Sans filiation, ni réseaux, ni formation officielle véritable, Alioune Diagne est un self-made-man. « Perceptions », sa première exposition à Paris, met en scène le style « figuro-abstro » de cet artiste-peintre franco-sénégalais de 34 ans, qui navigue entre Dakar et Villeurbanne, le figuratif et l’abstraction, l’histoire et ses émotions. Entretien.
RFI: La perception se trouve-t-elle au cœur de votre travail?
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Alioune Diagne: Oui, on peut le dire. Ma perception, c’est ma technique de peinture que j’appelle le « figuro-abstro ». C’est de ce point de vue que je crée mes tableaux.
Quelle est votre définition du «figuro-abstro»?
En 2013, suite à des événements dans ma vie [la mort de son grand-père, maître coranique, en charge de la reproduction calligraphiée du Coran, NDLR], je me suis dit : pourquoi ne pas faire quelque chose qui est de mon univers, pourquoi ne pas construire des images figuratives à partir d’éléments abstraits. Du coup, le « figuro-abstro » est juste une construction d’images figuratives à partir d’éléments abstraits, des signes.
Comment devient-on peintre quand on est né à Fatick, une ville de 25000 habitants au Sénégal?
C’était très compliqué. Je me suis battu pour ça, parce que je savais qu’il y avait quelque chose en moi depuis que j'étais très petit. Dès l’âge de 13 ans, je ne faisais que dessiner. Mais au début, ma mère ne voulait pas que je devienne peintre. Je ne connaissais personne dans la peinture. C’était compliqué d’entrer dans le réseau. Donc, je me suis battu. Je suis parti à Kaffrine pour rejoindre mon père, que je ne connaissais pas, parce que j’étais très jeune quand mes parents ont divorcé. Après, je suis parti rejoindre ma mère à Dakar. En 2010, une opportunité s’est présentée pour m’installer en France.
Qu’est-ce qui a déclenché votre décision de partir en 2010 en France?
Depuis 2008, j’étais à l’école des beaux-arts à Dakar. C’était une période difficile, parce qu’il y avait beaucoup de grèves. Moi, je voulais améliorer ma technicité. Comme ma femme était française, j’ai bâti un projet pour la France. Une fois arrivée, j’ai enchaîné avec mes études. Je me suis perfectionné, avec des cours particuliers avec des professeurs des beaux-arts de Lyon. Je me suis installé à Vienne, en Isère et je me suis dit : qu’est-ce que je vais faire avec tout cela ? Tout a été déjà fait. Donc, je voulais créer mon propre univers.
Dans vos tableaux, on pourrait voir tout simplement des milliers de signes, mais aussi de la calligraphie, du pointillisme, des photographies floues comme chez le peintre allemand Gerhard Richter. Quels sont vos modèles dans l’histoire de la peinture?
J’ai appris et vu énormément de choses, mais je n’ai pas de maître. J’ai toujours été très curieux, regardé tous les artistes, aussi bien Léonard de Vinci que Picasso, mais je voulais faire sortir quelque chose de moi. Ainsi, vous voyez énormément de détails sur les tableaux, des milliers de signes, c’est ça qui donne le « figuro-abstro ». On ne peut pas le définir. Certains parlent de pointillisme, d’autres d’arabesques ou d’écritures éthiopiennes… Énormément de gens s’y retrouvent, chacun à sa manière et avec sa propre conception de l’art. Tout cela ensemble donne le « figuro-abstro ». C’est une sorte de langage universel où chacun peut s’y retrouver.
Parmi les grands thèmes abordés dans vos peintures, il y a l’enfance, les scènes de marché, le clair-obscur et la mémoire. S’agit-il de la mémoire de votre histoire personnelle, de l’histoire sénégalaise?
Cette mémoire parle aussi de la vie de nos ancêtres. Il y a des scènes des années 1800 avec des images que j’ai retrouvées de cette époque. Quand je les ai vues, j’étais choqué, parce que je me suis aperçu qu’on n’a pas d’images de notre passé. Et avec ma technique, mon point de vue, avec mes couleurs, je redonne d’une manière contemporaine vie à cette histoire de nos ancêtres. Parce qu’on a peu d’images et peu d’archives.
Là [Cayor et femmes peulhes, NDLR], vous voyez un homme peul, avec ses deux femmes et un bébé dans les bras. Cela parle des accessoires, comment se comporter, comment s’habiller, des tresses, de la culture des Peuls au Sénégal. Je travaillais sur de vieilles images de 1800, des images en noir et blanc. Toutes les couleurs que vous voyez ici, c’est ma composition, faite d’une manière naturelle, spontanée. Avec le « figuro-abstro », tout est libre et exprime mes émotions.
Vous naviguez entre la France et le Sénégal, Villeurbanne et Dakar. Est-ce que cela influence votre création?
Je fais des allers-retours pour retrouver cette inspiration et cette ambiance sénégalaises où j’entends le bruit des moutons et des voitures qui me donnent envie de travailler. Dans mon atelier, j’ai recréé mes propres ambiances du Sénégal.
Votre tableau Les trois Sénégalaises pourrait être interprété comme une allusion à l’art numérique… Quel est votre rapport avec les arts numériques?
J’aime toucher à tout : à la vidéo, à la sculpture, à la peinture, à la photographie, à la sérigraphie. Je vis avec les arts de façon naturelle. Quand je me lève le matin et je veux faire de la vidéo, je le fais et je trouve les moyens de le faire. Il n’y a pas de barrières. Même mes habits que je porte sont tirés de mes tableaux.
C’est votre première exposition à Paris. Quelle est la réception de vos œuvres au Sénégal?
Ce qui m’a surpris le plus, c’est comment ils ont réagi par rapport à ma technique. Au départ, la plupart des gens me suivaient sur mes réseaux sociaux : « Waouh, on est fier de toi ». Alors, je me suis dit : quelque chose se passe, je devrais revenir au Sénégal pour montrer mes tableaux. Récemment, il y avait une exposition en hommage à Fatmah Charfi à la Galerie nationale d’art à Dakar où l’on a présenté aussi un tableau de moi. Il y avait des gens qui sont venus juste pour voir un seul tableau de moi. Beaucoup étaient étonnés de découvrir ma technique. Depuis cette exposition, j’ai énormément de soutien venant du Sénégal.
Vue de « Les trois femmes sénégalaises », d’Alioune Diagne, dans l’exposition « Perceptions ».
► Alioune Diagne: Perceptions, exposition dans la galerie 80 rue de Turenne, 75003 Paris, du 29 octobre au 29 novembre.
Kateb Yacine, écrivain algérien
Il y a trente ans disparaissait Kateb Yacine, le grand écrivain algérien
Par Tirthankar ChandaPublié le 28-10-2019Modifié le 28-10-2019 à 10:26
L’auteur de Nedjma et du Polygone étoilé était un écrivain rebelle, pourfendeur de tous les pouvoirs, des colonialistes aux intégristes en passant par les hommes politiques corrompus du parti unique algérien qui ont tué dans l’œuf les immenses potentialités de ce pays, indépendant depuis 1962. Écrivain engagé et résolument moderniste dans la forme, Kateb Yacine était à la fois le Voltaire et le Joyce de ce Maghreb si riche en pensées et en créativités.
« Le vrai poète fait sa révolution à l’intérieur de la révolution politique ; il est au sein de la perturbation, l’éternel perturbateur. Le poète, c’est la révolution à l’état nu, le mouvement même de la vie dans une incessante explosion. » Ainsi parlait l’immense Kateb Yacine, mort en France d’une leucémie, le 28 octobre 1989, à l’âge précoce de 60 ans.
Poète rebelle, romancier, journaliste, dramaturge, l’homme était l’auteur d’une œuvre fulgurante et transgressive, considérée comme fondatrice des lettres modernes algériennes. Son nom reste associé à son roman Nedjma, un récit polyphonique et poétique, situé au carrefour de l’autobiographique et de l’imagination métaphorique. Dès sa parution en 1956, le livre s’est imposé comme une œuvre majeure et « fondamentale » des lettres francophones. Les écrits de Kateb Yacine ont été traduits en nombreuses langues. En France, il a reçu en 1987 le Grand prix national des Lettres et, en 2003, son œuvre théâtrale a été inscrite au répertoire de la Comédie-Française, mais dans son pays, l’écrivain reste relativement méconnu, voire ignoré par les jeunes générations.
« Je suis connu comme un boxeur, mais qui m’a lu ? », déplorait l’auteur de Nedjma lui-même, conscient que son goût pour la transgression heurtait les bien-pensants, les adeptes de la pensée unique, les religieux, qui se sont sentis visés par ses textes anti-institutionnels et qui se sont vengés en faisant boycotter ses écrits par les institutions algériennes. On raconte que les leaders des Frères musulmans, la force politique montante du pays à la fin des années 1980, s’étaient rendus à l’antenne de la radio nationale algérienne, affirmant que « Kateb Yacine, le mécréant ne méritait pas d’être enterré en Algérie ». Le tollé soulevé par ces imprécations dans le pays comme à l’étranger obligea les autorités à accepter finalement que l’écrivain soit accueilli dans la terre de ses ancêtres.
La «génération sacrifiée»
De son vrai nom Mohammed Khellouti, Kateb Yacine (« Kateb » signifie « écrivain » en arabe) appartient à une famille de lettrés de la tribu kabyle des Keblout du Nadhor, dans l’Est algérien. Son père était juriste et sa mère issue de la même tribu. Né en 1929, à Constantine, Kateb passa ses premières années sur les hauts plateaux de l’Est, au pays chaoui où il fréquente d’abord l’école coranique de Séderta, avant d’être inscrit à l’école française. Sa scolarisation à l’école primaire française à Bougâ (ex-Lafayette), puis son entrée au lycée Albertini, furent des expériences traumatisantes, décrites par l’intéressé comme s’il entrait dans la « gueule du loup ».
Si l’apprentissage du français, langue étrangère, était vécu par le jeune Kateb comme un arrachement à sa mère et à la culture maternelle, il lui a ouvert les portes de l’écriture poétique. Il faut dire que le terrain était propice car, comme les biographes du poète le rappellent, la poésie habitait le milieu tribal berbère où l’adolescent a grandi baignant dans le patrimoine oral particulièrement riche de la région. L’enfance de la fratrie Khellouti fut bercée par des joutes poétiques et des récits de la geste locale selon la tradition orale chantés par leur mère. Cette « inclination naturelle à la poésie » fut renforcée par la découverte de la poésie française à l’école. « Dès que je pus lire les poètes français je commençais à versifier, en imitant Victor Hugo ou Alfred de Musset », a raconté l’écrivain. Il faudra attendre les années fatidiques de la montée des tensions entre les communautés sous la colonisation pour que le versificateur se mue en poète.
Kateb Yacine fait partie de la « génération sacrifiée » de la guerre d’Algérie. Il a à peine 16 ans lorsqu’éclatent les émeutes du 8 mai 1945, à Sétif, avec les musulmans protestant contre leur situation inégale. Il est interne au collège français de Sétif et participe aux manifestations sans en comprendre vraiment les enjeux. Lorsque la situation dégénère et la police tire à balles réelles sur les manifestants, l’adolescent se retrouve alors sous les monceaux de cadavres. Il a la vie sauve, mais il est arrêté, emprisonné au camp miliaire de Sétif, torturé et menacé d’exécution. Il est finalement libéré, mais apprendra à sa sortie de prison que quatorze membres de sa famille ont été abattus et que sa mère, le croyant mort, a sombré dans la folie.
Cette expérience est un tournant dans la vie du jeune Kateb. Selon ses propres dires, il s’est politisé en prison où il affirme avoir rencontré pour la première fois « les gens du peuple », « une espèce d’Algérie en chair et en os ». « Et on peut dire que j’ai découvert mon peuple, j’ai compris ce qu’il était en train d’endurer », dira-t-il lors des interviews accordées entre 1958 et 1989 et réunis dans un volume d’entretiens par les Éditions du Seuil. Cette prise de conscience conduisit le jeune Kateb à se rapprocher des milieux nationalistes et militer avec toute son âme pour l’indépendance de l’Algérie, au sein du Parti populaire algérien (PPA) de Messali Hadj, puis du Parti communiste.
Plus intéressant encore, chez Kateb Yacine, l’appel à la révolution contre le pouvoir colonial coïncida avec le surgissement des élans annonçant l'acquisition de la maturité littéraire et poétique. Soliloques, le premier recueil de poèmes sous la plume du poète balbutiant paraît en 1946. L’année est aussi marquée par la découverte de l’amour par Kateb avec sa cousine Zouleikha (l’inspiratrice du personnage central de Nedjma). Elle était lycéenne à Annaba (ex-Bône), précisément où son père avait éloigné l’adolescent suite à son exclusion du lycée de Sétif après son arrestation. La révolution et la poésie seront ainsi intimement liées dans ce parcours où la violence s’est imposée comme à la fois contexte et moteur de la création littéraire.
Une œuvre protéïforme
« Tout commence par la poésie », aimait dire Kateb Yacine. Et pourtant c’est son roman Nedjma, paru en 1956, qui constitue, de l’aveu des spécialistes, la pierre angulaire de son œuvre. L’écrivain travaille à ce roman depuis dix ans, tout en prononçant parallèlement sous l’égide de son parti, le PPA, des conférences politiques à Alger ou à Paris, notamment celle sur Abdelkader et l’indépendance algérienne prononcée en 1947 à la Salle des Sociétés savantes. Entre 1949 et 1951, Kateb Yacine est journaliste au quotidien Alger républicain, dans les pages duquel il publie ses reportages en Arabie saoudite et au Soudan.
Installé à Paris à partir de 1952, il s’emploie à donner forme aux œuvres dont il porte en lui l’ébauche depuis de nombreuses années. C’est le cas de Nedjma dont il avait publié en 1947 un poème-matrice sous le titre « Nedjma ou le poème ou le couteau ». En décembre 1952, un fragment du roman en préparation est publié dans la revue Esprit. Ce que la critique appelle « le cycle de Nedjma » s’étend aussi à la pièce de Kateb Yacine, Le Cadavre encerclé, sur l’épopée du soulèvement anticolonial. Cette pièce est créée à la scène parisienne par Jean-Marie Serreau à l’œil et à la barbe des autorités, particulièrement sensibles à l’époque à tout discours dissident sur la situation coloniale algérienne. Le roman Nedjma, qui paraît en 1956 aux Éditions du Seuil, reprend des personnages et des situations de la pièce et développe des fragments antérieurement publiés.
Sous la forme d’un récit éclaté, Nedjma entrecroise le destin de quatre jeunes hommes, Rachid, Lakhdar, Mourad et Mustapha, gravitant autour de la lumineuse Nedjma, le personnage qui donne son titre au roman. Belle et inaccessible, fille métisse née de l’union d’un Arabe et d’une franco-juive, Nedjma apparaît comme la métaphore d’une Algérie multiple, résistant à ses envahisseurs à travers les âges, mais qui n’a pas droit à la parole. La question de l’identité doublée d’une quête amoureuse, l’impossible réconciliation à la terre natale régie encore par le patriarcat et le sens de l’honneur d’un autre âge, la trahison des ancêtres, sont les thèmes au cœur de ce roman multidimensionnel et allégorique.
Accueilli favorablement par la critique malgré son écriture fragmentaire, Nedjma tout comme Le Polygone étoilé, paru en 1966, après l’indépendance de l’Algérie, ne sont pas réductibles à la catégorie de la fiction classique. À cause de leur forme éclatée et fragmentaire, à l’image de l’éternelle errance de l’auteur contraint par la guerre à voyager, ces romans ont partie lié à la poésie et à ses procédés basés sur la répétition, la polysémie et la prolifération carnavalesque. Résolument modernistes, les récits de Kateb progressent en perturbant la chronologie romanesque et le principe de la description, à la manière d’un Joyce, d’un Faulkner ou les « nouveaux romanciers » qui étaient contemporains de l’Algérien en France.
Retour au pays natal
Une nouvelle phase dans la carrière littéraire de l’illustre écrivain s’ouvre en 1971 lorsque, fatigué de sa vie d’errances depuis le début des années 1950, il retourne s’installer durablement en Algérie, dans le pays de ses ancêtres. Conscient des « tâches écrasantes de construction » qui attendent les intellectuels algériens dans leur patrie, il se lance dans le théâtre militant avec la troupe qu’il dirige avec bien des difficultés depuis son retour au pays. Abandonnant le français, il se tourne vers un théâtre politique en arabe parlé algérien, conçu comme une pédagogie de libération.
L’homme écrit lui-même une série de pièces exploitant tous les registres de la truculence populaire, à la fois satirique et naïve. Ses pièces les plus connues sont : Mohammed, prends ta valise (1971), La Voix des femmes (1972), La Guerre de 2000 ans (1973), Le Roi de l’Ouest (1972), Palestine trahie (1974). Dans ces pièces, l’auteur s’oppose frontalement aux nouveaux leaders politiques qui ont accédé au pouvoir après le départ des colonisateurs et qui continuent de spolier le peuple. Ce qui explique sans doute que les autorités avaient relégué sa troupe dans l’Ouest algérien.
L’abandon du français dans ces pièces populaires pose aussi la question du rapport des États indépendants avec la langue de leur colonisateur. Qualifiant le français comme un « butin de guerre », Kateb Yacine avait, au début de sa carrière, justifié son maintien dans son pays, sans pour autant oublier de rappeler le traumatisme que l’apprentissage du français avait représenté pour les hommes et femmes de sa génération, arrachés de leurs milieux pour être jetés en pâture dans la « gueule du loup ».
Le romancier en avait fait la conclusion de son récit autobiographique émouvant Le Polygone étoilé : « Ma mère était trop fine pour ne pas s’émouvoir de l’infidélité qui lui fut ainsi faite, et je la vois encore, toute froissée, m’arrachant à mes livres – tu vas tomber malade – puis un soir, d’une voix candide, non sans tristesse, me disant : "Puisque je ne dois plus te distraire de ton autre monde, apprends-moi donc la langue française" (…) Jamais je n’ai cessé, même aux jours de succès près de l’institutrice, de ressentir au fond de moi cette seconde rupture du lien ombilical, cet exil intérieur qui ne rapprochait plus l’écolier de sa mère que pour l’arracher, chaque fois un peu plus, au murmure du sang, aux frémissements réprobateurs d’une langue bannie, secrètement d’un même accord aussitôt brisé que conclu… Ainsi avais-je perdu tout à la fois ma mère et son langage, les seuls trésors inaliénables – et pourtant aliénés. »
Émouvant Kateb Yacine qui sut demeurer poète et perturbateur, deux rôles qu'il chérissait tant.
Lire Kateb Yacine :
Soliloques (1946). Recueil de poésies.
Abdelkader et l’indépendance algérienne (1947). Conférence prononcée le 24 mai 1947.
Nedjma (1956). Roman.
Le Cercle des représailles (1959). Théâtre.
Le Polygone étoilé (1966). Roman.
L’homme aux sandales de caoutchouc (1970). Fresque historique, théâtre.
Favoriser la « fraternité » et la « coexistence pacifique »: c’est le voeu du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux dans un message – annuel – aux hindous à l’occasion de la fête de Deepavali.
Publié par le Vatican en anglais, italien et français, le message est signé par le président du dicastère, le cardinal Miguel Ángel Ayuso Guixot (Espagne), et le secrétaire, Mgr Indunil Kodithuwakku Janakaratne Kankanamalage (Sri Lanka).
Voilà le voeu du Conseil pontifical: « En tant que croyants ancrés dans nos propres convictions religieuses et soucieux du bien-être de la famille humaine, puissions-nous unir nos efforts à ceux de traditions religieuses différentes et à tous les hommes de bonne volonté et nous efforcer de faire tout ce qui est en notre pouvoir – avec un sens de responsabilité partagé – pour construire une société plus fraternelle et pacifique! »
Le message rappelle une circonstance inspiratrice: « Par une heureuse coïncidence, le début de ce mois a célébré le 150e anniversaire de la naissance du Mahatma Gandhi, « témoin remarquable et courageux de la vérité, de l’amour et de la non-violence » (Pape Jean-Paul II, Prière pour la paix au terme de la visite au Raj Ghat, Delhi, 1er février 1986), vaillant protagoniste de la fraternité humaine et de la coexistence pacifique, dont l’exemple peut nous inspirer. »
Divali ou Deepavali, signifie « file de lampes à huile » et la fête s’enracine dans une mythologie de la victoire de la vérité sur le mensonge, de la lumière sur les ténèbres, de la vie sur la mort, du bien sur le mal. Les célébrations durent trois jours, et marquent le début d’une nouvelle année, sous la symbolique de la réconciliation en famille, spécialement entre frères et sœurs, et de l’adoration de Dieu. Elle est fêtée, en 2019, entre le 25 et le 29 octobre selon les branches de l’hindouisme.
Voici la traduction officielle ne français du message aux hindous.
AB
Croyants : constructeurs de fraternité et de coexistence pacifique
Chers amis hindous,
Alors que vous vous apprêtez, ce 27 octobre 2019, à célébrer le Deepavali, le Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux vous adresse ses meilleurs vœux. Puisse cette fête des lumières illuminer vos cœurs et vos maisons, apporter à vos familles et à vos communautés joie et bonheur, paix et prospérité. Qu’elle puisse aussi, dans le même temps, renforcer l’esprit de fraternité entre tous.
Conjointement à l’expérience d’avancées sans précédent dans de nombreux domaines, nous vivons à une époque où les efforts déployés en faveur du dialogue interreligieux et interculturel, de la coopération et de la solidarité fraternelle contrastent avec l’apathie, l’indifférence et même la haine de certains religieux à l’égard des autres. Ceci est souvent causé par la non-reconnaissance de « l’autre » en tant que frère ou sœur. Une telle attitude peut découler de sentiments dévoyés, peu généreux ou antipathiques qui bouleversent et perturbent le tissu même de la coexistence harmonieuse dans la société. Face au constat de cette situation, nous estimons opportun et utile de partager avec vous quelques idées sur la nécessité pour chaque individu, en particulier chrétiens et hindous, de nous faire, où que nous nous trouvions, constructeurs de fraternité et de coexistence pacifique.
La religion nous invite fondamentalement « à voir l’autre comme un frère ou une sœur à soutenir et à aimer » (Document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune, co-signé par le Pape François et le Sheikh Ahmed el-Tayeb, Grand Imam de Al-Azhar, à Abu Dhabi le 4 février 2019). Elle nous enseigne en outre à respecter l’inviolable dignité et les droits inaliénables d’autrui, sans parti pris injustifié à l’égard de leur religion ou de leur culture. Ce n’est que lorsque les adeptes des religions exigeront d’eux-mêmes une vie conforme à leur éthique religieuse que leur rôle en tant que bâtisseurs de paix et en tant que témoins de notre humanité commune sera rempli. Pour cette raison, les religions doivent soutenir les efforts déployés par leurs adhérents pour mener une vie authentique afin de « produire des fruits de paix et de fraternité, car il est dans la nature de la religion de promouvoir […] un rapport toujours plus solidaire entre les hommes » (Pape Jean-Paul II, Message pour la journée mondiale de la paix, 1992). En soi, vivre en esprit de fraternité et d’amitié à travers un dialogue constant devrait être le corollaire naturel d’une personne religieuse, hindoue ou chrétienne.
Bien que les nouvelles négatives fassent la une des journaux, cela ne devrait pas freiner notre détermination à semer les germes de la fraternité. Il existe en effet un océan caché de bonté qui grandit et nous conduit à espérer en la possibilité de construire, avec les adeptes d’autres religions et de tous les peuples, hommes et femmes de bonne volonté, un monde solidaire et en paix. La conviction que la construction d’un monde de fraternité soit possible est une raison suffisante pour nous engager encore plus à l’édification de la fraternité et de la coexistence pacifique, en gardant « le bien de tous au cœur » (Pape François, Message aux participants à la rencontre interreligieuse de prière pour la paix à Bologne, 14 octobre 2018).
Par une heureuse coïncidence, le début de ce mois a célébré le 150e anniversaire de la naissance du Mahatma Gandhi, « témoin remarquable et courageux de la vérité, de l’amour et de la non-violence » (Pape Jean-Paul II, Prière pour la paix au terme de la visite au Raj Ghat, Delhi, 1er février 1986), vaillant protagoniste de la fraternité humaine et de la coexistence pacifique, dont l’exemple peut nous inspirer.
En tant que croyants ancrés dans nos propres convictions religieuses et soucieux du bien-être de la famille humaine, puissions-nous unir nos efforts à ceux de traditions religieuses différentes et à tous les hommes de bonne volonté et nous efforcer de faire tout ce qui est en notre pouvoir – avec un sens de responsabilité partagé – pour construire une société plus fraternelle et pacifique!
Hebdomadaire de la paroisse de Dyou : Rendez-vous du Père Vincent KIYE avec les jeunes, n°35 du 21/10/2019
« Il n’a pas douté de la promesse de Dieu, ni cessé de croire ; au contraire sa foi lui a donné des forces et il a rendu gloire à Dieu, 21 ayant la certitude que si Dieu promet, il est capable de réaliser.... » (Rm 4, 20-25) c’est sur cet extrait de l’épître de saint Paul aux Romains que nous centrons notre méditation de cette semaine.
Bien aimés dans le Seigneur,
Recevez nos salutations depuis la paroisse de Dyou au Mali!
Nous voici au début d’une nouvelle semaine que nous souhaitons heureuse et remplie de grâces pour tous les enfants de Dieu et particulièrement à vous tous qui vous ressourcez en Dieu en lisant ce magazine de la paroisse de Dyou. A vous tous, grâce, miséricorde et paix dans l’amour et dans la vérité.
Pour ce nouveau numéro de l’hebdomadaire de la paroisse de Dyou, nous avons voulu faire un lien entre l’expérience pastorale que nous avons vécue hier dans un village de la paroisse et la foi d’Abraham dont nous parle l’apôtre Paul dans l’épitre aux Romains. Oui chers frères et sœurs, Abraham nous dit le texte, n’a pas douté de la promesse de Dieu, ni cessé de croire ; au contraire sa foi lui a donné des forces et il a rendu gloire à Dieu, 21 ayant la certitude que si Dieu promet, il est capable de réaliser. Au terme, il a été reconnu juste. Saint Paul poursuit en disant Ce n’est pas seulement pour lui que l’Écriture parle de tenir compte, 24 mais pour nous aussi, car il nous sera tenu compte de notre foi en celui qui a ressuscité Jésus, notre Seigneur, d’entre les morts.
Qu’en est-il de notre foi et surtout de notre persévérance dans la foi ? Nous qui, face aux difficultés de la vie, cédons. Nous qui, lorsque les choses semblent ne pas marcher comme nous l’aurons souhaitons, cédons au découragement et abandonnons ! Non ! C’est par votre persévérance que vous obtiendrez le salut. Nous dira saint Paul.
Oui, chers frères et sœurs, cette persévérance est celle qui caractérise les chrétiens de N’golona, un petit village de notre paroisse quasi oublié ou presque jamais visité depuis que je suis dans cette paroisse. J’en suis à ma 5ème année. Ils n’ont ni catéchiste, ni animateur de communauté ni manuels nécessaires pour la prière mais sont restés fidèles dans leur foi en Dieu. Ils se réunissent autour d’un monsieur qui n’a pas une connaissance suffisante des Ecritures, se choisissent un texte pour la méditation par soif de la parole de Dieu. Oh ! Qu’ils étaient comme des brebis sans berger (Mt 9, 36). Mais enthousiasmés, chantant et dansant pour le Seigneur.
Comme vous le savez, hier 20 octobre 2019 nous célébrions le dimanche des missions. Les textes liturgiques retenus pour notre méditation, vous les connaissez: la première lecture Exode 17, 8-13, la deuxième lecture (2 Tim 3, 14-4,2) et l’Evangile fut celui de Lc 18, 1-8. Imaginez-vous qu'en visite dans cette communauté, arrivé presqu’à la fin du culte. Une question de curiosité me permet de savoir qu'ils ont prié avec le texte de Nicodème, me répondra celui qui dirigeait la prière, la seule personne que tout le monde regarde comme suffisamment éclairée.
Ce détour n’est pas anodin. C’est pour saluer leur foi et surtout leur persévérance dans la foi comme le fut Abraham. Malgré l’absence des prêtres dans leur village, ils ne se sont pas découragés. Ils ont persévéré dans la foi se disant certes, que si Dieu promet, il est capable de réaliser. Oui, conscients de leurs limites en ressources humaines et matérielles (manuels adéquats pour la prière), ils se consolaient avec le récit de Nicodème qui n’avait rien à voir avec le dimanche des missions. J’avais pitié d’eux car ils ressemblaient comme nous dira Jésus, à des brebis sans berger. Cependant je fus très content de leur détermination et de leur volonté de se réunir et de chanter pour le Seigneur. Dieu seul sait ce qu’il leur réserve. Je me permets de mettre ces paroles de saint Paul dans leur bouche disant, qu'à eux aussi cela sera accordé puisqu'ils croient en Celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts.
Et toi, et moi, nous qui avons le privilège d'avoir presque tous les livres de prières, nous qui avons le privilège d'avoir des prêtres chaque jour, des animateurs, catéchistes etc, qui nous guident sur le chemin de la vérité ; Croyons-nous réellement comme ces chrétiens de N'golona ? Avons-nous cette audace d'affirmer qu'à nous aussi cela nous sera accordé d'être des justes parce que nous croyons?
Puisse le Seigneur augmenter en nous la foi en lui malgré nos limites et nos fragilités.
Le Seigneur soit avec vous!
Hebdomadaire de la paroisse de Dyou : Rendez-vous du Père Vincent KIYE avec les jeunes, n°36 du 29/10/2019
« Il en choisit douze auxquels il donna le nom d’Apôtres » (Lc 6, 12-19)
Bien aimés dans le Seigneur,
Recevez nos salutations fraternelles depuis la Paroisse de Dyou au Mali.
En ce lundi 28 octobre, nous célébrions la fête de saints Simon et Jude (apôtres et martyres). Ces deux champions de la Bonne Nouvelle du Christ ont accepté l’envoie en mission et ils ont donné leur vie pour la cause de l’Evangile.
Parlant de l'apôtre Jude, lorsque nous recourons au chapitre 14 ème de l'Évangile selon saint Jean, au verset 22, nous retrouvons une question que l’apôtre avait posée au Seigneur lors de la dernière cène. Et c'est son souci apostolique qui retient notre attention aujourd'hui.
La question de Jude se situe dans le contexte où Jésus 'demande la route’ auprès de ses disciples. Aux versés 18-21 de ce même chapitre, Jésus dit beaucoup de choses qui, sans doute, tiquent Jude. Cependant, c’est surtout le verse 21 qui attire l’attention de Jude.
Jésus dit clairement qu’il se manifestera à quiconque l’aime et qu’il demeurera chez cette personne-là. Cette dernière affirmation suscite une question de curiosité chez notre ami Jude car ça fait 3 ans qu’il est avec Jésus et il aime bien son maître. « Comment se fait-il que tu doives te manifester à nous, et non au monde ? » Jude est soucieux que Jésus se manifeste ‘au monde’ entier et non seulement à lui Jude ou encore seulement à un groupe restreint des certaines personnes. Oui, chers frères et soeurs en Christ, nous devons nous aussi, tous et chacun, porter ce même souci apostolique vis-à-vis de nos frères et soeurs; le souci de la connaissance de Jésus-Christ au monde. Depuis notre baptême, nous avons été investis nous aussi, de la même mission que les apôtres Simon et Jude. Qu'en faisons-nous? Sommes-nous soucieux que Jésus soit connu dans le monde et nous engageons-nous comme missionnaires c'est-à-dire envoyés et témoins de la mort et de la résurrection du Christ ou bien nous sommes des démissionnaires ? Nous ne pouvons pas goûter à l’amour et la miséricorde de Dieu et rester là sans rien faire afin que le monde entier goûte lui aussi, aux choses merveilleuses. Nous devons travailler à ce que le Christ soit connu aux autres. En cette fin du mois missionnaire extraordinaire, prions les un pour les autres pour que nous prenions conscience de la Mission que nous avons reçue de par notre baptême. Oui, ‘baptisés et envoyés, nous sommes en mission au Mali et dans le monde’.
Puisse le Seigneur augmenter en nous la foi et l'engagement missionnaire pour l'annonce de son Évangile, Amen.
Le Seigneur soit avec vous!
✍🏾 Père KIYE M. Vincent, Mafr, aumônier des jeunes de la paroisse de Dyou/Mali
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La rentrée scolaire pour l’année 2019-2020 est la cinquième pour le Foyer-Cantine Jean-Pierre Delpech (ouvert le 4 Octobre 2015). Elle est marquée par une augmentation sensible de l’effectif, puisqu’à ce jour ils sont au nombre de 29 pensionnaires, sachant que d’autres inscriptions peuvent encore survenir. Les pensionnaires viennent de divers horizons : NIONO, MACINA, KOLONGO, LAFIALA, DJOROCURA, SIGUINOGI, K8, KOKRY.
Vie quotidienne au Foyer
Repas : deux cuisinières s’occupent des 3 repas quotidiens, l’une pour le petit déjeuner et l’autre pour le déjeuner et le dîner.
Organisation : chaque dortoir possède un élève responsable.
Les enfants se lèvent chaque jour du lundi au vendredi à 6h15 pour les toilettes puis leur petit déjeuner et à 7h15 : départ pour l’école. Retour à 12h00, le déjeuner à 12h30 et à 14h40 reprise des classes jusqu’à 17h.
Le soir dîner à 19h30, apprendre les leçons de 20h à 22H et à 22h15 « couvre-feu au lit » dans le silence.
Les samedis matin et les jeudis après-midi sont dégagés pour le nettoyage de la cour et l’entretien des bâtiments après les cours de mathématiques. Le dimanche la cuisine est faite par les filles.
Religion : l’effectif comportait l’an dernier 13 musulmans dont 11 garçons et 2 filles, 7 chrétiens dont 3 garçons et 4 filles. Les pensionnaires font leurs prières (matin et soir) - chrétiens et musulmans - sans aucune contrainte ni discrimination. Les enfants vivent leur différence religieuse sans aucun incident. Ils sont d’ailleurs nous disent les responsables du Foyer un grand signe de convivialité entre religions sur la Paroisse.
Participation des familles
Une contribution pour chaque enfant est demandée aux parents pour un montant 80 000 Fcfa soit 122 € pour les neuf mois de l’année scolaire (moins de 50 centimes d’€ par jour).
Certains parents n’ont pas pu payer la pension (2) et d’autres n’ont payé qu’une partie (3). Ces différents manques ont été comblés par les finances du Foyer.
Travaux réalisés en 2019
Ci-dessus : Construction d’un Hangar pour les activités récréatives des pensionnaireset l’accueil des parents.
Le jardin
Salades, tomates, melons, betteraves, concombres, carottes, oignons, choux et gombos : la production est destinée à approvisionner la cantine du Foyer.
La situation hivernale (de juin à octobre) a provoqué des inondations : les plants de maïs ayant longtemps été dans l’eau ont fini par jaunir. Il faudra donc renouveler cette expérience.
Par contre, les plants de moringa plantés tout au long du jardin ont bien pris (photo).
Il s’agit là aussi d’une nouvelle implantation avec cet arbre aux multiples vertus, riche en nutriments essentiels qui a été introduit cette année pour améliorer les apports journaliers en vitamines des pensionnaires.
Les informations sur nos maisons de formation datent de quelques années, et nous avons demandé aux responsables de ces maisons de nous donner des nouvelles plus récentes. La première réponse reçue vient de Samagan, le noviciat près de Bobo-Dioulasso (lire la suite)
La deuxième réponse nous a été donnée par la "Maison Lavigerie", notre maison de formation à la périphérie de Ouagadougou, où les candidats ont leurs trois premières années de formation (lire la suite)