Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Guinée: des peines de 4 à 18 mois de prison ferme suite à des manifestations anti-délestage à Kankan

En Guinée, vingt-trois personnes étaient jugées à Kankan, dans l’est du pays, suite à des manifestations anti-délestage. Des peines de prison ferme allant de 4 à 18 mois ont été prononcées, ce 13 avril 2023. Huit personnes ont été relaxées.

Avec notre correspondant à Conakry, Matthias Raynal

En Guinée, des peines allant jusqu’à un an et demi de prison ferme ont été prononcées ce 13 avril 2023 dans l’affaire des manifestations anti-délestage à Kankan.

La deuxième ville du pays avait été secouée à la fin mars par un mouvement de protestation. Les habitants de plusieurs quartiers, exaspérés, s’étaient retrouvés dans la rue pour exprimer leur colère face aux coupures d’électricité récurrentes, brûlant des pneus sur la voie publique et incendiant même un portrait du président de la transition, Mamadi Doumbouya. Des affrontements avaient éclaté avec les forces de l’ordre.

► À lire aussi Guinée: à Kankan, des mouvements de protestation contre le manque d’électrici

 
 

Il étaient vingt-trois dans le box des accusés. À l’issue des trois jours d’audience, seuls huit ont pu ressortir libres du tribunal de première instance de Kankan, relaxés. Les autres viennent de passer la nuit en détention.

« C'est parole du ministère public contre celle de nos clients »

« C'est la parole du ministère public contre celle de nos clients », assure Maître Mamady Doumbouya. Il a défendu les accusés poursuivis, entre autres, pour destructions et dégradations d’édifices publics, participation délictueuse à un attroupement non autorisé. Il dénonce un dossier vide.

« Quant aux témoignages, aucune prise de vue n'a été brandie par le ministère public, confondant un de nos clients dans ces différentes manifestations ou pour les infractions pour lesquelles il les traduit », poursuit Maître Mamady Doumbouya.

« C'est une décision qui est raisonnable »

Les peines vont de quatre mois à un an et demi de prison. Trois hommes, identifiés comme les meneurs, ont écopé des sanctions les plus lourdes.

Le procureur de la République, Daouda Diomandé, se dit satisfait. « C'est une décision qui est raisonnable, estime-t-il. J'avais requis trois ans d'emprisonnement contre les meneurs et deux ans d'emprisonnement contre ceux qui sont descendus dans la rue pour incendier. De toute façon, ce que moi je recherchais, c'était la condamnation, compte tenu de la gravité des faits ».

Pour Maître Doumbouya, la justice a voulu faire un exemple. En punissant ses clients, elle donne « une leçon » à ceux qui voudraient manifester contre les délestages ailleurs en Guinée, estime l’avocat de la défense. Une défense qui a décidé de faire appel.

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« Au Sahel et dans la Corne de l’Afrique, le changement climatique tue déjà »

 
tribune
  • Collectif

L’Afrique, continent historiquement le moins responsable des émissions de gaz à effets de serre, fait déjà face à des événements météorologiques extrêmes aux conséquences désastreuses pour les populations, notamment les enfants et les femmes. Pour ce collectif d’ONG, la France a l’occasion et le devoir d’agir.

  • Collectif, 
« Au Sahel et dans la Corne de l’Afrique, le changement climatique tue déjà »
 
Un collectif d’ONG alerte sur les conséquences du changement climatique en Afrique. (Photo d’illustration d’une femme allant chercher de l'eau pendant la sécheresse, dans le comté de Samburu, au Kenya, en octobre 2022)BRIAN INGANGA/AP

Les derniers épisodes de canicule en France ont été une prise de conscience pour beaucoup que notre pays ne serait pas épargné par le changement climatique. Pourtant, c’est au-delà de nos frontières que la crise climatique a d’ores et déjà les conséquences les plus dramatiques. Parmi ses impacts les plus tangibles, la faim, qui tue des milliers de personnes toutes les semaines.

Les régions du Sahel et de la Corne de l’Afrique sont en effet en première ligne de dérèglements climatiques sans précédent, qui s’ajoutent à des crises économiques, sociales et politiques préexistantes. Instabilité politique, conflits prolongés, pauvreté extrême, inégalités criantes, impact économique de la pandémie de Covid-19, montée en flèche des prix des denrées alimentaires, du carburant et des engrais… autant de facteurs qui déstabilisent et fragilisent déjà ces régions.

Des températures qui explosent

Dans ces conditions, au Sahel central (Mali, Niger, Burkina Faso), selon le Cadre harmonisé, outil d’analyse commun des agences des Nations unies et ONG, entre autres, ce ne sont pas moins de 7,6 millions de personnes qui auront besoin d’assistance alimentaire en 2023. Dans la région centre du Burkina Faso notamment, le nombre d’enfants traités pour malnutrition aiguë sévère en 2022 était en augmentation de 50 % par rapport à l’année précédente.

Le Sahel est l’une des régions les plus touchées de la planète par les changements climatiques et le manque d’eau : les températures y augmentent à un rythme 1,5 fois plus rapide que la moyenne mondiale, or la production des denrées alimentaires de base risque de s’effondrer encore de 25 % si le réchauffement mondial dépasse les 2 °C dans un pays comme le Niger.

Une succession de sécheresses

Dans le même temps, la région de la Corne de l’Afrique fait face à une succession de sécheresses qui tuent le bétail et les plantations, aggrave la faim et exacerbe les tensions autour de ressources devenues rares. Le manque d’eau va aussi de pair avec la résurgence d’épidémies comme le choléra et la rougeole, qui sont des facteurs aggravants de la faim.

On estime ainsi qu’en Éthiopie, au Kenya et en Somalie, une personne meurt de faim toutes les trente-six secondes et près de 2 millions d’enfants ont actuellement besoin d’un traitement urgent contre la malnutrition aiguë sévère, la forme la plus mortelle de la faim. Selon les prévisions, la situation va continuer de se détériorer en 2023 ; par conséquent, en Somalie et au Soudan du Sud, le risque de famine connaîtra un pic encore plus important dès ce mois d’avril.

Des phénomènes extrêmes

Les phénomènes météorologiques extrêmes, de plus en plus nombreux et violents, réduisent eux aussi les capacités des populations à mettre en place des stratégies de survie et de résilience pour faire face aux chocs, et les condamnent à fuir, ce qui engendre des tensions et des risques de protection pour les femmes et les enfants.

D’autant plus que ces crises touchent de manière encore plus forte les femmes et les filles : elles mangent souvent moins et en dernier, avec des repas moins nutritifs malgré des besoins particuliers lorsqu’elles sont enceintes ou allaitantes. Ce sont le plus souvent à elles qu’incombe la charge d’aller chercher l’eau, parfois sur de longues distances ; les filles peuvent être exposées au mariage forcé et précoce pour avoir une bouche de moins à nourrir au sein du foyer.

Des actions concrètes

Nos organisations humanitaires mènent des actions concrètes auprès des populations, en travaillant avec des associations locales, pour aider des centaines de milliers de personnes en fournissant de l’eau potable, des produits d’hygiène, une prise en charge nutritionnelle et sanitaire, une aide alimentaire, mais aussi en mettant en œuvre des programmes de développement visant à renforcer la résilience de ces populations aux futurs chocs auxquels elles seront amenées à faire face…

Pourtant, malgré ces constats dramatiques, nos organisations sont contraintes de continuer d’alerter. La mobilisation totale de la communauté internationale n’est plus seulement souhaitable, elle devient une nécessité. Elle n’a jusqu’ici pas été au rendez-vous. En 2022, à peine 62 % des besoins de financements humanitaires estimés par l’ONU ont été comblés dans ces régions, contexte dans lequel la France ne fournit pas sa juste part, n’ayant financé que 1,2 % de la somme totale.

Un nouveau pacte

Dans quelques semaines, la France accueillera à Paris un sommet international visant à concevoir un « nouveau pacte financier » avec les pays en développement. Un moment important pour mobiliser des financements supplémentaires à court terme, de façon à répondre aux crises nutritionnelles et alimentaires, mais aussi à moyen terme, en trouvant des ressources pérennes et innovantes pour faire face aux changements climatiques dans les pays les plus vulnérables.

La France est aussi en train de revoir sa stratégie humanitaire, qui fixera les grandes lignes de sa politique pour les cinq années à venir : c’est l’occasion d’accompagner les bonnes volontés de moyens financiers, en octroyant au moins 1 milliard d’euros par an à son aide humanitaire en la dirigeant en grande partie vers la crise alimentaire au Sahel et dans la Corne de l’Afrique. La France a l’occasion de changer la donne en 2023, à l’heure où le changement climatique tue déjà.

Cécile Duflot, Directrice générale d’Oxfam France

Jean-François Riffaud, Directeur général d’Action contre la faim

Adeline Hazan, présidente de l’Unicef France

Alexandre MOREL, codirecteur général de Care France ; Emanuela CROCE, codirectrice générale de Care France

Najat Vallaud-Belkacem, Directrice France de ONE

Manuel Patrouillard, Directeur général de Handicap international

Rachid Lahlou, Président-fondateur du Secours islamique France

Thierry Mauricet, Directeur général de Première Urgence internationale

Kevin Goldberg, Directeur général de Solidarités international

Anne Bideau, Directrice générale de Plan international

Martine Gernez, Présidente de HAMAP Humanitaire

Côte d’Ivoire, Sénégal, Nigeria… Comment la cocaïne trace son chemin en Afrique de l’Ouest

Pour répondre à une demande en plein boom en Europe, la production de coca a plus que doublé en Amérique du Sud. L’Afrique de l’Ouest, point de passage presque obligé de la poudre blanche, renforce encore son statut de plaque tournante. Décryptage en infographies.

Mis à jour le 7 avril 2023 à 15:19
 
 
infococa
 
 
l faut beaucoup de poudre blanche pour alimenter l’addiction des 4 millions d’Européens qui, en 2022, ont consommé de la cocaïne. Pour répondre à cette demande sans cesse croissante, c’est toute une chaîne de valeur qui s’est adaptée. D’année en année, les cartels sud-américains, alliés aux mafias européennes et africaines, ont fait de l’ouest du continent une plaque tournante du trafic vers L’Europe. Quelles sont les techniques utilisées par les trafiquants ? Quels sont les pays principaux pays de transit ? Qui, des cartels sud-américains, des « cults » nigérians ou des groupes jihadistes, est impliqué dans ce vaste trafic ?
 
À LIRE[Enquête] Côte d’Ivoire : sur la piste des narcotrafiquants entre Abidjan et San Pedro  

Depuis quelques années, le port d’Abidjan vit au rythme des saisies records de cocaïne. Après la « Spaghetti Connection » en 2019, c’est un autre vaste réseau transnational – mettant en cause des Espagnols, Colombiens, Ivoiriens, Libanais et Portugais – qui a été démantelé, en avril 2022. Après une accalmie, Bissau semble de nouveau être tombée dans le giron des narcotrafiquants. Début février, près d’une tonne de cocaïne y été dérobée dans les locaux de la police. Et, tandis que Dakar continue d’occuper une place centrale sur la feuille de route des cartels, de nouveaux acteurs semblent émerger, y compris au Bénin,  3,9 tonnes de « blanche » ont été découvertes entre 2019 et 2022.

Sur le continent, une myriade d’acteurs internationaux et locaux profitent de ce trafic. Outre les sulfureuses mafias italiennes que sont la Camorra et la ‘Ndrangheta, de nombreux groupuscules opérant comme « sous-traitants » au niveau local se sont constitués le long des côtes ouest-africaines.

À LIRECocaïne, héroïne, tramadol… L’Afrique plus que jamais à l’épreuve du trafic de drogues

Des groupes criminels nigérians ont étendu leur présence à une large partie du golfe de Guinée et supervisent désormais une partie du transit vers la Méditerranée en passant par le désert du Sahara. Certains « barons igbos » peuvent même se targuer de gérer « en toute autonomie des importations de cocaïne grâce à leur bonnes relations avec les narcotrafiquants de São Paulo » rapportent Célia Lebur et Joan Tilouine dans leur livre-enquête Mafia Africa (Flammarion, mars 2023).

 cocaine

 

Chez le premier producteur et exportateur de cacao, la Côte d'Ivoire, plus de la moitié des fèves ne sont pas traçables.

C'est ce que montre une étude, à l'heure où la règlementation européenne devient de plus en plus exigeante en termes de durabilité et de traçabilité du cacao importé.

 
cacao
 

Un manque « criant » de traçabilité et de transparence dans la filière cacao ouest-africaine, c'est ce qui ressort de l'étude de plusieurs chercheurs de l'université de Louvain publiée dans la revue Environmental Research Letters.

Ces scientifiques ont remonté les chaînes d'approvisionnement des exportateurs via des données collectées par Trase, une initiative de transparence basée sur une cartographie du commerce international et du financement des produits agricoles de base.

Et le bilan se résume en un chiffre : en 2019, seulement 45% des exportations de cacao étaient tracées jusqu'aux coopératives de producteurs et encore moins jusqu'aux cacaoculteurs ou aux plantations. L'origine du reste des fèves commercialisées, soit plus de la moitié, était inconnue à la date de l'étude : soit parce que les négociants s'approvisionnent auprès d'intermédiaires, soit parce qu'ils ne divulguent pas d'information sur leur fournisseur. « Or la traçabilité ne vaut que si elle est publique », explique Cécile Rénier, la coordinatrice de l'étude, en réponse à ceux qui avancent un besoin de confidentialité.

Traçabilité insuffisante pour répondre à la règlementation européenne

Les données obtenues par les chercheurs reflètent une moyenne et diffèrent selon les exportateurs et les destinataires : si l'on ne s'intéresse qu'au cacao exporté vers l'Europe, une plus grande proportion est issue de plantations cartographiées. Mais dans tous les cas, la traçabilité était en 2019 et est encore très largement insuffisante pour répondre aux nouvelles exigences européennes de ne plus importer de cacao issu de zones déforestées depuis le 31 décembre 2020. 

La campagne de traçabilité « ambitieuse » lancée depuis trois ans dans le pays, va dans le bon sens, selon la coordinatrice de l'étude, mais n'est pas un gage automatique de transparence de la filière.

Tracer pour freiner la déforestation

Vingt-cinq pour cent des cacaoyères se trouvent aujourd'hui dans des forêts classées ivoiriennes qui continuent d'être détruites, et les fèves qui y sont cultivées trouvent de facto leur chemin jusqu'aux exportateurs et chocolatiers. Selon les données compilées par les chercheurs belges, entre 2000 et 2019, près de 2,5 millions d'hectares de forêt ont été remplacés par des plantations de cacao en Côte d'Ivoire.

Selon cette étude scientifique, l'exploitation incontrôlée de cacao menace en particulier les forêts frontalières du Liberia : dans cette zone, 80 à 100% du cacao exporté n'est pas traçable jusqu'à son premier acheteur et encore moins jusqu'à son planteur. Un cacao 100% tracé serait en théorie le gage d'une filière zéro déforestation. Mais les experts du secteur ne sont pas dupes : le cacao n'a pas de couleur, rappelle l'un d'eux, et rien ne ressemble plus à une fève issue d'une parcelle défrichée récemment qu'une fève issue d'une ancienne plantation.

► À lire aussi : Côte d'Ivoire: le FMI débloque 3,5 milliards de dollars pour accompagner le plan de développement

Tchad: les 380 rebelles du Fact graciés par la transition ont été libérés

 

Au Tchad, 380 combattants du Fact (Front pour l'alternance et la concorde au Tchad), condamnés à la perpétuité le 21 mars dernier et graciés il y a une dizaine de jours par le président de transition, ont été libérés mercredi 5 avril au matin. Selon le porte-parole du gouvernement, il s’agit d’un signe que Mahamat Idriss Déby veut agir pour la paix et la réconciliation définitive du Tchad.

Une cérémonie officielle a eu lieu mercredi 5 avril au matin à la prison de Klessoum, dans la périphérie de Ndjamena, en présence de nombreux officiels et parents des graciés, ainsi que de très nombreux journalistes. Elle n'a pas duré longtemps : une quarantaine de minutes à peine.

Une trentaine de combattants représentant symboliquement les 380 graciés ont reçu des mains du ministre de la Justice Mahamat Ahmat Alhabo un certificat de libération qui leur ouvre les portes de la prison. Entre-temps, les graciés attendaient des bus qui devaient les ramener chez eux, selon les autorités pénitentiaires.

Il y avait des larmes et de la joie. De nombreuses familles étaient heureuses de retrouver un fils, un mari qu’elles n’espéraient plus revoir il y a quelques semaines comme témoignent ces quelques parents, rapporte notre correspondant au Tchad, Olivier Monodji. « Ça fait presque trois ans, je ne comptais pas revoir mon époux aujourd'hui. Dieu merci, je suis vraiment contente », raconte une femme. 

Les autorités ont libéré les éléments du front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact) arrêtés en avril 2021. Pour rappel, ces hommes font partie d'un groupe de plusieurs centaines de combattants du Fact qui avaient été faits prisonniers lors de l’offensive qui avait coûté la vie à l'ex-président Idriss Déby Itno. 

Quelque 450 membres du FACT avaient été condamnés il y a deux semaines à une peine d'emprisonnement à vie, notamment pour « actes de terrorisme » ou encore « atteinte à la vie du chef de l'État ». Cela avant que le président de transition n'accorde sa grâce à 380 d'entre eux, comme il s'y était engagé à la fin du dialogue national de 2022. Le leader du Fact, ainsi que 54 autres condamnés par contumace, n'en a pas bénéficié. Pour lui, « c'est un geste humanitaire, pas plus, comme nous l'avions déjà fait en libérant depuis deux ans les soldats de Ndjamena qui étaient entre nos mains » : Mahamat Mahdi Ali en appelle donc à « des négociations pour une paix définitive au Tchad ».

Rétablissement de la paix sociale

Les autorités ont également libéré un deuxième groupe composé essentiellement de manifestants opposés à la prolongation de la transition et au maintien de Mahamat Idriss Déby Itno au pouvoir pour deux ans.

Ces mesures, selon les autorités tchadiennes, participent à apaiser le climat politique tendu depuis plusieurs mois. Mahamat Ahmat Allabo, ministre de la Justice : « En ce mois béni du ramadan, le président de la République, en plus des 380 prisonniers de guerre, amnistiés 259 autres condamnés. Ces démarches constituent un gage du rétablissement de la confiance entre les fils et filles du Tchad dans la paix sociale ».

Le parti les transformateurs de Succès Masra affirme qu’un quart seulement des personnes bénéficiant de cette grâce sont ses militants. Il reste donc, selon ce parti, à faire la lumière sur le cas de nombreux disparus dont les noms n’apparaissent pas.

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