Témoignages

 

Le diocèse de Lyon se prépare à célébrer Pauline Jaricot

En attendant la béatification de Pauline Jaricot, ce dimanche 22 mai, de nombreux membres de l’Église lyonnaise travaillent à diffuser son héritage et sa spiritualité.

  • Eve Guyot, 

 

Le diocèse de Lyon se prépare à célébrer Pauline Jaricot
 
Portrait de Pauline Jaricot.CC/ŒUVRES PONTIFICALES MISSIONNAIRES DE FRANCE/WIKIMEDIA COMMONS
Le diocèse de Lyon se prépare à célébrer Pauline Jaricot


Lyon (Rhône)

De notre correspondante régionale

Une cathédrale éphémère de 140 000 m2, une vingtaine d’évêques rassemblés, une jauge fixée à 13 000 personnes… Annoncée l’année dernière par le pape François et célébrée ce dimanche 22 mai dans le diocèse de Lyon, la béatification de Pauline Jaricot est l’aboutissement de longues années de « prière et de travail ». « Il ne s’agissait pas de préparer une messe de souvenir ou une fête diocésaine : il fallait surtout penser à la suite en donnant au Seigneur l’occasion d’agir », résume le père Matthieu Thouvenot, vicaire général en charge du programme. La journée de célébration de cette laïque lyonnaise, qui bouleversa le catholicisme du XIXe siècle, se déroulera à Chassieu, dans le sud-est de la métropole.

L’immense parc Eurexpo ouvrira ses portes dès midi, pour que les fidèles puissent partager une effusion de l’Esprit Saint « pour l’élan missionnaire de l’Église » et un moment de prière avec le chapelet. Présidée par le cardinal Luis Antonio Tagle, préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, la célébration démarrera à 15 heures. Plusieurs milliers d’étrangers, venus de territoires où l’héritage de Pauline a particulièrement porté ses fruits – comme la Pologne par exemple –, sont attendus. « Mais le diocèse espère bien attirer des fidèles Français, et surtout, plus de 3 000 Lyonnais », souligne Philippine de Fressanges, chargée d’une impressionnante logistique.

Pour faire découvrir ou redécouvrir cette figure missionnaire restée méconnue en France, le travail mené depuis une quinzaine d’années s’est intensifié ces derniers mois : des circuits retraçant son histoire dans la ville, des livrets et intentions de prière, et même une veillée sous la forme d’une interview fictive et artistique ont été imaginés par l’association Les amis de Pauline Jaricot, mais aussi les Œuvres pontificales missionnaires, le mouvement des Équipes du Rosaire, divers acteurs diocésains ou encore les paroisses elles-mêmes. À Saint-Nizier, qui fût un repère dans l’histoire de la jeune femme et dont l’église conserve aujourd’hui les restes, le curé Charles Rochas a même rassemblé 150 paroissiens pour imaginer un spectacle qui sera donné au mois de novembre : « Cela permet à la fois de rendre hommage à une figure modèle et de renouveler la paroisse dans tous les aspects de sa spiritualité », souligne-t-il. Le parcours multi-facettes de Pauline Jaricot, de l’ardeur missionnaire à l’œuvre sociale en passant par la force de sa dévotion, implique que « tous les gens, dans leur diversité, puissent s’identifier et se sentir touchés », espère l’archevêque de Lyon, Mgr Olivier de Germay, pour qui « cette béatification est aussi l’occasion d’une grande communion pour le diocèse après deux années de crise sanitaire ».

Les Équipes du Rosaire travaillent, depuis quelques mois, à rejoindre Pauline « tant sur le plan spirituel que sur celui de l’évangélisation ou de la charité », raconte leur responsable régionale, Catherine Bureau, qui a installé un portrait de la Lyonnaise dans son salon depuis la semaine sainte. Le matin du 22 mai, plusieurs centaines de membres se rassembleront dans une église de Bron pour « se préparer intérieurement » au moment de la béatification. Il s’agit, pour beaucoup, de se rappeler que son intuition créative naissait avant tout dans la parole de Dieu. « Aujourd’hui aussi, nous devons nous rendre pleinement disponibles pour l’écoute du Seigneur », estime le père Matthieu Thouvenot, comme Marie et les apôtres au Cénacle, quinze jours avant la Pentecôte. Depuis ce lundi et jusqu’au 23 mai, la ville de Lyon accueille aussi l’assemblée générale du réseau international des Œuvres pontificales missionnaires (OPM), qui ont porté une grande partie du processus de béatification. « De quoi assurer une présence forte et symbolique de l’Église universelle ! », rappelle Gaëtan Boucharlat de Chazotte, leur secrétaire général. Dans les mois à venir, la diffusion de l’héritage de Pauline sera favorisée par l’ouverture de l’année jubilaire – jusqu’en mai 2023 – par le pape François, qui accorde l’indulgence plénière aux pèlerins des lieux symboliques comme la maison de Lorette, l’église Saint-Nizier ou l’église Saint-Polycarpe.

Dès ce vendredi 20 mai, l’institution présentera au Musée de Fourvière, une exposition spécialement consacrée à Pauline Jaricot.

  

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Theo Van Asten (1922 - 2019)

Supérieur général des Missionnaires d'Afrique 'Pères Blancs' 1967-74

 

1. Jeunesse et préparation pour une église missionnaire

Né en 1922 à Leende, près d'Eindhoven, aux Pays-Bas, dans une famille nombreuse, religieuse et reconnaissante, où 6 garçons et 6 filles ont appris très tôt à vivre ensemble en paix, ce qui a grandement facilité leur intégration ultérieure avec tous leurs camarades d'école.

De 1929 à 35, Theo a fréquenté l'école primaire et est entré très tôt en contact avec des revues et des activités missionnaires. En 1935, il est entré au petit séminaire des Pères Blancs à Sterksel. En 1941, pendant la deuxième guerre mondiale, il a commencé des études de philosophie au séminaire de Boxtel et, en 1943, de théologie à s'Heerenberg. Theo a été ordonné prêtre en 1948.

De 1948 à 1951, il a fait à Rome une licence en théologie à l'Angelicum, puis un doctorat au Biblicum, chez les jésuites, entre autres avec les spécialistes P. Bea et P. Lyonnet.

C'est ainsi que l'enseignement biblique pour les futurs théologiens est devenu la première nomination de Théo, mais en Écosse. L'Angleterre coloniale tenait en effet à ce que les futurs missionnaires soient d'abord exposés quelque temps à sa culture dans la mère patrie avant de partir pour leurs colonies en Afrique.

De 1955 à 1967, Theo a finalement été professeur de sciences bibliques au séminaire interrégional de Kipalapala en Tanzanie. De 1957 à 1967, il y est également recteur, à une époque chargée de tensions : d'une part, la Tanzanie, comme la plupart des pays africains, accède à l'indépendance au cours de ces années, et d'autre part, l'Eglise subit sa plus grande transformation lors du Concile Vatican II. Théo, contrairement aux professeurs 'normaux', passait beaucoup de temps avec les étudiants africains, qui l'acceptaient comme l'un des leurs, jusqu'à ce qu'il doive se rendre à Rome en 1967 en tant que délégué au Chapitre général de l'Ordre. Bien sûr, il y avait dans l'Ordre des tendances progressistes à côté de tendances plutôt conservatrices, qui ont finalement élu Théo comme nouveau supérieur général.

En tant que consulteur de la Congrégation pro Propaganda Fidei, des conflits d'opinion ne tardèrent pas à surgir avec celle-ci, car elle voulait imposer à Rome un séminaire central pour les étudiants en sacerdoce du tiers monde, notamment en faisant pression sur les évêques locaux. Théo, quant à lui, exigeait un soutien accru pour les séminaires régionaux en Afrique. Par la suite, il n'a plus jamais été invité par la Congrégation.

L'ordre missionnaire lui-même a lutté pour définir son identité : fonder l'Eglise avec une hiérarchie locale dans les pays qui lui sont confiés, mais ensuite servir cette hiérarchie, se retirer et, en d'autres termes, considérer sa mission comme accomplie avec succès, ayant renforcé en priorité les diocèses africains au lieu d'essayer de débaucher des candidats locaux au sacerdoce et de les intégrer à la société missionnaire ...

 

2) Choisir entre la Bonne Nouvelle des pauvres ou les intérêts d'un empire colonial anachronique

L'opposition s'est surtout accentuée avec la vision et la politique de le Secrétariat d'Etat du Vatican, dont dépendaient les missions en Afrique lusophone. Et cela depuis 500 ans dans un système de patronage toujours renouvelé, qui confiait l'évangélisation au roi portugais ou à l'État et la subordonnait à ses intérêts, comme cela avait été expressément confirmé en 1940/41 dans le concordat et le traité de mission avec le régime de Salazar (cf. Schebesta 1966).

Les évêques du Mozambique, sélectionnés et payés par le gouvernement, apparaissaient ainsi comme ses agents pour justifier et perpétuer le statut colonial, et plusieurs d'entre eux l'étaient effectivement, bien que la guerre de libération armée ait également commencé dans ce pays en 1964. Face aux injustices coloniales et aux atrocités militaires, les missionnaires sur place ne pouvaient pas rester neutres ou silencieux. Cinq Pères Blancs avaient déjà été expulsés du pays à la fin des années 60, ce qui n’avait entraîné que le silence des évêques de l'époque et du Vatican. Pour les 40 autres PB la question se posait dans ces conditions de savoir si une protestation publique commune et un retrait seraient nécessaires comme signe clair de leur part. Dans tout le Mozambique, le diocèse de Beira a constitué l'avant-garde du renouveau post-conciliaire et le point de mire des débats pastoraux et politiques. En échange permanent avec le généralat à Rome, une décision mûrit qui devait agir comme un choc.

Après plusieurs lettres sans réponse de Théo aux évêques compétents et des consultations à Rome qui n'aboutirent à aucune solution, Théo se rendit à deux reprises au Mozambique : au début de l'année 1971, tout d'abord pour faire procéder à un vote secret des missionnaires sur une protestation lourde de conséquences.  Ceux-ci étaient encore tourmentés par le remords de ne pas diviser l'Eglise locale par une mesure aussi radicale. Puis ils se sont rendu compte qu'ils n'introduiraient pas de division, mais qu'ils ne feraient que révéler et exposer celle qui existait entre l'Eglise du pouvoir et l'Eglise des opprimés. C'est ainsi que la grande majorité décida de protester.

Théo s'envola pour Rome et revint quatre mois plus tard pour communiquer la décision officielle du Conseil général (15 mai 1971) : à savoir que nous quitterons le pays à la fin de l'année scolaire en signe de protestation, car tant les évêques que le Secrétariat d'État romaine sont restés silencieux face au traitement systématique et injuste des missionnaires et des catéchistes. Le secrétaire d'État Card. Villot n'avait rien pu ou voulu faire, laissant donc la décision à Théo en tant que supérieur général. C'était sans doute sa décision la plus difficile, mais aussi la mieux coordonnée possible avec toutes les personnes directement ou indirectement concernées, comme les autres ordres missionnaires et les laïcs sur place.

L'Etat colonial s'est senti trahi et a ordonné l'expulsion de tous les Pères Blancs dans les 48 heures. Card. Villot ne pardonna plus jamais cette décision à Théo.

Les points de vue opposés étaient inévitables lors des synodes des évêques de 1971 et 1974, auxquels Théo participa activement en tant que délégué élu de l'Union des Supérieurs Généraux (USG). Lors du premier, il a été question du sacerdoce ministériel et Théo a été le rapporteur des contributions à la discussion sur l'ordination des viri probati, mais le cardinal qui présidait la discussion les a supprimées. Leo a fait une autre intervention à l'assemblée générale sur la situation financière difficile des prêtres africains et une deuxième partie sur la question du célibat obligatoire. Pour supprimer cette partie, Théo n'a eu droit qu'à trois minutes de temps de parole. Malin, il n'a pas lu la première, mais seulement sa 2e partie critique, où il a parlé des mauvaises priorités et de l'inversion des valeurs évangéliques au sein du clergé et de la curie. Lors d'un vote final sur la nécessité du célibat, 87 ont voté contre, 107 pour, en partie seulement parce que la Curie faisait pression, y compris financièrement. Entre-temps, Théo avait développé des ulcères gastriques, et plus tard même des ulcères perforés dans le pancréas et le duodénum. Fin 1973, il fut hospitalisé pendant plusieurs semaines.

Lors du deuxième synode des évêques en 1974, l'évangélisation était à l'ordre du jour, Theo était à nouveau délégué et parla dans une première intervention de la crédibilité de l'Église, visiblement plus engagée dans la culture capitaliste que dans l'Évangile et la justice ; dans sa deuxième intervention, il parla du rôle vital et multiple des Églises locales, que le document de travail (instrumentum laboris) et le discours de Card. Wojtyla avait été totalement ignoré. Son intervention fut à nouveau perçue et condamnée comme une attaque contre le centre riche et patriarcal.

Card. Döpfner avait encore soutenu l'intervention de Theo en 1971, mais Card. Suenens l'avait averti avant 1974 que le pape Paul VI s'était entre-temps éloigné de l'influence des évêques progressistes et était tombé dans les bras des conservateurs, et que la tendance centraliste était devenue dominante avec une gestion de crise malheureuse, comme par exemple dans l'Eglise de Hollande, Humanae vitae...

3) Victoire d'étape pour le lobby anti-réforme et défi pour les mouvements réformateurs

En 1974, un chapitre général de l'Ordre était également prévu. Théo fut invité à se présenter à une nouvelle élection en tant que général de l'Ordre. Théo refusa, car il était considéré comme l'ennemi de la Curie, sans aucune chance de collaboration positive avec les instances clés romaines.  Le P. Arrupe S.J., président de l'USG, et le Card.  Zoungrana, président de la Conférence épiscopale panafricaine, voulaient Theo pour le poste nouvellement créé de secrétaire général afin de promouvoir la coopération encore faible entre les deux. Mais le Vatican a mis son veto à cette nomination, car il considérait Theo comme un rebelle qu'il voulait tenir à l'écart des postes d'influence. La santé fragile de Théo ne lui permettait plus non plus d'envisager un retour dans la brousse africaine. Théo lui-même dit : "A la fin de ma fonction de supérieur général, je me suis senti déçu et rejeté par l'Église que j'avais toujours aimée et que j'avais toujours servie".

Laissé seul sous la pluie, c'est du siège de la FAO à Rome qu'est venue l'invitation à mettre son expérience et ses compétences au service du PAM, Programme alimentaire mondial, fondé il y a une bonne dizaine d'années, et de la coopération internationale au développement. Theo a ainsi collaboré à la conception et à l'évaluation des programmes, formellement jusqu'à sa retraite en 1984, mais en tant que consultant très apprécié jusqu'en 1996.

Théo a pu continuer à vivre et à élargir son engagement dans un environnement laïc après avoir quitté l'ordre et s'être marié. Paul VI a donc pleuré et dit qu'il ne lui donnerait jamais la dispense de laïcisation - même avec le soutien de tous les cardinaux africains qui avaient été autrefois les étudiants de Théo et étaient restés ses amis. Il n'a obtenu la dispense de Benoît XVI qu'en 2008, alors qu'il vivait déjà retiré avec sa femme Antoinette à Saint-Chinian, dans le sud de la France, jusqu'à sa mort en 2019.

Ce ne sont pas seulement deux images d'une seule Eglise, mais deux Eglises qui se font de facto obstacle l'une à l'autre et qui s'affrontent donc lors des synodes des évêques et en amont de ceux-ci, surtout dans le cadre des synodes régionaux actuels.

Avant d'être élu évêque de Rome et placé au centre de structures politiques conflictuelles, François a lui-même évolué vers le deuxième type d'Eglise dans sa patrie latino-américaine, s'éloignant de l'héritage constantinien vers la 'joie de l'Evangile'. Mais il n'est pas suffisamment soutenu par un épiscopat mondial encore trop attaché au premier type et par des mouvements de laïcs découragés.

Alors que les représentants du premier type, dans leur monopole égocentrique de la vérité, ne se soucient pas de la perte de crédibilité, de la mise sous tutelle des Eglises locales, du départ de personnes majeures ou de l'absence de rapport avec l'Evangile, le deuxième type relève le défi de croire que l'Esprit agit, même là où nous ne le comprenons pas encore (GS 22) - précisément dans un mouvement pluriel et uni pour la réforme d’église et pour plus de justice. Mais en sachant apprécier la personne de Theo van Asten, son témoignage et son service à l'Eglise universelle, elle gagne elle-même de nouveaux horizons et du courage civil.

(Josef Pampalk, source :

A Maverick in a missionary Church : Mémoires de Theo van Asten. St. Gély-du-Fesc 2020

français : Un anticonformiste dans une Eglise missionnaire : Mémoires de Théo Van Asten)

vanasten

 

Le Conseil Général

 

Les mouvements Autrichiens de réforme d'église (e.g. nous-sommes-église et d'autres)

préparent la nomination ce mois de Theo van Asten pour leur prix  quu'ils  ont créé l'année passé "la trompette de Jéricho 2022".

Ce n'est qu'un geste symbolique - mais quand même d'une très grande actualité

Josef Pampalk

Charle, le miraculé : « Dans ma chute, je me suis abandonné »

Reconnu comme « miraculé » après une chute de plus de 15 mètres, Charle, jeune charpentier, a découvert la vie de Charles de Foucauld. Incroyant, il se rendra dimanche 15 mai à Rome, à la célébration de canonisation présidée par le pape François

  • À Saumur, recueilli par Christophe Henning, 
Charle, le miraculé : « Dans ma chute, je me suis abandonné »
 
Charle miraculé de 26 ans dans la chapelle Saint Louis à Saumur. Charpentier, il a survécu à une chute de 15,50 m à travers la toiture de la Chapelle en 2016 alors qu'il était en formation dans une entreprise en charge de sa rénovation. Authentifié par la Congrégation pour les Saints, le miracle a été rattaché à Charles de Foucauld et amènera à sa canonisation le 15 mai 2022. Saumur, France, 29 avril 2022.ANTONI LALLICAN/ANTONI LALLICAN

Détendu, baskets et polo décontracté, Charle – sans s – avait 21 ans le jour de l’accident. Six ans après, il accepte pour la première fois de paraître publiquement et se confie à La Croix. Si le miracle ne l’a pas converti, il connaît bien désormais saint Charles de Foucauld, canonisé grâce au miracle survenu à Saumur (Maine-et-Loire).

Le 30 novembre 2016, vous travaillez sur la charpente de la chapelle Saint-Louis à Saumur. En fin de journée, la voûte sur laquelle vous marchez cède. Et vous faites une chute de 15, 5 mètres qui aurait dû être mortelle. Vous vous en êtes rendu compte en tombant ?

Pas du tout, pour moi la chute a duré très longtemps, le temps de me demander comment me protéger, ne pas m’abîmer les jambes. J’ai eu l’impression que cela durait environ cinq minutes. Quand on m’a expliqué qu’il a fallu juste un peu plus d’une seconde, j’ai été très surpris.

À quoi avez-vous pensé durant ce temps qui paraissait si long ?

J’ai rouvert les yeux en milieu de chute en me disant que je n’étais pas encore arrivé. Puis j’ai refermé les yeux, il n’y avait plus qu’à attendre que je sois à terre et je me suis abandonné. En fait, j’ai fini ma chute empalé sur un montant d’un banc en bois.

Qui vous a secouru ?

Je n’ai pas perdu connaissance, j’ai tout de suite rouvert les yeux en me disant qu’il fallait aller chercher des secours. Je me suis dirigé vers la sortie, mais je ne voulais pas passer par la porte principale qui donne sur la cour de l’école ; si les enfants me voyaient dans cet état, ils pouvaient être choqués. Par la petite porte, j’ai trouvé deux professeurs qui ont appelé les pompiers.

Mais la prise en charge était compliquée : le montant en bois était toujours fiché dans votre corps…

Un hélicoptère est arrivé, mais j’étais intransportable : il a fallu partir à l’hôpital d’Angers en ambulance sous escorte de motards de la gendarmerie. À partir de là, j’étais sous calmants, et je ne me souviens plus.

À l’hôpital, une fois opéré, vous êtes-vous rendu compte ?

Je n’ai pas mesuré la gravité de l’accident, j’ai vite voulu passer à autre chose, je pensais surtout à reprendre une vie normale, je ne voulais pas qu’il y ait trop de coupure. J’étais en pleine formation. Si je n’y retournais pas tout de suite, je ne pourrais peut-être plus reprendre. La première fois que tu remontes, il y a une petite part d’appréhension mais tu ne penses plus à la chute. Très vite j’ai retravaillé normalement.

Le fait de travailler dans une église avait-il, malgré tout, un sens ?

C’est surtout l’amour du métier, de travailler à l’ancienne et de découvrir l’architecture française, restaurer ce que les anciens charpentiers ont fait, apporter ma pierre à l’édifice… De là-haut, on a souvent une vue extraordinaire sur les villes.

→ LIRE : Traverser nos déserts avec Charles de Foucauld

François Asselin, votre employeur, est venu vous voir à l’hôpital le lendemain de l’accident. Comment s’est passée cette rencontre ?

Je lui ai tout de suite demandé pardon : pour moi, c’était un peu de ma faute, j’ai marché à un endroit où je ne devais pas me trouver. J’étais en formation, je ne voulais pas que l’entreprise ait des difficultés. Mais lui était surtout soulagé de me voir assis, paisiblement, sans séquelles. Il s’est encore adressé à ma mère et moi pour dire : « Il faut que je vous parle de quelqu’un. Je ne sais pas ce qu’il fait dans cette histoire, mais je pense qu’il n’y est pas étranger… » C’était Charles de Foucauld. Il m’a donné une BD racontant sa vie. Je ne le connaissais pas, et c’en est resté là.

Pour François Asselin, très investi dans la paroisse, il y avait d’étranges coïncidences… Comment vous avez réagi ?

C’est vrai : je m’appelle Charle, c’était à Saumur, où Charles de Foucauld a été officier de cavalerie, l’accident a eu lieu l’année du centenaire de sa mort… J’ai appris aussi que la paroisse de Saumur portait son nom, et que les fidèles ont beaucoup prié Charles de Foucauld cette année-là. Des circonstances qui posaient question.

Qu’est-ce que vous auriez envie de dire aux paroissiens qui ont prié et invoqué Charles de Foucauld ?

Les remercier d’avoir pensé à moi et d’avoir fait tout cela, c’est gentil. Je ne peux pas dire beaucoup plus.

C’est alors que l’Église s’est intéressée à votre accident, une enquête qui est allée jusqu’à ce que le pape François déclare que vous étiez « miraculé » !

C’était très bizarre. J’étais loin de tout cela, mais je me suis posé des questions. Mais pourquoi pas ? Ma mère et ma grand-mère, plus croyantes que moi, étaient très intéressées par cette partie religieuse… Si mes proches ont accepté facilement l’enquête pour la canonisation, l’essentiel, c’était bien que je n’ai pas eu de séquelles ! Pour moi, le fait de rencontrer toutes les personnes chargées de cette affaire m’a donné envie d’aller plus loin dans la découverte de Charles de Foucauld.

Cela donne envie d’y croire ?

En un sens… Je me pose toujours la question « est-ce que… ? ». On ne sait jamais, réellement. Il y a toujours un questionnement qui dit « peut-être »… Je ne suis pas baptisé et je ne crois pas en Dieu, mais la petite question revient. Il y a toujours cette part où les circonstances font que… ça donne envie d’y croire un peu quand même. Et Charles de Foucauld… Je peux peut-être lui dire merci.

Vous avez envie d’en savoir plus, d’aller au désert sur les traces de Charles de Foucauld ?

Non, cela ne m’a pas ouvert la porte vers Dieu. J’étais très heureux de participer et d’en apprendre plus sur Charles de Foucauld, mais ça n’ira pas plus loin.

Avec La Croix, c’est votre première interview qui vous met sur la place publique. Irez-vous jusqu’à la place Saint-Pierre à Rome ?

Oui, j’assisterai à la canonisation. C’est l’occasion d’aller au Vatican, de rencontrer des personnes importantes, je me prête à cette expérience et je suis très content. Et je pourrai peut-être rencontrer le pape.

Qu’avez-vous envie de lui dire ?

Qu’est-ce qu’on peut dire à une telle personnalité ? Je ne sais pas du tout, je pense que ce sera spontané. Je ne sais pas ce qu’il va me dire non plus. Les mots viendront sur l’instant. Je le remercierai.

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« Charles de Foucauld, Touareg parmi les autres »

 
tribune
  • Michel BourginHistorien de formation, Saint-Cyrien, auteur de « L’Âme touarègue décrite par Charles de Foucauld » (Edita)

Alors que Charles de Foucauld est canonisé dimanche 15 mai à Rome, Michel Bourgin, auteur de L’Âme touarègue décrite par Charles de Foucauld, raconte dans ce texte comment le nouveau saint s’est adapté au mode de vie touarègue.

  • La Croix 
« Charles de Foucauld, Touareg parmi les autres »
 
Foucauld commença ses études ethno-linguistiques en 1906, et acheva leur mise au propre en novembre 1916, une semaine avant sa mort violente.THIERRY GACHON/L'ALSACE/MAXPPP

Lorsqu’il s’installa à Tamanrasset, en 1905, dans cette région grandiose, Charles de Foucauld sut trouver les populations les plus éloignées de Dieu et les plus déshéritées au profit desquelles il avait le devoir de se dévouer. L’islam des Touaregs et leurs mœurs le poussèrent à mettre en œuvre une méthode originale, celle de l’évangélisation différée. L’évangélisation pourrait commencer après une période, d’une durée indéterminée, de mise en confiance et de connaissance réciproque faisant tomber les obstacles séparant les futures ouailles de leurs nouveaux prêtres.

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En 1908, il précisa sa pensée sur son rôle de missionnaire au docteur Deautheville, premier médecin militaire à être affecté dans l’Ahaggar, qui a laissé un témoignage sur l’action et les motivations de Charles de Foucauld : « Il me donna de nombreux et excellents conseils sur la façon de procéder avec les Touaregs et des aperçus forts précieux sur leur caractère et leur psychologie… Un jour… je posai au Père la question suivante : « Croyez-vous que les Touaregs vont se convertir et que vous obtiendrez des résultats vous payant de vos sacrifices ?
– 
Mon cher docteur, dit-il, je suis ici non pas pour convertir d’un seul coup les Touaregs, mais pour essayer de les comprendre et de les améliorer. J’apprends leur langue, je les étudie pour qu’après moi d’autres prêtres continuent mon travail. J’appartiens à l’Église et elle a le temps, elle dure, alors que moi je passe et ne compte pas. Et puis, je désire que les Touaregs aient place au Paradis. Je suis certain que le bon Dieu accueillera au ciel ceux qui furent bons et honnêtes, sans qu’il soit (leur) besoin d’être catholique romain… les Touaregs sont musulmans : je suis persuadé que Dieu nous recevra tous, si nous le méritons, et je cherche à améliorer les Touaregs pour qu’ils méritent le Paradis. »

Adapté au mode de vie touareg

Charles de Foucauld s’adapta aisément au mode de vie touareg car, depuis sa conversion, il avait toujours vécu en solitaire, humblement, pauvrement, pratiquant une ascèse quasi permanente. Pour parler et penser comme les Touaregs de façon à devenir pour eux l’ami sûr à qui on va demander conseil et aide, il étudia d’une manière approfondie leur langue, leur écriture, leur poésie et leur comportement. Au bout d’une année, les Touaregs le jugèrent plus compétent qu’eux-mêmes dans la pratique de leur langue.

Foucauld commença ses études ethno-linguistiques en 1906, et acheva leur mise au propre en novembre 1916, une semaine avant sa mort violente. À part un lexique imprimé en 1909, les onze autres volumes composant ses travaux furent édités entre 1918 et 1952 et ils font encore référence. La performance de Foucauld, dans la réalisation de ses études, ne doit pas occulter l’usage qu’il en fit. Elles lui permirent de conquérir les cœurs par les conversations quotidiennes qu’il entretenait avec ses nombreux visiteurs, faisant preuve d’une disponibilité constante et d’une réelle bienveillance.

Pas de prosélytisme

Rapidement, la majorité des Touaregs de l’Ahaggar acceptèrent le marabout blanc ; les plus hostiles émigrèrent quatre cents kilomètres à l’est dans les montagnes de l’Ajjer, parmi les Touaregs du même nom. Charles ne fit pas de prosélytisme, car la soumission des tribus à la France était conditionnée au respect de leur religion. Il voulait être touareg parmi les autres, cependant il se savait considéré comme un incroyant, et un Français de surcroît. Cela ne l’empêchait pas, porté par son désir de fraternité, sa bonté et sa charité, d’aimer ses chers Touaregs qui lui réservaient un accueil chaleureux à chacun de ses retours de voyage.

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Il a confié à plusieurs reprises compter quatre véritables amis dans son voisinage, et parmi eux il y avait le jeune Ouksem qu’il aimait comme son fils. Il l’emmena en France pour lui montrer une famille française, la sienne bien entendu, de façon qu’il fasse partager ses impressions à son entourage. L’idée était bonne, mais le résultat fut sans lendemain car leur structure familiale avait pour les Touaregs une importance aussi grande que celle de leur religion.

Profond désir de liberté

Charles comprit qu’il n’aurait pas de successeur, pour continuer son œuvre. Il eut l’idée, en 1909, de créer « l’Union des frères et des sœurs du Sacré Cœur de Jésus » une association dont les membres religieux ou laïcs prépareraient, chacun de leur côté, la conversion des infidèles en gagnant leur confiance, leur affection, leur amitié et leur estime, en leur faisant connaître par leurs actes la morale chrétienne. Il fit trois voyages en France pour la mettre sur pied, elle aurait dû être finalisée en 1915, ce que la guerre empêcha. En 1913, Charles avait recruté 49 membres dont lui-même.

En 1916, lorsque la révolte se mit à gronder dans l’Aïr, les monts Ajjer et la boucle du Niger, Charles n’ignorait rien du profond désir de liberté agitant l’âme touarègue, et savait que ses jours pouvaient être menacés mais il gardait confiance en ses amis de l’Ahaggar. Il avait raison, car la troupe venue le prendre en otage par surprise était composée d’une trentaine d’Ajjers et comptait seulement quatre ou cinq Ahaggars. C’est au cours de cet enlèvement que son gardien, un jeune Ajjer de 17 ans pris de panique, le tua sans raison apparente.

À Tamanrasset plane encore le souvenir de Charles de Foucauld, l’ami des Touaregs qui a assuré la pérennité de leur culture. Aujourd’hui, dans cette grande ville, vivent, Touaregs parmi les Touaregs, deux petits frères et une petite sœur continuant dans l’humilité et la pauvreté son œuvre de fraternité entre les peuples.

kiye2022
 
 
L'hebdomadaire de la paroisse de Nioro du Sahel n°38 du lundi 09 mai 2022: L'accès à la vie éternelle est une option préférentielle pour quiconque fait un bon discernement  (Une réflexion du Père Vincent KIYE, Mafr ) 
 
Textes du jour :
1ère lecture : Ac 11, 1-18
Évangile : Jn 10, 1-10
 
« Moi, je suis la porte des brebis... je suis venu pour que les brebis aient la vie,
la vie en abondance.» (Jn 10, 1-10)
Bien-aimés dans le Seigneur, la bonté de Dieu est sans mesure et s'ouvre à tout le monde sans exception. Cependant c'est du côté de l'homme qui se ferme à la grâce salvifique de Dieu que le problème se pose et cela pour des raisons multiples en raison surtout d'un mauvais discernement pour une option préférentielle. Devant l'impératif de la vie éternelle, il arrive que l'homme choisisse l'arbitraire, qu'il cède à des légèretés qui n'edifient guère. Ici donc, au lieu de s'approcher de la porte de la vie, il s'en éloigne par des contre-témoignages ou par des légèretés sans nombre. A cause de cela, la vie éternelle lui échappe et il signe ainsi, sa propre condamnation. 
Jésus-Christ en effet, est l'expression de cette bonté incommensurable de Dieu ouverte à tous. Il est venu pour accomplir la volonté du Père de sauver toute l'humanité, en étant cette porte ouverte à tous. Qu'en est-il du côté de l'homme ? Accepte-il d'embrasser cette porte pour son salut ou bien le refuse-t-il? 
 C'est la même exigence de la gratuité de la bonté de Dieu que Pierre témoigne dans la première lecture en s'ouvrant aux nations païennes bon gré malgré, lorsqu'il dit: "si Dieu leur a fait le même don qu’à nous, parce qu’ils ont cru au Seigneur Jésus Christ, qui étais-je, moi, pour empêcher l’action de Dieu ?"
 Dieu en effet, ne cesse de faire confiance à l'homme parce qu'il veut son salut. L'homme cependant est libre d'accepter ce salut ou de le refuser. Ainsi, que Jésus nous dise qu'il est la porte des brebis et est venu pour que les brebis aient la vie en abondance, confirme en effet, cette gratuité et cette universalité de la bonté de Dieu. La nature de la porte c'est de laisser entrer quiconque veut y accéder.  Mais cela trouve que certains parmi nous, s'éloignent eux-mêmes de la porte par des attitudes antichristiques, faute d'un bon discernement ou d'une bonne appréciation des choses à leur juste valeur. 
 
Par cette méditation, demandons à Dieu de nous donner la grâce d'un bon discernement devant les réalités de la vie et surtout dans le choix de nos décisions afin de choisir la porte de la vie éternelle. Amen
Le Seigneur soit avec vous !
 
✍🏾 Père KIYE M Vincent, Missionnaire d'Afrique
Paroisse de Nioro du Sahel
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Homélie du Père Vincent KIYE, missionnaire d’Afrique à l’occasion du Pèlerinage sectoriel de Dinguira dans le diocèse de Kayes, le dimanche 15 mai 2022, 5ème dimanche de pâques: L’amour dans la vérité hâte le règne de Dieu au milieu des hommes.
Textes du jour :
Première Lecture : Actes 14, 21–27
Deuxième Lecture : Apocalypse 21, 1–5
Évangile : Jean 13, 31–35
« Je vous donne ce commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres. Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » (Jn 13.34) 
​Pourquoi encore ce commandement nouveau alors que nous n’avons pas encore fini de mettre en application l’ancien ? Qu’a-t-il de spécial pour notre grand bien ? La réponse à ces questions se trouve dans la deuxième lecture, tirée du livre de l’Apocalypse de Saint Jean. Au demeurant, Saint Jean nous révèle l’objet de sa vision en disant : « Moi Jean, j’ai vu un ciel nouveau et une terre nouvelle, puisque le premier ciel et la première terre avaient disparu ...J’ai vu la Cité sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu, ... Et j’ai entendu une voix puissante qui sortait du trône. Elle disait : “Voici la tente de Dieu au milieu des hommes ; il aura chez eux sa demeure et ils seront son peuple, et lui, Dieu, sera Dieu-avec-eux.» Qu’est-ce que cette vision de Saint Jean veut nous dire ? A quand sera-t-elle effective et à quelle condition arrivera-t-elle? La réponse à toutes ces interrogations se trouve dans l’Evangile que nous venons d’entendre. Le ciel nouveau et la terre nouvelle ne seront possible que lorsque nous accepterons de faire nôtre, ce commandement nouveau que Jésus nous donne, celui de nous aimer les uns les autres. L’amour authentique est la clé de toutes les énigmes de la vie. Quand on aime véritablement, on a envie de rester l’un à côté de l’autre sans s’ennuyer et parfois même sans parler. Seul l’amour dans la vérité rend possible et effective, la demeure de Dieu parmi les hommes. Car Dieu est amour. Aimons-nous vraiment et cela dans la vérité? Que ne constatons-nous pas dans nos communautés ? Les calomnies, la médisance, la haine, les jalousies, les rivalités et même les insultes sans se gêner. Quelle honte de nous dire chrétiens et même parents! Ce sont là, des contres témoignages par rapport à l’amour. Ce sont là, des comportements qui retardent l’avènement du règne de Dieu parmi les hommes. Toutes ces antivaleurs que nous rencontrons, ce manque d’amour et de respect deviennent des épreuves de la vie que nous devons vaincre. Et comme le diront les apôtres comme dans la première lecture, « il nous faut passer par bien d’épreuves pour entrer dans le Royaume des Cieux. » N’ayons pas peur ! Travaillons jour après jour, du milieu des épreuves, de façon à hâter l’avènement de la demeure de Dieu parmi nous. 
La première lecture de ce jour en effet, nous relate l’action évangélisatrice des apôtres à  Derbé, affermissant les disciples à persévérer dans la foi malgré les épreuves, pour entrer dans le Royaume de Dieu (Actes 14,22). Ils établissaient des Anciens dans chaque Église pour veiller la conduite du peuple sur le chemin de la foi dans le souci de rendre possible et de hâter l’avènement du règne de Dieu au milieu des hommes. Car, là où le peuple écoute et vit de la parole, Dieu lui-même vient demeurer au milieu d’eux. L’amour ne fait pas de mal au prochain, il n’offense pas et ne divorce pas.
Frères et sœurs en Christ, par ce nouveau commandement, Jésus nous donne un moyen efficace de bâtir la demeure de Dieu au milieu  de nous, pour hâter l’avènement de son règne. C’est par l’amour véritable que nous verrons un ciel nouveau et une terre nouvelle, faisant disparaître la première terre de haine, des jalousies, des rivalités, de meurtre, de déception dans les fiançailles et dans les couples, des fiançailles prolongés, des fausses promesses de mariage etc. L’amour sincère et véritable ne laisse pas les fiançailles se prolonger beaucoup d’années, il ne divorce pas.  Mais qu’est-ce qu’aimer l’autre ? Est-ce caresser l’autre dans le sens de poils ? Est-ce donner du lait et du miel à l’autre? Qui nous aime réellement ? Nous entendons facilement : Un tel m’aime parce qu’il m’a donné ceci ou cela, parce qu’il m’a acheté ceci ou cela. Sous d’autres cieux, d’autres diront que X ou Y ne nous aime pas parce qu’il nous a interpellé ou interdit ceci ou cela. Aimer l’autre c’est plus que le caresser dans le sens des poils ; c’est plus que lui donner du lait et du miel. C’est surtout aider l’autre à devenir meilleur même s’il faut que cela passe par des remarques douloureuses, des interpellations sévères au regard des tendances humaines qui nous tirent vers  bas. L’amour authentique doit se vivre dans la vérité (Benoît XVI, Caritas in veritatae.
​ Frères et sœurs en Christ, chers pèlerins, l’évangile d’aujourd’hui nous transmet le testament de Jésus. Il s’adressait à ses proches disciples d’autrefois certes. Aujourd’hui c’est à nous qu’il s’adresse, nous qui sommes également à l’attente d’un Mali nouveau, d’un Mali sans armes ni larme. Il s’adresse à chacun de nous ici présent. Jésus sait que le temps que nous passons sur cette terre n’est pas facile et que nous avons besoin d’un monde nouveau, qui ne peut jaillir que du témoignage d’amour. Cet amour doit se vivre avant tout dans nos familles. D’où le thème de ce Sixième pèlerinage sectoriel qui nous réunit aujourd’hui : « La famille dans le diocèse de Kayes, à la lumière de l’Evangile.» Cet Evangile est bel et bien celui de l’amour que nous devons méditer et annoncer depuis nos familles. Est-ce que nos familles sont des véritables lieux du témoignage d’amour ? L’amour ne rivalise pas, il ne s’enfle pas d’orgueil, ne jalouse pas, dira Saint Paul. Il ne querelle pas dans la communauté et n’insulte pas les autres dans une communauté.  C’est ici l’occasion pour chaque famille d’évaluer l’héritage que les parents lèguent à leurs enfants ; Est-ce l’amour et le respect du prochain ou bien la pagaille, les querelles ? A voir les témoignages de certaines familles, je me dis que si c’était possible, certains enfants demanderaient certes, de changer des parents. Mais hélas !
Le Seigneur soit avec vous !
Père KIYE Mizumi Vincent, Missionnaire d’Afrique (Père Blanc)
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