Témoignages

 

Côte d’Ivoire : dix choses à savoir sur Mamadou Sangafowa Coulibaly, le nouveau « monsieur Pétrole » de Ouattara

Après deux ans de traversée du désert, il a fait son retour au sein du gouvernement de Patrick Achi en tant que ministre des Mines, du Pétrole et de l’Énergie. Et, au lendemain de la découverte d’importants gisements d’hydrocarbures, le poste est éminemment stratégique.

Par  - à Abidjan
Mis à jour le 29 juin 2022 à 16:53

 

Mamadou Sangafowa Coulibaly, ministre ivoirien des Mines, du Pétrole et de l’Énergie, s’exprime le 14 juin 2022 lors de l’Africa CEO Forum à Abidjan. © ISSOUF SANOGO/AFP

1. Coup de pression sur ENI

Quelques semaines après avoir rejoint l’équipe gouvernementale de Patrick Achi, fin mai, Mamadou Sangafowa Coulibaly a pris en main le très stratégique dossier de la future exploitation des gisements pétroliers et gaziers récemment découvert en Côte d’Ivoire. En marge de l’Africa CEO Forum, qui s’est tenu les 13 et 14 juin à Abidjan, il a mis le groupe italien ENI sous pression pour qu’il accélère la mise en production du gisement offshore Baleine, considéré comme un potentiel « game changer » pour l’économie du pays. À ENI, qui se fixe un horizon de mise en production à 2026, il a réclamé d’accélérer le calendrier.

À LIRECôte d’Ivoire : une méga-découverte pétrolière d’ENI ravive les ambitions du gouvernement Ouattara

2. Du Poro…

Né en 1964 dans la région du Poro, dans le nord du pays, il a participé aux rites initiatiques de la culture sénoufo, qui inculque à ceux qui les suivent une vision de la vie et des valeurs propres à ce peuple également présent au Burkina Faso et au Mali. Rite ancestral, marque de reconnaissance chez les Sénoufos, le poro – considéré comme une société secrète – est un passage obligé, et l’initiation peut durer toute une vie.

3. …À Harvard

Il a effectué tout son cursus scolaire en Côte d’Ivoire. Après l’obtention de son bac C au lycée mixte de Yamoussoukro, la capitale économique, en 1990, il entre à l’université Félix-Houphouët-Boigny de Cocody où il décroche une maîtrise en sciences économiques, avant de se spécialiser en expertise comptable à l’Institut national supérieur de l’enseignement technique. Il a toutefois terminé un programme « Executive Education » aux États-Unis à Harvard Business School, ce qui a retardé son entrée au gouvernement au mois d’avril dernier.

4. Du privé aux affaires publiques

L’actuel ministre, né en 1964, a d’abord préféré le secteur privé à l’administration publique. Après un passage au sein de la Société générale en Côte d’Ivoire, il décide de se lancer dans l’entrepreneuriat. Il a multiplié les initiatives dans le secteur privé. À partir de 1992, Mamadou Sangafowa crée une entreprise de négoce international spécialisée dans le transport des marchandises et l’exportation de produits tropicaux comme la mangue.

À LIRECôte d’Ivoire : un nouveau gouvernement, mais peu de changements

C’est en 2003 que Mamadou Sangafowa Coulibaly fait son entrée dans l’administration. Il est nommé directeur de cabinet adjoint d’Amadou Gon Coulibaly qui est alors ministre de l’Agriculture au sein du gouvernement de réconciliation nationale. Dans cette fonction, il jouera un rôle important dans le monde agricole ivoirien. Il a notamment été président du comité de gestion de l’Institut national formation agricole ou encore, administrateur au sein du Fonds de régulation et de contrôle du café-cacao (FRC).

5. Ministre de crise

C’est en mars 2010, en pleine crise politique, que Mamadou Sangafowa fait entrée au gouvernement. Cette année-là, Laurent Gbagbo a dissous le gouvernement après des soupçons de fraude sur le fichier électoral. L’ancien chef de l’État ne souhaitait plus qu’Amadou Gon Coulibaly et d’autres ministres du Rassemblement des républicains (RDR), le parti d’Alassane Ouattara, entrent au gouvernement. Une aubaine pour Sangafowa, qui est alors désigné ministre. Une fonction qu’il gardera lors de l’accession d’Alassane Ouattara au pouvoir en 2011.

6. Amadou Gon Coulibaly, le mentor

Le nouveau ministre du Pétrole doit sa carrière politique à Amadou Gon Coulibaly. Cependant, malgré le patronyme, il n’a aucun lien direct de parenté avec l’ex-Premier ministre d’Alassane Ouattara. Il est désigné adjoint au maire de Korhogo, dans le nord du pays, quand Gon Coulibaly est élu maire de la ville. Ce dernier prend alors l’actuel ministre du Pétrole sous son aile et devient son mentor. Sangafowa gravira les échelons du parti où il lui sera confié le secrétariat à l’identification. Il deviendra ensuite membre du comité de direction, puis directeur central de la campagne d’Alassane Ouattara chargé de la logistique et de la sécurité.

7. Korhogo

Amadou Gon Coulibaly, qui entrevoit des qualités de « leader » chez son protégé, l’incite à s’inscrire sur la liste des candidats aux élections législatives de 2011. Ce père de quatre enfants est alors pressenti pour jouer les premiers rôles à Korhogo auprès de feu l’ancien Premier ministre.

À LIRE[Série] À Korhogo, l’ombre d’Amadou Gon Coulibaly (4/4)

Mais ses qualités sont également observées quand, au ministère de l’Agriculture, Sangafowa Coulibaly gère l’épineux dossier du transfert du siège de l’Organisation internationale du cacao (ICCO) à Abidjan. Sous l’impulsion d’Alassane Ouattara et des premiers ministres Daniel Kablan Duncan et Amadou Gon Coulibaly, il a par ailleurs contribué à la relance des investissements dans les milieux agricoles.

8. Disgrâce

À partir de 2018, son ralliement aux positions de Guillaume Soro, qu’il a connu durant la rébellion de 2002, fait grincer des dents dans l’entourage d’Alassane Ouattara. Son mentor Amadou Gon Coulibaly le rappelle à l’ordre, en vain. En pleine montée des tensions entre Soro et le clan Ouattara, il n’hésitera pas à déclarer que le Rassemblement des républicains a « un devoir de reconnaissance envers Guillaume Soro ». Le 4 septembre 2019, Amadou Gon Coulibaly obtient l’accord du chef de l’État Alassane Ouattara pour le limoger du gouvernement. Il retournera à ses activités entrepreneuriales et à ses exploitations agricoles.

9. Téné Birahima Ouattara, le protecteur

Malgré sa période de disgrâce, il reçoit le soutien et la protection de Téné Birahima Ouattara, le ministre de la Défense et frère cadet du président Alassane Ouattara. Téné Birahima Ouattara le considère comme un jeune frère. Le décès d’Amadou Gon Coulibaly ayant laissé un grand vide à Korhogo en termes de leadership politique, il est remis en orbite et fait son retour au gouvernement en avril dernier dans les fonctions de ministre des Mines, du Pétrole et de l’Énergie, alors qu’il n’avait pas soldé ses frictions avec le clan Gon Coulibaly.

10. Patrice Talon

Mamadou Sangafowa Coulibaly est un proche du président béninois Patrice Talon, qu’il a connu lors de son passage au ministère de l’Agriculture. Sofaco, la société de Patrice Talon, avait alors remporté les appels d’offre pour la fourniture d’engrais au secteur agricole ivoirien. Lors de la prestation de serment Patrice Talon pour son premier mandat, il a d’ailleurs été le représentant d’Alassane Ouattara. Leur proximité a même alimenté les rumeurs, dans les coulisses de la présidence ivoirien, certains prétendant que Patrice Talon avait tenté d’intercédé auprès d’Alassane Ouattara pour son maintien dans le gouvernement de Gon Coulibaly.

📌𝐌𝐞𝐬𝐬𝐚𝐠𝐞 𝐝𝐞 𝐥'𝐞𝐧𝐬𝐞𝐦𝐛𝐥𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐜𝐡𝐞𝐟𝐬 𝐭𝐫𝐚𝐝𝐢𝐭𝐢𝐨𝐧𝐧𝐞𝐥𝐬 𝐝𝐮 𝐁𝐮𝐫𝐤𝐢𝐧𝐚 𝐅𝐚𝐬𝐨:

...𝑛𝑜𝑢𝑠 𝑎𝑣𝑜𝑛𝑠 𝑢𝑛𝑒 𝑚𝑒̂𝑚𝑒 𝑝𝑎𝑡𝑟𝑖𝑒 𝑒𝑡 𝑛𝑜𝑢𝑠 𝑎𝑣𝑜𝑛𝑠 𝑙𝑒 𝑑𝑒𝑣𝑜𝑖𝑟 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑝𝑟𝑜𝑡𝑒́𝑔𝑒𝑟 𝑒𝑡 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑐𝑒́𝑑𝑒𝑟 𝑎𝑣𝑒𝑐 ℎ𝑜𝑛𝑛𝑒𝑢𝑟 𝑒𝑡 𝑑𝑖𝑔𝑛𝑖𝑡𝑒́ 𝑎𝑢𝑥 𝑔𝑒́𝑛𝑒́𝑟𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑓𝑢𝑡𝑢𝑟𝑒𝑠...

Autorités politiques et administratives, Autorités religieuses,
Forces de Défense et de Sécurité, Acteurs de la société civile,
Acteurs de développement,
Intellectuels de tout rang,
Hommes de médias,
Anciens, femmes et jeunes des villes et des campagnes ; Populations du Burkina Faso ;
Les chefs supérieurs coutumiers et traditionnels du Burkina Faso vous parlent :

𝐍𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐩𝐚𝐲𝐬, 𝐥𝐞 𝐁𝐮𝐫𝐤𝐢𝐧𝐚 𝐅𝐚𝐬𝐨, 𝐭𝐫𝐚𝐯𝐞𝐫𝐬𝐞 𝐮𝐧 𝐝𝐞𝐬 𝐩𝐢𝐫𝐞𝐬 𝐦𝐨𝐦𝐞𝐧𝐭𝐬 𝐝𝐞 𝐬𝐨𝐧 𝐡𝐢𝐬𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞.
Aujourd’hui, notre peuple fait face à une crise multidimensionnelle grave et le désespoir s’empare des populations.
Le quotidien et le vivre-ensemble sont mis à rude épreuve par les affres de l’insécurité et des conflits intra et inter communautaires.
Investis des hautes missions coutumières et traditionnelles tirées de nos sources ancestrales, les chefs supérieurs coutumiers et traditionnels du Burkina Faso se sentent fortement interpelés par la situation nationale. Notre responsabilité nous impose de rompre le silence.

𝐍𝐨𝐮𝐬 𝐦𝐚𝐧𝐢𝐟𝐞𝐬𝐭𝐨𝐧𝐬 𝐧𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐜𝐨𝐦𝐩𝐚𝐬𝐬𝐢𝐨𝐧 𝐞𝐭 𝐧𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐬𝐨𝐮𝐭𝐢𝐞𝐧 𝐚𝐮𝐱 𝐟𝐨𝐫𝐜𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐝𝐞́𝐟𝐞𝐧𝐬𝐞 𝐞𝐭 𝐝𝐞 𝐬𝐞́𝐜𝐮𝐫𝐢𝐭𝐞́, aux auxiliaires de défense, aux familles éplorées, à toutes les victimes et personnes affectées par les actes d’insécurité et de violence.
L’insécurité est une réalité qui affecte les familles et la Nation. On enregistre de nombreux déplacés dans plusieurs régions du pays. La situation est préoccupante. Malgré les actions entreprises, les résultats restent en deçà des attentes des populations.
LeschefssupérieurscoutumiersettraditionnelsduBurkinaFasoconstatent des propos haineux et d’incitation à l’intolérance et à la violence véhiculés à travers certains canaux de communication. Cela est contraire à l’esprit de fraternité séculaire qui a toujours prévalu dans notre pays et que nous avons hérité de nos parents.
En tant que dépositaires et garants des pouvoirs coutumiers et traditionnels, incarnation de nos valeurs ancestrales, acteurs de l’histoire de notre pays, nous, chefs supérieurs coutumiers et traditionnels du Burkina Faso condamnons :
- toute atteinte à la vie, à l’intégrité physique, morale et psychique de toute personne quelque soit sa race, son ethnie, sa religion, son appartenance politique et idéologique.
- les propos haineux et d’incitation à l’intolérance et à la violence véhiculés à travers certains canaux de communication.
Interpelons :
• - 𝐥𝐞𝐬 𝐚𝐮𝐭𝐨𝐫𝐢𝐭𝐞́𝐬 𝐝𝐮 𝐩𝐚𝐲𝐬, 𝐚̀ 𝐜𝐨𝐧𝐜𝐞𝐧𝐭𝐫𝐞𝐫 𝐭𝐨𝐮𝐭𝐞𝐬 𝐥𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐞́𝐧𝐞𝐫𝐠𝐢𝐞𝐬 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐥𝐚 𝐥𝐮𝐭𝐭𝐞 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐞 𝐥𝐞 𝐭𝐞𝐫𝐫𝐨𝐫𝐢𝐬𝐦𝐞, 𝐥𝐞 𝐫𝐞𝐜𝐨𝐮𝐯𝐫𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐝𝐞 𝐥’𝐢𝐧𝐭𝐞́𝐠𝐫𝐚𝐥𝐢𝐭𝐞́ 𝐝𝐮 𝐭𝐞𝐫𝐫𝐢𝐭𝐨𝐢𝐫𝐞;
• - les acteurs politiques, administratifs, religieux et coutumiers, à quelque niveau qu’ils soient, sur le devoir de veiller au respect de l’intégrité de chaque communauté en utilisant leur leadership pour contribuer à apaiser les tensions et à réconcilier les Burkinabè ;
• - les filles et fils du Burkina qui, pour des raisons diverses ont des visions ou intérêts divergents avec la nation à déposer les armes, à revenir à la raison et à la «maison» pour qu’ensemble, nous bâtissions notre pays dans la paix et la quiétude ;
• - le peuple Burkinabè, à manifester sa compassion et sa solidarité par son soutien actif aux déplacés internes, aux veuves, aux orphelins et à l’ensemble des personnes vulnérables du fait de la crise ;
• - les Burkinabé à cultiver et renforcer : l’union, la solidarité, l’amour, le patriotisme, la tolérance, l’acceptation de la différence, la fraternité, l’humilité, le dialogue, le pardon, la cohésion sociale et l’unité nationale.

𝐋𝐞𝐬 𝐜𝐡𝐞𝐟𝐬 𝐬𝐮𝐩𝐞́𝐫𝐢𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐜𝐨𝐮𝐭𝐮𝐦𝐢𝐞𝐫𝐬 𝐞𝐭 𝐭𝐫𝐚𝐝𝐢𝐭𝐢𝐨𝐧𝐧𝐞𝐥𝐬 𝐝𝐮 𝐁𝐮𝐫𝐤𝐢𝐧𝐚 𝐅𝐚𝐬𝐨 𝐫𝐚𝐩𝐩𝐞𝐥𝐥𝐞𝐧𝐭 : • - à l’ensemble des Burkinabè, la nécessité de cultiver le sentiment d’appartenance à une même nation, la volonté de vivre ensemble et de bâtir à l’unisson, une nation forte et prospère ;
• - qu’au-delà de nos différences ethniques, religieuses idéologiques, philosophiques, politiques, nous avons une même patrie et nous avons le devoir de la protéger et de la céder avec honneur et dignité aux générations futures.
Populations du Burkina Faso,
En ce qui concerne les chefs supérieurs coutumiers et traditionnels du Burkina
Faso, ils réitèrent leur disponibilité et leur ferme engagement à jouer pleinement et entièrement leur partition, à poursuivre leur contribution à la paix.
𝐈𝐥𝐬 𝐢𝐦𝐩𝐥𝐨𝐫𝐞𝐧𝐭 𝐥𝐚 𝐭𝐞𝐫𝐫𝐞 𝐧𝐨𝐮𝐫𝐫𝐢𝐜𝐢𝐞̀𝐫𝐞 𝐞𝐭 𝐩𝐫𝐨𝐭𝐞𝐜𝐭𝐫𝐢𝐜𝐞 𝐝𝐮 𝐁𝐮𝐫𝐤𝐢𝐧𝐚, 𝐥𝐞𝐬 𝐦𝐚̂𝐧𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐧𝐨𝐬 𝐚𝐧𝐜𝐞̂𝐭𝐫𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝐥𝐞 𝐓𝐨𝐮𝐭 𝐏𝐮𝐢𝐬𝐬𝐚𝐧𝐭 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐪𝐮’𝐢𝐥𝐬 𝐯𝐞𝐢𝐥𝐥𝐞𝐧𝐭 𝐬𝐮𝐫 𝐥𝐞 𝐁𝐮𝐫𝐤𝐢𝐧𝐚.
𝐃𝐢𝐞𝐮 𝐞𝐭 𝐥𝐞𝐬 𝐦𝐚̂𝐧𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐧𝐨𝐬 𝐚𝐧𝐜𝐞̂𝐭𝐫𝐞𝐬 𝐛𝐞́𝐧𝐢𝐬𝐬𝐞𝐧𝐭 𝐥𝐞 𝐁𝐮𝐫𝐤𝐢𝐧𝐚 𝐅𝐚𝐬𝐨 !

𝐅𝐚𝐢𝐭 𝐚̀ 𝐎𝐮𝐚𝐠𝐚𝐝𝐨𝐮𝐠𝐨𝐮, 𝐥𝐞 𝟐𝟗 𝐣𝐮𝐢𝐧 𝟐𝟎𝟐𝟐
Les chefs supérieurs coutumiers et traditionnels du Burkina Faso
Sa Majesté Naaba DJIGUIMPOLE, Roi de ZOUNGRANTENGA, TENKODOGO
Sa Majesté Naaba KIBA, Roi du YATENGA, OUAHIGOUYA
Sa Majesté Moogho Naaba BAONGO, Roi de l’OUBRITENGA, OUAGADOUGOU
Sa Majesté Naaba SIGRI, Roi du BOUSSOUMA
Sa Majesté l’Emir du Liptako DORI
Sa Majesté l’Emir de DJIBO
Le chef suprême des BOBO Mandarè, chef du canton de BOBO DIOULASSO
Le POPE, chef du canton de PÔ
Le chef du canton de DEDOUGOU
Le chef du canton de GAOUA

kiye2022

La crise de foi en Europe hier et la crise de foi en Afrique aujourd'hui.
Approche analytique de la crise du statut du religieux en Afrique aujourd'hui
(Une réflexion du Père Vincent KIYE, Missionnaire d'Afrique)
 
Que deviendra ce style de vie religieuse dans dix ou quinze ans?  A quoi ressemble-t-il aujourd'hui lorsque nous écoutons les murmurationes de la réalité des différents instituts de vie consacree? Élection ou nomination des supérieurs,  les mises en place ou nominations des différents membres? Même l'Esprit Saint se voit exclu des moments forts de la vie de nos instituts, surtout des moments des décisions. Force est de constater qu'à voir comment le décor est planté aujourd'hui, entendu par là,  ce relâchement dangereux et cette créativité anarchique, il ya de quoi craindre de nous retrouver demain devant un christianisme vidé de sa substance christique et par-là, dangereux pour les esprits moins rapides. Le danger est réel. La philosophie de gouvernement de la plupart de nos instituts a changé.  Entendu par-là mode d'élection,  politique de gestion du personnel, politique financière etc. Tout cela une sonnette d'alarme et nous lance un défi difficile à faire face.
Nous avons l'impression de vivre un christianisme orphelin de la tradition qui l'a vu naitre. Notre avenir nous paraît perplexe pour ne pas dire dangereux.
Nous vivons le siècle d'un christianisme moins inventif en ce qui concerne les différents charismes fondateurs des congrégations, lesquelles accusent un appauvrissement intolérable en ce qui concerne les œuvres, veritables terrains d'exercices desdits charismes. Ce déséquilibre rend la vie religieuse âpre et très ordinaire,  n'offrant plus au monde le modèle d'excellence d'autrefois. 
Le consacré d'aujourd'hui ressemble au monsieur tout le monde, en ce sens que chaque jour qui passe, le style de vie consacrée perd son aspect mystique. Par manque des œuvres et de créativité intelligible, les consacrés deviennent très ordinaires que jamais. Ils recourent à l'emploi séculier comme tout le monde, au détriment du style de vie qui fait leur identité spécifique. Et pourtant c'est dans la dynamique des œuvres des congrégations que l'évangélisation s'avérait possible et que les religieux et religieuses offraient au monde l'idéal de la société. Que dire aujourd'hui de ces religieux et religieuses embauchés dans des écoles privées des particuliers qui les exploitent autant qu'ils peuvent surtout lorsqu'ils comprennent que ces consacrés viennent non pas pour évangéliser mais pour chercher leurs pains quotidiens? Que dire de ces témoignages de vie immergé dans l'ordinaire de la vie de la cité en raison d'une familiarité exagérée ? Dans la plupart de cas, le consacré n'incarne plus l'idéal d'homme qu'il faut. Il a tellement bien compris l'exigence de l'inculturation qu'il a oublié jusqu'à perdre son identité d'être lumière monde et sel de la terre. Le style de vie religieuse classique qui nous a vit naître semble tomber en crise. Il ya exigence du changement de paradigme. 
Au regard de tout cela, notre analyse nous amène à  projeter que si  l'Européen a remplacé l'enroulement à la vie religieuse par l'engagement en faveur de la technologie et de l'industrie, la précarité ou l'inconstance du style de vie religieuse en Afrique déversera les fils et filles du continent dans le fetichisme et le maraboutage, non pas pour créer les conditions de possibilité d'une  fraternite évangélique mais pour s'eliminer et se détruire à la recherche de la sécurité sociale et du confort matériel. - Oracle du philosophe .
Père KIYE M. Vincent, Mafr
 
 
 
 

Deux semaines de témoignage missionnaire à Nara, ville martyre par les attaques djihadistes. Un défi missionnaire auquel nous sommes appelés à faire face à Nioro (Le n°48 de l’hebdomadaire de Nioro)

Entre peur et joie de l’Evangile, voilà les deux sentiments qui nous habitent chaque fois que nous nous rendons à Nara, une de nos succursales de la paroisse de Nioro du Sahel. Nos visites sont un grand réconfort pour nos chrétiens qui vivent dans cette localité et cela leur donne de dédramatiser la réalité de l’insécurité qui est récurrente dans la zone. Après avoir passé deux semaines de témoignage missionnaire au milieu de nos frères et sœurs de Nara, une des trois communautés chrétiennes de la paroisse de Nioro du Sahel, je me permets de vous livrer ce témoignage qui en réalité marque la pause catéchétique pour l’année pastorale 2021 – 2022 dans notre paroisse. Oui, la peur comme sentiment humain devant une menace quelconque nous habite souvent. Mais la joie du témoignage d’affection envers nos frères et sœurs qui vivent cette peur au quotidien, est une raison de croire et ne nous empêche pas de nous y rendre. Car disons-nous, aucune force humaine ne peut empêcher l’œuvre de Dieu.

  1. Quelques moments forts de mon séjour à Nara

Ce fut des moments forts. Je m’y rendais pour la célébration des sacrements de baptême, de la première communion, de confirmation et du mariage avec disparité de culte. Nara est à 420 km de Nioro où se trouve le presbytère. Ceci dit, la grande partie de la préparation des candidats aux sacrements se fait par notre catéchiste missionnaire Alphonse Boussoum d’origine Burkinabè. Nous y allons pour certaines précisions relevant de nos prérogatives. Ce qui a fait que je suis allé une semaine avant la célébration desdits sacrements afin d’avoir le temps de m’entretenir avec les candidats. Mais qu’avons-nous vécu concrètement pendant ce séjour à Nara ?

1. Rencontre avec les futurs mariés : Il s’agit du couple Boniface KEITA et Koria N’GUEYE, une fidèle musulmane. Ce fut un moment particulier. Nous avons été marqué par l’ouverture d’esprit de cette jeune musulmane qui, nous dira-t-elle, libre et consentante qu’elle s’engagea pour ce mariage. Prenant la parole pour leur expliquer la symbolique de la kola brisée et de l’eau à boire, ce fut émouvant pour le couple.

En effet, dans la cérémonie de mariage en bambara, il y a la kora que le célébrant brise devant les mariés et leurs témoins et la leur présente en disant : Votre union est à l’image de cette kola. De même que la kola brisée sèche, n’acceptez jamais vous aussi de vous séparer au risque de sécher comme la kola.

Quant à l’eau à boire qu’on dispose dans une calebasse aménagée, le prêtre la bénit. En la présentant à la femme, il dit : (N)… voici de l’eau. Prends tu bois et en donne aussi à ton futur époux. Aujourd’hui c’est un jour de joie et d’allégresse pour vous. Vous voilà boire de l’eau ensemble. Rappelez-vous toujours de ce moment. Au jour d’épreuves dans votre vie de couple, asseyez-vous et buvez de l’eau ensemble pour vous apaiser le cœur.

2. La demande des nouveaux mariés d’aller bénir leur résidence : Sur demande de la famille, le samedi après le sacrement de réconciliation de l’époux, nous partâmes pour la bénédiction de la maison des nouveaux mariés.

3. Quelques visites dans les familles : ici, disons-le, nous avons été très touchés par la précarité de la vie dans certaines familles des orphelins des attaques. Quelques images et commentaires pour traduire cette triste réalité.

Un coup de main à cette vieille qui pile le maïs   Les orphelins des attaques djihadistes à Nara

 

 

                                   Image1Image2Image3

 

 

Image4

                                                                     Leur maison s’étant écroulée, ces orphelins ont trouvé refuge chez le voisin

4. Le quatrième et dernier moment fut le désherbage au champ du catéchiste. Un bon matin, voyant que l’herbe envahissait le champ du catéchiste qui est dans la concession de la mission, et étouffait les jeunes plantes qui poussaient déjà, je pris résolument la houe et commença à désherber le champ. Une chose à laquelle la famille du catéchiste ne s’attendait pas. C’est alors que le catéchiste et ses enfants me rejoindront jusqu’aux environs de 10h30. J’ai éprouvé beaucoup de joie d’avoir été la famille qui me nourrissait. Une occasion pour moi de renouer avec les bonnes et anciennes habitudes de travailler la terre.

Image5Image6

 

Au bout de ces deux semaines passées à Nara, je revins à la communauté de Nioro où se tenait le camp missionnaire des enfants Amis de Kizito de la paroisse. L’occasion fait le larron, je ramenais directement la délégation des enfants de Nara qui venaient pour le camp.

 

B. Le camp missionnaire des Amis de Kizito du 01 au 04 juillet 2022

Ce fut un autre moment pathétique après les deux semaines passées à Nara. Le thème dudit camp fut : « L’enfance de Jésus comme modèle pour les Amis de Kizito ». Toutes les causeries et jeux avaient pour but de montrer comment Jésus qui fut enfant comme nos enfants aujourd’hui, peut servir de modèle pour nos enfants.

En effet, dans le cadre de nos activités pastorales de cette année 2021-2022, nous avions programmé une formation spirituelle et chrétienne des enfants et adolescents « Amis de Kizito » de notre paroisse dont l’objectif était de doter les enfants Amis de Kizito de notre paroisse des matériaux nécessaires à être des acteurs d’une nouvelle humanité. Cette entreprise ne peut être possible que par une formation.

        Image7Image8

 

Présenter l’enfance de Jésus comme modèle pour ces enfants nous a paru une réelle école d’apprentissage. Voilà pourquoi nous avions organisé ce camp des amis de Kizito sous ce thème dans le but de doter les enfants de la paroisse des informations nécessaires  devant faire d’eux, des acteurs pertinents qui hâtent l’avènement d’une nouvelle humanité au Mali. Car nous disent les Saintes Ecritures « C’est du cœur de l’homme que proviennent les pensées mauvaises, le meurtre, l’adultère…» (Mt 15, 19). Pour ce faire, former l’homme intérieur serait un véritable processus qui consiste à le libérer des pensées mauvaises pour l’installer sur la planète axiologique. Car, sommes-nous rendus compte, notre monde organise facilement  des formations intellectuelles et professionnelle, négligeant le spirituel. Or, c’est là le siège des sentiments et intentions diverses. Lorsqu’un homme n’est pas suffisamment formé spirituellement, le risque est grand  d’utiliser son intelligence pour nuire. Il devient sans cœur et agit sans état d’âme, incapable d’un bon discernement dans le choix des décisions à prendre au moment d’agir. Que Dieu nous y aide.

Père KIYE M. Vincent, Missionnaire d’Afrique

Paroisse de Nioro du Sahel dans le diocèse de Kayes au Mali

E-mail : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Whatsapp : +223 72 65 74 82

Égalité femmes-hommes : une Côte d’Ivoire exemplaire

Le Compendium des compétences féminines de Côte d’Ivoire fête ses dix ans. Une décennie de combats acharnés contre les discriminations à l’encontre des femmes, mais aussi de succès, selon Euphrasie Kouassi Yao, conseillère spéciale d’Alassane Ouattara chargée des questions de genre.

Mis à jour le 23 juin 2022 à 13:01
 
Euphrasie Kouassi Yao
 

Par Euphrasie Kouassi Yao

Titulaire de la Chaire Unesco "Eau, femmes et pouvoir de décisions", coordonnatrice du Compendium des compétences féminines de Côte d'Ivoire.

 

 

Cérémonie de graduation des experts en ingénierie de genre en 2018. © Compendium des compétences féminines de Côte d’Ivoire

 

Depuis plus de trente ans, je me bats sur plusieurs fronts dans le seul but de faire la promotion du genre et aux fins d’en faire un outil puissant de développement pour la Côte d’Ivoire, l’Afrique et le monde entier. C’est un vœu cher qui a été entériné et adoubé par les pouvoirs publics ces dix dernières années.

Dès son accession à la magistrature suprême, en 2011, le président Alassane Ouattara a affiché son ambition de faire de l’égalité femmes-hommes une réalité à l’intérieur des frontières ivoiriennes et de positionner notre pays sur l’échiquier international comme un modèle en la matière. Cette ambition s’est matérialisée par la naissance du Compendium des compétences féminines de Côte d’Ivoire (Cocofci).

Femmes leaders

Né le 4 octobre 2011 d’un engagement fort et de la volonté du chef de l’État de rehausser le rôle des femmes à tous les niveaux, dans tous les secteurs, sans distinction de parti politique, d’ethnie ou de religion, le Cocofci vise principalement à renforcer la visibilité, la participation et le leadership des femmes dans la gestion des affaires publiques et privées. Alassane Ouattara a confié la mise en œuvre du Cocofci à la chaire Unesco « eau, femmes et pouvoir de décision », une structure de formation et de recherche.

À LIREMali – Aïssata Touré, incontournable patronne des patronnes à Bamako

En ma qualité de titulaire de ladite chaire, j’ai mené la réflexion sur l’ADN du Compendium et conduit le déploiement de ce programme sur le terrain, auprès des populations. Le Cocofci prend en compte toutes les couches socio-professionnelles, des femmes vivant en milieu rural aux femmes cadres de haut niveau. Elles ont bénéficié de formations de proximité et d’un accompagnement pour les rendre plus visibles et en faire des leaders capables de transformer la société.

Cet exercice a permis de recueillir des informations utiles, transmises en temps opportun au président et à l’ensemble des décideurs publics et privés. L’objectif est de faciliter la nomination des femmes à des postes à responsabilités et de les positionner au cœur des grands débats de société afin d’influer sur les décisions engageant la vie de leur communauté et de leur pays.

Désigné Best Practice par l’Unesco

Cette démarche a abouti à la mise en place d’une base de données unique en son genre dans le monde, dans laquelle les femmes, au nombre de 15 000 aujourd’hui, ont la possibilité de s’inscrire librement. Une base de données qui a permis l’édition d’un annuaire qui identifie les femmes, dans chaque région visitée, en vue de répondre à leurs attentes.

Dans la volonté d’ancrer le Compendium des compétences féminines de Côte d’Ivoire dans tout le territoire national, j’ai émis et mis en application l’idée, avec mes collaborateurs, de répertorier les secteurs où les femmes sont sous-représentées pour encourager leur implication en faisant disparaître les préjugés et en levant les barrières.

Au niveau politique, en formant les femmes, en moins de six mois en 2016, nous sommes passés de 105 candidates en 2011 à 328 en 2016 puis à 455 candidates en 2021. Le Pnud a élu le Compendium des compétences féminines de Côte d’Ivoire, à Addis-Abeba en 2018, meilleur programme africain de valorisation des compétences féminines.

À LIREÉgalité hommes-femmes, quels pays africains ont le plus progressé ?

C’était dans le cadre de la coopération Sud-Sud. À cette occasion, l’Afrique du Sud a été primée sur les questions de paix, l’Ouganda pour sa gestion des réfugiés, et le Rwanda pour l’économie verte. L’Unesco et l’Union africaine ont formulé le vœu de voir tous les pays se doter de leur propre compendium, et encouragé le partage des acquis et des bonnes pratiques issus de l’expérience exceptionnelle de la Côte d’Ivoire avec les autres pays. Désigné Best Practice par l’Unesco – l’organisation comprend 193 membres et 11 membres associés – et identifié comme programme modèle par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) – 88 États et gouvernements –, reconnu par ONU Femmes comme un excellent programme à protéger et à partager, le Cocofci répond à neuf objectifs de développement durable (ODD) sur dix-sept.

Mais toute cette synergie d’actions ne saurait porter des fruits sans un réseautage favorisant la mise en place d’actions rapides et efficaces. Ensemble, nous l’avons expérimenté au plus fort du Covid-19, avec la création de la Banque d’amour et de solidarité efficace (Base) qui avait vu le jour en un temps record, en 2019, pour faire face aux difficultés rencontrées par les populations en général, et les femmes en particulier. Il y a eu, entre autres, des distributions de vivres, des séances de dépistage du diabète et des dons d’insuline. Ce réseautage a permis de mettre sur orbite, toujours en 2019, les Communautés régionales pour l’autonomisation et la paix (Créa-paix) dont l’objectif est d’œuvrer pour la cohésion sociale.

L’outil genre, un levier de compétitivité

Afin de faire du genre un sujet de premier ordre et un levier puissant de développement, j’ai lancé, en 2021, le label Genre et Compétitivité des entreprises (Gece). Il entend mettre en évidence les problématiques liées à la vie de ces dernières et les inciter à aborder la question du genre comme un critère sine qua non de compétitivité et d’accroissement de leur rentabilité. En d’autres termes, le label Gece est un programme de certification innovant qui ambitionne de lutter contre les stéréotypes, de renforcer la compétitivité et la rentabilité des entreprises, des institutions et autres organisations, tant du secteur public que privé, à l’aide de l’outil genre.

À LIRELes femmes africaines ont-elles (enfin) brisé le plafond de verre ?

Cependant, de nombreuses attentes existent au sein de notre société. Les femmes veulent voir avancer beaucoup plus vite la question du genre, avec des résultats rapides à la clé. Mais la promotion du genre rime avec transformation profonde, changement de paradigmes, ancrage solide. C’est un processus de longue haleine qui exige beaucoup de patience et des efforts constants au quotidien.

Je peux dire aujourd’hui, en m’appuyant sur des indicateurs clés de performance dont certains ont été évoqués plus haut, que la question du genre en Côte d’Ivoire connaît des avancées notables, même s’il reste encore des défis à relever. Notre pays fait figure de bon élève, son expérience réussie suscitant l’intérêt des nations d’Afrique et d’autres continents.

Deuxième phase en vue

Avec mes compatriotes, nous pouvons être fiers de ces progrès. En dix ans d’existence, marqués par plusieurs actions qui ont contribué à transformer le visage de notre société et permis l’émergence de femmes leaders, le Cocofci a atteint ses objectifs, en adéquation avec la vision du président de la République. Programme leader reconnu au plan national et distingué à l’échelle internationale, le Cocofci poursuit sa mission de renforcer la visibilité, la participation et le leadership des femmes dans la gestion des affaires publiques et privées.

Au sortir de la célébration de son dixième anniversaire, il entamera sa deuxième phase, qui consistera notamment à partager ses acquis et bonnes pratiques avec les pays demandeurs. L’égalité femmes-hommes est en passe de devenir une réalité en Côte d’Ivoire. Les politiques publiques, avec une forte volonté politique et une implication effective au sommet de l’État, sont en faveur de la promotion du genre. Grâce aux plaidoyers réalisés, l’égalité des chances figure dans la Constitution ivoirienne de 2016. Notre pays est exemplaire à plus d’un titre et les actions menées pour l’égalité femmes-hommes convergent toutes dans la même vision, celle d’Alassane Ouattara, de bâtir une Côte d’Ivoire unie, solidaire et prospère.

Hien Yacouba Sié: «Le port d’Abidjan a fait un grand bond en avant»

 

Après deux années de pandémie et alors que la guerre en Ukraine perturbe le commerce international, le directeur du port d’Abidjan a accordé un entretien à RFI. Hien Yacouba Sié détaille sa stratégie de modernisation et commente le rachat des activités logistiques du groupe Bolloré par MSC. 

RFI: Comment le port d’Abidjan sort de la période de pandémie qui a fortement perturbé le commerce mondial?

Hien Yacouba Sié: Malgré le choc de 2020, 2021 a été une année plutôt intéressante pour le port d'Abidjan en termes de trafic. C'est la conséquence de la vitalité de l'économie ivoirienne. Cela s'est traduit par un trafic record de 30 millions en tonnage brut (la marchandise et le contenant), 28 millions en tonnage net, soit une croissance de 12% par rapport à 2020.

Quel produit vous tirent vers le haut et qui sont vos clients aujourd'hui?

On peut parler d’abord des intrants ciments. Un pays en chantier nécessite beaucoup de matériaux de construction. À cela, il faut ajouter la croissance des exportations de produits agricoles, notamment la noix de cajou. Pour les destinations, la zone Asie-Océanie occupe environ 36% du trafic contre 28-30% pour l'Europe, mais le trafic interafricain a connu aussi une croissance avec pratiquement 27%. 

Quels produits sont échangés en Afrique?

Nous importons beaucoup de brut du Nigeria principalement, mais pas que. Nous avons aussi des échanges avec le Maroc et plus généralement l’Afrique du Nord. Pour ce qui est de la phosphate, les engrais, nous sommes l’un des rares pays avec le Cameroun à faire de l'export. Nous avons aussi l’hévéa, le cacao, le café. Et puis la Côte d'Ivoire a commencé à s'intéresser à l'exploitation minière : le manganèse, le nickel, etc... Ça donne une perspective intéressante qui encourage les investissements.

Le port d'Abidjan est endetté mais c'est une très bonne dette, un catalyseur pour l'économie. C’est une dette qui est soutenable parce que nos ressources font que nous ne serons pas en défaut de paiement. C’est important pour l'avenir de notre pays, mais aussi pour l'économie ouest-africaine parce que beaucoup de pays dépendent de la performance du port d'Abidjan. Notre rôle est d’offrir un service à la hauteur des attentes des opérateurs, que le port soit pour eux un catalyseur de leur approvisionnement et des exportations plutôt qu'un goulot.

C’est aussi un port qui doit se moderniser. Où en sont vos projets?

Effectivement, si nous partons de 2011, nous avons fait un grand bond en avant. Nous avons hérité du résultat de plusieurs décennies de non-investissement. Depuis les années 80, les gros investissements au niveau même de l'État de Côte d'Ivoire ont été arrêtés ou suspendus à cause des longues crises socio-politiques ou militaires que nous avons connues. Il fallait que le port d'Abidjan se mettent en ordre de marche. Des investissements importants ont donc été réalisés: environ 1 100 milliards de francs CFA de 2012 à 2022 via deux plans stratégiques. Certains projets sont terminés: le port de pêche en 2015, le canal de Vridi inauguré en 2019, le terminal RORO en 2020. Et il y a les chantiers en cours : le terminal céréalier et surtout le deuxième terminal à conteneurs. Aujourd’hui, Abidjan a le handicap de ne pas pouvoir recevoir les grands navires porte-conteneurs. Nous en recevons avec une capacité maximale de 3 500 conteneurs alors que les navires qui fréquentent les côtes ouest-africaines peuvent transporter jusqu’à 12 000 conteneurs.

Et donc, où en est ce chantier ?

Il est plutôt bien avancé. L’inauguration est prévue pour novembre 2022. Cela suscite beaucoup d’attente chez tous les acteurs portuaires et l'État de Côte d'Ivoire. C'était notre ambition et ça peut présager pour les 50 ans à venir la capacité de la Côte d'Ivoire et du port d'Abidjan à traiter les intrants. C'est un port qui est construit via un partenariat public-privé pour un investissement de 506 milliards de francs CFA : 250 par l'État via le port et 256 par l'opérateur privé. C'est un port qui sera issu des dernières technologies, pour les portiques par exemple. Et on a insisté sur l'aspect écologique sur le terminal avec des engins électriques. Le port d'Abidjan est certifié ISO 14001 (critères environnementaux).

Que pensez-vous du rachat des activités logistiques de Bolloré par MSC, dont celles du port d’Abidjan ?

Il faut traiter le sujet en deux niveaux, sur le plan systémique et sur le plan portuaire. Sur le plan purement portuaire, nous avons un contrat avec le groupe APMT-Bolloré qui a des exigences et qui en soit ne sont pas remises en cause. Par contre, sur le plan systémique, c'est autre chose. Les fusions de grands groupes comme ceux-là, il faut s'assurer qu’elles ne vont pas contre nos intérêts nationaux. Je pense que nous y travaillons tous pour faire en sorte que, quel que soit le changement à la tête de nos structures, l’intérêt de nos pays et de nos structures soient préservés.

► À lire aussi: Le port d'Abidjan, pilier des échanges entre la Côte d'Ivoire et le reste du monde

Sous-catégories

Les informations sur nos maisons de formation datent de quelques années, et nous avons demandé aux responsables de ces maisons de nous donner des nouvelles plus récentes.
La première réponse reçue vient de Samagan, le noviciat près de Bobo-Dioulasso (lire la suite)

 

La deuxième réponse nous a été donnée par la "Maison Lavigerie", notre maison de formation à la périphérie de Ouagadougou, où les candidats ont leurs trois premières années de formation (lire la suite)