd, aux États-Unis, commis par un policier blanc. © Montage JA; Nacer Talel/ANADOLU AGENCY via AFP

 

MAGHREB : AUX ORIGINES DU RACISME ANTI-NOIRS (3/3) – « La Tunisie aux Tunisiens », voilà le crédo du Parti nationaliste tunisien, qui n’a rien à envier à celui d’un Éric Zemmour en France. Reconnu par l’État tunisien en 2018, ce parti diffusait principalement ses idées sur Facebook jusqu’à ce que, à la fin de janvier 2023, son président Sofien Ben Sghaïer accède aux médias traditionnels les plus connus du pays : l’émission de Borhen Bsaies sur IFM Radio, puis la chaîne Wataniya 1, considérée comme la porte-parole du président Kaïs Saïed.

À LIRE[Série] Maroc, Algérie, Tunisie… aux origines du racisme anti-Noirs

Longuement interviewé, Ben Sghaïer évoque un rapport « confidentiel » révélant l’existence d’un complot selon lequel les populations noires ambitionneraient de coloniser la Tunisie. Contre toute attente, le 21 février, le Palais présidentiel de Carthage publie un communiqué reprenant à son compte cette rhétorique complotiste et xénophobe. Kaïs Saïed appelle notamment les forces de sécurité à prendre des mesures urgentes contre les « hordes » de migrants subsahariens, qui créent une situation « contre nature » dans le cadre d’un « plan criminel » visant à changer la composition démographique de la Tunisie, et à faire d’elle « un pays africain parmi d’autres qui n’appartiendra plus aux nations arabe et islamiques ».

Deux jours après, le président Saïed assumait encore ses propos, faisant toutefois la distinction entre les « sans papiers » et les « légaux” ». Puis, il a rétropédalé le 8 mars, en affirmant qu’il était « africain et fier de l’être » et que les Africains présents en Tunisie étaient des « frères ». Pour autant, ses propos ont ouvert la voie à une vague de violences racistes en Tunisie, et poussé des centaines de Subsahariens à quitter le pays, ou à être rapatriés par leurs pays d’origine (dont le Mali et la Côte d’Ivoire).

La stratégie de l’enfumage

Si le racisme anti-Noir n’est pas nouveau au Maghreb, les propos de Kaïs Saïed sont frappants pour deux raisons. D’abord, c’est la première fois qu’un chef d’État du continent africain tient des propos ouvertement xénophobes. Mais c’est aussi la première fois qu’un responsable politique, maghrébin, africain et musulman, reprend à son compte une théorie née et florissante en Europe et aux États-Unis : celle du grand remplacement.

« Le président Saïed fait de la petite population migrante noire de son pays un bouc émissaire pour détourner l’attention des échecs politiques. Cela vous semble-t-il familier ? », ironise Nesrine Malik, journaliste d’origine soudanaise, dans les colonnes du Guardian.

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Alors que le Parti nationaliste tunisien scande un peu partout qu’il y aurait environ un million de migrants subsahariens non réguliers en Tunisie, ils sont en réalité moins de 50 000, sur une population globale estimée à 12 millions. En revanche, le taux de chômage est à 40 %, l’inflation galope (10 %), la dette explose et la croissance est anémique (2,4 % en 2022). Alors que la Tunisie incarnait les espérances démocratiques d’une partie du Maghreb et du monde arabe depuis 2011, celle-ci a pris un virage autoritaire sous la présidence de Kaïs Saïed. Quant aux Tunisiens, lassés, ils ont été 89 % à s’abstenir aux dernières élections législatives fin 2022-début 2023.

Dès lors, « confectionner une crise de l’immigration est utile, pour détourner l’attention des échecs de Saïed », souligne Nesrine Malik. L’attention de l’opinion publique, mais aussi celle des médias, qui ne seront pas tentés de dresser un bilan ni de donner la parole à l’opposition.

Racisme latent et calculs politiques

Pour autant, en coulisses, Kaïs Saïed et un certain nombre de ses conseillers, même à gauche, croient vraiment à la théorie du grand remplacement. « Pour eux, la Tunisie est blanche et la présence des migrants subsahariens leur pose un problème », souligne Salah Trabelsi, maître de conférences en histoire et civilisation du monde arabe à l’Université Lumière-Lyon 2. En Tunisie et plus globalement au Maghreb, « tous les étrangers ne sont pas violemment rejetés, précise Maha Abdelhamid, géographe et militante anti-raciste tunisienne. Les Européens qui vivent au Maroc, ou même les nombreux réfugiés syriens à Gabès, par exemple, ne sont pas victimes de racisme. Mais le migrant noir, lui, est bien devenu cet étranger qui ne peut pas se défendre, dont l’Europe ne veut pas, une figure de l’indésirable, au Maghreb comme ailleurs. »

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Au-delà de l’opinion publique tunisienne, les mots de Kaïs Saïed étaient aussi adressés à l’Europe, où les discours identitaires et anti-migrants ont le vent en poupe. « Le président a voulu montrer qu’il jouait bien son rôle de garde-frontière de l’Europe. Alors qu’il attend un prêt de 1,9 milliard de dollars du Fonds monétaire international (FMI), Saïed a essayé d’amadouer la France, ou encore l’Italie, sensibles à ce discours populiste, afin que ces deux pays lui servent d’intermédiaires auprès du FMI », ajoute Salah Trabelsi. Un calcul qui s’est avéré contre-productif : le prêt n’a pas été octroyé. Dans un communiqué inédit début février, la Banque mondiale a condamné la Tunisie et annoncé suspendre ses travaux à Tunis. L’Union européenne en revanche n’a pas pipé mot, sans doute parce qu’elle compte sur le Maghreb pour empêcher les migrants de traverser la Méditerranée.

Pour autant, Salah Trabelsi, à l’origine d’une pétition contre la haine raciale en Tunisie, estime que ce racisme anti-noir, qui infuse toutes les franges de la société tunisienne, n’épargne pas non plus les Subsahariens « réguliers », issus des classes supérieures : « La Banque africaine de développement s’est installée en Tunisie de 2003 à 2009. Elle était essentiellement dirigée par des cadres et des banquiers subsahariens, qui ont subi le racisme. Les Tunisiens ont eu un mal fou à accepter que des Noirs puissent rivaliser avec eux, intellectuellement, socialement et financièrement. »

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En Tunisie, nombreux sont ceux qui croient en la percée de partis populistes et xénophobes d’ici à quelques années, d’autant plus que leurs discours rencontrent un certain écho dans la population, y compris chez certains citoyens à la peau noire. Peut-il en être de même en Algérie et au Maroc ? Deux pays, confrontés à des crises internes, à la fois terres de transit et terres d’accueil des migrants subsahariens, qui jouent eux aussi le rôle de gendarmes de l’Europe.

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Le cas du Maroc et de l’Algérie

À ce jour, il n’existe aucun parti politique ouvertement xénophobe au Maroc. Pour autant, seize ONG marocaines ont alerté l’opinion sur l’exacerbation d’une « haine anti-Subsahariens » dans l’espace public et sur Internet, après les propos de Kaïs Saïed. Propos aux antipodes du discours officiel du royaume, qui assume sa part d’africanité et prône une fraternité Sud-Sud depuis des années.

En 2013, le roi Mohammed VI a inauguré une politique migratoire « plus globale et humaine », qui a permis depuis la régularisation de 50 000 migrants subsahariens. Le pays accueille également 92 000 étudiants subsahariens, contre 8 500 en Algérie (2021) et 7 000 en Tunisie (2020). Plusieurs médias et associations ont sensibilisé l’opinion publique au racisme et à ce que pouvaient subir les populations subsahariennes. En 2014, par exemple, le collectif « Papiers pour tous » avait lancé la campagne « Je ne m’appelle pas Azzi » (« Je ne m’appelle pas Noir »).

En public, aucun responsable politique ne s’est laissé aller à une parole raciste, sans doute parce que cela reviendrait presque à dédire le souverain qui parie sur un partenariat avec les autres pays africains pour ériger le Maroc au rang de puissance continentale. Pour autant, au quotidien, les migrants subsahariens sont toujours susceptibles d’être victimes de mépris, d’insultes, de discriminations, voire parfois d’agressions.

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En 2018, Amnesty International dénonçait les multiples raids des autorités marocaines contre les migrants subsahariens dans le nord du royaume, entassés dans des bus puis abandonnés dans des zones isolées proches de la frontière algérienne. « Un recul inquiétant pour un gouvernement qui avait pris de nouveaux engagements », selon l’ONG. Depuis 2020, la mouvance Moorish, antichambre 2.0 d’une tendance identitaire et raciste, fait la promotion d’un Maroc « blanc », où certains héros historiques et les populations berbères n’auraient jamais été noirs.

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Du côté de l’Algérie, pays qui jouit d’une forte popularité auprès de beaucoup de capitales du continent, la parole raciste est largement plus banalisée. Ainsi, en 2016, Farouk Ksentini, pourtant président d’une commission nationale pour les droits de l’Homme, appelait à expulser les migrants « propagateurs de sida ». Deux ans plus tard, à la télévision et à heure de grande écoute, Naïma Salhi, responsable politique islamiste, affirmait que les Subsahariens ramenaient « des maladies et la sorcellerie ». En 2017, alors qu’une campagne intitulée « Non aux Africains » fleurissait un peu partout sur les réseaux sociaux algériens, Amnesty International dénonçait des arrestations arbitraires et des expulsions massives (dans le désert) réalisées par les autorités algériennes, sur la base du seul faciès. Et ce, même si les Subsahariens visés possédaient des titres de séjour. À l’époque, plusieurs intellectuels algériens pointaient du doigt une « xénophobie d’État ». Plus récemment, après la défaite du Cameroun lors de la Coupe du Monde au Qatar, le journal Echourouk a titré : « Les Camerounais retournent dans la jungle ».

Vide juridique et climats socio-économique explosifs

Alors que le flux migratoire est appelé à s’intensifier, ni la Tunisie, ni l’Algérie, ni le Maroc n’ont mis en place des lois et des mécanismes relatifs au droit d’asile et au traitement des réfugiés. Au Maroc, le texte est prêt depuis 2017, mais il n’a jamais été présenté en conseil des ministres ou au Parlement.

Résultat ? Les autorités oscillent entre laisser-faire anarchique et répression. Les migrants subsahariens illégaux s’installent dans des camps de fortune, errent dans les rues, avant d’être expulsés manu militari. Depuis le 23 février, l’Algérie a refoulé dans le désert, vers le Niger, 2 852 personnes, et 14 000 personnes au total durant l’année 2022, selon Médecins sans frontières. Au cours des huit premiers mois de l’année 2022, le royaume a quant à lui expulsé 56 000 migrants. En juin 2022, 2 000 migrants soudanais avaient tenté de passer la frontière entre le Maroc et l’enclave espagnole de Melilla, ce qui a généré une bousculade meurtrière. Le bilan ? 23 morts côté migrants (enterrés sans même avoir été identifiés) et deux du côté des gendarmes marocains, plus de 200 blessés et 13 Soudanais condamnés par la justice marocaine pour « participation à une bande criminelle d’immigration clandestine », « entrée illégale » au Maroc ou encore « violence envers des agents de la force publique ».

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Les images de cette bousculade, qui ont fait le tour du monde et où l’on voit de jeunes hommes noirs, parfois torses-nus et armés de bâtons, ont contribué à nourrir les stéréotypes racistes vis-à-vis des Subsahariens.

En réalité, la question migratoire peut devenir un dossier explosif dans un contexte régional morose : impasses politiques, crises socio-économiques. Face à ces difficultés, une partie des élites politiques pourraient être tentées de manipuler une rhétorique populiste afin de resserrer les rangs. Quant aux populations, la peur du déclassement, le sentiment d’être dominé et précarisé alimentent toujours les sentiments xénophobes contre les minorités déjà opprimées. Plus prosaïquement, l’être humain a toujours besoin d’écraser plus faible que lui. D’autant plus « qu’on est bel et bien face à la montée d’un racisme identitaire et négrophobe », souligne le sociologue marocain Mehdi Alioua.

Crise de l’eau : les pays africains doivent coopérer ou périr…

Alors que se déroule à New York, du 22 au 24 mars, la deuxième Conférence des Nations unies sur l’eau, il faut rappeler l’urgence d’une coopération transfrontalière pour pallier les difficultés d’accès à cette ressource.

Mis à jour le 24 mars 2023 à 12:17
 
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Par Serigne Mbaye Thiam

Ministre de l'Eau et de l'Assainissement au Sénégal

 

 

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Des villageois collectent de l’eau dans le village toucouleur de Tenefoul, à Diourbel, Sénégal, le 20 mars 2023. © (230323) — DAKAR, March 23, 2023 (Xinhua) — Mamadou Dieng (3rd R) helps villagers collect water in Tenefoul Toucouleur Village, Diourbel, Senegal, March 20, 2023. Mamadou Dieng, 40, an employee of the Chinese construction company CGCOC Group Senegal Branch, has been responsible for maintaining a Chinese-aided well in Tenefoul Toucouleur Village. Checking the machine’s functions and filling the engine with diesel, Dieng’s work may seem simple and tedious, but means a lot to the locals. Tenefoul Toucouleur Village was once a place afflicted with a severe lack of water. According to Dieng, residents there used to walk 1.5 kilometers every day and wait in long queues to fetch water from a 25-meter-deep well in a neighboring village. The well, part of the Chinese-funded rural well-drilling project in Senegal, has brought significant changes to local people’s lives. In Senegal, the rural well-drilling project officially began on March 5, 2017. The project covers 12 of the 14 regions of Senegal. (Xinhua/Han Xu) (Photo by Han Xu / XINHUA / Xinhua via AFP)

 

« L’humanité a un choix : coopérer ou périr. » Cet appel du Secrétaire général des Nations unies, António Guterres, en marge de la COP 27, reste d’actualité alors que se tient à New York la deuxième Conférence des Nations unies sur l’eau. À sept ans de l’échéance des Objectifs de développement durable (ODD), nous sommes encore loin du compte en ce qui concerne l’accès universel aux services d’eau et d’assainissement. Au niveau mondial,  trois personnes sur dix n’ont toujours pas accès à l’eau potable, une ressource ô combien vitale !

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En Afrique subsaharienne, on estime que près d’un demi-milliard de personnes font face à une pénurie d’eau au quotidien et plus de 700 millions de personnes n’ont pas accès à des installations sanitaires décentes. Conséquences : des centaines de millions de vies menacées par des maladies imputables au manque de services d’eau, d’assainissement et d’hygiène, ainsi que des secteurs économiques clés gravement affectés. C’est le cas de  l’agriculture, de la pêche ou encore de l’exploitation minière. L’Afrique subsaharienne perd ainsi, chaque année, 5 % de son produit intérieur brut en raison du manque d’eau.

Bien commun

Et pourtant, la ressource existe.  Que ce soit en eaux souterraines ou de surface, notre continent dispose d’importantes ressources partagées qui peuvent contribuer à répondre aux besoins présents et futurs de nos populations. Comme l’avait si bien rappelé le président Macky Sall lors du lancement de l’initiative Eau-Paix-Sécurité en 2015, ici à New York, « l’eau est source de vie et de bien-être lorsque son usage fait appel à l’esprit de coopération et de partage ».

À LIREDu coût de l’eau et des priorités publiques

Et le fleuve Sénégal, une ressource que la Guinée, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal ont en commun, en est la parfaite illustration. En créant l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) il y a plus de cinquante ans, nos pays avaient compris très tôt que la coopération est gage de paix, de cohésion sociale et de développement intégré pour nos peuples. La gestion concertée de ce patrimoine a joué un rôle considérable dans les progrès réalisés en matière d’accès à l’eau et à l’assainissement ces dernières décennies dans nos pays.

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Au Sénégal par exemple, la vision pour un mieux-être et une prospérité partagée – impulsée par le Plan Sénégal Émergent – a permis d’avoir un taux d’accès à l’eau estimé à 95,1 % en milieu rural et 98,8 % en milieu urbain en 2022 ; et un taux d’accès à l’assainissement de 89,8 % en milieu urbain et 59,7 % en milieu rural. Aujourd’hui plus que jamais, la coopération doit être notre arme au niveau national, régional et mondial pour faire face aux nombreux défis auxquels nous sommes confrontés pour satisfaire l’accès universel à l’eau et à l’assainissement.

Défis

Le manque des services d’eau et d’assainissement sûrs dans plusieurs régions du monde constitue une menace pour tous. Nous savons désormais que les crises sanitaires, mais aussi sécuritaires, migratoires et humanitaires, sont intimement liées à la sécurité de l’eau et de l’assainissementLe stress hydrique, les inondations et les mouvements de populations induits par les changements climatiques accentuent les risques d’apparition des épidémies et menacent notre sécurité alimentaire. Plus grave, la rareté des financements durables des services d’eau et d’assainissement au niveau mondial et régional risque de compromettre les avancées réalisées jusqu’ici.

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Dans un tel contexte, il est fondamental de rassembler nos efforts afin de combler le fossé entre les communautés, les États et les régions du monde en matière d’accès à l’eau et à l’assainissement. Pour cela, nous devons mettre en place des politiques conçues et menées sous le prisme de la coopération. Cela est aussi valable pour les enjeux d’hygiène et d’assainissement qu’on ne peut pas dissocier des problématiques d’eau et d’assainissement.

Le « Blue Deal »

À cet égard, la Déclaration de Dakar adoptée lors du neuvième Forum mondial de l’eau en mars 2022 et intitulée Un Blue Deal pour la sécurité de l’eau et de l’assainissement pour la paix et le développement a déjà posé les jalons. En insistant sur l’urgence de renforcer la coopération bilatérale et multilatérale, la Déclaration de Dakar relève – entre autres – l’importance de garantir le droit à l’eau et à l’assainissement à travers des mécanismes de financements publics et privés innovants.

À LIREDavid Malpass et Macky Sall : « Repenser la gestion de l’eau pour en garantir l’accès à tous »

Cette déclaration a, ainsi, posé les bases du Dialogue interactif n°4 sur « l’eau pour la coopération », que le Sénégal a eu l’honneur de co-présider avec la Confédération suisse lors de la conférence qui vient de s’achever à New York. Le Sénégal y a apporté la contribution et la position commune de l’Afrique en mettant en perspective le « Blue Deal » endossé par le comité exécutif du Conseil des ministres africains de l’eau (AMCOW). À cette occasion, le Sénégal a également souligné l’importance de la coopération transfrontalière et internationale dans le domaine de l’eau, de la coopération intersectorielle ainsi que la place de l’eau dans la réalisation des objectifs de développement durable.

C’est forts de cette coopération entre les gouvernements, la société civile, le secteur privé et autres acteurs de l’eau et de l’assainissement que nous pourrons faire face, ensemble, aux enjeux climatiques, économiques et sanitaires qui dépassent le cadre nos frontières respectives.

Afrique de l'Ouest: les acteurs de la filière coton se regroupent pour mieux défendre leurs intérêts

 

L’Organisation régionale des interprofessions du coton des États membres de l’Union économique et monétaire des États d’Afrique de l’Ouest (ORIC-UEMOA) a été créée mardi. Basée à Abidjan, elle regroupe des professionnels de la filière du coton du Sénégal, du Mali, du Burkina Faso, du Togo, du Bénin et de la Côte d’Ivoire. Son but : défendre les intérêts des acteurs du coton et mieux les organiser.

Avec notre correspondante à AbidjanBineta Diagne

Cette organisation est pensée pour refléter les avis de tous les acteurs de la filière coton, du planteur en passant par les transporteurs et les industriels. L’objectif est d’échanger des informations et notamment mutualiser les bonnes pratiques.

Elle souhaite aussi s’occuper de la relance des activités après une campagne ternie par le jasside, un parasite qui a affecté une grosse partie de la production ces derniers mois. « Nous avons besoin de partager nos expériences pour lutter contre ce parasite qui risque d’anéantir les efforts qui ont été faits, des années durant, pour la production cotonnière », explique Mathieu Adjovi, le président de l’ORIC-UEMOA.

► À lire aussi: Les producteurs de coton d'Afrique de l'Ouest confrontés à une baisse de revenus 

« Regrouper l’ensemble des besoins »

En se regroupant, les acteurs de la filière veulent aussi mutualiser les recherches ou encore améliorer l’accès au marché des intrants. En étant affiliés à cette organisation, les professionnels du coton espèrent bénéficier de tarifs plus avantageux. « Ce qui devrait changer aujourd’hui pour l’accès aux intrants, c’est de regrouper l’ensemble des besoins du Sénégal et des autres pays de l’UEMOA, estime Boune Oumar Bousso, le directeur adjoint de la Sodefitex, une firme de l'industrie cotonnière au Sénégal. Le fait de mutualiser et de commander ensemble, je pense que ça permettrait d’avoir un impact positif pour les producteurs qui vont aujourd’hui acheter ces intrants ».

La zone UEMOA produit chaque année en moyenne deux millions de graines de coton et 900 000 tonnes de fibres de coton une fois transformées à l’usine. À terme, cette nouvelle organisation aimerait mettre en place un label de qualité du coton ouest-africain.

Sénégal: des intellectuels interpellent Macky Sall sur le respect des droits et de la justice

 

Dans un contexte politique électrique à moins d’un an de la présidentielle, plus d’une centaine d’intellectuels signent une tribune adressée au président sénégalais. Fatou Sow, Boubacar Boris Diop, Sophie Bessis ou encore Mamadou Diouf interpellent le chef de l’État sur une « violation des droits » et l’« instrumentalisation de la justice », 

Avec notre correspondante à Dakar, Charlotte Idrac

Ils ou elles sont universitaires, écrivains, ou encore journalistes du Sénégal, des États-Unis, de France, ou du Canada… Les signataires disent s’exprimer « par-delà leurs divergences et différences idéologiques, politiques ou culturelles ». Ils condamnent « les restrictions apportées à la liberté de mouvement des citoyens », et la « continuelle instrumentalisation de la justice ».

Parmi eux, Amadou Tidiane Wone, ancien ministre sénégalais de la Culture : « Des actes qui sont posés portent à croire qu'il y a une reprise en main de la justice, notamment du parquet. Nous avons le sentiment de plus en plus exacerbé qu'il y a vraiment une mainmise sur un certain nombre de procédures, notamment politiques. »

Pour les personnalités signataires, « une menace réelle pèse sur la stabilité et la paix sociale du pays ». Elles lancent un « appel à la raison » au président Macky Sall. « L'initiative, de notre point de vue, poursuit Amadou Tidiane Wone, doit venir du chef de l'État, parce qu'il a des pouvoirs exorbitants qui lui permettent de dire :"Ok, on se calme, voilà ce qu'on doit mettre sur la table comme modus operandi d'un dialogue constructif". À force de tirer sur la corde, elle peut peut-être casser. » 

Le pouvoir a régulièrement démenti toute ingérence dans les procédures judiciaires. Après trois renvois, le procès d’Ousmane Sonko pour diffamation doit se tenir le 30 mars.

Le parti Pastef d’Ousmane Sonko a dénoncé ce mercredi l'arrestation du patron de la clinique Suma Assistance, où l’opposant était hospitalisé après les heurts survenus sur son trajet vers le tribunal le 16 mars dernier. Aucun motif n’a été précisé à ce stade de source policière ni judiciaire. Le secrétaire national à la communication du Pastef, El Malick Ndiaye, a par ailleurs été convoqué à la Sûreté urbaine cet après-midi.

Le Burkina Faso, premier pays africain touché par le terrorisme en 2023

Cinq des dix pays du monde les plus touchés par le terrorisme sont africains, selon le triste classement de l’Indice mondial du terrorisme 2023, dont le Burkina Faso occupe la deuxième place. Le Bénin et le Togo affichent des « progressions » pour le moins inquiétantes.

Mis à jour le 20 mars 2023 à 15:14
 
 
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Par Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

 

 

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        Damien Glez 

 

 

Si l'Afghanistan reste le terrain de jeu le plus fructueux des terroristes islamistes, nombre de pays africains enregistrent d’inquiétantes progressions dans la dixième édition de l’Indice mondial du terrorisme (GTI). Le rapport 2023 de l’Institut pour l’économie et la paix prend en compte les décès de 2022 mais aussi les incidents, les otages et les blessures dus au terrorisme. Tout en sachant que ces statistiques ne sont pas des plus simples à obtenir, dans certains pays…

La « progression » du Togo et du Bénin

La moitié du « top ten » est africain. Derrière le pays des talibans, le Burkina Faso est deuxième du classement avec, sur un an, 310 incidents terroristes ayant occasionné 1 135 morts et 496 blessés répertoriés. La Somalie, le Mali, le Nigeria et le Niger occupent respectivement les troisième, quatrième, huitième et dixième rangs. En douze mois, quatre de ces cinq pays ont progressé dans ce triste palmarès. À l’échelle du top 50, 20 nations sont africaines. Parmi elles, des nouveaux venus : le Togo, 27e, a bondi de 49 places, tandis que son voisin béninois, 28e, a « progressé » de 23 places.

À LIREBurkina, Mali, Niger… Quand les jihadistes font la guerre aux écoles

Alors qu’à l’échelle mondiale, l’Institut constate une chute de 9% des décès dus au terrorisme et une diminution de 28% des attaques, l’Afrique n’est guère concernée par cette embellie relative, éclaircie qui s’explique notamment par la baisse d’intensité des conflits au Moyen-Orient. Le rapport n’hésite pas à dire que la région du Sahel est désormais « le principal épicentre du terrorisme, comptant plus de décès dus au terrorisme en 2022 que l’Asie du Sud et le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (MENA) réunis ». Théorisé il y a une dizaine d’années, le « Sahelistan » est-il devenu réalité ?

Où puiser de l’optimisme ? Certaines juntes qui continuent de galvaniser leurs partisans évoqueront les progrès encore à mesurer de stratégies offensives de reconquêtes patriotes du territoire, notamment celle du Burkina Faso, arrivée au pouvoir un trimestre avant la fin de 2022, aujourd’hui tout à la fois en symbiose avec son voisin malien et récipiendaire de matériel militaire venu d’une Côte d’Ivoire fréquemment vouée aux gémonies des inclinations francophiles.

Victoires en trompe-l’œil ?

Où dénicher le pessimisme le plus indécrottable ? Dans le trompe-l’œil qui donne l’impression que la baisse des violences terroristes signifie la résolution des problèmes. Celle-ci est souvent le signe de l’ultime victoire du radicalisme islamiste, comme en Afghanistan où la férule de talibans revenus au pouvoir tétanise le pays, avec un recours moindre à la chicotte terroriste. Le nombre de décès dus au terrorisme y a diminué de 866, soit une amélioration de 58%.

À LIREDépart des Français, arrivée de Wagner… Au Mali, la donne a-t-elle vraiment changé ?

Mais derrière la baisse du nombre de morts du terrorisme, à l’échelle mondiale, l’indice distille un autre chiffre : le taux de mortalité des attentats qui est passé de 1,3 décès par attaque en 2021 à 1,7 en 2022. Il s’agit de la première augmentation du taux de létalité en cinq ans…