Témoignages

 


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Prière

Reportage: femmes et micro-entreprises au Togo

 

La contribution des femmes à l'économie africaine n'est plus à démontrer. Le Togo dépend fortement du secteur informel, où 48% des activités sont menées par les femmes.

Même si de plus en plus de micro et petites entreprises sont menées par des femmes, elles se heurtent toujours à des obstacles spécifiques quand elles se lancent dans l'entrepreneuriat : problèmes d'accès au financement, pesanteurs socio-culturelles, manque de confiance en elles... L'autofinancement, les associations informelles et formelles d'épargne et de crédit ou les agences de micro-crédit restent les sources de financement principales pour créer son entreprise. Ce qui freine leur émergence et leur développement. 

Alors quelles solutions existent pour démarrer son activité économique et surtout pour sortir de l'économie de subsistance ? Quelle stratégie au Togo aujourd'hui pour un développement de l'entrepreneuriat des femmes ? Comment faciliter la transition des femmes de l'économie formelle vers le secteur formel ? 

Raphaëlle Constant est partie à Lomé et à Amlamé, en zone rurale, à la rencontre de femmes entrepreneuses : couturière, transformatrice de noix de palme, jeune entrepreneuse en agro-alimentaire ou commerçante d'épices. Mais aussi d'acteurs du secteur entrepreneurial togolais : incubateur de startups féminines, coach en leadership et service de microfinance sociale pour comprendre où en est l'écosystème du micro entreprenariat féminin au Togo.

Cette émission est une rediffusion du vendredi 30 avril 2021

 

Un reportage de Raphaëlle Constant au Togo.  

...Côte d’Ivoire : les Yacé, ou la politique dans le sang

C’est l’une des familles les plus puissantes de Côte d’Ivoire. Depuis Philippe Yacé, qui fut le premier président de l’Assemblée nationale et un compagnon d’Houphouët, les Yacé n’ont jamais cessé d’être sur le devant de la scène. Politique, business, concours de beauté… Ils sont partout.

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Mis à jour le 6 mai 2022 à 11:26
 
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De g. à dr. : Mathieu Ekra, Philippe Yacé et Victor Ekra lors du cinquantenaire du PDCI-RDA en avril 1996, à Yamoussoukro. © Franck Hermann Ekra

 

 En inaugurant le pont de Jacqueville, le 21 mars 2015, Alassane Ouattara l’avait baptisé « Philippe Grégoire Yacé ». Tout un symbole. Fils de la région, Philippe Yacé est considéré comme le chef spirituel des Alladian, Ahizis et Akouri qu’il avait réussi à unir, et fut un temps le dauphin de Félix Houphouët-Boigny. Lui et sa lignée ont marqué l’histoire de la ville et du pays. Mais qui sont-ils au juste ?

Quatre frères

En Côte d’Ivoire, on distingue deux types de grandes familles. Celles qui ont été anoblies par le président Félix Houphouët-Boigny et celles qui se sont fait un nom durant l’époque coloniale. Les Yacé font partie de la seconde catégorie. Riche, instruit et influent, ce clan continue à jouer un rôle de premier plan en politique, dans le milieu des affaires et même dans celui des dames de beauté.

« Dans plusieurs de nos maisons de famille se trouve le portrait de quatre frères, considérés comme nos bisaïeux. L’aîné, Ahiva, a été le chef d’Akrou, village paternel des Yacé, situé près de Jacqueville. Il y a ensuite Nangban Joseph, puis François N’Drin, qu’on nommera André par abus de langage, et, enfin, Koffi Lazare. Toutes les branches de la famille se situent par rapport à eux », explique Léonce Yacé, sourire aux lèvres. Juriste de formation, passé par la finance, cet homme élancé est depuis septembre 2017 le directeur général de NSIA Banque, dont le siège se trouve au Plateau, à Abidjan. Il est l’arrière-petit-fils de Nangban Joseph.

ON SE DONNE TOUS DU « COUSIN », ON ESSAIE DE SE CONNAÎTRE ET DE SE FRÉQUENTER

« Au-delà de ma famille proche, j’ai commencé à découvrir “les Yacé” à l’âge adulte. Actuellement, j’effectue une démarche de retour dans la famille. On se donne tous du “cousin”, on essaie de se connaître et de se fréquenter », ajoute-t-il, installé sur un canapé en cuir, dans son bureau cossu. Pour lui, parler de la famille est un exercice à la fois complexe et agréable : « Déjà dans mon enfance, les instituteurs me demandaient si je m’appelais “Yacé, comme Philippe Yacé” et voulaient savoir si j’avais un lien de parenté avec lui. J’ai grandi sous son ombre tutélaire. »

 

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Philippe Yacé (costume blanc et lunettes), aux côtés d’Auguste Denise, premier secrétaire général du PDCI-RDA, en juin 1973, à Yamoussoukro. © DR

 

Majordome du gouverneur

Sans nul doute, la branche la plus célèbre est celle dans laquelle figure Philippe, président de l’Assemblée nationale durant vingt ans juste après l’indépendance (1960-1980), secrétaire général du parti au pouvoir et que l’on dit un temps destiné à succéder au président Houphouët-Boigny. Son père, François N’Drin, occupa lui aussi de hautes fonctions au temps de la colonisation. Après ses études, en 1908, ce dernier est nommé majordome du gouverneur de la Côte d’Ivoire de l’époque, Gabriel Louis Angoulvant. Il occupera ce poste jusqu’en 1916.

Au gouvernorat, François N’Drin rencontre Claire Nigé, qui travaille au service de l’épouse de Gabriel Louis Angoulvant, Marie. Ils se marient et ont dix enfants, dont les prénoms (Gabriel Joseph pour le fils aîné, et Marie-Georgette pour la fille aînée) témoignent des bonnes relations que le couple entretient avec ses patrons.

Après le départ du gouverneur, affecté en Afrique équatoriale française, le sort de la famille bascule. Alors que l’Europe est ravagée par la Première Guerre mondiale, la métropole rappelle ses cadres et permet aux Ivoiriens d’accéder à des fonctions dont ils étaient jusque-là exclus. François N’Drin saisit cette chance et devient agent des douanes à Grand-Bassam, l’ancienne capitale. L’administration coloniale loue son dévouement et son « zèle », comme le souligne un journal de l’époque, invitant ses collègues à prendre modèle sur lui. La famille devient prospère et habite une grande maison de la cité côtière. C’est là, dans cet environnement huppé, que grandit celui qui deviendra le plus illustre membre de la famille, Philippe Grégoire Yacé.

PHILIPPE YACÉ EST RÉVOLTÉ PAR LA DIFFÉRENCE DE TRAITEMENT ENTRE INSTITUTEURS BLANCS ET NOIRS

Né le 23 janvier 1920, Philippe obtient son certificat d’études primaires et élémentaires en juin 1933 à l’école régionale de Grand-Bassam. Quatre ans plus tard, il obtient son certificat d’études primaires supérieures à Bingerville, à l’époque capitale de la colonie, et passe ses  vacances à Grand-Bassam. Une vie douce, durant laquelle le garçon circule à bicyclette, un luxe.

Il réussit ensuite le concours d’entrée de l’École normale William-Ponty de Gorée (Sénégal). Il y côtoie Philippe Zinda Kaboré, qui sera élu en 1946, aux côtés de Félix Houphouët-Boigny et de Daniel Ouezzin Coulibaly, député de la Côte d’Ivoire au Parlement français.

L’élève est brillant : « En juillet 1940, Philippe Yacé termine ses études à la section Enseignement de William-Ponty et est classé cinquième de sa promotion », précise un connaisseur des figures politiques ivoiriennes.

 

Combattant pour la France

De retour au pays, il enseigne deux ans consécutives au collège régional d’Abidjan, situé au Plateau. Pour rejoindre ce quartier depuis Commikro, le camp des commis à Treichville, il enfourche tous les jours sa mobylette (allemande) Hercule, pour franchir le pont-levis qui enjambe la lagune. En 1942, en pleine Seconde Guerre mondiale, il est mobilisé et doit partir combattre en France.

« Cet événement l’a beaucoup marqué. À son retour au pays et pendant quelques années, il a présidé l’Association des anciens combattants de Côte d’Ivoire. Il avait des revendications sur la différence de traitement entre eux et les Français », raconte Jean-Louis Ekra, gendre de Philippe Yacé, ex-président de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) et aujourd’hui membre du conseil d’administration de plusieurs entreprises.

Après la guerre, Philippe Yacé redevient instituteur. Il est affecté à Aboisso, puis à Yamoussoukro, et participe à la création du syndicat des enseignants. Il confiera plus tard avoir été révolté par les discriminations dont faisaient l’objet les instituteurs noirs. « Dès ses premières années d’enseignement, le complexe de supériorité des Blancs l’avait offusqué et rendu furieux. Il voulait dénoncer le système colonial et était touché par cette injustice. Est-ce à cette période que son chemin croise celui d’Houphouët ? Certaines sources pensent que les deux hommes se seraient rapprochés quand Yacé enseignait à Yamoussoukro [la ville d’origine d’Houphouët] », confie un fin connaisseur de l’histoire politique ivoirienne.

Quand alliance rime avec puissance…

Philippe élève certains de ses frères et sœurs, Jean-Marcel et Michelle-Simone, et joue un rôle central dans la famille. Cette dernière s’agrandit. Et, grâce à ses mariages et alliances, gagne en influence. Marie-Georgette, l’une des sœurs de Philippe, épouse en premières noces Jean-Baptiste Mockey, compagnon de lutte d’Houphouët, avec qui elle aura quatre filles, puis s’unit à François Ouégnin, le père de Georges Ouégnin, qui deviendra le directeur du protocole du président Houphouët.

Odette-Eugénie, une autre sœur de Philippe, épouse Mathieu Ekra, qui sera plusieurs fois ministre. Françoise-Florentine, la troisième sœur de Philippe, convole avec Lambert Amon Tanoh, l’un des cadres du PDCI-RDA. Ils ont pour fils Marcel Amon Tanoh, ministre des Affaires étrangères d’Alassane Ouattara (2016-2020) et, depuis janvier dernier, secrétaire exécutif du Conseil de l’entente.

Enfin, plusieurs mariages unissent directement la famille Yacé à une branche de la famille Houphouët-Boigny, celle des Thiam. L’ex-ministre Daouda Thiam a épousé une fille d’Odette-Eugénie ; son frère cadet, Boubacar, a épousé une fille de Philippe Yacé. Le président assiste en personne à certaines de ces unions, dont les photos emplissent les albums de famille.

 

 

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Mariage d’Odette Yacé et de Mathieu Ekra. De gauche à droite au premier rang : Françoise Yacé (mère de Marcel Amon Tanoh), Mathieu Ekra, Odette Yacé, Ahoulou Ekra (père de Mathieu), Ampo Soumaley O’cromi Ekra (mère de Mathieu), Ahite Amonouwa. Au second rang, de la gauche vers la droite, on aperçoit Georgette Yacé, épouse de Jean-Baptiste Mockey qui épousera en secondes noces François Ouégnin, dans les années 1950. © DR0

 

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Félix Houphouët-Boigny et Henri Konan-Bédié au mariage de Louis René Ekra et de Yamousso Thiam. © DR

 

 

Des liens familiaux que la politique a parfois mis à rude épreuve. Dans les années 1960, Félix Houphouët-Boigny se retourne contre certains de ses proches compagnons. Inquiet et tendu, le président devient paranoïaque. Alors qu’au Togo un coup d’État renverse Sylvanus Olympio, il cherche à étouffer toute velléité de contestation en Côte d’Ivoire, et se met à lancer des rumeurs de complots.

Armes et mercenaires

En 1964, des vagues d’arrestations de cadres du régime ont lieu. Philippe Yacé, alors président de l’Assemblée nationale, est à la manœuvre. « Il m’a rapporté, lors d’un entretien, qu’en 1963, alors qu’Houphouët assistait, à Addis-Abeba, à la fondation de l’OUA, ce dernier lui a affirmé que des complots étaient en préparation », se souvient Franck Hermann Ekra, le petit-fils de Mathieu Ekra, membre du bureau politique du PDCI-RDA et conseiller du comité de gestion et de suivi des élections. « “Parmi les responsables se trouvent deux de tes beaux-frères. Ils sont têtus. Rentre en Côte d’Ivoire et prépare-moi un retour triomphal”, a exigé le président. Philippe Yacé m’a confié avoir fait venir des armes et des mercenaires, qu’il a disposés tout au long du trajet du chef de l’État, entre le port et le palais présidentiel. »

ON M’A REPROCHÉ D’AVOIR ÉTÉ TROP DUR, MAIS SI JE NE L’AVAIS PAS ÉTÉ, SERIONS-NOUS ENCORE AU POUVOIR ?

Philippe Yacé est chargé, en tant que commissaire, d’instruire les procès de Jean-Baptiste Mockey et d’une centaine d’autres personnalités, dont le président de la Cour suprême, Ernest Boka (qui mourut en détention) et les ministres Charles Bauza Donwahi, Amadou Thiam, Jean Konan Banny…

Mathieu Ekra, lui, est disculpé par Houphouët, qui l’estime « orgueilleux, mais pas comploteur », écrit Samba Diarra dans Les faux complots d’Houphouët-Boigny. À l’issue de cette purge, Philippe Yacé devient le secrétaire général du parti. Des années plus tard, le président éprouvera du remords et avouera avoir été induit en erreur. Yacé, lui, se confiant à son petit-fils, se justifiera en disant qu’il avait toujours été fidèle à Houphouët : « On m’a reproché d’avoir été trop dur, mais si je ne l’avais pas été, serions-nous encore au pouvoir ? »

Politiquement, l’affaire est close – Mockey sera réhabilité une dizaine d’années plus tard et nommé ministre de la Santé. Les cicatrices intimes, elles, perdurent. Francis N’Drin, le père de Philippe Yacé, en a longtemps voulu à son fils d’avoir préféré la loi du pouvoir aux liens du sang.

Marie-Ange Aka Adjo, la petite-fille de Jean-Baptiste Mockey, se souvient : « Mon grand-père était en prison lorsque ma mère est rentrée à Abidjan après avoir fini ses études. Francis N’Drin est alors allé la chercher à l’aéroport pour la conduire chez Philippe Yacé, son oncle. Il a dit à ce dernier : “Tu as mis son père en prison, maintenant tu t’en occupe !” ».

« Les plus jeunes générations tentent de faire fi des luttes passées », souligne Marie-Ange Aka Adjo. « On essaie de dépasser cela », ajoute celle qui a été candidate aux législatives à Jacqueville après le décès de Laurette Yacé, l’une des filles de Philippe, en 2021. Membre du bureau politique du PDCI, vice-présidente de la commission santé du parti, Marie-Ange Aka Adjo est une fine politicienne.

 

Réunions de famille

Elle a fait partie de l’équipe de campagne de son oncle, Jean-Marc-Yacé. Maire de Cocody depuis 2018, le fils de l’un des frères cadets de Philippe pourrait concourir en 2023 face à Yasmina Ouegnin, la fille de Georges… et donc sa nièce. Marie-Ange Aka Adjo se lancera-t-elle à son tour, à l’occasion des municipales de 2023 ? On l’a dite un temps intéressée par la conquête de Jacqueville. « J’y renonce car mon oncle, Patrick Yacé, et un cousin sont déjà intéressés. Je crois beaucoup en la famille », dit-elle désormais.

Un duel entre Yacé pourrait néanmoins avoir lieu dans le fief familial. Selon nos informations, Jil-Alexandre N’Dia, petit fils de Philippe Yacé, directeur général du groupe de média Weblogy, pourrait se présenter sous les couleurs du RHDP, le parti présidentiel, face à Patrick Yacé.

 

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Marie-Ange Aka Adjo lors d’un meeting

pendant les législatives de mars 2020. © Page Facebook / Marie Ange-Aka Adjo

 

 

La famille est tellement grande que ses membres ne se connaissent pas tous. « J’ai rencontré Laureen Kouassi-Olsson, la sœur de Marie-Ange, dans un cadre professionnel lorsqu’elle était encore chez Proparco [une antenne de l’Agence française de développement]. Elle était venue en mission à la NSIA. À la fin, elle est passée dans mon bureau et s’est présentée en disant que nous étions de la même famille », raconte Léonce Yacé, le directeur général de la banque.

TOUS ONT DES AGENDAS CHARGÉS. LEURS RETROUVAILLES N’EN SONT QUE PLUS PRÉCIEUSES

Tous sont néanmoins unanimes : « Notre famille sait faire preuve de solidarité dans les moments difficiles. » Les enterrements, par exemple, sont autant d’occasions de retrouvailles.

C’est en effet autour du caveau familial que Marie-Ange Aka Adjo entreprend un travail de mémoire. Elle tente de remonter l’arbre généalogique et envisage d’écrire un livre pour raconter l’histoire des Yacé. Elle conserve de nombreux souvenirs de Philippe Yacé, « celui qui a, malgré tout, réuni la famille ».

« On passait les week-ends, Pâques ou Noël chez lui. J’ai de beaux souvenirs avec mes cousins, à Jacqueville. On s’y retrouvait tous et on était tellement nombreux que, parfois, on étalait des matelas dans une grande pièce pour dormir. Philippe veillait à ce qu’on aille à la messe les dimanches. C’était très important pour lui », raconte-t-elle.

Tribu éparpillée

Depuis la mort du plus célèbres des Yacé, nul n’a réellement repris le flambeau et la tribu est éparpillée. La maison familiale, à Biétry, est occupée par Gabriel Yacé, le fils de Philippe. Après avoir été président du conseil régional des Grands Ponts et PDG de la Société africaine pour la promotion heveïcole et l’industrialisation du caoutchouc, il est sénateur.

À Biétry, les réunions de famille sont peu fréquentes. Les retrouvailles n’en sont que plus précieuses. Les agendas de tous les membres du clan étant très chargés, la date a été difficile à trouver. Finalement, elles auront lieu ce 6 mai 2022 : tous les Yacé doivent se retrouver dans un hôtel d’Abidjan, à l’occasion d’une fête de famille. Il y aura là tout ce que le pays compte de personnalités influentes : des responsables politiques, des grands patrons et même Miss Côte d’Ivoire, Olivia Yacé, la fille de Jean-Marc, qui a en outre été élue troisième plus belle femme du monde en mars dernier.

Sénégal: la petite île de Sipo en deuil depuis la disparition de la «reine» Fatou Mané

Au Sénégal, la petite île de Sipo, au sud du Sine Saloum, est en deuil depuis la disparition de Fatou Mané, appelée « la reine de Sipo », le 12 avril dernier. La centenaire était une figure emblématique de ce village de la commune de Toubacouta, proche de la Gambie. Une « reine » -un titre honorifique – sans couronne ni château, mais respectée pour ses dons de guérisseuse et visitée par des touristes du monde entier. L’Agence sénégalaise de promotion touristique lui a d’ailleurs rendu hommage. L’un de ses enfants devrait lui succéder.

Avec notre envoyée spéciale à Sipo, Charlotte Idrac

À moins d’une demi-heure en pirogue de Toubacouta, l’île de Sipo, bordée d’une plage de sable fin. « Là on est en face de l’île de Sipo, il y a 63 habitants », raconte le guide Ousmane Sarr. « La reine Fatou Mané avait 107 ans selon certains, d’autres disent 109 ans, mais on ne sait pas exactement. »

La légende raconte que Fatou Mané avait disparu entre ses 5 ans et ses 17 ans, avec des djinns, des esprits, avant son retour au village et son titre décerné au départ par des visiteurs étrangers.

« Les djinns lui ont donné des pouvoirs, par exemple elle faisait guérir les gens, elle soignait, elle priait pour les gens. Ill y avait une dame française qui était enceinte, elle commence à avoir un bébé et la reine a dit : "Moi je ne suis pas sage-femme mais je peux t’aider à avoir l’enfant sans difficulté", et elle a réussi, donc on l’a nommée la reine. »

40 jours de deuil

Fatou Mané recevait dans une maison récemment rénovée, toujours avec le sourire. « Elle était très ouverte, très accueillante », raconte l’une de ses filles, Bintou Touré. « Elle donnait des conseils, elle disait souvent qu’il fallait respecter tout le monde, petits ou grands, Noirs ou Blancs, elle disait : "On est tous pareils’". »

La reine de Sipo avait six filles et un garçon. Après les 40 jours de deuil, la famille organisera sa succession. « On va discuter et trouver facilement une solution », assure Bintou Touré.

 

L'île de Sipo, dans le Sine Saloum, en deuil après le décès de la «reine» Fatou Mané. © RFI/Charlotte Idrac

 

Charles de Foucauld canonisé grâce au miraculé de Saumur 

Les faits

C’est à un jeune charpentier que Charles de Foucauld doit sa canonisation, le 15 mai à Rome. Cent ans après la mort du « frère universel », le jeune homme, Charle, qui a témoigné vendredi 29 avril, a survécu à une chute de 15 mètres en 2016.

  • Christophe Henning, 

 

Charles de Foucauld canonisé grâce au miraculé de Saumur
 
Charle miraculé de 26 ans dans la chapelle Saint Louis à Saumur. Charpentier, il a survécu à une chute de 15,50 m à travers la toiture de la Chapelle en 2016 alors qu'il était en formation dans une entreprise en charge de sa rénovation. Authentifié par la Congrégation pour les Saints, le miracle a été rattaché à Charles de Foucauld et amènera à sa canonisation le 15 mai 2022. Saumur, France, 29 avril 2022.ANTONI LALLICAN/ANTONI LALLICAN

Charle, 26 ans, est un miraculé. Le 30 novembre 2016, le jeune charpentier faisait une chute de 15 mètres et demi, traversant la voûte de la chapelle Saint-Louis, à Saumur (Maine-et-Loire), pour finir par s’empaler sur le montant d’un banc en bois. Mais il a survécu. Un miracle que l’Église attribue à l’intercession du bienheureux Charles de Foucauld, qui sera canonisé par le pape François, comme neuf autres futurs saints, sur la place Saint-Pierre à Rome, le dimanche 15 mai. Vendredi 29 avril, pour la première fois, Charle – sans « s » et dont le nom de famille n’est pas révélé – s’exprimait publiquement pour raconter son accident.

À Saumur, le charpentier miraculé ouvre la voie à la canonisation de Charles de Foucauld

Charpentier dans l’entreprise Asselin, il travaille à la restauration de la charpente de la chapelle Saint-Louis, construite au début du XXe siècle et attenante à l’institution scolaire. En fin de journée, prenant un raccourci, il évite la passerelle et s’avance sur la voûte de pierre, qui cède. Une chute sans fin. Charle évoque avec simplicité l’accident, son souci de préserver ses jambes, rentrer la tête entre ses bras… « J’ai ouvert les yeux, et je n’étais pas encore en bas, j’ai refermé les yeux et me suis abandonné. »

Au secours

La chute ne dure, en vérité, qu’un peu plus d’une seconde. Le choc survient à 60 km/heure. Et pourtant, groggy mais conscient, il se relève, avance vers la porte de la chapelle. « Je n’ai pas voulu prendre la grande porte : il y avait les écoliers dans la cour, je ne voulais pas les impressionner. »

Par une porte latérale, il est pris en charge par des enseignants qui appellent les secours. Sauf qu’avec la pièce de bois fichée dans l’abdomen, Charle ne peut être pris en charge par l’hélicoptère dépêché sur place et qu’il faudra le transporter en ambulance jusqu’au centre hospitalier d’Angers.

Non seulement, il a échappé à la mort, mais huit jours plus tard, il sort de l’hôpital et reprend le travail au bout de deux mois. « J’aime ce métier, explique Charle. Je devais reprendre au plus vite pour pas trop me poser de questions. » La partie médicale étant évoquée, reste, pour reconnaître un miracle, une dimension spirituelle.

Centenaire

2016-2022 : six ans pour une enquête express et la reconnaissance du miracle, non seulement en raison d’une vie sauve mais aussi des liens qui s’imposent entre les deux Charle(s). Ainsi, c’est bien à Saumur qu’a lieu l’accident, dans la paroisse qui a choisi le bienheureux Charles de Foucauld comme patron lors du redécoupage des territoires dans le diocèse d’Angers en 2012. Plus éloquent encore : la date correspond au centenaire de la mort du « frère universel » tué en Algérie le 1er décembre 1916.

Et depuis un an, les fidèles priaient chaque jour Charles de Foucauld, qui fut officier de cavalerie à l’école militaire de Saumur, pour préparer ce centenaire. « Nous priions Charles de Foucauld pour qu’il soit canonisé, comme des milliers de chrétiens dans le monde, souligne le père Vincent Artarit, curé de la paroisse à cette époque. Jamais nous n’aurions pu imaginer que le Seigneur entende notre prière à Saumur. »

Dès l’annonce de l’accident, les fidèles redoublent de ferveur, espérant que la prière vienne apaiser le jeune ouvrier blessé. Or, comme l’explique Mgr Bernard Ardura, postulateur de la cause, le miracle avait déjà eu lieu : par avance à cette mobilisation, Charle avait été sauvé.

Sans rien attendre

Son patron, François Asselin, est quant à lui très investi dans l’Église avec sa femme. Il est surpris par tout ce qui peut apparaître comme des coïncidences. Il rend visite à Charle encore sur son lit d’hôpital, avec une BD sur Charles de Foucauld : « Est-ce que vous m’autorisez à vous parler de quelqu’un qui n’est peut-être pas étranger à tout ce qui arrive ? », confie-t-il au rescapé.

Le miraculé n’a pas la foi. Il le confesse, et explique volontiers que ce qui lui est arrivé a été déterminant dans son existence, mais n’a rien changé vis-à-vis de Dieu. « Le Seigneur donne gratuitement, totalement, sans rien attendre en retour », rappelle Mgr Ardura. Ce qui n’empêche pas le jeune homme de se réjouir à l’idée de se rendre à Rome, le 15 mai, et qui sait, peut-être approcher le pape.

Le 27 mai 2020, le miracle était reconnu par le Vatican. Pour cause de pandémie, il a fallu attendre le 15 mai 2022 pour célébrer la canonisation du « petit frère » du désert. Ils sont déjà plus de 40 000 fidèles annoncés place Saint-Pierre pour les dix canonisations présidées par le pape François. Au milieu de la foule, un jeune charpentier de 26 ans, venu d’Anjou. Miraculé.

Sous-catégories

Les informations sur nos maisons de formation datent de quelques années, et nous avons demandé aux responsables de ces maisons de nous donner des nouvelles plus récentes.
La première réponse reçue vient de Samagan, le noviciat près de Bobo-Dioulasso (lire la suite)

 

La deuxième réponse nous a été donnée par la "Maison Lavigerie", notre maison de formation à la périphérie de Ouagadougou, où les candidats ont leurs trois premières années de formation (lire la suite)