Dialogue interreligieux

« Lorsque nous travaillons pour les âmes, nous ne pouvons user que de persuasion et d'amour... Nous ne pouvons rien faire tant que nous n'avons pas persuadé les gens autour de nous qu'ils sont aimés... » (Cardinal Lavigerie, 1885)

« Nous croyons qu'en toute religion il y a une secrète présence de Dieu, des semences du Verbe qui reflètent un rayon de sa lumière... » (Chapitre 1967)

« Nous célébrons et partageons cette vie avec Dieu lorsque nous allons à la rencontre des cultures et des religions... nous réjouissant de la foi vivante de ces croyants et les rejoignant dans leur quête de la Vérité, cette Vérité qui nous rend tous libres. » (Chapitre 1998)

Missionnaires, nous sommes appelés à faire les premiers pas pour rencontrer les personnes, qu'elles que soient leurs convictions, leur religion.

Au Burkina Faso, cette réalité se traduit surtout dans la rencontre respectueuse et évangélique avec les adeptes des religions traditionnelles et avec les musulmans.

Dans cette rubrique, nous étudierons divers aspects de ces religions, particulièrement de l'islam.

 

« Un chemin d’amitié est possible » : des jeunes musulmans et chrétiens rassemblés à Taizé 

Entretien 

Du 13 au 17 juillet, la communauté de Taizé (Saône-et-Loire) accueille la cinquième rencontre d’amitié entre jeunes musulmans et chrétiens. Une centaine de participants viennent de France, mais aussi du Nigeria ou de Palestine. Frère Luc, de Taizé, revient pour La Croix sur le sens de cette rencontre.

  • Recueilli par Yasmine Guénard-Monin, 

 

« Un chemin d’amitié est possible » : des jeunes musulmans et chrétiens rassemblés à Taizé
 
Le 6 mai 2017, des fidèles musulmans et chrétiens assistant à une veillée de prière, lors du rassemblement interreligieux et fraternel entre jeunes musulmans et chrétiens, organisé par la communauté de Taizé.GUILLAUME POLI/CIRIC

La Croix : La rencontre d’amitié entre jeunes musulmans et chrétiens est organisée à Taizé depuis 2017. Cette 5e édition est guidée par le thème « Se découvrir dans l’amitié entre jeunes musulmans et jeunes chrétiens ». Comment Taizé réunit-elle ces jeunes ?

Frère Luc : L’an dernier, les participants musulmans étaient contents de préparer des ateliers de réflexion et d’être mis ainsi en valeur, mais ont surtout dit avoir été touchés par l’accueil simple que leur ont fait les chrétiens et heureux d’être mélangés avec des jeunes de partout. Ils ont demandé par exemple à participer au service, à la vaisselle, au nettoyage ou au jardinage, car ce sont des moments et des lieux où l’on est tous mélangés, où l’on vit cette traversée des frontières.

Nous avons voulu leur donner de telles occasions de faire connaissance et de partager leurs expériences. Les matinées, des temps de réflexion avec l’apport d’un imam et d’un frère, suivront les traces d’Abraham. Son appel, son hospitalité et la manière dont il a négocié une terre pour enterrer Sarah trouvent un écho pour les chrétiens comme pour les musulmans. Abraham, le père des croyants, est aussi « l’ami de Dieu » qui peut inspirer l’amitié entre nous.

Que vous ont appris les rencontres précédentes ?

Fr. L. : Qu’il est plus simple que ce que l’on pourrait imaginer de se rassembler entre chrétiens et musulmans. Les responsables de mosquée et les responsables catholiques sont confrontés aux mêmes questions et défis : accueillir les jeunes, les accompagner, les former et leur transmettre la foi dans une société post-croyante, où une grande portion n’a pas de référence à la foi. Quant aux jeunes, ils se retrouvent aussi dans le service. Ils sont de part et d’autre très engagés socialement, dans les maraudes ou dans l’accueil des réfugiés, par exemple.

→ RELIRE. La communauté de Taizé fête discrètement ses 80 ans

Comment les jeunes chrétiens et musulmans peuvent-ils dialoguer, quand chacun est convaincu de détenir la vérité de la foi ?

Fr. L. : Ceux qui viennent sont dans une démarche d’accueil et d’hospitalité mutuels. Un esprit d’écoute et de délicatesse est au cœur de leur foi respective. Ils ne viennent pas à Taizé pour un dialogue théologique théorique mais pour un partage de vie, pour s’inviter mutuellement à leurs prières. On met ainsi une salle à disposition des musulmans, et ceux qui le veulent peuvent les rejoindre. C’est cela qui est touchant : ils ouvrent leurs prières aux autres et sont très fiers si l’on vient avec eux.

Que leur apportent ces rencontres ?

Fr. L. : Les jeunes musulmans sont très intéressés de voir de jeunes chrétiens qui se retrouvent trois fois par jour dans une église pour prier. Ils n’ont pas l’impression qu’il y ait beaucoup de jeunes en Europe qui donnent du temps pour la prière. Cela les réjouit de voir ces jeunes qui, comme eux, donnent du temps pour Dieu, à travers le silence, l’écoute d’une parole et le chant.

L’an dernier, les jeunes chrétiens aussi étaient reconnaissants de pouvoir expérimenter et témoigner qu’une fraternité concrète n’est pas une utopie. On est ensemble, on partage le repas, on partage un service, on s’écoute les uns les autres. Cela atteste qu’un chemin de paix et d’amitié est possible. Voir que des musulmans ont leur place dans un lieu comme Taizé chasse toutes les voix qui jouent sur les peurs et les caricatures, ces voix qui voudraient construire des murs.

Islam : le pèlerinage à La Mecque contraint par des prix élevés 

Enquête 

Le grand pèlerinage à La Mecque (Arabie saoudite) a débuté jeudi 7 juillet. Samedi 9 juillet, c’est la « grande fête » ou « fête du sacrifice » qui sera célébrée partout dans le monde. Deux événements qui n’ont pas de prix pour les musulmans, mais dont le coût ne cesse de grimper.

  • Mélinée Le Priol et Benoît Fauchet, 
Islam : le pèlerinage à La Mecque contraint par des prix élevés
 
Des pèlerins défilent devant la Kaaba, le 1er juillet.ZUMA/ABC/ANDIA.FR

« Pendant nos présences à la mosquée sacrée, nous arrivons à communier avec notre Seigneur, Dieu merci ! », se réjouit Soundos El Moaddem. Cette infirmière française de 35 ans ne cache cependant pas sa frustration à l’heure d’entamer le grand pèlerinage à La Mecque (Arabie saoudite), le hadj, cinquième pilier de l’islam.

La jeune femme se faisait une joie à l’idée de vivre cette démarche spirituelle obligatoire une fois dans une vie pour tout croyant musulman qui en a la capacité financière et physique. Une ferveur partagée en 2022, selon les autorités saoudiennes, par un million de pèlerins, parmi lesquels 850 000 étrangers dont la venue n’était pas autorisée en 2020 et 2021, en raison de la pandémie de Covid-19.

Séjours clés en main

Le passage obligé par une plateforme en ligne, Motawif.com.sa, pour les pèlerins venus d’Europe, des Amériques et d’Australie, a cependant suscité beaucoup de stress et de perplexité, d’autant que ce site a été lancé un mois seulement avant le début du hadj. Exit la myriade d’agences de voyages jusqu’alors agréées, au profit d’une société basée à Dubaï vendant des séjours clés en main.

Résultat, selon plusieurs sources : le nombre de voyageurs de France cette année, pour certains décontenancés, se situe bien en deçà du quota autorisé, qui était de 9 200. Et les pèlerins qui pensaient que le nouveau système permettrait d’endiguer la hausse continue des tarifs du hadj en ont été pour leurs frais.

Un désenchantement

« C’est le désenchantement : c’est le même prix qu’avec les agences, voire plus cher pour beaucoup moins bien », déplore Soundos El Moaddem, qui séjourne trois semaines dans les lieux saints de l’islam avec son mari et sa belle-mère pour plus de 8 000 € par personne, quand certains « packages » peuvent atteindre 13 000 € par pèlerin. Le nouveau hadj opéré par Motawif fait l’objet de nombreuses critiques sur les réseaux sociaux, qui pointent un manque criant d’accompagnement, voire une « désorganisation » sur le terrain.

Coût des carburants, taux de change défavorables, investissements dans les infrastructures répercutés sur les pèlerins : les raisons de la flambée des prix ces dernières années sont multiples. Cette hausse concerne notamment les « prestations terrestres », en particulier lors du séjour à Mina, cité célèbre pour ses tentes. « Le coup de bambou est là », estime le blogueur Fateh Kimouche (Al-Kanz), spécialisé dans l’économie islamique.

Très cher mouton

Qu’ils se rendent ou non à La Mecque, les musulmans connaîtront un autre temps fort dans les prochains jours : l'Aïd-El-Kébir, à partir du samedi 9 juillet. La « grande fête » (ou « fête du sacrifice », Aïd-El-Adha) commémore la soumission à Dieu d’Abraham, prêt à sacrifier son fils Ismaël – et non Isaac comme dans la Bible – jusqu’à ce qu’un mouton lui soit substitué in extremis.

Or cette année, le prix de la fameuse bête que chaque famille musulmane est invitée à sacrifier semble atteindre des sommets. Le mouton ou l’agneau, abattu selon un rituel spécifique et dans des abattoirs agréés, se vend entre 250 et 300 € en boucherie – un peu moins s’il est acheté vivant. Les prix peuvent grimper jusqu’à 400 € dans certaines grandes villes, tandis qu’ils se maintiennent en deçà de 200 € dans les terres de prédilection de l’élevage ovin (surtout le sud de la France).

Si le prix du mouton est une préoccupation coutumière – dans certains pays, des fidèles s’endettent pour s’en procurer un pour l’Aïd –, la hausse fait parler d’elle cette année, de la boucherie halal jusqu’à la mosquée. En cause, le contexte inflationniste et l’envolée du cours des matières premières due à la guerre en Ukraine… même si les ovins consommés en France n’ont guère d’origines ukrainiennes.

Nouveaux usages

« Avec la hausse des prix de l’énergie, transporter et abattre les bêtes nous coûte plus cher : nous avons donc dû rehausser un peu nos tarifs, reconnaît la gérante d’un abattoir de la région de Poitiers. Sans oublier l’augmentation des prix payés aux éleveurs, qui ont plus de frais qu’avant. » Le fait que l’Aïd tombe pendant un week-end pourrait aussi contribuer à cette dynamique, les abattoirs faisant payer plus cher leur prestation.

Les musulmans seront-ils moins nombreux à acheter un mouton entier en France, où environ 100 000 sont d’ordinaire sacrifiés lors de l'Aïd-El-Kébir ? La hausse des prix encourage de nouveaux usages, comme la vente à prix cassés sur le site Leboncoin ou encore le sacrifice « par procuration », désormais très en vogue.

Une galaxie d’ONG propose ainsi aux usagers d’accomplir le sacrifice en leur nom, leur envoyant parfois une vidéo de l’abattage en question. L’animal est ensuite offert à une famille dans le besoin, du Niger au Bangladesh en passant par Madagascar. Par ce biais, l’opération s’avère moins onéreuse (entre 100 et 170 €) tout en respectant l’esprit de l’Aïd. Traditionnellement, en effet, le mouton sacrifié doit être partagé au moins aux deux tiers.

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Des pèlerines sans « tuteur »

En 2021, l’Arabie saoudite a levé l’obligation pour les femmes de participer au grand pèlerinage à La Mecque avec un homme – à condition toutefois qu’elles s’y rendent en groupe. Auparavant, celles âgées de moins de 45 ans devaient impérativement être accompagnées d’un « tuteur » masculin, comme un frère, un père ou un mari. L’année dernière, les Saoudiennes avaient été les premières à bénéficier de cette autorisation, les pèlerins étrangers n’ayant pas eu accès aux lieux saints de l’islam en raison des mesures anti-Covid.

Cette ouverture s’inscrit dans le cadre des évolutions promues par le prince héritier Mohammed Ben Salmane, qui a lancé depuis 2017 plusieurs actions destinées à moderniser l’image du royaume, connu pour véhiculer une lecture puritaine de l’islam sunnite, le wahhabisme. Mais ces réformes ont été éclipsées par une répression implacable des critiques du pouvoir, dont plusieurs militantes féministes.

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Un temps d’unité islamique

Le grand pèlerinage sur les lieux saints de l’islam en Arabie saoudite demeure un facteur important d’unité et d’échanges entre les musulmans du monde entier. Pour les mystiques, le trajet constitue symboliquement le voyage vers l’unité divine.

La journée de prière et d’invocation sur le mont Arafat est le temps du fort du hadj. C’est sur ce mont que le prophète de l’islam Mohammed a fait son dernier sermon, il y a quatorze siècles, selon la tradition musulmane.

Après le coucher du soleil, les pèlerins doivent refluer sur la plaine de Mouzdalifa pour se préparer le lendemain à l’Aïd-El-Adha, qui consiste à immoler une bête à la mémoire d’Abraham. Ce dernier avait failli immoler son fils Ismaël (Isaac dans la tradition judéo-chrétienne) avant que l’ange Gabriel ne lui propose de sacrifier un mouton à sa place.

Les fidèles se consacrent ensuite à la lapidation des stèles représentant Satan à Mina, à 8 km de Mouzdalifa. Il faut jeter sept pierres le premier jour sur la grande stèle et vingt et un le lendemain ou le surlendemain sur trois autres stèles (grande, moyenne, petite).

Le pèlerinage se termine par des circonvolutions autour de la Kaaba, construction cubique s’élevant au centre de la Grande Mosquée sacrée de La Mecque. C’est vers elle que se tournent les musulmans du monde entier pour prier.

Niger: un hadj trop cher pour de nombreux fidèles

 

Niger, du fait de la cherté des coûts du hadj 2022 et du quota du nombre de pèlerins revu à la baisse par les autorités saoudiennes, plusieurs centaines de Nigériens n’ont pas pu effectuer le hadj. Ils sont seulement 7 194 candidats à avoir été autorisés cette année, contre plus de 12 000 en 2019. Les coûts aussi sont en hausse de près d’un million de francs CFA. Les personnes recalées espèrent que le pèlerinage de l’année prochaine sera à leur portée.

Après deux ans de limitation drastique du nombre de pèlerins pour le hadj, plusieurs centaines de Nigériens n’ont pas pu effectuer le pèlerinage à cause de la cherté des coûts et du quota fixé par l’Arabie saoudite. En 2019, quelque 2,5 millions de musulmans du monde entier y avaient participé. Mais l'épidémie de coronavirus a contraint les autorités saoudiennes à limiter les rassemblements à seulement quelques milliers en 2020 et 2021. Covid oblige, la foule de pèlerins a été limitée cette année à un million de fidèles et 850.000 étrangers ont été tirés au sort pour y participer, à condition d'être vaccinés et de présenter un test PCR négatif.

Yacouba Djalo a suivi de près les préparatifs du hadj 2022 : « C’est effectivement un montant élevé pour le Nigérien moyen. Nous souhaiterions que l’année prochaine, ce prix soit revu largement à la baisse », explique-t-il au micro de notre correspondant à Niamey, Moussa Kaka.

Chauffeur de son état, Daryl a bouclé son budget pour le montant de la tabaski mais le billet du hadj, ce n’est pas pour lui : « Les pauvres ne pourront pas effectuer le hadj et Dieu seul sait qu’ils sont nombreux à vouloir s’y rendre. Il y a trop de charges : le mouton de la tabaski, la scolarité des enfants… Bref, à cause de cette hausse des coûts du hadj, beaucoup de gens devront rester au pays. » La tabaski, ou Aïd al-Adha, célébrée ce samedi, est l'occasion d'un repas partagé en famille et avec les voisins avec un mouton sacrifié le jour même.

Malgré le départ des pèlerins, le hadj 2022 est une préoccupation pour Mamane Sani : « En tant que nigérien, un pays pauvre, même si on a la foi, avec les tarifs trop élevés, là on ne peut pas y aller. » Souleymane Mahamadou lui prend la chose avec philosophie : « Le hadj, c’est un acte religieux, tu as la volonté, tu as mis tes moyens, si tu n’y es pas allé, ce n’est pas de ta faute. Il faut prendre la chose avec philosophie. » 

► À lire aussi Pèlerinages à La Mecque suspendus, les pèlerins nigériens seront indemnisés (2020)

Le hadj est l'un des plus grands rassemblements religieux annuels au monde. Il figure parmi les cinq piliers de l'islam et doit être entrepris au moins une fois dans la vie par tout musulman qui en a les moyens.

Tabaski : le mouton plus cher que jamais à la veille de l’Aïd

Dans de nombreux pays, alors que l’inflation fait rage, le prix des caprinés s’envole à mesure qu’approche le sacrifice de l’Aïd-el-Kébir.

Mis à jour le 5 juillet 2022 à 16:27
 
Damien Glez
 

Par Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

 

© Damien Glez

 

Si les voies du Seigneur restent impénétrables, les voies du saigneur de mouton sont très limpides, en période de préparatifs des saintes festivités. Pendant le jeûne du ramadan qui invite à la solidarité, de nombreux acteurs du marché alimentaire pratiquent déjà la spéculation sans vergogne. Et voici venue la bombance de l’Aïd-el-Kébir… Célébrée chaque année par les musulmans du monde entier, la Tabaski devrait voir sa date fixée par le bon vouloir de la lune, le 9 ou le 10 juillet. Mais c’est déjà un casse-tête pour de nombreux ménages musulmans.

Pression sociale

La tradition de la fête implique l’abattage de moutons, en mémoire du sacrifice que Dieu demanda à Abraham pour éprouver sa foi. Si le Coran n’impose pas, à chacun, l’égorgement d’un ruminent, il en est tout autre de la pression sociale, la réputation d’une famille se mesurant parfois à la grosseur du bélier de Tabaski. Et le marché en a conscience…

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Ainsi, le prix de l’ongulé tant désiré s’envole dans de nombreux pays particulièrement concernés par les festivités musulmanes : de 50 000 à 100 000 dinars (entre 300 et 700 euros) pour un animal en Algérie ; près de 3 000 dirhams au Maroc ou 1 000 dinars en Tunisie (300 euros) ; entre 350 et 450 euros en France, 150 euros pour bon nombre de mouton d’Afrique de l’Ouest…

Inflation exceptionnelle

L’évocation d’une flambée des prix inédite pourrait avoir l’air d’une rengaine, tant elle s’entend chaque année. Mais le contexte inflationniste est bien exceptionnel en 2022. Certes, l’ovin sacrifié n’aura vraisemblablement aucune origine ukrainienne. Mais, par effet papillon, le pouvoir d’achat de nombreux musulmans est effectivement mis à rude épreuve, depuis le début du conflit en Europe de l’Est, le fidèle devant orchestrer des arbitrages cornéliens entre les différents éléments de son budget, alimentaires ou non. Et le coût des aliments pour bétail a presque doublé, par rapport à l’année dernière, notamment au Maghreb. Et la sécheresse subie par une partie de la façade méditerranéenne africaine ne simplifie pas l’équation.

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Le fervent carnivore est censé être aidé, dans certains pays, par une subvention concernant les aliments de bétail, comme au Sénégal où l’effet sur l’accessibilité des moutons de Tabaski n’est pourtant pas sensible. Conscients qu’ils devront affronter le regard de la famille et le jugement du quartier, certains se recentreront tout de même sur les préceptes des textes saints qui ne font guère de différence entre une chèvre maigrelette, un bouc modeste et un mouton de compétition. D’autres opteront pour un partage d’ovin. Le principe restera conforme à l’impératif de sociabilité des fêtes religieuses, tout autant qu’il permettra l’exhibition d’un bel animal, avant son sacrifice. En garde alternée…